La plénitude émanait du lieu. Une aura bienveillante et de douceur se dégageait de l’ensemble du temps de la Vierge. La demeure était vide depuis fort longtemps maintenant et seule l’armure d’Or du Zodiaque était en mesure d’émettre les effluves puissantes qui envahissaient la maison de la Vierge. Même sans porteur, l’armure d’or sentait le danger qui menaçait le Sanctuaire et elle savait pourquoi les Spectres venaient en ces lieux.

Entre les mains de l’objet composé d’or, se trouvait ce que tous les belligérants cherchaient à se procurer : le fameux rosaire de la Vierge. Composé par Asmita, l’un des plus puissants chevaliers ayant eu l’honneur de porter l’armure, l’artefact était le seul objet capable de sceller définitivement la mort des Spectres et il était plus que logique, qu’ils souhaitent le récupérer.

L’armure intensifia la cosmo-énergie qui lui était propre et la dirigea vers le seul allié qu’elle pouvait trouver. La lueur dorée parcourue les maisons qui la séparait de l’entrée du Sanctuaire et baigna le corps presque sans vie du Chevalier tombé. En accentuant encore davantage l’énergie dorée, le corps de la Balance disparut du champ de bataille et atterrit auprès de l’armure d’or.

Alors que le Saint pensait que son dernier souffle allait se produire à chaque expiration depuis sa défaite contre le Spectre, Hélios sentit une énergie nouvelle le pénétrer. Elle était faible mais suffisante pour le ramener à la vie. Il ignorait qui pouvait avoir eu la bonté de le sauver de la sorte mais il ne pouvait que le remercier.

La Balance demeurait encore faible, bien trop pour pouvoir se relever et repartir au combat mais au moins il savait qu’il vivrait. Il pouvait entendre les bruits des combats qui se poursuivaient autour de son corps inerte et se demandait si ses frères et sœurs Saints arrivaient à repousser les sbires d’Hadès. Il n’eut guère le temps de se poser davantage de questions, qu’il sentit son corps être aspiré par une énergie pacifique. Hélios n’avait pas la force de s’opposer à la volonté de l’être qui l’entrainait et il se laissa transporter vers une destination encore inconnue.

N’ayant presque pas le sentiment d’avoir bougé, le Saint se trouvait toujours cloué au sol. Il pouvait sentir la dureté d’un sol de pierre sous son corps. Autour de lui, il percevait la douceur d’un cosmos bienveillant qui l’englobait lui et tout ce qui se trouvait à proximité, et une autre énergie d’une puissance qui dépassait l’entendement. En forçant sur son corps meurtri, le Grec parvint à se redresser puis à se retourner pour s’asseoir. Il se passa une main sur son crane douloureux et regarda autour de lui. La première chose qu’il aperçut vu l’armure d’or de la Vierge étincelante dans sa puissance muette. Hélios comprenait maintenant qui, ou plutôt quoi, l’avait transporté ici. Comme toutes les armures, celle de la Vierge pouvait avoir sa volonté propre et elle devait avoir besoin de lui.

La balance se releva péniblement. Il avait l’impression que son corps était brisé de partout et se demandait encore comment il pouvait être encore vivant. Il continua de regarder autour de lui et aperçu une jeune femme toute proche. La première chose qu’il vit, fut le rosaire sacré entre ses mains. Une peur enserra alors le Saint : était-elle une Spectre ayant pris de l’avance sur les autres ? La femme ne portait aucune armure et le cosmos qui se dégageait d’elle avait une ampleur comme Hélios n’en avait jamais ressenti.

Il s’avança vers elle en titubant légèrement, prêt à tout pour lui reprendre l’artefact lorsqu’il réalisa qui il avait en face de lui. Il se trouva immédiatement idiot de ne pas avoir reconnu un tel être plut tôt. Sans perdre plus de temps, il posa un genou au sol en masquant du mieux possible une grimace de douleur.

- Votre Altesse…

En face de lui, il en était certain, se tenait la grande Déesse de la Justice : Athéna en personne. Ainsi les rumeurs sur sa réincarnation étaient fondées. Avec elle à leur côté, les Saints ne pourraient pas perdre.

- Je vous salue ma Déesse. Je suis Hélios, Chevalier d’Or de la Balance. Je vous prie d’excuser mon apparence du moment mais je ne n’ai pas su résister à la puissance destructrice de mon adversaire. Veuillez pardonner ma faiblesse votre Altesse.

Hélios baissa la tête en signe d’excuse et de soumission. Pour une fois, aucun jeu de mot ou trait d’humour ne lui venait à l’esprit.

- Si vous me permettez cette question, que comptez-vous faire avec le rosaire de la Vierge ? Je suppose que vous savez que les Spectres sont ici pour le récupérer…

Hélios écouta la longue tirade qu’émit la Déesse. Il ne comprit pas tout à ce qu’elle disait mais il trouva que son ton était plutôt amusant. Obéissant, le Saint se releva, masquant de nouveau une grimace de douleur.

- Athena ou Athéna ? C’est quoi la différence ? Ca ne serait pas un peu bonnet blanc et blanc bonnet ? Du coup, je pourrais aussi vous appeler Athe ? Ou Nana ? Non, ça serait aussi pas mal.

Hélios retrouvait enfin le sourire niais qui le caractérisait. La douleur était encore bien présente mais il pouvait au moins faire l’effort de paraitre souriant.

- Quoi qu’il en soit, il ne faudrait pas trop compter sur moi pour de nouveau combat. Vu mon état, je ne serais qu’un handicap. Après, je peux toujours utiliser mon corps et ce qui me reste d’armure pour vous servir de bouclier... Mais j’avoue que je ne préférerais pas.

La Balance se frotta le crâne en conservant son sourire idiot.

- Si vous avez un plan pour faire cesser les combats et faire partir les Spectres, je vous suis. Tout ça n’a que trop duré. Mais je me permets de vous rappeler l’importance que représente le Rosaire. Il est le seul moyen de détruire les Spectres définitivment.

Hélios s’avança vers la Justice, attendant qu’elle ouvre le chemin vers leur destination.