Le temps filait comme une brise entre les mains de Ntikuma, qui avait sans cesse cherché à avancer depuis son départ de New Atlantis. Accroché solidement aux cordages du navire malgré les protestations des marins qui avaient fini par le découvrir, la silhouette rouge avait profité une dernière fois des merveilles marines avant de mettre le pied à terre en Europe, à la fois familière et différentes de tous les paysages qu'elle connaissait. Elle était déjà venue, il n'y avait pas si longtemps... mais ça ne s'était pas très bien terminé.

Plus de déchirement, plus de colère. Place à la sérénité et à la découverte.

Si l'Ashanti était déjà allé à Rodorio, pendant la quête pour sauver Iblis, il n'avait cependant aucune idée de comment s'y rendre par ses propres moyens. Heureusement, sur terre, les gens étaient prêts à tendre la main bien plus que sur les eaux; après quelques errances sur les routes, un camion aux couleurs psychédéliques s'était arrêté et ses occupants lui avaient proposé d'une voix molle mais avenante de faire un bout de chemin avec eux. C'était du moins ce que Ntikuma avait fini par comprendre: le groupe parlait une langue qui lui était inconnue, mais à grand renforts de gestes et même d'images cosmiques, qui solidifièrent leur intérêt pour le petit être, une entente fut passée et l'Ashanti pu grimper dans le véhicule à l'odeur épouvantable. Le voyage allait de bon train, ponctué de conversations à peine comprises et de questions sans réponse, et quand le ciel se faisait sombre et le temps long, la silhouette rouge usait de ses trésors d'imagination pour leur conter des histoires.
Et un beau jour, les voyageurs se réveillèrent pour constater que leur invité avait disparu. Ils ne le revirent jamais.

…

Le retour à Rodorio fut une véritable découverte pour le forgeron, qui cette fois pu prendre son temps et errer comme il le souhaitait sans objectif fixe. Les rues étroites et carrées l’amusaient, les regards le suivant ne pesaient rien sur sa conscience. L’armure noire dans son dos n’en était pas la seule raison : c’était un bien étrange bonhomme qui déambulait dans les quartiers, avec son masque peint et sa lourde cape qui sentait le bois de cèdre et le soleil, pour s’arrêter à la moindre distraction et l’examiner avec intérêt avant de reprendre sa route. Rien ne lui échappait, son regard inexpressif s’arrêtait sur tout… tout ce qui l’intéressait, du moins. Parfois, c’était les habitants qui retenaient son attention, sans instiller de malaise. La silhouette rouge se contentait de saluer, de faire quelques signes, puis de repartir. C’était bien, ici. Voir autant de gens en paix, curieux, candides, lui faisait beaucoup de bien.

Au détour d’un coin de rue, l’Ashanti fit une trouvaille qui l’enchanta tout de suite : une large fontaine brillant de mille feux au soleil, dont l’eau gargouillait joyeusement au milieu des chants d’oiseaux et des bavardages dans une langue incompréhensible. Au loin, il pouvait entendre un violon, et plus faiblement, un piano… Peu de passants, malgré la journée magnifique. Aux anges, Ntikuma prit place au bord du large bassin, s’émerveillant de voir un tapis de pièces cuivrées sous l’eau.
Un poids léger sur son poing lui fit baisser la tête. Une énorme libellule venait tout juste de se poser sur sa main, réchauffant ses longues ailes au soleil. Souriant, le conteur secoua doucement son bras, invitant l’insecte à s’envoler. Une étincelle s’échappa des yeux de son masque, prenant la forme d’une libellule lumineuse identique à celle volant maintenant avec curiosité autour de lui. Les deux continuèrent leur vol, bientôt rejoint par une nouvelle libellule… puis une autre… puis une autre… jusqu’à en avoir créé toute une nuée multicolore qui volait avec allégresse autour de lui.
Il n’en fallait pas plus pour qu’en l’espace de quelques secondes, ce petit coin du monde lui appartienne.

Perdue dans ses rêves éveillés, Ntikuma ne sentit pas la jeune femme approcher, ne réagissant même pas aux premiers signes de sa présence. Ce n’est que lorsqu’elle lui adressa la parole que l’entité sursauta violemment, se retournant pour lui faire face. Dans ce mouvement, ses créations cosmiques disparurent en un clin d’œil, laissant la place publique vide et libre pour les deux protagonistes. Le violon s’était tu, ne laissant jouer que le piano au loin. Malgré la multitude de bruits ambiants, un malaise commençait à s’instiller…
Car l’Ashanti ne réagissait pas. La dénommée Athena lui avait posé une question; il ne fit rien pour lui répondre. Les secondes passaient et il se contentait de rester immobile, de la fixer, sans tenter de communiquer ou même de bouger. Déjà, une grande différence commençait à se faire sentir avec son comportement adopté à New Atlantis : là où il avait été enthousiaste et aventurier, le petit être était maintenant calme, calculé. Être sorti aussi abruptement d’une rêverie avait cet effet, peut-être.

Enfin, le mercenaire donna signe de vie; il tourna la tête pour contempler le fond de la fontaine, attraper du regard les éclats de cuivre qui y gisaient, avant de reporter son attention sur la femme du Sanctuaire et lui faire signe d’approcher, se doutant déjà qu’elle refuserait de s’asseoir. Il était vrai qu’après trop de temps, le bassin n’était pas bien confortable…

Athena, hein… Ntikuma connaissait ce nom. C’était le nom d’une déesse, cheffe des proclamés Saints, eux-mêmes bien différents de ceux qui peuplaient les contes des églises de son village puisqu’ils répondaient à d’autres croyances. Son coin du monde avait été bien déconnecté de la réalité, mais ses nouveaux collègues de l’île de la Reine Morte lui avaient brièvement parlé des différents camps et des dieux qui les peuplaient, en constatant que les serviteurs de ces derniers en avaient déjà après le nouveau forgeron. Ce n’était pas parfait, mais au moins il pouvait se débrouiller.
Et maintenant que faire de tout ça?

N’importe qui peut prendre n’importe quel nom; le conteur était bien placé pour le savoir. Pourtant, cela ne l’empêchait pas d’être méfiant et nerveux. Et si c’était vraiment une déesse, comment fallait-il réagir? Ce n’était pas le but de sa mission… mais ce n’était peut-être pas ça non plus. Qui pouvait juger? Qui pouvait savoir? Assumer n’était pas son genre; les autres pouvaient bien le faire à sa place.

Rester calme, d’abord. Faire comme d’habitude, rester doux comme nuage et complaire à son interlocutrice. Lever le bras et lui montrer sa main pour lui montrer qu’il n’allait rien faire de mal, puis laisser son cosmos imbiber ses doigts de lumière dorée pour écrire devant lui. Ça, ce n’était rien. Juste une parcelle de pouvoir. Même écrire à l’envers ne prenait pas tant d’effort, tant que le résultat final restait clair dans sa tête, et vu son mutisme un mot ou deux se devaient d’être la base de ses capacités. Il pourrait y en avoir plus, peut-être… il pouvait en avoir des pages pleines, des romans. Mais pourquoi se contenter d’une poignée de mots quand il y avait toutes ces images ne demandant qu’à être mises au monde?
Et pourtant, les choses les plus complexes à illustrer étaient souvent les plus simples et les plus courtes. Dont le besoin d’écrire.

« Touriste »

Après quelques secondes, les lettres projetées entre les deux éveillés s’étirèrent et s’effilèrent, se muant graduellement en une longue plume que l’Ashanti attrapa entre ses doigts, jouant avec distraitement avant de l’emprisonner dans ses mains et de la rouler en boule, pour ensuite montrer le produit final à Athena : un petit oisillon, une chouette, blanche comme neige aux petits yeux clos. La création translucide déploya ses petites ailes et s’envola des mains de Ntikuma, pour se dissiper en une poudre brillante à peine un mètre plus loin.
Maudites soient les armes et armures. Si ses pouvoirs ne pouvaient que reproduire ces inspirations là, ce serait plus que suffisant.

Puis la silhouette rouge se détourna, reprenant sa contemplation de l’eau claire avec enthousiasme. Elle pourrait peut-être s’y tremper les pieds, ce ne serait pas une mauvaise idée… et maintenant, elle se sentait observée. Qu’importe, ça l’amusait, étirer ses mystères encore plus. Au moins, ici, personne ne risquait de le chasser…

Sa tentative de communication fut un succès : la jeune femme s’adoucit à la vue de sa petite chouette cosmique, lui faisant part de son admiration et semblait même prête à le laisser tranquille, ne demandant pas plus de détails sur les raisons de sa visite. Non pas qu’il y en avait vraiment et que Ntikuma lui en aurait fait part, mais sa soudaine coopération avait de quoi faire sourire. Le conteur lui répondit d'un salut bien bas qui laissait paraître son amusement. Ce n’était pas de la manipulation, loin de là, simplement un court partage entre les deux suivi d’un silence amical, sans malaise ou hostilité. Avait-elle vraiment besoin d’entendre que le voyageur rouge ne ferait aucun mal? Avait-elle encore besoin de se poser la question?

Peu importe, la servante du Sanctuaire se proposa pour le guider et répondre à ses questions. L’Ashanti hocha la tête avec énergie pour signifier qu’il avait compris, tapant des mains avec enthousiasme. Il pouvait rester! Il y avait eu de quoi douter, mais au final rien de l’empêchait de poursuivre sa visite. Voir le reste de Rodorio serait intéressant, mais il y avait plus, bien plus…
La silhouette rouge se redressa prudemment pour se retrouver debout et parfaitement en équilibre sur le bord du bassin, les bras tendus pour ne pas tomber, et fit quelques pas joueurs avant de relever la tête pour trouver ce qu’elle cherchait, soit les grands temples pâles qui abritaient les soi-disant protecteurs de l’humanité. Elle venait de là, non? Peut-être allait-elle partager quelques vérités, Rodorio avait son charme mais c’était définitivement ce qui l’intéressait le plus. Comment était-ce, là-haut? Comment étaient les Saints, qu’en pensaient-ils?
Il s’était passé tant de choses, ils devaient avoir bien des histoires à conter.

Il leva le bras pour pointer le Sanctuaire au loin, gesticulant un peu avec panique en passant près de perdre l’équilibre, et jetant plusieurs coups d’œil vers la jeune femme pour s’assurer qu’il avait bien son attention. Il la pointa ensuite, tenta de jauger la distance qui les séparait, décida de ne pas sauter, et se lança dans une plus longue tirade de signes pour tenter de lui faire comprendre qu’il voulait en savoir plus sur elle et sa vie chez les chevaliers d’Athéna. En échange, il avait encore quelques secrets à dévoiler aussi…

Ntikuma baissa la tête avec dépit. Voir le Sanctuaire aurait été intéressant, une expérience unique pour ses yeux qui ne demandaient qu’à tout voir, mais encore une fois son identité lui fermait bien des portes. Enfin, ce n’était pas tout à fait ça; le Sanctuaire n’était pas ouvert au public, tout simplement. Nul besoin de se sentir visé… Malheureusement, Athena ne lui apprit rien de nouveau, l’information qu’elle pouvait divulguer étant celle déjà connue de tous. Il n’y eut aucune réaction à la blague de la jeune femme, si ce n’est qu’un reflet surnaturel qui parcourut l’écharpe du petit être toujours debout sur le bassin.

Il sursauta, attrapant entre ses doigts le tissu doré qui pulsait comme un second cœur inconscient. Ses capacités lui échappaient toujours, encore plus depuis qu'elles avaient été affaiblies et vu comment il se l'était approprié, même l'imposteur qui lui avait offert ce pouvoir n'aurait pas su lui expliquer. Après tout, ce n'était pas Anansi qui avait choisi ce que Ntikuma ferait de ce cosmos, il n'avait fait qu'éveiller le potentiel qui tardait à faire surface. À croire que même l'Ashanti ne savait pas toujours ce qu'il lui passait par la tête...
Car sa Toile, son précieux artefact guidé par sa volonté, tentait de lui faire comprendre quelque chose. Un souvenir refoulé ou une remarque que la silhouette se refusait à formuler? Fermant les yeux et respirant profondément, le forgeron se concentra pour trouver la source de cet éclat, fouillant ses pensées sans trop savoir ce qu'il cherchait. Une idée trop longtemps ignorée, une question qu'il ne savait exprimer? Depuis quand l'écharpe tenait-elle tant à se faire entendre? Le muet ouvrit les yeux et tira sur le tissu pour le tendre devant lui et constater qu'un nom y était apparu.

Atɛna

En soi, toutes les figures divines présentaient leur lot d'intrigues, et Ntikuma en avait une opinion bien peu glorieuse: à la fois détestable, fascinante et terrifiante, dont les actions et surtout l'agressivité lui échappait et dont il préférait nettement rester bien loin. Pour cette raison, les divinités qui se disaient bienveillantes étaient source de bien plus de questionnement, car elles prétendaient être exemptes de ce jugement. Était-ce vrai? Personne n’était venu à son aide quand son village avait été réduit en esclavage, justement au nom d'une vérité plus haute et plus forte, et il avait rencontré des dieux cruels et menteurs comme Phobos et Anansi avant de tomber sur ces soi-disant protecteurs. Il y avait de quoi avoir peur, surtout si un jour il devait être considéré comme un ennemi.
Et c'est ce qu'il voulait savoir. Qui se trouvait vraiment là-haut et ce qu'elle comptait faire. À défaut de la voir, il apprendrait à la connaître avec les yeux d'une autre.

La silhouette rouge aurait aimé tenté l'expérience avec le jeune Gaïus, mais le temps avait manqué. D’un geste sec, elle retira son écharpe et en chassa les lettres, qui tombèrent en poussière devant les deux protagonistes. Un geste de la part de l’Ashanti et l’amas de flocons cosmiques tourbillonna jusqu’à former une nouvelle forme : celle d’une araignée de la taille d’un chat, faite de joyaux noirs, rouges et jaunes qui commença à marcher lentement. Ntikuma prit la peine de lever les yeux sur Athena, puis de se pointer du doigt pour bien expliquer que l’insecte le représentait, puis fit apparaître un flash doré au dessus de la créature. En sortit une chouette toute grise, à l’allure plutôt quelconque malgré l’exploit créateur, qui se posa devant l’araignée en la fixant curieusement. Si la jeune femme tentait de toucher aux deux créatures, sa main ne ferait que passer au travers, et certains jeux de lumière finissaient par révéler le faux du spectacle. L’oiseau finit par se désintéresser et tourner le dos, mais quand l’insecte recommença à bouger, il se retourna prestement et battit des ailes, ses traits étant devenus ceux d’une vieille bête au plumage hirsute et au bec crochu, qui aurait sans doute hurlé à en casser tous les tympans si le conteur avait su accomplir une telle chose. L’araignée se recroquevilla sur elle-même, apeurée, jusqu’à ce que la chouette se calme et décide de sautiller jusqu’à elle, ses traits s’adoucissant et se métamorphosant, de plus en plus petite et douce. Ce fut un oisillon qui atteignit l’étrange avatar du conteur, lui donnant des coups de bec pour lui relever la tête en ayant de la difficulté à se déplacer sans trébucher. Les deux animaux se pourchassèrent un peu sans animosité jusqu'à ce que le bébé chouette ne change à nouveau : il se mit à grandir et prit des formes plus élancées, élégantes et féminines, d'une certaine façon. L'arachnide avanca sans crainte en direction de l'oiseau anthropomorphique, qui la laissa approcher en la fixant de ses grands yeux calmes, tendant les ailes comme s'il lui ouvrait grand les bras. L'insecte s'apprêta à bondir pour reprendre le jeu, mais la chouette fut plus rapide. Son bec tranchant transperça l'abdomen de son compagnon de jeu d'un coup sec et précis et l'araignée fut réduite en poussière.

La musique au loin s'était arrêtée. Le nez de Ntikuma avait commencé à couler et sa tête bourdonnait, mais il tenait bon. Levant une main tremblant devant lui, il écrivit avec son cosmos le nom de la divinité à nouveau, "Atɛna", en pointant de son autre main l'endroit où s'était déroulée la scène. Entre temps, l'oiseau s'était aussi effacé, vu le manque d'attention porté par le conteur. Ce dernier respira un peu, avant d’incliner la tête dans un signe d’interrogation. Alors? De la grise observatrice, la mégère hurlante, l’enfant à l’équilibre précaire ou la protectrice impitoyable, laquelle était la bonne?

La mélodie du piano se fit entendre à nouveau, dissipant le silence qui s’était encore une fois installé entre les deux protagonistes. Ntikuma avait bien peu réagi aux réponses de son interlocutrice, jouant distraitement avec un filament d’or apparu entre ses doigts en tentant d’évaluer la distance entre le sol et son perchoir. Qu’y avait-il de plus à chercher? Il avait cherché une vérité et elle n’en avait pas, ou rien qui ne puisse être conté. Une déesse avait déjà cherché à le couver, une fois, sans lui dire qu’elle avait mis sa vie en jeu pour un simple test, et il n’avait pas de difficulté à croire qu’elle l’aurait tué en cas d’échec. Athéna n’était pas Hygie, il y avait de quoi espérer, mais ça, aucun humain ne saurait encore le prouver.
Mais en ce lieu, les secrets régnaient, et Athena pouvait bien dire le contraire, l’Ashanti était un intrus qui n’avait le mérite de les découvrir. Car qui dit qu’il ne les utiliserait pas contre eux ensuite, ou qu’il ne saurait les revendre à l’un des siens, ou simplement à d’autres plus offrants? La pensée ne lui échappait pas, mais elle était néanmoins frustrante ; il savait être bien des choses, mais pas ça. Mais ailleurs… ailleurs, il n’y aurait personne pour écouter.
Secrets, rumeurs, mystères, peu importe. Ce n’était que des histoires, au final.

Un véritable sanctuaire, où l’homme serait libre des poisons divins. Quelle idée… même pour lui, cet endroit n’existait pas. Perdue dans ses pensées, la silhouette rouge tourna la tête en direction de la Sainte, jaugeant son impatience et son envie de retourner à ses occupations. Oui, elle devait avoir fort à faire. D’un bond agile, l’Araignée sauta en bas du bassin. Une onde dorée se propagea entre les dalles inégales lorsque ses pieds touchèrent le sol, similaire aux multiples reflets qui parcouraient l’eau de la fontaine. C’était bien plus facile comme ça. Bien que plus petite que son interlocutrice, la figure ensevelie sous les tissus avait quelque chose d’imposant dans sa façon d’avancer, défiant la réalité avec chacun de ses pas. Défier n’était pas exact : elle la ré-imaginait et partageait le fruit de ces rêveries au reste du monde. Les vagues de couleurs s’accumulaient autour des deux éveillés en se levant comme du brouillard, de simples lumières sans matérialité, en prenant de plus en plus d’ampleur. Lorsqu’il fut suffisamment près, Ntikuma leva les mains pour montrer ce qu’il tenait entre ses doigts : un amas de fils dorés noués pour former une toile d’araignée parsemée de perles colorées. Et au centre, une fragile breloque d’un étrange métal rougeâtre représentant le fameux arachnide, bien accrochée au centre du bijou. Sans peur, le forgeron la tendit à Athena, et dès que sa main fut suffisamment près, il laissa tomber sa petite œuvre.

Dès qu’elle entra en contact avec sa peau, toutes les projections cosmiques autour d’eux disparurent.

Reculant avec satisfaction, le mercenaire admira une dernière fois sa création avant de s’incliner avec respect, puis de tourner la tête vers une des rues, se doutant que la musique venait de là-bas. Ça ne ferait pas de mal d’aller jeter un coup d’œil… saluant d’un dernier geste de la main bien plus amical, Ntikuma s’enfuit en courant, sa cape claquant derrière lui.