Saint Seiya
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[Frontline] Code Name : Breeding Ground
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L'avion-cargo militaire survolait la mer des Caraïbes. Bien que n'étant pas encore arrivés, ils pouvaient déjà sentir le climat tropical. Intense comme l'avait été leur entraînement, l'on pourrait s'attendre à ce qu'il faille plus que quelques degrés de trop pour les déstabiliser. Pourtant, elle en voyait déjà plus d'un suant à grosses gouttes et tentant de le cacher, attendant le tout dernier moment pour enfiler tout le poids de leur équipement. Était-ce trop exigeant de sa part que d'attendre qu'ils soient au moins capable de cacher leur inconfort ? Enfin, tant qu'ils se débrouillaient sur le terrain...

Dire que Melissa était nerveuse aurait été exagéré - mais elle était tendue, un peu. Tout semblait aller si vite ; elle avait l'impression que c'était hier encore qu'elle faisait connaissance avec ses homologues des autres nations, et voilà qu'on lui livrait une première fournée de soldats à emmener vers le front. Si elle avait confiance en ses collègues, une partie d'elle ne pouvait s'empêcher de se dire qu'ils n'étaient pas prêts. Qu'ils ne pouvaient pas l'être en si peu de temps.
Bien sûr, c'était aussi à elle qu'il appartenait de les guider sur la bonne voie... Mais cela voulait aussi dire que c'est elle qui en avait la responsabilité. Que s'ils n'étaient pas parfaitement préparés, c'était elle qui l'apprendrait à ses dépens. Oh, ils devaient tous en passer par là - personne n'était ravi des compromis qui avaient été faits récemment -, mais qu'elle n'ait pas le bagage militaire le plus impressionnant ne l'empêchait pas de ne pas vouloir souffrir pour l'incompétence d'un autre. Elle l'avait déjà assez fait.

Sa main se posa d'instinct sur son ventre. La plaie la démangeait, comme souvent dans ce genre de situation ; cela faisait des années qu'elle avait cicatrisé, mais elle continuait de la sentir par moment. Elle lui rappelait que les éveillés sont dangereux et ne doivent être sous-estimés à aucun moment, comme elle l'avait elle-même appris lorsqu'elle était encore dans l'antiterrorisme - et continuait de le regretter amèrement. Les attaques de Paris n'étaient qu'une preuve supplémentaire. Y repenser réveilla en elle une volonté féroce : il était hors de question qu'elle laisse capoter cette opération parce qu'on lui avait envoyé des soldats à moitié formés, et -

« Melissa ? »

Rapide comme un guépard, elle se retourna et porta la main à son arme... Uniquement pour se retrouver face à l'autre chaperon de cette mission, lequel leva immédiatement les mains en signe de non-agression.

« Bon sang, Johnson. » maugréa-t-elle en le fusillant du regard - mais elle ne fut pas longue à se calmer ; elle n'avait pas à être aussi à cran.

« Tendue ? » demanda l'intéressé en remontant sur son nez ses lunettes noires, celles-ci ayant légèrement glissées lors de son mouvement de recul.

« Un peu. » confessa-t-elle tout en jetant un œil aux recrues. L'appareil était assez spacieux - et bruyant - pour qu'ils n'entendent rien de leur conversation, sans doute eux-mêmes trop occupés à appréhender ce qui les attendait une fois sur place. Aptes ou non, cela restait leur première mission. Saisissant visiblement le fond de sa pensée, son interlocuteur lui évita d'avoir à le formuler en hochant la tête.

Sur l'ensemble de ses collaborateurs, Johnson était l'un de ceux à lui avoir fait la meilleure impression. L'un des plus humains aussi ; Melissa Traoré était dure - être une femme dans sa branche de métier l'obligeait à l'être - mais même à elle, certains des membres de leur petit groupe faisaient froid dans le dos. Le choc des cultures, d'une certaine manière. Se forçant à se détendre, elle poussa un léger soupir et croisa les bras : « Qu'est-ce que vous me vouliez ? »

« Vous dire qu'on est bientôt arrivés. »

« Pas trop tôt. » lui répondit-elle, toujours en anglais - s'ils parlaient tous plusieurs langues (sauf Archavine, mais lui ne parlait pas tout court), elle troquait le plus souvent celle de Molière pour celle de Shakespeare quand il s'agissait de leur parler. « Au moins, on sera fixés. »

Avouer à Johnson son scepticisme l'avait aidée à reprendre contenance : sur le papier, il n'y avait pas de raison de s'en faire. Elle avait vu leurs résultats et ils allaient de très bon à excellents - ils n'auraient pas été retenus pour le programme autrement. Cela ne faisait pas tout - elle avait déjà vu plus d'un premier de la classe mourir bêtement, et ne doutait pas qu'il en soit de même pour l'agent américain - mais cela lui permettait de mettre ses craintes en sourdine. Ce dernier lui indiqua de la main le chiffre cinq - pour cinq minutes - avant de retourner auprès du pilote. Non sans d'abord vérifier son matériel, elle alla se placer aux côtés des recrues.

« J'espère que vous êtes prêts. » lança-t-elle d'une voix claire et audible malgré le vrombissement des réacteurs. Son rôle n'était plus celui d'un agent de terrain, même si elle n'avait rien perdu de ses capacités ; mais elle excellait tout autant dans le renseignement. « Nous allons nous poser sur une ancienne base ayant appartenu à Phénix, à un peu plus de deux kilomètres de Cité-Soleil. Nous ferons les deux derniers kilomètres par voie de terre. En revanche, une fois sur place, nous évoluerons dans un bidonville : nos cibles auront l'avantage du terrain et celui-ci risque d'être difficilement praticable. »

Elle marqua une légère pause, scrutant les visages pour s'assurer d'avoir leur attention.

« Nous avons localisé ce que nous pensons être leur base principale, mais il y a des chances que vous rencontriez des civils sur votre chemin. Ne leur faites aucun mal : notre mission ne concerne que les éveillés. Bien entendu, vous êtes autorisés à agir contre les personnes en cas de signe d'agressivité, mais la plupart des habitants ont autant d'intérêt que nous à en être débarrassés et pourraient nous être d'une aide précieuse. » Même si elle pensait déjà avoir toutes les informations nécessaires au bon déroulement de cette séance de ménage, un soutien local serait toujours apprécié. Bien sûr, le mieux serait sans doute de pouvoir régler cette histoire dans l'anonymat et sans se faire repérer, mais sans connaître le nombre exact d'éveillés auquel ils allaient avoir à faire, elle ne pouvait rien garantir. « J'espère que vous avez pensé à prendre votre matériel supplémentaire. »

Pour la précision, la zone étant peuplée de civils et la discrétion étant donc de rigueur, vous avez été équipés en conséquence pour ressembler à des agents du SWAT ou assimilé à qui n'y regarderait pas de trop près. Bonne chance !
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Oblivion
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-Arrête d'y toucher, Marchesi, le docteur pourra pas te le remettre s'il tombe.

En grognant, je retire mon doigt du masque en latex qui a été posé sur mon visage par Papanek avant de partir, mais à l'intérieur j'ai déjà envie de hurler à Bilodeau-Tanguay d'arrêter de me surveiller et d'aller couver quelqu'un d'autre. Il n’a vraiment rien de mieux à faire?! C'est qu'il est vicieux: il a passé tout le trajet dans l'avion à changer de place pour bavarder avec tous les autres soldats et rassurer les plus nerveux à coups d'anecdotes et de faux éclats de voix, et dès que je le pense suffisamment distrait pour jouer avec mon faux visage sans être dérangée, il m'apostrophe de sa voix forte, parfois accompagné d'un "Qu’est-ce tu fais" dit sous le ton de reproche. À chaque fois, Dmytryk sourit, comme s'il savourait l'humiliation, et hausse les épaules quand je le fusille du regard. Papanek, de son côté, me regarde sévèrement pour me signifier de faire ce qu'il me dit, vu le temps pris à mettre le masque ce serait triste de le perdre... Mais vu comment les trois critiquent mon mutisme, je décide de répliquer.

-Il n'est pas docteur.

Froidement, je commence à inspecter mon équipement et ajuster mon uniforme sans prêter plus d'attention aux remarques de mes coéquipiers. Notre supérieure vient nous rejoindre pour nous annoncer que nous arrivons bientôt à destination et ce qui nous attend en bas. Keaton, qui est restée très silencieuse jusque là, se glisse jusqu'à moi pour m'aider à attacher mes cheveux de façon à ce qu'ils ne se défassent pas pendant la mission. Elle tire fort et les tord sans pitié pour les nouer correctement au dessus de ma tête de façon à ne pas rendre le port du casque trop inconfortable. Les siens sont coiffés de la même façon -Papanek m'a rapidement soufflé qu'elle a toujours su se débrouiller seule pour à peu près tout- et elle m'a proposé sèchement de m'aider avant de partir, mais le temps a manqué.
C'est la seule chose qu'elle m'a dite depuis que j'ai réintégré les rangs.

La chaleur et la distance ne me dérange pas, contrairement à plusieurs qui sont habitués à d’autres environnements mais qui tentent de le cacher avec plus ou moins de succès. Je sers mon Gymnot entre mes mains, me sentant étrangement vulnérable sans une des armes de combat auxquelles je suis plus habitué mais qui, pour la mission, sont trop létales pour êtres laissées entre mes mains. Ce n’est pas un risque à prendre, pas avec moi… mais malgré cela, mon peu de réussite dans le maniement des armes à feu n’est pas réellement la meilleure des alternatives, et la crainte d’une balle perdue dans la foule n’est pas une motivation bien fiable. Plus que jamais, je vais devoir mettre ma patience et mon contrôle à l’épreuve. Pour cette raison, je dois rester suffisamment près de mes chaperons, pour rester bien encadrée : Bilodeau-Tanguay, Papanek et Keaton.
Nous nous levons tous dès que le cargo atterrit et sortons en rangs ordonnés à l’extérieur. L’air est encore plus écrasant qu’à l’intérieur de l’appareil et je me surprends à chercher mon souffle en regrettant soudainement le masque de latex qui sert plus à cacher mon jeune âge qu’autre chose, mais qui est de plus en plus inconfortable à mesure que nous avançons. En marchant, je lève les yeux vers le ciel. Le soleil doit être à son zénith…
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« Les autorités locales sont peu présentes dans la région, reprit Melissa après s'être assurée que tout le monde suivait, et elles ne sont pas habilitées à gérer la présence d'éveillés. Nos informations font état de plusieurs incidents récents les opposant à des individus dotés de pouvoirs paranormaux. Pas assez pour motiver une opération, mais suffisamment pour leur faire peur : selon toute vraisemblance, ils éviteront de s'approcher et ne viendront pas nous gêner. »

Elle marqua une pause. Les plus attentifs pourraient discerner dans son regard une lueur d'indignation à l'idée que des honnêtes gens aient à vivre dans la peur d'une menace qu'ils n'avaient pas les moyens de comprendre - et la résolution de faire en sorte que ce ne soit plus le cas à l'avenir. Cité-Soleil était une bourgade d'à peine deux-cent milles habitants ; un point oubliable sur la carte du monde.
Pourtant, même ici, cette menace d'un nouveau genre faisait des ravages. Même avec la meilleure volonté du monde, les forces de l'ordre n'avaient pas les moyens de lutter - et en cas de problème sérieux, le temps qu'on leur envoie des renforts, il serait certainement déjà trop tard.

Nonobstant tout conflit d'intérêt, c'était pour ce genre de choses que les agences avaient décidé de s'unir sous une même bannière : pour que toutes les puissances soient représentées. Pour que personne ne soit oublié et laissé pour compte.
Selon toute vraisemblance, ils ne s'y seraient jamais intéressés s'ils n'avaient pas eu les anciennes installations de Phénix à surveiller dans les parages. Ils n'avaient pas - encore - les moyens d'agir partout dans le monde, et beaucoup d'autres Cité-Soleils auraient le temps de brûler avant que ce soit le cas - mais il fallait bien commencer quelque part.

La commune d'Haïti était une étape mineure dans leur grand projet - assez mineure pour qu'on pense pouvoir la confier à des recrues tout juste sorties de l'entraînement. Assez mineure pour qu'il ne soit pas trop difficile de faire disparaître toute trace de leur implication si besoin est, elle n'était pas assez naïve pour penser autrement.
Pas plus qu'elle ne l'était assez pour croire que Johnson et elle suffiraient à empêcher que les choses tournent mal si elles devaient mal tourner - ce qui ne l'empêcherait pas d'essayer. Mais s'ils devaient réussir dans leur entreprise, et bien... Même s'ils ne pouvaient partager au monde les détails de leur travail, ils auraient la satisfaction de l'avoir rendu un peu meilleur - et surtout la preuve qu'ils étaient capables de faire une différence. Ce qui représentait un meilleur boost moral qu'on pourrait le croire.

Elle n'était peut-être plus la femme d'action qu'elle avait été, mais après tout ce temps passé à manigancer dans l'ombre, il était temps d'avoir du concret. Le résultat tangible de tous ces longs mois, voire années de préparation. S'ils n'étaient même pas capables d'appréhender quelques super-voyous plus de trente ans après avoir découvert l'existence des éveillés et à se préparer en conséquence, alors à quoi bon ?

« Si toutefois vous deviez entrer en contact avec elles par accident, dit-elle en omettant volontairement le détail de ce qui arriverait à ceux qui contreviendraient à cet ordre de leur plein gré, indiquez-leur que vous n'êtes pas aptes à répondre à leur question et dites-leur de s'adresser à Johnson ou à moi. Adressez-leur la parole aussi brièvement que possible et tâchez de ne divulguer aucune information. »

Leur carrosse volant - même si elle n'était pas sans se dire qu'il pourrait tout aussi facilement devenir le corbillard de certains d'entre eux - entama sa descente, obligeant Johnson, resté debout à côté d'elle, à se cramponner à l'un des barreaux prévus à cet effet. Traoré elle-même ne compta que sur son seul équilibre, afin d'offrir aux recrues une démonstration de force et d'affirmer son autorité - mais aussi de se montrer comme une force inébranlable sur laquelle ils pouvaient compter.
Malgré sa silhouette assez frêle, elle parvint à rester en place, bien que le léger vacillement qu'elle avait pu sentir à un moment lui fasse dire qu'elle ferait bien de reprendre l'entraînement qu'elle avait délaissé depuis son changement de carrière. On ne s'imagine que rarement l'effet que peut avoir ce genre de petites choses avant de se retrouver dans la situation, et ils auraient besoin de toute l'assurance qu'ils pourraient avoir.
Si cela pouvait leur éviter de paniquer tant qu'elle serait à côté d'eux, c'était toujours bon à prendre. Leur entraînement était censé les avoir endurcis tant physiquement que mentalement, mais la nature imprévisible de ce qu'ils trouveraient en face d'eux pouvait très bien faire resurgir des peurs cachées et qui sait quoi d'autre encore. Même les vétérans n'étaient pas à l'abri de braquer sous la pression, alors des novices...

« Ceci dans l'éventualité où nous serions séparés. Autant que possible, tâchez de rester groupés : nous ne connaissons pas les lieux et il n'est pas impossible qu'ils s'en servent contre nous en tentant de nous isoler. Ne partez pas seuls à leur poursuite et attendez les ordres, à moins que vous n'ayez pas d'autre choix. En bref, ne jouez pas aux héros. Vous risqueriez de tous nous faire tuer. » Elle se garda d'ajouter que leurs cibles potentielles pouvaient très bien être accompagnées d'un certain nombre de non-éveillés - voire même avoir des contacts dans la police locale : cela faisait partie des scénarios qu'ils avaient normalement eu à étudier lors de leur formation.
À vrai dire, même ce qu'elle venait de citer faisait partie des règles les plus élémentaires - mais on ne le répétera jamais assez. S'il n'y avait aucune preuve que ces éveillés se soient organisés en bande, elle préférait présumer du pire - d'autant que le fait que l'île n'ait pas encore été mise à feu et à sang par une lutte de pouvoir suggérait qu'il puisse y avoir une sorte d'accord entre eux.

La soute du cargo finit par s'ouvrir, permettant à leur petite escouade de se déployer sur le sol insulaire dans leurs uniformes d'emprunt. Johnson se rapprocha d'elle tandis qu'elle sondait les environs du regard, une main en visière pour se protéger du soleil.

« Joli speech. »

« Vous trouvez ? » demanda-t-elle sans interrompre sa tâche.

« Peut-être un peu trop dramatique sur la fin, admit-il avec un sourire. Vous tenez à les faire détaler ? »

Elle haussa une épaule. « Je les préfère effrayés et en vie que téméraires et dans un cercueil. Et puis, nous sommes censés ramener ces types en un seul morceau ; je me vois mal expliquer qu'ils ont été transformés en passoires parce que les recrues se sont senties un peu trop enthousiastes. »

« Du coup, vous préférez que ce soient eux qui finissent en gruyère parce qu'ils auront eu trop peur de se faire taper sur les doigts pour appuyer sur la gâchette ? » fit-il, pince-sans-rire.

Elle roula légèrement des yeux, commençant à le connaître. Le jour où son mètre soixante et des poussières suffirait à paralyser quelqu'un de terreur... « Toujours le mot pour rire, hein ? Allez, mettons-nous en mouvement. »

L'environnement n'avait rien d'accueillant.
Ainsi qu'ils avaient pu l'observer depuis les hauteurs, le terme de bidonville était encore assez clément pour décrire ce dans quoi ils avaient atterri. Même certains favelas brésiliens auraient pu paraître accueillants en comparaison de l'amas similaire de bric à brac qui semblait constituer la plupart des habitations.
Si aucun d'entre eux ne jugea bon d'émettre un commentaire, elle ne put s'empêcher de ressentir une honte - légère, mais bien présente - à être née dans un pays plus favorisé alors que certains vivaient dans de telles conditions. Elle s'efforça de chasser cette idée de sa tête pour se concentrer sur la mission, et ils se mirent en formation - deux colonnes, chacune menée par l'un des responsables de la mission, glanant déjà des regards curieux voire inquiets sur leur passage alors qu'ils quittaient l'enceinte de la base où ils s'étaient posés.

« Marchesi, c'est ça ? » adressa-t-elle à la jeune femme derrière elle alors qu'ils se mettaient en marche - elle avait toujours été douée pour retenir les noms, mais une fois qu'on a pris l'habitude de voir tomber ceux à qui ils correspondent, ça devient plus une malédiction qu'autre chose. « Gardez la grenade disruptive à portée de main. Je n'ai que quelques bribes de données sur les pouvoirs auxquels nous risquons d'être confrontés, je ne sais pas combien ils sont ni de quoi ils sont capables... Et le bruit des coups de feu porte loin avec des constructions aussi basses. » Elle reporta son regard devant elle. « J'aimerais éviter un mouvement de panique. »
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Oblivion
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En marchant, je tente de chasser le lourd poids qui vient de me tomber sur le cœur et qui se propage jusque dans mes jambes. Je traîne des pieds, trébuche et tremble, baisse les yeux pour ne pas regarder autour de moi et me place comme je peux dans la formation en fixant le sable grisâtre, la respiration faible et les lèvres pincées. J'essaye de ne pas y penser, sans même chercher à faire faillir mon raisonnement... juste à arrêter de lui donner de l'attention. Malgré moi je vois les similitudes; je cherche les différences et tente de chasser la peur. Sens plus qu'éveillés obligé, au loin j'entends déjà de faibles cris et éclats de voix. Je ne suis pas seule...
Un vieux démon à chasser? On dirait que ce n'était qu'hier.

Une large main se pose sur mon épaule sans mettre de force, une première depuis mon arrivée dans les rangs de FIRMAMENT où la plupart du temps, quand quelqu'un me touche, c'est pour me pousser ou pour quelques formalités bien brusques. Cette fois, le contact se veut rassurant. Avant même de relever la tête, je reconnais Bilodeau-Tanguay. Ça lui brûle de dire quelque chose, probablement de me demander ce qu'il y a et si je me sens vraiment prête à faire ça, quelques paroles de trop pour essayer de me remettre en confiance. Il me fixe quelques secondes, puis hoche doucement la tête et va se mettre en file, s'épongeant difficilement le front en marmonnant quelque chose. Pas un mot. Sans y réagir, je parviens enfin à regarder les alentours pour voir où tout le monde est placé. Sous commandement de Traoré, il y a moi, Papanek et Bilodeau-Tanguay, dans cet ordre, suivi de quelques autres dont le nom m'échappe. Dans l'autre colonne, derrière Johnson, vient Keaton et Dmytryk, qui discutent à voix basse en hochant la tête. Ma supérieure me demande de garder la grenade qui a été inclue dans mon arsenal à portée de main, elle pourrait servir bien vite, et je lui réponds d'un signe de tête affirmatif. Pour des raisons de coûts, sans doute, nous n'en avons qu'une, à utiliser judicieusement, mais c'est surtout d'apprendre à qui elle a été confiée qui fait froncer les sourcils de quelques membres de l'équipe. Ma réputation a été bâtie sur l'agressivité, la force physique et la vitesse, mais pas la précision. Mes résultats aux exercices de tir sont médiocres et tout le monde le sait. La question finit par se poser à voix haute, et par qui d'autre?

-Pourquoi Marchesi a la grenade? Elle peut à peine cracher par terre sans rater son coup. Peut-être que Keaton...

-Marchesi a la grenade parce qu'elle est la plus apte à s'approcher facilement sans être affectée si une manœuvre de ce genre est nécessaire. Si Keaton, Bilodeau-Tanguay ou moi-même ayons à utiliser la grenade, nous pourrions perdre l'usage de nos pouvoirs, ce qui selon la situation pourrait être extrêmement problématique. Quant à vous, monsieur Dmytryk... je ne crois pas que vos stratégies habituelles soient bien appropriées à l'usage de la grenade disruptive.

L'éclat de rire bruyant du Québécois déclenche plus de ricanement que la répartie de Papanek et je me retrouve même à sourire, plutôt que de me jeter sur Dmytryk pour lui apprendre la vie. Même Keaton tente de retenir un rictus, là où Taras ne rit pas du tout, attendant le moment où nous serons rappelé à l'ordre. Le moment d'humour passé, nous ne remettons en marche, regardant avec appréhension la silhouette du village se rapprocher. Enfin, si on peut vraiment appeler ça un village... je ne sais même pas comment qualifier ce restant de bidonville qui semble prêt à s'envoler dès le moindre coup de vent. Certains s'échangent des regards exprimant leur malaise, d'autres ravalent leur indignation ou leur horreur. Du coin de l’œil, j'aperçois Bilodeau-Tanguay qui tente de saluer quelques enfants qui nous observent plus loin sans se faire voir par nos supérieurs. Les gamins se contentent de fuir sans répondre. À côté de moi, Jess s'est déjà mise au travail : le regard vide, elle avance avec prudence, guidée par Taras, réagissant parfois à des choses que nous sommes encore trop loin pour voir... Elle cligne des yeux quand elle revient à elle, attend quelques secondes avant de projeter son esprit à nouveau, loin, bien plus loin, et nous donne parfois quelques nouvelles. Le presque docteur du groupe m'a déjà expliqué en quoi consistait son pouvoir et comment elle s'en sert, elle a définitivement de quoi être fière. Ce serait sans doute une adversaire formidable, si elle avait une puissance digne d'une armure...

-Rien en vue. Ils doivent être plus loin.

Ou bien cachés... rien ne promet une route sans encombre et cette mission ne sera pas facile, nous le savons déjà tous. Mon équipement me semble soudain plus lourd et j'ai le cœur qui bat de plus en plus vite, porté par l'adrénaline. C'est bien la première fois que j'ai le trac pendant une mission.
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PNJ Hadès
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La marche était longue, inconfortable et hélas inévitable, aucun camion ne pouvant rouler dans les allées étroites et tortueuses du bidonville s'étendant au-delà du dernier checkpoint. Seul un tank pourrait se frayer un chemin au travers de cet amoncellement de taudis... Mais ils étaient venus pour débarrasser Cité-Soleil de ses habitants les plus dangereusement remuants, pas pour tout détruire sur leur passage.

Elle secoua la tête avec désapprobation en entendant ses subordonnés se comporter comme des enfants se chamaillant au sujet des jouets distribués par leurs parents. Ce groupe avait de la chance de pouvoir compter sur Bilodeau-Tanguay et Papanek pour relever quelque peu le niveau. Comme le faisait remarquer ce dernier, les tomates – l'humour anglais était décidément mort et enterré si ce nom était ce qu'ils avaient trouvé de mieux – généraient un feedback négatif via le Sixième Sens de ceux pris dans leur champ d'action, même si elles n'étaient censées affecter que les phénomènes thaumaturgiques. Cela ne durait qu'un instant et n'était pas dangereux pour un éveillé ordinaire mais ceux pourvus de certaines facultés pouvaient en perdre momentanément le contrôle ; Keaton risquait de subir des dommages neurologiques si la connexion entre son esprit et son corps était perturbée, le canadien de se blesser lui-même ou ses camarades avec une onde de choc mal dirigée et les patients de l'autrichien seraient ravis de se retrouver avec un cancer dû à une mitose accélérée mal maîtrisée. Entre autres.

De tels dysfonctionnements étaient loin d'être systématiques – d'où le fait que les Agences ne se servent pas de ces grenades-ci contre des éveillés en espérant provoquer un accident en leur faveur – mais mieux valait faire preuve de prudence. Cette même prudence qui les amenait précisément à se munir de ce genre d'équipement alors qu'il n'y avait pas d'occultistes ici à leur connaissance : on ne pouvait être sûr de rien, ils n'étaient pas les seuls susceptibles d'être intéressés par les occupants les moins recommandables du bidonville.

« Écoutez quand on vous apprend à vous servir de votre matériel, ça peut vous sauver la vie. » les réprimanda-t-elle sèchement. Elle n'était pas d'humeur à supporter leur conduite désinvolte, pas maintenant. Sa sollicitude avait des limites. « Et concentrez-vous, vous n'êtes pas à un pique-nique ! Dois-je vous rappeler que cet endroit est tellement dangereux que la police n'avait plus osé y mettre les pieds depuis des années jusqu'à ce que les Nations Unies envoient des soldats rétablir l'ordre, que les locaux ont accueilli ces soldats à la kalachnikov et qu'au final l'opération de pacification n'a pas suffi ? Tout cela bien sûr avant que Phénix ne transforme les lieux en boîte de Petri géante dédiée à l'élevage d'éveillés ? »

Apparemment Johnson avait tort, elle ne les avait pas assez effrayés dans l'avion et il était nécessaire d'en remettre une couche. Comme elle l'avait déjà dit à son homologue, elle préférait leur mettre métaphoriquement du plomb dans la tête plutôt que de les voir subir la même chose au sens littéral.

Car s'il y avait bien un élément à retenir là-dedans – ce qu'elle aurait appelé un point positif si elle avait été capable du même optimisme béat que l'homme qui voit le volcan surplombant son village entrer en éruption et attend impatiemment que la pluie de cendres vienne fertiliser ses champs – c'était que les autochtones n'avaient pas peur des invités indésirables. Si les Agences s'enfonçaient trop loin dans le fief de la bande de Black Knights sans l'armure qui avait remplacé les gangs d'antan, ils viendraient d'eux-mêmes à leur rencontre.

Bien sûr contrairement à des hommes en armes Melissa n'aurait aucun moyen de les identifier avant qu'il ne soit trop tard, ils connaissaient mieux le terrain et pourraient sans doute compter sur une supériorité numérique là où les fragiles bâtisses au ras du sol interdisaient aux agents de faire usage des techniques conventionnelles de guerre urbaine... Bref, un véritable cauchemar tactique.

« Cette façon d'avancer à découvert va à l'encontre de toutes nos directives opérationnelles habituelles, j'ai l'impression d'être un cow-boy au lieu d'un agent. » regretta l'américain sans cesser d'inspecter les alentours, disant tout haut ce qu'elle pensait tout bas. « Même à Manshiet ou Rocinha on peut progresser à l'abri des regards et placer des snipers en hauteur. »

En effet, c'était à se demander à quoi pensaient les responsables de Phénix en choisissant cet endroit. Comment comptaient-ils récolter les fruits de leur mise en pratique des préceptes du darwinisme social – sans détruire la moitié du bidonville ou risquer de perdre des dizaines de séides – sachant que les éveillés produits par un tel environnement n'étaient pas du genre à gentiment se laisser faire ?

Un vieux réflexe la poussa à se rapprocher des murs, même si elle doutait que ceux-ci les protègent de grand-chose si un combat venait à éclater. Et cela ne tarderait sans doute pas à arriver : devant eux se dressait une... bannière, elle ne voyait pas comment le décrire autrement, faite d'une bande de tissu rouge suspendue à un poteau et marquée d'un crâne dessiné à la peinture blanche. Le message était on ne peut plus explicite et accentué par la présence de plusieurs objets brillants accrochés au tissu : des plaques d'identification de policiers et de militaires, certaines encore tachées de ce qui ne pouvait être que du sang séché.

« Au moins ce ne sont pas des têtes coupées comme au Mexique. » ironisa Johnson. « Déployez-vous ; Taras, protégez Keaton. »

« Marchesi, Bilodeau-Tanguay, passez devant et de grâce soyez vigilants. Papanek à l'arrière, soyez prêt à tout. Les choses sérieuses commencent maintenant. »

Les gangs exhibaient leurs couleurs et leurs trophées à la vue de tous. Elle savait que la situation avait dégénéré suite à la Colère du Trident, que le gouvernement avait perdu la main sur cet endroit et que le départ momentané de FIRMAMENT, appelé ailleurs pour intervenir sur des urgences en pagaille n'avait rien arrangé mais à ce point-là, en si peu de temps...
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Il était assez évident que Traoré et Johnson n’apprécieraient pas le manque de sérieux dans les rangs, qu’ils nous rappelleraient le danger de la situation. Sans le voir ou l’entendre, je sens déjà que leur façon de faire ne plait pas à tout le monde, les plus optimistes d’abord. Il n’y a qu’à voir Bilodeau-Tanguay, comment il n’a pas fermé sa grande gueule de tout le trajet pour rassurer les autres membres de l’équipe avant notre arrivée, pour faire taire leur peur, pour leur donner un peu d’espoir, pour leur mettre dans la tête qu’ils ont envie de vivre un jour de plus. Et ça marche, je suppose…

-Non madame. S’cusez madame.

Nous reprenons la marche en silence, aux aguets. Une fois de temps en temps, Keaton murmure des directions ou remarque des formes suspectes, mais nous ne trouvons rien de pertinent. La chaleur est étouffante, mon visage me pique sous le masque de latex, et à défaut d’être effrayés, nous devenons tous de plus en plus impatients. Assez du calme, à quand la tempête? Qu’on en finisse, que les craintes promises se montrent enfin.

-Oh shit…

La réaction de Keaton, couplée au mouvement brusque de Traoré, fait sursauter tous les participants, moi incluse, qui lèvent leurs armes et se préparent au combat. Prête à bondir au moindre signe d’hostilité, j’attends qu’il se passe quelque chose, mais rien ne vient et nous continuons d’avancer, guettant la menace. La rousse prend une grande inspiration et encore une fois, son regard devient vide…

-Ce… La voie est libre. Juste que… vous verrez…

En effet, plus loin, nous apercevons ce qui a fait réagir Jess : Un drapeau rouge serti d’un crâne blanc peint et d’une multitude de petites plaques de métal. Je fronce les sourcils en réalisant de quoi il s’agit, là où d’autres retiennent une exclamation d’horreur. Nous y voilà donc. J’ai peur de faire une connerie, d’échouer face à toutes les contraintes qui me sont imposées, mais en même temps, l’envie d’action me démange. Je pourrais rattraper toutes nos cibles sans problème, les mettre hors d’état de nuire en quelques secondes…

-Des gars à nous?

-Non. D’autres qui ont tenté leur chance avant.

-Est-ce qu’ils savaient qu’on allait…

-Pas important. Nous ou quelqu’un d’autre, c’est la même chose.

Keaton me fixe avec indécision avant de se remettre à chercher, son railgun chargé et prêt à tirer. Dmytryk prépare son Gymnot et la suit de près, prenant bien garde de ne pas se trouver dans la trajectoire de la rousse réputée pour son efficacité au tir. Et il n’y a que moi qui sait mieux que lui à quel point un tir de railgun est dévastateur, pour m’en être pris un artificiel, gracieuseté de Wolgorn.

-On est partis…

Le Québecois lance un dernier coup d’œil aux plaques ensanglantées et part devant le groupe, préférant pour l’instant le fusil automatique au Chunjun, surtout vu comment je risque de passer moi-même à l’assaut avant qu’il n’ait le temps de dégainer. Pourtant, quand je tente de le dépasser pour me placer devant lui, il me bloque le passage.

-Pas tussuite. Chuis mieux équipé pour une contre-attaque, faque écoute ben : Si on se fait pogner, je peux tougher plus longtemps vu que j’ai un vrai fusil, pis si y sont plusieurs je garroche une onde de choc pis y sont su’ l’cul, ça t’donne en masse de temps pour te faufiler pis les zapper avec le Gymnot. T’as compris?

Non, je n’ai rien compris. Devant mon silence, Bilodeau-Tanguay se pince l’arrête du nez et me réexplique le plan dans un parler plus comprenable : Il peut distraire l’ennemi plus facilement et je risque d’être mal positionnée si je suis devant lui pendant une attaque. Par les dieux, est-ce qu’il avait vraiment besoin de tout un monologue pour m’expliquer ça? Je l’ai déjà entendu parler correctement pourtant. Je peux m’empêcher de le questionner à ce sujet et il réfléchit quelques secondes avant de répondre.

-Ben déjà, chuis pas pour faker à tout bout de champ pis en mission c’est pratique parce que les ennemis peuvent ben écouter, ils comprennent pas. Toute façon vu l’monde qui m’écoute pas icitte, j’peux ben parler comme que j’veux…

Je ne réponds pas à la pique, me contentant de regarder un peu plus autour de moi. Si à la base il essayait plus de me protéger et de me convaincre de lui parler, maintenant il n’en est plus rien : mon collègue est maintenant très sérieux, me parle comme il parlerait à n’importe qui d’autre ici, un adulte, un soldat… Et il me fait confiance sans me couver. Il va bien finir par comprendre que je l’apprécie plus comme ça.

-Bon, c’est pas qu’on vous entend, mais ce serait bien de se concentrer sur la mission.


-S’cuse Keaton. On est corrects?

-Rien en vue. Vous pouvez avancer.
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Les allées du bidonville bruissaient de la rumeur de l'arrivée d'un nouveau groupe de soldats. Ce n'était plus arrivé depuis des mois, depuis que la fureur de Poséidon avait quasiment coupé l'île du reste du monde. Le chaos s'était propagé dans tout le pays, forçant l'armée, la police et les pouvoirs publics en général à se replier pour protéger la capitale, les grandes villes et autres points stratégiques, abandonnant les zones les plus pauvres, celles qui avaient le plus besoin de leur aide. En leur absence, les gens comme elle s'étaient multipliés. Les ouragans, le manque de nourriture, la crise sanitaire, le retour des gangs et l'explosion de violence avaient fait de cet endroit un Enfer sur Terre dont on ne pouvait s'échapper que de deux manières : mourir ou s'accrocher de toute son âme, puiser en soi-même la force de survivre, creuser de plus en plus profondément dans les ténèbres... jusqu'à trouver la lumière. Le feu. Le pouvoir sous sa forme la plus pure.

Ça n'avait fait qu'empirer les choses : lorsqu'on donnait une flamme à ceux qui grelottaient dans la nuit noire et froide, tous ne se contentaient pas de se réchauffer avec ou de partager cette bénédiction avec leurs semblables. Certains exigeaient qu'on leur donne quelque chose en échange, qu'on mette genou à terre devant eux ; ceux-là s'accommodaient mal de la présence d'âmes plus charitables. D'autres encore préféraient déclencher un incendie et voir brûler ceux qui les avaient relégués à l'obscurité... pour les plus stables d'entre eux, quelques-uns n'avaient aucune limite.

Quant à elle, elle faisait partie de ceux qui voulaient régner, monopoliser ce feu. Mais pour cela il lui fallait se démarquer de ses rivaux, prouver sa puissance ; les forces de l'ordre et les soldats de l'extérieur étaient de parfaits faire-valoirs. Elle n'avait pas eu de chance jusque-là : lorsque les policiers et militaires avaient fini par revenir de leur longue absence – bien après que le courroux de l'Empereur des Océans se soit calmé –, d'autres s'étaient opposés à eux. Des roitelets défendant leurs royaumes tout juste taillés, des pyromanes bien évidemment et même un ou deux philanthropes. Les petits hommes et leurs petits jouets n'étaient pas de taille face à la flamme découverte au cœur des ténèbres ; ils avaient été vaincus, s'étaient enfuis la queue entre la jambe. Ils étaient revenus ensuite, plus nombreux, mieux entraînés, mieux équipés mais ça n'avait pas suffi. Ils avaient fini par comprendre qu'ils ne gagneraient pas et avaient conclu une poignée d'accords puis établi un périmètre de sécurité autour de Cité-Soleil – en prétextant auprès de leurs supérieurs que la recrudescence d'activité criminelle était telle qu'ils ne pouvaient rien faire avec leurs moyens limités –, abandonnant l'intérieur à son destin tout en se donnant l'illusion de contrôler la situation. Ça n'arrangeait pas ses affaires, elle pouvait difficilement se faire un nom dans ces conditions, pas sans se frotter aux autres.

Il fallait agir vite, avant qu'on ne lui vole sa proie : une telle occasion ne se représenterait pas de sitôt. Elle n'avait eu droit qu'à des miettes les dernières fois, n'avait tué que des fuyards à l'esprit combatif déjà brisé. Elle avait apprécié de mettre la main sur le butin qu'elle portait en ce moment-même – pantalon de camouflage, veste tactique par-dessus son vieux t-shirt, elle avait également troqué son pistolet d'origine contre le matériel de qualité supérieure des soldats de la MINUSTAH mais avait par contre décidé de ne pas porter le casque – cependant ce qu'elle récolterait aujourd'hui serait bien plus précieux.

Un sourire cruel se dessina sur son visage alors qu'elle arrivait dans une partie du bidonville où régnait un silence de mort. Elle ne croisait plus personne, les habitants préférant soit se barricader futilement chez eux, soit mettre le plus de distance possible entre eux et l'inévitable sinistre. Ses cibles étaient proches. Elle accéléra encore davantage, sa rapidité déjà digne de celle d'un sprinteur olympique passant cette fois à un niveau proprement surhumain.

Elle ne s'arrêta qu'un peu avant l'apparition de deux silhouettes en uniformes dans son champ de vision, l'avant-garde d'un groupe plus important. Bien campée en plein milieu de la route, les bras croisés et l'air goguenard, elle s'efforçait de projeter l'image d'une combattante endurcie et assurée malgré sa jeunesse – l'objectif étant après tout d'impressionner la population.

« Et bien, qu'avons-nous là ? Vous vous êtes perdus, les minables ? » tonitrua-t-elle sans pour autant oublier de surveiller les armes de la paire de militaires : éviter les balles elles-mêmes était hors de sa portée mais elle pouvait anticiper leurs trajectoires en suivant les mouvements du canon. Elle décroisa les bras et fit exploser son cosmos, produisant une soudaine vague de chaleur accompagnée d'étincelles rougeâtres ; l'air se dilata dans un bruit de tonnerre dont elle n'était pas peu fière. « Vous en faites pas, je renverrai vos morceaux à vos petits copains ! Et j'en laisserai même un repartir en vie pour raconter que vous vous êtes faits botter le cul par Naïma ! »

Ayant fini d'annoncer son nom à la cantonade, elle chargea tout en dégainant d'une main la machette accrochée dans son dos et de l'autre le pistolet passé à sa ceinture. Elle tira en direction du plus petit des deux soldats, plus pour le distraire qu'autre chose. Elle tuerait le grand en premier, le découper en morceaux serait un jeu d'enfant avec sa force et sa vitesse ; elle infusa son énergie dans sa lame, l'abattant sur sa proie dans un cri sauvage : « CRÈVE ! »
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-Cible en vue!

Enfin! La patrouille commençait à se faire longue, à peine ponctuée par quelques questions sans intérêt et rencontres avec des civils qui avaient tôt fait de nous fuir. En entendant l’avertissement, Bilodeau-Tanguay se place pour tirer et je dégaine mon couteau en me préparant à passer à l’attaque, cherchant la cible des yeux. Peu de temps après, une jeune femme vient à notre rencontre, seule, et je lance un coup d’œil interrogateur à mon partenaire qui semble tout aussi confus. Bien que lourdement armée, sa façon de se présenter nous laisse perplexes. Nous nous attendions à un plus gros groupe, à une attaque surprise dans le pire des cas… en tout cas, si le but était de nous surprendre, c’est plus réussi comme ça. Nous restons donc là, interdits, ne l’écoutant même que d’une oreille en vérifiant bien vite que nous n’avons pas été encerclés. Il n’y a vraiment qu’elle… Ce n’est pourtant pas impossible : un éveillé seul peut faire beaucoup de dégâts, mais si nous sommes déjà deux, elle doit soit être très puissante, soit ne vraiment rien savoir sur nous.

-Bon ben…

Je ne sais pas comment réagir autrement non plus. C’est presque à se demander si Traoré avait raison d’être aussi inquiète. Cependant cette femme n’est pas la seule personne que nous sommes venus chercher, et rien ne prouve qu’ils travailleront ensemble, alors nous ne pouvons pas nous permettre de baisser notre garde. Malgré son entrée questionnable, elle semble savoir ce qu’elle fait : Je me jette au sol quand la dénommée Naïma me tire dessus, laisse là mon couteau et prépare mon Gymnot en me redressant, mais avant que je ne puisse réagir en la voyant approcher, Bilodeau-Tanguay passe à l’action. Il tire quelques balles en sa direction sans la toucher, écarquille les yeux en constatant son échec et lève le fusil devant lui comme un bouclier. Malgré moi, j’émets un hoquet de terreur. La lame s’abat sur l’arme à feu dans un flash et s’enfonce profondément dans le métal. Le Québécois hurle quelque chose que je ne comprends pas, sans doute un juron quelconque, et réussit à se libérer une main pour enfoncer son poing dans l’estomac de la femme. Il y a comme un coup de tonnerre et une vague de cosmos me projette quelques mètres plus loin, sans trop me blesser. Secouant la tête pour reprendre mes esprits, je me redresse pour constater que Naïma a aussi été touchée par l’onde de choc et se trouve bien plus loin de nous. Certaines demeures ne tiennent d’ailleurs plus aussi droit… Je reste là à observer la scène, avec au milieu de tout ça Bilodeau-Tanguay qui reprend son souffle, son bras tenant le fusil pendant le long de son corps. Il est vraiment meilleur que je le pensais…

-Calisse Marchesi, pogne-la!

Voilà venu le moment de vérité. Je peux maîtriser cette femme sans aucun problème, la question ne se pose même pas, mais est-ce que je saurai le faire sans attirer de soupçons? Si j’y vais trop fort ce ne sera pas convaincant, mes collègues verront bien que Leticia Marchesi n’est pas qu’une simple éveillée de rang 2 ou peu importe. Et si ça se produit, ensuite je ne sais pas ce qu’il va arriver, mais c’est certain que ça ne se finira pas bien pour moi. Finir tout ça à grand renfort de coup de poing est tentant, mais mieux vaut s’en tenir aux jouets qui nous ont été confié.

Si tu savais à qui tu as affaire, tu retournerais bien vite te cacher dans ton trou…

Je me remets sur pieds et sprinte vers Naïma, dépassant Bilodeau-Tanguay qui courrait déjà vers elle, et attrape mon Gymnot au passage. J’active l’arme dans un grognement et dès que je me croie assez près, je tire sur la rebelle, avec la ferme intention de la plaquer au sol dans mon élan si ça ne fonctionne pas. Ou même si ça fonctionne, vu la vitesse à laquelle je vais…
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Si la dénommée Naïma s'était attendue à une proie facile, Bilodeau-Tanguay à lui seul avait dû suffire à la détromper : la riposte du québécois l'avait éjectée comme une poupée de chiffon, en moins gracieuse. Peut-être fallait-il remercier l'effet de surprise mais même en prenant en compte cette possibilité, l'intervention de Marchesi semblait presque... excessive. La jeune femme peinait déjà à se relever après avoir encaissé l'onde de choc sans protection, se retenait visiblement de régurgiter le contenu de son estomac. Elle vit venir le deuxième agent, paniqua et tenta de sortir de la ligne de mire du Gymnot... en vain. Même en pleine forme, jamais elle n'aurait pu éviter la lance d'électricité qui la frappa à une fraction appréciable de la vitesse de la lumière, la clouant sur place alors que chaque muscle de son corps cessait de lui obéir. En la voyant se faire violemment plaquer par Marchesi après tout cela, Mélissa n'eut qu'un mot à l'esprit : overkill. Les anglophones savaient parfois capturer un concept avec plus de panache et d'éloquence que les français, il fallait bien l'avouer.

« Johnson... c'était quoi ça ? » interrogea-t-elle, interdite et balayant les alentours du regard. Il devait forcément y en avoir d'autres à proximité qui leur tendaient un traquenard et pour lesquels l'écervelée ne jouait que le rôle d'appât !

« Un niveau 2. » l'informa l'américain qui paraissait douter des conclusions de son propre Sixième Sens. « Un petit niveau 2 trop confiant. »

Il fallait se rendre à l'évidence, les mouvements de cette Naïma étaient certes très rapides mais pas au point d'être invisibles aux yeux de la française et les données en provenance des casques des deux agents tendaient également à corroborer cette évaluation. Une jeune idiote aux dents longues qui allait payer cher le prix de ses ambitions.

« Papanek et Taras avec moi. Marchesi, Bilodeau-Tanguay, beau boulot. » enchaîna-t-elle en reprenant le rythme. « Avancez et établissez un périmètre de sécurité plus loin le temps qu'on s'occupe d'elle, coordonnez-vous avec Keaton pour vous assurer qu'on ne soit pas dérangés. Les autres, surveillez nos arrières. »

« Faites ce qu'elle dit. » confirma Johnson au cas où l'un de ses subalternes aurait un problème avec ces ordres. Quatre personnes se regroupèrent donc autour de l'éveillée dont les convulsions commençaient à se calmer et qui essayait sans grand succès de reprendre la parole (« V-Vous allez v-voir, esp-espèces de... ») ; Mélissa se saisit de son fusil d'assaut par le canon et sans aucune aménité assomma la femme à terre d'un coup de crosse en plein visage. Ils la traînèrent à l'écart, hors de portée des regards. L'américain la désarma puis après un instant passé à examiner son matériel appela le canadien et lui envoya le pistolet de sa victime, au cas où son propre équipement ne fonctionnerait plus.

« Si seulement ça pouvait se passer comme ça tous les jours... » songea la française en demandant à ses auxiliaires de tenir fermement la forme inerte en n'ayant pas peur d'utiliser leur cosmos le temps de lui planter l'aiguille d'un pistolet injecteur dans le bras. Elle administra ainsi un calmant mêlé à un cocktail de poisons variés qui la tueraient si elle ne recevait pas les antidotes appropriés dans un délai de 6 heures. Son homologue brandissait quant à lui un second injecteur dont il plaça l'aiguille entre les vertèbres T1 et T2 ; cette piqûre-ci fut si douloureuse que Naïma se réveilla immédiatement en poussant un hurlement perçant avant de s'évanouir derechef. Johnson appliqua un baume spécial et posa un pansement sur la plaie. « Kill-switch provisoire en place et connecté. Ne dites pas ça agent Traoré, vous allez nous porter malheur. »

Ils poursuivirent en fixant une paire de bracelets explosifs aux chevilles de leur prisonnière et enfin vint la dernière étape : sans remord ni hésitation, ils lui cassèrent proprement les deux bras qu'ils immobilisèrent ensuite avec des menottes en plastique renforcées. Un spasme parcourut son corps mais ce fut tout, l'anesthésiant faisait son office. La procédure standard pour les éveillés captif présentant un risque faible mais non-négligeable était achevée.

Les scrupules que Mélissa avait pu nourrir au début de la mission étaient hermétiquement confinés à l'arrière-plan de ses pensées, il lui fallait agir vite et bien ; elle aurait tout le temps de s'apitoyer ensuite si elle survivait à cette journée. Ce qui dans d'autres cas représenterait une atteinte flagrante aux Droits de l'Homme n'était que simple bon sens dans le contexte de la lutte contre les éveillés. De plus et malgré ses manières ridicules – elle ne savait même pas tenir correctement son arme ou attacher convenablement son gilet pare-balles, bonté divine ! –, Naïma n'en était clairement pas à sa première tentative de meurtre, voire son premier meurtre. Ses atours provenaient du cadavre d'un ou plusieurs Casques Bleus et dans cette ville où les habitants récupéraient tout ce qui pouvait l'être, elle n'avait pu se les procurer qu'en étant la première à se servir ; elle arborait plusieurs plaques d'identification autour de son cou telle un ersatz ambulant de la morbide bannière des maîtres des taudis... Et son mal de reconnaissance était palpable lorsqu'elle les avait attaqués sans poser de questions (la question rhétorique pour laquelle elle n'attendait pas de réponse ne comptait pas).

Alors qu'ils chargeaient l'un de leurs hommes de porter la jeune femme inanimée sur son dos, Johnson releva vivement la tête, sentant quelque chose. Il n'eut pas besoin de prononcer un mot pour que Mélissa reprenne son fusil en main et fasse signe à l'autrichien et au biélorusse de se tenir prêt à avoir de nouveau de la compagnie. Marchesi et Bilodeau-Tanguay auraient de nouveau fort à faire...

Un jeune homme hagard et hors d'haleine déboula d'une allée, lui aussi porté par une vitesse surnaturelle, s'arrêtant juste devant leur comité d'accueil. « NAÏMA ! Je te laisserai pas leur faire du mal, tu m'entends ?! Prépa... »

Ses yeux s'écarquillèrent en avisant la scène et le reste de sa phrase se perdit dans une suite de sons incohérents. Il lui fallut quelques secondes pour récupérer du choc... partiellement en tout cas, mais passer d'inintelligible à simplement hébété était déjà un progrès : « Vous... vous l'avez eue ? Comment ? »
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-OK OK OK OK OK!

Bilodeau-Tanguay se rue sur nous avant que je ne puisse continuer le massacre et m'agrippe le poignet pour me forcer à me relever, m'empêchant de frapper Naïma en plein visage pour bien finir le travail. Heureusement pour lui, l’adrénaline retombe assez vite et je ne me débats pas longtemps avant de finalement abandonner, lançant un dernier regard assassin à la figure inanimée avant d’aller chercher mes armes perdues pendant l’attaque. Je raccroche mon couteau à ma ceinture et inspecte mon Gymnot sous le regard empli d’émotions du Québécois, partagé entre l’envie de me reprocher ma violence et celle de me rassurer, de calmer mes appréhensions pour me faire comprendre que le danger est passé. En gros, de faire taire mon agressivité.
Je pince les lèvres et lui tourne le dos, patrouillant autour de la cible sans plus lui accorder d’attention. Qu’est-ce qu’il refuse de comprendre? C’est mon travail de me battre, comme c’est le sien, et si je n’avais pas ça je n’aurais rien. Et il veut me l’enlever, parce que pour lui ça ne devrait pas être, tout en réalisant qu’il est trop tard pour me donner une vie normale. Mais de quoi il se mêle? Je n’ai pas besoin d’un adulte pour faire mes choix à ma place, cela fait bien longtemps…
Je prends une grande inspiration. Ce n’est qu’un rôle. Pas bien loin de la réalité, certes, mais juste un rôle. Pourtant, s’il savait…

-Keaton.

-Euh... Personne en vue. Les civils se sont cachés en entendant les coups de feu, vous êtes tranquilles.

-Faites vite.

Je n’aime pas être isolée comme ça. Mon collègue fronce un peu les sourcils de me voir prendre les commandes du duo comme ça mais ne dit rien, se contentant de faire son travail. Le reste de l’équipe finit par arriver et je reste de marbre face aux remarques que nous recevons sur notre première capture. Les félicitations sont cependant de courte durée : il faut bien vite se remettre au travail en immobilisant Naïma, pendant que Traoré et Johnson finissent de la mettre hors d’état de nuire. J’avais peur de faiblir, mais je ne lâche pas, même si j’essaye de ne pas trop me concentrer sur ce qui se passe, la procédure froide et cruelle, les cris de la victime.

-Tu peux la lâcher, Marchesi.

Tout ça pour un simple niveau 2. Ça n’a rien pris pour l’arrêter. Qu’est-ce qu’ils sont prêts à faire pour les autres? Qu’est-ce qu’ils lui feront après?

-Marchesi?

Je lève les yeux vers Papanek, qui s’est éloigné du corps et qui m’observe sans grande émotion. Je me relève sans dire un mot, espérant qu’il ne dise rien de plus. Les autres l’ont sans doute remarqué aussi, le choc devant la procédure, et ça ne prend pas un dessin pour comprendre pourquoi. Derrière le déguisement, tout le monde sait à quoi je ressemble. Personne n’a cependant le temps de m’interroger ; un cosmos se fait ressentir au loin, les deux superviseurs de la mission le ressentent peu après moi, Keaton avertit le reste de l’équipe et une fraction de seconde plus tard, nous sommes tous debout, arme au poing, attendant que le nouveau venu apparaissent. Aucune trace de la rousse, mais après un temps je vois un reflet métallique entre deux taudis, et une faible silhouette.
Le garçon qui nous rejoint doit à peu près avoir le même âge que Naïma et n’est pas bien mieux arrangé, mais nous ne baissons pas notre garde pour autant quand il s’arrête devant nous. Avant de s’adresser à nous, il s’adresse à la femme, pour ensuite réaliser qu’elle n’est pas en état de l’écouter. Confus, il se tourne enfin vers nous pour avoir des réponses, mais personne ne lui répond et personne ne baisse son arme, sans pour autant se décider à répondre ou à faire quelque chose. Nos ordres ne nous ont pas préparés à ça.

Ça ne prend qu’une seconde. Alors que plusieurs têtes se tournent vers Traoré pour savoir quoi faire, un coup de feu retentit. Nous nous retournons pour apercevoir le nouveau venu qui s’effondre par terre, sa jambe ruisselante de sang, et Taras qui s’approche sans crainte, son pistolet visant cette fois l’épaule. Les réactions sont… partagées.

-Voilà comment.

-Mais kess tu fais là?! Y a rien fait!

-Justement, je n’allais pas lui laisser le temps de faire quelque chose.

Sans prendre part à la dispute qui s’ensuit, Papanek continue de menacer la victime de son arme et m’invite à en faire de même, communiquant aussi avec Keaton pour surveiller les alentours. La poussière retombe bien vite, car Dmytryk a raison, nous ne pouvons pas faire confiance à n’importe qui. La plupart d’entre nous n’ont juste pas eu le temps d’y penser avant lui. Et puis, comparé à ce que nous avons fait à l’autre éveillée, c’était encore faible…

-Nous devrions le fouiller, après je pourrai le soigner. Marchesi peut me couvrir.

Et ensuite, il parlera. Mais pour essayer ça, il nous faut d’abord l’accord de nos supérieurs, qui ne doivent pas apprécier les libertés venant juste d’être prises. Mais personne n’est immunisé contre la panique et l’incertitude et nous y réagissons tous à notre façon. Je réprime l’envie de me masser les tempes, il faut rester concentré sur la tâche… Sans trop se demander si nous venons de faire la bonne chose ou pas.
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« TARAS ! Sombre crétin, refaites-moi un coup comme ça et je vous fous au trou pendant un mois ! » vitupéra la française ; l'américain n'esquissa pas un geste pour interrompre cette engueulade bien méritée, même si la cible était l'un de ses hommes. « La prochaine fois que l'envie vous prend de tirer d'abord et de poser les questions ensuite quand vous n'êtes pas sûr d'avoir un hostile en face, servez-vous de votre Gymnot ! Qui dit que vous n'avez pas touché l'artère fémorale, espèce d'imbécile heureux ?! »

Un cow-boy, pour reprendre l'expression de Johnson, voilà ce qu'était le biélorusse. Un abruti de cow-boy. Elle ne s'attendait déjà pas à grand-chose venant de ces soudards auxquels le Département de la Défense états-unien sous-traitait de plus en plus ses guerres et ce ne serait pas avec un tel comportement qu'ils trouveraient grâce à ses yeux. Elle ne passerait l'éponge pour cette fois que parce qu'il y avait des circonstances atténuantes : ce nouveau zouave avait débarqué juste après l'attaque de Naïma et à ce titre la méfiance était de mise.

Bien sûr, elle pouvait toujours réviser son jugement à mesure que de nouveaux éléments révélaient l'ampleur de la bourde commise par Taras...

« Putain ça fait maaaaaaaaal ! » gémit l'inconnu en appuyant sur sa blessure, le visage tordu par une grimace de souffrance. « Pourquoi vous avez fait ça ?! J'suis venu vous aider merde ! »

C'était bien leur veine, Mélissa savait que les éveillés locaux n'étaient pas tous des criminels endurcis, certains étaient des innocents qui utilisaient leurs pouvoirs pour se défendre... l'un d'eux avait semble-t-il voulu se porter à leur secours et ils venaient de l'estropier. Les résultats de la fouille allaient dans ce sens en tout cas : il ne transportait rien de plus dangereux qu'un bâton et une paire de couteaux ordinaires, pas militaires. Il était vêtu des mêmes frusques de quatrième main que n'importe quel habitant du bidonville, pas des trophées et oripeaux arrachés aux dépouilles de leurs précédents propriétaires dont se paraient les seigneurs de la guerre en herbe.

Elle adressa un regard assassin au fou de la gâchette puis autorisa Papanek à soigner le blessé une fois l'inspection de ses maigres possessions terminée. Elle ordonna également à Bilodeau-Tanguay – puisqu'elle ne pouvait apparemment compter sur personne d'autre... – d'immobiliser le pauvre homme comme ils l'avaient fait avec Naïma. L'objectif était moins de s'assurer qu'il ne puisse pas les attaquer ou prendre la fuite – même s'il y avait un peu de ça, rien ne servait de se voiler la face – que de faire en sorte qu'il ne s'amoche pas davantage pendant que le « docteur » faisait son travail.

Johnson s'accroupit devant l'inconnu, tentant quant à lui de désamorcer cette situation. Il n'essaya pas de prétendre que tout ceci n'était qu'un regrettable accident, qu'ils l'avaient pris pour un camarade ou un semblable de l'autre éveillée ; les agents avaient beau être entraînés à mentir comme des arracheurs de dents, personne ne goberait cette excuse après avoir été témoin de la façon dont Taras s'était moqué avant de lui tirer dessus de sang-froid.

« Calmez-vous, nous sommes désolés, nous allons arranger ça... Comment vous appelez-vous ? »

« VA TE FAIRE FOUTRE ! ALLEZ TOUS VOUS FAIRE FOUTRE ! »

D'accord, c'était mal parti. Et si elle entendait le biélorusse émettre le moindre commentaire sarcastique (tel qu'un « C'est pas un nom ça... »), il aurait vraiment droit à son séjour à l'isolement.
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Plutôt que de hausser les épaules avec indifférence devant l'engueulade de Traoré, ce qui était la réaction à laquelle tout le monde s'attendait, Dmytryk se contente de la regarder avec de grands yeux, à la fois surpris de sa réaction et légèrement condescendant. Certains regardent la scène avec intérêt, moi inclus, pour avoir la satisfaction de voir Taras se faire remettre à sa place, mais les autres détournent le regard en essayant de ne pas trop y accorder d'attention. Ce serait plus facile d'être convaincu par les arguments de Mélissa, la vétérante du groupe, la cheffe, mais la façon dont le Biélorusse refuse de lâcher prise et continue de lui tenir tête instille encore le doute. Il y croit dur comme fer, je pourrais jurer qu'il serait prêt à tirer une nouvelle fois, juste devant nos supérieurs pour prouver son point.

-Vous pensez vraiment...

-Taras, ta gueule. Sérieusement. Ferme ta gueule.


Bilodeau-Tanguay est furieux. Dmytryk aussi. Papanek et Keaton brûlent d'envie de s'en mêler mais gardent le silence pour ne pas empirer les choses. Les autres sont de plus en plus inquiets, ne sachant pas quoi penser. Troquant mon Gymnot pour mon pistolet, qui risque d'intimider plus facilement un possible ennemi qu'un taser, je commence ma ronde autour du groupe, n'accordant qu'un rapide regard au jeune homme qui guette mes gestes en se demandant ce que je fais, craignant une nouvelle attaque. Heureusement, Johnson, Papanek et Bilodeau-Tanguay le tiennent vite occupé, le premier tentant de lui parler avec bien peu de succès après que le dernier ait retiré le piètre équipement de la cible. Alors que le grand Québécois s'apprétait à envoyer une énème pique à Taras pour lui reprocher son geste, il est bien vite rappelé à l'ordre en entendant les insultes de notre nouveau prisonnier. Il ne lui restait déjà pas beaucoup de patience... En s'acroupissant à côté du garçon, il lui attrape le bras et le force à le regarder, en ignorant le reste du groupe. Nous qui croyions que c'était Papanek qui avait tous les talents... Mais le Québécois a plus d'expérience.

-Hey! Écoute-moi... on va arranger ça, je te jure qu'on va arranger ça, mais il faut que tu te calmes sinon on ne peut rien faire. Faque... Donc là, on va prendre une bonne respiration et on va laisser le docteur te réparer ça, dans deux minutes on en reparle même plus, tu vas voir, c'est un pro.

Et il continue de parler au visiteur, sa voix devenant plus douce au fur et à mesure que la conversation avance. Quand l'homme est suffisamment calme, le Québécois se tourne vers notre "docteur" pour que celui-ci prenne la relève.

-... Ah non continue, c'est très bien. Si vous voulez poser les questions c'est maintenant par contre, il faudra lui donner de quoi mordre quand je vais retirer la balle et il ne serait pas en état de parler pendant l'opération.

-OK. Taras, donnes-y ta main.

-Tu peux aller crever.

-Ce serait drôle hein? Pis très mérité. Bon, présentons-nous correctement : Moi c'est Théo, le docteur c'est Benjamin, la petite derrière c'est Leticia et tu connais déjà Taras. Et nous on connait déjà ta chum Naïma... Tu veux nous dire ton nom vite fait, ou on te trouve de quoi à mordre pour faire l’opération?

Un des autres agents nous rejoint et tend un rouleau de coton à Bilodeau-Tanguay, qui le montre au garçon pour lui dire qu’il lui donnera quand il sera prêt. Pendant ce temps, les trois hommes seront très vulnérables, je ne dois pas rater mon coup en cas d’attaque. Je continue de faire les cent pas, de façon à pouvoir obstruer la ligne de mire d’un possible sniper ou autre ennemi. Mieux vaut moi… je peux le prendre. Et puis, Keaton veille aussi, les autres aussi. Mais on a besoin de notre contact, de ce nouvel allié. On a besoin de Papanek, notre seul bon guérisseur, psychologue et autres lames dans un couteau suisse. Et quelque part dans le monde, quelqu’un a besoin de Bilodeau-Tanguay et attend qu’il rentre chez lui. J’aimerais dire que je m’en moque, mais dès que j’y pense je sens une nouvelle indignation se poser sur mes épaules. Ce n’est pas juste. Je devrais m’en moquer, mais ce n’est pas si simple… ce n’est pas comme si je voulais voir des gens mourir.
Je peux le prendre. Pas eux.

[Je te laisse décrire les résultats de la discussion et de l'opération. '^']
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« Je vous dis de réagir de manière plus mesurée, pas de baisser votre garde. » martela la française à la suite du canadien, signifiant qu’elle mettait un terme à cette partie de la conversation. Les électrolasers n’auraient pas rejoint l’équipement standard s’ils n’étaient que de simples gadgets, ils étaient faits précisément pour ces situations où l’on avait besoin d’un outil non-létal pour neutraliser efficacement une cible à la dangerosité incertaine sans trop l’abîmer : là où un niveau 4 pouvait aisément bloquer ou éviter une balle de pistolet, la décharge était si rapide que seuls les niveaux 5 pouvaient y échapper… Et puis il était plus facile de se faire pardonner en cas de bavure si la victime croyait avoir été simplement tasée plutôt que plombée.

De son côté l’américain choisit de ne pas insister après avoir été si grossièrement éconduit, préférant aider Papanek dans son travail en manipulant plusieurs ampoules de son kit médical afin de créer une dose unique combinant un antidouleur léger à du sérum de régénération… et une laisse chimique comme celle qui liait la vie de Naïma aux Agences. Hors de question de baisser leur garde, comme disait Traoré ; il procédait juste de façon plus subtile et discrète que le biélorusse.

Bilodeau-Tanguay faisait des merveilles, le blessé cessa progressivement de s’agiter et, l’évocation de sa congénère aidant – détournant un instant sa colère des soldats pour la diriger vers la jeune femme –, il semblait même disposé à parler. Sans les insulter.

« C’est pas ma… chum. » gronda-t-il en butant sur le mot inconnu. « C’est un vautour c’te fille, on est mieux sans elle et tous les connards dans son genre ! »

Le regard noir et le chapelet d’injures qu’il adressa à l’éveillée évanouie achevèrent de confirmer qu’il ne la portait pas dans son cœur. Puis il se rappela que le canadien avait posé une question et qu’il n’y avait pas répondu : « Osman… j’m’appelle Osman. Et vous êtes qui vous bordel?! »

Et bien, ça n’avait pas duré longtemps. L’ex-anonyme fit un effort surhumain pour ne pas se remettre à leur crier dessus puis indiqua d’un signe de tête qu’il était prêt à se faire charcuter. Il mordit profondément dans le rouleau qu’on lui tendait et l’autrichien administra l’injection puis se mit à la tâche ; Johnson livra l’histoire officielle au patient pour qu’il puisse se concentrer sur autre chose.

« Je suis David et elle c’est Mélissa. » dit-il en complétant les présentations. « Nous sommes un groupe d’intervention spécial de l’armée. Comme les Casques Bleus n’ont pas réussi, le gouvernement nous envoie pour aider à reprendre cet endroit aux types comme Naïma. »

Le jeune homme se crispa et retint ses larmes alors que le toubib triturait ses chairs avec pince et scalpel mais hocha la tête pour montrer qu’il avait compris. Au bout de trente secondes d’examen, ce dernier déclara que la balle avait entièrement traversé – tant mieux, un chirurgien malhabile pouvait aggraver les dommages en tentant d’en retirer une et même s’ils faisaient confiance à Papanek, pourquoi prendre un risque inutile ? – et qu’il passerait directement au traitement de la plaie elle-même.

« Ne soyez pas surpris mais Benjamin n’est pas un docteur comme les autres. » prévint la française ; Osman eut tout juste le temps d’avoir l’air interloqué entre deux respirations pénibles avant que l’intéressé ne fasse usage de son cosmos guérisseur pour assister ses talents plus conventionnels. L’autochtone était au moins aussi stupéfait que quand il avait vu pour la première fois la forme inerte de Naïma vaincue. Les rouages se mirent à tourner dans son crâne et l’étonnement fit place à la compréhension ; crachant le bout de coton au bout d’un moment – entre la substance dans la seringue qui commençait à faire effet et l’aura de l’autrichien, la douleur devait être redescendue à un niveau supportable – il les dévisagea tour à tour.

« Alors c’est comme ça qu’vous avez fait… Mais j’dois vous dire, vous êtes dans la merde et j'crois qu'vous l'méritez un peu, surtout lui là. » dit-il en donnant un coup de menton en direction de Taras. Puis il pointa Naïma, toujours inconsciente : « Des comme elle y’en a plein d’autres et c’est comme si vous aviez une grosse cible qui clignote peinte sur la tronche. Les soldats pour eux c’est du gibier. »

Ils avaient vu ça, oui… et Mélissa comprenait pourquoi. Au-delà des problèmes avec l’autorité qu’avaient les habitants des bidonvilles partout dans le monde, le cas de Cité-Soleil était particulier, la faute au modus operandi de Phénix. Ce tas d’ordures capitalistes sélectionnait des zones très pauvres et très peuplées de pays aux gouvernements éminemment corruptibles et faisait tout ce qui était en son – considérable – pouvoir pour plonger leurs habitants dans les tréfonds de la misère la plus noire, des souffrances les plus atroces, du désespoir le plus abject. Les autorités locales avaient dû servir d’instrument à ces machinations : combien de convois d’aide humanitaire n’avaient jamais atteint leur destination, combien de criminels avaient été délibérément ignorés, combien d’exactions avaient été sciemment commises à l’encontre de la population pour transformer cet endroit en parfait vivier d’éveillés ? Quelle que soit la réponse, les locaux avaient d’excellentes raisons d’être en colère… même si les soldats de la MINUSTAH n’avaient rien à voir avec Phénix, dont l’emprise malsaine avait été brisée il y a de cela quatre ans. Même si les monstres engendrés par le conglomérat s’étaient depuis faits les successeurs de leurs créateurs.

Papanek travaillait vite et bien, la jambe d'Osman fut bientôt bandée et désinfectée. Il était temps d'entrer dans le vif du sujet.

« En effet, mais vous êtes venus à notre secours malgré le danger ; je vous en remercie et je m'excuse encore pour le comportement de mon subordonné. Si vous acceptiez de nous guider, nous pourrions trouver ces autres avant qu'ils ne nous trouvent et vous en débarrasser. Qu'en dites-vous ? »

Le jeune homme grimaça en essayant de se relever – Johnson ayant fait signe à ses gardiens de le laisser faire tout en se tenant prêts à intervenir –, le regard toujours fixé sur le biélorusse. Il fronça soudain les sourcils au moment-même où Keaton poussait une exclamation alarmée. Deux cosmos en approche ; si l'affrontement avec Naïma n'avait pas suffi à alerter tous les éveillés aux alentours, le coup de feu avait dû s'en charger. Encore un bon point pour le Gymnot...

« Peut-être... » concéda l'autochtone, même si le ton manquait singulièrement de conviction. Elle espéra que ce n'était dû qu'au scepticisme et pas à la rancœur.
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-Inquiète-toi pas pour nous, comme… comme Mélissa dit, on est pas là pour se laisser faire. T’es fait fort Osman, moi première fois j’me suis fait tiré dessus, j’ai cru que j’allais perdre connaissance. Pis… ouin, j’ai perdu connaissance. Mais quand je me suis réveillé...

-On veut pas savoir.

-Ta yeule Taras, c’est à cause de toi que j’ai à conter des trucs de même, faque j’va la finir la criss d’histoire.

-C’est bon Théo, j’ai terminé.


Le travail du « docteur » terminé, Osman se relève avec difficulté et nous le laissons faire sans intervenir. Je lance même un rapide coup d’œil pour regarder un peu la chose, par curiosité, mais pas longtemps : Même avec son talent, Keaton ne peut pas être partout à la fois, et si quelque chose ne va pas il faut que quelqu’un soit prêt à intervenir rapidement. Moi de près, Jess de loin… et les autres qui finissent de cuisiner notre nouvel ami en toute tranquillité. Je doute que Bilodeau-Tanguay l’admette, mais c’est ce qu’ils font. Ils en extorquent ce qu’ils veulent et ensuite… Malgré sa… presque bonne volonté, je ne sais pas ce qui adviendra d’Osman après.
Pour l’instant, ce dernier ne nous dit pas grand-chose, ou plutôt n’en a pas le temps : avant qu’il ne puisse nous donner plus d’informations sur les cibles potentielles en ces lieux, la rousse nous crie que quelqu’un approche. Les plus expérimentés se préparent déjà à passer à l’action, les autres réagissent un peu plus lentement en tentant de faire pareil. Papanek attrape Osman par le bras pour l’éloigner, rangeant ses derniers outils avant d’attraper son Chunjun en contrôlant tant bien que mal sa respiration, et Bilodeau-Tanguay tente de nous trouver un bon plan.

-Okay, j’y vais… Les autres, tenez-vous prêts.

-Je viens.

Le Québecois tourne rapidement la tête vers moi et vient pour dire quelque chose, de quoi m’interdire de partir, mais je ne lui laisse pas le temps. J’épaule mon Gymnot et part à la course, ignorant ses cris de rage. Je suis mieux placée pour me mettre en danger comme ça, je suis plus agile, plus forte, et mieux équipée… je l’entends maugréer et jurer dans sa langue en me rattrapant.

-Sacrament, Marchesi… Okay, okay, pars sur la droite, on fait comme si on les contournait pis on se rend en arrière, on les fait avancer encore un peu pis Keaton va pouvoir nous couvrir, pis après les autres vont embarquer. S’ils veulent pas d’trouble, on les ramène pareil, ils veulent peut-etre juste jaser. Sinon… ben la routine, là.

Je hoche la tête et nous continuons à avancer, jusqu’à avoir les deux nouveaux venus en joue. Je vise celui le plus près de mon Gymnot, pendant que le Québecois surveille celui le plus éloigné en brandissant son Chunjun. Nous voilà reparti… Bilodeau-Tanguay se pare de son plus beau français pour lancer d'une voix forte:

-Hey! Qu’est-ce que vous faites ici?
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Les deux éveillés couraient côte à côte ou du moins faisaient de leur mieux pour y parvenir dans le peu d'espace que leur laissaient les allées du bidonville. Le plus jeune d'entre eux était un homme trapu mais musculeux, aux avants-bras tatoués et au cou paré d'une clinquante chaîne en or, mais ce qui attirait l’œil c'était la longue cicatrice qui remontait jusqu'au visage, mal dissimulée par le bijou. Il se retenait visiblement – et avec une irritation palpable – de distancer le second, un vieillard noueux aux yeux cernés dont la pauvre carcasse ne semblait capable de se mouvoir que par l'action du cosmos.

Le balafré s'arrêta net en se rendant compte qu'on les prenait à revers ; son congénère hors d'haleine par contre ne réalisa qu'il y avait un problème qu'après l'avoir dépassé. Il se retourna vers son compagnon plus vigoureux, voulut poser une question mais fut interrompu par l'interjection du canadien.

« C'est à vous de me dire ce que vous faites là, raclures ! » aboya la brute en brandissant une barre de fer vers celui qui avait parlé. « Z'êtes qui et pourquoi vous venez vous mêler de nos affaires, d'un coup ?! Ça vous a pas suffi la dernière fois ?! »

Le vieil homme ne paraissait pas à son aise, observant craintivement les armes des agents ; un regard noir dans sa direction le força à faire montre d'un peu plus de contenance. Il sortit des plis de ses vêtements trop grands une paire de couteaux qui avaient vu des jours meilleurs.

Ayant ordonné à l'arrière-garde de se cacher derrière un taudis pour mieux dissimuler leur nombre ainsi que leur prisonnière, Mélissa s'adressa à Osman : « Vous les connaissez ? »

« Ben... celui qu'est tout desséché c'est Haïlé. Le gueulard je sais pas qui c'est. » répondit-il, incrédule.

C'était un début : Cité-Soleil étant relativement peuplée – les registres officiels indiquaient environ deux-cent mille habitants mais le chiffre réel devait être au moins deux fois plus grand –, elle ne s'était jamais attendue à ce qu'une seule rencontre fortuite lui livre tout ce qu'elle voudrait savoir sur un plateau d'argent. Johnson essaya de creuser plus loin tout en prenant garde à ne pas adopter un ton trop pressant : « Que pouvez-vous me dire sur Haïlé ? »

Le jeune autochtone hésita. Il ne leur faisait pas encore confiance : ils avaient beau avoir échangé leurs noms, ils restaient des étrangers qu'il ne connaissait que depuis quelques minutes... et qui lui avaient tiré dessus en guise de présentations. « Il... il devrait pas être là, il est pas aussi con que Naïma ! Ni aussi mauvais... »

Ils auraient préféré des renseignements d'ordre un peu plus pratique mais tout était bon à prendre. L'américain envoya Taras couvrir Keaton tandis que la française transmettait l'information à ses subordonnés. Elle tenta d'arracher quelques bribes supplémentaires à Osman toutefois ce dernier semblait peu enclin à se montrer loquace. Est-ce qu'il ne pouvait pas en dire plus ou est-ce qu'il ne voulait pas ? Il ne fallait pas surestimer l'importance de ce qu'il pouvait leur apprendre – les agents avaient l'avantage du nombre, de la qualité du matériel et de la condition physique – mais mieux valait mettre toutes les chances de leur côté.

« J'vais compter jusqu'à dix. » gronda le costaud. « Si vous vous êtes pas barrés d'ici-là, vous servirez d'exemple pour les autres ! Un... deux... trois... »
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Si seulement il n’y avait eu d’Osman.

Si seulement ça avait pu être comme Naïma, juste une autre cible à neutraliser sans plus de conséquences. Si nous pouvions ne pas avoir à nous retenir, de peur de frapper un innocent qui promet un semblant d’aide. Si on pouvait ne pas en avoir désespérément besoin, ce qui nous fait hésiter qu’encore plus, vraiment… Ce n’est pas bien difficile, du moins pas encore. Mais l’incertitude nous tient à carreau. Il n’y a qu’à voir la réaction de Taras. Moi aussi, j’aurais probablement réagi comme ça, ou du moins, j’aurais aimé pouvoir le faire, au moins pour me rassurer sur ce que nous sommes venus faire ici.
Mais le supplice de la femme me revient à l’esprit et d’un coup, mon cœur se vide de son impatience. Comment puis-je oublier ce qui se passe lorsque l’un d’entre eux nous tombe dessus? Je peine à respirer. Comment dans une simple frustration, j’ai pu oublier quelque chose qui m’a pourtant paralysé sur place quand c’est arrivé, pour de bonnes raisons… Et juste comme ça, je l’ai ignoré?
C’est ce qu’il faut.

Je rassemble mon courage et prends une grande inspiration malgré la sensation de brûlure dans mes poumons. Arrête d’y penser. Concentre-toi sur la mission et tout ira bien. Une chose à la fois…

Nous rejoignons bientôt deux silhouettes masculines, l’une qui se révèle être un solide gaillard tatoué et à l’allure bien peu aimable et l’autre, bien plus vieux, le suit avec difficulté avec l’air de quelqu’un qui ne sait pas où il va. Il ne nous prête pas beaucoup d’attention et ne regarde que son compagnon de voyage, jusqu’à ce la voix de Bilodeau-Tanguay le pousse à tourner la tête vers nous. La réaction du plus jeune des deux est rapide et violente, il ne perd pas de temps à nous renvoyer la question en agitant son arme pour bien signifier qu’il ne plaisante pas. Au premier mouvement, je lève mon Gymnot et vise le civil sans aucune hésitation, le doigt tendu sur la gachette et rien qui ne laisse croire que je pourrais bluffer. Et à quoi bon? Moi je sais que l’arme n’est pas létale, mais pour eux ce n’est qu’un fusil comme les autres et à cette distance, les chances d’esquiver ne sont pas bien hautes. Les discussions du reste du groupe résonnent en sourdine dans mes oreilles alors que Johnson et Traoré tentent de se procurer de nouvelles informations, sans grand succès. Le biélorusse se dépêche de rejoindre Keaton, qui annonce d’une voix absente :

-J’arrive.

-Par pitié, ne faites rien de stupide…

Je pince les lèvres et resserre ma prise sur mon arme. Facile à dire. Le grand Québécois entreprend tout de suite de calmer le jeu, surtout après les menaces du nouveau venu qui ne semble pas vouloir de nos explications.

-Relaxe là, on…

-À dix, je tire.

Coupé dans son élan, mon partenaire me fixe avec de grands yeux horrifiés, alors que je fais quelques pas de plus en direction des deux nouveaux, sans peur. Ma voix est de glace, mais se réchauffe graduellement sous la frustration. Ne pas penser à après.

-Tu veux continuer ou je compte pour toi?

-CALISSE! Baisse ça! On est là pour aider!

Mais je ne bouge pas et continue de viser le plus grand des deux, nullement intimidée par sa carrure. Je tiens tête à plus grand et plus fort tout le temps, rien chez moi n’ayant quoi que ce soit d’imposant, ce n’est pas un petit criminel pauvre qui va me faire flancher. Je capte du coin de l’œil Bilodeau-Tanguay qui écarte lentement ses bras et je panique. Qu’est-ce qu’il fait?! Je ne peux pas le surveiller en même temps que les deux autres! Je me retiens de me retourner, retenant quelques insultes de justesse, alors qu’il continue de parler d’une voix calme. Je me doute déjà qu’il accorde plus d’attention au vieux, Haïlé, qu’à l’autre…

-On sait c’qui s’passe ici… on est là pour aider. On a déjà croisé d’autres comme vous pis croyez-moi quand je dis qu’on est capables de vous gérer.

-Cible en vue. Permission de tirer, Traoré?

-À cette distance…?!

-Vous pouvez venir avec nous ou vous pouvez partir, mais choisissez-vite. Ma collègue est pas patiente.

Le ton est plus dur pendant sa dernière phrase mais je ne réagis pas, concentrée sur ma tâche. Difficile de faire autrement, maintenant. Au moins Théo a une vue d’ensemble sur tout le monde… et Keaton aussi, évidemment. Mais même si elle se dit prête à tirer, je ne la vois pas, et Dmytryk semble croire qu’elle n’est pas assez près. Le mieux à faire est de tenir ma position et rester inflexible.
Et d’arrêter de trop réfléchir.
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« Toussaint, calme-toi... » implora le vieillard. Sans succès : la brute le fixa comme s'il avait l'intention de le frapper mais ne cessa pas son décompte. Dans le même temps, son cosmos enfla, plus puissant et légèrement mieux maîtrisé que celui de Naïma. Après un bref temps de latence, Haïlé déploya à son tour et avec regret sa propre – et moins impressionnante – énergie ; une pellicule iridescente scintilla à la surface de leurs corps et disparut aussitôt.

« Quatre... Cinq... » énonça le musculeux individu en faisant jouer ses articulations et détaillant successivement ses futurs adversaires.

« Le gros s'appelle Toussaint. » répéta la française en s'adressant à Osman, trop loin pour entendre sans le bénéfice des communicateurs ; ce nom-ci sembla lui arracher une réaction.

« Six... Sept... Huit... »

« Fumez-le, z'avez ma bénédiction. » rétorqua l'autochtone, la mâchoire soudain crispée, le visage dur. Un nom connu donc, même si les deux éveillés n'avaient jamais dû se croiser en personne. Johnson et Mélissa n'allaient toutefois pas le laisser leur dicter leur comportement et celui de leur hommes : oui ils se sentaient responsable des actes de Taras et accordaient une relative importance aux informations du jeune homme mais eux non plus n'étaient pas encore prêts à faire confiance à quelqu'un qu'ils venaient à peine de rencontrer. Ces choses-là marchaient dans les deux sens, ils prendraient peut-être son opinion en considération mais ils détermineraient eux-mêmes qui étaient les innocents et les criminels.

« Protocole standard 3. » annonça simplement l'américain à leurs auxiliaires. Une formation flexible et prudente visant en priorité à protéger les soldats en leur permettant de se couvrir les uns les autres en cas de danger tout en utilisant leur supériorité numérique pour attaquer l'ennemi depuis plusieurs directions. L'utilisation des armes non-létales serait préférable dans les limites du possible ; en cas de difficultés, les combattants avaient toute latitude pour recourir au reste du matériel en essayant là encore de ne pas blesser l'ennemi plus que de raison. Mais si la menace devenait sérieuse, ils étaient autorisés à prendre des mesures plus... drastiques.

« Neuf... »

Non qu'il pense que cela soit nécessaire : d'après son Sixième Sens, ils ne faisaient face qu'à une paire de niveaux 2 de classe intermédiaire.

« DIX ! » hurla Toussaint... et son image ainsi que celle de son acolyte se fragmentèrent immédiatement, créant le spectacle bizarre d'improbables chimères avec trop de têtes et de membres, comme s'ils se ruaient simultanément dans plusieurs directions. Et pendant un instant, chacun de ces mirages dégagea sa propre aura. Un instant seulement mais le balafré avait profité de cette confusion sensorielle pour sortir de la trajectoire du Gymnot et bondir sur Marchesi, abattant son gourdin métallique de toute sa force d'éveillé tandis qu'un petit tourbillon d'énergie se formait dans son autre main. « Bouffe-toi ça ! »

Quant au vieil homme, il choisissait d'attaquer Bilodeau-Tanguay, utilisant ses deux lames en tandem afin d'exploiter d'éventuels points faibles ouverts dans la défense du canadien par le maniement de son épée. Les illusions s'étaient effacées aussi vite qu'elles étaient apparues ; à son niveau, Johnson doutait qu'il soit capable d'en générer de nouvelles aussi rapidement.

On était jamais trop prudent cela dit. « Passez en mode ultraviolet ! »
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En voyant que le dénommé Toussaint ne se laisse pas impressionner par le fait que j’aie une arme pointée en sa direction, je pince les lèvres et lève le canon un peu plus haut. Très bien, il l’aura voulu.

-Attends!

Mais qu’est-ce qu’il fait?! Il va nous faire tuer! Je brûle d’envie de simplement tirer et en finir là, sans aucun autre problème, mais Bilodeau-Tanguay continue de parler, cette fois au vieux, et les autres se joignent au conflit. Le reste se passe très, très vite.

-Marchesi, Théo, reculez, ils ne vont pas coopérer!

-Sérieux, un oui ou non c’était trop demander?! Jess, tire!

-Ta gueule Taras, tu me déconcentres!


-Toussaint, t’as pas besoin de faire ça, toé pis Haïlé vous pouvez…


-DIX!

Les abrutis! On avait un avantage et ils ont tout gâché! J’aurais pu neutraliser l’éveillé si Théo n’avait pas ouvert sa grande gueule, et maintenant tout se passe exactement comme ils le veulent! Maintenant c’est nous les victimes, et malgré la tentative de négociation du Québécois, ni Toussaint ni Haïlé, qui ne semble toujours pas vouloir être là, ne sont prêt à déclarer forfait.

-RAAAAH!

Je finis par tirer, mais la lance électrique ne frappe rien. Là où se trouvait la cible il y a une fraction de seconde, il n’y a qu’une absurde copie fait de multiples membres et projections de cosmos aux couleurs improbables. Comme ces jouets… des… kaléidoscopes, je crois. Pour ce que ça change.
Je hais les illusions.
Merde! Pas le temps d’esquiver, il va falloir encaisser le coup. Faute de pouvoir savoir d’où l’attaque va venir, je laisse tomber le Gymnot et lève les bras devant mon visage pour me protéger la tête. J’ai juste le temps de voir Bilodeau-Tanguay engager le combat contre Haïlé. Une autre onde de choc ne serait pas de refus…!

La barre de fer s’abat sur mon poignet gauche avant de glisser sur la visière de mon casque, fissurant le verre. Le choc se répand néanmoins sur tout mon crâne, obscurcissant ma vision et emplissant mes oreilles d’un curieux son. Ce serait probablement pire, si ce n’était pas de mon poignet. On dirait qu’une bombe vient d’exploser entre mes os, et mes doigts sont parcourus d’un douloureux spasme. Je hurle, mais pas de douleur pour bien longtemps.

De son côté, Bilodeau-Tanguay ne va pas bien mieux. Il est plus rapide que Haïlé, mais n’est pas aussi habile avec sa lame et ne parvient pas à bloquer tous les coups correctement. Son équipement encaisse certains coups, mais le sang commence à couler. Le problème est qu’il ne frappe pas en retour. Il y tient vraiment jusqu’au bout, ce con…

-Bordel, le vieux bouge trop!

-Tire l’autre!

-Je peux pas sans blesser Marchesi!

-Fais-le!

-Oh non…


Je vais le tuer. La vision ultraviolette vient par vague dans ma visière brisée sans jamais rester assez longtemps, mais je m’en moque. Ce sont mes sens les plus primaux qui me guident maintenant, comme ils l’ont toujours fait. Je n’ai pas besoin de gadgets ou d’équipement spécial. Pas quand j’ai toute ma rage.
De ma main valide, j’attrape le bras de Toussaint, celui où le cosmos recommençait à affluer, et le tord sans pitié jusqu’à le forcer à se baisser pour être à ma hauteur. Mon regard croise le sien, avant que je ne lui assène un terrible coup de boule qui finit de briser ma visière. Je crois que mon masque a commencé à tomber aussi…
Je vais le tuer! Sans attendre, je le jette au sol et continue de le marteler de coups de pieds comme de coups de poings, ne ressentant pas la douleur de ma main blessée, même si elle fait évidemment bien moins de dommage. Ma vision est embrumée, les voix dans mes oreilles sont distordues et inhumaines, et tout mon corps me brûle…

C’est ma blessure à la tête qui finit par me rattraper.

Sans vraiment remarquer mon vertige, je finis par ralentir la cadence jusqu’à arrêter complètement, ressentant de plus en plus la nausée et le mal. Ma gorge est sèche et le masque de latex imbibé de sueur peine à rester attaché à mon visage. Je ne m’épuise pas si vite, normalement… Ravalant avec difficulté ma salive, je relève la tête pour voir ce qu’il advient de mon collègue québécois. Il me voit aussi, et tente de reculer pour échapper au combat. Haïlé est toujours intact…

-T’es pas obligé de l’écouter, OK? On peut te protéger des gars comme lui…

En serrant les dents, j’avance vers les deux hommes et attrape Haïlé par derrière en enroulant mon bras autour de son cou, grimaçant en sentant la force exercée sur mon poignet blessé.

-NON!

-Mais qu'est-ce qu'elle fait?!


Théo brandit son Chunjun, plus par réflexe après avoir été tiré aussi abruptement de son combat, en secouant rapidement la tête pour me dire d’arrêter. Comme si j’allais faire ça. Je sens les os fragiles du vieillard contre mon bras alors que j’exerce de plus en plus de pression à chaque fois qu’il tente de se débattre. Éventuellement, le manque d’air aura raison de sa résistance. Peut-être qu’après ça, j’arrêterai. Ou peut-être que mes propres blessures m'affaibliront trop. Qui sait. Je me moque pas mal de savoir. Tant que je peux continuer.
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Johnson jura : la cohésion de leurs rangs s'était envolée et l'affrontement dégénérait en pugilat. Les tireurs ne pouvaient pas jouer leur rôle dans cette mêlée confuse ; non contente de le mettre inutilement en danger, l'indécision du canadien se répercutait sur ses camarades, tout particulièrement les trublions de service, Marchesi et Taras. Qui était l'abruti congénital qui avait jugé ces recrues aptes à rejoindre les équipes de terrain ?!

Osman voulut participer au combat mais Traoré l'en empêcha, aidée en cela par le mauvais état de la jambe du jeune homme. Bon réflexe, ils n'avaient aucune idée de ses capacités, leurs agents – même s'il commençait à se demander s'ils méritaient vraiment ce nom – ne pourraient pas se coordonner avec lui faute de communicateur et d'entraînement en commun et finalement il n'avait pas de combinaison protectrice pour bloquer les tirs alliés. Le fait que les combattants aux prises avec les éveillés locaux en aient une chacun ne rendait ce spectacle que plus inexcusable.

« Sale petite... ! » commença un Toussaint sévèrement amoché mais étonnamment résilient, parvenant à se remettre sur pied après le tabassage en règle qu'il venait de recevoir. Le reste de l'invective se perdit dans un cri inarticulé alors que son aura ravivée se concentrait en une spirale lumineuse qu'il expulsa vers la jeune fille. Son compère poussé par l'énergie du désespoir conjura une nouvelle explosion kaléidoscopique ; cela ne lui serait pas d'une grande aide dans sa situation mais les choses seraient différentes pour la brute...

Ou pas. Comme pour beaucoup d'illusionnistes du dimanche, les mirages d'Haïlé n'étaient présents que dans le spectre de la lumière visible et n'affectaient en rien les autres fréquences : les détecteurs d'ultraviolets indiquaient clairement aux agents la position de leurs adversaires. Mélissa mit le balafré en joue et le cueillit d'une décharge de son électrolaser, trop faible à cette distance pour l'assommer du premier coup mais suffisante pour provoquer un brusque raidissement de ses membres, laissant le temps à l'américain de le gratifier d'une grenade assourdissante. Étourdi par l'attaque sonore, l'éveillé tituba, portant une main à son oreille endolorie et décochant au hasard des impulsions cosmiques avec l'autre ; protégés par le dispositif de contrôle actif du bruit intégré à leurs casques, les mercenaires devraient être capables d'exploiter cette vulnérabilité... après qu'il les ait réprimandés bien sûr.

« Taras, Keaton, qu'est-ce que vous faites ?! Les grenades et le Gymnot c'est pas pour les chiens, servez-vous-en si vous ne pouvez pas utiliser le reste ! »

Pourquoi croyaient-ils qu'on leur fournissait des tenues hermétiques, ignifugées et électriquement isolantes...

« Haïlé, fais pas le con, rend-toi ! Tu vas pas crever pour c't'ordure quand même ! »

Entendre le jeune autochtone se joindre aux supplications de Bilodeau-Tanguay n'était pas si surprenant ; voir le vieillard l'écouter et se débattre avec de moins en moins de vigueur par contre... Ou peut-être que ses yeux lui jouaient des tours et que le pauvre homme était juste en train de perdre connaissance à cause de ce qu'il était en train de subir, il ne saurait dire.
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Le dernier mécanisme de défense de Toussaint se répercute durement sur mon équipement endommagé, dont la visière continue de clignoter avant de s’éteindre complètement. Je ne lâche toutefois pas son compère, grimaçant de douleur sous ses assauts sans pourtant abandonner. C’est Haïlé qui est à l’origine des illusions, si on se débarrasse de lui on pourra mettre l’autre hors d’état de nuire en un tour de main. Ils ne sont même pas si forts que ça…
Alors pourquoi sommes-nous encore là à galérer?

La voix de Keaton résonne avec un grésillement dans mon casque, avec une hésitation que je ne lui connaissais pas.

-OK, OK, on y va… bon sang… Bilodeau-Tanguay, sors Marchesi de là, Taras et moi on s’occupe du reste.

-Ça ira, tu verras. Occupes-toi du vieux, ça devrait pas être bien dur.

Pas besoin de se le faire dire deux fois… Bilodeau-Tanguay fonce vers moi et m’attrape le bras pour me tirer plus loin de Haïlé, ce qui m’arrache une plainte sourde et un violent étourdissement qui m’empêche de rester debout. Maintenant, le Québécois n’hésite plus et quitte les lieux en me traînant derrière lui, me soulevant de terre dès que je n’arrive plus à le suivre pour rejoindre Papanek, qui nous attend un peu plus loin, les lèvres pincées et le visage rouge. Du moins, c’est ce que je crois voir, quand Théo me laisse enfin tomber en position assise par terre. Pendant ce temps, Taras fonce vers Toussaint pour le foudroyer de son Gymnot, et Keaton plaque le vieil Haïlé par terre pour aider Traoré à lui mettre des menottes, ou n’importe quoi pour l’immobiliser.

-Enlève son casque et tiens-lui la tête. Dès que j’ai fini, tu lui remets.

-Je…

-Non, toi, tais-toi.

C’est ridicule! Je me débats, mais Bilodeau-Tanguay me retient jusqu’à ce que je recommence à faiblir, en profitant pour retirer mon casque et m’immobiliser contre lui en me retenant d’une main sur la nuque. Papanek s’approche et me tend un rouleau de coton sale que je reconnais tout de suite, et je secoue la tête, mais le docteur ne me laisse pas faire et c’est de force qu’il m’enfonce le coton dans la bouche. C’est dégoûtant… Cela fait, le chauve plaque ses mains contre mes tempes et je sens déjà son cosmos me picoter la peau. Ça va faire mal.

-Ghh!

Mon cri est étouffé par le rouleau de tissu souillé, alors qu’une nuée de chocs électriques me parcoure le cerveau et le visage. Ma vue se remplit de couleurs psychédéliques improbables, mais seulement le temps d’un spasme ou deux, ensuite tout arrête. La douleur n’est plus, seulement un vague bourdonnement bien enfoui dans ma tête. Bilodeau-Tanguay me relâche et je me redresse tranquillement, faisant bien attention à ne pas me brusquer, en crachant le coton. Comment un simple… quoi, niveau 2? Un simple niveau 2 a pu me blesser comme ça…? À croire que sans cosmos, les choses sont vraiment plus difficiles…

L’autrichien m’ignore déjà pour passer la main sur les blessures de Bilodeau-Tanguay, n’arrêtant que le saignement avant de poser des pansements.

-Coudonc, ça fait pas si mal que ça…

-Ce ne sont que des entailles. Regarde bien.

Une fois le dernier pansement mis, Papanek revient vers moi et m’attrape le poignet pour le tordre sans pitié, m’arrachant un hurlement de douleur et un horrible craquement dans mes os. Mais le cosmos régénérateur du chauve continue de faire son travail, malgré les nouveaux tremblements du docteur. Il est à bout…

-C’est bon, tu as bien prouvé que tu étais la plus forte et la plus dure?! Je t’ai fait confiance, Leticia!

-…

-J’ai dit que je pouvais t’aider et regarde-toi! Quand tu fais des coups comme ça, on passe les deux pour des incompétents! Alors refais ça une nouvelle fois et je te jure que tu vas passer le reste de tes jours derrière les rangs à me servir d’assistante, et crois-moi, je vais te le faire payer.

-… Pardon…

Face à sa voix dure qui ne me laisse pas placer une seule réplique, je ne peux que baisser la tête. Plus que Théo et les autres, Papanek est garant de mon état et de mon efficacité sur le terrain, sans lui je serais encore coincée à la base, trop instable, pas prête… est-ce que c’est vrai? Chez les Spectres, malgré les entraînements de Lachès, je n’ai jamais été sur le terrain, je n’ai jamais pris part à un combat qui demandait tant de discipline, je n’ai jamais été dans une situation qui prouvait à quel point je n’étais pas prête…
Mais ce ne sont que des humains… même pas assez puissants pour rendre leur cosmos visible… qu’est-ce que je fais à accorder de l’importance à ce qu’ils pensent?

-Calisse… t’aurais pu les tuer! Les deux! Le Taras spécial, c’était pas assez la première fois!? On a une mission, criss!

-Oh, ça suffit, Théophile. Tu es très mal placé pour parler. Ce ne serait que de toi, vous seriez morts tous les deux. De Marchesi, je peux encore le prendre, mais toi? Tu étais soldat, merde!

J’observe la scène sans savoir comment réagir. Déjà, en essayant de ne pas trop m’attarder sur le fait que « Théo » s’appelle en fait Théophile, le pauvre, en me satisfaisant du savon que lui passe Benjamin, ou simplement de m’étonner de la dureté de ses propos. Normalement, Bilodeau-Tanguay est le chouchou des agents plus expérimentés… mais là, pas de pitié. C’est de notre faute à tous les deux. Je remets mon casque, faisant semblant de ne plus écouter.

-‘Ttention à c’que tu vas dire, toé.

-C’est à cause d’hésitations comme ça que tu t’es fait sortir de l’armée? Rends-toi service, penses à cogner plus souvent et tu ne devrais pas perdre ta place ici.

Il y a un grand silence, pendant que Théo regarde Papanek avec de grands yeux. Ça y est, ils vont se battre… mais l’Autrichien se contente de plisser les yeux, nullement impressionné.

-Retournez avec les autres. Si Traoré et Johnson vous engueulent, vous vous taisez et vous écoutez. C’est tout ce que vous méritez. J’arrive bientôt…

Nous nous relevons tous, Papanek avec un peu plus de difficulté, et retournons avec les autres. Les soins n’étaient pas parfaits, mais nous allons pouvoir tenir le coup. Vraiment, le pire est encore à venir.
Et là, ce n’est plus le temps de plaisanter.
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Les mercenaires s'étaient enfin ressaisis : le vieil homme au bord de l'asphyxie fut brutalement plaqué au sol et Toussaint mis au tapis d'une seconde décharge, à bout portant celle-là. Johnson s'assura que ce dernier ne se relèverait pas en suivant la méthode de sa collègue française, un grand coup de crosse en plein visage qui mit fin à ses convulsions. Ils auraient pu jurer qu'Osman arborait un sourire satisfait en entendant le nez du grand gaillard se briser...

Comme pour Naïma, ils ne perdirent pas une seconde pour dégainer leurs injecteurs, les entraves et dispositifs de sécurité devant être mis en place au plus vite. La procédure devrait toutefois être altérée afin de ne pas trop effrayer leur allié potentiel : l'anesthésie se déroula sensiblement de la même façon – Haïlé reçut toutefois une dose plus modérée d'une substance différente, suffisante pour le rendre temporairement inoffensif mais pas pour le rendre entièrement inconscient – mais ils s'abstinrent de briser les membres de leurs nouveaux prisonniers. L'américain dut donc se résoudre à compenser en faisant usage de sa faculté parapsychique personnelle ; ses impulsions énergétiques à lui ne pouvaient pas faire exploser la tête des gens mais elles restaient largement capables de détruire les ganglions nerveux afin de paralyser ses cibles.

Johnson frappa chirurgicalement plusieurs points le long des nerfs moteurs principaux des bras et des jambes de la brute, transformant ses membres en autant de poids morts. Il réfléchit ensuite à la possibilité de s'attaquer également aux plexus sacral, lombaire et partiellement au brachial...

« Osman, qui sont ces types ? » demanda-t-il afin d'éclairer sa décision. Visiblement mal à l'aise, le jeune homme déglutit en constatant la rapidité avec laquelle les agents droguaient et neutralisaient leurs captifs. « Euh... ouais, Toussaint c'était l'boss ici avant ! »

« Avant quoi ? »

« Avant d'se faire mettre dehors par les nouveaux boss avec tous leurs pouvoirs, ça doit bien faire... quatre ans ? C'était un gangster, un dealer. »

Mélissa termina d'immobiliser Haïlé en lui passant une lourde paire de menottes – en métal celles-là, pas en plastique – aux poignets et lança aussitôt d'une commande vocale une recherche dans les bases de données rassemblées par FIRMAMENT en prévision de cette mission. Registres de la police locale, du gouvernement haïtien, de la MINUSTAH et même de Phénix... le résultat ne se fit pas attendre longtemps.

« Il y a un dossier à son nom, la photo correspond... je confirme, c'est pas un enfant de chœur : association de malfaiteurs, trafic d'armes et de stupéfiants, corruption de fonctionnaires de police, racket, meurtres... »

« C'était pas un enfant de chœur, il ne fera plus de mal à personne. »

« J'savais même pas qu'il avait des pouvoirs... en fait j'croyais qu'il était mort. »

Il avait dû les acquérir récemment après être passé du statut de caïd du bidonville à celui de moins que rien, un tel scénario s'était déjà présenté une ou deux fois dans d'autres « pépinières ». Les gens comme lui appréciaient rarement d'être évincés par de nouveaux arrivants et faisaient tout pour reprendre leur trône... pour peu que leurs usurpateurs les laissent en vie. Mais ils avaient tendance à échouer lamentablement la plupart du temps.

« Et Haïlé ? »

« Il défend juste son quartier normalement... qu'est-ce qu'il fout avec Toussaint ?! »

Et bien ils n'auraient qu'à lui demander, ils l'avaient – relativement – ménagé exprès et Traoré – qui n'avait pas dû trouver son nom parmi ceux des criminels notoires dans les bases de données – lui administrait déjà un antidote partiel qui restaurerait sa lucidité sans pour autant diminuer les autres effets de la drogue... Ayant reçu les informations nécessaires de son côté, son homologue acheva sa besogne, handicapant encore davantage le balafré en visant ses plexus pendant que Taras lui passait menottes et collier explosifs.

Voyant que l'autrichien en avait terminé avec les soins et les rappels à l'ordre, la française invita les agents à se rapprocher, fixant sévèrement Marchesi et Bilodeau-Tanguay. Dire qu'ils s'étaient si bien débrouillés lors du premier engagement... Manifestement, il fallait en remettre une couche.

« Papanek a raison, vous auriez pu vous faire tuer. Apprenez à garder le contrôle de vos émotions, vous devez trouver le juste milieu entre pusillanimité et violence aveugle. Et oui, ça vaut pour tous les deux ! Je vous jure, dès qu'on dit à l'un d'entre vous de corriger un défaut il s'en trouve un autre pour partir dans l'excès inverse ! »

Plus que la colère, c'était la déception qui pointait dans sa voix. Le message était adressé à l'ensemble de l'équipe : la bourde de Taras n'était évidemment pas oubliée et même Keaton avait perdu ses moyens. Elle aurait pu tolérer une ou deux erreurs dignes d'un amateur au cours de cette mission mais une telle conjonction – pour ne pas dire carambolage – et en plein combat qui plus est ? Non, elle ne pouvait pas laisser passer ça.

« Gardez la tête froide face aux hostiles, neutralisez-les quand même mais avec la force appropriée, gardez l'overkill pour les niveaux 3 et au-dessus. Pour la millième fois, votre arsenal est fait exprès pour vous donner le plus d'options possibles ! Mettre en danger vos camarades, c'est inacceptable ! »

Elle avait l'impression de radoter comme une rombière sénile à force de se répéter mais puisqu'apparemment leurs instructeurs avaient échoué à faire rentrer ces préceptes pourtant basiques dans la tête des auxiliaires... Elle fit signe à l'un des membres de l'arrière-garde de les rejoindre puis lui ordonna de remettre son casque à Marchesi : la jeune fille en aurait davantage besoin que lui, elle comptait renvoyer un petit contingent de soldats vers le point d'extraction le plus proche afin de remettre Naïma, Toussaint et peut-être Haïlé à leurs collègues. Ils n'allaient pas se coltiner trois prisonniers inanimés à travers tout Cité-Soleil pendant une durée indéterminée !

« Essayez de ne pas le casser cette fois... Osman, vous avez vu ce dont nous sommes capables et je peux vous dire que nous ne nous y sommes pas encore mis sérieusement. Nous savons qu'un petit groupe d'éveillés a pris le pouvoir ici, c'est pour eux que nous sommes venus. Que pouvez-vous nous dire à leur sujet ? »
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Les avertissements de Papanek s'avèrent être fondés: Dès que nous approchons du groupe, Traoré se déplace vers nous en nous toisant d'une telle façon que j'en détourne le regard, mal à l'aise. Bilodeau-Tanguay parvient à maintenir le contact visuel, répétant ses excuses dès qu'il peut placer un mot.

-S'cusez madame... ça se produira plus...

Bon sang... je lève les yeux aux ciel en le voyant soudainement si poli. Tout pour ne pas déplaire... Papanek nous rattrape quand Mélissa a fini ses reproches, profitant de notre proximité pour s'appuyer contre Théo le temps de reprendre son souffle encore un peu. En plus d'être plus graves que les autres blessures qu'il a eu à traiter, comme la jambe d'Osman, il a aussi fallu procéder de façon rapide et inhabituelle et ça se voit dans sa façon de bouger et de s'en remettre. Finalement, pour lui, rien ne bat encore un scalpel et une table d'opération. Perdue dans mes pensées, je sursaute lorsque le chauve me tapote l'épaule en avançant.

-Bon, allons voir sur quoi on est tombé cette fois-ci.

J'ai manqué le début du briefing d'Osman, mais ce n'est rien que je ne peux pas figurer par moi-même : Toussaint est une figure bien connue en ces lieux, un des anciens chef de gang sans doute désireux de trouver sa place. Et Haïlé, de son côté, usait de ses dons pour se défendre et rester tranquille. Osman lui-même ne sait pas pourquoi ce dernier suivrait une brute comme Toussaint, mais chacun de notre côté commençons à imaginer des scénarios en s'échangeant des regards entendus. Les idées ne manquent pas : Un otage, quelque chose ou quelqu'un retenu en échange d'une collaboration, un marché peu équitable dans l'espoir d'avoir un allié dans ce trou infernal, une victoire en combat et la promesse d'être épargnée... Et vraiment, aucune de ces options n'est à l'avantage du vieillard. Mais s'il y avait vraiment un meilleur choix pour lui, il ne serait probablement pas ici.

Un des autres agents s'approche et enlève son casque pour me le tendre. Je le fixe quelques secondes avant d'en faire de même, prenant bien garde à ne pas tirer sur mon masque de latex. Malgré ça, chaleur et action obligés, le déguisement ne parait plus bien naturel. J'enfile le nouveau casque avec précaution et l'ajuste un peu pour qu'il soit suffisamment serré autour de ma tête, puis remercie le soldat d'un hochement de tête. Pour eux, cette technologie est capable de leur ouvrir les yeux sur des choses qu'ils ne peuvent même pas voir normalement: infrarouge, ultraviolet... et pourtant, pour moi, c'était comme si on fermait les miens. Mais s'il faut passer pour une aveugle...

Le grand Québécois secoue la tête en voyant Haïlé, puis prend unue grande inspiration en regardant autour de lui. Pendant qu'il commence à patrouiller autour du groupe, comme ce qui avait été fait avant, je m'approche du vieillard en inclinant la tête. Le pauvre, il n'a rien demandé...

-... Pardon de vous avoir étranglé.

Que dire de plus? Épaulant mon Gymnot en faisant taire mon envie d'ajouter autre chose, je commence à marcher aussi en sens inverse, de façon à couvrir plus de terrain. De toute façon, si les autres sont assez tranquilles, je ne devrais rien perdre de l'interrogatoire.
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Apparemment plus préoccupé par le sort de son compatriote que par la question posée, Osman ne répondit pas tout de suite. Là encore Mélissa prit son mal en patience, pas de brusquerie excessive s'ils comptaient s'assurer de la coopération de l'autochtone. Le vieillard reprit ses esprits juste à temps pour entendre Marchesi lui demander pardon ; interloqué, son regard se déplaça entre la mercenaire, la brute assommée et le reste de l'assistance au premier rang de laquelle se trouvait le jeune homme. Aucun signe d'agressivité, même si les effets résiduels de la drogue y étaient peut-être pour quelque chose et surtout même si cela n'aurait rien changé à sa situation, entravé comme il l'était.

L'ancêtre hagard mit plusieurs secondes à comprendre ce qu'il lui arrivait, ce ne fut qu'alors qu'il accepta d'une toute petite voix – sans doute plus par réflexe et grâce aux encouragements d'Osman qu'autre chose – les excuses qu'on lui présentait : « Je... y'a pas de mal, c'est... c'est ma faute, c'est moi qui... c'est à vous que je devrais demander pardon... »

La suite se perdit dans un marmonnement apeuré mais un Osman désireux de secourir son congénère prit le relais avec la bénédiction des officiers (autant laisser un visage connu servir d'entremetteur) : « T'en fais pas Haïlé, y disent qu'y sont là pour aider. » Il n'arriva pas totalement à masquer un reste de scepticisme mais il y avait du progrès. « Tu vois, ils avaient déjà mis la pâtée à Naïma, maintenant Toussaint, ils vont enfin nous foutre la paix ! Fais pas d'histoires et tout s'passera bien ! »

Très touchant venant de quelqu'un qui s'était pris une balle sans avoir rien fait pour le mériter, vraiment. Cela voulait-il dire qu'il pensait qu'ils en valaient la peine ? Mélissa aurait adoré s'employer à renforcer cette impression mais hélas elle devait y apporter un bémol.

« Nous ne voulons pas de mal aux gens d'ici, nous sommes venus débarrasser Cité-Soleil des criminels qui terrorisent les honnêtes gens. Tout ira bien si vous n'avez rien à vous reprocher et que vous vous tenez tranquille mais nous devons prendre des précautions tant que nous ne savons pas à qui nous pouvons faire confiance, c'est pour ça que nous vous avons mis ces menottes ; n'essayez pas de les enlever, elles explosent sinon. » Ou délivrer un choc électrique ou une injection de drogue pour un rappel à l'ordre ou une neutralisation aux conséquences moins... permanentes.

Johnson prit la suite alors que le pauvre homme posait un regard horrifié sur les pièces de métal emprisonnant ses poignets et qu'Osman lui-même grimaçait. « Désolé d'en arriver là, vraiment, mais vous imaginez ce qu'il se passerait si Toussaint se libérait ou si Naïma avait voulu se faire passer pour une alliée avant de nous poignarder dans le dos ? Osman dit que vous n'êtes pas comme eux, dans ce cas pourquoi vous allier à ce type ? »

L'interrogation interrompit l'accès de frousse ; Haïlé apparut toutefois encore plus chétif, encore plus usé par l'âge lorsqu'il se recroquevilla pour y répondre. « Je comprend... Il m'a battu. Au lieu de me tuer, il m'a proposé d'être son larbin. En échange, ma famille pourrait manger à sa fin et il nous apporterait des médicaments ; ma petite-fille est très malade et Toussaint est le seul à pouvoir se les procurer... »

Un scénario des plus classiques que la plupart des présents avaient dû envisager sous une forme ou une autre, l'exploitation des plus vulnérables par un opportuniste monopolisant une ressource vitale. Quant à savoir s'ils avaient affaire à la vérité ou à un mensonge... Ils ne pouvaient pas compter sur Osman pour leur dire mais qu'importe, une chance d'obtenir la coopération des deux éveillés se dessinait devant les agents... quitte à devoir faire usage du même genre de méprisables manipulations.

« Si vous nous dites tout ce que vous savez sur la bande qui a pris le pouvoir ici, nous pouvons sortir votre famille du bidonville. Votre petite-fille pourra se faire soigner dans un véritable hôpital, vos proches auront un logement, un travail... Et ça vaut aussi pour vous, Osman. » proposa l'américain, tentant du même coup de faire disparaître les dernières réticences du jeune homme. Rien d'inhabituel là-dedans, les Agences faisaient quasi-systématiquement une offre similaire quand elles tentaient de recruter de nouveaux éveillés défavorisés, la procédure pouvait très bien être réutilisée dans le cadre d'une opération comme celle-ci. Quelques dizaines – voire centaines – de milliers de dollars de plus n'étaient qu'une peccadille face aux millions déjà investis dans cette mission et à la valeur que les organisations secrètes accordaient aux nouveaux cobayes qui pourraient être capturés grâce aux informations obtenues en retour – ainsi qu'à la sécurité future de la population de Cité-Soleil.

Il y avait cependant quelque chose de profondément injuste dans cette façon de faire : les nations développées préféraient engraisser le complexe militaro-industriel plutôt que d'aider les citoyens des pays plus pauvres et ne décidaient de leur consacrer un peu d'argent que lorsque ceux-ci détenaient quelque chose qui les intéressait. Une charité égoïste, de l'hypocrisie pure et simple. Les agents n'étaient pourtant pas là pour faire dans l'humanitaire, ils étaient obligés d'ignorer ce triste état de fait pour se concentrer sur leur mission. Mélissa se rappela les paroles de son mentor lors de sa première mission dans un lieu de misère comme celui-ci : « Nous sommes là pour protéger ce monde, pas pour le réparer. Nous sommes des soldats, des espions, des assassins : lorsque les gens comme nous arrêtent de faire avec le monde tel qu'il est et se mêlent de vouloir le rendre conforme à ce qu'ils croient qu'il devrait être, ça finit toujours mal ». Elle n'avait jamais aimé devoir se forcer ainsi à l'inaction face au malheur des autres mais elle comprenait la – regrettable – justesse de ces mots.

Les deux autochtones finirent par donner leur accord, sans doute autant convaincus par la promesse d'une vie meilleure pour leurs proches que par le spectacle des soldats qui partirent pour ramener les agresseurs toujours inconscients à l'un des points d'extraction prévus. Celui qui avait fait don de son casque à Marchesi en profiterait pour se faire remettre une nouvelle pièce d'équipement avant de revenir.

Leurs renseignements confirmèrent ceux déjà acquis par les Agences : Cité-Soleil était actuellement « dirigée » par une alliance d'au moins quatre seigneurs de la guerre qui avaient choisi une école – désaffectée suite aux manigances de Phénix qui avaient transformé tout le bidonville en zone de non-droit, l'un des seuls bâtiments en dur dans le coin – en guise de quartier général. Les quatre incluaient une femme – Salomé – et trois hommes – Zack, Sékou, l'identité du dernier restait inconnue – assistés par une flopée de péons armés ; il faudrait faire attention à leur matériel, provenant en partie des infortunés Casques Bleus ayant péri sous les assauts de leurs chefs. Côté nouveautés, ils apprirent que le dénommé Sékou était très probablement le propriétaire d'un pouvoir dont leurs éclaireurs avaient pu constater les effets – mais pas le mode d'action – en examinant les dépouilles de certaines de ses victimes, la capacité à écraser les organes sans les toucher ni laisser de blessure externe. Ils eurent également droit à une description physique de Salomé et Sékou qui vint compléter celle de Zack, qu'ils possédaient déjà ; ils garderaient les informations sur les itinéraires habituels des « patrouilles » à l'esprit mais il valait mieux ne pas y accorder une trop grande foi si Cité-Soleil était maintenant en état d'alerte.

Assez peu de nouveaux renseignements concernant leurs pouvoirs au final car contrairement à Naïma ou Toussaint, ceux-là se battaient rarement en public et laissaient encore plus rarement de survivants... mais le manque d'informations constituait lui-même une information, il les avertissait que leurs futurs adversaires n'étaient pas nés de la dernière pluie. Comme leurs ennemis, ils connaissaient la valeur d'une saine paranoïa... Cela dit, vu le résultat final – à défaut du déroulement – d'affrontements passés contre d'autres éveillés évoqués par leurs nouveaux indics, il apparaissait prudent d'estimer qu'au moins deux de ces quatre – peut-être y'en avait-il d'ailleurs plus de quatre, il fallait toujours s'attendre à être désagréablement surpris dans ce métier – caïds étaient des niveaux 3. Le fameux Sékou en faisait très probablement partie...

Une moisson convenable, jugea la française, même si on était jamais assez bien informés. Une fois certains que leurs mines de renseignements n'avaient rien oublié, les agents vétérans ordonnèrent au groupe de reprendre la route. Le choix de l'avant-garde fut déchirant en mémoire des précédents fiascos : Taras était trop brusque, Bilodeau-Tanguay pas assez, Marchesi trop instable, Papanek et Keaton étaient mieux en retrait du fait de leurs facultés respectives... Après moultes discussions, ils décidèrent d'envoyer l'autrichien, le biélorusse et l'enfant à problèmes en première ligne avec pour instruction de ne pas hésiter à se replier en cas de danger suffisant ; Bilodeau-Tanguay se tiendrait prêt à échanger sa place avec le docteur si besoin. C'était loin d'être idéal mais ils devaient composer avec ce qu'ils avaient sous la main...
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-... Théo, Marchesi, revenez. On va avoir besoin de vous.

Ayant déjà mis de côté les excuses de Haïlé avec tout le désintérêt dont j'étais capable pour un pauvre vieux qui n'avait rien demandé, tourne les talons pour revenir vers le petit groupe sans faire d'effort pour camoufler un soupir de frustration. Après m'être fait passer un savon par Papanek, puis par Traoré, sans parler des commentaires lâchés par les autres, j'aurais préféré passer un moment seule à patrouiller et à suivre la conversation de loin plutôt que de participer à une tentative de plan qu'on ne pourra probablement même pas suivre en se faisant rappeler de mieux utiliser notre équipement. Non pas que ce soit une mauvaise idée, mais si je veux vraiment avoir envie de me servir de ces jouets plutôt que de mes poings, qui ont aussi fait leurs preuves, il me faudra de meilleurs arguments. J'aurais pu maîtriser Toussaint sans problème, s'il n'avait pas fallu neutraliser son compère aussi à cause de l'inaction de Théo... Ce dernier rejoint d'ailleurs nos compagnons avec plus d'entrain, sans doute plus content que moi d'être invité à participer. Après tout, lui est ce qu'on a qui se rapproche le plus d'un vétéran, alors perdre le contrôle et être réprimandé lui a sans doute fait bien plus mal... Nous arrivons au moment ou le vieillard explique pourquoi il nous a attaqué, et si son histoire ne surprend personne, elle choque malgré tout le grand Québécois, qui ne reste pas silencieux.

-Le criss. On va arranger ça, hein?

Johnson confirme qu'en échange de son aide, Haïlé aura droit à une meilleure vie pour lui et sa famille en dehors de ce trou, et Bilodeau-Tanguay se calme tout de suite. Papanek se râcle ensuite la gorge pour prendre la parole.

-Merci, Haïlé. Jusqu'ici, nous avons été très mal préparés et facilement pris de court...

-Tu peux le dire qu'on a été des merdes.

-Non, Jess. On laisse ça derrière. Il y a eu des accrochages et oui, vous êtes chanceux d'être encore en vie après toutes vos erreurs, mais c'était à prévoir et honnêtement, mieux valait faire ces erreurs plus tôt que trop tard. Et le pire est encore à venir, alors on va avoir besoin de tout le monde et il faudra être plus que prêt. Alors... préparons-nous.

Les autres hochent la tête et le chauve reprend en se préparant à partir.

-Ça ne sert à rien d'attendre qu'ils viennent d'eux-même, nous ne pourrons pas nous défendre bien longtemps et nos cibles ne viendront pas vers nous. Alors on doit se diriger vers leur base et les piéger là-bas.

-Dans leur base, ils ont l'avantage. Une école, ça déborde de cachettes et de sorties et bon, ceux ici qui n'ont jamais vu d'écoles de près risquent de se perdre.

-... Taras, si tu t'fais encore péter la yeule j'te jure que j'applaudis.

Malgré sa menace, le soldat me retient le bras par pure précaution. Avant que je ne puisse passer à l'action et réduire le biélorusse au silence, l'autrichien nous rappelle -encore- à l'ordre.

-Concentrez-vous! Taras a raison, entrer est trop risqué. Mais on connait le terrain à l'extérieur, alors c'est là qu'on a le plus de chances de les coincer.

-Si on tire quelques grenades à l'intérieur... genre les lacrymos ou les neurotoxiques, ou même les deux... le nombre de personne pas trop amoché pour sortir devrait être plus raisonnable.

-Et ensuite, je peux traquer les chefs.

-Pour ça faudrait te faire entrer dans la ville, c'est trop dangereux.

-Je n'ai pas été recrutée pour jouer les guides touristiques, Théo. Et si j'ai le feu vert, je peux faire pas mal de dommage sans même qu'ils ne me voient.

-Contre des niveaux 3, on a besoin d'un sniper. C'est un avantage énorme. Et on aurait d'autres tomates.

Jess épaule son railgun pour en tester le poids et farfouille un peu parmi ses munitions, les sourcils froncés.

-Je peux tirer sans tuer, mais contre ces bêtes, si vous êtes dans le pétrin ce sera le dernier de mes soucis. J'espère que ça ne dérange personne.

Elle appuie son propos d'un regard entendu en direction de Traoré et Johnson. Cela va sans dire, nous avons déjà appris la leçon à la dure quand j'ai été sacrifiée pendant un entraînement : vaincre un éveillé ne vaut pas la vie d'un agent, surtout pas d'un groupe de niveaux 2 à l'expérience sur le terrain considérable et aux talents uniques. Plus que jamais, alors que nous calculons nos prochains mouvements contre un groupe supérieur en nombre et en puissance brute, nous pouvons nous en rendre compte : chacun d'entre nous a son rôle à jouer et si l'un d'entre nous tombe, le plan est un échec.

Mais alors que la discussion continue et que la tâche de tout le monde se précise de plus en plus, une nouvelle douleur me prend dans la poitrine, mais si aiguë que je ne peux m'empêcher de grimacer. Je m'agite, me forçant à ne pas attirer l'attention des autres, mais le malaise ne se dissipe pas aussi rapidement que les autres fois. Ma respiration plus forte finit par faire relever la tête de Papanek, puis de Bilodeau-Tanguay, et en les voyant prêts à intervenir, ma fierté reprend le dessus et je m'éloigne rapidement. S'ils décident de trop me couver maintenant, ou pire, s'ils se rendent qu'il m'arrive... quelque chose... je pourrais être forcée de rester en retrait. Je ne veux pas ça. Je ne peux pas être éloignée de ces missions, ça voudrait dire échouer...

Ce n'est que lorsque ma hargne reprend le dessus que la douleur s'estompe. Mes deux chaperons finissent par s'éloigner, blâmant sans doute le stress pour mon comportement, et l'ordre de partir est enfin donné. Les groupes sont formés, les dernières poignées de main entre "amis" échangées, quelques derniers mots d'encouragement glissés ici et là, et enfin, la troupe se met en marche. Il y en a dans ce groupe qui n'en sortiront pas vivants. Des corps à ramener à la base, si possible, où à laisser derrière au milieu de la misère, pour contacter les proches -s'il y en a- et leur dire que tel ou tel est tombé au combat en héros, ou a péri dans un terrible accident. Qui sait ce que l'Agence est prête à raconter comme salade...

Mais le but, c'est de tout faire pour ne pas en arriver là.

-OK. Allons botter des culs.
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Mélissa vit avec plaisir que les combattants éveillés commençaient enfin à prendre la mission au sérieux. Toutes les interventions n'étaient pas pertinentes – Taras avait toujours l'art d'irriter les gens – mais la concertation allait dans la bonne direction. L'américain et la française laissèrent les mercenaires discuter librement, ils connaissaient forcément mieux que personne leurs propres capacités, leurs limites et s'étaient exercés à élaborer précisément ce genre de stratégies lors de leur entraînement. Quoique, si cet apprentissage était aussi réussi que celui qui était censé leur inculquer le sens de la mesure et de la maîtrise de soi en combat ou face à l'inconnu, il y avait peut-être du souci à se faire...

« Ayez confiance agent Traoré, Khalil ne nous aurait jamais envoyé de parfaits incompétents. » la rassura Johnson, qui avait deviné ce qu'elle avait en tête. Alors c'était à l'iranien qu'elle devait sonner les cloches, en admettant qu'il survive à sa petite aventure arctique, bien noté. Elle nota également l'usage du mot « parfait » : la possibilité de se retrouver avec des soldats qui n'étaient « que » légèrement incompétents – ou incompétents par intermittence – n'était pas exclue, difficile de prétendre le contraire après ce dont ils avaient été témoins.

« Ne vous en faites pas, je ne suis pas Vassiliev non plus. » rétorqua-t-elle en tentant de détendre l'atmosphère. La politique de leur confrère slave était bien connue : il partait toujours du principe qu'il était entouré d'imbéciles et d'incapables jusqu'à preuve du contraire et assumait l'inverse pour considérer l'opposition. Tout le monde n'était pas d'accord avec cette manière de faire, dont Johnson à qui la réplique arracha un rictus amusé.

Mais trêve de plaisanteries : guidés par Osman et Haïlé – ce dernier placé plus en arrière et sous bonne garde sans en donner l'air – qui les faisaient emprunter les passages dérobés méconnus et les petites allées désertes, les agents se rapprochaient de leur objectif. Ils avaient entraperçu plus d'une fois des hommes en armes, des locaux aux tenues dépareillées équipés de matériel volé ou trafiqué qui faisaient la ronde dans les rues plus peuplées, ce qui empêchait de les neutraliser sans donner immédiatement l'alerte. Mélissa maudit pour la énième fois les mille désagréments de ce terrain d'opération ; les deux officiers s'employèrent à réduire le désavantage auquel leurs subordonnés seraient confrontés.

« Le QG vient de m'envoyer les plans de l'école, je vous les fais passer, essayez d'en mémoriser les grandes lignes. À prendre avec des pincettes comme d'habitude, nos squatteurs ont pu procéder à quelques réaménagements. »

Son collègue ajouta plus discrètement son grain de sel via le canal de groupe : « Nos effectifs non-éveillés encercleront l'école à distance, nous aurons ainsi un périmètre de sécurité au cas où une patrouille reviendrait pour servir de renforts à nos cibles. Vu le nombre d'hostiles – et pour répondre au point soulevé par Keaton – je vous autorise à disposer des combattants non-éveillés si une neutralisation non-létale est trop difficile à mettre en œuvre. Faites davantage d'efforts pour récupérer les éveillés vivants mais là aussi vos deux priorités sont vos camarades et la population de Cité-Soleil, dans cet ordre. Si c'est pour sauver l'un des nôtres ou mettre fin à leur règne de violence, les Agences sont prêtes à faire une croix sur les prisonniers, si précieux soient-ils. »

Il n'énonça cependant pas à voix haute ce que tous savaient déjà : que leurs propres soldats dépourvus de capacités parapsychiques par contre restaient remplaçables dans une certaine mesure. Il n'évitait le sujet que parce qu'il était inutile de s'y attarder et non pour ménager les sensibilités de qui que ce soit : ces hommes étaient tout à fait conscients de leur rôle, du fait qu'on ne pouvait pas faire d'omelette sans casser des œufs. Johnson était comme eux jusqu'à une époque récente, il n'avait pas toujours eu de pouvoirs et à ce titre s'était plus d'une fois préparé à réaliser l'ultime sacrifice. Tout comme Mélissa.

Leur progression furtive s'arrêta lorsque la silhouette d'un édifice délavé et mal entretenu apparut à quelque distance devant eux, séparée des taudis par une étroite bande de béton. L'école n'avait rien d'imposant, elle était petite selon les standards des pays développés mais comparée aux cahutes au ras du sol qui l'environnaient, le bâtiment semblait écraser les alentours de sa masse. Ou peut-être que leurs perceptions étaient distordues par la connaissance de ce que renfermaient ses murs.

Leur escorte se déploya, les débuts d'une nasse qui enserrerait l'endroit pour faire en sorte que nul n'entre ni ne sorte sans avoir à braver une pluie de balles ; les soldats s'occuperaient également d'éliminer d'éventuelles sentinelles qu'ils rencontreraient en établissant ce périmètre. La topographie des lieux ne se prêtait pas aux prises de positions habituelles – ils auraient du mal à placer un sniper en hauteur par exemple – mais en tant que professionnels entraînés et bien mieux équipés que la milice des seigneurs de la guerre du bidonville, ils devraient pouvoir se débrouiller tant qu'ils n'avaient pas affaire à un éveillé.

Les soldats en profitèrent pour observer le bâtiment sous différents angles, recensant les gardes, les points d'entrée et tout autre élément qui pourrait être utile. La française centralisait ces informations et les relayait aux intéressés : « L'extérieur n'a pas l'air d'avoir été substantiellement altéré. Trois gardes à l'entrée principale au sud, ils n'ont pas l'air très vigilants mais qui sait ce qui se cache derrière ; au moins deux personnes aperçues à l'étage et deux autres sur le toit. Un garde à l'est de l'école, un autre à l'ouest, deux au nord, un pour l'entrée de service et un qui fait des allers-retours, tout le monde est armé... » Elle afficha les images prises par ses subalternes et les montra à Osman, puis Haïlé qui ne reconnurent personne de spécialement dangereux. « Pas de signe des cibles éveillées, ou alors les images sont trop mauvaises pour qu'on s'en rende compte. Faites attention à vous, vous êtes tous prêts ? »
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