Comme dans chaque nouveau royaume, les esprits expliquèrent au jeune homme ce qu’il pouvait y trouver. Svartalfheim était en opposition avec Alfheim, l’un ayant pour peuple les Alfes clairs, l’autre les Alfes noirs. L’entrée du territoire était une immense forêt, dont les arbres étaient tellement hauts et tellement serrés entre eux que la lumière ne passait presque pas. Mais ce n’était pas seulement la forêt qui était différent, le royaume entier était plongé dans les ombres. Ce phénomène venait du fait qu’une grande montagne, montagne qui formait la frontière avec le royaume des géants de feu, bloquait les amas de nuages, nuages restant également bloqués par le reste des frontières, tous constitués de l’unique forêt qu’ils étaient en train de traverser. D’après une légende, les nuages étaient en réalité les fumées provenant du territoire de Surt, mais personne n’était vraiment sur de cette légende, pas même les habitants de Muspellheim. Le centre du royaume était différent de ses frontières, la plus part de la zone était marécageuse, obligeant les habitants à marcher sur des routes faites de planches, tel les ponts surplombants les canaux de Venise. Bien sur, l’inuit ne comprenait pas la référence, n’ayant jamais mis les pieds à Venise. Mais il se dit qu’il devrait le faire un jour, pour comprendre le monde comme il comprenait peu à peu les royaumes du nord.
 
Pendant le trajet, qui devait les mener jusqu’au centre du royaume, Amarok apprit à attaquer en utilisant son cosmos. L’attaque n’était pas encore puissance pour le moment, puisqu’elle utilisait les esprits, mais qu’ils n’étaient pas encore assez nombreux. Le jeune homme était en train de réfléchir au nom qu’il pourrait lui donner, quand ils rencontrèrent enfin des habitants. Comme à Alfheim, les Alfes regardèrent la femme de travers. Amarok savait maintenant pourquoi, mais il ne supportait pas qu’on la juge encore sur son passé, sans lui donner de seconde chance. Être un berzerker, non pas comme les combattants d’Arès, mais comme le mode furie de quelques guerriers d’Odin, était à la fois une malédiction et une bénédiction aux yeux du jeune homme. Leur attitude était encore plus choquante qu’ils étaient plus proches de l’admiration que de la peur en voyant les esprits.
 
- Vas-tu une nouvelle fois partir devant Frida ? Ou resteras-tu avec moi pour une fois ?

La femme ne lui répondit pas de suite, cherchant visiblement quoi lui dire. Quand elle eut enfin fini de réfléchir, elle put lui dire qu’elle resterait pour cette fois, mais qu’il n’était pas question qu’elle le suive dans les deux derniers royaumes. Quand le jeune homme voulu savoir pourquoi, il n’eut pas de réponse. Il espérait pourtant en avoir avant qu’elle ne le quitte.
 
Sachant que les Alfes avaient une bonne connexion avec les esprits, du moins ceux de la nature, Amarok se disait qu’il ne perdait rien en leur posant la question.
 
- Avez-vous vu un esprit dans les environs ? Un qui serait comme eux, un esprit animal plus puissant que les esprits habituels ?
 
L’un des Alfes, qui avaient l’air plus vieux et plus fort que les autres, s’avança alors vers lui. Il se présenta comme étant le chef des Alfes sombres et qu’il répondrait à la question, seulement si l’inuit pouvait répondre à la sienne. Amarok lui expliqua qu’il n’était ici que depuis peu, mais qu’il ferait en sorte de répondre à sa question s’il le pouvait.
 
- La question est la suivante… savez-vous ce qu’il est advenu de l’ancien porteur de la branche de ce royaume ? Il s’appelait Lenwë, il n’était pas d’ici, mais il était comme un fils pour moi.
 
Amarok se gratta la tête, jetant un coup d’œil vers Frida et vers les esprits. Dain vint rapidement près de lui pour lui expliquer ce qu’il savait. Le jeune homme hocha la tête, avant de répondre au chef.
 
- D’après ce que savent les esprits, votre disciple a servi la déesse Freyja. Cependant, les ténèbres qui habitaient son cœur l’ont englouti à jamais. Peut-être qu’il réapparaîtra un jour, mais pour le moment, il doit trouver la sortie de sa noirceur.
 
L’Alfe sombre remua la tête, comprenant ce qu’il venait d’entendre.
 
- Je lui avais dit de faire attention… mais passons, je suis sûr qu’il reviendra un jour.
 
Le chef fit un signe de main à Amarok, pour lui demander de le suivre. Le jeune homme s’exécuta, comprenant qu’il allait lui aussi avoir la réponse à sa question. L’inuit s’était attendu à voir un animal en lien avec la noirceur des lieux, mais il fut agréablement surpris de voir un cheval. L’esprit s’avança vers lui d’un pas tranquille. Il le renifla un peu avant de regarder les autres esprits.
 
- C’est bien les gars, vous lui avez appris à attaquer. Je vais donc avoir du boulot, parce qu’il ne sait pas se défendre maintenant.
 
L’esprit se présenta ensuite sous le nom de Svad. Il suivrait le jeune homme sans plus attendre, voulant l’instruire au plus vite. Le groupe, maintenant constitué d’un nouveau membre, se dirigea vers le nouveau royaume, tout en discutant des coutumes de celui-ci.