Mon arrivée aux enfers ne s’était pas passée inaperçue. Tout d’abord, Sargas avait pris la peine de venir me voir et m’avait prêté allégeance, chose qui était appréciable. De plus, il fallait reconnaître que ce garçon avait énormément de charme et il ne me laissait pas indifférente, il fallait le reconnaître. Cependant, l’arrivée de Thanatos avait refroidi l’ambiance et malgré les diverses politesses de la part du Dieu de la mort, je savais parfaitement qu’il n’était pas venu pour me saluer. Quand ce dernier décida de partir, Sargas ne tarda pas à en faire de même vu qu’il avait une mission à accomplir et je me retrouvais seule en compagnie de mon bouffon.
Concernant ce dernier, je lui avais donné la permission de visiter les enfers, histoire que je puisse me retrouver seule pour réfléchir à certaines choses. Je m’étais rendue à la Cascade du Ruisseau de Sang, histoire de revoir ce magnifique endroit que j’avais apprécié par le passé. Prenant place sur l’une des roches, je fixais l’eau tout en poussant un léger soupir. Même si j’appréciais fortement la solitude, il fallait reconnaître que je m’ennuyais assez rapidement. Néanmoins, je devais admettre que Sargas me manquait déjà et je ne pouvais espérer que ce dernier revienne le plus rapidement possible.
Finalement et pour passer le temps, je décidais de me mettre à fredonner une douce mélopée, attendant patiemment qu’une personne daigne me rejoindre.
(Hrp: C'est un peu court mais c'est la petite introduction et désolée pour le titre, je n'avais pas d'inspiration )
Il attendit que Poséidon s'extirpe du vortex pour le refermer derrière eux. Les Enfers n'avaient que peu changé depuis sa dernière visite, à ceci près qu'ils étaient en meilleur état. Ce n'était certes pas encore parfait, mais les travaux de reconstruction suivaient leur cours... La Mort ne pouvait qu'escompter que son invité reste dans un état d'esprit propice à ne pas y mettre à nouveau la pagaille. Qu'il ne soit venu avec une armée à ses trousses cette fois était certes réconfortant en soi, mais cela ne voulait pas dire qu'il ne pouvait pas causer de sérieux dégâts. L'état dans lequel ils avaient laissé son fief - malgré ses velléités de rangement - en témoignait...
Tandis qu'ils naviguaient dans l'Hyperdimension, Thanatos avait pris soin de maintenir le cap dans la direction de la fille de Déméter. Cela ne lui fut guère difficile : elle était la dernière personne qu'il avait vue avant de quitter le Pays des Morts, et également la seule divinité présente au-delà de ses frontières. On faisait difficilement phare plus voyant. Conformément à ses indications, le fils de Nyx se décala sur le côté de sorte à laisser l'Ébranleur de Sol ouvrir la marche. Celui-ci n'était pas ici chez lui, non, mais savait encore sentir une aura. Et celle qu'ils cherchaient était assez près pour ne pas se tromper de chemin.
— Je suppose pouvoir m'épargner le chapitre des présentations. lança-t-il à son compagnon de route tout en regardant dans cette fameuse direction, trop loin encore pour être à portée d'ouïe de l'intéressée.
Quoi que Perséphone soit venue faire à la Cascade de Sang, son programme risquait en effet de se trouver altéré. N'ayant pas côtoyé la prêtresse en tant que telle, Thanatos serait fort en peine de dire s'il restait quoi que ce soit dans son cosmos qui permette de l'identifier... Mais Poséidon ne serait pas long à s'en rendre compte, si c'était le cas. De la même manière, cette dernière n'avait pu que les sentir arriver. Attendait-elle qu'ils viennent à elle, ou pensait-elle pouvoir se cacher ? Ce dernier cas de figure aurait au moins le mérite de souligner qu'elle n'avait pas oublié qui elle était - quelle dette elle allait avoir à payer.
— Dame Perséphone ? haussa-t-il le ton pour s'assurer qu'elle l'entende, cette fois. Je crois qu'il y a ici quelqu'un qui aimerait vous parler.
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N'est pas mort ce qui à jamais dort, et au cours des siècles peut mourir même la Mort.
Avait-il bien fait de se rendre aux enfers sans la moindre escorte ? Sans douter de ses capacités, il ne savait pas s’il pourrait affronter seul les forces infernales. Pour l’instant il devait comprendre les évènements ayant poussé Calysto à la défection, Thanatos les guida sans encombre jusqu’à l’objet de leurs convoitises.
Malgré l’atmosphère désagréable des enfers, Poséidon parvint à se concentrer sur la silhouette agréable de sa nièce. Puis Thanatos l’apostropha sans la moindre considération, Poséidon le reprit sur ce ton : « elle est reine, son titre est donc Majesté ». Lorsqu’elle se tourna Poséidon s’inclina respectueusement.
-« Votre Majesté. »
Elle était sa nièce et la femme de son frère, mais l’empereur des mers, le protocole attaché aux chevilles, considérait les titres avant les personnes. Finalement, il devrait prendre garde à ne pas trop émoustiller la mort, il était l’homme fort des enfers… Les guerriers respectent les guerriers, la crise d’autorité qui traverse les enfers risque fort de tourner à l’avantage des plus intrépides.
Poséidon la dévisagea longuement, elle avait encore ce petit quelque chose des fonds marins. Un joyau atlante ternis par la malédiction des tréfonds, il avait beaucoup de mal à le supporter.
-« Pourquoi ? »
C’est la seule question qui comptait après tout, celle pour laquelle il était venu, pour laquelle il était prêt à mettre son existence en péril.
Lentement, la douce mélopée arriva à son terme et j’ouvrais les yeux pour observer autour de moi. Le calme était présent et ce n’était pas plus mal car depuis mon réveil, j’en avais grandement besoin de me retrouver seule pour faire le point sur certaines choses. Cependant, des visiteurs n’allaient pas tarder à arriver sur les lieux vu que je pouvais ressentir leurs puissants cosmos. Il y avait ce cher Thanatos en compagnie de Poséidon. Concernant l’arrivée de ce dernier, je me doutais bien que le Dieu de la mort y était pour quelque chose et cela me contrariait légèrement sur le moment.
Pourquoi Thanatos avait-il décidé de faire venir Poséidon aux enfers ? J’avais une vague idée concernant la réponse et cela me faisait sourire. Visiblement, mon retour devait certainement déranger le Dieu de la mort et c’était plaisant à savoir cela. Si ce n’était pas le cas, il ne se serait pas donné autant de mal pour accompagner le Dieu des océans jusqu’ici. Finalement, je pouvais entendre la voix de Thanatos et lentement, je me retournais vers les deux divinités pour leurs faire face avec un fin sourire sur les lèvres. Poséidon n’apprécia guère la façon dont Thanatos s’était adressé à moi et lui en fît part. Intérieurement, j’étais ravie de voir que mon oncle était toujours à cheval sur le protocole.
« Majesté. »
Une légère révérence devant Poséidon pour montrer le respect que je lui témoignais et je me rapprochais de ce dernier pour me retrouver à un bon mètre de sa personne.
« Ne vous en faites pas mon oncle, j’ai l’habitude qu'il me traite de cette façon. » Légèrement moqueuse sur la fin de mes paroles.
Je lançais un rapide coup d’œil à ce dernier avant de revenir sur l’empereur des mers. Comme je m’en doutais, il souhaitait avoir des réponses sur le fait que d’avoir choisie sa représentante comme réceptacle.
« Je me doute que vous souhaitez avoir des réponses et je vais vous en donner mais allons plus loin, voulez-vous ? »
Je me plaçais à côté de la divinité et je lui prenais le bras pour l’inviter à me suivre. Je ne me souciais pas de Thanatos et je me moquais parfaitement si ce dernier décidait de nous suivre.
« Pourquoi ai-je choisie votre représentante ? C’est très simple mon oncle, elle était le réceptacle idéal pour mon retour. Je suis désolée de vous l’avoir prise car je peux sentir que vous teniez énormément à elle et c’est réciproque… »
A présent, je n’ajoutais rien d’autres, préférant voir la réaction de mon oncle avant de poursuivre.
— Elle n'est pas la mienne, rétorqua simplement Thanatos.
Le seul souverain que tous soient tenus de reconnaître était Zeus ; pour le reste, c'était au choix de chacun. Personne, usurpatrice d'un trône qui n'était pas le sien, ne méritait nulle considération de sa part, en l'absence de son époux encore moins. Qu'il daigne lui décerner le titre de Dame était à son sens bien suffisant, là où d'autres en auraient fait encore moins. Voir Poséidon aussi à cheval sur les formules de politesse avait quelque chose de cocasse, surtout après la manière dont lui-même avait été accueilli. Peut-être en aurait-il été autrement s'il avait suivi l'exemple de son frère au moment de se réincarner.
Il est vrai cependant que ses accès de colère ne l'aideraient pas à mettre ses charmes en valeur en présence d'une femme comme il aimait tant à le faire. Pour sa part, le fils de Nyx choisit de rester en retrait. Il avait fait sa part du travail. S'il était bien curieux de voir comment tout cela finirait, c'était à eux de régler ça. Cela ne l'empêcha pas de lever un sourcil à la remarque de Coré, qu'il prenait d'ordinaire grand soin d'esquiver. Si elle avait pris cela pour de la maltraitance, elle devait grandement le sous-estimer. Tant mieux : s'il fallait faire appel à la manière forte, la chose n'en serait que plus aisée.
— Je ne pouvais décemment pas laisser mettre les Enfers en péril au nom de votre seul égoïsme.
C'était la seule justification dont elle avait besoin - non qu'il se sentit obligé de la lui donner. Poséidon avait, toujours et en tout temps, été un baril de poudre en mal d'étincelle. Menacer d'en allumer la mèche, pourtant à peine éteinte, pour une simple question d'emballage de chair... Quelle frivolité ! Pour un peu, cela aurait suffi à lui inspirer du dégoût. Il n'était pas sûr qu'Hadès - pardon : Sa Majesté -, pourtant lui-même d'un égoïsme légendaire, l'aurait cautionné. Oh, certes, sans doute aurait-il pris la chose avec plus de pincettes : elle était sa femme, après tout... Du moins quelques mois sur l'année.
Thanatos n'avait jamais compris ce que le Sombre Monarque pouvait bien trouver à cette créature volage. Mais peu lui importait qu'il cède à tous ses caprices, tant que cela n'interférait pas dans leurs affaires. Dès lors que sa fantaisie du moment pouvait avoir pour conséquences le feu et le sang, il était de son devoir d'y mettre un terme, de la manière qui semblerait convenir. En s'attaquant à une dévote de Poséidon, elle avait fait commettre à cette dernière ce qui, aux yeux du concerné, s'apparentait de près ou de loin à de l'adultère. Le fils de Nyx n'était d'ailleurs pas sans soupçonner que quelque relation physique s'en soit mêlée, mais ce n'était là encore pas de son négoce.
Les suivant telle une ombre, comme il convient pour la Mort de le faire, il n'en demeura pas moins à distance raisonnable de leur couple dépareillé. Bien qu'il lui soit facile de se sécher, il ne tenait pas à faire une nouvelle fois l'expérience des spectacles aquatiques dont Poséidon était capable... D'autant que la seule eau qu'il trouverait en ce lieu précis risquerait de mettre à mal ses habits. Bien qu'il parut s'absorber dans sa passivité, il eût été périlleux de croire qu'il avait cessé de leur prêter attention. Toute superficielle qu'elle soit, Perséphone n'en restait pas moins une déesse, et à ce titre un danger. Il avait certes un tempérament plus guerrier que le sien, mais cela ne la prédisposait que plus à toutes sortes de coups fourrés...
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N'est pas mort ce qui à jamais dort, et au cours des siècles peut mourir même la Mort.
Perséphone lui prit le bras et le guida sur quelques mètres, Thanatos leur emboita le pas en veillant à leur laisser une certaine intimité. Poséidon n’avait pas répliqué aux sarcasmes de la mort, bien qu’il en ait eu envie. Il souhaitait rester en ces lieux le moins de temps possible.
-« Vous jouez à un jeu dangereux ma nièce… » Expliqua-t-il calmement. « Calysto était un joyau Atlante et vous l’avez ôté de son écrin. »
En compagnie d’une déesse telle que Perséphone, chaperon excepté, la promenade infernale pouvait apparaître comme agréable. Malgré tout, il devait se concentrer sur l’approche à garder avec Perséphone, peut-être avait-elle plus de fidèles que ne voulait l’admettre Thanatos ?
-« Comment dois-je interpréter un tel geste ? »
Et puis il y avait Venise, pour l’instant les conversations sur les Golems n’étaient pas allées bien loin… Une ville pour une incarnation ?
-« J’espère au moins que vous ne l’avez pas forcé… »
Pourquoi Calysto aurait-elle accepté une telle chose ? Rester loin de l’Atlantide et de ses merveilles lui semblait inenvisageable.
Comme je le pensais, Thanatos nous suivait tout en gardant une certaine distance entre nous et ce n’était pas plus mal vu que je pouvais parler librement avec mon oncle. Ce dernier m’avoua que je jouais à un jeu dangereux vu que Calysto était un joyau et je comprenais parfaitement son ressenti. Néanmoins, il n’avait aucune inquiétude à se faire vu que j’avais certaines idées assez intéressantes dans la tête mais pour le moment, je ne comptais pas lui en faire part.
« Je sais parfaitement mon oncle et j’en suis sincèrement désolée. »
Il était évident que de m’accaparer la représentante de l’empereur des mers pouvait s’avérer être dangereux et cela pouvait se transformer en déclaration de guerre. J’étais parfaitement consciente de tout cela et néanmoins, je tentais que ce genre de chose se produise.
« Certainement pas comme une déclaration de guerre car si j’aurai été dans la capacité de vous faire part de mes intentions, j’aurai pris le temps d’en discuter avec vous. Mais voyez-vous, il m’était impossible de communiquer avec qui que ce soit avant mon retour sur terre. »
Ensuite, il me demanda si je l’avais forcé et même si au départ, elle ne s’était pas montrée consentante, Calysto avait fini par accepter sa destinée. Je regardais Poséidon durant un moment, gardant le silence pour le moment tandis que nous continuions à avancer et j’en profitais pour jeter un rapide coup d’œil par dessus mon épaule gauche pour voir si Thanatos était toujours derrière nous.
« Elle s’est montrée réticente au début mais elle a fini par m’accepter. » Puis, je me rapprochais un peu plus de Poséidon pour lui parler à voix basse, histoire que le Dieu de la mort ne puisse pas entendre les nouvelles paroles. « Je ne compte pas rester définitivement dans son corps et le moment venu, je vous la rendrai mon oncle, je vous en fais la promesse. »
Tout ce que j’étais entrain de dire à l’empereur des mers était véridique vu qu’il s’agissait d’un corps d’emprunt et je comptais bien lui rendre sa représentante un jour ou l’autre.
« Je dois reconnaître que je me sens totalement différente par rapport à mes précédentes réincarnations… Cette jeune femme est d’une infime douceur… C’est incroyable. »
-« Puis-je réellement vous croire ? » L’empereur des mers lâcha le bras de Perséphone et lui effleura doucement le visage… Sa précieuse Calysto était toujours là, quelque part, recluse mais saine.
Sa représentante n’aurait jamais accepté qu’une guerre soit déclenchée pour elle… Il était la colère, l’impétuosité, elle était son versant opposé. Il détourna le regard en direction de Thanatos… A lui seul il offrait un aspect des plus sinistres aux lieux, Poséidon réprima un frisson.
-« Je n’ai jamais croisé une divinité renonçant à son réceptacle. » Il laissa planer un moment de silence. « Le passage du divin à l’humain est un chemin peu arpenté… En me la rendant vous risquez de la briser. »
Thanatos aurait pu les renseigner, des trois protagonistes il dominait parfaitement la matière envisagée. Poséidon ne savait pas si le dieu de la mort avait déjà tenté ce type d’expérience, mais il connaissait les méandres de l’esprit humain et ses interactions avec le concept de mortalité. S’il n’avait pas été si fier l’empereur aurait questionné le fils de Nyx…
Les Olympiens devraient songer à traiter autrement les enfants d’une divinité primordiale… Contrairement à leur famille Thanatos, Hypnos ou encore Eris étaient des concepts, des entités immatérielles résidant dans l’existence même des hommes et des dieux. De l’ensemble des panthéons divins ils étaient ceux qui s’approchaient le plus de l’éternité absolue.
Ses pensées vagabondèrent encore plusieurs secondes et le dieu reprit : « Calysto était une femme très douce… Je ne crois pas qu’elle comprenait parfaitement les concepts martiaux. » Pour la première fois depuis son arrivée aux enfers il daignait sourire. « Je conçois parfaitement le plaisir que vous devez ressentir. Néanmoins, un prix doit être versé… »
— Pouvez-vous le prouver ? demanda-t-il d'une voix douce.
Sans crier gare, Thanatos s'était rapproché d'eux à nouveau. S'il consentait à leur laisser un peu d'espace - si singulière que doive être leur relation -, il ne pouvait non plus fermer les yeux sur les manigances que la Fille des Saisons ne manquerait pas d'entreprendre. Toute déesse bénéfique qu'elle soit à la base, la vie aux Enfers l'avait pervertie comme tout un chacun ; pour avoir été aux premières loges au jour de sa décadence, le Fils de Nyx n'en ignorait rien. Il se pouvait même qu'Hypnos et lui soient ceux qui avaient susurré à l'oreille du Sombre Monarque de prendre femme, mais cela remontait à si loin...
Il lui faudrait songer à lui demander, si son frère se décidait à sortir de son sommeil. Peut-être dans un siècle ou deux. Si cela devait s'avérer juste, néanmoins, puisse le lui d'autrefois être maudit cent fois au vu des ennuis qu'elle causait à ce jour. Une sentence qu'il aurait bien appliquée sur plusieurs générations, si le principe-même de la Mort engendrant la Vie n'avait pas été d'une absurdité sans nom. Non qu'il trouvât à s'en plaindre ; ses neveux et nièces avaient su donner à cette stérilité un goût de délivrance. Ne pas découvrir quel sordide infant aurait pu être le sien lui convenait tout à fait ; la question avait de quoi terrifier.
— Je ne voudrais pas avoir l'air d'écouter aux portes, mais puisque l'on requiert mon expertise, il guigna Poséidon, je me permets d'intervenir.
Avoir les bras croisés dans le dos réduisait quelque peu son aspect menaçant, mais n'avoir pas ses mains à portée de vue produisait toujours chez les gens un effet alarmant. Il ne s'était jamais demandé s'il en était de même pour les divinités ; peut-être aurait-il enfin la réponse à cette question. Ses pupilles ambrées opérèrent une rotation pour se poser sur l'objet du litige - l'épouse d'Hadès en personne. Si elle avait formé le souhait de lire en lui, elle aurait bien mal choisi son moment ; quand il s'agissait de faire parler sa vocation, Thanatos s'y abîmait tout entier. La Mort dans sa plus inexorable perfection était la seule chose qu'elle trouverait.
— C'est techniquement possible, commença-t-il après un silence long de quelques instants - un silence de mort. Votre époux s'est lui-même fait jeter plus d'une fois hors de ses corps d'emprunt, même s'il n'aime guère que cela s'ébruite. Certains de ceux-ci y ont survécu. Bien qu'Athéna y fut souvent mêlée, cela prouve que la possibilité existe. Cependant... C'est vers Poséidon qu'il pivota cette fois. Cela implique de le faire avant que l'âme... (parasite) ...Intruse, dirons-nous, ne se soit trop enracinée. Dans le cas contraire, la... Libération de l'hôte ne peut qu'être fatale. Ses paupières tombèrent brièvement, sans que son ton docte s'en trouve affecté. Cela peut demander des jours, des mois - des années, parfois, ou aussi bien un battement de cils. Tout dépend des cas, c'est une question de compatibilité. Il s'abstint d'ajouter que c'était ce qui poussait Hadès à rechercher les humains les plus purs ; au-delà du caprice, c'étaient aussi les plus aptes à recevoir sa majesté. Avant que le processus n'arrive à son terme, il est possible pour le titulaire du corps de reprendre ses droits. Ne sachant depuis quand Son Altesse a fait sienne votre muse, je ne saurais dire où cela en est. Sans départir ses traits de leur gravité, il insuffla plus de désinvolture à sa voix. Bien sûr, nous parlons de corps, mais cela requiert une âme en parfait état... Et non écrasée pour installer la sienne, comme c'est trop souvent le cas.
Son regard doré se tourna vers Perséphone, à lui seul indicible question. Même s'il avait monté de toutes pièces ou peu s'en faut l'histoire contée au sujet de Sargas, il n'en avait pas moins un fond de vérité. Cet étrange bouffon qui lui tenait lieu d'escorte n'avait pas jailli du néant comme elle de la cuisse de Jupiter - ou Zeus, qu'importe. Dès lors, l'entendre prétendre qu'elle n'avait pu prévenir qui que ce soit avait de quoi le faire sourciller. Il ne pouvait lui en vouloir : il l'avait habituée à un être moins observateur. Peut-être qu'au lieu de s'empresser d'aller batifoler avec son chevalier servant, elle aurait mieux fait de se mettre à la page.
Faute de précision, je me permets de considérer que Poséidon a ramené la discussion à un volume audible pour pouvoir rebondir. En espérant que cela vous ira !
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N'est pas mort ce qui à jamais dort, et au cours des siècles peut mourir même la Mort.
C’était une bonne question que venait de me poser Poséidon et étant sur le point de lui répondre, j’étais interrompue lorsqu’il effleura mon visage. Sur le moment, je perdais légèrement pied et je détournais quelques instants le regard avant de revenir sur l’Empereur des mers pour lui répondre avec sincérité.
« Je suis peut-être l’épouse d’Hadès mais je suis certainement plus digne de confiance que ce dernier. »
Peut-être que Poséidon n’allait pas décimer les enfers par ma faute vu qu’il semblait plutôt calme mais le connaissant, cela ne voulait pas dire pour autant qu’il n’y avait pas de colère en lui. Néanmoins, je tentais d’apaiser les choses et peut-être que la fin de notre discussion n’allait pas se transformer en bain de sang. Quand il m’avoua qu’il n’avait jamais vu une divinité renoncée à son réceptacle humain était parfaitement compréhensible car je savais parfaitement qu’il y avait des risques pour que ce dernier meurt lors de la séparation.
« Je sais mon oncle… et je ne souhaite aucunement lui faire le moindre mal… »
Il y avait certainement des solutions pour réussir un tel miracle et même si j’avais certains doutes concernant la personne capable de faire cela, je préférais me taire à son sujet. Quand Poséidon me parla de Calysto de la façon dont il la voyait, je ne pouvais m’empêcher de sourire légèrement et comme je le pensais, il y avait un prix à payer pour cela.
« Je comprends et je vous écoute. »
Malheureusement, ce cher Thanatos décida de prendre la parole en posant une question concernant sur ce qui avait été dit un peu plutôt. Me retournant vers ce dernier, je prenais le soin de l’observer et de le laisser continuer à s’exprimer.
« Ce n’est pas bien d’écouter aux portes. » Lui avouais-je avec amusement.
Préférant ne plus rien ajouter, j’écoutais les paroles de Thanatos sans l’interrompre, histoire d’entendre ce qu’il avait à dire. Il fallait reconnaître qu’il ne disait pas que des bêtises mais la fin ne me plaisait guère vu le regard qu’il venait de me lancer.
« L’âme de Calysto n’a pas été écrasée… Ne vous en faites pas pour cela. » Rétorquais-je aussitôt avant de porter mon regard sur mon oncle, histoire d’avoir la réaction de ce dernier sur ce qui venait d’être dit.
(Hj: Oui Thanatos, tu as bien fait, j'aurai du le préciser )
Le petit cours magistral était des plus intéressants, la Divinité chaperonne appréciait apporter sa science. Vous connaissez tous ce rapprochement entre la science et la confiture n’est-ce pas ? Perséphone avait confiance en ses propos, réalisme ou pure vanité ?
-« Vous ne répondez pas à ma question… Savoir que vous pouvez me la rendre ne m’affirme en rien que vous allez me la rendre. »
Poséidon augmenta considérablement son cosmos et dévoila une vision de Venise, les trois divinités considéraient les scènes qui s’y déroulaient depuis les yeux du Golem. Le dieu des Océans esquissa un geste de la main et le Golem tourna la tête, en contre-bas on apercevait Sargas et un peu plus loin Mohana bardée de deux Marinas.
-« Je savais que cette petite me poserait des problèmes… » pensa-t-il à haute voix haute avant de reporter son attention sur ses interlocuteurs. « Je n’ai pas envie d’entrer une nouvelle fois en guerre ouverte contre les enfers… Mais pour le bien de mes opérations je passerai outre mes désirs. »
Poséidon referma la vision, il ne souriait plus, son ton se fit un peu plus menaçant. Pour le coup il découvrira qui de Thanatos ou de Perséphone tenait la dragée haute aux forces de son frère.
-« Une fois que cette entrevue touchera à sa fin, vous et moi allons-nous livrer à une escalade de la violence. Pour éviter des morts inutiles et de diminuer la force de nos armées respectives, je suis prêt à faire quelques concessions. » L’empereur marqua une pause, reprit sa respiration et continua : « si vous acceptez de placer Venise sous mon autorité temporaire, je suis prêt à oublier l’affront de Perséphone envers ma représentante et les diktats imposés aux spectres lors de notre dernière visite seront annulés. »
Il posa son regard sur les réparations en cours et dévia vers les eaux stagnantes un peu plus loin.
-« Une fois que les considérations environnementales de l’humanité seront plus raisonnables, je vous rendrai Venise et ses habitants… Vous pouvez bien entendu refuser, mais je crains alors que ma prochaine visite sera moins amicale que la dernière. »
— Ce n'est pas de mon ressort, fit-il en levant les mains, paumes orientées vers la morosité du ciel infernal. Vous connaissez mes sentiments à ce sujet.
Il n'estima pas nécessaire de s'étendre plus avant sur leur entretien précédent. Le Dieu des Mers ne pouvait avoir déjà oublié qu'il s'était engagé à lui rendre sa propriété - avec ou sans l'accord de la personne concernée. Cette dernière ne semblait guère aimer être comparée à son sombre mari. Plus digne de confiance ? Je ne crois pas. Thanatos s'étonna néanmoins qu'elle soit si prompte à se dresser contre lui. Leurs liens conjugaux se seraient-ils érodés au fil du temps ? Peu captivé par sa personne, le Faucheur n'avait jamais jugé bon de la connaître plus avant. Se pourrait-il qu'il se soit trompé sur son compte, finalement ? De telles réflexions devraient attendre, cependant.
Fidèle à sa réputation, l'Empereur des Mers commençait à manquer de patience - un comportement que le fils de Nyx, hier encore frappé du même mal, ne pouvait hélas que comprendre. Malgré cela, il conserva suffisamment de calme pour exposer les faits survenus à Venise avec plus de calme que Thanatos ne l'aurait espéré. Quand l'image se forma devant eux, nulle surprise ne vint habiter ses traits. Il avait ressenti plusieurs morts venant de cette direction au cours des dernières minutes. Sachant qu'un golem faisait l'honneur de sa visite à leur dernière conquête et que Hruodland était allé se joindre à son ambassade, il ne lui avait pas fallu longtemps pour faire le lien.
— Vous n'êtes pas le seul à préférer un bain de sang, dit-il aussi naturellement que s'il parlait de pluie et de beau temps. Même quand l'on dispose d'une armée immortelle, devoir sans cesse s'assurer qu'elle le reste peut s'avérer lassant.
Le Seigneur du Monde Souterrain serait sans doute plus enclin à ignorer cet état de faits... Mais à défaut d'être là pour le revendiquer, ils devraient se passer de son avis. Au moment de répondre, Thanatos s'était avancé d'un pas sans trop y penser, comme pour asseoir sa prépondérance sur le débat en cours. Malgré leurs dissensions, Perséphone n'en disconviendrait pas : le militaire était plus de son domaine. Cela lui évitera de s'y casser un ongle. Cela lui permit également de dévisager l'Empereur des Mers de plus près. C'était une offre généreuse, surtout de sa part - dès lors, comment y croire ? Poséidon prend, jamais ne donne. Tous les marins dont ses eaux sombres s'étaient faites la dernière demeure pourraient le confirmer. Soit il voyait en eux une menace trop sérieuse pour être confrontée aux prémices de cette opération, soit...
— Nous gardons Venise, déclara Thanatos, mais nous laisserons passer votre créature. Si vos objectifs sont bien ceux que vous dites, avoir la ville pour vous n'aurait d'autre utilité que de satisfaire votre égo. Il nous est plus facile de justifier d'un repli temporaire que d'un passage de main en main, et je doute que vous souhaitiez vous livrer à la comédie d'une reconquête de notre part une fois tout cela terminé.
Affectant de porter une masse invisible, Thanatos fit lever du sol des ombres impalpables, dans lesquelles il se tailla un trône aux formes agressives. Tandis qu'il s'y coulait, un geste similaire en dota ses deux allocutaires, pourvu qu'ils daignent y prendre place. Poséidon ayant fait montre d'assez d'éducation pour lui proposer un siège - fut-ce pour l'envoyer voler la seconde d'après -, il ne pouvait que rendre la pareille. Il aurait volontiers laissé Perséphone debout (ne se prélassait-elle pas déjà assez ?), mais préféra s'épargner un nouveau sermon de la part de leur divin consort.
— Bien entendu, je n'attends pas de vous que vous fassiez cette concession sans céder quoi que ce soit en retour. Vos conditions sont honorables, et je ne suis pas un ingrat. Il prit appui sur son accoudoir. J'ai pu voir à quel point vos troupes étaient amoindries. Si forts que soient les guerriers qu'il vous reste, vous ne pouvez ignorer le risque de tomber à court de bras avant la fin de votre entreprise. Ce pourquoi je vous propose de vous rendre temporairement l'usage d'un de vos anciens guerriers. À moins que vous ne préfériez revoir l'une de vos créatures. Peu m'importe. Je vous laisserai même l'imprégner de votre propre pouvoir si cela peut vous donner l'assurance qu'il ne vous fera pas défaut en cours de route.
Verser du vinaigre sur la plaie de ses forces étiolées revenait à jouer avec son orgueil à un jeu dangereux, mais Thanatos pensait cela nécessaire pour appuyer la nécessité de la chose. On ne réussit pas dans les affaires sans oser quelques paris risqués... Un rapide geste du poignet fit apparaître une table, faite de la même matière que ce sur quoi il reposait à ses instants. À sa surface opaque, pareille à une fumée solide trônaient verres et pichets, nouvel écho de l'hospitalité - diaphane - à laquelle il avait eu droit. Là encore, il y en avait trois. Il saisit l'une d'entre elles, sans y boire encore.
— Et bien entendu, dès que Son Altesse aura... Trouvé un autre abri, si je puis dire, je veillerai personnellement à ce que votre prêtresse reste entière... Et vivante. fit-il avec un soupçon de dépit dans la voix ; repousser l'heure où il exercerait ses droits sur une âme mortelle était toujours un déchirement. Ne sachant trop ce qu'il peut se passer au cours du processus, je pense que vous apprécierez cette garantie.
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N'est pas mort ce qui à jamais dort, et au cours des siècles peut mourir même la Mort.
Thanatos marquait des points, les soldats qu’il déployait sur les théâtres d’opérations étaient quasiment invulnérables en duels, néanmoins le nombre leur fera défaut tôt ou tard. Poséidon surnageait difficilement mais ses démonstrations récentes inspiraient la peur chez ses interlocuteurs, tout du moins une crainte… Tout en prenant place au cœur du siège offert gracieusement par l’un de ses hôtes Poséidon répondit à la mort…
-« Je suis ouvert à l’idée de laisser l’autorité sur la Sérénissime aux spectres… » Le dieu des Océans s’installa un peu plus profondément au cœur du trône, s’amusant même à lui offrir plusieurs reflets marins.
-« Quand à la contrepartie proposée, je suis obligé de la refuser… Plutôt disparaître que de faire appels aux morts. Laissez-moi gérer mes projets en paix cela suffira bien. »
Il profita d’un silence gênant pour saisir quelques minutes de réflexions… Il ne souhaitait rien obtenir des spectres, au moins le golem pourrait pénétrer plus profondément au cœur des Alpes. Poséidon se releva et s’éloigna de quelques mètres de ses hôtes…
-« Considérez la bataille de Venise comme avortée, nous passerons et laisserons la cité entre vos mains. Cependant, au prochain spectre qui se dressera en travers de ma route, je reviendrai en ces lieux et peu importe la taille de mon armée, vous vivrez le moment le plus désagréable de votre existence. » Puis il appuya son regard une dernière fois en direction de Perséphone… « Quant à vous... Je vous suggère de trouver une solution rapidement. »
Poséidon s’inclina respectueuse et quitta ses hôtes, leur n’était guère plaisante… Qu’ils règlent leurs comptes et le laissent en paix. Poséidon ouvrit un portail dimensionnel et s’y engouffra, il devait stopper les combats sur Venise et maintenir son calendrier.
Thanatos était beaucoup plus stratégique que moi et en ce qui concerne la guerre, je préférais le laisser s’exprimer tout en prenant soin d’écouter attentivement les paroles des deux protagonistes. Quand Thanatos dressa des sièges ainsi qu’une table avec des rafraîchissements, je préférais rester debout vu que la présence de Poséidon en ses lieux, était entièrement sa faute. Concernant Venise, je savais parfaitement que Sargas était sur place et je voulais à tout prix que ce dernier vienne à se battre. Il était mon serviteur dévoué et je ne souhaitais pas qu’on lui fasse le moindre mal surtout si je n’étais pas présente à ses côtés.
Finalement, Poséidon se montra raisonnable et décida d’abandonner la bataille à Venise. C’était une bonne chose en soi et je poussais un petit soupir de soulagement. Quand il m’adressa ses dernières paroles avant de disparaître dans un portail, j’acquiesçais légèrement de la tête avant de faire une légère révérence lors de son départ. Quand il quitta les enfers, je portais mon regard sur Thanatos tout en me rapprochant du siège où se trouvait mon oncle quelques instants plutôt.
« Poséidon se montre raisonnable pour une fois et c’est une bonne chose en soi… »
Posant ma main sur le dossier du siège, je commençais à faire une légère pression sur ce dernier tout en reprenant la parole.
« …Par contre, j’aimerai savoir ce que vous cherchez à faire en l’ayant amener jusqu’à moi… Je suppose que ma présence vous dérange, c’est la seule chose plausible qui me vient à l’esprit pour le moment. » Lui avouais-je tout en esquissant un fin sourire.
Augmentant légèrement la pression de mes doigts sur le dossier et voilà que ce dernier finît par se briser.
« Oups… Désolée, il m’arrive parfois d’être très maladroite. »
On pouvait y lire un léger défi dans le regard car même si Thanatos était le Dieu de la mort, je n’étais pas impressionnée pour autant.
« Je suppose que notre petite réunion est terminée et si vous n’avez rien d’autres à ajouter, j’aimerai rester seule un moment.»
Poséidon avait sa fierté ; cela non plus, il ne l'avait pas oublié. Il ne voulait rien lui devoir ? Fort bien : ce serait d'autant moins d'effort à fournir. L'un comme l'autre, ils le savaient, cette paix ne tenait qu'à un fil - celui reliant l'âme de Calysto à son propre corps. Que Perséphone s'avise de le couper, et ce serait la guerre qu'ils auraient. Fort heureusement, toute reine qu'elle soit, c'était à lui que la Mort répondait. La mâchoire appuyée sur son poing, il recueillit chaque déclaration du Dieu de la Mer, jusqu'à la dernière.
— Nous avons un accord, conclut-il d'un ton allègre. Puisse-t-il être le premier d'une longue série. Je ne suis point votre frère, j'ai à coeur de le rappeler ; aussi tiens-je à ce que nos relations partent d'un meilleur pied.
L'eût-il voulu qu'il n'aurait pu balayer le passif entre Atlantis et les Enfers d'un revers de main ; néanmoins, cela n'empêchait pas de poser de nouvelles bases. Celles d'une entente future, pourquoi pas ? Le Faucheur était un prétendant inédit à la table du jeu des trônes, aussi avait-il encore toutes ses cartes à jouer. Poséidon parti, il sentit immédiatement Venise recouvrer son calme ; la tension qui emplissait les lieux, elle, ne disparut pas. S'il n'en rata rien, la petite comédie de Coré le laissa plus las qu'elle n'avait dû le prévoir. Loin d'éveiller chez lui la moindre parcelle d'intérêt, elle tua même celle qui avait failli naître pendant la discussion. L'effet qu'elle pensait produire tomba d'autant plus à plat que le trône, plutôt que de se briser, retourna à sa condition première - un concentré d'obscurité. Au lieu de débris, ce furent donc des fumerolles obscures qui filèrent entre ses doigts. Thanatos les regarda s'échapper d'un air absent ; quand enfin ce fut sur elle qu'il posa les yeux, on ne put y lire que la plus plate indifférence.
Si la colère de Poséidon ne l'avait pas fait trembler, ce n'était pas la fille de Déméter qui y parviendrait. Qu'elle persiste donc dans cette voie, cependant, et elle apprendrait bien vite qu'on ne peut jouer bien longtemps avec la mort... Finissant son verre d'un trait, il se redressa et quitta son siège, lequel retourna instantanément parmi les ombres. Le reste du mobilier suivit la seconde d'après.
— Je cherche à gérer un empire, ce que vous devriez faire également. Je sais que la frivolité est dans l'air du temps, mais elle convient bien peu aux gens de notre espèce. Vous feriez bien de l'apprendre, avant que d'autres ne le fassent à votre place. Il la dépassa sans un regard, la coupe encore entre les doigts. Sur ce, je vous laisse à votre solitude. Profitez-en bien.
Terminé pour moi.
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N'est pas mort ce qui à jamais dort, et au cours des siècles peut mourir même la Mort.
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01.08.15 21:55
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