Skärn marchait dans les rues d’une des cités creusées dans la roche de Svartalfheim. Il s’agissait d’une expérience assez particulière pour lui, de marché dans des rues sans le moindre contact avec le ciel. En ce royaume de montagne, les villes étaient en bonne partie souterraine, ce qui ne manquait pas de légèrement désorienté les nouveaux venus. Mais pour Skärn, les cités creusées dans les entrailles des montagnes lui rappelait de mauvais souvenirs.
Se frayant un chemin dans les couloirs, il finit par arrivé a son lieu de rendez-vous. Skärn observa la place du marché, éclairer par un ingénieux système de miroir, mais ne vit pas son contact. Il allait devoir patienter en attendant. Le Helblindi espérait que ce dernier aurait des infos intéressantes à lui rapporter, le Fourbe était de retour dans les 9 royaumes et il fallait qu’il connaisse l’influence réelle de ce dernier pour prévoir ses prochains coups. Il connaissait la situation à Niflheim, Musphellheim était, ou le serait bientôt, dirigé par une personne qui avait des raisons d’en vouloir au fourbe, Asgard était encore sous le contrôle d’Odin bien que Loki devait y avoir de nombreux agents et Nibelheim était clairement sous son contrôle. Il restait à savoir ce qu’il en était des autres royaumes, et surtout Svartalfheim qui était directement frontalier de sa terre natale.
Il avait beau dire se foutre de qui régnait sur le nord, il préférait y être préparé, il avait beau se réclamer neutre, il savait qu’il devrait un jour choisir un camp. Il pouvait rejoindre les Odinites, mais il n’était pas sûr de faire du bon boulot en collaboration avec les si honorables guerriers divins, il risquait de faire tâche avec ses méthodes. Rejoindre les partisans de Loki pourrait s’avérer rentable à court terme, mais Loki n’était pas nommé le prince des mensonges pour rien, Skärn savait que tôt ou tard le Fourbe se retournerait contre lui à moins qu’il ne fasse acte de total soumission. Il y avait aussi Olrik qui lui avait proposé de suivre un troisième chemin, de rejoindre une « troisième force » capable de s’opposer aux dieux. Cette option était tentante, mais Olrik n’abordait pas le problème avec la bonne analyse. Le Nord avait besoin de ses dieux, les chasser n’arrangerait rien voir empirerait la situation.
Pendant qu’il réfléchissait, l’attention de Skärn se porta sur le travail des artisans qui l’entourait, son regard fut particulièrement attiré par le labeur d’un forgeron. Ce dernier et ses apprentis étaient occupés à une activité typique à Svartalfheim, travaillant un alliage qu’ils étaient les seuls à maîtriser, celui du fer froid.
Ce métal ne se trouvait que dans les mines du grand nord, un minerai si froid au touché qu’on disait qu’il était imprégné du souffle d’Ymir en personne. Il s’agissait d’un matériau assez particulier à travailler, il devait être travailler à relativement basse température pour ne pas perdre ses caractéristiques, l’âtre du forgeron ne produisant que des flammes de couleurs bleu. Le travail du forgeron était long et fastidieux mais une fois finis, une fois débarrassé de toutes impureté, les lames qu’on en tirait étaient d’une qualité exceptionnelle. Les légendes disaient qu’elles ne rouillaient jamais et que leur tranchant pouvait même blesser voire tuer les esprits, le simple contact d’une de ces lames agissant comme un poison sur ces derniers. De plus, les blessures infligées par ces lames avaient tendance à mettre beaucoup plus de temps à guérir. Beaucoup d’autres histoires encore plus fantaisistes couraient sur les propriétés de ces lames, soit-disant qu’elles pourraient absorber les énergies magiques, voler les âmes… ce que la plupart des érudits du nord réfutaient.
De plus, même si ces lames étaient de très bonne qualité, elle n’en demeurait pas moins du fer, et donc pouvaient être brisé de manière relativement facile face à des matériaux plus solides. Certains forgerons avaient tenté de palier se défaut en appliquant ce métal dans un alliage d’acier ce qui avait belle et bien rendus ces lames plus solides… mais également fait perdre nombre des propriétés qu’on lui prêtait. Si elles continuaient à ne pas rouiller et à être en permanence froide au toucher mais cela était tout. Néanmoins, les lames faites de cet alliage acquéraient une autre caractéristique qui les ont rendus légendaires. Lorsque les vents du nord caressaient le tranchant de ces lames, on pouvait entendre une sorte de plainte s’en dégager, comme celui des loups hurlant à la lune, cela avait valu à cet alliage le surnom d’acier Fenrissien.
Skärn était plongé dans l’observation du procédé lorsqu’une main se posa sur son épaule. Tournant lentement la tête, il remarqua que son contact était arrivé.