-« Ou comptez-vous aller tous les deux ? »

Une jeune femme s’afficha dans l’encadrement de la porte. Une jolie blonde aux yeux azur, élégamment vêtue et au cosmos bien connu des protagonistes. La déesse s’approcha de ses interlocuteurs, sous l’impulsion de son cosmos l’espace de la pièce se modifia. Aussi, la porte s’effaça, l’encombrement n’était plus, subsistait seulement l’armure d’Eris et ses armes.

-« Toute cette poussière… Une telle armure se nettoie mon cher Driss » Pour seule réponse, l’entraîneur s’inclina profondément.

Arrivée au niveau de son armure, la déesse de la discorde souffla plusieurs fois en différents endroits de l’armure. Une fois les couches supérieures de poussière évacuées, elle se saisit de ses deux sabres et des étoffes les accompagnant. Ils étaient légers, fins et d’une rare solidité… Elle noua un tissu de lin sur chacun des manches modifiant ainsi la structure de ses armes. A présent, ses sabres étaient droits, effilés et possédaient un tranchant en double courbure. Tandis, que les pommeaux à têtes de chimères dominaient des manches sans gardes.

-« Efficaces de tailles comme d’estoc… Néanmoins, l’absence de garde oblige l’esquive, bref, passons. Sans le vouloir, j’ai pu surprendre un ou deux mots de votre conversation. »

Eris porta toute son attention sur le guerrier nordique… Un homme aux capacités exceptionnelles mais incapable de la moindre constance. Mais elle avait toujours eu ce petit faible pour les esprits en doutes.

-« Je ne me sers pas des humains Olrik… Nous concluons des accords et j’essaye, autant que faire se peut, de respecter mes engagements. Que ce soit pour toi, Neiya ou encore Eydis, je n’y suis pour rien si, parfois, les choses finissent mal. »

Elle savait pertinemment qu’Olrik ne connaissait rien à l’arrangement qu’elle avait conclu avec Eydis, elle espérait seulement l’intéresser. Après tout, Eydis avait été sa sœur d’arme, la dernière fidèle du dieu fourbe. Thanatos n’apprécierait certainement pas qu’elle puisse jeter un froid sur les relations entre Asgard et les Enfers, mais une incartade de plus ou de moins.

Pour le reste, cette rencontre fortuite offraient plusieurs perspectives, à supposer qu'Olrik soit de bonne constitution à son égard.

Malgré son service auprès des forces d’Eris, le guerrier divin ne saisissait toujours pas toute la singularité de la déesse. La Discorde incarne une réalité humaine, sa personnification existe grâce aux ressentiments humains. Les conflits, grands et petits, nourrissent la discorde et cette dernière entend perpétuer son existence.

Les manipulations citées par Olrik n’existent pas, puisqu'elles n'ont pas lieu d’être. Un esprit qui ne connait pas le doute ne cède pas. En réalité, Eris accélère seulement la décision conduisant au choix.

-« Tu me connais si mal… Quelques temps à mes côtés et tu prétends m’avoir cerné ? Si je me souviens bien, aucun des guerriers nordiques que j’ai côtoyés ne s’est fait prier pour rejoindre mes rangs… A mes côtés Neiya était une reine, tu étais respecté et Eydis possédait le pouvoir de vaincre les dieux. » La déesse plongea son regard dans celui d’Olrik « Contrairement à mes semblables je ne considère pas les éveillés avec mépris. Je vous ai toujours laissé le choix, vous étiez libres de refuser mes propositions… »

Eris n’était plus qu’à quelques pas de l’héritier de Surt, la menace qu’elle entretenait à son encontre augmenta de façon singulière. En réponse à sa déesse, Driss se posta juste derrière le nordique.

-« Ton armure t’offre une rédemption, pourquoi ne l’acceptes-tu pas ? Crois-tu qu’il soit nécessaire de remuer le passé ? » La déesse épousseta les épaulières du chevalier et replaça le col de sa chemise. « Je n’ai pas l’intention de te révéler quoi que ce soit au sujet de Neiya… et, à moins que tu ne sois en mesure de me forcer la main, je te suggère de rentrer chez toi et de m’oublier. A mon grand regret je crois que nous ne sommes plus faits pour nous entendre. »

La déesse espérait sincèrement qu’Olrik n’insiste pas. Le guerrier divin est un homme de valeurs, de principes mais, malheureusement, il est trop attaché au passé.

-« Serais-tu venu à moi si je ne t’avais pas proposé quelque chose que tu recherches ? Nous possédions chacun ce que l’autre recherchait, c’est la source de tout accord. Un jour il faudra assumer vos choix. »

Quant à Neiya, elle devait bien reconnaître que ce vieux singe d’Olrik avait raison. La déesse ne possédait aucune information récente concernant son ancienne Voix. Eris l’imaginait morte au fond d’un ravin, elle n’en espérait guère de plus.

-« Je ne comprends pas ton besoin de ressasser les évènements passés… Mais soit, tu as mon accord pour débuter tes recherches en ces lieux. Cependant, n’espère aucune aide des quelques forces qu’il me reste dans ce royaume. Je dois les assigner à d’autres tâches. » Précisa-t-elle avec conciliation.

Un gage de bonne foi en souvenir du passé qu’ils partageaient en commun. Certes ils n’étaient plus alliés, mais le guerrier nordique demeurait une connaissance utile qu’elle entendait conserver. En tout état de cause, se fâcher avec Olrik ne lui apporterait rien.

-« Contrairement à mes congénères je m’en sors souvent mieux seule. Pour l’heure je compte laisser le Royaume des Sables en l’état. Thanatos me procure toute la sécurité dont j’ai besoin et me garantit une certaine indépendance. » La déesse de la discorde offrit un sourire radieux à l’héritier de Surt. « Et toi, hormis retrouver Neiya, as-tu des projets ?

Ainsi que vous l'imaginez, les dires d’Eris ne sont ni innocents, ni proférés à la légère. Dès lors, si Olrik rapportait ce qu’il venait d’entendre aux instances dirigeantes d’Asgard, la nouvelle se répandra comme une traînée de poudre. Non seulement Thanatos s’était accaparé les forces infernales, mais il offrait également sa protection aux membres de sa famille. Lesquels entretenaient de profondes inimitiés envers les olympiens.

HRP a écrit:Je ne sais pas si tu as de plans pour Driss ou si je peux continuer à l'utiliser en pnj ^^

-« Driss… Je crois que c’est le moment. »

Aucune aide, de n’importe quel sujet, les termes sont pourtant clairs. L’entraineur déglutit péniblement et s’approcha de sa créatrice, son corps tremblait légèrement. Il mit genou à terre et inclina la tête.

-« D’après Eydis Loki est toujours présent, affaibli certes, mais présent. » Encore une information d’importance sur laquelle elle ne s’épanchera pas.

La déesse de la discorde redressa le menton de Driss et lui murmura une parole réconfortante avant de lui fermer les yeux. Quelques secondes s’écoulèrent et elle plongea son bras dans la poitrine de son ancien entraîneur. La matière malléable constituant le corps de Driss s’agita de soubresauts, les lèvres de l’entraîneur se révulsèrent. Eris modifia l’orientation de son bras et tira une pomme d’or du torse de Driss… L’entraîneur s’écroula, sans vie.

Malheureusement pour elle, la pomme n’était pas celle tant recherchée, cette dernière demeurait sous la garde de Thanatos. Cependant, celle récupérée sur Driss fera illusion le temps nécessaire. Sans autres considérations particulières pour Driss, la déesse reprit à l’attention d’Olrik.

-« Ne t’inquiète pas pour moi, je connais mon frère… Nous ne restons jamais fâchés très longtemps, notre famille passe avant toute considération personnelle. » Effectivement, malgré toutes les petites bassesses qu’elle infligeait à ses frères, elle ne leur souhaitait aucun mal.

La déesse esquissa un mouvement de la main et la porte fit une nouvelle apparition. Un claquement de doigt plus tard et elle s’ouvrit.

-« Tu es attendu je crois non ? »