Saint Seiya
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[event]Le Majordome des Enfers entre en scène
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À la place du grand escalier du hall d'entrée, un éboulis d'éclats de marbres. Y avait-il un lieu que Kalî avait épargné ? Elle avait tout incendié, brisé. Une grimace tordit les lèvres minces du spectre du Garuda. Cela demanderait un effort supplémentaire encore d'escalader cet obstacle, mais cela n'était rien. Le pire était sans doute l'exploration des dégâts qui défiguraient le domaine de la prêtresse Pandore. La puissance de la déesse de la destruction faisait froid dans le dos. Ils devaient rivaliser avec ça …

Le seul aspect positif était qu'Eaque savait que Mohana était toujours en vie, de même que Pandore et aussi Minos. Il avait cru un instant que la jeune hindoue avait donné ses dernières réserves dans une ultime et puissante attaque avant de perdre la vie. Il avait senti son cosmos clignoter dangereusement comme une bougie prise dans un courant d'air, avant de s'éteindre. Mais contre toute attente, elle avait survécu.

Quel triomphe il avait anticipé en revenant avec cette belle prise au palais. Et maintenant le trésor avait ramené avec lui sa malédiction. Quelle ironie du sort. La gloire s'était métamorphosée en opprobre, comme un mirage cruel.

Eaque attrapa la rampe la moins endommagée pour se hisser, serrant les dents sur la brûlûre de ses blessures récentes. Utiliser la force du cosmos serait beaucoup trop coûteuse en prévision de ce qu'il devait garder en réserve de hargne pour parvenir à détruire le piège de Kalî. Chaque pas le faisait un peu plus bouillir de colère, et il haïssait le démon de la destruction un peu plus de seconde en seconde.

« On te le fera chèrement payer, Kalî. Tu regrettera le jour où tu as osé injurier l'Empire des Morts. »

Il fit un effort surhumain pour franchir les dernières marches menant au pallier avant de souffler une seconde. Les travaux allaient devoir commencer rapidement pour pallier à cette misère générale. Sans doute Pandore lui ordonnerait-elle de s'occuper de cette basse besogne. La terrible prêtresse ne prenait jamais que des risques calculés, et sa confiance n'allait que dans les spectres qui lui étaient parfaitement soumis. Le Garuda n'était pas aussi fiable. Sans se montrer ouvertement rebèle, il parvenait parfois à se défiler. Là, il serait sous bonne surveillance.

« Je hais les travaux de construction ... »

Il maugréait cela avant de se redresser avec triomphe sur le carrelage du premier étage qu'une impulsion de cosmos se propagea dans tout le château. Les pierres luisaient d'une lueur douce et bleutée et reprenaient leur place habituelle, comme un corps organique se ressouderait dans sa forme primitive. Les incendies s'étaient éteints d'eux-mêmes. Les yeux agrandis de surprise, Eaque se retourna sur la ruine d'escalier qu'il avait eu tant de mal à franchir. Quel ne fut pas son déplaisir en constatant qu'il était restauré dans son état d'origine.

* Si seulement j'étais arrivé cinq minutes plus tard. Damnation !! En tout cas, ce cosmos était puissant … Je me demande qui c'était, il m'est vaguement familier.*

C'est alors qu'il sentit la présence d'un nouvel arrivant.
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Quelle désolation... Le château d'Heinstein avait connu des jours meilleurs, cela allait sans dire. Des bosquets de roses que Mademoiselle aimait tant il ne restait à présent que des cendres tandis que le grand vitrail du hall d'entrée avait perdu la majorité de ses carreaux, soufflés par la gigantesque explosion de cosmos qui avait eut lieu il y a peu de temps. Cependant, Coppélia ne devrait pas baisser les bras et remettre le château entier dans son état d'origine, il y était à présent habitué. En effet, les colères de Mademoiselle mettaient également le domaine dans un état presque semblable à celui où il se trouvait à présent. Mais peu à peu, le spectre vit devant ses yeux les murs se reformer, les vitraux brisés retrouver leur splendeur et le parc retrouver son aspect habituel tandis que le domaine était inondé d'un cosmos que le spectre n'avait encore jamais ressenti.

Le Succube l'attribua en premier à Mademoiselle, mais il songea que celle-ci n'aurait pas gaspillé son énergie à de tels miracles alors qu'elle oeuvrait en ce moment même à diriger les autres spectres contre Kâli et ses sbires. Cependant, le spectre ne se soucia guère de l'origine de ce puissant cosmos, car seul un allié de Mademoiselle, et donc des Enfers, pouvait étendre son pouvoir sur un des deux domaines des Enfers afin d'en affecter l'intégrité. Le Succube devait cependant s'assurer que chaque chose était revenue à sa place avant de retourner aux côtés de Mademoiselle et de lui parler de ce prodige.

Coppélia pénétra dans l'auditorium du château et amplifia sa concentration tout en plantant ses chaînes entre les dalles du sol. Chaque pierre, chaque brindille... Il devait ressentir la position de chaque composant d'origine du domaine, même réduit à l'état de poussière, afin de vérifier la position des atomes même du bâtiment.

Achevant son analyse, Coppélia sentit un cosmos inconnu, un présence qui se trouvait dans les escaliers non loin de la pièce où il se trouvait, mais le jeune spectre n'y prêta pas attention car celui-ci, bien que froid, ne dégageait pas d'agressivité. Bien au contraire, l'inconnu semblait même en état de faiblesse suffisant pour que Coppélia puisse s'enfuir et rejoindre Mademoiselle en toute sécurité.

Le Succube sortit de l'auditorium et tomba sur l'inconnu qu'il avait senti il y a peu. Il s'agissait d'un des trois Juges, le Garuda apparemment, qu'il n'avait aperçu que brièvement à Giudecca avant de retourner sur Terre et de prendre son poste au service de Mademoiselle, mais Coppélia le reconnut grâce à la forme de son surplis. Le travesti se dépêcha de remettre son masque tandis que le Juge finissait son ascension, puis courut soutenir le spectre de la Supériorité qui avait du mal à marcher.
"Seigneur Garuda! Vous êtes blessé, venez, je vais vous conduire dans l'une de nos chambre. Il faut nettoyer vos plaies."
Le Succube soutint le juge et le conduisit jusqu'à la première chambre sur leur route.
*Arf, c'est pas que ça me gêne d'avoir un homme pendu à mon cou mais il pèse son poids, l'animal!* pensa le spectre alors qu'il fit s'asseoir le juge sur le lit. *Mais au moins, c'est l'occasion de se rincer l’œil parce que je vais pas pouvoir soigner ses plaies s'il a toujours son surplis sur le dos, huhuhu...*
Une éclat lubrique apparut dans les yeux du spectre alors qu'il dirigeait sa main vers l'épaule du Garuda. Oui, même dans un moment comme celui-là, Coppélia ne pensait qu'à satisfaire sa libido, il n'était pas l'étoile de la Luxure pour rien.
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« Tu n'as vraiment rien de mieux à faire que de t'occuper de ce qui ne te regarde pas ? »

Le Garuda fronça les sourcils tandis que son interlocuteur s'approchait malgré tout pour venir le soutenir dans les dernières marches de son ascention. Il collait de près, de trop près un Garuda dans une situation de vulnérabilité. Un geste dangereux. Ce céleste devait être inconscient, ou complètement stupide. Il n'y avait pas d'altruisme à attendre d'une seule des cent huit étoiles d'Hadès. Un juge savait qu'un tel comportement attendait une contrepartie à des services rendus, ou le moment propice pour planter un poignard dans le dos. A moins que …

Eaque ne connaissait pas tous les spectres et tous les surplis. En tout cas, cette armure avait une forme assez explicite sur son type d'étoile protectrice. Le genre d'astre qui permettait de manipuler les pulsions sexuelles. Très ludique et intéressant lorsque l'adversaire était pervers ou à l'opposé complètement niais. Très utile pour surveiller ses alliés également.

Une connexion se mettait en place dans son esprit. Se pouvait-il que ce spectre masqué ne se soit pas trouvé là par hasard, mais soit un envoyé ? Dans le doute, il ferait mieux de ne pas tourner le dos à ce personnage. Les choses pourraient même devenir amusantes.

Réprimant un sourire retors, Eaque se glissa alors dans le rôle du grand blessé de guerre que l'on attendait de lui, prenant même un malin plaisir à surjouer la fatigue, pesant exprès sur les épaules de son sauveur. Ils aboutirent dans une chambre dont le juge ne se souvenait pas de l'existence, et il se laissa installer sans opposition sur le lit qui émit un craquement sous le poids de son surplis.

« Tu sais t'occuper des blessures, dis-tu ? »

Sans demander plus de précision, le spectre du Garuda entreprit de défaire lui-même le haut de son surplis avec un soupir las. L'un des gantelets qui avait été traversé par une flèche, son plastron découvrant une gorge entaillée par la lame de Kalî. Il devait avoir une ou deux côtes cassées, mais ce genre de difficulté pouvait difficilement être améliorée par autre chose que le temps. Il n'était pas très content de devoir dévoiler le grand tatouage de Garuda dans son dos, mais il était difficile de faire autrement.

Ce faisant, il entamma la conversation, surveillant du coin de l'oeil son interlocuteur. Il ne savait pas son identité, il se demandait même s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme : le son de sa voix était déformé par le masque qu'il portait.

« Quel est ton nom ? Il me semble t'avoir déjà vu quelque part ... »

Cela, Eaque en était persuadé. Un chevelure d'un tel blond luxuriant ne s'oubliait pas dans la foule des tignasses ternes de l'armée infernale. Il profita d'un instant d'inattention du soignant pour surveiller la progression du piège de Kalî. Il avait la sensation que du monde commençait à s'agglutiner autour de ce problème. Sans doute n'aurait-il pas besoin d'intervenir, en fin de compte. Cela lui laissait le temps de s'occuper de ses affaires.
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« Quel est ton nom ? Il me semble t'avoir déjà vu quelque part ... »
Le Succube esquissa un nouveau sourire derrière son masque d'acier tandis que le Garuda ôtait son surplis devant ses yeux. Examinant les diverses blessures du juge, Coppélia ne répondit qu'une fois le surplis de celui-ci entièrement ôté et remis sous sa forme totémique.

"Je me nomme Coppélia, seigneur Garuda, ou plutôt Coop (hrp: se lit comme "coupe"). Spectre céleste du Succube. Nous nous sommes brièvement aperçus lors de ma première visite aux Enfers, il y a de cela trois mois."

Le spectre prit ensuite la main du juge.

"Je dois aseptiser et cautériser vos plaies, notamment celle de votre cou. C'est une vilaine blessure que vous avez là et ce n'est pas avec des pansements et du mercurochrome que je vais pouvoir arranger ça. Cependant, je vais devoir vous demander de fermer les yeux maintenant, je vous dirais quand vous pourrez les réouvrir."

Le Garuda fit une drôle de tête et regarda Coppélia d'un air éberlué mais finit tout de même par s'exécuter. Le Succube reposa un instant la main du juge, le temps de retirer son masque, puis repris celle-ci et la porta à sa bouche avant d'embrasser la plaie béante qui s'y trouvait. Le juge frémit légèrement en sentant les lèvres de Coppélia mais ne rouvris pas les yeux. Le spectre blond ferma à son tour les yeux et se concentra sur la plaie du juge, tandis que ses lèvres se mettaient à scintiller puis à briller d'une intense lumière rougeoyante. Peu à peu, la plaie se referma, les tissus se ressoudèrent, faisant ressentir au Garuda une douce chaleur jusqu'à ce que Coppélia ne retire ses lèvres de sa main. Remettant son masque en place, le spectre permit au juge de rouvrir les yeux afin qu'il puisse constater sa guérison.

"Mes baisers ont de nombreux pouvoirs dont celui d'apaiser les maux. Maintenant, refermez les yeux, seigneur Garuda. Il vous reste encore de nombreuses plaies que je dois faire disparaître."
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« Qu'y a t-il ? Non, je n'ai pas été touché aux jambes. »

Mais la Succube restait inflexible, il fallait enlever toute l'armure. Accoudé sur ses genoux et les doigts entrecroisés, le Garuda fixa par en-dessous le masque muet de son interlocuteur pendant un instant sans rien dire. Les intentions de la céleste étaient très certainement loin d'être aussi pures que ce qu'elle prétendait. Beau joueur, Eaque finit par consentir à se défaire du reste de son surplis, le sourire en coin. Il faudrait bien cela : abattre quelques cartes pour avoir la chance d'apercevoir la main de ce spectre qui avançait masqué.

« Tu t'appelles Coop. Hé bien Coop, je me souviens de t'avoir remarqué, mais j'avoue que ton affectation m'a échappée. Au service de quel commandant … oeuvres-tu ? Celui de Rhadamanthe ? »

* Ce serait un gâchis monumental. Mais on n'en est pas à une absurdité près dans cette armée. *

Désinvolte, le roi d'Egine laissa le spectre prendre sa main pour l'examiner. Au passage, il attrapa l'une des boucles de la somptueuse chevelure du guérisseur et l'enroula autour de l'index de sa main libre pour en contempler le chatoiement. Le diagnostique le fit rire de bon coeur. Des pansements et du mercurochrome, ce que l'on mettait aux petits garçons lorsqu'ils faisaient une chute de vélo. Certes, il aurait davantage besoin d'un chirurgien que d'une infirmière scolaire.

En revanche une trace de scepticisme traversa son regard lorsque l'on exigea de lui qu'il fermât les yeux. Coppélia ne manquait décidément pas d'audace pour faire une telle demande à un juge des Enfers. Détournant le regard, Eaque céda encore. Son bras valide était traversé d'un frisson nerveux. Au moindre mouvement suspect du spectre qui tenterait d'extraire cette épine de la patte du fauve, le Garuda ne se priverait pas d'une fulgurante réaction. Pourtant, il continua à questionner le spectre de la Succube pour tenter d'ignorer les désagréments du nettoyage.

« Dis-moi, toi qui étais sur les lieux avant moi, sais-tu à qui appartenait ce puissant cosmos qui côtoyait Pandore et à qui l'on doit une deuxième vie pour ce palais ? Il me semble qu'il a disparu désormais. »

Au lieu du déplaisir attendu, ce fut au contraire un baume si suave qui imprégna sa peau qu'Eaque en frémit de surprise. Tandis que les débuts de morbidité s'extrayaient lentement de la chair, celle-ci se reconstituait à une vitesse extraordinaire. Comment cela se pouvait-il ? Etait-ce une illusion ? La pluspart des techniques spectres putréfiaient. Il fallait sans doute qu'il y eut une exception à la règle. Quoiqu'il en soit, lorsqu'il fut en mesure d'examiner le résultat, le Juge put reconnaître que son bras avait l'air d'être parfaitement régénéré : même les anciennes cicatrices s'étaient effacées. Il retourna sa main dans tous les sens en remuant les doigts et admit à mi-voix :

« Impressionnant. Tu as du talent, on ne peut le nier. D'expérience, il existe des guérisseurs plus maladroits. Une chance pour toi, j'ai une très bonne mémoire, et l'un de mes défauts est d'être plutôt rancunier, même par-delà la mort. »

Sur cette dernière note un brin cynique, il se redressa légèrement.

« C'est un véritable luxe que de pouvoir bénéficier de tes attentions. En d'autres temps, il n'y aurait pas eu d'autre choix que d'endurer, jusqu'à la prochaine réincarnation. Cependant, as-tu réellement l'utilité de cette protection pour prodiguer tes soins ? »

Il interrompit Coppélia avant qu'il n'ait eu le temps de formuler la moindre réponse ou protestation.

« Ces chaînes bien solides et sans fin sont superflues. »

Le ton du maître de l'Antinora était ferme et sans appel. Non décidément Eaque ne faisait confiance à personne ; il se passerait bien du confort d'une seconde jeunesse si pour cela il devait risquer d'être enchaîné par un subordonné. Les choses n'iraient pas plus loin tant qu'il resterait le seul ici à ne plus bénéficier de la protection de ses armes. Il attendait sans ciller des réponses, en gardant certaines interrogations pour plus tard.
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Hu hu hu... Décidément, le Garuda se montrait bien plus coopératif que ne l'avait imaginé Mademoiselle lorsqu'elle avait affecté Coppélia à sa surveillance. Cependant, il se garda bien de répondre à la question du juge lorsque celui-ci le questionna sur son supérieur hiérarchique et fit mine de ne rien avoir entendu. Le succube souria derrière son masque quand il vit la réaction d'étonnement du jugemais lorsque celui-ci le questionna sur l'impressionnant cosmos responsable de la réparation du palais, Coppélia fit non de la tête. Seul un dieu aurait été capable d'un tel prodige mais sa majesté Hadès ne s'était pas encore réincarné et Mademoiselle avait beau être puissante, elle ne se serait certainement pas attardée à réparer son domaine par les temps qui courent.

Le spectre émit un léger gloussement lorsque le juge commença à toucher sa chevelure d'or. Intérieurement, Coppélia fut flatté; sans avoir besoin de recourir à ses pouvoirs, Eaque semblait s'intéresser à lui et avait entreprit de lui-même un nouveau contact physique. Comme quoi, même les hautes instances des enfers n'étaient pas aussi insensibles et cruels que la rumeur le prétendait. Quand celui-ci s'intéressa aux chaînes de son surplis, alors enroulées autour de ses poignets, le spectre répondit:

"A l'instar des chaînes de l'armure d'Andromède, qui ne réagissent qu'à l'agressivité, mes chaînes réagissent aux passions et émois du coeur ainsi qu'à sa corruption. Elles peuvent également me protéger et changer de forme si j'en ressens le besoin."

Devant l'air dubitatif d'Eaque, Coppélia soupira. Les chaînes de la Succube semblaient mettre mal à l'aise son patient, le spectre décida donc de retirer les brassards de son surplis et de les poser au sol, bien en évidence.

"Voilà, à présent que je suis désarmé, laissez moi continuer mes soins. A moins que vous ne vouliez que j'enlève le reste de mon surplis?" fit le spectre d'un air narquois.
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Les doigts entrelacés, le Juge du Garuda ne quittait plus la Succube de son regard incisif. Aucun détail ne lui échappait, pourtant, bien qu'il ait noté les mains fines et aristocratiques du singulier personnage, aucun détail ne lui permettait de trancher définitivement sur son identité. Les chaînes gisaient maintenant au sol, et Coppélia s'amusait à demi-mots des exigences du maître de l'Antinora.

Celui-ci lui rendit un regard matois. Cette impertinence feutrée réveillait l'instinct du joueur, et il ne releva pas, pas plus que finalement il ne tint rigueur à la céleste de ses silences évasifs. En cet instant, la menace de Kalî et la probable colère de Pandore étaient bien loin en arrière-plan. Il n'y avait plus que les mirages de Coppélia qu'il s'amusait déjà à démêler. S'appuyant sur le bord du lit, il lui fit signe d'avancer.

« Ce ne sera pas nécessaire … Viens par ici. »

Ses lèvres minces au coin à peine relevé, il fixait encore ce masque comme s'il pouvait en percer le mystère. D'un acquiescement donné d'un bref plissement d'yeux, il signifia qu'il respecterait les règles tacites de ce petit jeu, à  condition bien sûr que Coppélia ne les enfreigne pas. Les conséquences pourraient être dommageables.

Lestement, Eaque avança la main pour la glisser sous l'oreille de la Succube. Il n'aurait pas saisi une rose autement : trop délicatement pour l'empêcher de vivre, avec trop de prudence pour se blesser à ses épines, et avec trop d'habileté pour la laisser divaguer. Il chercha la lisière de sa chevelure le long de son cou, avant de consentir à clore son regard encore une fois, invitant Coppélia à retirer son masque et à continuer son ouvrage. Il murmura à mi-voix, tout en accompagnant le mouvement :

« On peut se demander ce que tu cherches à dissimuler avec ce masque. un visage de criminel peut-être ? Des émotions, un effet de surprise … Peut-être est-il complètement défiguré depuis un quelconque accident ? A quel prix consens-tu à le montrer ? »

Le spectre n'attendait même plus de réponses. Il parlait autant à Coppélia qu'à lui-même, surveillant la progression de l'étoile céleste de la Luxure.
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« Ce ne sera pas nécessaire … Viens par ici. On peut se demander ce que tu cherches à dissimuler avec ce masque. A quel prix consens-tu à le montrer ? »


Coppélia s'exécuta sous le regard perçant du juge. Eaque était-il sincère ou bien jouait-il à un jeu cruel avec lui? Le succube hésitait intérieurement, jusqu'à ce que le Garuda ne tende la main vers son visage. La main du juge, bien qu'épaisse et tannée par les combats, agissait de manière douce et délicate avec la chevelure du Succube, comme s'il tenait dans sa poigne une bulle de savon ou une fleur de papier. Les doigts du juge cherchaient le bord du masque d'acier tandis que ses yeux se fermèrent, l'invitant à continuer son oeuvre; sans doute pour ressenti à nouveau le baume apaisant procuré par les baisers du Succube sur son corps musculeux et endolori. A nouveau, le spectre s'exécuta, remontant du poignet jusqu'au coude, s'arrêtant sur le torse et enfin le cou, profondément entaillé. Pour cette blessure ainsi que toutes celles qui étaient internes et dûes au cosmos, le Succube devrait poser le pied sur la ligne rouge, mais il n'avait pas le choix. Pandore l'avait chargé de surveiller le Garuda et de le soigner si besoin.

"Seigneur Garuda, je vous demanderais de ne pas bouger. Je dois à présent refermer vos blessures intra-corporelles, ne jugez pas trop hâtivement ce qui va suivre" murmura Coppélia à l'oreille d'Eaque.

Coppélia saisit tendrement le visage du juge entre ses deux mains et attendit quelques instants avant d'embrasser fougueusement Eaque, transférant directement dans l'organisme du juge l'énergie apaisante que Coppélia avait acquise en "dévorant" le coeur de nombreux hommes. Car, oui, cette guérison avait un prix. Coppélia devait pour cela vampiriser l'énergie vitale d'un homme au coeur corrompu pour obtenir cette capacité, et soigner Eaque était en train de vider le spectre de tout son énergie. Il devrait donc bientôt devoir repartir chasser afin de renouveler ses réserves.

"Je ne peux montrer mon vrai visage qu'à deux élus, seigneur Garuda. A mon ennemi mortel ou bien à celui que j'aimerais et qui choisira de m'aimer comme je suis. Et pour le moment, vous n'êtes ni l'un ni l'autre. Vous seul déciderez quelle voie suivre." répondit le spectre d'une voix doucereuse.
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De mémoire d'être millénraire, par-delà les réincarnations successives, Eaque ne se souvenait pas avoir assisté à une telle étrangeté. Tout au long de ses pérégrinations les longs des entailles et des contusions, Coppélia déposait la caressante brûlure de ses lèvres. Il savait bien sûr que par la volonté quelques élus étaient capables de guérir un proche, quelqu'un à qui l'on était attaché. Mais ce talent était assez exceptionnel. La Succube et le Garuda venaient à peine de se croiser.

* Enigmatique créature … *

Et plus ce visage remontait le long de sa peau, plus le juge devait se contraindre à garder les yeux fermés, à maîtriser le désir de démêler l'illusion de la réalité, l'insaisissable image qu'il se faisait de la finesse de ces traits et de la saveur de leur carnation. Le roi d'Egine y parvint cependant avec aisance. Non pas qu'il fût indifférent, mais il se complaisait en silence dans l'ambiguîté de ces incertitudes.

Le chuchottement de la Succube vint alors le prévenir de son prochain geste, et Coppélia glissa ses doigts grêles en coupe sur la mâchoire rude du juge avant de poser un baiser ardent sur sa bouche. Après un instinctif mouvement de recul, Eaque laissa Coppélia capturer ses lèvres, et but l'ardent élixir jusqu'à la dernière goutte, sa main plaquée en soutient sous les ailes membraneuses du surplis, dans le flot soyeux de la chevelure blonde. Lorsqu'il écarta le visage de la Succube du sien, il avait toujours les yeux clos. Les effets bénéfiques ne tardaient pas à se faire sentir.

« Je ne t'en demanderais pas davantage … Tu ferais mieux de remettre ton masque. »

Il tenait le menton du spectre de la Luxure avec une certaine fermeté qui signifiait que les choses en restaient là. Seul son pouce souligna la lèvre inférieur de l'androgyne pour tenter d'en saisir le dessin fuyant. Il se redressa et laissa le temps à Coppélia de se recomposer, se dirigeant vers le totem de l'oiseau fabuleux. Non, il n'avait pas l'intention de regarder le visage de l'être qui lui avait donné un second souffle.

« Il est très probable que je ne verrais jamais ton visage. Le prix est élevé, même pour moi. Ton secret doit être effroyable, qu'il réside dans l'horreur ou la beauté. »

L'instant d'après, il était à nouveau sur le pied de guerre. Eaque contempla encore ce serviteur d'Hadès envoyé par la providence. Très certainement, ils se reverraient. Le juge se connaissait trop pour savoir qu'il ne tenterait pas de retrouver la piquante Succube. Il hésita un instant, avant de prononcer à mi-voix :

« Je voudrais te demander encore un service. Je dois repartir pour l'Inde, sans doute Bodh Gaya. Je ne trouverais pas de meilleur endroit pour obtenir les informations dont j'ai besoin. Le vaisseau Garuda doit être arrivé aux Enfers désormais. Je voudrais à mon retour que les réparations soient bien avancées. J'aurais sans doute besoin d'un peu de renfort également. Si tu rencontres des guerriers de ma garde personnelle, le Béhémoth ou le Scarabée Mortel, peux-tu leur transmettre mes ordres ? Et pas un mot à Pandore. »

Eaque n'avait pas vraiment envie que la Sombre Prêtresse s'occupe de ses affaires. Pour l'heure, il se disait qu'il se passerait fort bien d'un directeur de conscience. Mais le plus préoccupant avait été la présence de cette divinité aux côtés de la Dame Noire. Cela faisait des années que les Enfers devaient être sous cette influence, comme assoupis par une drogue affaiblissante. Si Pandore était sous la coupe de cette déité, mieux valait se soustraire à son influence, pour le moment.

>> Bodh Gaya
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Coppélia souria de nouveau. Il savait depuis le début qu'Eaque n'était pas celui qu'il attendait, mais il n'y avait aucun mal a passer le temps de façon si agréable. Bien que cette entrevue n'ait été que de courte durée, le Succube avait apprécié ce moment privilégié avec l'un des trois Juges. Cependant, il n'avait pas oublié que lui avait confiée Mademoiselle et allait bientôt devoir lui faire son rapport, qui serait précis mais qui ne contiendrais pas les faits que le prêtresse n'avait pas besoin de savoir.

Mademoiselle connaitrait la destination du Garuda mais pas la façon dont Coppélia s'y était pris pour obtenir ces renseignements. Le Succube transmettrait également les ordres du Garuda à ses sbires si d'aventure il les croisait mais une telle chose serait improbable car il n'avait que peu de chances de redescendre aux Enfers dans l'immédiat.

D'un revers de la main, Coppélia fit apparaître un portail obscur qui le mènerait directement jusqu'à Mademoiselle. Le Succube rangea le peu de désordre laissé par Eaque avant de disparaître à l'intérieur du vortex, ne laissant derrière lui que quelques effluves parfumées lorsque le portail se referma.
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