Le château d'Heinstein. Voilà déja deux mois que Coppélia s'était éveillé à la conscience de spectre. Deux mois durant lesquels le Succube peaufinait sa maîtrise du cosmos, entrecoupant ses entraînements par ses périodes de chasse afin de sublimer ses pouvoirs, le même scénario se répétant inlassablement. Coppélia venait juste de recevoir son affectation au service de la protection personnelle de Mademoiselle Pandore, mais celle-ci ne semblait pas satisfaite de la puissance du spectre. Ainsi, celle-ci lui avait intimé l'ordre de partir s'entraîner dans une des prisons des enfers, peut importe laquelle; un autre spectre se chargerait de l'y conduire et de superviser l'épreuve de force qui l'y attendrais.
Coppélia, encore sous l'effet de la nouvelle, sortit de la salle de musique de la prêtresse et jeta un regard vide dans le couloir du château. C'était la fin de l'après midi, et le soleil baignait le corridor de ses rayons à travers les rideaux. Le spectre ouvrit la fenêtre et observa le jardin, laissant entrer dans le couloir une brise chaude qui souleva les rideaux de velours noir. Depuis qu'il était entré au service de Mademoiselle, le domaine d'Heinstein était métamorphosé. Auparavant, le jardin n'était que mauvaises herbes et arbres morts, mais le spectre avait réussi tant bien que mal à lui redonner sa splendeur d'antan, replantant buissons et massifs. Selon le spectre, "ce n'est pas parce que Mademoiselle est la prêtresse des Enfers qu'elle doit vivre dans un champ de ruine".
Un bruit de pas derrière arracha le spectre à sa contemplation, suivit d'un toussotement discret. Coppélia se retourna et inclina légèrement sa tête masquée lorsqu'il vit derrière lui un autre spectre, qu'il ne connaissais pas.