Le Père de Tout marchait dans les chemins enneigés du royaume de Jotunheim, à l’exception des terres de Musphellheim, ce royaume était probablement celui qui avait le plus souffert de la guerre du Brasier et ce même si les forces de Surtr n’avaient jamais pénétrer dans celui-ci. Les conséquences du réveil du Jotun Noir avaient créer nombres d’éboulement et avalanche, faisant disparaitre nombres de communauté et leurs habitants, de plus, le chaos qui s’ensuivit avait permit aux créatures de Jotunheim de se lancer à l’assaut des terres de l’Hersir. Les Jotunniens, fidèles à eux-même, avaient combattu de toutes leurs forces, ne cédant devant les forces adverses qu’après lui avoir fait payer le prix du sang, défendant chaque avant-poste, chaque fort avec acharnement. Finalement, le Hersir lui-même avait prit la tête des rudes guerriers de son royaumes ainsi que des géants avec qui ils possédaient des liens et avait mener l’assaut. La bataille qui en avait suivi était rester longtemps indécise, à cause du choix de la famille la plus importantes de mener ses forces à Musphellheim plutôt que de soutenir le Hersir. Finalement, les Jotunnien vainquirent mes leurs forces étaient à genoux.

Odin ne le savait que trop bien, il avait dû détourner une partie de la gardes Einherjars pour leur venir en aide, mais cela avait à peine suffit. Un nombre de clans important s’étaient retrouver avec leur abris détruit, livrer aux rigueurs et aux dangers de leurs terres natales, un grand nombre des forts chargés de prévenir les tentatives d’intrusions des descendant d’Ymir et de leurs servants n’étaient plus que ruines, mais pire que tout leur Hersir avait disparu. Ce dernier n’était peut-être pas le plus fin des dirigeants, mais il était un guerrier exceptionnel, dont la puissance pouvait sans doute être comparé à celle d’un éclat. Sans dirigeants, il était probable que les différents chefs de clans n’allaient pas tarder à s’entre-étriper pour lui succéder, affaiblissant encore plus leur royaume. Et ce qu’ils ignoraient encore, c’était que leur royaume ne pourrait espérer nulle aide de l’extérieur dans l’immédiat, sa seule véritable richesse venant de la force des armes de ses guerriers ils comptaient principalement sur Vanaheim pour fournir la nourriture qui pouvait leur manquer.

C’est pour cela qu’Odin était à présent en ce royaume, pour éviter qu’un des royaumes de Nordheims ne sombre, il devait intervenir. Il avait adopté le déguisement de Grimmir, celui du vieillard parcourant les routes et les chemins, apparaissant là où on l’attendait pas et en permanence entouré d’un aura de mystère. Il pouvait se mêler parmi les mortels et observer leur vie et leurs peines aux premières loges, loin de l’image distante qu’il avait lorsqu’il les observait depuis son palais du Valhalla. Il se dirigeait vers la demeure du seul être qu’il connaissait qui pourrait remettre un peu d’ordre dans cette situation par son influence autant que par sa puissance. Il allait voir le Seigneur d’Utagart.

Odin passa les puissantes portes de la cité d’Utagart, cette ville au cœur du royaume de Jotunheim où mortels et Jotunn coexistaient à peu près en harmonie. Tout dans l’architecture de ce bourg reflétaient la nature chaotique de ses occupants, le gigantisme des structures des jotunns d’apparences très primitives comparer à l’architectures que l’on pouvait trouver dans des royaumes telle Asgard, mais néanmoins possédant une curieuse majesté dans leur simplicité, aux habitats des simples mortels beaucoup plus petits… certaines constructions semblaient décoré avec mauvais goût, aucunes ruelles n’étaient vraiment droite, cela passait plus pour un entassement fait au hasard que un plan de ville un peu pensées. Même la pierre utiliser pour construire certaines des structures de la ville (le reste étant en bois, en toiles voirs en os ou d’autres matières « exotiques ») étaient tailler de manière complètement inégale et surtout, presque aucun batiment ne semblait être bâtit droit. Mais néanmoins, on pouvait trouver un certain enchantement au milieu de ce désordre, chaque coin de de rues (et qu’est-ce qu’il y en avait) recelaient des surprises inattendues.

Se frayant un chemin parmi les habitants d’Utgarta, le Père de Tout rabattit légèrement son chapeau sur son visage, ce qu’il constatait des mœurs des Utgartiens l’édifiait d’autant plus maintenant qu’il les voyait de près. Les hommes tout autant que les Jotunns étaient parfaitement libres de leurs actes, au point que même un meurtre en pleine rue ne semblait choquer personne, mais surtout ils vivaient dans une insouciance qui contrastait fortement avec les malheurs qu’Odin avait put constater à l’extérieur, nulles signes de début de famines ou de dégâts issu des manigances de Surtr, tout semblait se passer au mieux. Mais Odin pouvait-il réellement se fier à son œil unique ? Le maitre de ces lieux étant probablement le plus grand manipulateur d’illusion des neufs royaumes, ridiculisant même Loki et lui-même dans ce domaine. Malgré tout, le Roi des dieux pensait encore être capable de voir aux travers de celle-ci, mais il espérait ne pas avoir à faire les frais de la grande joie qu’éprouvait Utgart-Loki à humilier les Ases quand il en avait l’occasion. Le Seigneur du Nord fut également grandement surpris par l’apparentes absences de domination de la part des Jotunn sur les mortels, les premiers étant par natures si prompt à tenter de soumettre tout ce qui était moins grands qu’eux, le Maître du Hof en déduisit que l’autorité d’Utgart était réelle et que ses lois, si peux nombreuses soient-elles, étaient respectées.

Gravissant les marches menant au palais du maitre de la cité, Odin entendit un croassement familier. Hugin et Muninn vinrent se poser sur ses épaules et lui conter succinctement les nouvelles du monde, une mine dépitée apparut sur le visage du Père de Tout.

- Tout cela vient bien trop tôt.

Parmi les différentes mauvaises nouvelles, il lui était rapporté que les premiers accrochages entre chefs de clans Jotunnien avaient commencer, et ils étaient sanglants. Reprenant sa route, le Borgne dissipa d’un simple geste une puissante bourrasque qui avait tentée de le faire chuter. Cela voulait dire qu’Utgart avait senti sa présence. Face à lui s’élevait l’immense palais de roche et de glace d’Utgart-Loki et de sa cour, une lueur irréelle en émanait, en partie du aux brasier de flammes bleue, destiné à maintenir une chaleur supportable pour les mortels sans qu’elle n’importune les quelques créatures des glaces qui résidaient parfois en ces murs. Mais surtout, elle émanait d’un portail relié directement à la Utgarta mythique, sur Jotunheim.

Quand le Frère des Guerriers pénétra dans le palais, il le trouva inhabituellement silencieux, Odin avait toujours essayé d’éviter celui-ci quand il le pouvait, mais il savait qu’Utgart-Loki était amateur de fêtes pour égayer son excentrique cour. Mais là, seul les gardes et quelques rares courtisans et serviteurs ne semblaient être actif ou même présent.

L’un des êtres servant Utgart, un dénommé Skrymir, un géant absolument gigantesque dont la présence monstrueuse emplissait la halle d’entrée, se présenta au Père de Tout et lui indiqua de le suivre auprès de son seigneur. Lorsqu’Odin pénétra dans la salle, il surprit le maitre des lieux en pleine discussion avec un être sinistre. Cet être dépassait Odin et même Utgart-Loki d’au moins une bonne tête mais sa carrure était rachitique. Couvert de guenille mais sa simple présence emplissait la salle du trône d’un froid surnaturelle, digne de celui d’Helheim, et étouffait toutes sources de lumière. Il s’appuyait sur un long bâton noueux où ses doigts crochus l’enserrait si fort que sa marque y était imprimée. Il s’agissait d’un Winterdragg… une sombre race de mage arpentant les neufs royaumes n’apportant que la mort et les ténèbres dans son sillage.

Lorsque qu’Utgart-Loki et son invité tournèrent leur attention vers le nouveau venu, le sinistre faciès du Porteur d’Hivers se fendit d’une expression de rage. Odin releva simplement son chapeau, laissant paraitre ses yeux, et plus particulièrement l’orbite vide dans laquelle son Hamr se manifesta sous la forme d’une lumière vive qui envahit son orbite et illumina la salle du trône, dissipant la ténèbres ainsi que le Winterdragg. La créature n’était nullement morte, elle avait juste fui devant la manifestation de pouvoir du Père de Tout.

Utgart-Loki arbora un large sourire alors qu’il s’approchait d’Odin, le traitant avec la même familiarité qu’un membre de sa famille plutôt que comme le roi des dieux.
- Tu as de bien mauvaises fréquentations, Utgart Seigneur Jotunn et amis des Hersirs.
- Et toi tu arrive pile au bon moment le Borgne, je ne savais plus comment faire pour m’en débarrasser. Les Winterdraggs ont des conversations très intéressantes, mais ils sont d’un monotone et surtout d’une insistance. C’en devient presque gênant parfois.
- Et c’est donc pour cela que tu as veillé à ce que je te « surprenne » en pleine conversation, pour que je le chasse de ta demeure à ta place.
- Ainsi je me couvre, je n’enfreins aucunes lois d’hospitalité et j’évite de m’attiré la colères de ces créatures. Je suis parfaitement capable de m’en défaire, mais offenses-en une et toutes tenteront de te faire payer.

Odin préféra ignorer le dernier commentaire émis par son hôte, après tout, ce genre de manipulation était parfaitement dans la nature de celui-ci. Manipulateur, fourbe, mais pas désireux de renverser les Ases contrairement à Loki. S’installant dans l’un des sièges à l’invitation d’Utgart, le Roi des Dieux prit le temps d’observer le maitre des lieux de son œil unique. Ce dernier soutint le regard d’Odin sans se départir de son sourire et de sa bonhommie, ne détournant celui-ci que pour faire appel à des serviteurs qui semblèrent sortir du néant pour leur demander d’amener quelques rafraichissements. Le Borgne tendit sa main pour prendre la corne qui lui était apportée, le breuvage qui s’y trouvait ressemblait vaguement à de l’hydromel mais même le Père de Tout ne pouvait être sûr des ingrédients qui composaient ce liquide, les goûts des Jotunns pouvaient se montrer aussi étonnant que macabre en fonction des individus. Malgré les illusions d’Utgart, l’œil d’Odin arrivait sans problème à transpercer la plupart de celle-ci, malgré les apparences, nombres de courtisans du maitre des lieux observaient la réunion cacher depuis les ombres.

- Donc qu’est-ce qui me vaut l’honneur de ta visite Hárbard ? Je sais que ton temps est bien trop précieux pour une visite de courtoisie.
- En effet, ce n’est pas non plus par plaisir que je viens ici mais l’affaire qui m’amène te concerne également.

Odin prit le temps de boire, il savait qu’il allait devoir choisir judicieusement ses mots car son interlocuteur était rusé et prêt à exploiter la moindre des révélations que lui ferait le Père de Tout. Le Borgne reposa doucement la corne, son contenu ayant à peine baisser. En temps normale, un hôte aurait pu se sentir offenser par l’attitude d’Odin, mais Utgart ne s’en formalisa pas. Tout deux jouaient à ce jeu depuis trop longtemps pour s’offenser de leur méfiance mutuelle.

- Je suppose qu’il ne t’a pas échappé qu’une guerre venait d’avoir lieu sur Nordheims ? Une guerre contre le Brasier Noir ?
- Disons que je m’en suis douté dès que j’ai senti son « chaleureux » déchainement de puissance et les nuages de cendres ont confirmé ce que je pensais. Mais bon, comme tu es là à deviser avec moi, j’en déduis que nous n’avons plus à nous en faire avec le roi des EldrJotnnar.
- Surt a été repoussé, mais à un coût très élevé.
- Quoi, quelques centaines de guerriers, un millier peut-être ? Pour repousser une invasion de cette ampleur, ça ne me parait pas trop cher payer. Bon évidemment il existe quelques dégâts collatéraux, mais les mortels s’en remettront. Ils arrivent toujours à s’adapter.
- Ils le doivent bien, les mortels n’ont pas toujours la possibilité de fuir leur ennemi.
- Ahah, je sens que tu n’as pas eu une bonne journée, mais c’est l’un des avantages de maitriser des illusions. En parlant de cela, j’ai entendu d’étrange rumeur concernant la bataille contre Surt, des rumeurs impliquant un certain dieu qui ne devait pas revoir la lumière de Sol, on ce qui en fait office, avant de nombreux éons…
- Loki est libre, il n’avait pas plus intérêt que moi à voir Surt ravagé les royaumes et j’avais besoin de gagner du temps pour vaincre le Jotunn Noir.

L’espace d’un instant Utgart sembla sans-voix, une expression qu’il n’avait plus eu… et bien le Maitre des Neufs Royaumes n’était plus sûr de se souvenir de la dernière fois que le Seigneur d’Utgart avait à ce point été surpris… peut-être lorsqu’il avait constaté avoir grandement sous-estimé la puissance de Thor à l’époque. Le Père de Tout se contenta de retremper ses lèvres dans la boisson qui lui avait été servis, réprimant un sourire satisfait face à la réaction de son imposant et bruyant interlocuteur, une petite revanche pour toutes les fois où ce dernier avait réussis à laisser impuissant l’un de ses fils par ses tours de passe-passe, Odin était parvenus à surprendre l’imprévisible. Mais le Jotunn éclata bientôt de rire, d’un long et bruyant rire alors qu’il s’esclaffait à gorge déployé.

- Alors-là je n’en crois pas mes oreilles !! T’entends-ça Himir ? Même quand je te donne l’opportunité de gagner un pari tu perds !!!

Un autre Jotunn, bossu et difforme fit alors son apparition en maugréant. Odin le connaissait, il s’agissait du principal conseiller d’Utgart. Odin se doutait qu’Utgart avait suivit de près l’invasion, et même la délivrance de Surt, tenant des paris avec ses fidèles sur le déroulement des évènements tout en se prévoyant une porte de sortie si les choses tournaient mal. Cependant, quelque chose laissait penser à Odin que le seigneur Jotunn ne connaissait pas tout des évènements qui s’étaient dérouler dans le royaume de Musphellheim.

- C’est ce que j’adore avec toi le Borgne, tu parviens toujours à me surprendre. J’étais persuadé que tu aurais préféré voir Surt annihilé le royaume mortel de Musphellheim pour gagner le temps que tu avais besoin plutôt qu’avoir à libérer l’être que hais le plus. Je suppose d’ailleurs que c’est aussi à toi que l’on doit la vague de froid qui approche.

Odin choisit de délibérément ignorer la question de son interlocuteur, ce dernier tentait, par sa bonhommie, de récupérer l’initiative de la conversation, mais Odin en avait assez de tourner autour du pot. Il donna un coup puissant de la hampe de Gungnir sur le sol qui retentit bruyamment dans toute la salle, signe qu’il n’était plus disposé à perdre son temps.

- Comme tu l’as si bien signalé plus tôt mon temps est précieux, et tu possèdes bien d’autres sources d’informations pour répondre à tes questions. Je suis venu te voir en ta cité, non pas pour te reprocher, ainsi que tu le crains, de n’être pas intervenu dans cette guerre, mais pour évoquer l’avenir du royaume de Jotunheim.

Le Père de Tout reposa la corne dans laquelle se trouvait le liquide que le Seigneur d’Utgart lui avait fait donner. Faisant abstraction à l’activité qui avait autour de lui, Odin ayant à présent eut tout le temps pour se rendre compte de la toile d’illusion qu’avait tissé son hôte et surtout d’arriver à voir au travers, il savait qu’une partie de la cours d’Utgart étaient simplement caché aux yeux de tous à se délecter du spectacle que les deux souverains donnaient. Utgart-Loki adorait se donner en spectacle à la foire aux monstres qui l’entouraient, mais il n’était pas disposé à risquer l’existence de sa cité en défiant le Père de Tout et les armées d’Asgard en prenant le partit des Hrimthursars dans leur guerre éternelle avec les Ases.

- Tu n’es pas sans savoir qu’en parallèle des combats contre les EldrJotnars et leur sombre roi, tes frères Jotnars et Hrimthursars, descendants d’Ymir, et de nombreuses autres créatures dans leur sillage ont profité des cataclysmes qui en ont découler pour tenter à leur tour une incursion. Les guerriers de ce royaume dans lequel tu t’es installé il y a tant d’années se sont opposés à eux de toutes leur vigueur comme à l’accoutumé. Mais beaucoup de sacrifices ont dut être consentit, y compris celui de l’Hersir.
- Une bien triste perte en vérité, ce Hersir était un homme bien… bon, il rêvait de mettre ma tête sur une pique mais au moins il était prêt à faire affaire avec moi pour le bien du royaume. Par contre, il a toujours refusé de répondre à mes invitations pour resserrer les liens entre Utgart et les Jotuniens.
- Il sait que ton verbe est ton arme la plus redoutable avec ta maitrise des illusions, et l’un comme l’autre n’est jamais aussi redoutable qu’en ton domaine. De plus, il y a un petit siècle, l’un de ses prédécesseurs à quand même été dévoré au sein même de ces murs.
- Je me suis déjà excusé de ce malheureux accident et j’ai même livré pieds et poings lier le coupable pour qu’il subisse la justice de l’Hersir, enfin du nouveau.
- Mais le Hersir actuel est mort sans successeurs désigné. Les différents clans sont prêts à en venir aux armes et plusieurs escarmouches ont déjà eut lieu. Si un nouvel assaut venu des Jotnnars arrivait, si à nouveau les hordes du froid déferlait sur ces terres alors que la discorde y règne en maitre, les guerriers de Jotunheims seraient incapables de se dresser contre elle.

Odin jouait serrer car il demandait d’une certaine manière à Utgart d’agir à l’encontre de son propre peuple, il donnait justement la confirmation au seigneur Jotunn que les mortels n’étaient pas en mesure de repousser ses frères si ces derniers décidaient de tenter rapidement un nouvel assaut et qu’ainsi ils fragiliseraient d’autant plus Nordheims déjà passablement affaiblit par ses deux guerres contre Hel et Surt, sans compter que le Fourbe était à nouveau libre de poursuivre ses manigances. Mais le risque était calculé, le Père de Tout avait put observer Utgart depuis des millénaires et ce dernier était réellement fasciné par les humains, par leur imprévisibilité, leur tendance à se tourner aussi bien vers le chaos que l’ordre, le bien que le mal… Odin ne s’avancerait pas jusqu’à dire que son interlocutaire éprouvait de l’amour pour les mortels, mais ce dernier n’était pas forcément apprécié parmi son propre peuple. En effet, Utgart avait beau être l’un des plus puissant Seigneurs Jotunn, place qu’il avait obtenu grâce à son intelligence et ses talents dans la magie mais son prestige tenait surtout à son exploit d’avoir ridiculiser à la fois Thor et Loki (soit l’Ase le plus fort et le plus rusé) mais nombreux étaient ses pairs à lui reprocher une attitude trop attentiste, voir même cordiale avec les Ases et leurs sujets. Odin pouvait voir autour de lui l’agitation gagner la cour dissimulée d’Utgart-Loki, il pouvait presque les entendre. Nul doute que le maitre de la citée pesait le pour et le contre, mais le Borgne pouvait le sentir, Utgart ne se réjouissait pas à l’idée de la possible destruction du royaume mortel dans lequel sa ville était en partie établit.

- Je vois, tu comptes me demander d’utiliser mon influence sur ce royaume pour permettre la nomination rapide d’un nouvel Hersir. Je ne comprends pas, pourquoi tu ne le fais pas toi-même ? En quoi tu aurais besoin de moi au risque de m’être redevable ?
- D’une part, le candidat auquel je pensais est trop fier pour accepter cette offre venant de moi, il s’agit de Hrotgarth des Waegmunding. Lui et son clan ont décidé de mener leurs forces en Musphellheim plutôt que de soutenir l’Hersir, sachant que si nous perdions là-bas tous les efforts des guerriers de Jotunheims seraient vains. Mais je les aie empêchés de piller les restes de ce royaume, de prélever le Wergeld, et par là même ils considèrent que je les aie privés de la juste récompense de leurs efforts. Les Waegmunding sont bien trop fier pour accepter ce qu’ils verront de ma part comme des miettes pour les contenté, si cela vient de toi, ils pourront penser saisir une occasion. L’autre raison est que quoi que je tente pour stabiliser le royaume, mon cher « frère », Loki, tentera de tout faire pour me contrecarrer. Si cela semble venir de toi, de tes manigances, il se tiendra probablement à carreau, il n’a pas oublié la leçon que tu lui as jadis donner et il voudra s’en prendre plus directement aux choses où il percevra mon influence derrière.

Odin passa sous silence aussi qu’il escomptait ainsi forcer Utgart à sortir de sa neutralité et à choisir un camp dans le conflit qui l’opposait au meurtrier de son fils, un acte pour lequel même les géants lui en tenaient rigueur. De plus, il venait aussi de rappeler subtilement à Utgart que Loki portait toujours une certaine rancune au géant pour ses tours et qu’il serait probablement l’un des premiers à subir le courroux du forgeur de mensonge si l’influence de ce dernier venait à éclipser celle du Seigneur du Nord en Nordheims. Le truc, c’est qu’il savait que Utgart réclamerait une compensation en échange de son aide, et il allait devoir l’évoquer maintenant.

Le Père de Tout et Utgart-Loki continuaient de se jauger du regard, tentant de deviner les pensées de l’autre. Tous deux étaient rompu à ce genre d’exercices tout comme à celui de camoufler ses pensées. Odin prit également le temps de détailler l’assemblée autour de lui, il pouvait voir nombres d’êtres, certains monstrueux, certains fascinant, certains inattendus. Il y avait des têtes connues comme Logi, l’incarnation du feu qui dévore tout, Elli la déesse de la vieillesse, Grenmevir, l’ambassadeur personnel de Bergelmir (le souverain de facto des géants du froids, le seul fils survivant d’Ymir, l’ennemi mortel des Ases… du moins pendant longtemps) … et d’autres dont Odin ignorait l’identité mais il pouvait deviner leur origine.

Utgart n’était pas un simple seigneur Jotunn, en fait il était chez les siens l’équivalent de qui était jadis Loki pour les Ases… celui qui bouscule les conventions, celui dont on apprécie le talent mais dont on craint les tours, celui que beaucoup préfèreraient voir disparaitre mais dont les services sont trop utiles pour se permettre de passer à l’acte… du moins, tant qu’il ne passait pas une certaine ligne. Le Fourbe l’avait fait en tuant Balder et ainsi en rompant le pacte de sang qui le liait au Borgne, du moins le croyait-il car Odin et Loki étaient comme les deux faces d’une même pièce, l’un n’a de sens que si l’autre existe toujours, c’est la raison pour laquelle aucun des deux ne pourrait survivre au Ragnarök.

Utgart-Loki, plutôt que de rester aux ordres de tels ou tels Seigneur Jotunn, à attendre qu’ils le sifflent comme un chien, avait préféré créer sa propre cour en réunissant autour de lui les parias de tous les royaumes et tous ceux qui désiraient, au moins pour un temps, échapper aux réalités des différents royaumes. À l’instar d’Odin, de Loki et de nombres d’autres puissance, Utgart appréciait de manipuler les vies et le cours des évènements mais contrairement à eux, il ne le faisait pas dans un but précis comme préserver l’équilibre cosmique, s’emparer du pouvoir… il se contentait de manipuler les évènements pour rendre la situation plus « intéressante » et voir ce que cela donnait. Mais il avait toujours pris soins d’éviter de se mesurer directement à plus forte partis si sa survie et celle de sa chère cité n’en dépendait pas.

- Imaginons que j’accepte ton offre Harbard, qu’est-ce que j’en tirerai ? Tu te doute bien que je ne le ferai pas gratuitement. Que me proposes-tu donc ?
- Autre que te donner l’opportunité d’étendre ton influence jusque dans les plus hautes sphères du pouvoir de ce royaume ? Que de te permettre d’un peu plus assurer la sécurité de ta chère cité ? Et surtout le fait d’éviter de me donner une raison de décider que j’ai trop longtemps fermé les yeux sur tes petits jeux et ainsi que j’autorise mon fils à la détruire ? C’est en effet une bonne question.

Odin venait ainsi d’énumérer les avantages que son interlocuteur pouvait retirer de cet accord, tout en glissant une menace à peine voilée, pour rappeler qu’il n’était pas ici pour le supplier. Cependant, Odin savait que recourir à la menace serait contreproductive, et c’était pourquoi il n’avait pas balayé d’un revers de la main la possibilité de monté l’enchère, Utgart avait probablement saisit que le Père de Tout s’était contenté de lui adresser un avertissement dans le cas où il provoquerait sa colère.

- Je pourrai me contenter de promettre d’être ton obligé, et ainsi je te devrai une faveur mais cela me mettrait dans une situation que je préférerais éviter, surtout parce que, comme tu l’as si bien rappelé, je ne suis nullement obligé de faire appel à toi pour cette tâche, tu es juste l’option que je considère comme la plus prometteuse. Je pourrai aussi te faire don d’un puissant artefact mais il ne deviendrait qu’un bibelot qui prendrait la poussière dans ton palais. Je pourrai également recourir à la menace pour obtenir ce que je désir par la force, mais cela nuirait à notre entente et je ne te ferai pas confiance pour agir dans mon intérêt si tu y es contraint. Mais comme je me doute que tu as une idée derrière la tête, énonce-là, mais je t’avertis que celui-ci ce devra d’être à la mesure du service que tu me rendras.
- J’ai bien une idée en tête, celle que tu m’autorises à faire venir ici quelques dizaines de mes frères qui viendront s’installer dans ma ville. Bien entendu, je veillerai personnellement à ne pas faire venir ces enragé qui réclament à corps et à cris la fin de ton règne… du moins, quand ils sont à peu prêt sûr que tu ne les entendras pas.

Le regard d’Utgart se porta alors vers l’assemblée que ses pouvoirs dissimulaient. Déjà, les gains des différents paris changeaient de mains mais le seigneur des lieux observait plus précisément les émissaires des plus grands chefs de Jotunheims qui le pressaient tant et tant à prendre les armes contre les dieux mais dont les guerriers fuyaient face aux forces d’Asgard. Odin pour sa part écrasa la tête avec la hampe de sa lance d’un long reptile qui s’approchaient trop à son goût, sans doute une des nombreuses progénitures de Jormmungandr ou de Niddogh. Odin avait pu voir que ce reptile avait décidé de profiter des illusions créées par Utgart-Loki pour tenter de mordre et empoisonné le Patriarche des Ases. Odin réfléchis à la proposition qui lui était faite, elle était presque insultante à son égard car, malgré qu’il affirmât simplement désirer agrandir sa cour, quelques dizaines de Jotnars constituaient déjà une force de frappe assez grande. En acceptant cela, il permettait à Utgart de renforcer sa propre puissance et donc son influence, il était même probable qu’il pourrait ainsi étendre même sa cité. Mais Odin doutait qu'Utgart tente d'envahir qui que ce soit.

- Soit, je t’accorde de faire venir trois fois neufs de tes frères. Mais hors de ta cité, les actes de ceux-ci rejailliront sur toi, tu prendras la responsabilité de chacun de leurs méfaits, quel qu’en soit la gravité.
- Naturellement. Sur ce comme nous avons un accord, Sköl !!!!
- SKÖL !!!!!!

Utgart venait de lever ses illusions, révélant l’assemblées qui les avaient observés, chacun des membres levant leur corne pour saluer l’accord qui venait d’être conclut. Rapidement, le chaos reprit son droit dans les halls d’Utgart, des spectacles improbables, des bagarres, des défis… tout cela dans un brouhaha composé des braillements et des chants autant que des discussions entres sur l’accord qui venait d’avoir lieu ainsi que la situation de Nordheims et des Neuf royaumes. Odin assista à ces festivités que le temps de ne pas être impolis avant de s’éclipser et de quitter cette cité. Maintenant que la situation de Jotunheim était en passe d’être réglé, Odin pouvait retourner auprès de ses guerriers divins.