Saint Seiya
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[Frontline] Codename : Biohazard
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« Allez, tout le monde en hazmat ! » ordonna gaiement l'agent Connor. On aurait pu croire à son intonation qu'il était à un pique-nique et non en train de préparer une opération de neutralisation de dangereux terroristes. Le vétéran britannique comprenait pourtant mieux que personne toute l'horreur de ce qui se tramait dans l'ancienne usine soviétique qui se dressait à quelque distance de la ville où les soldats des Agences s'équipaient avant de monter dans les véhicules qui les emmèneraient aux différents points d'attaque.

Connor:

« La dernière fois que nous avons donné l'assaut sur l'un de ces sites du PWM ils n'ont pas hésité à noyer toute l'installation sous le VX, pour ne rien dire de leurs autres mesures de stérilisation. » rappela Vassiliev, déclenchant une réaction nerveuse chez ceux qui avaient fait leur possible pour ne pas repenser à cette partie du briefing.

« Moi aussi je serais partisan de l'autoclavage au napalm si je me livrais au même genre d'infâme cuisine... Sans vouloir vous manquer de respect, Professeur Rivera ! »

L'une des silhouettes en habit hermétique agita distraitement une main, indiquant qu'elle ne prenait pas ombrage des remarques du britannique. Les scientifiques des sections de recherches microbiologiques des différentes Agences paraissaient bien plus à l'aise dans cette tenue que les soldats qui ajustaient avec difficulté leurs combinaisons de combat modifiées. Ils se payaient même le luxe d'assister ces derniers et de vérifier l'étanchéité de leurs « armures ».

Après inspection des troupes, les scientifiques confirmèrent que toutes les protections anti-agents chimiques et biologiques (exosquelettes pour les non-éveillés, tenues hermétiques renforcées pour les détenteurs de facultés parapsychiques) étaient en place et fonctionnelles. Excellent.

« Rappelez-vous, vos combinaisons sont pressurisées donc même en cas de perforation vous ne serez pas immédiatement contaminés par l'atmosphère extérieure. Utilisez la bande adhésive spéciale pour colmater l'orifice et si c'est impossible, revenez à l'extérieur le plus vite possible mais sans paniquer, vous avez déjà reçu une injection d'immuno-boosters qui devrait vous mettre à l'abri de la plupart des menaces... ou du moins vous permettre de tenir assez longtemps pour recevoir les soins appropriés. Et attention à vos bouteilles d'oxygène. »

La légèreté dont il avait pu faire preuve s'était envolée, il était temps de passer aux choses sérieuses. Leur mission n'était pas une sinécure, il s'agissait de mettre un terme à l'existence d'un laboratoire de fabrication d'armes biologiques d'un groupe éco-terroriste, le pompeusement nommé « Perfect World Movement ». De telles activités n'auraient normalement pas été de leur ressort mais ce groupe d'intérêt-ci se distinguait par le fanatisme de ses membres qui se prenaient pour un bras armé des Dieux voulant détruire l'humanité... Dans leur quête pour faire de ce fantasme une réalité, les plus débrouillards de ces membres avaient fini par rallier de dangereux mécènes et mettre la main sur des pouvoirs face auxquels les groupes d'intervention de la police ou de l'armée étaient impuissants. Un réel casse-tête pour les organisations secrètes qui devaient maintenir tout aussi secret le fait que certains écologistes extrémistes se promenaient en commettant des attentats à l'aide de facultés anormales... heureusement que le PWM lui-même évitait d'en faire usage en public, de peur d'attirer l'attention des Saints.

Le docteur Morris était l'un de ces fanatiques ingénieux qui avait fait l'acquisition de ce site à l'écart des regards, non loin de la ville kazakhe de Stepnogorsk... sauf que l'Agence russe avait le bras plus long que lui. La couverture employée par le PWM – la vieille usine avait officiellement été rachetée par une entreprise fabriquant des engrais chimiques – venait de se retourner contre lui. Les habitants avaient été évacués avec le soutien inconscient des autorités locales sous le prétexte d'une fuite de matières toxiques, laissant le champ libre à leurs équipes, dont un contingent d'éveillés de taille appréciable.

« Morris doit être capturé vivant si possible. » récapitula Vassiliev, faisant apparaître un portrait du docteur sur les écrans intégrés aux visières de ses subordonnés. « Sept équipes attaqueront en surface, une pour chaque entrée de l'usine et trois sous terre, une pour chacun des tunnels d'évacuation que nous avons repérés. Cinq minutes plus tard, nous enverrons une seconde vague avec la même répartition pour cueillir d'éventuels hostiles qui essayeraient de prendre l'avant-garde à revers. Chaque équipe d'avant-garde se verra précédée d'une paire de golems qui serviront à déclencher les pièges sur leur passage, pensez à maintenir une distance de sécurité pour ne pas être pris dans l'explosion d'une mine à large champ d'action ou autre surprise déplaisante du même effet. Ne vous fiez pas trop au plan de l'usine sur vos écrans, il se pourrait que l'ennemi ait réaménagé les lieux. »

Connor regrettait de ne pas pouvoir prendre part à cet assaut ; il était encore bien portant pour son âge mais pas à ce point-là. Il devrait rester derrière et assurer la coordination de la mission... et pour l'instant, jouer au Père Noël en distribuant les ultimes pièces d'équipement aux agents, celles qui faisaient la fierté de son pays.

« Grenades thaumatodisruptives, abrégées en « tomates » pour des raisons évidentes. » annonça-t-il en remettant à certains un cylindre de métal peint en rouge surmonté d'une goupille. Une seule par personne hélas, leur fabrication industrielle étant impossible et leurs matériaux constitutifs trop instables pour permettre un stockage de longue durée. Dans le même temps, les utilisateurs de railgun eurent droit à une paire de balles thaumaturgiques chacun : utilité différente, principes de base – et défauts – identiques.

Une fois la distribution achevée, Vassiliev et ses gardes du corps – tous revêtus d'un exosquelette hazmat un peu particulier – prirent place aux côtés d'un occultiste anglais dans l'un des fourgons blindés en partance pour l'usine. Celui de l'entrée numéro 4, idéalement située pour envoyer des renforts aux autres groupes d'assauts et pour coordonner l'attaque directement sur le terrain. Le britannique savait que le colonel russe participerait lui-même aux combats si nécessaire. L'intéressé ne tarda d'ailleurs pas à en faire la remarque en s'adressant à la chef de l'équipe d'avant-garde affectée à cette entrée : « Je compte sur vous pour ne pas avoir à me porter à votre secours, Lynberg. »

Les portes des véhicules se refermèrent et ceux-ci démarrèrent, emportant leurs passagers vers la forteresse de métal, le laboratoire du savant fou. Connor les regarda s'éloigner puis s'assit à un écran avec les autre opérateurs. Relégué au soutien à distance, lui ! Le temps qui passe n'était décidément pas tendre...
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Lyne termina d’enfiler sa combinaison et de passer en revue son équipement avant de jeter un regard bref sur les autres agents. La plupart d’entre eux semblaient parfaitement confiant et serein à l’approche du début de l’opération. La Juge infiltrée se doutait bien que cette mission n’était pas leur premier essai contrairement à elle, mais contrairement à eux elle avait une certaine expertise dans les arts cosmique et accessoirement une sorte d’immunité à la mort donc elle aussi abordait la mission avec une certaine confiance.

L’objectif de la mission paraissait assez facile pour des forces d’élites : Pénétrer les lieux, trouver la cible puis l’extraire ou l’éliminer si la première variante était impossible. Mais ça devenait beaucoup plus compliqué lorsque le groupe ennemi détenait des armes biologiques et potentiellement des éveillés. Et bien sûr l’Agence ne prenait pas la menace à la légère en envoyant un certain nombre d’éveillés parmi l’équipe d’assaut et du matériel non-conventionnel comme ces fameuses tomates.

Lorsque Vassiliev lui adressa une pique, Lyne le dévisagea un certain temps, heureusement pour lui elle ne pouvait pas lui faire une démonstration de ses véritables talents. Finalement elle haussa les épaules et se dirigea vers le fourgon blindé de l’avant-garde. Sur le trajet, Lyne se demandait si elle allait être une bonne meneuse d’homme une fois l’assaut commencé. Un de ses hommes lui lança une pique quelque temps après.

« - Essayez de ne pas nous faire tuer, Lynberg. »


Certains membres de l’avant-garde lâchèrent un petit rire, même le Garuda.

« - Restez concentrés, ou votre voyage de retour aura l’Au-delà en guise de destination »

Au moins, ces hommes suivraient ses ordres tant qu’ils n’étaient pas en danger. Après tout ils souhaitaient tous revenir chez eux avec leur vie afin de profiter des belles récompenses promises par l’Agence. Après tout une très grosse prime de risque était le minimum lorsque le domaine d’action du groupe était la neutralisation de phénomènes paranormaux.

Le fourgon blindé s’arrêta à l’endroit prévu. Sans perdre un seul instant les mercenaires sortirent du véhicule et Lyne ordonna le début de l’attaque sur la section de l’usine plutôt imposante qui leur avait été assigné.


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L'entrée numéro 4 était un tunnel d'évacuation menant aux souterrains de l'usine, fermé par un grand portail de sécurité métallique. Le PWM n'y avait pas posté de gardes armés – sans doute pour éviter de mettre la puce à l'oreille des curieux – mais une caméra surveillait tout de même l'endroit. Qu'importe, les Agences ne s'attendaient pas à pouvoir infiltrer les lieux sans être repérées par leurs défenseurs : sitôt débarqués, les soldats détruisirent l'appareil d'une rafale bien placée puis envoyèrent un petit robot démineur pour – ironie suprême – poser des charges explosives sur le portail tandis que les brouilleurs radio de leurs fourgons faisaient leur office. Une alarme retentit, sonnant le branle-bas de combat pour leurs ennemis.

Pendant que sirène et détonations rivalisaient de volume et que les grands battants tombaient de leurs gonds, le magicien britannique accompagnant le groupe d'assaut plantait une paire de talismans couverts de symboles ésotériques dans la terre meuble tout en récitant une courte incantation. La glaise tressaillit puis s'anima, modelant deux formes humanoïdes qui s'extirpèrent maladroitement du sol en laissant une fosse derrière elles. Pour éviter que les créatures n'obstruent la vue des soldats qui progresseraient dans leur sillage, chacune d'elles se vit implanter plusieurs capteurs électroniques qui transmettraient les images au reste de l'escadron ainsi qu'une source de chaleur qui leur servirait à activer d'éventuels pièges reliés à un détecteur infrarouge.

La préparation avait duré à peine plus d'une minute. Au signal de l'éveillée, les golems s'engagèrent dans le souterrain, ouvrant la voie. Aux six entrées restantes de l'usine, les autres commandos en firent de même.

Le passage était plongé dans l'obscurité totale et l'eau s'accumulait dans les creux d'un sol en béton inégal. Les écouteurs des soldats crépitaient lorsque l'une des autres équipes délivrait un rapport de sa progression initiale : pour le moment, pas de résistance... Jusqu'à ce qu'un haut-parleur se mette à cracher une voix déformée :

« Intrus, halte ! Arrêtez-vous tout de suite et déposez vos armes ou nous ouvrirons le feu, il n'y aura pas de deuxième sommation ! »

L'ordre fut bien évidemment ignoré ; les golems avancèrent et furent accueillis par des tirs de mitrailleuse. Les balles s'enfoncèrent profondément dans leurs corps massifs, projetant des éclaboussures de boue sur les murs mais échouant à les transpercer complètement. Étrangement, les capteurs thermiques n'avaient pas repéré la moindre présence humaine tapie dans les ténèbres... et pourtant, il y avait bien des bruits de pas s'éloignant d'eux, comme battant en retraite.
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Le groupe d’intervention explorait le tunnel d’évacuation avec un rythme assez soutenu. Tous étaient prêts à faire feu lorsque l’occasion se présenterait et ce n’était pas la sommation ennemie cliché à souhait qui allait les empêcher de mener à bien leur mission.

Très vite des coups de feu retentirent dans le passage à peine éclairé par les lampes tactiques du commando. Lyne informa quasi-immédiatement l’équipe qui supervisait les opérations de la situation actuelle du détachement de soldats, puis se dépêcha de communiquer des ordres à son équipe.

« - Faîtes attention à une quelconque mine non déclenchée par les golems. On ne sait pas ce que ces dégénérés nous réservent. »

Pour l’instant, ils ne voyaient rien pourtant ils entendaient des bruits de pas distants. Et pour cette simple raison, Lyne n’était pas tranquille, elle redoutait un guet-apens ou une autre joyeuseté de ce genre au bout du tunnel. Sans oublier l’éventualité où les membres du PWM décidaient de relâcher leur arsenal biochimique sur les troupes de l’Agence.

« - De-même on ne sait pas grand-chose sur les lieux, on peut subir une embuscade n’importe quand. Nous n’avons pas encore le soutien de l’arrière-garde, donc faîtes attention à vos arrières.»

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Les ennemis invisibles s’étaient repliés devant l’absence de succès de leur offensive initiale, ce qui ne voulait pas dire que les agents étaient tirés d’affaire. Quelle que soit la distance parcourue, ils ne rencontraient toujours aucune source de lumière en dehors de celles qu’ils avaient emportées avec eux. La longue galerie était légèrement inclinée, les entraînant de plus en plus profondément sous terre. Au bout d’environ deux cent mètres, les murs de béton armé dénudés commencèrent à s’orner de pans métalliques et de tuyauterie rouillée laissant s'échapper des filets de liquide gluant : ils approchaient des boyaux de l’usine proprement dite.

Les plans à leur disposition indiquaient que cette partie en sous-sol du complexe était proprement labyrinthique, faite d’un fouillis de couloirs tortueux pouvant aussi bien les emmener de l’autre côté de l’édifice que les coincer dans un cul-de-sac. Les hommes étaient de plus en plus tendus à mesure qu’ils avançaient rapidement mais prudemment et jusqu’ici sans buter sur un seul piège : les occupants des lieux avaient réagi du tac au tac à l’incursion puis plus rien, c’était louche… Les éveillés les plus sensibles pouvaient ressentir la distincte impression d’être observés, pourtant leur équipement persistait à ne rien détecter au-delà de leur propre groupe. Pas de signatures infrarouges, de champs électromagnétiques ni de bruits de conversations, respirations ou même battements de cœur qui puissent être relevés par les amplificateurs sonores.

« Je pense à un truc... » hasarda l’un des soldats placé juste derrière les golems, muni de bombes d'aérosol serpentin qu'il répandait un peu partout afin de repérer d'éventuels fils déclencheurs que les créatures de glaise n'auraient pas touchés lors de leurs grandes enjambées.

« Ah bon, tu sais faire ça toi ? » répliqua un collègue dans une tentative malhabile de détendre l’atmosphère.

« La ferme. Bref… on devrait pas avoir rencontré quelque chose de vivant depuis le temps ? Chauve-souris, rats, insectes ? Pourquoi y’a rien ? »

C’était une bonne question, le portail d’entrée étant loin d’être hermétique ce tunnel mal entretenu, sombre et humide à souhait aurait dû être colonisé par une abondance de vermines. Cachés dans les ténèbres ou pas, même les plus petits mammifères auraient été dévoilés par leurs appareils de vision nocturne et les arthropodes auraient dû soit se presser autour de leurs lampes, soit signaler leur présence par le biais de toiles d’araignées… Mais là encore, rien.

Comme pour rompre délibérément ce calme angoissant, le plaisantin redevint sérieux et récapitula ce qui devrait les attendre au bout du passage : « Normalement il y a un embranchement devant, le tunnel se divise en trois. À droite ça s'enfonce toujours plus bas vers les unités de stockage souterraines et les cuves de produits chimiques, tout droit ça monte vers un entrepôt et à gauche, un garage pour les véhicules de service... Enfin, c'était comme ça à l'époque des anciens propriétaires. »

Leur approche était ici compliquée par le manque d'informations : ignorant où se trouvait précisément le centre névralgique de cet endroit, les commandants de l'opération avaient par nécessité accordé un certain degré de latitude aux chefs d'équipes. Quelle serait la décision de Lyne ?
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Plus ils s’enfoncèrent dans les entrailles de l’usine, plus les membres du commando devenaient nerveux. Les lieux en eux-mêmes étaient répugnants, à ça s’ajoutait une menace fantôme : Des ennemis bien présents mais astucieusement cachés. Lyne était presque certaine qu’ils se camouflaient à l’aide de facultés cosmiques. Certains soldats lui rapportaient ce malaise constant qu’ils ressentaient et plus particulièrement cette impression d’être constamment observés. Ses sens étaient en alerte, mais elle ne pouvait rien faire de plus contre cette situation à part attendre que les ennemis se révèlent d’eux-mêmes. On lui avait formellement interdit d’utiliser l’intégralité de ses facultés cosmiques. En l’état la seule faculté cosmique dont elle pouvait se vanter étaient des capacités physiques surhumaines, bien que misérables comparés à ses véritables prouesses.

Une fois arrivés à l’embranchement, Lyne donnait l’ordre aux autres soldats de s’arrêter et commençait à analyser la situation ainsi que les différentes options qui se présentaient à elle. La décision était difficile à prendre à cause du manque d’informations et des conditions actuelles de la mission.

« - Nous prendrons le tunnel de gauche. Si le garage est toujours opérationnel, nous neutraliserons les véhicules afin de réduire les possibilités de fuite de l’ennemi. Un des deux golems fermera la marche derrière nous »


Suivant l’injonction de l’éveillée, l’équipe d’assaut s’enfonçait dans le passage indiqué. Les soldats à l’arrière du groupe étaient particulièrement anxieux et jetaient souvent un œil par-dessus leurs épaules. La meneuse du groupe tentait de ne pas laisser transparaître son anxiété, elle redoutait que les fameux gardes invisibles se décident à redevenir visible pour mener une embuscade, de plus elle espérait que sa décision – qui relevait plus du coup de poker – soit fructueuse pour la suite.
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Le garage donc. Les machines s'y trouvant étaient supposément utilitaires, servant à transporter de lourdes charges au sein de l'usine et non à conduire à l'extérieur du complexe... Lyne faisait néanmoins preuve d'une prudence bienvenue, les maîtres des lieux pouvaient très bien avoir réaffecté cet espace pour un autre genre de véhicules. Le périmètre de l'usine était bien sûr encerclé précisément pour éviter que le scénario décrit par l'éveillée ne se réalise – une précaution indispensable qui drainait sévèrement les effectifs disponibles des Agences – mais en effet, mieux valait réduire les risques.

Arrivés à l'intersection, le commando put constater que les lourds panneaux de métal coulissants à l'entrée de chaque couloir étaient ouverts en grand. Les soldats accueillirent cet état de fait avec circonspection : ils avaient déjà fait un sort au portail du tunnel, l'ennemi avait sans doute compris qu'ils transportaient suffisamment d'outils, d'explosifs et de thermite pour franchir n'importe quel rempart non-protégé par un blindage de classe militaire... Cela dit, les défenses auraient tout aussi bien pu être laissées en place ne serait-ce que pour les ralentir et les forcer à gaspiller leur matériel. Il n'y avait pas trente-six explications à ce comportement : le PWM devait avoir une confiance absolue en ses autres mesures de sécurité.

Une fois que leur meneuse eut arrêté son choix ses subalternes se mirent au travail, éclairant chaque passage de leurs lampes et recherchant des signes de l'ennemi à l'aide de leurs instruments – sans succès, même les quelques empreintes de pas relevées sur le sol n'ayant rien révélé en dehors du fait que chaque chemin avait été utilisé récemment –, puis plaçant des pièges à la sortie des deux corridors que leur groupe n'emprunterait pas. Un simple dispositif improvisé comportant une grenade et un câble déclencheur qui, s'il échouait à éliminer des défenseurs venus les prendre à revers, permettrait au minimum de les avertir de la manœuvre.

« Fini de mon côté. » déclara le poseur de bombes, bientôt suivi du « Moi aussi. » du soldat qui venait d'achever de terminer d'inscrire les jalons invisibles de leur progression – une collection de signes codés qui ne se dévoileraient que sous lumière ultraviolette, à l'attention de la deuxième ligne – et enfin d'un « RAS, on peut y aller. » suspicieux du dernier homme scrutant l'intérieur du garage tout en restant caché derrière l'angle du mur grâce à son endoscope.

Suivant les instructions de Lyne, l'équipe entra dans le garage en file indienne avec un golem à chaque extrémité, l'arme au poing et balayant l'obscurité du faisceau de leurs lampes. Malgré cette absence quasi-totale de visibilité, ils remarquèrent qu'aucun véhicule ne se trouvait de leur côté du spacieux parking : ils étaient tous regroupés contre le mur du fond, à l'opposé de leur position...

Une sensation étrange s'imposa au Sixième Sens des présents un instant avant qu'un grand bruit ne retentisse et qu'une faible lueur bleutée n'apparaisse dans leur dos : le panneau de métal venait de retomber comme une guillotine, verrouillant l'issue qu'ils venaient d'emprunter. Un cercle lumineux orné de formes géométriques et de caractères indéchiffrables était apparu à sa surface mais ils n'avaient pas le temps d'examiner le symbole : une succession de flashs en provenance d'entre les machines massées à l'autre bout du hangar souterrain et des passerelles surplombant la scène fut leur seul avertissement avant qu'une pluie de balles ne s'abatte sur eux, le bruit des coups de feu n'arrivant à leurs oreilles qu'une fraction de seconde plus tard.

Il n'y avait eu aucun signe avant-coureur, toujours pas de son ni de signatures infrarouges. Une voix s'éleva dans leurs écouteurs, beuglant une mise en garde : « GRENADES ! »
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Littéralement dos au mur, les agents n'avaient aucune échappatoire ni même de quoi se mettre à couvert en-dehors des colosses de glaise. Ils élevèrent néanmoins leur cosmos, s'éloignant le plus vite possible de la porte vers laquelle convergeaient les tirs ennemis tout en plaçant les golems entre eux et l'explosion de la grenade. Tous comprenaient instinctivement qu'ils devaient rester en mouvement, ne pas laisser le temps à leurs adversaires de viser... ce qui ne les aiderait hélas pas éternellement si ces derniers se mettaient à mitrailler au hasard sans même tenter de suivre leurs déplacements.

L'onde de choc les frappa violemment même si la plus grande partie de sa force et l'intégralité des shrapnels était absorbée par le corps massif des humanoïdes. Ils grimacèrent sous l'impact, vacillèrent sur leurs jambes mais leurs combinaisons tinrent bon et ils contre-attaquèrent en faisant appel aux réflexes issus de leur entraînement ; deux grenades incendiaires furent lancées vers les points d'origine des coups de feu. La première atteint sans problème sa cible sur les passerelles, répandant une pluie ardente sur un trio de silhouettes tandis que le restant de la substance retombait en contrebas, continuant de brûler à même le béton. La deuxième eut moins de succès, entrant en collision en plein vol avec le toit d'un des véhicules au milieu desquels l'ennemi s'était caché, éclatant trop tôt et trop loin.

Ils avaient cependant rempli leur objectif : ils pouvaient maintenant compter sur une source de lumière autre que leurs lampes... Mais cette bonne nouvelle ne dura pas longtemps.

« Lynberg est touchée ! »

L'annonce glaça le sang des combattants : dans un environnement aussi hostile, la rupture d'intégrité de leur tenue signifiait une contamination quasi-certaine par les innommables poisons et pathogènes concoctés par le bon docteur Morris. Mais l'éveillée aurait de la chance si elle vivait assez longtemps pour avoir à s'en préoccuper : le terme « touchée » était un heureux euphémisme. L'ennemi avait vicieusement concentré ses tirs sur la chef de leur groupe – comment étaient-ils parvenus à l'identifier ? – depuis plusieurs angles différents ; blessée par les armes automatiques, elle n'avait pas pu prendre ses distances assez vite et avait encaissé l'explosion de plein fouet.

Ils n'avaient pas le temps de l'aider, les balles des défenseurs continuaient de fuser autour d'eux... et ceux que la charge incendiaire avait recouvert d'un manteau de feu n'avaient pas bougé de leur position, ne ralentissaient pas la cadence, ne montraient aucun signe de douleur ou de panique. Même quand les agents les gratifièrent d'une rafale – et ils étaient sûrs d'avoir vu les projectiles frapper leurs cibles –, il n'y eut aucune réaction. Comment... ?

Une quatrième grenade décrivit un arc avant d'exploser au niveau des passerelles, faisant s'effondrer la section sur laquelle se tenaient ces soldats si persistants. Enfin un peu de répit et par la même occasion l'ouverture qu'ils attendaient !

« Charge ! » ordonna un agent. L'un des golems s'exécuta, s'élançant puis s'écrasant brutalement contre les véhicules avec toute la subtilité d'un rhinocéros furieux. Deux éveillés montèrent à l'assaut à sa suite, profitant de la seconde de désorganisation que la chute de plusieurs chariots élévateurs et l'obstruction de la ligne de mire ennemie avaient provoquée pour arriver au contact. Les autres restèrent à l'arrière sous la protection du second colosse pour occuper les derniers tireurs dispersés sur les passerelles. Un railgun rugit et le thorax d'un opposant fut pulvérisé dans un déluge sanglant ; la décharge d'un Gymnot transperça les ténèbres, jetant au sol un combattant pris de convulsion ; un autre fut décapité d'un coup d'épée de résonance...

Et pourtant, cette fois, l'ennemi n'esquissa pas le moindre mouvement pour battre en retraite, ne semblait pas le moins du monde perturbé par ses propres pertes. Jusque-là, le coup de boutoir initial était la seule chose à les avoir déstabilisés. Le sergent qui avait pris le commandement après la chute de Lyne eut soudain une illumination et délivra ses instructions : « Takahashi, Reyes, restez pas là ! »

Ils obéirent immédiatement, sans poser de question, faisant usage de toute leur célérité pour mettre les voiles le plus loin possible ; la déflagration qui ravagea le centre du hangar un instant plus tard lui donna raison. L'épicentre se trouvait à l'endroit précis où était tombé le soldat étêté.

MJ a écrit:HRP : Lyne se retire de l'event du fait de ses problèmes informatiques.
Son personnage mourra donc ici et réapparaîtra en Enfer. Je terminerai ce rp en mode PNJ.
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Le PWM opposait une résistance acharnée aux Agences : les boucliers ambulants qu'étaient les golems s'étaient révélés d'un grand secours face aux pièges et chaque groupe d'assaut était aux prises avec un escadron de soldats, même ceux constituant la deuxième vague. Comme prévu, les défenseurs utilisaient l'avantage de l'architecture labyrinthique de leur forteresse pour prendre les attaquants à revers. Même en ayant anticipé la manœuvre, ils subissaient des pertes.

Il était encore trop tôt pour déclarer l'échec de l'opération toutefois Connor n'hésiterait pas à ordonner une retraite si nécessaire. La mission était d'une importance capitale mais il n'était pas indispensable que la destruction du laboratoire soit prise en charge par les troupes au sol, les Agences avaient une assurance en cas de complications. Un bombardier Tupolev attendait sur la piste d'un aérodrome secret à quelques minutes de vol de Stepnogorsk, paré à larguer sa cargaison – une paire de bombes АВБПМ, ou « Father of All Bombs » comme les surnommaient les américains – sur l'usine, incinérant tout dans un rayon de plusieurs centaines de mètres. Les russes ne faisaient décidément pas dans la demie-mesure, cela dit ce genre de précautions relevait du bon sens le plus élémentaire quand on avait affaire à des fanatiques aussi dangereux.

Mais pour l'instant il n'était pas utile d'en arriver là. En recoupant les rapports reçus – parlant de soldats indétectables aux infrarouges, insensibles à la peur ou à la douleur, qui continuaient de se battre même avec un membre en moins et ne portaient pas d'équipement NBC dans cette atmosphère corrompue –, le vétéran britannique avait percé le mystère de leurs ennemis. Rétrospectivement, tout cela semblait si évident...

« Votre attention je vous prie ! » déclama-t-il dans son micro. « Vos adversaires sont des cadavres animés, je répète, ils sont déjà morts ! Ne faites pas de prisonniers avant d'accéder au laboratoire, soyez méthodiques en les détruisant : ils continueront à combattre tant qu'ils auront des bras pour manier leurs armes. Ne gaspillez pas vos tomates, ils sont trop nombreux ! »

Le superviseur des occultistes à ses côtés acquiesça à son dernier commentaire : vu la profusion de dispositifs mystiques présents dans cette usine, mieux valait réserver les grenades thaumatodisruptives aux problèmes qui ne pouvaient être résolus par des moyens plus classiques. D'ailleurs, ces morts-vivants et autres joyeusetés ésotériques n'étaient-ils pas un peu trop nombreux – les poupées de chair à elles seules pouvaient se targuer d'un effectif à trois chiffres – comparés à leurs capacités individuelles ? Lorsqu'il en fit la remarque à son voisin, celui-ci approuva.

« Très juste, ils ne devraient avoir aucun mal à nous exterminer si leurs occultistes sont assez puissants pour créer autant de pions. À mon avis ils ne sont pas si dangereux en eux-mêmes mais ils s'appuient sur plusieurs béquilles pour compenser. »

L'homme lista ensuite plusieurs possibilités, des caches-misère que le groupe terroriste avait pu employer pour accumuler les sorts mineurs en lieu et place de sorts plus puissants, inaccessibles avec les talents limités de ses magiciens. Il n'était pas difficile de deviner comment ils avaient procédé dans la mesure où les Agences avaient recours aux mêmes stratagèmes pour contourner leurs propres insuffisances...

« Les zombies obéissent probablement à une poignée d'instructions simples, celui qui les manipule ne peut pas les contrôler avec précision. » transmit Connor. « Ils ne peuvent sans doute pas quitter l'usine, le complexe doit être à l'intérieur d'un cercle géant qui... »

***

L'équipe Lynberg – il faudrait sans doute changer le nom maintenant que le décès brutal de leur chef était confirmé – était sortie victorieuse de l'affrontement. Une fois qu'ils avaient compris que l'ennemi avait tendance à dégoupiller les grenades passées à sa ceinture quand il recevait des dommages qui menaçaient de le laisser hors-combat – comme la perte d'un bras ou d'une jambe, leurs organes vitaux ne méritant plus ce qualificatif –, ils avaient mis au point une tactique pour éviter une répétition du petit numéro de kamikaze du pantin décapité.

Ils avaient commencé par faire tomber les derniers tireurs postés sur les passerelles, la chute puis l'enfouissement sous les débris suivant l'explosion suffisant à les neutraliser pour quelques minutes. Ils avaient ensuite envoyé un golem écrabouiller un trio de combattants avant de faire usage de leurs Gymnots pour foudroyer les opposants restants et aussitôt se précipiter pour les mettre en pièces à coups de Chunjun.

« Connor a raison, y'a bien un sceau ici. » dit Takahashi en pointant le motif marqué au fer rouge dans la chair d'un mort-vivant démembré, un point d'ancrage pour la sorcellerie de son taré de créateur. Le sergent grogna pour signaler qu'il avait bien reçu le message sans pour autant cesser de surveiller la sortie du garage en tandem avec Reyes. Pendant ce temps, le dernier membre du groupe faisait le tour des corps mutilés – mais toujours gigotants – pour s'assurer qu'ils étaient bien hors d'état de nuire et collecter les pièces d'équipement utiles : chargeurs d'armes à feu, grenades pour remplacer leur stock bien entamé... Ils avaient pareillement délesté la dépouille de Lyne de son matériel intact.

« Ah... y'a plusieurs sceaux par macchabée. » fit le légiste improvisé en poursuivant son examen, rapportant ses observations autant à ses camarades qu'au poste de commandement. « Et je ne sais pas ce qui les a tués la première fois mais ça a laissé des traces. »

« Les expériences du bon docteur Morris je suppose, cela expliquerait les vastes disparités d'âges et de sexes entre les cadavres que relèvent les autres équipes. » fit la voix du vétéran dans leurs communicateurs. « Quant aux sceaux, il ne doit y en avoir qu'un actif à la fois et si celui-ci est détruit, un autre prend le relais. »

Le sergent eut une grimace de dégoût. Ces salopards recyclaient leurs cobayes pour en faire des soldats ? Quoique, il ne fallait pas s'attendre à mieux de la part de types qui avaient décidé de prendre en main l'éradication du genre humain dans son ensemble. Génocidaires ou pas, ils n'étaient cependant pas idiots, comme le démontrait cette histoire de sceaux multiples : la résistance d'un mort-vivant était son point fort et cette mesure diminuait les risques qu'une attaque chanceuse annule cet avantage. Simple, pragmatique, efficace et comme Reyes le faisait remarquer non sans sarcasme, « Très écologique ». Le fait que certains de leurs propres camarades – et notamment les russes – partagent en quelque sorte le point de vue ennemi sur la nécessité de ne pas gaspiller les ressources humaines – au sens le plus littéral du terme – ne rendait la chose que plus inconfortable.

En parlant des russes, les voilà qui faisaient leur entrée : quatre gerbes d'étincelles fusèrent sur le panneau de métal condamnant l'entrée du hangar, le cercle magique disparut et avec lui le sort de fermeture. La tôle ensorcelée avait résisté à toute tentative de dégradation d'un côté comme de l'autre jusqu'à ce qu'ils disposent huit charges de thermite synchronisées de part et d'autre du battant, surpassant enfin la résistance de la barrière. Les golems du second groupe d'assaut commandé par Vassiliev soulevèrent le panneau, livrant passage aux soldats.

« Excellent travail. » fit le colonel en entrant dans la pièce, le fusil d'assaut à la main – leurs renforts avaient eu droit à leur lot de mauvaises rencontres sur le chemin – avant d'envoyer deux de ses hommes relever les factionnaires surveillant le couloir de sortie. Il ne fit aucune remarque sur le sort de Lyne, désobligeante ou apitoyée. « Je reprend le commandement, sergent. »

« Oui mon colonel. » opina l'intéressé avec soulagement. Ce n'était pas parce qu'il était préparé à l'assumer en cas de besoin qu'il accueillait cette responsabilité supplémentaire avec une joie débordante...
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Méticuleux, Vassiliev avait ordonné à ses hommes de procéder à une démolition contrôlée des passages que les agents n'emprunteraient pas avant de rejoindre l'avant-garde dans le garage. N'ayant plus à craindre d'être canardé dans le dos – sbires morts-vivants ou pas, l'ennemi ne déblayerait pas ces tonnes de débris de sitôt –, le double groupe d'assaut reprit son avancée. Le partage d'informations avec les autres équipes révélait ici toute sa valeur : chacune d'elles cartographiait les lieux au fil de ses explorations, les pièces du puzzle s'emboîtant pour former un plan de plus en plus complet. Les renseignements sur les différents types de pièges et obstacles rencontrés étaient également mutualisés : l'ex-unité Lynberg contribuait à l'effort général en prévenant du danger représenté par les attaques-suicides des zombies, recevant en retour des avertissements sur la présence de mitrailleuses contrôlées par ordinateur, de mines à large champ de dispersion de shrapnels et autres tours pendables de magiciens. Les occultistes progressaient d'ailleurs sur ce dernier point et pourraient bientôt déterminer l'emplacement des artefacts utilisés pour maintenir l'immense cercle servant de fondation aux enchantements du PWM.

Il serait dommage d'échouer alors que les choses prenaient une tournure si prometteuse. Heureusement les agents s'adaptaient vite : ils privilégiaient maintenant les balles à tête creuse et les balles explosives pour leur puissance d'arrêt et la taille des blessures occasionnées. Même insensibles aux hémorragies, leurs adversaires avaient beaucoup plus de mal à faire usage de leurs armes une fois leurs membres réduits en charpie ; leur système nerveux n'était peut-être plus là qu'à titre décoratif mais ils avaient toujours besoin de leurs os et de leurs muscles.

« Sixième vague neutralisée. » rapporta le colonel en brisant les bras d'un zombie à l'aide de la force surhumaine conférée par son exosquelette et en transformant son visage en une pulpe sanglante sous son talon. N'ayant aucun moyen d'éliminer définitivement ces aberrations – ils n'allaient pas gaspiller leurs charges incendiaires pour disposer d'elles, pas plus qu'ils ne perdraient leur temps à les déshabiller toutes pour détruire chacun des sceaux placés aléatoirement sur leurs corps –, ses subordonnés procédaient aux mêmes mutilations dans un bruit écœurant de chairs écrasées et d'os fracassés. « Celui-ci est couvert d'une sorte d'exanthème purulent et ce qui l'a tué a d'abord détruit ses yeux. »

Les scientifiques avaient insisté pour que les combattants examinent sommairement les cadavres ambulants en même temps qu'ils travaillaient à les dépouiller de cette épithète. Le relevé n'était pas des plus rigoureux, ce qui ne les avait pas empêchés de cataloguer les marques d'une bonne dizaine de maladies différentes, un chiffre qui augmenterait inévitablement à la lumière d'une véritable autopsie. Le savant fou dont ils admiraient l’œuvre n'aimait clairement pas mettre tous ses œufs dans le même panier.

« Charmant... et inédit, merci Dimitri. » répondit Connor sur le ton de quelqu'un qui réfléchissait très sérieusement à la manière de maintenir le responsable de ces atrocités en vie suffisamment longtemps pour lui faire goûter à l'intégralité de ce qu'avaient subi ses cobayes.

« Tout le plaisir est pour moi. Assurez-vous simplement que personne ne mette un pied en-dehors de cette usine avant d'avoir été entièrement décontaminé. »

Les agents se remirent en mouvement moins d'une minute plus tard. Ils ne devaient plus être très loin, il ne restait pas trente-six endroits pouvant abriter le laboratoire des éco-terroristes dans ce damné complexe.

Ils n'eurent pas à marcher bien longtemps : cinquante mètres, deux tournants et quatre pièges plus loin – trois bombes aux fils déclencheurs repérés grâce à l'usage systématique de l'aérosol serpentin et un maléfice qui projeta un golem au plafond avec assez de force pour rompre la colonne vertébrale de n'importe qui – se dressait une porte blindée protégée par un digicode. Parvenant avec difficulté à raccorder leur matériel au boîtier électronique du fait de la perte de dextérité provoquée par le port des combinaisons, les soldats ne furent pas surpris lorsque leur tentative de hacking se solda par un échec. Le verrouillage des issues avait dû être effectué depuis le poste de sécurité central et aucun tripatouillage des systèmes de sécurité périphériques n'y changerait quoi que ce soit ; c'était bien pour ça qu'ils avaient pensé à emporter des explosifs et de la thermite. L'apparition soudaine d'un nouveau cercle magique de fermeture avait cependant de quoi étonner : la dernière fois, le sort ne s'était activé qu'après le passage des intrus afin de les enfermer avec les défenseurs. Celui-ci par contre était là pour les empêcher d'entrer, purement et simplement.

« Nous approchons du but, messieurs. » déclara le russe. « Je crois que nous avons suffisamment économisé nos tomates. »

L'explosion monochrome fut presque invisible dans l'obscurité mais son effet ne passa pas inaperçu : le motif ésotérique s'effaça instantanément dans un bruit à mi-chemin entre le fracas du verre brisé et le raclement d'ongle sur un tableau noir. Quelques secondes plus tard, sa lumière fut remplacée par celle de la réaction aluminothermique qui attaqua l'acier de la porte ; les porteurs de Chunjun passèrent leurs lames par les trous ainsi ménagés et terminèrent le travail. Un colosse de glaise enfonça le battant, l'arrachant de ses gonds, suivi d'un assortiment de grenades aveuglantes, fumigènes et assourdissantes. Leur explosion fut accueillie par des cris de peur et de douleur, la plus douce des musiques aux oreilles de l'ancien agent du KGB après tous ces combats contre des charognes animées.

L'ancienne équipe Lynberg fit son entrée la première, amorçant un concert de coups de feu en constatant qu'ils n'avaient pas affaire à des scientifiques mais à des gardes bien vivants cette fois. Vassiliev et ses hommes ne tardèrent pas à suivre pour leur prêter main-forte.

Lorsqu'un calme relatif reprit ses droits, ils virent qu'ils venaient de se rendre maîtres d'un second hangar, bien éclairé celui-là. La plus grande partie de l'espace était occupée par des cellules aux parois faites de verre anti-explosions doublé de barreaux en métal. Et dans ces prisons transparentes...
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Des enfants. Une centaine au bas mot. Certains terrifiés par la violence qui venait de se dérouler sous leurs yeux, se réfugiant dans les bras de leurs compagnons de cellule ou battant en retraite vers un recoin de leur cage pour ceux qui étaient seuls. D'autres au contraire accueillaient le décès de leurs geôliers avec un espoir mâtiné de crainte. Le dernier groupe ne réagissait pas du tout et pour une partie d'entre eux, la cause était évidente : brisés par les affres de la maladie, leur esprit était déjà mort.

« Sainte Marie Mère de... »

Le russe ne releva pas l'interjection : elle ne faisait que prouver que ses subordonnés étaient encore attachés à un semblant de moralité. Ils avaient été prévenus qu'ils risquaient de croiser les malheureux sur lesquels ce Mengele moderne se faisait la main en préparation de ses projets meurtriers mais ils avaient sous-estimé la profondeur de la folie du PWM. Lui par contre avait toujours su très exactement à quoi s'attendre en pénétrant en ces lieux.

« Des gosses... pourquoi des gosses ? » interrogea un mercenaire, fixant la silhouette inerte occupant l'une des enceintes, une petite fille qui ne devait pas avoir plus de dix ans et semblait s'être vidée de son sang par tous les pores de sa peau. À voir les symptômes des autres pensionnaires, elle ne serait pas la dernière à s'éteindre ainsi – ou à subir un autre sort tout aussi horrible.

« Pas par sadisme gratuit, je peux vous l'assurer. Il y a sûrement d'autres locaux semblables remplis d'adultes ailleurs dans ce bâtiment. Contentez-vous de cette réponse, vous n'aimeriez pas la version longue. » avertit le colonel en faisant signe à ses hommes de se répartir en une équipe dévolue à la surveillance des entrées et sorties du hangar et une autre pour fouiller les cadavres des gardes, se penchant lui-même sur l'un d'eux. Peut-être détenaient-ils...

Il pivota vivement et saisit la main qui s'apprêtait à se poser sur son épaule. Le soldat à louer secoué était persistant mais choc émotionnel ou pas, Vassiliev n'était guère disposé à tolérer qu'on prenne ce genre de libertés avec un supérieur. Lui donner précisément ce qu'il voulait serait la meilleure des punitions.

« Vous tenez à savoir ? Très bien. Il y a un certain nombre de différences physiologiques entre l'adulte et l'enfant, le système immunitaire notamment ne fonctionne pas tout à fait de la même manière. Par exemple, la varicelle qui est généralement inoffensive chez un individu jeune peut être mortelle chez l'adulte et inversement dans le cas d'autres infections. Vous voyez où je veux en venir ? »

Il s'était redressé et toisait le mercenaire de toute sa hauteur. Le visage de ce dernier devenait livide à mesure qu'il comprenait ce que ces mots impliquaient. La leçon aurait pu se poursuivre, le colonel aurait pu asséner à l'homme les détails de ce que le PWM faisait pour s'assurer de l'efficacité de ses concoctions sur toutes les populations possibles. Il aurait pu lui faire remarquer la variété de couleurs de peau des cobayes, la sur-représentation d'africains dans le lot : Morris savait pertinemment que ce continent concentrait l'essentiel de la diversité génétique humaine et choisissait ses sujets d'expérience en conséquence. Il aurait pu s'étendre à l'envi sur le fait que ces enfants n'avaient sans doute jamais été aussi bien nourris, lavés et vaccinés qu'ici, car il était crucial de pouvoir étudier l'effet des pathogènes sur un organisme à la forme physique optimale. Il aurait pu dire que si le docteur agissait ainsi, c'était moins par cruauté que parce qu'il avait à cœur de bien faire son travail... un travail qui était de faire en sorte que d'ici quelques années, il n'y ait plus aucun être humain vivant sur cette planète, l'architecte de cet ultime génocide inclus.

Il ne fit rien de cela, préférant lâcher le poignet de son captif et s'en retourner à sa besogne... Mais l'indignation était chose tenace et elle en avait affecté plus d'un : ce fut au tour de Reyes de parler pour ne rien dire : « Ces espèces de monstres, c'est inhumain ! »

« L'inhumain n'existe pas. » coupa Vassiliev, à la fois las et péremptoire. « Le simple fait que l'esprit humain puisse ne serait-ce que concevoir un tel acte signifie par définition qu'il n'a rien d'inhumain. »

C'était trop facile de se voiler la face devant les abîmes de dépravation dans lesquels les gens pouvaient sombrer, de refuser d'admettre que l'on était soi-même capable du pire. Les paroles et les actions d'Hadès ou de Poséidon avaient certes pu mettre le feu aux poudres mais l'organisation éco-terroriste ne faisait que reproduire ce que les nazis avaient très bien su fomenter sans intervention divine en leur temps, la grande différence étant que le PWM ne s'arrêtait pas à un groupe ethnique ou religieux arbitrairement défini. Le dégoût des autres et d'eux-mêmes, la certitude qu'ils faisaient ce qui devait être fait... des motivations très humaines en somme, tout comme celles qui avaient jadis animé – et continuaient d'animer – le disciple du Boucher d'Auschwitz qu'il était lui-même forcé de côtoyer.

Il passa à un second cadavre, le premier n'ayant rien livré d'intéressant. Ce fut le moment que choisit Connor pour s'immiscer dans la conversation, profitant sans doute d'un moment de calme de son côté. Le vétéran était doué pour deviner ce qui agitait l'esprit de ses collègues. « Je sais que certains d'entre vous ne sont pas à l'aise en présence du personnel scientifique et des membres de l'Agence russe. Je sais que ces personnes se posent des questions depuis le début de cette mission, se demandent en quoi nos méthodes sont différentes de celles de nos ennemis. Vous avez raison de vous poser ces questions : nous pourrions agir comme le font ces autres groupes mais nous ne le faisons pas. Nos objectifs ne sont pas les mêmes, notre façon de faire non plus : nous ne ciblons pas délibérément les innocents. Le PWM n'est pas notre reflet dans le miroir. »

« Oui oui, c'est très bien tout ça mais quand est-ce qu'on libère ces pauvres gosses ?! » s'écria un Reyes insensible à ces discussions philosophiques. Les enfants – ceux qui n'étaient pas paralysés par la terreur ou l'agonie – frappaient maintenant les parois de leurs cages, suppliant qu'on les en sorte dans une douzaine de langues. Vassiliev aurait été tenté de lui décerner le titre de soldat le plus terre-à-terre de leur groupe s'il n'avait été en train de se laisser emporter par ses émotions au point de demander quelque chose d'aussi stupide.

« Nous ne les libérons pas. » commença le colonel. Il entreprit d'élaborer avant que son interlocuteur n'émette une exclamation scandalisée : « Nous n'avons pas de quoi leur faire traverser cette usine en leur évitant la contamination et de toute façon la plupart d'entre eux sont déjà infectés. Nous ne pouvons ni retourner en arrière pour les escorter, ni les garder dans nos pattes jusqu'à l'assaut final. Mieux vaut qu'ils restent ici en attendant que les lieux soient entièrement sécurisés et là peut-être que les scientifiques pourront mettre en place une solution d'évacuation. »

Peut-être. Cette opération avait toujours été tendue au niveau logistique, l'alliance avait prévu de quoi exfiltrer ses agents ainsi que les membres du PWM une fois ceux-ci faits prisonniers, s'était également préparée à l'éventualité de la présence de sujets d'expérimentation humaine... Mais si ce hangar-ci ne représentait qu'une réserve de cobayes parmi d'autres, leurs ressources risquaient fort de ne pas suffire. Le russe prit note de l'agencement des cellules et de l'état de leurs occupants en prévision du moment où il faudrait faire un choix : elles étaient réparties sur trois étages. Les cellules du haut accueillaient chacune un grand nombre d'enfants sains, celles du bas étaient individuelles, celles du milieu regroupaient trois ou quatre pensionnaires. Les enfants du bas et du milieu étaient malades ; il réalisa que les enclaves pour petits groupes étaient faites pour étudier les interactions entre plusieurs pathogènes différents ou leur propagation d'un hôte à un autre. Malgré ses paroles précédentes, il s'autorisa mentalement à qualifier cette disposition de diabolique.

« Docteur Morris, que vous est-il arrivé ? »
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Le petit poste de garde ne contenait aucun document en rapport avec les expériences du PWM cependant les agents trouvèrent tout de même leur bonheur : un plan du complexe. Ils numérisèrent la carte pour la transmettre aux autres groupes et le QG se fit une joie de leur annoncer qu'à la lumière de ces nouvelles informations, il apparaissait que le laboratoire était complètement encerclé, ne laissant plus aucune échappatoire à leurs cibles. Bénis soient les instruments d'imagerie sismique qui leur avaient permis de localiser tous les tunnels d'évacuation...

Ils se préparèrent à quitter les lieux, parvenant avec plus ou moins de succès à ignorer les supplications des enfants prisonniers. Plus vite ils éradiqueraient les dernières poches de résistance, plus vite ils pourraient libérer ceux qui avaient encore une chance de s'en tirer. L'humeur du commando était sombre voire massacrante pour certains de ses membres – Reyes pour ne pas le nommer. Il fallait toutefois garder la tête froide. Ne pas échouer si près du but.

L’accès au cœur de l’usine se faisait par le biais d’un sas de décontamination. Personne n’était assez fou pour s’enfermer dans une boîte de métal potentiellement piégée pendant la durée du processus, aussi contournèrent-ils cette étape. Ce n’était pas la première fois que les Agences donnaient l’assaut sur une installation de l'organisation terroriste, leurs hommes étaient donc venus préparés : ils auscultèrent une portion du mur jusqu’à trouver un point de passage convenable puis y accolèrent leur propre sas portatif jusque-là rangé dans leur paquetage. Le résultat était une espèce de grande tente de plastique triple-épaisseur enduite de désinfectant, scellée hermétiquement ; ils y pulvérisèrent le contenu de bonbonnes pressurisées – encore plus de désinfectant – et y exposèrent chaque centimètre carré de leurs combinaisons à la lumière de puissantes lampes UV. Cela fait, ils découpèrent une portion du mur comme ils l'avaient fait pour la porte blindée et traversèrent l'ouverture.

« Promis, je me plaindrai plus jamais du poids du matos qu'on se trimbale... » fit l'un des mercenaires en allant vérifier le panneau de sortie du sas de l'usine. Un énième cercle magique était gravé dans la porte ; sa fonction précise était inconnue et ils n'avaient pas spécialement envie de la découvrir. « Chunjuns et thermite, les meilleures amies du soldat. »

« Si on pouvait juste agrandir un peu la tente la prochaine fois, c'était vraiment un calvaire pour y faire tenir les golems... »

Connor intervint avant qu'un Vassiliev hautement suspicieux de l'absence d'ennemis dans ce couloir ne puisse rappeler ses subordonnés à plus de vigilance : « Si nous faisons les choses bien il ne devrait pas y avoir de prochaine fois. À ce sujet, les occultistes ont fini de croiser les informations des différents groupes et de les recouper avec le plan. Ils pensent avoir localisé les artefacts qui maintiennent la barrière mystique à grande échelle ; les unités vont maintenant agir de concert pour les détruire. »

« Reçu. » déclara simplement le colonel en se mettant en mouvement en direction du point clignotant apparu sur sa carte virtuelle. Toujours pas de gardes à l'horizon alors même qu'ils se rapprochaient du saint des saints, s'apprêtaient à anéantir la fondation sur laquelle reposaient les défenses de l'endroit... Les autres chefs d'équipes rapportaient le même calme subit, exception-faite d'apparitions sporadiques de morts-vivants. Ce n'était pas normal, ils ne pouvaient pas avoir déjà triomphé de l'effectif humain du PWM ! Peut-être ces derniers avaient-ils compris qu'ils n'étaient pas de taille à affronter les agents en face à face, peut-être s'étaient-ils retranchés dans le poste de sécurité principal... Mais il n'était pas prêt à parier sur un scénario aussi optimiste.

Ils arrivèrent sans encombre à l'emplacement supposé d'une de ces fameuses clés de voûte ensorcelées, ce qui ne fit que renforcer le malaise dans le groupe tout entier : les éco-forcenés n'étaient pas connus pour leur passivité lorsqu'on les mettait dos au mur. Il y avait anguille sous roche, cependant les soldats n'avaient plus beaucoup de munitions et encore moins de grenades, ils ne pouvaient se permettre de gaspiller leurs maigres réserves sur d'autres carcasses ambulantes. Ce fut donc avec une paranoïa exacerbée qu'ils se déployèrent pour ne laisser aucun angle mort pendant qu'un de leurs thaumaturges renforçait sa connexion à l'un des golems, projetant ses sens à travers sa créature. Le colosse de glaise tendit un doigt, pointant le mur tandis que la voix de son maître indiquait que l'objet de leurs recherches se trouvait à une cinquantaine de centimètres.

« Ils l'ont planqué dans la maçonnerie ? Peut mieux faire ! » railla Takahashi en dégainant son Chunjun pour creuser trois entailles dans le béton – les épées harmoniques servaient davantage d'outils de remodelage intérieur que d'armes ces temps-ci – puis briser la section triangulaire d'un violent coup de pied cosmique. L'opération dévoila un bloc de basalte décoré de glyphes luminescentes ; le quatrième coup d'épée échoua à le pourfendre, une force invisible arrêtant la lame avant qu'elle n'entre en contact avec la pierre.

« Laissez-moi examiner ça... » demanda l'occultiste en chef. Le nippo-américain zooma sur les caractères illisibles, transmettant l'image à leur spécialiste ès ésotérisme. « Je vois. Un simple bouclier, un niveau 3 n'aurait aucun mal à le briser. »

« La Chunjun fait autant de dégâts que l'attaque d'un niveau 3 pourtant... »

« Certes mais entre les mains d'un niveau 2 la lame elle-même bouge bien en-deçà de la vitesse du son, qu'importe son tranchant. Et un impact purement physique ne suffira pas. »

« Une chance qu'on ait amené ce machin alors. » intervint le sergent en décrochant son railgun de sa bandoulière. Il le chargea d'une balle thaumaturgique pendant que ses camarades prenaient leurs distances et s'éloigna lui-même d'un peu plus d'une dizaine de mètres pour faire feu, abrité derrière la haute stature d'un golem, calculant l'angle de tir de façon à ce que personne ne soit touché en cas de rebond du projectile. Il était nerveux : il n'avait pas l'habitude de faire usage de ce genre d'armes dans un lieu si confiné et même si c'était absurde il ne pouvait s'empêcher de penser à ce qui arriverait s'il manquait son coup avec l'une de ces balles si précieuses...

Il respira profondément et pressa la gâchette. Un éclair aveuglant, un tumulte prolongé par mille échos et la scène fut illuminée aux couleurs de l'aurore boréale un instant avant que le phénomène n'implose. Il ne restait plus de la stèle que des gravats dispersés aux quatre coins de la pièce.

« Ça a marché. » signala Vassiliev. Heureusement d'ailleurs, si ça n'avait pas suffi... Suivant cette bonne nouvelle, les autres équipes présentes dans l'usine ne tardèrent pas à faire subir le même traitement à leurs artefacts respectifs.

Quelques secondes après la destruction de la dernière tablette de pierre, leurs écrans furent inondés de messages d'alerte.
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« Collins, vous m'entendez ?! COLLINS ! » s'écriait Connor en dispensant les premiers soins au chef des occultistes. L'homme était tombé à la renverse, des filets de sang coulaient de ses yeux et de ses narines ; il réagit cependant à la voix du vétéran et tenta de se relever. Ce dernier l'en empêcha, voyant ses membres tressaillir.

« Je... je vais bien... » protesta le magicien. « Ne vous occupez pas de moi, c'est Rupert qui a besoin d'aide... »

« Non vous n'allez pas bien. Que s'est-il passé ? »

Collins grogna de douleur en tentant de se rappeler. « Golem détruit... on a dû se prendre le contrecoup... Je ne faisais que guider les autres mais Rupert était directement connecté... »

Le regard du vieil agent se porta sur la main de l'occultiste, crispée sur les derniers fragments noircis du talisman que lui et ses subordonnés utilisaient pour communiquer et combiner leurs pouvoirs. Le parchemin s'était embrasé quelques instants après que l'alerte ait commencé à retentir, consumé par un feu sans chaleur. Si le contrecoup avait eu un tel effet à une telle distance de l'usine, il n'osait imaginer l'état dans lequel devait se trouver le malheureux aux commandes de la créature de glaise.

« Il y a un médecin à chaque sortie du complexe, je suis sûr qu'on s'occupe de lui. » rassura Connor alors qu'une paire de secouristes amenaient une civière et tentaient d'y déplacer le blessé. Il refusa catégoriquement de se laisser faire et, au motif que la mission ne pouvait se passer de lui, réussit à les convaincre de l'installer sur une chaise pour l'examiner plutôt que de le faire sortir de la pièce. Il n'y avait pas lieu de s'inquiéter si la tête de mule avait encore autant d'énergie, se dit le vétéran en retournant à son poste, relevant l'opérateur qui avait pris le relais lors de son absence momentanée.

Pour les soldats à l'intérieur de la forteresse par contre, c'était une autre histoire. Sept puissantes signatures électromagnétiques pulsaient à l'écran, une pour chacun des groupes d'assaut ayant pénétré dans la partie centrale de l'édifice. Les rapports confus qu'il recevait faisaient également état de sept empreintes parapsychiques – sept cosmos – identiques. Comment était-ce possible ? Plus important, leurs combattants réussiraient-ils à triompher de cet ennemi ? S'ils s'en révélaient incapables, le britannique serait forcé d'ordonner une frappe aérienne qui raserait l'usine et ses alentours ; ceux qui tarderaient à fuir les lieux ne seraient pas les seuls à en faire les frais, des centaines de cobayes innocents du PWM périraient dans les flammes...

Mais ils n'en étaient pas encore là. Les agents en avaient vu d'autres et son rôle à lui était de mettre toutes les chances de leur côté.

« Code rouge, je répète, code rouge ! Établissement d'un canal sécurisé avec le Site 17, on leur envoie toutes les données en priorité maximale et on identifie la menace ! »

***

Vassiliev roula sur le côté juste à temps pour se mettre à couvert et éviter d'être tranché en deux par un appendice de la créature qui creusa un profond sillon dans le sol. Deux soldats russes effectuèrent un tir croisé en direction de l'origine de l'assaut ; ils durent battre en retraite quasi-immédiatement. Une volée d'orbes immatériels d'un blanc aveuglant les manqua de peu et frappa le mur : une pluie d'étincelles électriques plus tard, le béton était marqué d'une ribambelle de trous hémisphériques d'une vingtaine de centimètres de diamètre. Reyes tenta de lancer une grenade fumigène pour couvrir leur fuite mais un nouveau projectile lumineux la désintégra en plein vol.

« Les balles perforantes marchent pas non plus, colonel ! »

« J'ai vu, l'unité Kowalski a eu le même résultat. » répondit-il en improvisant un piège à toute vitesse, fixant au sol une grenade explosive dont il relia la goupille à un fil de nylon qu'il déroula derrière lui en reculant précipitamment dans le couloir. Bien lui en prit : la chose immonde déboula un instant plus tard, le prenant en chasse. Vassiliev tira d'un coup sec, arrachant l'anneau de métal tandis que le sergent canardait le monstre par derrière ; aucune des balles ne traversa l'aura immaculée qui le protégeait mais il ne s'agissait que d'une distraction. Du moment que cela attirait son attention, le faisait demeurer au même endroit une poignée de secondes...

Le plan fut un succès relatif : succès parce que la diversion avait fonctionné et que la détonation avait atteint sa cible, relatif parce qu'ils n'avaient gagné qu'un très court répit avant que l'aberration ne se régénère. Mais un répit était un répit et ils le mirent à profit pour reprendre leurs distances et regagner des positions plus avantageuses. Affronter cet ennemi au corps-à-corps n'était pas une option : Takahashi avait essayé et il avait failli y perdre un bras. L'énergie blanche désagrégeait tout ce qui entrait en contact avec elle ou presque et elle recouvrait entièrement le corps de leur opposant – qui s'en servait également pour façonner des projectiles –, combinant attaque et défense.

« On a rien d'assez puissant. » conclut un éveillé russe fort observateur. Le recours à la balle thaumaturgique avait bien été proposé mais ils n'en avaient plus qu'une et ils se retrouveraient pris au dépourvu si le monstre la désintégrait avant qu'elle ne touche. Quant à leurs autres armes, quel que soit le niveau de dommages infligés, ceux-ci se résorbaient en moins de vingt secondes. Les autres équipes affrontaient des adversaires similaires, les agents avaient donc pu confirmer que ces choses n'avaient pas d'organes vitaux et survivaient sans problème à la destruction de plus de 70% de leur masse corporelle.

Son apparition avait été soudaine : une fissure s'était formée dans l'air, affolant tous les détecteurs, puis avait vomi un flot d'ichor blafard et translucide. La substance s'était rassemblée, consolidée pour donner naissance à une créature difforme, une sorte de cocon d'insecte mal proportionné lévitant à un mètre du sol. Sa taille était proche de celle d'un enfant ; d'une déchirure dans ce qu'ils supposaient être son dos jaillissaient deux ailes asymétriques, atrophiées et tordues dont les plumes se prolongeaient pour devenir de minces rubans préhensiles de longueurs inégales. La seule trace de couleur chez cette entité livide provenait de l’œil unique profondément enfoui sous la carapace transparente, un énorme globe d'un jaune maladif surmontant deux renfoncements semblables à des orbites vides, l'ensemble formant un triangle de guingois.

Ils avaient fait feu par réflexe dès qu'elle s'était matérialisée mais cela n'avait servi à rien, le halo pâle avait tout intercepté. Leurs golems s'étaient interposés lorsqu'elle avait attaqué ; les humanoïdes habituellement résistants à la mitraille et aux explosions avaient été taillés en pièces par les tentacules, des parties entières de leurs corps réduites en poussière.

Les agents s'étaient repliés en catastrophe jusqu'à arriver dans cette grande pièce carrée aux murs solides mais percés de multiples ouvertures donnant sur des couloirs latéraux, un ancien laboratoire de l'époque soviétique que le PWM n'avait pas pris la peine de rénover. La configuration était parfaite pour leur permettre de gagner du temps : en attirant la créature dans le carré central, ils pouvaient la contourner par les passages cernant la salle et la harceler de tous les côtés, l'empêchant de se concentrer trop longtemps sur une même cible.

Car malgré sa puissance, sa barrière protectrice et sa capacité de récupération, leur opposant avait deux points faibles. Premièrement, ses déplacements n'étaient pas si rapides – comparés à ceux d'un niveau 2 en tout cas, il rattraperait aisément n'importe quel humain non-éveillé –, les soldats pourraient théoriquement le distancer. Le problème c'était l'architecture de l'usine : là où le dédale les empêcherait de progresser en ligne droite, le monstre lui pouvait traverser les murs grâce à son aura. Deuxièmement, il n'était pas très intelligent, ils avaient compris assez vite qu'il priorisait ses cibles par un classement on ne peut plus simple : les ennemis qui se dirigeaient vers le cœur du complexe en priorité absolue, suivis de ceux qui l'attaquaient et enfin ceux qui se trouvaient le plus près ou à découvert. En exploitant ces règles, il était possible de manipuler son comportement pour diminuer la pression sur les membres de leur unité.

Cette stratégie ne marcherait cependant pas éternellement : l'aberration ne donnait aucun signe de tomber à court d'énergie tandis que les soldats épuisaient leurs forces et leur matériel, accumulaient lentement mais sûrement les blessures. Leur cosmos les protégeait partiellement lorsqu'une attaque les éraflait mais les plaques d'armure disparaissaient, la surface de leurs combinaisons était rongée comme par de l'acide et même s'ils ne pouvaient pas le voir les capteurs indiquaient que la peau en-dessous subissait le même sort. Ils ne s'en tireraient pas à si bon compte s'ils encaissaient directement l'une de ces offensives... Et pour couronner le tout la créature se fichait des dommages collatéraux : après l'avoir vue à l’œuvre, Vassiliev pouvait comprendre que les éco-terroristes n'aient pas voulu déployer ce pion-ci avant d'être acculés.

Un bombardement de sphères lumineuses mit fin à ces cogitations tactiques ; les agents reculèrent pour se mettre à l'abri tandis que le monstre émergeait du nuage de fumée. Ses tentacules fendaient l'air comme la chevelure d'une gorgone en furie, découpant de grandes entailles dans le béton armé alors même que la moitié inférieure de son corps avait disparu. Il se reconstituait déjà : de répugnantes excroissances apparaissaient en grappes à partir de ses plaies, se multipliant de plus en plus vite jusqu'à égaler la masse corporelle perdue puis changeant de forme pour lui rendre son aspect d'origine.

Ils s'écartèrent pour esquiver cette énième charge mais ce fut à ce moment que les attaques inconsidérées de l'entité jouèrent finalement en sa faveur : fragilisé par les tirs d'énergie répétés, un pilier s'effondra derrière Vassiliev, lui coupant la route pour un instant fatal. Il ne put éviter un coup de fouet désintégrateur. Mourir ici, après tout ce qu'il avait traversé...

Il sentit une ou plusieurs côtes se briser sous la violence de l'impact, fut projeté contre le mur et immédiatement sauvé de l'inconscience par la souffrance de sa chair à vif en contact avec la combinaison brûlante. Il n'avait jamais eu aussi mal de son existence mais il était encore vivant... Comment était-ce possible ? Cette attaque aurait dû lui ouvrir la cage thoracique ! Il n'était pas un éveillé, n'avait pas de facultés parapsychiques pour se protéger...

« COLONEL ! »

À moins... à moins que ce ne soit pas le cosmos seul qui ait sauvé ses hommes jusqu'ici, se dit-il alors que ces derniers arrosaient la créature, la poussant à abandonner sa proie pour se lancer à leur poursuite.

« C'est bon, je survivrai... » grinça-t-il pour mettre fin à leurs exclamations paniquées. « Connor ! Je veux un diagnostic de nos combinaisons, jusqu'à quelle profondeur vont les dommages ?! »

La réponse se fit attendre quelques secondes alors que le britannique recherchait les informations demandées. Le résultat de ces investigations le surprit : « Désintégration complète jusqu'à la cinquième couche puis désintégration partielle, à chaque fois ! »

« Quelles que soient la zone touchée, l'épaisseur d'armure par-dessus ? »

« Exactement ! »

La cinquième couche, celle qu'il apercevait dans le trou béant à son propre flanc, était faite d'un matériau composite combinant des fibres et un gel électroréactifs à un maillage métallique, un courant électrique y circulait en permanence. Le russe déclencha une injection d'analgésiques à action rapide accompagnée de sérum de régénération et se releva pour reprendre le commandement de ses troupes.

« Ne prenez pas de risque, n'essayez pas de le blesser ! Encerclez-le, restez à distance égale hors de portée des tentacules ! Dès qu'il prend l'un de vous pour cible un autre lui tire dessus, répétez à tour de rôle, qu'il ne sache plus où donner de la tête ! » Il fallait garder la chose occupée jusqu'à ce qu'il reçoive la confirmation de son intuition... Il s'adressa ensuite à l'un des autres chefs d'équipes : « Peltier ! Vous aviez bloqué plusieurs attaques avec votre Chunjun ? »

« Affirmatif mon colonel mais ma lame ne tiendra plus longtemps à ce rythme. » Dire que cette énergie était capable d'affecter un matériau aussi résistant que le tungstène... « J'ai seulement besoin que vous en pariez deux de plus. »

Le russe s'était attendu à ce que Peltier rechigne à se voir confier une tâche aussi périlleuse, s'était préparé à devoir se justifier en lui rappelant qu'il était le meilleur épéiste de tous les soldats présents sur cette mission ; il fut agréablement surpris – comme quoi, même l'Agence française avait quelques bons éléments – lorsque son interlocuteur, non content de s'exécuter, le fit en devinant ce qu'il avait à l'esprit : « Un coup résonance désactivée, un coup activée ? Tout de suite mon colonel. »

Vassiliev dut se jeter à terre lorsque l'aberration frustrée d'être tournée en bourrique concentra des volutes d'aura en un anneau d'orbes qu'elle projeta aux quatre coins de la pièce, creusant une nouvelle fournée de trous dans le sol, les murs et le plafond. Qu'elles en profitent, elle et ses semblables... Une explosion sonore retentit dans son communicateur et Peltier reprit la parole un moment plus tard : « C'est fait, la première attaque a pulvérisé sans problème une partie de mon épée mais la deuxième a eu beaucoup moins d'effet ! »

L'hypothèse se vérifiait : l'électricité perturbait l'action de l'énergie blanche. Enfin la faille qu'ils attendaient ! Il ne restait plus qu'à formuler un plan pour exploiter cette ouverture...
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Selon Collins, le PWM avait redirigé l'énergie de la barrière géante vers un cercle secondaire de dimensions plus modestes lorsque les agents avaient brisé les blocs de basalte : les créatures étaient incapables de se mouvoir au-delà d'un certain périmètre, comme butant sur un mur invisible. Cette découverte n'aurait dû présenter qu'un intérêt limité puisque leur objectif se trouvait en plein cœur de ce périmètre et qu'ils ne pouvaient pas partir à la chasse aux clés de voûte avec ces abominations sur leurs talons mais il fallait voir plus loin : il était maintenant quasi-certain que ces choses étaient au moins partiellement d'origine magique.

Deuxième découverte, cadeau de l'unité Kowalski : les tirs de Gymnot ne leur faisaient rien... en apparence. Une communication du Site 17 répétée par Connor indiqua que l'aura désintégratrice réagissait bel et bien à la décharge électrique mais qu'ils manquaient de puissance pour l'annuler entièrement. La solution à ce problème était évidente, bien que difficile à mettre en pratique.

Leur plan de bataille était prêt. Au signal de Vassiliev, Ivanov – leur seul épéiste intact – se sépara de ses compagnons et fit face seul à l'aberration, vidant en vain le chargeur de son pistolet tout en reculant vers la sortie nord de la pièce, celle qui menait au laboratoire. Un ennemi qui l'attaquait et se rapprochait du centre de l'usine, les deux plus grandes priorités pour l'intelligence rudimentaire contrôlant le monstre ; comme prévu il chargea la cible isolée et tous ses appendices fusèrent dans sa direction, dégageant la ligne de mire des autres soldats.

Leurs quatre porteurs d'électrolasers en profitèrent pour se regrouper à la sortie sud dans le dos de l'entité et la mirent en joue, visant le même point, cherchant à frapper exactement au même moment. Ils n'avaient pas à s'inquiéter pour leur timing : les opérateurs du QG avaient raccordé les systèmes de tir à un seul et unique déclencheur. Même pas besoin de presser la gâchette, les décharges seraient synchronisées à la microseconde près.

« 3, 2, 1... Maintenant ! »

Quatre éclairs frappèrent simultanément la créature ; le halo blême qui l'entourait disparut, dévoré par une vague de flammes bleues née au point d'impact. Les combattants postés aux sorties est et ouest mitraillèrent à cadence maximale, piégeant l'ennemi sous un feu croisé de balles explosives qui eurent tôt fait de déchiqueter ses ailes, sectionnant les tentacules à la base ; les lambeaux séparés du corps se changèrent en fumée noire qui s'évapora dans le néant. Ivanov ne lui laissa pas le temps de se régénérer ou de conjurer à nouveau le bouclier d'énergie : il lui fonça dessus de toute la vitesse de ses jambes d'éveillé et porta trois coups de Chunjun, tranchant sa masse fortement diminuée en six.

« Tous à couvert ! »

Pas besoin de le dire deux fois ; tous bondirent derrière un mur ou un pilier alors que les six monceaux d'ectoplasme se rassemblaient aussi sec, qu'un furieux bouillonnement de matière spectrale remplaçait les parties détruites et qu'une brume luminescente se reformait autour de la créature... Sauf que quand l'horrible cocon en lévitation se tourna vers ses adversaires, deux objets flottaient à l'intérieur, juste sous son œil unique, un rouge et un noir.

La grenade thaumatodisruptive laissée là par l'épéiste s'activa en premier : le flash gris paralysa instantanément la créature, figée en plein mouvement. Puis ce fut au tour de l'explosive, un quart de seconde plus tard ; le cocon fut complètement pulvérisé, dispersé aux quatre coins de la pièce par le souffle de la détonation. La substance translucide se décomposa en volutes de ténèbres, ne laissant aucune trace derrière elle.

Silence. Puis les cris de joie de Reyes et Takahashi, accompagnant des exclamations similaires en provenance des autres groupes, annonçant le succès de leurs propres versions de la stratégie : « On l'a eu ! Putain on l'a eu ! »

« Il a éclaté comme un ballon ! AHAHAHAHaaargh merde j'ai mal... »

Plus mesuré dans ses effusions, le sergent revint à des considérations plus pragmatiques : « Que faisons-nous pour ces blessures colonel, les risques d'infection... »

« Nous sommes dans la partie stérile du complexe. » répondit le russe alors que les paroles de son subordonné douchaient l'enthousiasme général. « Mais si vous voulez une nouvelle injection d'immunoboosters pour votre tranquillité d'esprit... »

Ils n'avaient pas le luxe de s'autocongratuler plus longtemps, il fallait rapidement gagner le laboratoire, mettre la main sur le docteur Morris, ses assistants et ses recherches, puis organiser l'évacuation des cobayes encore en vie et...

Les agents éveillés sursautèrent comme un seul homme, leurs regards se braquant sur le centre de la pièce. Vassiliev empoigna son arme d'instinct et se mit immédiatement à l'abri ; chacun de ses hommes fit de même. Une cassure irrégulière apparut dans le vide, à hauteur de tête. Une cascade visqueuse et pâle s'en écoula sans prendre la peine de suivre les lois normales de la pesanteur : le fluide s'accumula en l'air pour modeler une silhouette malformée... Une aura blanche intense enveloppa le gardien ressuscité, comme une moquerie de tous leurs efforts.

« Блять. »
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Comme prévu, ce Théozoa n'était pas qu'une variante ultérieure du Type Gebeleizis rencontré par les français à Mogadiscio en 2012. Le lien n'avait pas été facile à établir – la filiation entre une créature armée d'un canon à particules et une autre dotée d'un champ de dissociation moléculaire n'était pas des plus évidentes – mais des signes distinctifs étaient ressortis du flot d'informations renvoyées par les capteurs des combattants, des artefacts vestigiaux d'anciennes itérations qui n'avaient plus aucune utilité chez ce modèle. Le mode d'action et les failles du champ de force avaient été correctement inférés en se basant sur les données de terrain replacées dans les équations du Gebeleizis complétées par des segments issus de Numéros 1, 4, 6 et 7, comme le prouvait le fait que les agents aient réussi à attaquer l'ennemi au corps-à-corps...

Ses conclusions étaient incomplètes, pas incorrectes, quoi qu'en disent les opérateurs diffusant un flot de jurons sur le canal général. Il fallait bien commencer quelque part.

Numéro 2 passait déjà à la suite : l'examen des premières images directes de l'enveloppe physique de la créature, sans les interférences dues à la présence du bouclier énergétique. Même un échec pouvait jeter les bases d'une victoire future pour peu que les raisons en soient comprises avant que les combattants ne tombent à court d'énergie ou de munitions.

Numéro 2 analysa la régénération de la créature, dont les schémas rappelaient ceux de la croissance des tumeurs métastatiques. Une attention toute particulière fut accordée au nombre et au timing précis des rares balles qui arrivaient à traverser la barrière désintégratrice, même si les dégâts infligés étaient aussitôt résorbés. La résurgence du Théozoa fut décortiquée image par image, révélant des fractales tridimensionnelles entourant le rift visibles uniquement dans le spectre ultraviolet...

Ses observations furent comparées avec ses archives, corrélées avec les nouveaux éléments glanés au fil de l'affrontement qui venait de reprendre. Les données pertinentes de Numéros 8 et 9 furent requises, obtenues et intégrées à l'ensemble.

Une correspondance : Type Zirnitra, Bali, 7 janvier 2013. L'une des toutes dernières opérations de l'Agence iranienne, l'élimination d'une méta-entité capable de faire disparaître puis réapparaître ses membres à une distance de plusieurs mètres. Les différences étaient marquées – certaines des caractéristiques les plus redoutables manquaient à l'appel – mais les fondamentaux étaient les mêmes. Avec ses ressources et ses connaissances limitées, le PWM ne pouvait conférer qu'un nombre réduit de facultés à ses créations, surtout quand plusieurs emplacements étaient réservés à celles dérivées du Gebeleizis.

Maintenant que Numéro 2 avait la preuve formelle de sa seconde hypothèse, il était temps pour le colonel d'amender sa stratégie.

***

Le monstre n’était pas si idiot, il avait changé de tactique. Au lieu de leur envoyer des volées d’orbes désintégrateurs, il prenait à présent le temps d’en fusionner plusieurs pour former des projectiles allongés, des flèches de lumière pénétrant bien plus profondément que les sphères. Suffisamment sans doute pour perforer entièrement la couche électroréactive de leurs combinaisons – ce n’était qu’une conjecture mais ils n’allaient pas se laisser toucher pour en avoir le cœur net – et en tout cas atteindre les soldats même lorsqu’ils s’abritaient derrière un mur. Parfois l’entité introduisait un peu de variété dans ses attaques en revenant aux bordées dispersées ou combinait plutôt les orbes en une lame volante plus difficile à éviter – ou parer pour ceux qui pouvaient compter sur leur Chunjun – que les projectiles ordinaires.

Reyes évita de justesse une offensive perforante pendant qu’une tranchante lancée dans l’autre direction forçait le sergent et Ivanov à se mettre à couvert. Deux soldats russes firent feu – une seule balle chacun, il fallait économiser les munitions – pour distraire l’aberration ; les tentacules fusèrent et furent interceptés in extremis par l’épée de Takahashi.

Des scènes similaires s’étaient répétées plusieurs fois. L’ennemi restait presque invulnérable et ils ne seraient pas plus avancés même s’ils arrivaient de nouveau à dissiper sa barrière protectrice, pas avec une telle capacité de récupération. Les agents accumulaient les blessures au fil des erreurs les plus bénignes, jusqu’au moment où ils en recevraient une fatale du fait de la douleur, de l’épuisement ou de la malchance. Il n’y avait presque plus d’obstacles exploitables à proximité, ils arrivaient à la fin de leur stock de matériel, s'étaient déjà injectés leurs dernières doses d'énergisant et de sérum de régénération. Le vainqueur de cette guerre d’usure était déjà décidé.

S’entêter ne ferait qu’augmenter le nombre de victimes. Vassiliev se prépara à ordonner un repli général et définitif, à fuir au-delà du rayon d’action de la créature et hors de l’usine. Connor ordonnerait le lâcher d’une paire d’armes de destruction massive qui régleraient le problème ; ils accompliraient leur objectif principal même s’ils ne pourraient pas sauver les cobayes ou mettre la main sur les terroristes...

« Toutes les unités doivent abattre simultanément leur cible respective avec une balle thaumaturgique. » annonça une voix monotone.

Le colonel tiqua, et il en fallait beaucoup pour lui arracher cette réaction. Il connaissait cette voix et il avait du mal à croire que le britannique ait accepté d’établir un canal de communication direct avec sa source… mais le vétéran devait avoir ses raisons.

« Explications. Tout de suite. » exigea le russe en faisant signe à ses hommes de gagner du temps ; les soldats engagèrent une sorte de ronde rapide autour de la créature pour la désorienter, l’empêcher de se concentrer sur une seule personne – ou groupe de personnes.

« Un seul ennemi, pas sept. » Agréable surprise, il s’était attendu au silence, à un refus ou une simple réitération des paroles précédentes ; il savait que ça ne s'exprimait qu'avec parcimonie. « Quadridimensionnel. Vous n’affrontez que des appendices, le noyau se trouve ailleurs. »

Ah, voilà qui levait le voile sur l’apparente immortalité de leur adversaire : ils ne risquaient pas d’infliger de dégâts significatifs vu l’endroit où étaient cachées les parties réellement importantes de son corps. Le mystère de sa vitesse de régénération était également levé : si le phénomène semblait excessivement rapide pour des êtres de si petite taille, le taux de remplacement de la matière détruite était moins choquant pour une entité unique plus massive émergeant en plusieurs points de l’espace-temps conventionnel. L’ennui étant que leurs armes à eux ne fonctionnaient qu’en trois dimensions...

« Ça le tuera, sûr et certain ? »

Il se rua derrière l'un des rares piliers encore debout juste à temps pour ne pas être transformé en passoire par une colossale salve omnidirectionnelle : gêné par les fumigènes que les agents avaient lâchés un peu partout pour dissimuler leurs mouvements, le monstre avait accumulé un nombre d'orbes impressionnant avant de les expédier au hasard tout autour de lui. Le russe félicita intérieurement les talents de bâtisseurs de ses compatriotes ; le fait que l'édifice tienne encore debout après un tel traitement tenait du miracle.

« Pas vivant. » corrigea la voix inexpressive avant de préciser : « Écartèlement. L’implosion entraînera la masse à sa suite et devrait détruire le noyau même sans contact direct. »

Devrait, conditionnel. L'incertitude faisait partie intégrante de la vie du soldat – ne disait-on pas qu'aucun plan de bataille ne survivait au premier contact avec l'ennemi ? –, il s'en accommodait donc mieux que d'autres... Surtout qu'il s'agissait tout de même d'un progrès par-rapport à leur situation précédente. Même s'ils n'auraient qu'une seule chance et aucun droit à l'erreur, même s'ils devraient se mettre en danger pour créer l'ouverture nécessaire.

« Vous aurez quinze minutes pour évacuer si ce pari échoue. » intervint Connor, devinant les intentions de Vassiliev. « Reçu. Préparez le programme de tir synchronisé... »

« Non. Je m'en occupe. »

« Pardon ? »

« Beaucoup plus difficile de coordonner les groupes entre eux. Distances à la cible différentes au moment du tir. Ajustements en temps réel nécessaires. »

En effet, si la précision du timing était à ce point cruciale, une différence de quelques mètres dans la distance séparant les snipers des créatures – non, la créature – pouvait tout gâcher. Le programme de mise à feu simultanée n'était pas fait pour opérer ce genre de corrections. Une rangée d'icônes lumineuses apparut sur la visière de son casque, correspondant aux étapes successives du plan. C'était de la folie... et pourtant.

Le britannique se chargeait de transmettre le plan aux autres équipes – ils étaient les deux seuls officiers avec le niveau d'accréditation nécessaire pour cette communication particulière – tandis que le colonel se préparait à survivre au prochain assaut. L'aberration n'était pas restée là à se tourner les pouces – par ailleurs inexistants – pendant qu'ils fomentaient sa chute : elle avait fusionné des globes d'aura pour former un anneau d'un seul tenant. Le cercle flottait au-dessus de sa « tête » à la manière d'une auréole, engloutissant des dizaines de sphères, puis des centaines... au bout de quelques secondes, un véritable maelström d'énergie l'alimentait et la puissance contenue, presque solide, semblait prête à s'échapper.

L'anneau chut le long du corps de la créature puis s'élargit brusquement une fois arrivé à hauteur de taille, à une vitesse bien supérieure à celle des projectiles habituelles et bien au-delà de la pièce. Une gigantesque lame horizontale traversant tout sur son passage.

L'enceinte intérieure de la salle s'écroula, les piliers furent démolis jusqu'au dernier et plusieurs sections du plafond s'effondrèrent. Les agents s'étaient jetés à terre pour éviter d'être coupés en deux mais tous n'en étaient pas sortis indemnes ; Vassiliev chercha les snipers du regard... le sergent était inerte, enseveli sous les décombres et leur second tireur d'élite avait été décapité net. Ça ne pouvait pas plus mal tomber... ou plutôt si : ses hommes n'avaient plus nulle part ou se cacher et avec tous les débris bloquant les sorties, il leur était impossible de s'échapper. Échec et mat.

« Takahashi, Ivanov, retenez-le ! » s'écria-t-il, refusant de céder au désespoir. Disciplinés, les épéistes se relevèrent sans poser de questions et bravèrent les fouets du gardien. « On exécute le plan et on ne discute pas ! » poursuivit-il en s'adressant également aux autres chefs d'équipes.

Ni les Chunjuns ni leurs manieurs ne tiendraient bien longtemps, ils en étaient tous conscients : les porteurs d'électrolasers se rassemblèrent dans le dos du monstre, essayant de ne pas penser à ce qui arriverait s'il choisissait de s'intéresser à eux plutôt qu'à ceux qui venaient le défier au contact. Quant au colonel, il se précipita aux côtés du sniper défunt et s'empara de son railgun, heureusement toujours raccordé à sa source d'énergie et au circuit de refroidissement ; les systèmes de l'arme se connectèrent à ceux de son exosquelette avant même qu'il n'ait eu le temps de se rappeler la procédure à suivre dans ces cas-là. Le QG n'était pas à l'origine de ce coup de pouce.

Il fourragea dans la ceinture du mort et en retira la balle thaumaturgique, qu'il engagea dans le magasin. Les deux premières icônes de son casque étaient allumées, lui signifiant que tous les groupes avaient dégagé une ligne de tir pour leurs Gymnots et que lesdites armes étaient braquées sur leurs créatures – leurs parties de la créature – respectives. Lorsqu'il mit la chose en joue à son tour, la troisième et dernière icône s'illumina. Le peloton d'exécution était en place.

Les première et deuxième icônes s'éteignirent : quelque part dans l'usine, l'un des commandos avait vu sa fenêtre de tir se refermer dans le chaos du combat. Ils avaient manqué la première occasion. Ils en manquèrent une deuxième, une troisième, une quatrième ; le tir parfait se dérobait sans cesse. Ses nerfs étaient mis à rude épreuve alors qu'il peinait à maintenir sa cible en joue tout en restant dans une position qui lui permettrait d'amortir le recul de son arme, sachant pertinemment qu'il n'aurait aucune protection si l'abomination décidait d'avoir de nouveau recours à ses attaques à distance...

La cinquième fois fut la bonne : tout s'enchaîna en un instant, orchestré avec la plus grande minutie depuis un autre continent. L'entité fut pour la seconde fois frappée par la foudre, son halo consumé ; Takahashi et Ivanov reculèrent mais abaissèrent légèrement leur garde ce faisant et furent fauchés par les tentacules spasmodiques en récompense – une possibilité que la voix avait dû prévoir et considérer comme un sacrifice acceptable. Le fusil électrique rugit, activé par une main qui n'était pas celle de son porteur, qui n'était même pas une main ; la balle ensorcelée s'enfonça dans le cocon difforme et un tourbillon de couleurs rayonna dans la salle, une scène jouée à sept endroits différents dans la même milliseconde.

Un son horrible retentit, quelque part entre celui du verre qui se brise, du raclement d'ongles sur un tableau noir et du goret qu'on égorge. De l’œil jaune de la créature surgit une masse transparente arrachée à une dimension au-delà de celles que ses sens pouvaient percevoir par la force du maléfice destructeur ; elle fut retournée sur elle-même au mépris de toutes les règles de la géométrie euclidienne, l'extérieur se retrouvant à l'intérieur et vice-versa, puis comprimée à une fraction de son volume d'origine sans que le flot de matière spectrale ne s'interrompe. L'explosion qui s'ensuivit fut entièrement absorbée par la profusion de fissures qui se propagèrent soudainement dans le vide à partir du point d'impact, comme si le sortilège avait fracassé la trame de la réalité elle-même.

Le son et lumières fit place à un silence total : ils ne voyaient plus l'ennemi nulle part, personne n'osait bouger un muscle.

La tension était palpable alors qu'ils observaient les craquelures, tentant d'apercevoir le monstre caché de l'autre côté, dans son domaine hors du monde. Ils n'y virent qu'une obscurité absolue. Pas une goutte de fluide translucide n'en coula, seul un miasme de la même impossible noirceur s'en échappait pour promptement s'évanouir dans l'éther.

« Vous ressentez quelque chose ? » interrogea Connor, dirigeant sa question vers les agents éveillés. « Les détecteurs ne captent plus rien de mon côté. »

« Il y a bien un cosmos... mais extrêmement faible et diminuant rapidement. Résiduel à mon avis. »

Tour à tour, les chefs d'unités livrèrent un rapport identique. Sainte-Marie Mère de Dieu, comme dirait le latino, ça avait marché. Les commandos ne relâchèrent cependant pas leur vigilance d'un iota, s'attendant à voir l'aberration resurgir à tout instant. Ce ne fut que lorsque la dernière des sombres arabesques disparut et que les failles dans l'espace commencèrent à se résorber qu'ils s'autorisèrent enfin à se porter au secours des blessés. Ils devaient se dépêcher : à en juger par les secousses de plus en plus rapprochées, cette partie de l'édifice pouvait leur tomber sur la tête d'une minute à l'autre.

Après ce qu'ils venaient de traverser, éliminer les derniers sbires du PWM et se rendre maîtres du laboratoire ferait figure de promenade de santé.
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Les terroristes n'avaient opposé qu'une résistance anecdotique lors de l'assaut final, bien que les agents aient eu droit à quelques frayeurs : ils avaient désamorcé le dispositif d'autodestruction du complexe au dernier moment en prenant le poste de sécurité principal et ils avaient dû agir en toute hâte pour empêcher le suicide des scientifiques une fois les derniers gardes tombés. Leur résolution était inébranlable, on ne pouvait pas leur enlever cela...

Vassiliev épiait la forme inconsciente du docteur Morris pendant qu'un de ses subalternes vérifiait l'état de ses blessures – bandées à l'aide de matériel médical réquisitionné dans les abondantes réserves du PWM : il fallait bien observer l'évolution des maladies concoctées en ces lieux chez des cobayes ayant accès aux meilleurs soins médicaux pour s'assurer de leur létalité après tout. Ils n'avaient pas réussi à sauver toute la coterie de savants fous mais ils avaient de la chance que ces derniers aient choisi d'utiliser des capsules de cyanure plutôt que de se tirer chacun une balle dans la tête. Même les remèdes à l'efficacité surnaturelle de l'Agence russe – quel gaspillage que de s'en servir sur ces vermines plutôt que sur leurs victimes innocentes – avaient leurs limites.

Ils étaient arrivés juste à temps pour Morris : le colonel l'avait lui-même poignardé d'une seringue pour lui administrer l'antidote de force et ils attendaient à présent que le responsable de tout ceci se réveille. Ce n'était pas passé loin, il fallait laisser au sérum de régénération mélangé au contrepoison le temps de réparer les dommages occasionnés par la toxine.

Il n'allait cependant pas rester là à le couver du regard tout du long. Les spécialistes ès armes biologiques de l'alliance étaient arrivés il y a un peu plus d'une demie-heure et s'étaient immédiatement mis à cataloguer le contenu du laboratoire et éplucher les notes des chercheurs ; il se mit en marche dès qu'ils l'appelèrent pour lui communiquer leur inventaire préliminaire.

Connor était venu en compagnie des membres de la division scientifique, il ne fut donc pas surpris de le trouver en grande discussion avec le docteur Rivera qui inspectait des rangées d'éprouvettes scellées dans la pièce de l'autre côté de la partition étanche. Vassiliev prit place à côté du britannique, salua d'un hochement de tête les agents en tenue anti-NBC à travers le verre pare-balles et écouta le rapport.

« Navrée mais ils ont détruit une bonne partie des documents et pas mal d'échantillons, on ne pourra pas se faire une idée précise de ce qu'on a sous les yeux tout de suite. »

« Ne vous excusez pas, je doute que nous aurons plus de succès pour les faire parler de notre côté. Ils ne diront rien même sous la torture – une méthode déjà tout sauf fiable en temps normal – ou si nous menaçons de nous en prendre à leurs proches. »

C'était l'un des nombreux problèmes quand on avait affaire à des fanatiques croyant sincèrement qu'il n'y avait rien à sauver chez l'espèce humaine. Ils n'avaient pas seulement prouvé qu'ils étaient prêts à tuer pour leur cause, ils avaient démontré qu'ils étaient prêts à mourir pour elle, ce qui arriverait de toute façon s'ils atteignaient leur but ultime. Le PWM devait bien avoir enrôlé certains savants sous la contrainte, ses rangs devaient contenir leur lot d'infiltrés ou de maillons faibles qui pourraient craquer sous la pression... Il valait mieux toutefois éviter de se faire de faux espoirs : l'organisation était à l'affût de telles vulnérabilités internes, les informations réellement importantes n'étaient dévoilées qu'aux loyalistes les plus zélés. Cet endroit étant le siège d'une opération d'importance capitale, il ne devait accueillir que les fidèles parmi les fidèles, ceux à qui les leaders accordaient une confiance absolue.

« Je peux vous dire qu'on a eu chaud en tout cas. » continua la microbiologiste. « Je n'ai pas encore le nombre exact mais Morris et son équipe préparaient un coup d'envergure, il y a des dizaines de pathogènes différents ici, sans doute plus d'une centaine même. Virus, bactéries, prions, algues, champignons, moisissures et autres parasites... la totale. »

« Matières premières ou produits finis ? »

« Produits finis. Soigneusement sélectionnés, croisés et génétiquement améliorés. Autant d'approches différentes quant aux vecteurs de transmission, périodes d'incubation, modes d'action... mais tous mortels et hautement contagieux. J'espère que tout était bien gardé ici et qu'ils n'ont pas d'autres stocks ailleurs, prêts à être pulvérisés dans quelques grands aéroports. Le monde pourrait se défendre face à deux ou trois pandémies simultanées mais une centaine ? Impossible, on ne pourrait jamais identifier toutes les sources d'infection, comment les combattre et produire suffisamment de médicaments et vaccins pour tout le monde à temps. »

Connor hocha gravement la tête. Rivera était elle-même la directrice d'une section de FIRMAMENT dédiée à l'étude et à la création d'horreurs biochimiques qui donneraient des cauchemars aux nazis : si leur experte en la matière nourrissait de telles craintes, il était impératif de découvrir au plus vite s'ils avaient oui ou non mis un terme définitif aux sombres projets du PWM... D'autant plus que contrairement aux phénomènes surnaturels suscités par Poséidon ou Hadès, les pathogènes n'auraient pas la courtoisie de disparaître comme par enchantement si leurs créateurs n'étaient éliminés qu'après avoir déchaîné leur version de la Mort Noire. Dire que leurs précédents laboratoires s'étaient contentés de jouer avec Ebola, quelques souches grippales modifiées et cultures de germes résistants aux antibiotiques... Se pourrait-il qu'ils l'aient fait exprès pour que les services antiterroristes les sous-estiment ?

« Et pour les cobayes ? » s'enquit le russe.

« Nous attendons la livraison de combinaisons hazmat supplémentaires pour les évacuer mais mes hommes sont déjà en train de procéder à un premier tri. La séparation des chambres en niveaux nous facilite la tâche mais comme vous vous en doutiez, il est déjà trop tard pour une bonne partie d'entre eux. Nous ne pourrons sauver que les sujets sains et ceux aux symptômes les moins avancés. »

« Combien survivront d'après vous ? » demanda le vétéran, amer.

« 60% de l'effectif total dans le meilleur des cas, moitié moins dans le pire scénario. » répondit-elle après quelques secondes de réflexion. Une telle proportion d'infectés parmi les sujets, le PWM devait avoir besoin de renouveler son « cheptel » à un rythme effréné... Les agents n'avaient pas le droit de s'en prendre aux savants capturés, cependant peut-être que Vassiliev pourrait les lâcher sur les fournisseurs qui approvisionnaient si efficacement les éco-terroristes en chair humaine.

« Merci docteur. » fit le colonel en voyant que la scientifique en avait terminé et s'en retournait à son inventaire. « Prévenez-nous si vous trouvez quoi que ce soit en rapport avec la créature, j'aurais quelques observations à ajouter à votre rapport pour Rosenberg. »

Les deux hommes prirent congé sur ces mots. L'humeur était maussade : le bilan final de l'opération s'élevait à 9 morts, 17 blessés graves et 37 blessés légers parmi les assaillants. Tout ce sang versé alors qu'ils n'affrontaient même pas les véritables ennemis de l'humanité, et quelles prises de guerre recevaient-ils en échange ? Sans doute rien d'utilisable, le PWM n'ayant cure des précautions que prenaient habituellement les producteurs d'armes biologiques pour contrôler la propagation de leurs agents infectieux une fois ceux-ci lâchés dans la nature. Seuls des maniaques à la recherche d'un génocide planétaire pouvaient vouloir d'une arme qui se retournerait d'elle-même contre ses maîtres.

Quant au monstre qui avait servi d'ultime rempart aux acolytes du docteur Morris... Cette approche avait ses propres problèmes, comme le prouvait l'état de la salle des rituels où leurs pas les menèrent après être sortis du laboratoire.

Lorsque les golems avaient été détruits, leurs créateurs avaient subi un violent contrecoup ; les occultistes du PWM avaient eu droit à un retour de flammes similaire – et on ne peut plus littéral – lorsque les Agences leur avaient rendu la politesse. Un incendie avait dévasté la pièce à présent jonchée de cadavres calcinés ; peut-être que cet événement avait contribué à la victoire facile des commandos. Certains des corps étaient encore raccordés à des vestiges d'équipements médicaux et des câbles aux gaînes fondues serpentaient jusqu'aux restes d'un serveur informatique massif positionné contre le mur. Au sol se trouvait le tracé d'un cercle magique incroyablement complexe en partie effacé par la chaleur ainsi que des bols pleins de cendres qui avaient dû contenir les catalyseurs et réactifs pour leur sortilège. Les thaumaturges britanniques arpentaient la scène, analysant minutieusement chaque élément.

« Les dépouilles sont trop nombreuses, le PWM ne pouvait pas avoir autant de magiciens sur place. J'ai fait remonter au Site 17, ils disent que c'était pareil à Mogadiscio, à Bali mais aussi au Yémen, au Brésil... »

Vassiliev acquiesça sombrement. « J'ai déjà vu ce genre de spectacle, l'aspect et les pouvoirs du résultat final diffèrent mais les bases sont les mêmes. J'imagine que si les légistes arrivent à autopsier ces corps surnuméraires ils nous diront qu'ils étaient déjà morts avant de brûler, leur système nerveux ravagé. Ce sont des cobayes, des sacrifices ; cette créature a été fabriquée, pas invoquée. »

« Mes hommes sont arrivés aux mêmes conclusions. Ce qui m'inquiète le plus c'est qu'il n'y a que trois groupes à ma connaissance avec le savoir-faire nécessaire pour accomplir une telle chose et que le PWM n'en fait – ou plutôt n'en faisait – pas partie. Considérant qu'aucun de ces groupes ne semble du genre à partager avec des gens comme Morris et que deux d'entre eux ont été démantelés ou peu s'en faut, j'ai peur que nous soyons en train de passer à côté de quelque chose. »

Un silence lourd de sens retomba entre les deux agents alors qu'ils anticipaient les conséquences qu'auraient ces informations si elles continuaient de se répandre. Les Agences n'étaient pas prêtes, elles n'avaient pas encore de quoi lutter à armes égales. Si elles ne se hâtaient pas...
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« Ah, notre Belle au Bois Dormant terroriste se réveille. » annonça le britannique, paraphrasant le message qui venait de lui parvenir. Vassiliev hocha la tête et se retira sans un mot, laissant son collègue libre d'aller interroger le prisonnier.

Conformément à ses instructions, le docteur Morris avait été placé sous bonne garde dans une pièce à l'écart : il le trouva adossé au fond de la salle, immobilisé par de solides chaînes reliant ses quatre membres à des tuyaux courant le long des murs et, comme si ces entraves ne suffisaient pas, équipé de quatre bracelets et d'un collier explosifs. L'homme n'avait pourtant pas l'air d'un génie du mal justifiant de telles précautions avec sa dégaine de professeur d'université vieillissant, son visage quelconque, ses lunettes démodées, sa calvitie naissante et sa frêle carrure... Mais Connor savait où regarder pour dissiper cette impression d'innocuité. Les yeux du scientifique le trahissaient, n'exprimant rien d'autre en cet instant qu'une colère brûlante. Nulle trace de l'étincelle de folie qui habitait le regard d'un fanatique, de la froideur reptilienne d'un sociopathe calculateur ou du masque de fausse amabilité sous lequel l'un comme l'autre pouvaient s'abriter.

« Bon retour parmi nous. » le salua le vétéran sans se laisser démonter, prenant calmement place sur une chaise.

« Vous perdez votre temps, vous n'obtiendrez rien de moi. » répondit le captif, défiant malgré sa situation.

« Oh, je ne vous rend pas visite sur ordre de mes employeurs pour vous arracher les secrets du PWM, nous savons tous très bien à quel point votre engeance peut être têtue. Je ne viens que pour régler quelques points de détail et satisfaire ma curiosité personnelle. »

Un rire jaune s'éleva de la gorge du savant fou et se transforma presque aussitôt en une toux furieuse qui secouait son corps malmené. Les effets du poison n'étaient pas prêts de se résorber entièrement. Connor n'y prêta aucune attention. « Docteur Clive Morris, diplômé avec les honneurs de la faculté de médecine d'Harvard, épidémiologiste et microbiologiste brillant, l'un des meilleurs éléments du CDC. Trente-deux ans à œuvrer sans relâche pour le bien de tous aux côtés des plus éminents scientifiques et de l'OMC, on vous doit l'identification et le séquençage génétique de nombreuses souches virales et bactériennes ainsi que la création de plusieurs vaccins, la formulation et la promotion auprès des gouvernements de mesures de santé publique efficaces qui ont contribué à réduire drastiquement la propagation de ces maladies dans les pays en voie de développement. Vous avez pris part à plus d'une centaine d'opérations humanitaires en Afrique subsaharienne, au Moyen-Orient et en Asie du sud-est y compris en période de conflit armé, au mépris du danger. Et j'en oublie... Avec un pedigree pareil, encore quelques années et vous auriez pu être nominé pour le Nobel de Médecine ou de la Paix. »

Celui dont il dévidait la biographie – l'hagiographie même – affichait un rictus résigné. Le vieil agent ne s'y trompa pas : son interlocuteur était peut-être en train de reprendre le contrôle de ses émotions mais la haine meurtrière n'avait pas disparu de son regard, elle n'avait fait que passer de l'incendie aux braises rougeoyantes.

« Vous voulez savoir comment j'ai pu passer de cet homme-là à l'éco-terroriste fanatique que vous avez sous les yeux aujourd'hui. » C'était une affirmation, pas une question. Rien ne servait de le nier : dans quel autre but aurait-il pu remuer ces souvenirs ? Morris n'allait pas changer d'avis maintenant, juste en lui rappelant qui il était autrefois. Heureusement, il accepta de se confier – bien que de manière caustique – dans la mesure où la question ne concernait pas les activités concrètes du PWM. « C'est très simple vraiment, je me suis rendu compte de la futilité de mes actions, de leur nocivité même. Je ne sais pas précisément où ni quand j'ai perdu la foi... Était-ce au Rwanda ? Nous nous étions rendus dans ce petit village pour vacciner les locaux, nous n'étions évidemment pas au courant que le génocide était sur le point de débuter... Quand nous sommes repassés une semaine plus tard, toute la population avait été exterminée : les hommes, les femmes, les enfants, les vieillards, tous jusqu'au dernier. Un chef de la milice particulièrement sanguinaire avait établi son QG dans les ruines, les soldats nous ont traîné devant lui... et il nous a laissés partir parce qu'il se rappelait de moi. Je lui avais sauvé la vie douze ans plus tôt quand il n'était encore qu'un gamin atteint de la malaria, j'avais passé la nuit à lui tenir la main alors que tout semblait perdu. Et maintenant c'était lui qui décapitait des gosses à la machette ; pour ce que j'en sais, il est toujours vivant aujourd'hui et n'a jamais été inquiété. »

Le dégoût qui se lisait sur le visage du scientifique n'était clairement pas dirigé que vers l'individu de ses souvenirs. L'énumération se poursuivit, délivrée sur un ton mordant.

« Était-ce au Bangladesh ? Nous avions beau faire tout ce que nous pouvions pour juguler l'épidémie du moment, ça ne servait à rien quand les gens vivaient dans une décharge à ciel ouvert avec cette énorme usine chimique qui rejetait ses déchets dans la rivière. À quoi bon les sauver de la dengue s'ils devaient mourir de la famine ou d'un empoisonnement aux métaux lourds... Afghanistan ? Nous participions à l'effort global d'éradication de la polio jusqu'à ce qu'une bande d'arriérés paranoïaques ne monte la population contre nous en prétendant que nous étions en fait en train d'opérer une stérilisation de masse. Je ne peux même pas les blâmer de bon cœur vu ce que les américains venaient de faire à leur pays et le fait que de tels procédés ont effectivement été employés jusqu'à une époque récente mais une de mes collègues a perdu la vie là-bas, nous n'avons rien pu faire pour l'empêcher de se vider de son sang dans l'hélico. Les États-Unis, mon propre pays, le plus puissant du monde, baignant dans un luxe obscène pendant que d'autres n'ont rien, où les gens s'attendent à ce qu'on les félicite quand ils daignent lever le petit doigt pour améliorer le sort de leur prochain auquel ils sont si indifférents en temps normal ? Des histoires d'horreur comme celles-là, j'en ai des centaines. J'ai vu la guerre, la misère, l'hypocrisie, la bêtise. J'ai vu l'espèce humaine se détruire elle-même et détruire son environnement sans jamais en tirer de leçon, n'apprenant au mieux qu'à inventer de nouvelles façons de se suicider à petit feu. »

Le laïus n'était certes pas très original mais là n'était pas le propos. L'anglais s'était suffisamment familiarisé avec la rhétorique – les clichés – du PWM pour pouvoir compléter la suite tout seul : Morris avait décidé de briser le cercle vicieux, se persuadant lui-même que tous étaient plus ou moins coupables – soit directement, soit par association ou inaction – ou avaient le potentiel de l'être dans le futur, les opprimés et les malheureux d'hier devenant les bourreaux et les irresponsables de demain. Il s'était mis dans la tête que l'humanité était une cause perdue mais qu'il ne fallait pas la laisser entraîner le reste de la planète dans sa chute et qu'à ce titre, il avait le devoir d'amputer le membre gangrené, d'euthanasier l'espèce entière. Sept milliards et demi de personnes...

« Errare humanum est, perseverare diabolicum. » résuma Connor. Il se demandait si les Marinas ou les Spectres usaient du même raisonnement pour motiver leurs actions. « Mais ne faites-vous pas vous-même preuve de cet hubris que vous méprisez tant ? Lorsque vous décidez de prendre personnellement en main l'éradication de l'humanité, ne vous érigez-vous pas vous-même au-dessus des Dieux ? »

« Exactement, c'est bien pour cela que nous devons tous disparaître : même en essayant de rectifier nos erreurs, nous ne faisons que nous enfoncer dans notre orgueil. Quant aux Dieux... je ne sais pas si on peut vraiment dire que qui que ce soit défie leur volonté quand ils ne sont eux-mêmes pas d'accord entre eux. »

Cette dernière phrase était la réplique la plus sensée à être sortie de la bouche du savant fou. Après tout le PWM n'était pas un bloc uniforme, tous les fous furieux qu'il abritait n'agissaient pas nécessairement en se prenant pour le bras armé de Poséidon ou Hadès... même s'il n'y avait aucune différence au niveau du résultat final.

Morris était allé trop loin, beaucoup trop loin, il pouvait le voir maintenant : ce milicien rwandais qu'il avait lui-même mentionné était capable de nier l'humanité d'une ethnie entière tout en restant capable de gratitude envers d'autres êtres ; le scientifique était devenu quelque chose de pire encore, ayant perdu jusqu'à cette faculté. L'ancien médecin sans peur et sans reproche avait disparu, ne laissant derrière lui qu'amertume et rancune autodestructrices. Il était déjà mort à l'intérieur, seules sa haine et son sens tordu du devoir l'animaient encore.

Il était temps de conclure cet entretien, de revenir à un sujet d'ordre pratique. Il se passait volontiers de la compagnie des monstres, quand bien même était-il capable de la supporter.

« Nous n'avons rencontré aucun cadavre d'enfant parmi vos troupes mort-vivantes ; cela peut se comprendre, leur utilité en termes de guerre psychologique et les avantages apportés par la présence de combattants petits et légers ne suffisent pas à compenser leurs inconvénients. Nous n'avons trouvé aucune fosse commune à proximité de l'usine, pas même en suivant les mouvements de vos véhicules et l'incinérateur intégré à ces installations est insuffisant pour se débarrasser des corps. Je me doute bien de ce que vous en avez fait mais auriez-vous la gentillesse de confirmer ? »

« C'est pour ça que vous me retenez loin des regards, pour éviter que les autres n'entendent ce que j'ai à vous répondre ? » rétorqua le savant fou. Le mordant avait cédé la place à une sorte de sérénité dérangeante, l'ire à une froide détermination.

« Si c'est bien ce que je crois, certains de mes hommes pourraient mal réagir à cette nouvelle. Et nous ne comptons pas vous donner ce que vous voulez en vous laissant mourir tout de suite, donc... »

Nouveau rictus accompagné de quintes de toux. « Et bien, j'imagine que vous avez lu ou vu Soleil Vert, non ? »

Il acquiesça gravement, sans rien dire. Au moins un petit mystère de dissipé ; il s'y était attendu et le russe avait également soulevé cette possibilité, il s'agissait après tout d'une pratique répandue chez les fabricants de chimères. Pas de gaspillage, comme l'avait fait remarquer Reyes... un Reyes qui aurait sans doute massacré le docteur à mains nues en apprenant ce qu'il était advenu des dépouilles de tant de victimes. Une réaction bien compréhensible, le problème se trouvait plutôt du côté des agents émérites : c'était dans ces moments-là qu'ils prenaient conscience de ce que ce damné métier faisait à leur sens moral, à leur capacité à se comporter comme des êtres humains dignes de ce nom...

Ayant entendu tout ce qu'il y avait à entendre, Connor se leva et sortit de la pièce, abandonnant le scientifique à son sort. Dieu, qu'était-il advenu de leur monde... Cette époque était celle des monstres, endossant littéralement ou métaphoriquement une peau humaine... quand l'Homme ne les créait pas lui-même de toutes pièces. Un bref frisson passa le long de sa colonne vertébrale : la connexion au Site 17 était-elle toujours active ? Était-il seul pour parler à Morris, ou accompagné d'une présence invisible ?

Il avait hâte de quitter cet endroit...

HRP : Fin du rp.
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