Depuis maintenant une demi-heure Wolgorn se battait contre lui-même afin de domestiquer le cosmos de souffrance qu'il avait avivé. Lentement mais sûrement, il parvenait à canaliser le flux ravageur d'énergie qui déferlait dans ses veines. L'application était de rigueur dans ces circonstances : s'il s'énervait trop et cherchait à absolument écraser sa douleur, celle-ci reviendrait avec une vivacité renouvelée. Mélanger sa peine et son énergie était loin d'être une mince affaire, tant ces deux forces ne cessaient de se confronter une fois mises en contact.
Le Bourreau passa du carmin au vermeil, le rouge de sa chair se diluant progressivement. En dépit des veines qui avaient éclaté et des micro-déchirures musculaires, sa circulation sanguine et son rythme cardiaque ralentirent, reprenant doucement leur cours normal. Sa musculature se détendit et sa sudation abondante s'apaisa, à l'image de son esprit. L'Exécuteur demeurait focalisé au maximum sur l'appropriation de la souffrance qui avait servi à purifier son âme de la peur persistante. D'une âpre lutte intérieure il glissait maintenant vers une méditation exigeante.
"Fwoooooooooooh..."Wolgorn expira profondément, son souffle vicié et son cosmos agressif quittant ainsi son organisme maltraité. Une épaisse vapeur pourpre se dégagea de sa silhouette, retrouvant enfin sa taille ordinaire. Le Russe, essoré mais soulagé, tomba sur ses genoux en haletant : il avait réussi à sublimer son cosmos à son paroxysme tout en surmontant sa propre douleur. A compter de cet instant, il se sentait vraiment prêt à accomplir sa tâche de punisseur des pécheurs. Le prix fut dur à payer, mais de sa défaite et de cette torture, il en était ressorti plus fort.
"Éléonore, ce n'est que partie remise..." gronda l’Étoile Terrestre.
La peau blanche maculée de sang, il se releva en puisant dans sa motivation renaissante. Il invoqua ensuite son Surplis, qui bien qu'entièrement assemblé en totem était strié de fêlures. Qu'importe son état, si sa volonté suivait sur le champ de bataille, son armure survivrait. Le Bourreau appela sa protection à se fixer sur son corps, ce qu'elle fit avec joie, exultant de pouvoir se repaître du sang qu'il avait versé. Ce n'était certes pas suffisant pour le réparer en entier, mais cela devait largement faire l'affaire.
Ceci étant fait, il orienta son regard en direction des astres maléfiques qui étincelaient dans le ciel ténébreux. Les cent huit étoiles spectrales scintillaient bien plus qu'auparavant : les affrontements décisifs de la guerre contre Poséidon allaient bientôt avoir lieu.
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by Oblivion