Saint Seiya
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[Frontline] Code Name : Nature & Nurture
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Rogos
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« Oh non, pas lui... » se désespéra intérieurement le Dullahan en s'efforçant de ne rien laisser paraître sur son visage.

« Je crois bien que si, docteur Cantor. Un plaisir de vous revoir. » répondit Feuerbach, sardonique. Signe que le Spectre commençait à s'adapter à la vie dans les rangs des Agences, il ne sursauta pas devant cet exemple de télépathie apparente : il y avait une autre explication plus probable et c'était que tout le monde – dont les autres scientifiques qui les entouraient, tous absorbés dans leurs propres discussions en prenant garde à ne surtout pas attirer l'attention de l'allemand – devait avoir la même réaction en se rendant compte qu'il leur faudrait travailler sous ses ordres... ce qui ne diminuait en rien l'infortune de sa situation.

Il en avait vu – et fait – pourtant des choses horribles pendant ces longues semaines d'apprentissage, entre les dissections de captifs éveillés vivants, les sévices infligés à d'autres prisonniers pour les forcer à développer des pouvoirs parapsychiques, la galerie d'abominations contre-nature que renfermait l'Agence russe, le musée des horreurs qui servait de laboratoire au professeur Rivera et autres atrocités du même tonneau... On avait eu beau lui garantir que ses collègues avaient un semblant de sens éthique, que leurs cobayes étaient des criminels condamnés à mort et il avait beau savoir que ces opérations ne représentaient qu'une part minoritaire des travaux de la Division Scientifique, c'était glaçant. Dans ces circonstances, c'était l'attitude des supérieurs vis-à-vis de leurs subordonnés qui faisait toute la différence (quoique, il y avait quelque chose de dérangeant à avoir une conversation civile avec une femme qui venait d'enfermer un homme dans une pièce étanche pour la remplir ensuite d'un gaz capable de liquéfier entièrement la peau du malheureux en moins d'une minute et de ne laisser que d'infimes vestiges de tissus organiques sur ses os après dix minutes). Il n'y avait cependant aucun soutien moral à espérer de la part de l'irritant teuton, rien que brimades, vexations, remarques condescendantes et presque jamais de compliments – ses assistants tenaient apparemment un journal spécialement pour recenser ces moments exceptionnels. À la réflexion, Rogos se demanda s'il n'aurait pas été préférable de requérir une affectation à la Section des Armes Chimiques et Biologiques... un rêve impossible, il en avait conscience : les compétences qu'il avait exhibées lors de son « examen d'entrée » le destinaient au contact avec des éveillés et c'était exactement cela que le fils de Nyx souhaitait qu'il observe.

Il s'était acquitté de sa mission avec sa diligence coutumière et en récompense de ses efforts venait de recevoir sa première véritable affectation dans cette base perdue aux confins de la Chine, proche de la frontière sibérienne. Heureusement pour ce qu'il lui restait de conscience, les sujets de l'expérience qui y serait pratiquée étaient des volontaires, des agents qui cherchaient à devenir plus utiles à leurs organisations respectives en éveillant leurs capacités parapsychiques. Peu d'entre eux y parviendraient hélas, un état de fait regrettable à plus d'un titre, comme le démontrait Feuerbach d'un claquement de langue impatient en feuilletant la liste des cobayes.

« Comment voulez-vous dégager des tendances significatives à partir d'une population-test aussi faible ? Nous avons besoin de données, pas d'anecdotes. » fit-il en prononçant ce dernier mot avec un mépris qui confinait au dégoût. Le français ne put qu'acquiescer : l'effectif disponible n'était pas assez important pour que la loi des grands nombres joue son rôle de correcteur de biais et d'aberrations statistiques, ce qui nuirait à l'objectivité de leurs conclusions. Même en corrélant leurs résultats avec ceux des autres sites – dans l'Himalaya, le désert de Gobi, la forêt amazonienne, en Islande ou dans le Danakil pour ceux dont il connaissait l'existence – il leur serait difficile d'accomplir leur objectif en vérifiant si oui ou non les conditions d'obtention des facultés parapsychiques influaient sur leur nature.

« Et comment proposeriez-vous de rectifier ces insuffisances, professeur ? » l'interpella leur chef à tous, qui arrivait flanquée du colonel Khalil et suivie de sa propre procession de militaires. La générale Ho Sun chapeauterait l'ensemble de l'opération, l'iranien serait son bras droit en matière de sécurité et de commandement des troupes tandis que l'allemand assurerait la direction scientifique du projet ; il ne restait plus qu'à espérer que la présence d'une supérieure notoirement portée sur la discipline pousserait l'arrogant à refréner les aspects les plus désagréables de sa personnalité… mais cela s’annonçait mal parti.

« Nous pourrions cesser de nous limiter aux agents volontaires pour commencer, rendre l’exercice obligatoire ; tout ce cirque avec les décharges de responsabilité est parfaitement ridicule, ce cher monsieur Kido n’a certainement pas demandé leur avis à ses bâtards avant de les envoyer mourir pour une chance de faire partie de la garde d’honneur de sa fille adorée et le Sanctuaire se préoccupait tout aussi peu de savoir si ses recrues étaient là de leur plein gré ou non. »

Le Dullahan s’abstint de participer à l’échange : il avait lui-même posé la question en recevant les détails de son affectation et on lui avait répondu que, compte tenu de l’extrême dangerosité du processus d’éveil, il était hors de question pour les Agences de l’appliquer de manière systématique à l’ensemble du personnel combattant. À la place, elles évaluaient leurs soldats afin de sélectionner ceux qui avaient le plus de chances de réussite – ou du moins de survie – mais leur laissaient le choix de la participation – les refus étaient presque inexistants mais il s’agissait là d’une façon de confirmer la détermination des candidats à l’éveil, un élément indispensable – et considéraient également les demandes de soldats volontaires bien que non-sélectionnés. Gagner un combattant éveillé supplémentaire – et encore, au mieux un niveau 2 – au prix de dix autres agents tués, estropiés ou traumatisés qui auraient pu continuer à faire de l’excellent travail était contre-productif, surtout pour une alliance d’envergure mondiale. Feuerbach ne partageait manifestement pas cet avis mais on avait déjà dû lui faire part de l’objection, raison pour laquelle Ho Sun ne daigna pas l’exprimer à voix haute.

« Ou alors nous pourrions nous fournir ailleurs, tout simplement. Avec nos ressources, faire l’acquisition de quelques milliers de spécimens ne devrait pas être un problème, nous y avons bien recours pour d’autres catégories d’expériences. Profitons-en pour améliorer la qualité de la matière première tant que nous y sommes, les données seront plus fiables si nous pouvons compter sur un taux d’éveil plus élevé. »

Apparemment cette suggestion-ci était de trop, même pour la générale. Le français reconnaissait sans peine les implications des paroles de son supérieur, les Agences – chinoise en tête – ayant eu tout le temps de recenser les caractéristiques désirables pour un candidat à l’éveil en trois décennies de recherches approfondies… L’asiatique faisait preuve d’un sang-froid admirable en se retenant de vider le chargeur de son arme dans l’estomac de son interlocuteur.

« Nous ne pouvons utiliser ni prisonniers, ni soldats ordinaires, ni civils pour une expérience aussi cruciale, chacune de ces options est un cauchemar en termes de logistique, de sécurité et de protection du secret de nos activités, sans parler de la dimension éthique pour la dernière catégorie. Quant à se procurer de la meilleure matière première comme vous dites, nous ne sommes pas désespérés à ce point. Apprenez à vous contenter de ce que vous avez pour le moment, l'union des Agences a déjà beaucoup fait pour remédier aux inconvénients de notre méthodologie. »

« Peut-être que les comités de direction changeront d'avis à la prochaine catastrophe. » répondit Feuerbach sans se laisser démonter. « Ces choses-là ont le don de faire pencher la balance lors des analyses coûts-bénéfices. Mais le temps que l'humanité soit suffisamment aux abois pour accepter de faire ce qui doit être fait sans restriction aucune, il sera trop tard et nous ne pourrons plus que regretter de ne pas avoir agi plus tôt... comme nous le regrettons déjà. »

« En effet. » concéda la générale avec indifférence. « Toutefois cette décision ne vous appartient pas : votre expertise, aussi brillante soit-elle, se limite au terrain scientifique. Restez à votre place dans le laboratoire et laissez-nous juger de l'état de la planète et des mesures appropriées pour y répondre. »

« Et dans tous les cas, ne priez pas pour qu'un malheur s'abatte juste pour avoir un prétexte pour ne pas respecter les règles qui vous déplaisent. » intervint enfin un Khalil blasé.

« Quel dommage, pour une fois qu'une prière est quasi-certaine d'être exaucée. »

« Encore un mot professeur et je vous envoie faire par vous-même l'expérience de l'intégralité de notre programme d'entraînement pendant une semaine en doublant les séances de waterboarding, d'électrochocs et de marche sur charbons ardents. »

« Qui sait, peut-être que vous en ressortiriez avec des pouvoirs, vous pourriez récolter des données tout votre soûl avec le bénéfice d’une perspective unique. Franchement, à votre âge et vu votre objet d’étude je n’arrive pas à croire que vous n’y soyez pas déjà arrivé. »

L'avertissement et la raillerie eurent finalement raison de l'insolence du chercheur germanique. Rogos suivit l’exemple du reste des hommes et femmes en blouses blanches ou uniformes qui avaient assisté, muets, à cette discussion en faisant tout son possible pour qu’on l’oublie.

« Bon, si tout le monde a fini d'échanger ses salutations et de cracher son venin, nos nouveaux collaborateurs ne devraient pas tarder à arriver. Je les ai formés moi-même – puisque je suis apparemment abonné au rôle de sergent-instructeur –, ils devraient donc vous donner satisfaction. Essayez tout de même d'être accueillants avec eux. »

La générale réagit d'un hochement de tête microscopique mais d'après ce que le Spectre avait entendu à son sujet, elle attendrait de rencontrer les mercenaires en personne pour se faire son propre avis. Le talkie-walkie d'un de ses hommes crépita ; il le porta à son oreille, échangea quelques mots avec la personne à l'autre bout du fil dans sa langue natale puis s'adressa à sa supérieure dans le même idiome. Quelques secondes plus tard, l'énorme porte blindée obstruant l'entrée du hangar où s'était tenue leur réunion commença à s'élever, livrant passage à des bourrasques de vent glacial qui s'accompagnèrent de flocons de neige lorsque le battant atteint une certaine hauteur.

Ils se trouvaient dans un complexe de fortifications souterraines creusées dans la montagne à l'époque des tensions entre la Chine et l'URSS, officiellement abandonné mais reconverti pour l'usage de l'Agence locale ; les américains avaient des bases similaires et Rogos supposait que c'était également le cas d'autres nations. L'ouverture dévoilait une forêt enneigée à perte de vue sous un ciel d'un gris uniforme, un monde sans couleurs et silencieux... du moins jusqu'à ce que le bruit des lourds véhicules militaires se fasse entendre, un convoi qui leur amenait leurs cobayes ainsi que les auxiliaires déjà éveillés qui auraient pour mission de veiller à leur sécurité et de mettre leurs talents à contribution pour assister les chercheurs au cours de l'expérience.

« Voilà qui doit leur rappeler des souvenirs. » fit l'iranien. « Si Marchesi et De Assis pouvaient éviter de se crêper le chignon ce coup-ci par contre... »
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-… Bon, Leticia, kossé qu’y a encore?!

-Il est trop petit.

-Pour la dernière fois, il n’est pas trop petit, il a arrêté d’être trop grand. C’est ce qui arrive quand on a un corps normal.

Théophile fusille Luiza du regard et je me retourne pour regarder ailleurs, les bras croisés sur ma poitrine, pour ne pas avoir à prendre part encore plus à la conversation. Le temps passé entre les mains de FIRMAMENT a réussi quelque chose que même les Enfers n’ont pas pu se vanter de réussir : me faire prendre du poids. À force d’entraînements soutenus, de supervision permanente et de repas réguliers, mon corps a repris des forces et de la masse et ça n’a pas été bien long avant que ma combinaison ne commence à devenir un peu plus serrée… en m’en apercevant, j’ai paniqué un peu, mais tous mes collègues m’ont dit que c’était normal, que l’uniforme est supposé être moulant et que je le portais simplement comme tout le monde. Rien n’a mis fin à mon embarras pourtant et j’ai continué à demander pour un nouvel uniforme plus grand, sans succès. Frustrée, j’ai continué à me plaindre auprès de mes collègues, mais personne n’a pris ma défense.
Et maintenant nous voilà partis en mission, dans les terres gelées de Chine, en compagnie d’autres soldats sans aucune capacité cosmique en route vers un laboratoire qui saura peut-être remédier à ça. Ils en savent sans doute plus que nous sur le processus complet qui pourra éveiller des capacités cosmiques en eux, mais ce que j’ai entendu était suffisant pour m’empêcher de dormir la nuit. Qui pourrait accepter de faire tout ça pour quelques pouvoirs? Plus j’y pense, plus ça me tracasse, au point où j’ai de la difficulté à regarder ces gens dans les yeux sans chercher mon souffle et rester bien ancrée dans la réalité. Ce n’est pas… on ne devrait pas permettre ça…

Contrairement aux premières fois où j’ai laissé paraître mes faiblesses, les autres membres de mon équipe m’ont offert un support dont je ne savais pas que j’avais besoin. Passé outre les paroles de sagesse et les tentatives de me faire comprendre, j’ai eu droit à de l’inquiétude et de la compassion réelle, et soudainement l’envie d’en parler à Papanek est devenue de plus en plus tentant. Mais pour ne pas menacer ma fausse identité, je suis restée repliée sur moi-même, gardant mes tourments pour moi. De toute façon, qu’est-ce qu’ils peuvent y changer?

Un mouvement brusque nous secoue brutalement, signe que le camion est enfin arrêté. Je me lève en m’étirant comme tous les autres, à l’exception de Bilodeau-Tanguay qui, fidèle à lui-même, a passé tout le trajet à se promener et a changer de placer pour discuter avec les soldats les plus nerveux. Je crois qu’ils pourraient essayer de le coller à son siège et il trouverait encore un moyen de se lever, il ne s’arrête jamais… Pour ceux qui ne l’ont jamais rencontré, c’est déstabilisant, mais rassurant après quelques mots. Pour tous les autres, c’est la routine, et elle devient de plus en plus agaçante. Ceux qui sortent les premiers se dépêchent de s’écarter pour laisser suffisamment d’espace aux autres et nous finissons par former une ligne devant nos supérieurs et collègues scientifiques, certains adoptant une position de repos militaire classique, d’autres se contentant de croiser les bras et d’attendre la suite. Tirant sur le tissu de mon uniforme dans le vain espoir de l’agrandir un peu, c’est en relevant la tête pour analyser ces nouveaux venus que mon regard tombe sur Rogos.

Khalil laisse tomber quelques sarcasmes, mais je ne parviens pas à rester parfaitement de marbre. Depuis le temps que je suis ici, je ne pensais pas tomber sur d’autres Spectres, encore moins un que je connais. Je n’ai pas beaucoup revu Wolgorn non plus, et c’est tant mieux, mais entre croiser le Bourreau et le Dullahan, il y a décidément un choix plus attirant que l’autre. C’est un petit coup d’épaule de la part du Québécois qui me rappelle à l’ordre, sans cela j’aurais sans doute été tentée de saluer mon coéquipier dans un geste qui ne serait probablement pas passé inaperçu.

-C’est beau Marchesi, De Assis fait sa vache pis toi t’es mature, chuis fier de toi.

Je lance un coup d’œil à la plus âgée du groupe, qui attend ma réaction avec un demi-sourire, mais me contente de hausser les épaules et de me remettre à jouer avec mon uniforme. Si je dois faire une rechute juste devant notre instructeur, ça n’aidera pas ma cause.
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Le français fit de son mieux pour rester naturel lorsqu'une tête connue sortit du premier camion contenant le personnel de sécurité. Devoir travailler au même endroit que la Mante, c'était bien sa veine : non seulement ils couvraient moins de terrain ainsi, diminuant la quantité d'informations utiles qu'ils pourraient récolter pour leur Seigneur mais ils risquaient en plus et surtout de se trahir. Il suffirait d'un moment d'inattention pour que leurs supérieurs suspicieux se demandent d'où provenait cette familiarité entre deux individus qui n'étaient pas censés se connaître, entre l'éveillée prêtée par Kaganovitch et le scientifique au service d'Al-Aswad. Première étape pour éviter le fiasco, s'habituer à penser à elle en tant que Marchesi et non Oblivion. Cela dit, il était content de voir qu'elle semblait bien s'entendre avec au moins l'un de ses collègues...

« Hypocrites. » susurra l'allemand au débotté. Rogos regarda à sa droite, à sa gauche, vit qu'il n'y avait personne d'autre à proximité immédiate de l'irritant personnage... Il fallait s'y résigner, c'était à lui que ce dernier s'adressait. Pourquoi lui, il n'avait pas une autre tête de turc à qui infliger ses réflexions ? Visiblement pas en cet instant, hélas : « Ça se dit trop bien pour utiliser des enfants comme sujets d'expérience et ensuite ça fait affaire avec des soudards à louer qui intègrent des enfants-soldats dans leurs rangs. Quoi, ça cesse comme par magie d'être immoral du moment que nous ne perpétrons pas directement les atrocités, que nous nous contentons de les instrumentaliser ? »

Qu'était-il censé répondre à ça, « nécessité fait loi » ? Cela ne ferait qu'apporter de l'eau à son moulin. Il se rabattrait donc sur une méthode éprouvée : éluder la question en s'arrangeant pour la faire retomber sur quelqu'un d'autre... au hasard, la seule personne ici dont l'autorité surclassait celle du teuton : « Je ne sais pas professeur, il faudrait demander à la générale. »

« Peut mieux faire. » jugea son interlocuteur de la qualité de sa répartie. Tant qu'il le laissait tranquille, le Spectre s'en accommoderait.

Les véhicules suivants déchargèrent à leur tour leurs passagers. Ceux-là étaient vêtus d'uniformes plus classiques qui les désignaient comme de simples soldats, les candidats à l'éveil qui constitueraient son objet d'étude pendant son séjour en ces lieux ; beaucoup plus nombreux que les premiers arrivants, ils se rangèrent également en rangs bien nets à leurs côtés, laissant néanmoins une nette démarcation entre les deux groupes. Ho Sun et Khalil s'avancèrent, toisant leurs subordonnés.

« Je serai brève : vous savez pourquoi vous êtes ici et vous connaissez les risques que vous encourrez en participant à cette expérience. Le personnel médical qui vous accompagnera tout du long n'a pas seulement pour tâche de récolter les données de l'expérience, son rôle est également de tenter de minimiser les dommages irréversibles que vous pourriez subir – et il y en aura forcément – et de s'assurer que vous soyez en condition de continuer mais pas plus. Cet entraînement-ci n'aura rien à voir avec ceux que vous avez déjà reçus au cours de votre carrière, il est délibérément conçu pour vous briser physiquement et mentalement, c'est à vous de trouver la force non seulement de vous reconstruire ensuite, mais de vous reforger vous-mêmes en quelque chose de plus fort. C'est votre dernière chance pour vous raviser : si vous ne le faites pas, nous n'interviendrons plus pour vous retirer de l'expérience qu'afin de vous épargner une remise en cause permanente de votre capacité à accomplir votre devoir, rien de moins. Réfléchissez bien. »

La générale n'exagérait pas, au contraire même : après avoir été mis au courant de ce qui attendait ces pauvres bougres, Rogos trouvait qu'elle employait un peu trop d'euphémismes. Pour ce qu'il en savait, l'Agence chinoise était la plus avancée de l'alliance en matière de formation de nouveaux éveillés – l'héritage d'une tradition martiale et ésotérique plusieurs fois millénaire sans doute – mais chacune des autres nations y était allée de ses petites suggestions, rajoutant au programme les éléments les plus cruels de leurs propres méthodes. Les exercices physiques extrêmes répétés jusqu'à l'épuisement complet du corps comme de l'esprit n'étaient qu'un hors-d’œuvre, la partie émergée de l'iceberg : quelques-unes étaient moins désagréables – hypnose, méditation, stimulations électrochimiques du cerveau... –, mais beaucoup d'entre elles étaient beaucoup, beaucoup plus violentes. Privation sensorielle, de sommeil, de nourriture ; torture par le feu, le froid, l'eau, l'électricité, les coups ; surcharge sensorielle, utilisation de drogues expérimentales, confrontations multiples à des cosmos hostiles...

On en viendrait presque – presque – à se rallier aux opinions de Feuerbach, qui réclamait des cobayes plus réceptifs avec lesquels il n'y aurait pas besoin d'avoir la main aussi lourde... quoique, les préoccupations humanitaires étant le cadet de ses soucis, il conserverait sans doute le même niveau de sadisme même si son vœu était exaucé, tout ça pour avoir plus d'éveillés et donc davantage de données en fin de parcours. Et comme le montraient ces études que les Agences avaient menées chacune de leur côté avant d'unir leurs forces qui étaient toutes arrivées indépendamment à des conclusions similaires, ces fameux sujets plus réceptifs étaient les enfants. La tranche d'âge entre 7 et 17 ans plus précisément, qui était arrivée à un certain niveau de développement mental mais dont la psyché conservait encore une forte plasticité, un équilibre délicat. Tout n'était qu'une histoire de conjonction de facteurs : chaque être humain avait le potentiel pour développer des facultés parapsychiques, cependant les chances de voir ce potentiel se réaliser pour aboutir à un éveillé de type Darwin étaient influencées de manière positive ou négative par un certain nombre de facteurs parmi lesquels l'âge occupait une place prépondérante. Les soldats adultes et endurcis étaient considérablement plus difficiles à éveiller, raison pour laquelle les Agences compensaient en agissant sur les autres facteurs.

Les candidats à l'éveil n'étaient pas forcément conscients de ces raisons mais ils avaient été informés en détail du traitement qu'on leur réservait. Et pourtant aucun d'eux ne se désista au cours de la pause accordée par l'asiatique pour les réflexions de dernière minute. Elle inclina légèrement la tête, seule inflexion dans sa rigide posture.

« Votre pays vous remercie de votre sacrifice. Vous commencerez dans 15 minutes par l'exercice 04-B ; je vous conseille d'emporter de quoi vous défendre, les environs grouillent de loups et d'ours. Rompez ! »

Les cobayes se mirent en mouvement sans pour autant perdre en discipline pour se préparer à la première épreuve. Exercice 04-B... à moins que sa mémoire ne lui fasse défaut, cela consistait en un marathon complet autour de la base, torse nu dans la neige – le mercure indiquait -25°C, ça aurait pu être pire –, sur terrain accidenté et comme l'avait précisé la générale, à travers des bois infestés de bêtes sauvages. Remis en perspective par-rapport au reste du programme, c'était un début en douceur.

Les gardes mercenaires n'avaient pas encore été congédiés. Khalil s'approcha d'eux pour délivrer ses propres instructions, mais d'abord...

« J'ai entendu parler de vos premières missions. Bravo à tous, et je compatis pour vos camarades blessés qui n'ont pas pu nous rejoindre aujourd'hui. »

Ce bref moment de sympathie passé, l'iranien revint au présent : « Comme vous le savez, vous êtes là pour jouer les baby-sitters, ce qui veut dire que vos devoirs seront multiples et variés. En plus d'assurer la sécurité du complexe, vous assisterez la Division Scientifique dans son travail : vous les aiderez à collecter les données, leur rapporterez ce que vous percevez avec votre sixième sens, partagerez votre expérience avec les sujets... »

Leurs interactions avec ces derniers seraient d'ailleurs documentées afin de garder la trace des auras parapsychiques ayant influencé le développement des cobayes. L'exposition régulière à l'énergie d'un éveillé était l'un de ces éléments qui augmentaient leurs chances – ce que les Agences appelaient le « principe de contagion », qu'elles soupçonnaient d'être à l’œuvre lors du processus d'obtention des facultés des types Lamarck –, dont l'effet était démultiplié en cas de connexion émotionnelle solide entre les individus concernés. Les gardes ne seraient cependant pas prévenus de cet aspect-là du test, ce afin de garder les relations entre les deux groupes les plus naturelles possibles et de ne pas introduire un biais dans les données.

« Vous interviendrez également pour éviter qu'ils ne se tuent ou ne se mutilent trop gravement, avec vos réflexes et votre vitesse vous devriez pouvoir vous permettre de ne les secourir qu'au dernier instant en leur laissant leurs chances de se sortir du pétrin par eux-mêmes, nous sommes là pour les pousser au-delà de leurs limites et non pour les cajoler après tout... » poursuivit Feuerbach en s'avançant à son tour vers les mercenaires. « À ce sujet, nous vous demanderons régulièrement de les attaquer à l'aide de vos facultés, il n'y a rien de tel pour stimuler la réponse combat-fuite. N'hésitez pas à le faire par surprise, nous avons besoin de les maintenir en état de stress constant, de garder leur instinct de survie alerte. »

Le regard du colonel s'attarda légèrement sur De Assis et Bilodeau-Tanguay – pas pour les mêmes raisons pour les deux – alors que l'allemand ordonnait en l'essence au groupe de se comporter en sergents-instructeurs vicelards.

« Dernière chose : vous pouvez tout à fait participer aux entraînements sur votre temps libre si l'envie vous en prend, vous ne serez pas soumis aux mêmes contraintes que les sujets. » conclut Khalil en émettant un avertissement muet à l'attention du scientifique, qui l'accueillit avec son habituel rictus suffisant. Rogos ne doutait pas qu'il était intérieurement déçu de ne pas avoir l'occasion d'expérimenter tout son soûl sur ces éveillés-là en plus de sur ses cobayes désignés.

Une fois cette introduction terminée, le Dullahan put enfin se rendre utile : il fallait briefer les mercenaires – il s'efforça d'être le plus impersonnel possible face à Obli... Marchesi – sur ce que les chercheurs attendaient d'eux en termes de contribution à leurs observations, ajouter quelques explications sur leur rôle dans le protocole expérimental et leur distribuer leurs paquetages. Il leur faudrait en permanence avoir du matériel de premier soin sous la main : bandages, désinfectant, aiguilles et fil de suture, seringues, médicaments et drogues idoines mais aussi couvertures de survie et packs thermiques indispensables pour les exercices en extérieur, de quoi confectionner attelles et garrots pour les blessures les plus sérieuses... l'une des seules choses que les recrues n'avaient pas à craindre ici c'était de se faire empoisonner par un serpent ou un insecte venimeux, une des rares bénédictions du climat local. Les pauvres hères coincés dans la forêt amazonienne n'avaient pas cette chance.

S'écartant un instant du groupe, il vit un mouvement en provenance de l'intérieur de la base, avisa le nouvel arrivant... et écarquilla les yeux en voyant que la générale était revenue. Dans la tenue imposée aux candidats du programme, avec heureusement un soutien-gorge de sport pour préserver sa modestie. Ainsi qu'une épée accrochée dans le dos et une paire de couteaux de combat à la ceinture.

« Un problème, docteur Cantor ? » demanda-t-elle en constatant sa surprise. Un réflexe stupide le fit se mettre immédiatement au garde-à-vous. « Non mon général, j'ignorais juste que vous participiez à l'exercice ! »

« Les supérieurs doivent montrer l'exemple. » répondit-elle simplement, mettant fin à la discussion. Le français s'attendait à ce que Feuerbach sorte une énième remarque inappropriée mais ce ne fut étonnamment pas le cas ; enfin, il supposait que c'était logique pour l'Agence chinoise, il avait entendu dire qu'Ho Sun était une sorte de commissaire politique en charge de la loyauté des troupes... même si d'habitude les officiers de ce type étaient plutôt des planqués qui restaient loin de toute forme de danger ou d'inconfort alors qu'ils envoyaient leurs subordonnés se faire étriller, s'attirant ainsi une animosité tout à fait contre-productive. Une exception à la règle ?
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Nous nous lançons quelques regards incertains, ponctué d’un ricanement bas de De Assis, vers la fin du discours de Ho Sun, et je suis presque rassurée de voir que même Théo ne sait pas quoi en penser. « Votre pays vous remercie »? Ceux avec ce genre de motivation sont bien rares de notre côté des rangs, surtout vu notre provenance, mais le mercenariat ne fait pas tout : Dur, dur d’être patriote quand le reste du monde ne sait pas quoi faire des éveillés. Merde, Bilodeau-Tanguay a été chassé de l’armée à cause de ses pouvoirs! Les autres n’ont jamais vraiment d’endroits où aller et ce n’est qu’en rejoignant FIRMAMENT qu’ils ont commencé à en avoir quelque chose à faire de l’humanité. Même moi, même… même maintenant… je sais rester loyale, peut-être, mais pas vraiment par devoir. Je n’ai jamais rien fait par devoir.
Mais je suppose que quelqu’un doit bien arriver à le faire.

La générale quitte avec les cobayes et Khalil nous rejoint pour nous féliciter de nos derniers succès et dit quelques mots à l’intention de nos collègues restés derrière. Quelques uns d’entre nous hochent la tête en guise de remerciement. Le Québécois s’est rapidement remis de ses blessures, Papanek est resté à la base et ne retournera pas au front pour quelques temps, de même pour Keaton, et Taras… même après avoir utilisé les techniques médicales les plus avancées des Agences, son sort n’est pas certain. Il souffre beaucoup et n’est plus que l’ombre de lui-même, au point où le garder en vie ne semble être qu’un châtiment pour lui. Une punition horrible, vu ce qui l’a mené là…
Vient ensuite un rappel rapide de notre tâche, que nous écoutons religieusement, suivi de l’intervention de Feuerbach pour nous prévenir que les cobayes devront être attaqués régulièrement pour augmenter leur exposition au cosmos. Les réactions varient : Luiza sourit à pleines dents, Emily détourne le regard en fronçant les sourcils, Alastor commence à trépigner sur place comme s’il voulait poser une question et Théophile vient pour laisser savoir son désaccord, mais le regard que le colonel lui lance l’incite à se taire. S’en prendre aux soldats, hein? Voilà qui est inattendu… mais un coup ou deux ne sera pas si mal comparé à ce qui les attend. En fait, c’est presque rassurant.

Vient ensuite les explications de Rogos, qui reste de marbre en me distribuant de l’équipement et en donnant quelques détails de plus sur notre mission. Lui aussi semble avoir trouvé ses aises, c’est bizarre de le voir en scientifique plutôt qu’en guerrier, mais ça n’a pas l’air de le déranger. Finalement, nous trouvons tous un peu de satisfaction à être là, à l’exception de Wolgorn, peut-être, mais il n’y a pas de façon de le savoir pour l’instant. Même lorsque ce sera fini, je doute qu’il en parlera. Mieux vaut ne pas trop y penser maintenant…
J’accroche la trousse à ma ceinture, puis hausse un sourcil en voyant la générale chinoise rejoindre les cobayes en portant le même uniforme qu’eux. En voilà une qui n’aura pas à craindre de se prendre une claque cosmique de notre part, je ne pense pas que personne voudra tenter sa chance, pas même De Assis qui ne semble vivre que pour provoquer les autres. Je hausse donc les épaules… et en détournant le regard, tombe sur Higgins qui fixe Ho Sun avec… je ne sais même pas comment décrire ça. Mais pour lui éviter un embarras si la Chinoise s’en rend compte, je bouscule la chauve et la fusille du regard pour qu’elle se ressaisisse. Sa figure devient rouge et elle baisse la tête pour que personne d’autre ne s’en aperçoive et je me prépare à partir, ne souhaitant pas y accorder d’attention plus que nécessaire. Bon sang, je m’attendais à une réaction de ce genre de la part de Roth, peut-être, mais pas d’elle! C’est Théo qui vient une fois de plus à la rescousse en attirant notre attention d’un tapement de mains.

-Bon! Moé si quelqu’un prend une motoneige j’embarque avec, m’a pas pouvoir conduire ça tusseul si j’commence à abuser su’l cosmos.

-Embarque donc.

-Je reste avec Roth. Comme ça je pourrai me rendre utile.

-Hey qu'on est-tu beaux à voir! Pis toi, Leticia, I guess que tu veux faire ça à pied?

Je hoche la tête, impassible. Je suis plus rapide en courant et de toute façon, je risquerais de causer un accident si quelqu’un me laisse aux commandes d’une de ses machines. Le Québécois approuve d’un signe de tête. Depuis ma victoire contre deux éveillés de niveau trois à Cité-Soleil et un moment de répit pour remettre les choses au clair entre nous deux, il me laisse beaucoup plus d’espace pour laisser faire les choses à ma manière… et lui, en retour, n’a plus peur de se battre et est redevenu un soldat.

-Fais-toé pas manger par les ours, là.

Ma main se pose sur le manche de mon Chunjun et je lui souris avec défi.

-Qu’ils viennent.

Ce moment de bravade passé, nous quittons la base. Les duos vont chercher leur motoneige et j’attends d’entendre le vrombissement des moteurs pour filer, le vent fouettant contre mon visage. Finalement, je prendrai peut-être plaisir à faire ça…
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Une fois la répartition des tâches effectuée parmi les mercenaires et les recrues revenues dans leur absence de tenue réglementaire, le groupe put ressortir au grand air et débuter sa course effrénée. Pas question de laisser chacun y aller à son rythme, Khalil avait assigné aux coureurs des objectifs de temps dignes d'athlètes olympiques assortis de pénalités pour ceux qui ne parviendraient pas à les atteindre. Les temps de parcours correspondaient à ce que l'on serait en droit d'attendre de soldats d'élite ou de sportifs de haut niveau en terrain plat, goudronné et dégagé, pas sur des pistes sinueuses et un sol inégal couvert de neige – ils avaient même poussé le vice jusqu'à placer une portion significative de leur itinéraire dans la partie la plus dense de la forêt où les racines dissimulées feraient trébucher les candidats et où les branches basses grifferaient cruellement leurs chairs –, le jeu était donc truqué dès le départ. Quant aux bêtes sauvages, les troupes chinoises favorisaient délibérément leur prolifération dans cette région, à la fois pour augmenter la dangerosité des exercices et pour éloigner les curieux de leurs installations.

Une saine entrée en matière qui devrait leur donner autre chose à faire que de reluquer leurs collègues du sexe opposé – ou du même sexe selon leur orientation – comme Higgins avait pu le faire. Heureusement les militaires faisaient preuve de plus de maturité que les auxiliaires et leurs yeux s'attardaient davantage sur la musculature de la générale et sa collection de cicatrices qu'autre chose. Encore une manœuvre délibérée de sa part qu'elle n'était pas la seule à pratiquer : il y avait peu d'officiers à peau de bébé ou bedonnants dans les rangs des Agences, un état de fait bien utile lorsqu'il leur fallait gagner le respect des soldats sous leur commandement.

Le peloton s'élança à son signal, le bruit étouffé des foulées et des respirations vite couvert par celui des motoneiges escortant la colonne. Ho Sun constata avec approbation que tous les gardes n'avaient pas choisi la voie de la facilité, même si leurs combinaisons et capacités physiques surhumaines leur épargneraient de toute façon le plus dur de l'épreuve. Elle se plaça vers le milieu du groupe pour pouvoir surveiller un maximum de candidats et commença à prendre des notes sur les nouveaux pensionnaires du centre d'entraînement. Cela incluait bien entendu les mercenaires : elle avait lu leurs dossiers mais était curieuse de voir à quel moment ils se décideraient à commencer leur campagne de harcèlement, quelles formes prendraient leurs attaques, qui passerait à l'acte le premier – ou la première, De Assis et Marchesi étant apparemment les plus agressives du lot... Avec tous les obstacles sur ce parcours, il y aurait de nombreuses occasions de prendre les soldats au dépourvu, de punir toute faute d'inattention ; voilà qui leur apprendrait très vite à ne jamais relâcher leur vigilance.

***

À son grand désarroi, on lui avait fait l'insigne honneur de le nommer assistant personnel de Feuerbach. Le Spectre soupçonnait ses collègues d'avoir usé et abusé des privilèges conférés par leur ancienneté pour se voir confier d'autres rôles tout aussi importants – personne à la Division Scientifique ne négligeait ses devoirs, supérieurs désagréables ou non – mais plus reposants pour leurs nerfs. Il ne pouvait guère leur en vouloir, il aurait fait la même chose à leur place...

« Que cela vous serve de leçon : si vous faites forte impression, votre performance deviendra le nouveau minimum syndical auquel vous serez tenu par la suite. C'est comme cela que l'on sépare les éléments réellement fiables et compétents de ceux qui sont entrés sur un coup de chance. » avertit l'allemand qui ressentait visiblement la déconfiture du Dullahan avec autant d'acuité qu'un requin détectant le sang de ses proies. Le français ignora la pique qui accompagnait le pseudo-compliment, accueillit cette déclaration avec de vagues paroles d'assentiment poli et entra dans le laboratoire principal à la suite de son supérieur. De nombreux chercheurs s'y affairaient déjà en prévision du retour de leurs cobayes en une profusion de mouvement néanmoins très ordonnée.

« Par quoi commençons-nous, professeur ? » interrogea-t-il pour s'extraire de cette partie de la conversation.

« Vérifications de la calibration de l'équipement et des doses individuelles de sérum para-inductif. »

Une telle besogne serait d'ordinaire confiée à des techniciens en bas de l'échelle hiérarchique mais s'agissant ici d'une procédure expérimentale extrêmement délicate car touchant au cerveau, l'implication directe du chef de projet était requise à chaque étape ou presque pour s'assurer que tout était fait dans les règles. De plus, certaines étapes du processus mettaient en jeu des composants, du matériel ou des données dont la manipulation était réservée aux personnels munis d'accréditations particulières... Le tout donnait une impression de lourdeur, de complexité excessive mais Rogos savait que chacune de ces mesures avait pour seul but d'éviter des erreurs potentiellement fatales pour leurs « patients ».

Tant de risques pris par les Agences pour augmenter leurs chances, tant d'efforts pour tenter de se mettre au niveau des porteurs d'armures, de compenser le manque des enseignements immémoriaux ou des dons de leurs Dieux respectifs qui leur procuraient leurs pouvoirs... Parmi la myriade d'instruments qu'elles utilisaient pour essayer de combler l'écart, il y en avait deux qui avaient retenu son attention.

Le premier était un ensemble d'électrodes ressemblant de loin au dispositif qu'il avait utilisé lors de sa propre démonstration. L'idée était ingénieuse : les chercheurs avaient minutieusement cartographié l'activité cérébrale d'un nombre ahurissant d'éveillés pendant l'utilisation de leurs facultés, isolant plusieurs catégories de schémas d'activité – schémas primaires communs à tous les éveillés, secondaires présents seulement chez les manieurs d'une même famille de pouvoirs, tertiaires propres à des individus particuliers – qu'ils avaient ensuite archivés et comparés avec un soin maniaque. Une fois intégrées aux couvre-chefs des cobayes, les électrodes permettraient de stimuler des zones précises de leurs cerveaux afin d'y reproduire ces schémas d'activité pendant qu'ils tentaient d'éveiller leur propre cosmos. Le principe de base n'était pas un secret, il se rappelait avoir lu des articles à ce sujet dans la presse scientifique qui affirmaient que cette méthode augmentait de 33% la vitesse d'apprentissage de nouvelles compétences ; il suspectait cependant que les Agences avaient développé une version plus perfectionnée de cette technique de stimulation transcrânienne à courant direct. Il devrait se pencher dessus plus en détail.

Le deuxième outil d'intérêt était l'ingrédient central du sérum para-inductif qui stimulait chimiquement le cerveau en complément de la stimulation électrique, un cocktail d'hormones et de neurotransmetteurs uniques produits par le système nerveux d'un éveillé actif. Il lui faudrait découvrir comment ils étaient parvenus à extraire et conserver ces substances en de telles quantités alors qu'elles se dégradaient normalement très rapidement dans l'organisme... il avait quelques idées et elles étaient majoritairement déplaisantes.

Il y avait également un troisième centre d'intérêt, se rappela-t-il en s'attablant pour se mettre au travail. Ce n'était pas quelque chose de directement lié à l'acquisition de pouvoirs cosmiques comme les flacons qu'il extrayait de coffres-forts réfrigérés pour les faire passer à Feuerbach ou le programme informatique dont il vérifiait le bon fonctionnement via de multiples simulations, il s'agissait plutôt d'être enfin mis au parfum concernant ces cylindres de métal massifs qu'il croisait un peu partout dans les bases de l'alliance. Du matériel russe apparemment vu les caractères cyrilliques qui en ornaient le flanc... pour l'instant, il ne connaissait que leur nom : « Timur ». Il en avait remarqué plusieurs dans ces installations souterraines, surtout autour des espaces d'entraînement.
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Si près de la liberté et pourtant, si loin. Je n'ai aucun regret à distancer mes compagnons et dépasser les cobayes les plus rapides, bondissant par dessus les inégalités du sol sans un regard derrière. Le vent qui me fouette le visage avec force, couplé à la saine brûlure dans mes poumons et au temps, à peine quelques secondes, de solitude me font sentir mieux que bien des traitements et tentatives d’aide. Pour un simple instant, il n’y a que moi et les bruits ambiants de la nature. Pas de collègue, pas de Surplis, pas de devoir ni de mission, pas même de sentiment de frustration accompagné de tous ses maux… juste… moi.
Pour quelques secondes.

-Pas trop loin, Marchesi.

Je m’arrête brusquement pour regarder derrière moi, les lèvres pincées. Non, je ne suis pas seule. Il y a toujours quelque chose pour me retenir, et c’est à peine si je peux m’imaginer y échapper.
La seule façon de le faire, c’est d’y trouver un peu de satisfaction. Au boulot, donc.

Roulant des épaules en faisant craquer mes jointures, ce qui me vaut une plainte inaudible de la part de Roth, je me mets à avancer vers les silhouettes apparaissant une à une devant moi, cherchant quelques miettes d’adrénaline de plus dans ma respiration de plus en plus rapide et dans le rugissement lointain des moteurs. Renouer avec ce désir de quiétude attendra, car il est plus difficile d’ignorer cette partie de moi qui veut frapper dans le tas et faire quelques ravages. Trouver un plaisir dans ce que je fais? Comme si j’avais besoin de chercher! Le temps s’en occupe bien tout seul…

Les premières victimes approchent et sur leur visage, je peux voir leur confusion. Nous n’avons pas la même définition « d’attaque surprise », je n’en doute pas, mais les autres ne sont pas encore passés à l’action et le doute sur la façon dont nous allons procéder me permet encore de faire n’importe quoi, ils ne s’y attendront pas. Le premier réflexe est le bon, je suppose : les hommes continuent leur course en évitant mon regard, certains tentant de cacher leur épuisement et leur difficulté à avancer sur le terrain glissant, mais ce sont ceux qui font un détour considérable pour rester loin de moi sur lesquels je jette mon dévolu. Ils croient vraiment que je ne le remarquerai pas? Ils ne sont pas là pour s’éviter des tourments… Je fonce, gardant mon équilibre sans aucune difficulté alors que j’abats la paume de ma main contre les côtes d’un malheureux au hasard, qui est propulsé au sol sous la force de l’impact. Les autres se dépêchent de fuir, certains sautant même par-dessus le corps de leur compatriote sans lui accorder plus d’attention, et je m’approche de la victime qui doit presque savourer son moment par terre, si ça peut lui permettre de reprendre son souffle.

-Debout.

Le bout de ma botte vient chatouiller sa peau déjà rougie par le froid et le coup porté et le soldat se relève avec difficulté pour continuer son avancée tant bien que mal. J’en fais de même, frappant au hasard parmi les cobayes pour les envoyer au sol en faisant bien attention de ne pas frapper trop fort, quand même, parce qu’ils doivent quand même finir cet entraînement. Malgré leur peur d’être ma prochaine cible, les troupes n’avancent plus aussi vite…

-Pars devant Marchesi, De Assis et Bilodeau-Tanguay sont en route pour la forêt. Alastor et moi on s’occupe de l’arrière.

-Euh… tu es sure que…

-Oui oui. Tiens-toi bien et concentre-toi sur ta tâche.

Je hausse les épaules et m’éloigne du groupe, jetant un dernier coup d’œil derrière moi pour observer un spectacle plutôt incongru : Alastor, perché avec difficulté sur le devant de la motoneige conduite par Higgins, qui fonce à toute allure vers les retardataires qui ont tôt fait d’accélérer le pas. L’espace d’une seconde, j’aperçois l’éclat familier d’une membrane de cosmos entourant le géant. Je retiens un sourire amusé et poursuis ma route.
Se rendre dans la forêt est un peu plus long que prévu, vu le nombre de soldats à surveiller pour éviter qu’ils ne se fracassent le crâne à cause d’une chute, mais je finis par les juger capables de survivre seuls assez longtemps pour prendre de l’avance et les laisser entre les mains de Higgins et Roth. Les bois sont tordus et difficiles à traverser, et après très peu de temps j’aperçois une motoneige abandonnée entre deux arbres, signe que Théo et Luiza sont déjà là. Les deux aînés me confirment leur position et me demandent de fermer la marche, vu qu’ils ont déjà des plans pour cette section. Adossée contre un arbre, je regarde les soldats arrivés, n’ayant qu’à agiter un peu le poing pour les inciter à se bouger, puis encourage les plus fatigués d’entre eux à coups de bousculade et d’ordres secs. Mêlés aux cris de mes collègues et ceux des cobayes, au milieu du vent cinglant, d’autres grondements peuvent maintenant se faire entendre.

Soudain, une forme féminine se glisse entre les silhouettes fatiguées, suivie d’un minuscule flash de lumière et de l’un des soldats qui s’écroule au sol en se tordant de douleur, pour ensuite disparaître. Et comme un fantôme, elle poursuit son assaut, apparaissant entre les arbres sans donner de signe de sa présence, frappant et fuyant en ne laissant personne la voir plus longtemps que nécessaire. Pour De Assis aussi, l’expérience est nouvelle : ses décharges ont assez de puissance pour faire exploser la chair humaine, mais je ne crois pas que se donner ce genre de limite ne la dérange. Elle doit adorer ça. La terre tremble légèrement et des arbres commencent à tomber devant les soldats les plus rapides, cadeau de Bilodeau-Tanguay, me laissant avec les restes.
Et quels restes.

Alors que je me prépare à motiver le dernier soldat de la file comme il se doit, une forme obscure jaillit d’entre les arbres et se jette sur lui, déclenchant ses hurlements. Ce n’est définitivement pas l’un de mes collègues, ce n’est même pas un humain. Je me prépare à intervenir, mais l’homme parvient à attraper son couteau et commence à poignarder la bête jusqu’à ce que celle-ci relâche son emprise et retombe mollement sur le sol. Je sors de ma cachette pour examiner la carcasse, qui est celle d’un ours plutôt petit, pendant que le malheureux passe une main sur sa jambe ensanglantée. Je devrais l’aider, mais… je me contente de le pousser avec une pointe d’urgence.

-Continuez de courir.

-Après ça?!

-C’était un bébé.

-Oh bien sur, tout est un bébé pour vous!

Je lève les yeux vers lui, pas très amusée, mais un mugissement près de nous rend l’homme plus blême qu’il ne l’est déjà. Avertissant rapidement mes collègues de la situation, je le pousse de nouveau.

-C’était un bébé. Ça c’est sa mère. Courez.


Ignorant tout d’un coup sa jambe blessée, il repart à la course sans demander son reste, me laissant seule pour fermer la marche. La torture devra attendre, maintenant les animaux sont aussi de la partie et ils ne se retiendront pas comme nous. Je dégaine mon Chunjun et continue le parcours en surveillant les alentours, en sachant trop bien d’où le premier danger viendra.

Elle est énorme. Sa fourrure est clairsemée à plusieurs endroits et l’un de ses yeux a été réduit en un amas de chair sanglant. Quand elle se redresse sur ses pattes, ce n’est pas sans me rappeler Humbaba, le géant de la Forêt de Cèdres… mais ce n’est pas une créature mythique, ce n’est qu’un animal. Et impossible de la guider vers les cobayes, maintenant qu’elle m’a vu, je doute qu’elle me lâchera juste comme ça.
Tant mieux. Qu’elle vienne.

J’avance vers l’ourse avec calme, la lame de mon Chunjun pointée dans sa direction, et accélère le pas quand elle recommence à grogner. Ses pattes griffues s’abattent sur moi en même temps qu’elle découvre ses dents pour me croquer la tête, mais elle n’a même pas le temps de me toucher. Nul besoin de résonnance harmonique pour enfoncer ma lame en plein milieu du corps de la bête et la repousser jusqu’à frapper un arbre, déclenchant une cascade de sang qui ne fait qu’augmenter ma soif de violence. Et l’animal, une simple femelle cherchant à venger la mort de son petit, a beau beugler de douleur et de rage, je n’arrête pas. Je ne cligne même pas des yeux quand j’active enfin le Chujun complètement pour décrire un grand arc de cercle vers la haut, réduisant la bête au silence.
Tant de sang. L’odeur est insupportable, le bruit du corps se déchirant en deux aussi. La nouvelle chaleur sur ma peau contraste avec le froid de la neige et mon cœur bat à toute allure. Je dois me souvenir de respirer.

-Assez joué, Marchesi, reste avec le groupe.

-J’arrive.

Ma voix est rauque et absente, comme si elle était encore prise dans le moment. Après bien peu de temps j’aperçois à nouveau les cobayes qui courent, plissant le nez dès que je m’approche d’eux. Celui qui s’est fait attaqué est encore derrière et Higgins les surveille déjà, je continue donc jusqu’à me retrouver en compagnie de Roth, qui continue de courir avec une muraille de cosmos élevé devant lui sans avoir de cible particulière, se contentant d’avancer. Mieux vaut garder un œil sur lui, il ne saura sans doute pas quoi faire si l’un des soldats se retrouve en danger… surtout quand il commence à foncer vers Ho Sun sans montrer de volonté de s’arrêter. Pour l’instant, il n’a pas encore attaqué directement, se contentant de faire peur, mais cela semble vouloir changer. Je pourrais l’arrêter… mais décide de le laisser faire. Après tout, pourquoi la générale n’aurait pas droit de montrer l’exemple dans toute son intégralité?
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Enfin les auxiliaires passaient à l'action, ajoutant leurs attaques pas si sporadiques au constant martyre des soldats. L'asiatique réservait son jugement en attendant de voir Higgins à l’œuvre, approuvait la méthode de De Assis, avait quelques réserves sur celle de Roth et se disait que Marchesi devrait avoir davantage recours à ses capacités parapsychiques pour ses propres attaques. Quant à Bilodeau-Tanguay... son approche était efficace mais un peu trop indirecte. Ils avaient questionné les aptitudes de ce dernier lors de la phase préparatoire de cette opération, incertains de la compatibilité de son profil psychologique avec les tâches qu'il aurait à accomplir mais l'iranien l'avait défendu en soutenant que la mission à Cité-Soleil lui avait remis les idées en place et il avait finalement été décidé de donner sa chance au canadien. Du moment qu'il comprenait que les tourments qu'il se devait d'infliger avaient leur utilité et n'avaient rien à voir avec de la cruauté gratuite... restait à savoir s'il s'enhardirait et tiendrait le coup sur la durée.

La pédagogie était l'art de la répétition et il en était de même pour la création de nouveaux éveillés : aussi traumatisant soit-il, un unique événement était dans l'immense majorité des cas insuffisant pour permettre au cerveau humain d'accéder au sixième sens, autrement les éveillés se compteraient par millions. Non, il fallait une conjonction de multiples facteurs afin de détricoter peu à peu l'esprit, de le briser puis le reconstruire d'une manière très particulière à son niveau le plus fondamental, altérant radicalement son rapport à la réalité. La confrontation à une aura étrangère était l'un de ces éléments qui pouvaient atteindre la graine de potentiel profondément enfouie dans le subconscient, la faire germer et émerger à la surface avec l'aide d'un instinct de survie ayant plusieurs fois repoussé ses limites. Le supplice devrait donc empirer sans cesse et se prolonger des jours, des semaines, des mois voire des années...

Tout serait tellement plus facile s'ils pouvaient travailler avec autre chose que des types Darwin. Hélas, de par leur nature la plupart des types Lamarck et la quasi-totalité des types Jordan étaient liés aux factions divines dès l'éveil et l'étaient très souvent déjà depuis bien plus tôt. Même s'ils ne l'étaient pas, soit ils étaient vite repérés par les recruteurs à la solde de l'une ou l'autre entité théopotente – ou de Death Queen Island –, soit ils rejoignaient de leur propre chef les rangs des chevaliers en armures, seuls rassemblements connus du grand public à accueillir les individus dotés de telles facultés ; les types Mozart étaient dans le même cas. C'était ainsi, aucun autre gouvernement ou organisation ne pouvait se permettre de démarcher trop ouvertement les possesseurs de talents surnaturels par crainte de la réaction de ces puissances bien établies, ils en étaient donc réduits à faire leur marché parmi ceux qu'elles jugeaient indésirables ou indignes de leur attention ou à les former eux-mêmes en secret en espérant décrocher le jackpot.

« Bordel de... OURS ! BARREZ-VOUS ! » beugla une voix à l'arrière, extirpant la générale des rêveries inspirées par le rythme mécanique de la course. Enfin, il était temps ! Elle s'était demandé si la présence d'un groupe aussi important n'avait pas intimidé les prédateurs locaux et était heureuse de voir que certains étaient assez téméraires pour attaquer quand même. Les hurlements bestiaux ponctués de bordées de jurons de la part des militaires furent cependant de courte durée, se pourrait-il qu'un garde soit intervenu ?

« Shen, au rapport. » ordonna-t-elle en contactant l'un des hommes placés à l'arrière de la colonne.

« Double-attaque d'ours mon général, un petit et sa mère. Une recrue s'est débarrassé du premier, Marchesi s'est occupée de la seconde. »

« Des blessés ? »

« La recrue a été mordue à la jambe, pas de danger immédiat, on attend de s'éloigner un peu pour administrer les soins. Marchesi n'a pas été touchée mais elle est couverte de sang et de tripes. »

« Dites-lui de laisser la prochaine bête sauvage poursuivre un peu les bleusailles, il faut qu'ils apprennent à se débrouiller. Et il y a un torrent un peu plus loin, elle pourra s'y débarbouiller. » réagit-elle en se retenant de lever les yeux au ciel. L'italienne devrait pouvoir utiliser ses pouvoirs pour éviter l'hypothermie même en piquant une tête dans un cours d'eau glacée.

« Reçu. Je lui demande aussi si elle veut la première part de ragoût d'ours pour ce soir et ce qu'elle veut qu'on fasse de la fourrure ? »

Ces fanfarons et leurs rituels stupides. Il s'agissait toutefois d'une tradition locale à laquelle le personnel de la base n'avait jamais dérogé depuis des années alors dans l'intérêt du moral des troupes... « Faites donc. »

L'épisode s'était achevé mais le retour à la monotonie n'était apparemment pas pour tout de suite. Était-ce le moment de gloire de la jeune fille qui galvanisait son camarade ou le dénommé Roth faisait-il naturellement preuve d'un enthousiasme débordant ? Quoi qu'il en soit, il prendrait vite conscience de son erreur et elle affirmerait par la même occasion son autorité sur les mercenaires. Ho Sun réprima volontairement les réflexes ancrés dans sa mémoire musculaire qui sans cela l'auraient poussée à accueillir le géant qui lui fonçait dessus avec plus de brutalité que nécessaire et fit semblant d'ignorer la charge du bulldozer humain dans son dos le temps de détailler rapidement son environnement et de formuler un plan. Cette branche basse plus loin sur le chemin paraissait suffisamment épaisse, le timing serait quelque peu serré mais cela ferait l'affaire.

La générale ajusta sa vitesse à la fois pour prendre un maximum d'élan et pour faire en sorte d'arriver à son objectif une fraction de seconde avant la collision. Elle bondit et agrippa la branche afin de s'élever encore plus haut telle une gymnaste, passant ainsi au dessus du mastodonte sur ses talons. Sans lui laisser le temps de changer d'allure ou de direction, elle prolongea le mouvement avec fluidité et, contournant le mur d'énergie, retomba de tout son poids sur le dos du colosse en visant le creux des reins. La surprise aidant, il s'effondra au sol tandis que l'asiatique investissait les derniers vestiges d'énergie cinétique dans une roulade pour se remettre sur pied et reprendre la course. Elle ne s'était pas arrêtée de bouger un seul instant.

« Et vous n'avez pas essayé de le dissuader ? » apostropha-t-elle l'italienne qui arrivait dans le sillage de Roth. « Et allez vous laver, par pitié... mais avant cela faites passer le message aux autres : ne recommencez plus ce genre de plaisanteries avec un officier supérieur si vous n'êtes pas préparés à en subir les conséquences. Il y en a de beaucoup plus nerveux que moi face auxquels il ne s'en serait pas tiré à si bon compte. »

Qu'auraient-ils fait si elle n'avait pas été capable de se défendre, si elle s'était blessée et ne pouvait plus assumer ses obligations le temps de récupérer ? Les mercenaires feraient bien d'apprendre à faire preuve d'un peu plus de discernement, dans l'intérêt de tous. Elle doutait cependant que cela suffise à faire rentrer dans le crâne de leurs éléments les plus insouciants les exigences de sécurité fondées sur le bon sens le plus basique, il faudrait les discipliner davantage et pour cela...

« Mais je vois ce qui a pu motiver ce comportement et je vais me montrer indulgente. » concéda-t-elle d'un ton caustique. « Si quelqu'un d'autre ici veut tenter sa chance c'est le moment, vous ne recevrez pas de sanction additionnelle. Dernière chance, après ça je ne veux plus vous revoir faire quelque chose d'aussi stupide ! »

***

L'allemand avait le geste sûr et rapide, néanmoins il maniait les substances avec autant de précaution qu'un démineur décortiquant une bombe au détonateur particulièrement sensible. Les produits n'étaient pourtant pas si volatils ni même intrinsèquement toxiques, ce n'étaient que des molécules organiques (sur)naturellement produites par le corps humain... Toutefois les processus biochimiques impliqués dans la génération du cosmos étaient parmi les plus complexes jamais catalogués par la médecine moderne, un rien pouvait démolir cet équilibre instable et provoquer une catastrophe. C'était pour cette raison que la composition précise de chaque dose de sérum para-inductif était scrupuleusement ajustée et différente d'un individu à l'autre, pouvant même changer au fil du temps pour une même personne. Exceptionnellement sérieux, Feuerbach s'assurait que son assistant comprenne l'importance de leur rôle par le biais d'une interro-surprise sur le mode d'action de la mixture et ses effets secondaires.

« … et pour finir la théodorophine stimule à la fois l'hippocampe et les aires visuelles tandis que l'eidocholine augmente la vitesse de conduction nerveuse dans le lobe frontal une fois que l'adrénaline a fait son effet désinhibant. Le problème étant que si le taux d'endorphines monte trop haut, l'interaction des neurotransmetteurs déclenche une sensation qui peut vite se révéler pathologiquement addictive. Il faudrait consulter un psychiatre avec des connaissances avancées en neurochimie pour savoir si ce phénomène est à l'origine des troubles psychologiques de certains éveillés ou si cela ne fait qu'aggraver un problème pré-existant ; vu les conditions dans lesquelles la plupart des types Darwin obtiennent leurs facultés, ce ne serait pas étonnant. »

« Correct docteur Cantor. Et connaissant ces mécanismes d'action, quels seraient selon vous les effets d'une dose de sérum mal ajustée ? »

« Avec de la chance il ne se passerait rien, aucune réaction... plus probablement vertiges, nausées, désorientation, migraines et sautes d'humeur disparaissant au bout de quelques heures. Dans les cas plus graves, altérations de la personnalité, synesthésie, dommages neurologiques et psychologiques à plus ou moins long terme, possiblement permanents en cas d'administrations répétées de doses mal préparées. Et bien sûr dans le pire des cas la mort. »

Une fois encore le Dullahan se demandait combien de cobayes avaient été sacrifiés pour acquérir ce savoir, déterminer les différents ratios, peaufiner les réglages... Il savait que Feuerbach faisait partie du personnel de l'Agence russe, qui avait développé la toute première version du cocktail avant que les organisations ne s'allient. Bien avant qu'elles ne s'allient : il avait également appris qu'il s'agissait de la plus ancienne des sept, formée avant même qu'Athéna ne s'exhibe pour la première fois aux yeux du monde lors des Galaxian Wars. C'était logique, il n'était pas au courant des détails mais les Saints étaient intervenus lors de la Seconde Guerre Mondiale, il n'était donc guère surprenant que le régime soviétique ait appris l'existence des éveillés et, craignant qu'ils ne s'opposent à lui comme ils s'étaient opposés à Hitler, ait pris des mesures pour éviter de subir le même sort. Si ses soupçons se confirmaient – il n'avait hélas aucune preuve concrète – cela voudrait dire que ce sérum avait sans doute été testé sur les prisonniers politiques du goulag : des milliers de sujets d'expérience, peut-être même plus encore...

« Incorrect docteur Cantor, le décès du sujet n'arrive qu'en deuxième position. Estimons-nous heureux que la stimulation électrique transcrânienne par contre soit parfaitement inoffensive même en cas de fausse manipulation, nos pauvres collègues n'arriveraient jamais à supporter autant de stress. »

Rogos regarda l'un des flacons entre ses doigts avec circonspection alors que son supérieur terminait sur un ton faussement désolé. Une mauvaise administration du mélange pouvait résulter en quelque chose de pire que la mort ? Comment était-ce possible ? À moins que...

« Le bon fonctionnement des facultés des éveillés dépend d'une myriade de pouvoirs secondaires qui s'exercent inconsciemment, des limiteurs et gardes-fous qui absorbent le contrecoup et permettent de focaliser l'énergie plutôt que de la laisser se disperser de manière chaotique. Si l'équilibre interne propre à chaque individu est perturbé d'une certaine manière, on risque de désactiver les limiteurs par inadvertance et... »

« Perte de contrôle instantanée, l'éveillé devient incapable de réguler son flux d'énergie et la façon dont il affecte son environnement. Il ravage tout autour de lui avant d'être détruit par son propre pouvoir. » compléta joyeusement le professeur, pour qui le naturel était revenu au galop après n'avoir été que trop brièvement chassé. « Quand cela arrive à un individu auparavant dépourvu de pouvoirs, c'est une sorte d'éveil forcé non-maîtrisé mais les dégâts sont généralement assez limités : il n'y a pas de système pré-existant à déstabiliser, la puissance qui se déchaîne est toute relative et à force de tâtonnements nous avons pour ainsi dire éliminé le danger, il n'y a plus eu d'accident de ce genre depuis des années. Si le sujet possède déjà des pouvoirs par contre le risque augmente de manière exponentielle et les dommages sont bien plus graves : plus l'éveillé est puissant, plus la réaction est forte. »

Le Spectre reposa doucement le flacon sur la paillasse avec un ricanement nerveux : ces gens jouaient vraiment avec le feu. Dans une poudrière. Juste à côté d'une usine chimique. Il dut faire taire une étincelle de terreur irrationnelle – non, c'était tout à fait rationnel, en tant qu'éveillé de niveau 5 s'il se faisait injecter cette chose... ! – qui lui donnait envie de prétexter une peur panique des piqûres même quand elles étaient destinées à d'autres pour ne pas avoir à s'approcher à moins de dix mètres d'une de ces seringues ou au moins recevoir une combinaison protectrice pour éviter un « accident » comme disait l'allemand...

« J'imagine que ce serait encore pire si on tentait de s'en servir sur un porteur d'armure, non ? Elle le protégerait de son propre pouvoir et retarderait l'autodestruction, ce qui donnerait encore plus de dommages collatéraux. Autrement ce serait l'arme parfaite. »

Le scientifique acquiesça benoîtement, sans se départir de son rictus dérangeant. « Ça et le fait que le phénomène reste largement imprévisible, on ne peut pas compter sur son occurrence. De plus, il arrive qu'un éveillé réussisse à garder le contrôle et en ressorte avec un boost de puissance : une arme qui peut non seulement échouer à vaincre l'ennemi mais risque au contraire de le renforcer, ce n'est pas vraiment un modèle de fiabilité. C'est pour cela que nous ne nous en servons pas de cette manière. »

Ayant fini de préparer la dernière dose, Feuerbach rangea l'ultime seringue labellisée dans une mallette cryogénique blindée qu'il remit au français. « Voilà, vous superviserez les injections une fois que nos amis seront de retour de leur cours d'éducation physique. Essayez de ne pas tous nous faire tuer, docteur Cantor. »

Génial, il ne se sentait pas du tout sous pression maintenant...
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Il y a quelque chose d'irréel, d'exaltant, à observer la contre-attaque de Ho Sun à l'attention d'Alastor, qui n'a absolument rien vu et continue de charger sans regarder. Même pour nous, il est dangereux, surtout quand il reste à l'arrière comme ça, je suppose qu'il mérite de se faire corriger... mais il sera difficile à remettre en marche. La surprise aidant, il n'est pas sans rappeler une statue tombant de son piédestal... une statue d'un enfant un peu braillard, d'ailleurs.

-Pardon, pardon... je... je vous avais pas vu...

La voix du géant faiblit alors qu'il tente de soutenir le regard de la générale et il se repli sur lui-même plutôt que de se relever. Haussant les épaules avec indifférence devant les remontrances de la Chinoise, je tends la main vers mon collègue pour l'aider à se relever, mais il secoue la tête en plissant le nez en entreprenant de se lever seul. Vraiment, il n'a rien, la générale a été miséricordieuse... mais son défi me fait hausser les sourcils.
Tenter notre chance, vraiment? Ho Sun a sans doute plus que fait ses preuves pour mériter sa place, je ne peux que la considérer comme une adversaire formidable, mais elle est là, sans protection, en terrain désavantageux, et je suis armée jusqu'aux dents, plus forte et plus rapide. Quel coup ce serait pour les agences! Comme sabotage, on ne peut demander mieux, mais... ce serait trop prématuré, et dans le scénario parfait où ma fausse identité n'est pas compromise, il y aurait trop de témoins. Roth est juste là, et je peux apercevoir la silhouette de Luiza entre les arbres, subtile mais immobile. Est-ce qu'elle y pense aussi? Qui sait...

Je ferme les yeux pour me reprendre, puis attends qu'Alastor se soit remis sur pieds pour me remettre en marche, laissant le temps au colosse de me suivre. C'est avec maladresse que je tente de concentrer un peu plus de cosmos dans mes muscles pour corriger mon tir, même s'il faudra sacrifier un peu de force...

-Hm.

Un sifflement strident retentit dans nos oreilles et je grimace, suivie par Roth. Le son commence à faiblir, mais ne prend pas de temps pour se multiplier, ne changeant au final pas grand chose.

-Kossé ça calisse?!

-Du feedback.

-Arrête !

-Pas envie de me faire dire que j'ai rien fait.

-Higgins, tu arrêtes ton cirque ou je te fais bouffer ton communicateur.

Quelques secondes et le son se dissipe, nous laissant tous maussades, et j'aperçois enfin la petite rivière que Ho Sun a indiqué. Je pince les lèvres en plongeant ma main dans l'eau pour en tester la température, vérifie la profondeur avec mon bras, puis demande à Alastor de me surveiller avant de me submerger la tête dans l'eau glacée. Oh merde, c'est pire que je pensais! Je serre les dents le temps de laisser le courant déloger toute la saleté organique de mes cheveux, puis commence à nettoyer mes épaules, quand la main massive de mon collègue m'attrape la nuque et me force à me redresser. Je devrais me fâcher d'une telle intrusion, mais en voyant la peur dans ses yeux...

-Des loups!

Je me demande si son anxiété lui joue des tours, mais mes sens captent bel et bien des grognements dans les bois et des flashs de fourrure blanche entre les arbres. Bon, essayons de contrôler un peu mieux la situation... je secoue la tête pour m'essorer un peu la tête, grogne de déplaisir en sentant mes cheveux se figer dans l'air froid, puis détache ma ceinture avant de m'approcher de Roth pour lui enlever la sienne.

-Hé...!

-On bouge. Regarde bien en avant, je couvre tes arrières.

Sans attendre, je saute sur son dos et attache les deux ceintures ensemble avant de les enrouler autour de nos taille, ajustant le tout pour me laisser assez d'espace pour bouger, puis me tortille jusqu'à ce que je sois complètement retournée. Pas de Chunjun, un faux mouvement pourrait blesser Alastor, j'attrape donc mon pistolet et me prépare à tirer, pendant que mon gigantesque collègue commence à courir, sans doute prêt à lever son mur cosmique si besoin il y a. Si seulement il pouvait être plus autonome, on aurait pas besoin de faire tout ça... Mais alors que nous nous approchons des soldats les plus lents, la meute n'attaque toujours pas. Trop intimidée, déjà? Ou alors elle sait qu’elle n’a pas de chance.

-Oh, allez...

-S'cusez Leticia, tu peux pas tuer tous les animaux d'la forêt. AWEILLE MES ESTIS, ON A PAS LE TEMPS D'ÊTRE FATIGUÉ, GO GO GO!

En voyant que nous avons commencé à dépasser quelques cobayes, je me détache et me laisse tomber en bas de mon perchoir, déçue. Au loin, je peux entendre Théo taper des mains pour encourager les soldats... et aussi pour leur envoyer quelques ondes de choc à la figure. Vraiment, lui et De Assis sont parfaits pour cette partie de l'expérience. Dans mon cas et celui d'Alastor, le contrôle de force est presque impossible, et Higgins... ne peut pas se rendre bien utile en étant hors de son élément comme ça. Mais elle reste un atout puissant, et ce serait dommage de la laisser rouiller à la base.
Plus que quelques kilomètres et nous serons de retour à la base. Les loups qui osent s'approcher sont rapidement mis en déroute par les cobayes, qui en ont sans doute vu d'autres, au point où je me contente d'observer du coin de l'œil, poussant quelques malheureux ici et là sans mettre beaucoup de force mais en y ajoutant un peu de cosmos. Avec Roth dans le coin, je peux me relâcher un peu... ce qui me fait penser...

-Shen? Je veux un long manteau avec la fourrure. Bien chaud. Et double portion de ragoût.

Ce serait triste d’oublier cette petite victoire trop rapidement.
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Il n'y avait pas encore eu de nouvelle attaque contre sa personne mais il était encore trop tôt pour en conclure que l'avertissement avait fonctionné. Du reste, certains trouvaient d'autres manières d'irriter leurs camarades en même temps que les cibles de l'exercice. À en croire son dossier, c'était loin d'être la première fois qu'Higgins trompait son ennui de la mauvaise manière...

La jeune femme était une technopathe – une éveillée d'un genre nouveau apparu avec l'avènement de l'ère informatique –, capable d'entrer directement en communication avec un appareil électronique et de manipuler son fonctionnement, l'une des évolutions possibles à mesure que les pouvoirs d'un électrokinésiste se développaient. Le problème c'était que la chauve était une technopathe pure, elle n'avait aucune faculté plus conventionnelle – en dehors de la force et de la vitesse surhumaines communes à tous les niveaux 2 et au-delà – sur laquelle se rabattre lorsqu'elle n'avait aucune machine à contrôler, d'où cette performance... décevante. Il fallait corriger cela : non seulement Ho Sun se devait d'évaluer les capacités de chaque auxiliaire afin de savoir comment les utiliser au mieux lors des entraînements ultérieurs, il lui incombait également de faire en sorte que la frustration de l'éveillée ne la conduise pas à faire une bêtise. Une bêtise comme une énième incursion dans leur réseau informatique par exemple, elle s'était jusque-là limitée aux systèmes périphériques sans aucune fonction sensible, non-protégés contre ce type d'intrusions mais si les choses continuaient en l'état, ce ne serait qu'une question de temps avant qu'elle franchisse le pas... Et les systèmes de défense des Agences ne faisant pas dans la dentelle, elle aurait de la chance si une rupture d'anévrisme mettait fin rapidement à ses tourments. Mieux valait que la générale lui donne un os à ronger, tout le monde s'en porterait bien mieux à commencer par l'intéressée.

Pendant que les cobayes mettaient la meute de loups en déroute – au grand dam de Marchesi – et que Shen demandait à l'italienne des précisions par-rapport au style de son manteau, Ho Sun procédait aux arrangements nécessaires pour intégrer pleinement Higgins à l'expérience. Établissement d'un canal sécurisé, mise en place de l'interface adéquate, autorisation des accès, séparation des deux niveaux du réseau de défense et enfin raccordement au terminal de la technopathe.

« Higgins, votre attention je vous prie. » ordonna sèchement l'asiatique alors que le cortège émergeait de la forêt et s'engageait sur la dernière section du parcours, un labyrinthe de caillasses rendues glissantes par la neige et le verglas. « À votre tour de briller maintenant. Vous voyez cette formation rocheuse à l'ouest ? Elle abrite l'une de nos fortifications, et plusieurs tourelles sont dissimulées un peu partout autour de nous. Je vous ai ouvert l'accès à toute leur panoplie d'armes non-létales, vous n'aurez qu'à passer par votre casque, montrez-moi ce que vous savez faire. Rappelez à nos agents que ce n'est pas parce que ce n'est qu'un exercice qu'ils peuvent se permettre d'avancer imprudemment à découvert. Abstenez-vous juste de viser la tête. »

La chauve aurait de quoi faire : les balles des mitrailleuses avaient temporairement été remplacées par des munitions de paintball – l'impact resterait douloureux, d'autant plus lorsque le gel ferait son effet sur la peinture – et les affûts étaient garnis de multiples Active Denial Systems, de puissants émetteurs de micro-ondes créés pour la lutte anti-émeutes ou la protection de bases militaires. Ce deuxième équipement utilisait un faisceau d'énergie dirigée pour provoquer d'insupportables brûlures en augmentant à distance la température de la peau ; les Agences s'étaient servi plus d'une fois de cette forme d'attaque à la vitesse de la lumière pour déconcentrer un éveillé à un moment crucial. Pas question de lui laisser le contrôle des Lansknechts par contre, surtout avec les améliorations apportées par les ingénieurs français : une batterie de lasers militaires individuellement capables d'abattre des drones en plein vol ou de transpercer le capot d'une voiture pour en détruire le moteur en moins d'une demie-seconde avec une portée mesurée en kilomètres, c'était clairement excessif.

Néanmoins les sujets d'expérience étaient là pour en baver et pour peu qu'Higgins résiste à la tentation d'abuser de ses prérogatives pour cuire ses collègues plutôt que ses cibles, ce serait chose faite. En moins de trois heures, la première épreuve avait déjà transformé des dizaines de fiers soldats en un pitoyable rassemblement de pauvres hères hagards, frissonnants, couverts d'hématomes et de coupures courant désespérément à travers la toundra. Les choses ne feraient qu'empirer avant une courte délivrance physique mais non mentale : les cours théoriques intensifs et le conditionnement cérébral commenceraient dès le retour à la base avant de repasser à de nouveaux entraînements toujours plus difficiles. Puis le cycle se poursuivrait de jour en jour jusqu'à ce que les candidats développent des pouvoirs, ne soient plus en état de continuer – et il en faudrait beaucoup pour remplir ce critère avec le niveau d'acharnement thérapeutique auquel les Agences étaient prêtes à recourir – ou que leurs devoirs les appellent ailleurs si leurs régiments d'origine ne pouvaient se passer plus longtemps de leur présence...

Ho Sun se demanda distraitement combien de recrues seraient forcées de suivre les leçons depuis l'un des lits de l'infirmerie (non, une blessure n'était pas une excuse valable pour en être dispensé). D'après ce qu'elle pouvait voir, au moins une vingtaine et à moins d'un miracle ce nombre ne ferait qu'augmenter. Il ne lui restait plus qu'à se débrouiller pour ne pas avoir à les rejoindre : la mission n'était pas terminée tant que tout le monde n'était pas rentré au bercail et il était très probable que l'un des éveillés qu'elle avait défiés passe à l'acte tôt ou tard.

***

« Calmez-vous docteur, il a fait exprès de vous raconter ça pour vous faire peur. » soupira Khalil en voyant le français transporter sa valise comme si elle risquait de s'ouvrir au premier faux mouvement pour libérer un flot de serpents venimeux. Le Spectre aurait largement préféré que ce soit le cas. « Il vous montrera les tables statistiques quand vous reviendrez au laboratoire, blanc comme un linge et suant à grosses gouttes et vous verrez que ce sérum n'est pas si dangereux. Ayez confiance en vos confrères, vous pensez bien qu'ils ont appris à stabiliser la mixture depuis le temps. »

Rogos grommela quelques propos peu charitables concernant son supérieur en particulier et la détestable pratique du bizutage en général – « Nous ne sommes plus au collège, il faudrait voir à grandir un peu... » – auxquels le colonel répondit d'un hochement de tête approbateur. Le français et l'iranien – ainsi que son escorte armée – se rendaient au même endroit, l'un des vastes hangars souterrains où se dérouleraient les leçons, tests et entraînements d'intérieur. Le répit était bienvenu, la compagnie plus agréable que celle qu'il avait dû endurer mais il était occupé à échafauder des plans ayant trait à l'accomplissement de sa véritable mission. Il anticipait déjà bon nombre de problèmes et voyait difficilement comment il pourrait se constituer une vue d'ensemble des capacités des Agences dans ces conditions... Fichus militaires paranoïaques. À raison certes mais tout de même.

Tout était compartimenté à l'extrême : il lui était physiquement impossible de faire discrètement l'acquisition de documents hors de son domaine de compétence et niveau d'accréditation. Même s'il y parvenait, les cryptages utilisés différaient d'une section à l'autre, d'un échelon hiérarchique à l'autre – il avait été obligé d'en mémoriser une quinzaine rien que pour son propre travail – pour s'assurer qu'aucun agent n'en sache plus que nécessaire. Il connaissait la structure de la Division Scientifique, organisée autour de trois grands Départements et d'une flopée de petits Bureaux indépendants mais il ne connaissait que les généralités concernant leurs activités. Le Département Recherche et Développement auquel il appartenait se consacrait aux sciences dures, le Département Histoire et Archéologie étudiait le passé et les légendes concernant les éveillés... le plus intriguant restait sans doute le Département des Recherches Occultes dédié à des buts plus ésotériques. On lui avait dit qu'il accueillait un certain nombre de personnalités originales mais qu'au-delà de ces quelques excentricités, ses membres étaient des chercheurs on ne peut plus sérieux qui avaient la lourde tâche de faire la part des choses entre vérité et charlatanisme dans la masse immense des écrits et récits sur les arts mystiques. Examinant d'antiques reliques des quatre coins du monde, épluchant des bibliothèques entières de grimoires poussiéreux, combinant l'infinie variété d'ingrédients, d'incantations et de symboles aux pouvoirs supposés pour distiller la connaissance des maîtres à partir des élucubrations des fous, des menteurs ou des ignorants... Il ne pouvait qu'imaginer à quel point ça devait être pénible.

Et dire que 99% de ce sur quoi travaillaient ses employeurs du moment lui était inaccessible... et qu'avec tout ce temps passé à se lamenter, ils étaient finalement arrivés à destination. Le hangar avait été divisé en trois sections : la première contenait des rangées et des rangées de chaises et pupitres face à une scène assortie d'un écran fixé au mur, l'espace prévu pour les cours. La deuxième accueillait plusieurs rings et de nombreux équipements pour l'exercice physique. La troisième enfin était consacrée aux machines médicales et à d'autres dispositifs dont il ne connaissait pas toujours la fonction ; il supposa que c'était vers cette dernière section qu'il était censé se diriger. Il déposa son fardeau à l'emplacement indiqué par ses instructions, se prépara à attendre le retour des soldats partis batifoler dans la neige et constata que l'iranien restait là, ne donnant aucun signe de vouloir s'éloigner. Étrange.

« Je peux faire autre chose pour vous, mon colonel ? »

« Pas tout de suite mais ça va venir. »

« Pardon ? »

« Rassurez-vous, vous n'allez pas rester là à vous tourner les pouces le temps que les autres reviennent de leur randonnée, seulement il faut deux personnels de rang supérieur pour superviser ce que nous allons vous faire faire. Et l'un des deux c'est Feuerbach. »

Zut, il croyait s'en être débarrassé pour au moins une heure. C'était évidemment trop beau pour être vrai. Il n'avait pas dû réussir à cacher totalement sa mine déconfite car Khalil lui assura qu'il lui servirait de « soutien moral », quoi que ça veuille dire... Plus utilement, ce dernier décida de leur faire gagner du temps en débutant ses explications dès maintenant.

« Vous allez participer au réglage des Timur, il est plus que temps que nous vous formions à leur maintenance. »

L’Étoile Terrestre avait du mal à le croire : il avait de la chance pour une fois, l'un de ses vœux était exaucé. Le simple fait de s'entendre dire qu'il allait pouvoir approcher l'un de ces cylindres était déjà très informatif, on ne lui aurait pas demandé de le faire si ça n'avait rien à voir avec son champ d'expertise.

« Est-ce que ça veut dire que mon niveau d'accréditation a changé, mon colonel ? Je n'avais accès à aucun renseignement à leur sujet jusqu'ici. »

« Les résultats de votre dernière évaluation sont arrivés oui et vos autorisations ont été rehaussées en conséquence. »

Excellent, même s'il devrait se préparer à assimiler toute une fournée de codes supplémentaires. Sa joie fut cependant de courte durée : l'allemand émergea du corridor et ne tarda pas à les rejoindre. Toujours égal à lui-même, il s'employa immédiatement à changer l'exposé de cette nouvelle partie du travail de son subordonné en l'un de ses sempiternels – et inutiles – jeux de questions-réponses par lesquels il lui mettait le nez dans son ignorance au sujet d'informations que les règles lui interdisaient de connaître. C'était mesquin, de mauvaise foi et énervant au possible, cet étalage de galons...

« Je vois que vous l'avez déjà mis au courant, colonel. Alors docteur, avez-vous deviné pourquoi nous faisons appel à vous ? »

« Je suis spécialisé dans l'étude des pouvoirs parapsychiques et de leurs origines sur le plan organique donc je suppose que ces appareils agissent sur le cerveau humain. »

« La réponse est à moitié bonne, ou plutôt à un quart bonne. Voyez-vous, ces dispositifs ont quatre fonctions ; auriez-vous l'obligeance de les énumérer, colonel ? »

Au lieu de répliquer Khalil gratifia Feuerbach d'un regard noir, refusant de prendre part à son numéro, et tapota sa montre pour lui signifier d'arrêter de leur faire perdre leur temps. Hélas, le teuton tenait beaucoup trop à ce qui lui servait d'effets dramatiques et ignora superbement le manque de coopération : « Détection, analyse, dissimulation et interférence avec les facultés parapsychiques. Et oui je parle bel et bien d'une interaction avec les facultés elles-mêmes. »

Reconnaissant l'un de ces moments où le professeur attendait une intervention de la part de ses interlocuteurs pour mieux exhiber l'étendue de son savoir, le Spectre joua le jeu. Ça mettait son supérieur de meilleure humeur – à ses dépens certes mais il avait l'habitude –, il était déjà trop fatigué pour résister et il était réellement curieux pour ne rien arranger. Une technologie capable d'agir sur le cosmos lui-même ? C'était ça qu'il recherchait, enfin il accomplissait l'un des objectifs fixés par le Seigneur Thanatos !

« Je croyais que nos machines ne pouvaient détecter les phénomènes parapsychiques qu'indirectement via leurs manifestations physiques ? Rayonnements, altérations de la température, des champs électromagnétiques... »

Feuerbach l'invita à le suivre vers l'un des cylindres métalliques disposés contre le mur, un sourire suffisant aux lèvres. Nul doute que c'était précisément la réponse à laquelle il s'attendait, grand bien lui fasse. Il composa un code sur un pavé numérique, scanna sa rétine et ses empreintes digitales, introduisit une carte magnétique... « Je ne pense pas que vous ayez déjà entendu parler d'un neurodrive de troisième génération à spécialisations multiples, autant passer directement à la démonstration. »

Ça y est, Rogos avait un mauvais pressentiment maintenant qu'il entendait ce mot inconnu. Un large panneau à l'avant du dispositif coulissa latéralement, dévoilant les entrailles de la machine... Littéralement : une grande cuve transparente attirait immédiatement l’œil, éclairée par une lumière bleuâtre. Dans le liquide qu'elle contenait flottaient les restes d'un être humain, rien de plus qu'une tête glabre, le cou et un tronc à la cavité abdominale grande ouverte. Pas de membres, pas même de système digestif, sans doute remplacé par tous ces tubes plongeant à l'intérieur du corps. Le regard du Spectre s'attarda sur les marques d'amputation là où se trouvaient autrefois bras et jambes, sur les câbles raccordés à la colonne vertébrale de l'être ou s'enfonçant carrément dans son crâne... Il sentit la main ferme et se voulant rassurante de Khalil sur son épaule. Alors c'était ça qu'il voulait dire par « soutien moral »... Il allait se sentir malade. Et il savait qu'il aurait dû s'y attendre.
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-Mais je sais pas, moi, je veux juste un manteau chaud…

Les cobayes continuent de ralentir. Les attaques ont beau devenir de plus en plus insistantes, signe de l’impatience des éveillés habitués à bien pire et non expérimentés dans cet étrange rôle « d’instructeurs », les corps bien plus faibles des autres soldats ont plus que dépassé une limite raisonnable et il faut maintenant les pousser sur le sentier, littéralement. La frustration de ne pas voir les choses se passer assez vite aide à ne pas trop y penser, sinon je me trouverais sans doute à avoir pitié de ces hommes… peut-être que ça leur paraissait facile, sur papier. Peut-être qu’ils se sont être imaginé être un de ces cas spécial qui s’éveille à un rien. Peut-être que maintenant, ils se demandent pourquoi rien de bon ne leur arrive, et se demandent qu’est-ce qui pourrait être pire que ça.
Mais non. Ce n’est jamais vraiment facile. Les circonstances qui éveillent au pouvoir, et les conséquences qui s’imposent après… Pas ici, vraisemblablement. Tout est organisé, froid et chirurgical, pas plus facile mais la procédure est contrôlée, quelque chose qui ne se fait pas ailleurs. Des maîtres peuvent prendre des apprentis non-éveillés sous leur aile et espérer qu’ils développent certaines habiletés, mais ce n’est pas vraiment forcé… Et je peine à imaginer le même traitement infligés à des enfants.

Arrête de penser. Ça ne va plus assez vite, si tu as le temps d’y penser.

-Courez.

Le dernier coureur du groupe est tombé et ne se relève pas. Quelques coups de pied n’arrivent pas à le motiver et je commence à jeter des coups d’œil autour de moi, à la recherche de… quelque chose, n’importe quoi qui pourrait m’aider. Qu’est-ce que je fais? J’ai beau le pousser, le soulever pour le remettre sur pieds et même le menacer de mon couteau, il ne fait que quelques pas avant de s’effondrer dans la neige à nouveau, ne trouvant même pas la force de trembler. Un seul KO après tout ça, je suppose que ce n’est pas si mal… mais ses supérieurs penseront sans doute autrement.

-On… on a quelqu’un à terre. Je fais quoi?

-Ben relève-le!

-J’y arrive pas.

-Alors transporte-le.

-Sérieux…?

-Pas comme ça, idiote. Lance-le, traîne-le, c’est pas parce qu’il ne peut plus se déplacer lui-même que tu ne peux plus t’amuser avec. Tant qu’il reste en vie… et conscient.

Je serre les lèvres pour ne pas répondre à la pique de Luiza, qui tient un peu trop à rappeler qu’elle me trouve « sauvage » devant tous les autres, parce qu’elle doit se trouver tellement mieux… Mais la dispute n’a pas le temps d’éclater entre nous, car Ho Sun explique à Emily que les moyens de défense de la base sont maintenant utilisables. La chauve ne dit rien, mais un bruit de distorsion dans nos casques laissent entendre qu’elle préfère le voir pour le croire, et après de longues secondes elle laisse enfin échapper un commentaire d’une voix absente.

-Oh. Là on parle.

Et sans attendre, un déluge de détonation se fait entendre, suivi des cris de douleur et de surprise des cobayes. Dans la présence tranquille d'Emily, il n'y a aucun doute : elle s'amuse déjà comme une folle. Son esprit libre de se promener dans le système comme elle le souhaite fait des ravages parmi les rangs, semant la panique parmi les cobayes dont la méfiance avait commencé à s'endormir. Seule Luiza faisait preuve de subtilité dans ses attaques, mais maintenant le cinquième membre de l'équipe relève la difficulté encore plus. Heureusement, Higgins a fort à faire juste en gardant les soldats occupés. Les balles fusent avec une précision monstrueuse, et de puissantes vagues de chaleur parviennent à libérer mes cheveux encastrés dans la glace, mais jamais pour longtemps, blessant les cibles sans jamais nous atteindre nous. Mais cette nouvelle vigueur dans l'assaut devenu presque routinier a tout autant d'impact sur notre moral. Luiza se déplace plus rapidement, ses décharges de plus en plus cruelles, Alastor n'hésite plus à plaquer les pauvres hommes sans se soucier de leurs plaintes, Théophile hurle des "encouragements" sans faiblir, et moi...
J'arrête de penser.

En quelques foulées, je rattrape quelqu'un au hasard et abat ma paume contre son épaule, après avoir lancé l’homme que je « transporte » plus loin devant. Un craquement retentit et l'homme s'écroule en hurlant, encore plus terrifié en me voyant approcher, et se relève en tenant son bras disloqué pour continuer à courir. Je pourrais continuer de le tourmenter, tant m'acharner qu'il ne pourra plus continuer...
Je glisse avec précision sur le sol inégal, bousculant les soldats trop rapides à mon goût et tendant la main pour en griffer d’autres. On peut voir la silhouette vague de la base au loin, de quoi redonner un peu d’espoir, et en peu de temps je rejoins Luiza et Alastor, qui poursuivent leur assaut. Pas de trace d’Emily…

-OK groupe, on a presque fini. Checkez ben ça!

Et comme il l’a fait à Cité-Soleil, le grand Québécois se met à marteler le sol en utilisant ses dernières forces pour déclencher une nouvelle vague d’ondes de choc qui envoient plusieurs coureurs au sol, certains se blessant gravement dans leur chute, mais plus de pitié. Ce sont les derniers kilomètres, et le plus dur sera de les terminer avec leur volonté comme seule force.
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« Au moins il y en a qui s'amusent... » pensa la générale en voyant les gardes joyeusement étriller leurs infortunés élèves. Il faudrait peut-être leur apprendre le sens de la mesure car à ce rythme la grande majorité des soldats devrait suivre la deuxième partie du programme de la journée depuis un lit d'hôpital. Mais le malheur des uns faisait le bonheur des autres : cette campagne militaire miniature – toute unilatérale qu'elle soit – les renseignerait utilement sur le niveau où se situait le point de rupture de chaque recrue. Les chercheurs en profiteraient pour déterminer qui était le plus vulnérable face à la pression psychologique ou physique, s'ils étaient plus sensibles à l'usure d'un stress continu ou à un impact soudain et brutal... et ils se serviraient de ces enseignements pour adapter la suite de l'entraînement. Du côté des mercenaires, avec un peu de chance ils prendraient conscience que dans les bonnes conditions Higgins pouvait se révéler la plus redoutable du lot. L'asiatique contacterait d'ailleurs Ishii pour voir ce qui pourrait être fait pour mieux exploiter ces dons : si elle parvenait déjà à déchaîner un tel pandémonium avec des armes non-létales à puissance réduite – bien qu'une brève exposition soit généralement insuffisante pour tuer quelqu'un, l'Active Denial System n'opérait qu'au dixième de ses capacités, autrement il pouvait laisser des cicatrices indélébiles, dommages nerveux permanents, voire provoquer la mort par arrêt cardiaque à cause de la douleur intense –, elle pouvait devenir un formidable atout sur le champ de bataille avec des outils plus sérieux.

Non que leurs autres auxiliaires soient moins impressionnants, Higgins bénéficiait juste d'un pouvoir extrêmement polyvalent exercé au travers d'un médium qui produisait des résultats maximaux pour un minimum d'effort mais était en contrepartie entièrement dépendante de son environnement. Avec cet aperçu de leurs facultés et personnalités respectives, Ho Sun pourrait enfin leur assigner leurs rôles.

L'entrée de la base se dessina à l'horizon, rendant un peu de vigueur aux agents qui voyaient se dessiner le terme de leur supplice. Ils accélérèrent vaillamment malgré leurs corps meurtris, leur moral entamé et au bout de quelques minutes, firent leur retour à l'intérieur. Le bilan final était de trois candidats ayant échoué à arriver en bout de course sur leurs propres jambes et quatre qui s'effondrèrent une fois en sécurité pour ne plus se relever une fois les effets de l'adrénaline dissipés, soit un total de sept pensionnaires pour l'infirmerie. Pas mal, pas mal du tout même, une agréable surprise. Bien sûr, l'objectif était de faire en sorte que d'ici un mois ils ne considèrent plus ce parcours que comme un léger échauffement matinal.

Elle délaissa les soldats hors d'haleine, couverts de sang, de sueur, de boue, d'ecchymoses et de peinture, les livrant aux bons soins de l'équipe médicale et alla parler aux gardes.

« Une bonne première séance. Nous n'aurons plus besoin de vous pour le moment, ils iront se restaurer après avoir été retapés et reprendront avec un cours théorique puis des exercices de méditation. Revenez quand ce sera l'heure des combats d'entraînement, vous en profiterez pour leur transmettre votre expérience – tout particulièrement vous, Bilodeau-Tanguay et Higgins. Quartier libre d'ici-là. »

Ayant transmis ses instructions, elle les laissa vaquer à leurs occupations et s'enfonça dans les boyaux de la base. Elle avait épuisé son propre quota de temps libre pour la journée avec cette promenade au grand air, il lui avait maintenant revenir aux affaires pressantes qui réclamaient son attention.

***

« Vous auriez pu le prévenir. »

« Je préfère crever rapidement l'abcès et mettre les gens devant le fait accompli. Et puis ce n'est pas si différent de ce qu'il a dû faire lui-même pour mériter son poste ici, n'est-ce pas docteur ? »

« Oui professeur. Merci de votre sollicitude mon colonel mais tout va bien, je vous l'assure. »

Khalil afficha ouvertement son scepticisme mais n'insista pas plus avant. Il avait raison pourtant, c'était bel et bien un choc pour le Dullahan, même si ce n'était pas pour les motifs que l'on aurait pu croire. Ce n'était pas la présence d'un éveillé mutilé en animation suspendue qui le gênait, c'était le fait qu'un tel acte ait été commis par des humains et non par lui-même. Il se détacha cependant de ses émotions pour ne plus considérer la situation qu'avec froideur, logique et une certaine fascination malsaine. Non les Agences n'avaient pas de capteurs capables de détecter le cosmos lui-même – encore heureux –, elles étaient toujours obligées de se reposer sur un détenteur du sixième sens pour cela ; par contre elles avaient clairement réussi à créer un dispositif qui récoltait des flux de données exploitables à partir du cerveau de sujets ayant cette caractéristique. Pire, cet outil était l’œuvre de la seule Agence russe et avait dû être amélioré depuis grâce à la technologie des autres organisations. Encore pire, vu le nombre de ces cylindres croisés au gré de ses pérégrinations, leur capacité à capturer ou produire des éveillés en quantités importantes devait être revue à la hausse. Toujours pire, si l'on se fiait à l'exposé des quatre fonctions présentées par Feuerbach, leur compréhension des mécanismes corporels du cosmos leur permettait non seulement de recevoir des informations mais aussi d'envoyer des ordres au cerveau de l'éveillé captif, un tout autre niveau de complexité ! Il y avait toutefois un rayon de soleil : ils avaient beau savoir manipuler des circuits neuronaux préexistants, leur capacité à en créer de nouveaux à partir de rien restait limitée, comme le prouvait la nécessité de cette expérience à laquelle il participait.

Il était soudainement très content de ne pas s'être servi une seule fois de son cosmos depuis qu'il avait mis les pieds à FIRMAMENT, nul doute que ces choses l'auraient repéré dans la seconde. Sachant ce qu'il savait maintenant sur les mesures de sécurité des Agences, ils auraient réagi en inondant la pièce de gaz anesthésiant et il ne se serait rendu compte que son secret était éventé qu'en se réveillant des heures plus tard, les quatre membres fracassés voire amputés, la moelle épinière sectionnée, des électrodes plantées dans le cortex et au moins un de ses organes vitaux remplacé par une machine qui se déconnecterait au premier mouvement excessif, l'assurance d'un prompt décès au cas ô combien improbable où il parviendrait à se libérer. D'accord, en fait il y avait plus d'une raison à son malaise. Mais comme il s'agissait encore d'un test – tout était toujours un test avec Feuerbach –, il engagea de nouveau la conversation avec son supérieur, qui l'invitait implicitement à partager ce qu'il avait déduit de cette brève observation et des bribes de renseignements délivrés plus tôt.

« Quand vous dites que ça analyse les facultés parapsychiques, que voulez-vous dire exactement ? Juste la signature énergétique ou le mode d'action de la faculté ? »

« Les deux, même s'il y a toujours d'importants progrès à faire dans l'analyse de la façon dont se forme une anomalie et si les niveaux de puissance peuvent facilement être diminués. Les distorsions par contre sont différenciées avec netteté, ce qui nous a permis de créer une base de données des auras accessible par chaque Timur afin d'identifier un éveillé particulier même sans le concours d'un agent doté du sixième sens ayant croisé ledit éveillé par le passé ou si la cible tente de se faire passer pour plus faible qu'elle ne l'est réellement. »

Le Spectre traduisit automatiquement avec la terminologie en vigueur à la Division Scientifique : la distorsion était la perturbation de l'action normale des lois de la physique qui se produisait lorsque le cosmos était activé, l'anomalie le phénomène particulier qui résultait de l'instrumentalisation de la distorsion sous une forme définie. C'était grosso modo la distinction entre la nature du cosmos lui-même et la technique utilisée grâce à ce cosmos, liés par une relation de cause à effet. En tout cas c'était très inquiétant, si un tel outil – capable de se reposer sur des données qualitatives pour échapper à une supercherie au niveau quantitatif en plus – pouvait être déployé à grande échelle il deviendrait beaucoup plus compliqué pour les chevaliers de se cacher. Son champ d'action ne devait pas être trop étendu mais tout de même...

« Quant à la fonction de dissimulation, j'imagine qu'elle masque les émanations parapsychiques de nos agents pour que nous ne soyons pas détectés par les entités théopotentes et leurs laquais. »

« Tout à fait. Que pouvez-vous me dire d'autre ? »

« Hum, ce n'est pas vraiment mon domaine d'expertise mais je doute que les Timur procèdent via antiphase pour ce faire, cela exigerait qu'ils soient capables de reproduire – et d'inverser – n'importe quelle signature parapsychique pour que les deux ondes s'annulent mutuellement. C'est un talent rare parmi les éveillés, une chance autrement la fonction de détection ne servirait pas à grand-chose. L'action doit plutôt se situer au niveau du médium, diminuant la portée de l'émanation. J'imagine également que ce phénomène est sélectif : ce serait un énorme inconvénient si nos agents étaient dissimulés mais en même temps incapables de percevoir d'autres signatures. »

« En effet mais vous sautez des étapes, n'oubliez pas que vous êtes là pour apprendre à manipuler ce dispositif. Quelle est la différence entre les deux premières fonctions que je vous ai citées et les deux dernières ? »

L'allemand avait l'air de beaucoup s'amuser ; l'iranien par contre attendait avec impatience que se termine la leçon assaisonnée de jargon. Une question en rapport avec l'utilisation pratique de la machine... L’Étoile Terrestre réfléchit quelques instants puis eut envie de se coller une claque, la solution aurait dû être évidente !

« Détection et analyse sont des facultés passives alors que la dissimulation – et l'interférence je suppose – sont des facultés actives, le Timur a au moins deux modes de fonctionnement principaux et seul le second requiert que le composant organique fasse usage de ses capacités parapsychiques. »

Et voilà qu'il ne considérait plus cet homme prisonnier du sarcophage de verre et de métal que comme une pièce de la machine. Ce n'était cependant pas si déshumanisant, les aptitudes sensorielles uniques d'un guerrier des Enfers – cette part de lui-même toujours reliée à l'Au-delà – lui indiquant que cet être n'était plus qu'une coquille vide. Le cœur battait, le cerveau marchait plus ou moins mais l'âme était absente ou incapable d'agir ; très similaire à son propre numéro avec les morts-vivants en effet. Le professeur acquiesça et tapota de nouveau l'écran de l'appareil : un nom s'y afficha – Konstantin Saakachvili – en compagnie d'une liste d'informations diverses décrivant l'état de santé du comateux. Pressentant ce que son supérieur s'apprêtait à faire, le français raffermit son contrôle sur ses nerfs pour ne pas se trahir par une réaction qu'un simple scientifique non-éveillé ne devrait jamais avoir. Bien lui en prit, la vague de cosmos invisible qui se dégagea du cercueil transparent lorsque fut pressé le bouton central l'aurait fait sursauter sinon.

C'était étrange, il avait l'impression qu'une sorte de voile s'était déposé sur lui et que s'il tentait d'utiliser ses pouvoirs, le monde serait moins malléable que d'habitude, plus réticent à accepter son influence. Konstantin n'était qu'un niveau 2 – c'était écrit en dessous de son nom – et Rogos était un niveau 5, l'impact du cosmos du premier sur les facultés du second serait donc négligeable mais si suffisamment de Timur unissaient leurs forces, on devrait aboutir à une diminution significative des aptitudes d'un éveillé de bas rang. Ce qui l'intriguait vraiment cependant c'était ce qu'il ressentait au contact de cette aura, ou plutôt ce qu'il ne ressentait pas : elle était vide, faute d'un meilleur mot, il n'avait jamais rien vu de tel. Ce n'était pas comme celle de Thanatos qui donnait l'impression de contempler un abysse insondable et emplissait l'esprit d'une terreur existentielle, ce n'était pas non plus un cosmos serein, impassible ou froid, juste une absence totale de cette myriade d'éléments, de sensations normalement véhiculés par ce biais. Même la statue animée d'Athena, une construction artificielle sans âme ni émotions avait davantage de personnalité : l'énergie était là et rien de plus.

« L'interférence repose sur une anti-distorsion qui renforce la réalité ambiante et la rend moins susceptible de manipulation parapsychique. » reprit Feuerbach, qui apparemment ne s'attendait pas à ce que son assistant devine par lui-même les principes de cette ultime fonction. Le Spectre mit son orgueil de côté et écouta religieusement. « Au lieu de saper l'emprise des lois de la physique, nous la resserrons. Vous n'imaginez pas les efforts que nous avons dû déployer pour centrer cet effet sur une cible particulière au lieu de le laisser affecter tout le périmètre sans discrimination mais comme vous l'avez fait remarquer, c'était indispensable si nous ne voulions pas que nos agents éveillés soient soumis au même handicap que leurs ennemis. Là où ça devient intéressant c'est que, pour peu que les facultés de l'ennemi soient analysées de manière suffisamment approfondie, il serait possible de raffiner le processus, de confectionner une entrave sur mesure plus efficace qu'un blocage général en agissant sélectivement sur des variables environnementales particulières. »

« Ne serait-il pas possible d'inverser ce dernier effet, professeur, d'utiliser ce que nous savons des capacités de nos agents pour générer un espace plus propice à leur exercice ? »

Le sourire de l'allemand se fit carnassier. « Précisément. Mais nous avons du mal à appliquer l'idée en pratique, paradoxalement. »

Paradoxal en effet, on aurait pu croire qu'il serait plus facile de renforcer un éveillé allié aux facultés bien connues que d'affaiblir un ennemi analysé sommairement en plein combat. Un rare accès de modestie combiné à une durée record pendant laquelle Feuerbach ne lui avait envoyé aucune pique, le Dullahan devrait savourer ce moment.

« Nous arrivons au bout de cette interrogation surprise. Vous y êtes presque, revenez aux bases et ne tenez pas compte de ce que je vous ai dit plus tôt : que voyez-vous, que pouvez-vous me dire d'autre ? » l'encouragea le chercheur. Le Dullahan redevint soupçonneux, ce n'était pas normal de le voir motiver les gens plutôt que les rabaisser, il devait y avoir un piège quelque part. Revenir aux bases, ce qu'il pouvait voir... lui demandait-il de se concentrer sur l'appareil lui-même au lieu de ses fonctions ? Le français ignora l'absence de sensations dérangeante de ce non-cosmos et examina tour à tour chacun des composants de l'engin. L'éveillé qui ne se réveillerait plus jamais, les câbles et tubes qui le reliaient aux dispositifs de soutien vital, l'ordinateur connecté à son tronc cérébral qui faisait office de marionnettiste, le liquide dans lequel flottait le presque-cadavre... il eut une intuition en remarquant une petite trappe à la base de la machine ; il la désigna à son supérieur, qui la déverrouilla d'une pression sur un bouton. Il l'ouvrit précautionneusement et y vit une éprouvette raccordée à un tube fin au bout duquel perlait une goutte d'un fluide incolore. Il fronça les sourcils, se rappelant la mallette qu'il avait apportée avec lui dans la salle...

« Les Timurs produisent le sérum para-inductif ou du moins la matière première, les neurotransmetteurs qu'il contient sont métabolisés trop rapidement pour les extraire autrement qu'à la source, une opération trop invasive pour la pratiquer sans répercussions négatives sur nos agents. » débuta-t-il avant d'être frappé par une seconde inspiration. « Et vous maintenez le composant organique en vie grâce à Baba Yaga... une solution incorporant du BY-01, la substance nutritive qui préserve les cellules et permet de conserver indéfiniment un organe en dehors du corps sans qu'il ne se dégrade ? »

« Exactement. Cela conclut votre évaluation du jour : maintenant vous savez ce que nous faisons de nos prisonniers éveillés quand il n'y a plus rien d'autre à en tirer. »

L'iranien, qui était resté silencieux tout du long – une patience et une maîtrise de soi dignes d'un saint homme – émit un profond soupir de soulagement : « Ça y est, vous avez fini de lui faire jouer les Sherlock ? C'est pour aujourd'hui ou pour demain l'apprentissage de la maintenance ? »

Il fallut encore une demie-heure pour que l'allemand enseigne toutes les ficelles à son subordonné ; ils terminèrent juste à temps pour entendre l'annonce du retour des soldats à la base. Rogos suivit l'exemple qui lui avait été donné, faisant repasser le Timur en mode passif et refermant le sarcophage sur la silhouette inerte de son occupant. Il était attendu à l'infirmerie ; quant à Feuerbach, il prendrait en charge le cours auquel assisteraient les candidats au programme. Une bénédiction, il ne l'aurait pas sur son dos pendant ce temps !

Hélas il s'était réjoui trop vite, l'allemand lui remit une enveloppe scellée, épaisse et pesante : « Vous vous souvenez de ce que j'ai dit tout à l'heure ? Ici la récompense pour un travail bien fait c'est encore plus de travail, toujours plus difficile. Félicitations, vous avez des devoirs à faire à la maison : la première partie de cette bibliographie contient les notions essentielles que vous vous devrez de maîtriser, la seconde contient une liste non-exhaustive de ressources qui vous aideront à aborder le sujet que je vous assigne. Vous avez un mois, je veux un rapport de 40 pages sans compter les annexes, images et annotations – et on ne triche pas avec la police, les bordures ou les interlignes. Bonne chance, vous en aurez besoin. »

Défait, les épaules du cavalier sans tête s'affaissèrent. Il avait eu raison, c'était un traquenard. Il allait finir par croire qu'il faisait partie des cobayes de l'expérience et qu'on essayait de le briser lui aussi.

« Allez, l'avancement ça se mérite... »

***

Un mois plus tard...

« La plupart d'entre vous êtes arrivés à un niveau satisfaisant dans votre conditionnement physique et cérébral, il est donc temps d'accélérer un peu le rythme. »

Un frisson d'horreur parcourut les rangs des soldats. Le mois écoulé s'était révélé plus que simplement exténuant et douloureux, une sorte d'hybride impie entre les entraînements infernaux sortis tout droit de la tradition des moines guerriers des temples shaolin et les expériences d'un savant fou nazi, le tout généreusement assaisonné à la sauce Spetsnaz. On les avait électrocutés, noyés, battus, drogués, forcés à marcher sur des charbons ardents, à ramper sur des gravats aux arêtes acérées ou à nager des kilomètres dans des rivières presque gelées. Ils avaient escaladé des falaises à pic sans matériel, brisé des blocs de pierre à mains nues, affronté leurs pairs et leurs gardes en des centaines de combats... Et tout du long il s'était toujours trouvé des éveillés parmi les troupes chinoises affectées à cette base pour faire ces exercices à leurs côtés en les traitant comme un moment de détente. Sans utiliser leurs capacités parapsychiques ou presque.

« Courage soldats, pensez à vos familles, à vos amis, vos camarades, votre pays, pensez au monde ! » poursuivit le colonel en tentant de rallier leur moral en berne. Pas de résultat, il essaya donc de détendre l'atmosphère avec une pointe d'humour. « Ou sinon pensez à votre promotion. Rappelez-vous, un grade minimum par niveau d'éveil plus un bonus spécial de salaire ! »

« Et une carte illimitée pour le réfectoire plus un poster de De Assis en maillot de bain... » marmonna une recrue qui fut promptement punie par ses voisins – ceux situés sur les côtés lui infligeant chacun un coup de coude dans les côtes, celui de devant lui écrasant le pied d'un coup de talon et celui de derrière lui frappant sèchement le jarret – avec une synchronisation parfaite. « Non mais ça va pas, elle va t'entendre ! » siffla l'un d'eux à voix basse.

Ignorant pour l'instant le trublion endolori, Khalil invita les cobayes à s'avancer. Ils étaient actuellement sur une plate-forme surplombant un grand hangar souterrain rectangulaire aux murs percés de multiples ouvertures. Chacun de ces tunnels était obstrué par un lourd volet métallique, ce qu'ils cachaient était un mystère mais tous se doutaient que la réponse serait déplaisante.

« Nous consacrons énormément de ressources et de personnel à ce programme, vous savez. » fit le colonel sur le ton de la conversation. « Et comme nous détestons le gaspillage, nous essayons autant que possible de faire d'une pierre deux coups – ou plus – en combinant vos tests à d'autres expériences. Aujourd'hui nous rendons service à nos estimés collègues de l'Agence russe. »

Les visages blanchirent immédiatement. Depuis les premiers jours de l'alliance, l'organisation russe était synonyme de « manipulations organiques contre-nature ». L'officier pressa une touche de sa télécommande et les volets métalliques s'élevèrent, dévoilant des dizaines de cages massives, chacune occupée par une chimère qui réagit à l'apparition de la lumière en se jetant sur les barreaux, mordante et rugissante. Des spécimens de huit sortes de créatures artificielles en tout.

« N'ayez pas peur de les abîmer surtout, il faut les pousser à bout pour récolter des données correctes sur leurs performances en combat. » intervint Feuerbach en se matérialisant dans un coin de la salle, suivi d'un Dullahan éreinté. Cette autorisation ne rassura personne, c'étaient les soldats qui risquaient surtout de se faire abîmer, c'était d'eux qu'il fallait se préoccuper... d'autant plus que l'allemand n'avait pas terminé. « Au fait, elles ont toutes des capacités parapsychiques de niveau 1, faites attention. »

« Sadique. »

« Et je crois que nous avons un volontaire. » annonça l'iranien en un rétablissement de discipline à retardement. La foule s'écarta comme la Mer Rouge devant Moïse, laissant le bavard isolé.

« Moi et ma grande gueule... » se lamenta-t-il en voyant s'ouvrir l'une des cages, libérant ce qu'on ne pouvait décrire que comme un gros babouin à dents de sabre et à fourrure de porc-épic. Si la mémoire de Rogos ne lui faisait pas défaut, celui-ci était venimeux, plus fort qu'il n'y paraissait et disposait en outre de griffes rétractiles.
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Un mois passe comme un rêve à demi éveillé, à la fois trop court et éternel, sans qu’on ait besoin de s’en apercevoir, et sans souvenir bien précis de ce qui s’est passé —ou du moins assez inintéressant pour ne pas avoir à s’en rappeler. La course était le pire, d’une certaine façon, car nous n’étions pas encore encadré ou dirigé efficacement, mais suite à ce qui fut un test même pour nous, les rôles se sont formés et les épreuves qui ont suivi ont su exploiter nos forces au maximum. Pas plus forts, mais plus posés dans nos manœuvres, toutes les recrues ont de quoi à craindre quand nous ne sommes pas en train de leur enseigner ou de conter nos histoires. Enfin, Bilodeau-Tanguay et Higgins content la leur. Luiza a refusé, Alastor aussi et j’ai suivi tout de suite après, autant par crainte de ne pas pouvoir aider que de laisser entrevoir les failles de ma fausse identité. Peu à peu, la routine s’est infiltrée dans nos mécanismes, sans vraiment nous ennuyer, mais sans non plus nous offrir les émotions fortes que nous retrouvons normalement sur le terrain. Ça convient à la plupart des soldats, mais pour tous les autres avec un peu plus de bougeotte… Observer des hommes endurer des supplices tous pires les uns que les autres n’est pas une solution bienvenue. À quelques reprises, j’ai dû quitter l’expérience en cours, incapable de rester impassible, le temps de me reprendre. Ce n’est pas apprécié, mais c’est dur de le refuser. Et maintenant tous ces hommes doivent s’imaginer ce que ce serait de faire ce qu’ils font contre leur gré. De quoi voir du bon dans toute cette affaire.

Les entraînements aident, un peu. C’est rarement suffisant pour se défouler complètement, sinon nous serions tous à l’infirmerie à se faire pomper du Baba Yaga dans les veines, mais c’est ce qu’on a. Emily a su gagner en assurance, Alastor en audace, Théo en discipline, Luiza en réflexion et moi-même en contrôle et sang-froid. Pour bien me débrouiller contre De Assis, qui contre toute attente est capable de me mettre au tapis, et Alastor qui a une défense impénétrable, je dois prendre un pas de recul et mieux les observer, pour trouver leur faille. Quelque chose que Lachès tardait à m’apprendre…

-Hey, t’as enfin enlevé ton manteau!

-La générale m’a dit de l’enlever…

Je marmonne les explications en regardant le fond du hangar, ignorant comme je le peux le rire de Bilodeau-Tanguay. Le colonel Khalil observe les recrues exténuées par les derniers jours de torture en leur annonçant qu’ils sont prêts à passer à l’étape suivante, ce qui les fait frissonner et provoque plusieurs airs interrogateurs de notre côté. Juste les garder en état de fonctionner n’est pas facile maintenant, qu’est-ce qu’ils ont de planifié ensuite?

S’il y a une chose que les Agences n’ont pas su inculquer à notre équipe, c’est un peu plus de professionnalisme : avec quelqu’un comme Théo, qui refuse ce caractère d’acier propre aux supérieurs de FIRMAMENT, et les gens comme Alastor et Emily et… moi, je suppose, qui ont plus besoin de ce genre de présence amicale pour s’intégrer correctement, nous prenons un peu trop de plaisir dans bien des choses pourtant bénignes de la vie à la base, avec bien des blagues de qualité douteuse, anecdotes incroyables et piques taquines qui contrastent un peu trop avec la rigidité de… eh bien, tout. Inévitablement, l’habitude se répand comme un virus et affecte plus de gens, et on dirait bien que même Khalil n’est pas immunisé vu comment il discute. Mais entre ses goûts d’humours et ceux des cobayes…

-Ew…

-Quoi?

-Quelqu’un a parlé de Luiza en maillot de bain…

-… Pis?

-L’image ne veut plus quitter ma tête.

-Va chier, Marchesi.

-Chut.

Ah, l’agence russe. L’opinion de ses exploits et accomplissement dans ce grand plan qu’est FIRMAMENT est généralement bonne, mais quelque peu amère… une pilule efficace mais dure à avaler, vu ce qu’ils mettent à l’intérieur. Mes yeux s’ouvrent grands en voyant les monstres dans les cages, huit amalgames de créatures enragés se déportant sur leur cage dans une vaine tentative d’en sortir. Ça… Bon sang, les bêtes comme ça sont rares même pour nous, et eux en créent de façon artificielle! Certes, ce n’est ni Cerbère, ni Humbaba, mais si les bonnes connaissances et la bonne puissance y sont investis…
Le scientifique en chef apparait pour conclure la présentation, suivi de près par Rogos. Je suis mon collègue des yeux pendant quelques secondes, réfléchissant à vive allure. Est-ce qu’il y a pensé? Tout ce que je découvre ici, il le sait sans doute déjà, les scientifiques ont le nez partout, mais il doit bien y avoir quelque chose que je peux faire…
Je reporte mon attention sur les chimères. Les voir est une chose, tenter sa chance en personne en est une autre.

Mon silence un peu trop docile ne passe pas inaperçu chez mes collègues, pendant que nous observons le volontaire malgré lui commencer le combat. Il est suffisamment alerte et expérimenté et se tient à une distance respectable le temps de mieux analyser son monstrueux adversaire, mais un mois d’entraînement intensif destiné à le briser l’a affaibli plus qu’il ne l’a renforcé, et il a de la difficulté à garder le rythme avec la bête, trop hargneuse et sauvage pour lui laisser sa chance comme un simple collègue le ferait, d’autant plus qu’il ne possède aucune arme capable de faire du dommage à distance. Les griffes de la chimère finissent par lui labourer le bras et je me raidis, mais la main de Théo s’abat sur mon épaule pour me tenir en place.

-Pas tussuite.

-Il est blessé!

-Ouin. C’t’un peu ça l’but...


Merde. Comment faire quoi que ce soit dans ces conditions, sachant qu’on ne peut pas vraiment se salir les mains? Non pas que ce gars a une chance de s’en sortir seul, mais je ne saurai pas attendre aussi longtemps! Je commence à trépigner, mes doigts pianotant sur le manche de mon Chunjun en provoquant quelques soupirs d’impatience de mes collègues. Finalement, la bestiole parvient à attraper son petit adversaire et le plaquer au sol, provoquant une vague de hurlements dans tout le hangar, mais avant que je ne puisse agir, Higgins est déjà passée à l’action.

Des coups de feu résonnent dans la grande salle et la bête se dresse sur ses pattes pour rugir avant d’abandonner sa victime pour partir à la recherche de ce qui a pu la blesser, mais personne n’est coupable : la chauve s’est servie des systèmes de défense de la base pour attaquer, ne laissant aucune trace qui permettrait de faire une autre victime. Sans demander mon reste, je me défais de l’emprise de Théo et fonce pour aller chercher le soldat, l’aidant à se relever et le laissant s’appuyer sur moi pour faire quelques pas, puis le pousse dans les bras du Québécois. Il recevra les soins nécessaires, et ensuite qu’il retourne au boulot… Bilodeau-Tanguay m’observe avec curiosité, puis avec fureur quand il me voit reculer et dégainer mon Chunjun.

-Marchesi, ma tabarnak!

Je ne souris même pas quand je me retourne pour faire face au monstre, retenant ma respiration en me concentrant sur les battements de plus en plus rapides de mon cœur. Une fois, juste une, pour quelques minutes, ce sera suffisant… Quelques balles fusent encore, mais trop tard, il m’a vue, et je suis sans doute un bien meilleur défi. J’esquive les charges aveugles sans grande difficulté, observant sans attaquer, brandissant ma lame une fois de temps en temps comme seule défense. Seulement, les autres gardes ne me laisseront pas faire si facilement, autant pour laisser une chance à ceux qui sont là pour être tester que pour tenter d’épargner ces horribles bêtes d’un bien triste sort si je dois me lasser de ce petit jeu... C’est Luiza qui s’avance pour porter son regard sur le groupe de cobayes, pour s’adresser à eux avec sa voix la plus méprisante.

-Alors mes chéris, je sais que ce n’était pas au programme mais quelqu’un est en train de bien se débrouiller et c’est pas vous, alors vous allez prendre des notes et agir en hommes, comme ça peut-être qu’on aura pas à rire de vos gueules quand vous retournerez à l’infirmerie. Maintenant que c’est dit, quelqu’un veut bien aller prendre la place de la petite sauvage ou on doit vous motiver un peu?
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Ah, ces chimères, délicieuses créatures que voilà... Le Dullahan n'avait pas manqué la réaction de sa coreligionnaire et pensait pouvoir deviner ce qui en était à l'origine car il était parvenu – sans doute – aux mêmes conclusions la première fois qu'on lui avait mis un document les décrivant sous le nez. Elles représentaient une exception à deux des règles qu'il avait intégrées lors de son apprentissage initial : les Agences ont de grandes difficultés à créer des circuits neuronaux éveillés de toutes pièces et le cosmos ne se transmet pas de manière génétique. Qu'est-ce qui expliquait cet état de fait ? La cinquième catégorie d'éveillés dans la classification des modes d'obtention des pouvoirs. Une catégorie à part, hybride à plus d'un titre : le type Alcide, considéré comme une variante du type Jordan avec dans une moindre mesure des éléments des types Lamarck et Mozart. Pour faire simple, il regroupait les éveillés aux pouvoirs hérités d'une ascendance non-humaine. Ceux-là naissaient avec ce que Feuerbach appelait des proto-circuits neuronaux évoluant sans intervention extérieure ou presque en circuits éveillés au fil de la croissance ; les monstres capables d'utiliser le cosmos entraient dans cette catégorie, tout comme un grand nombre de héros mythologiques semi-divins.

L'Agence russe s'était constitué une impressionnante galerie de spécimens monstrueux au cours de sa longue existence et avait très tôt formé le projet de s'en servir comme bêtes de guerre. Il y avait juste un petit problème : les monstres étaient... des monstres, des aberrations – pas des erreurs de la nature, la pauvre n'avait rien à voir avec ça – quasiment impossibles à dresser et encore plus difficiles à faire procréer. Que ce soient la méthode classique, l'insémination artificielle ou le clonage, le taux d'échec était si élevé qu'au final les scientifiques avaient décidé de se contenter d'extraire les séquences génétiques qui les intéressaient pour les transférer à d'autres formes de vie moins récalcitrantes, d'où ces croisements grotesques. La durée de vie de ces assemblages improbables se mesurait en mois, voire en semaines une fois sortis des cuves d'élevages – en incorporant des médicaments à leur nourriture et en les maintenant en hibernation quand on ne s'en servait pas –, raison pour laquelle l'allemand se contrefichait de ce qu'il pourrait arriver aux pensionnaires de ces cages. Une manœuvre délibérée : au rythme où les chercheurs opéraient leurs corrections génétiques, pourquoi conserver une génération en circulation une fois celle-ci rendue obsolète ? Dans la grande majorité des cas les capacités des types Alcide non-humains cessaient de s'améliorer et de se diversifier une fois la créature arrivée à maturité – la faute à un cerveau moins plastique et adaptable, ce qui rééquilibrait la balance en faveur de l'humanité –, il ne fallait donc pas espérer que les chimères se bonifient avec l'âge.

Sachant cela, Rogos estimait que le programme de création de chimères ne représenterait pas une menace pour les Spectres avant plusieurs années. Les russes devraient d'abord mettre la main sur une matière première de meilleure qualité – voilà, le mal était fait, il pensait comme Feuerbach maintenant – et surmonter d'importantes difficultés techniques. Cela dit le potentiel était là et avec la tendance à la pollinisation croisée entre les différents axes de recherche des Agences, il valait mieux garder un œil sur ces activités pour éviter les mauvaises surprises.

En tout cas les armes vivantes étaient déjà suffisamment dangereuses du point de vue d'un soldat d'élite dépourvu de pouvoirs : la première démonstration montra qu'elles n'étaient pas à sous-estimer malgré leur faible intelligence. Les provocations de De Assis fonctionnèrent à merveille : une trentaine de militaires avancèrent, indignés à la seule idée de recevoir des leçons de courage de la part d'une mercenaire. Tous insistèrent pour être celui ou celle – le « agir en hommes » était particulièrement mal passé – qui irait relever Marchesi, forçant Khalil à intervenir.

« N'Ganga, c'est à vous. » trancha-t-il en désignant une jeune femme bien bâtie qui se précipita dans l'arène, couteau au clair pour attirer l'attention de la bête. « Marchesi, remontez-moi le blessé. Les autres calmez-vous, il y en aura pour tout le monde. »

Le cavalier sans tête se déplaça vers le monte-charge le plus proche – la jeune fille aurait du mal à utiliser l'échelle en transportant son fardeau sans aggraver son état – pour assister l'équipe médicale. Pendant ce temps, le colonel actionnait à nouveau sa télécommande : des murs d'acier émergèrent du sol à son signal, divisant le rez-de-chaussée du hangar en huit sections, chacune donnant sur un nombre à peu près équivalent de cages. Les sept compartiments inoccupés ne le restèrent pas longtemps, une cage s'ouvrant dans chacun pour libérer un fauve attendant un adversaire.

« Une file par section. » ordonna l'iranien. Les soldats s'exécutèrent et la salle souterraine fut bientôt le théâtre de huit affrontements simultanés. À la fois enhardis par les paroles de De Assis et forts de l'expérience de leur imprudent camarade, ils se débrouillaient mieux que ce dernier et au bout de quelques minutes les premières chimères furent mises hors de combat. Les blessés s'accumulaient également et les toubibs avaient fort à faire pour administrer les premiers soins et évaluer la gravité des plaies, néanmoins la présence de l’Étoile Terrestre ne fut plus nécessaire une fois la routine bien établie.

« Dites-moi docteur, vous n'avez rien pour nos gardes ? J'ai l'impression qu'ils ne sont pas au meilleur de leur forme ces temps-ci. »

La question surprit le français qui, par réflexe, tourna le regard vers son supérieur. Absorbé dans sa prise de notes sur les résultats des combats en contrebas, l'allemand ne répliqua que d'un geste de la main nonchalant.

« Il y a bien les types 619 mon colonel. » répondit-il après une courte réflexion. « Ils sont toujours de niveau 2 mais plus performants que les spécimens que vous avez affronté à Svalbard. Proportions corporelles harmonisées, métabolisme et structure musculaire ajustés, système nerveux et implants recalibrés, nous attendons toujours une occasion de les tester. »

Khalil considéra la proposition puis se tourna vers Bilodeau-Tanguay : « Qu'en dites-vous ? Fauves à carapace articulée, hérissés de pointes osseuses. Agiles, rapides, attaquent avec griffes, crocs et queue. Nous pouvons vous arranger ça une fois que tout le monde aura eu son tour. »

Rogos se plaça en retrait en attendant de recevoir la décision des auxiliaires, terminal portable en main. Il pouvait suivre plus clairement les affrontements avec son sixième sens en interprétant les fluctuations cosmiques des chimères mais... minute, était-ce une neuvième signature qu'il venait de ressentir dans l'arène, une qui ne correspondait ni à celles des mercenaires, ni à celles des bêtes ? Une alarme sonore et une série de chiffres s'affichant à l'écran l'informèrent que les Timur disposés autour du périmètre confirmaient son impression ; il se mit en mouvement pour se retrouver aux côtés de Feuerbach un instant plus tard.

« Professeur, distorsion de niveau 1 dans le bloc D pendant 0,37 seconde. »

« Pas maîtrisée donc mais c'est un début. » réagit le scientifique en se dressant de toute sa hauteur avant de s'adresser à l'assistance d'une voix de stentor : « Nous avons un gagnant ! Ne vous laissez pas dépasser vous autres ! »
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Surpris par la proposition de Khalil et par le fait que c'est apparemment à lui de prendre une décision à ce sujet, Théo se tourne pour observer nos réactions et je le vois peser le pour et le contre, en particulier quand il arrête son regard sur moi avec désapprobation. Je reste parfaitement immobile, me refusant à la vulnéabilité, et quand il me quitte des yeux c'est pour observer l'équipe médicale transporter d'autre cobayes sur une civière —équipe qui n'a pas beaucoup apprécié que je me contente de laisser le premier patient par terre après l'avoir remonté plutôt que de faire un effort et le déposer dans la civière. Autant il peut être émotionnel et plutôt démonstratif, le grand Québécois n'est pas quelqu'un de vengeur, il a trop de respect pour son prochain pour en arriver là, mais il n'est pas contre les punitions et remontrances dans un but plus productif, et tant pis si ses convictions biaisent le résultat. Car il sait que je veux y aller, même s'il croit que c'est par pure envie de me faire les dents sur un nouvel adversaire, alors que je veux plutôt examiner ce nouvel arsenal que nous présente les agences. Les chimères de niveau 1 ne sont pas une grande menace, pour moi la différence entre elle et l'ourse d'il y a un mois est imperceptible, mais il y en a d'autres, et si moi je ne peux pas tirer une conclusion claire de ces affrontements, peut-être que les observations de Rogos le pourront. Il suffit de les voir à l'oeuvre...

Finalement, l'ancien soldat reporte son attention sur Khalil et hausse les épaules.

-Bof, moé j'y tiens pas.

Oh le... Roth hoche la tête pour confirmer qu'il pense la même chose, Luiza lève les yeux au ciel devant une telle réponse et à grande surprise, c'est Higgins qui se râcle la gorge pour s'opposer au commentaire de Théo. Ce dernier regarde droit devant lui, n'osant pas voir nos réactions respectives.

-Ce serait enrichissant. Ils ne se battent pas comme nous, ils pourront apprendre.

-Oui, il ne faudrait pas qu'ils croient qu'ils sont compétents ou quelque chose du genre.


-Je ne sais pas...

-Juste des niveaux 2?

Tout le monde se retourne vers moi, ne sachant pas comment réagir face à ma question quelque peu arrogante. S'il y a plus puissant, tant mieux, mais c'est surtout pour tâter le terrain et avoir un aperçu de toute l'animalerie. Je ne réagis pas à la pique agressive de De Assis, qui n'attend que le bon moment pour me remettre à ma place.

-Oh, ta gueule Marchesi, tu peux pas battre un niveau 3.

Si elle savait... Mais Théo agite les mains pour chasser le début de la dispute et accepte finalement de participer au défi, tant que ce soit à but éducatif et non pas pour notre plaisir personnel, en commençant avec les niveaux 2 et on ajustera si besoin —et possibilités d'avoir plus— il y a. Maintenant que nous sommes tous d'accord, nous nous dispersons pour mieux intervenir pendant l'exercice en cours, mais avant que je ne puisse regagner mon poste, le Québécois m'attrape par le bras pour me traîner jusqu'à un coin plus isolé du hangar, loin des oreilles indiscrètes, une main posée sur son communicateur dans le but de camoufler le son le plus possible. Il fronce les sourcils avec sévérité sans fléchir devant ma propre colère, puis laisse échapper un soupir qui laisse transparaître de la déception, mais aussi de la tristesse.

-J'fais pas ça pour t'humilier.

Son emprise se resserre sur mon bras pour m'empêcher de partir.

-Chuis prêt à t'encourager pour ben des affaires, mais pas pour d'la violence gratuite pis d'la cruauté. Ça fait un mois que j'te laisse faire parce que t'avais l'air de t'améliorer, mais là tu régresses. Tu sais qui d'autre agis comme ça?

Je baisse la tête, honteuse. Je pourrais lui répondre bien des choses, mais je sais ce qu'il veut dire, et la comparaison va bien plus loin que ce qu’il peut croire… la gorge serrée, je pense à tout ceux que j’ai blessé, et pire encore, ceux que j’ai tué… j’ai toujours voulu croire que quand je le pouvais, je ne faisais pas trop souffrir mes victimes, du moins quand j’étais assez consciente de mes gestes pour avoir cette pitié, mais Théo ne semble pas y croire et plus j’y pense, plus je réalise qu’il a raison. J’ai fait beaucoup de mal avec tant de cruauté, et j’ai aimé…
C’est tout ce que ça a pris pour en arriver là? Un peu de temps?

En me voyant respirer de plus en plus fort, Théo me lâche le bras pour poser sa main sur mon épaule pour me rassurer.

-Hey, hey, faut pas qu’tu lâches! Regarde toute le progrès qu’t’as fait, t’as appris à lire, tu discutes, tu ris, t’as des amis… tu y es presque, pis on est tous là avec toi pour que tu y arrives!

-Théo, enlève ta main, tu as l’air ridicule et on a tout entendu. Et ramenez vos culs, on a besoin de vous ici!

-Huh. ‘Kay, on arrive!

Une tape dans le dos en guise d’encouragement et nous retournons parmi le groupe, qui ne dit rien après le petit discours de Bilodeau-Tanguay. Des amis, bon, c’est bien intentionné mais je ne crois pas qu’on se soit déjà considérés comme tel… je secoue la tête pour me remettre de mes émotions et reprends le travail, évacuant les blessés sans même regarder les chimères, jusqu’à ce que ces dernières soient toutes mises hors de combat par les recrues. Le grand Québécois applaudit en gueulant les gagnants des derniers combats, suivi de De Assis qui roule des yeux en rappelant que nous, on aurait fini tout ça en cinq minutes. Et comme toujours, elle a raison. Mais voici venu enfin le moment de vérité…

-Bon, c’est notre tour! On va montrer aux petites princesses comme ça se fait avec un vrai ennemi. Marchesi, Bilodeau-Tanguay, vous êtes toujours de la partie?

-Ouin.

-Parfait! Soyons… "éducatifs".

Et elle ricane. Je me contente de regarder les corps des chimères, en tentant de contrôler ma respiration. Je peux y arriver… si les autres peuvent le faire, si même Luiza peut garder son sang-froid pendant une bataille, je peux le faire aussi. Je vais leur prouver…

-Niveau 2. Éducatif. Faisons ça.
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En tout, cinq soldats étaient parvenus à faire appel aux premières étincelles de leur cosmos lors de cette épreuve. Aucun d'eux ne s'était soudainement mis à faire des prouesses, loin de là, leur maigre énergie leur avait filé entre les doigts aussi vite qu'elle était apparue sans même jouer un rôle déterminant dans leurs combats... néanmoins le Dullahan s'était surpris à se sentir content pour eux. Une attitude indigne d'un scientifique impartial et à plus forte raison d'un Spectre en mission secrète, aussi s'était-il efforcé de revenir à des considérations plus pragmatiques en archivant soigneusement la moindre bribe d'information pertinente.

Il y avait une centaine de cobayes ; en voir un sur vingt manifester un embryon de sixième sens après un mois aurait été suprêmement inquiétant, affolant même. Ce n'était heureusement pas le cas, il fallait tempérer la chose : chacun d'eux côtoyait et affrontait des éveillés, s'entraînait d'arrache-pied pour rejoindre leurs rangs depuis des années, ce qu'ils faisaient dans cette base n'était que l'aboutissement d'une sélection impitoyable ainsi que d'une très longue et pénible préparation. Cependant, un examen attentif des résultats des précédentes itérations de l'expérience révélait que, lentement mais sûrement, les Agences amélioraient le processus.

Il en était ainsi de toute recherche scientifique, dans n'importe quelle discipline. Au début, on perdait énormément de temps à tâtonner dans le noir mais une fois que les fondations étaient jetées, les découvertes commençaient à s'enchaîner et les progrès étaient de plus en plus rapides. Cet effet boule de neige était d'autant plus présent en temps de guerre pour les domaines qui intéressaient le gouvernement. Or, quelle guerre pouvait être comparée à celle qui opposait l'humanité aux divinités, quel domaine pouvait prétendre à davantage d'importance que l'étude du cosmos ? Et comme l'Histoire l'avait prouvé, beaucoup de choses pouvaient changer en trois décennies dans de telles circonstances. Il suffisait d'examiner l'exemple des machines volantes au siècle dernier : en trente ans et deux Guerres Mondiales on était passé des frêles biplans de bois et de toile dépourvus d'armement aux premiers chasseurs à réaction et aux forteresses volantes capables de traverser la moitié d'un océan en embarquant suffisamment de bombes pour raser une petite ville – en une seule, monumentale explosion si l'avion en question s'appelait Enola Gay. Encore trente ans et une Guerre Froide de plus et l'Homme s'affranchissait totalement de la gravité de sa planète d'origine, c'était l'époque des missiles intercontinentaux hypersoniques, des voyages aller-retour entre la Terre et la Lune et des sondes spatiales expédiées vers les confins du système solaire et au-delà.

Les Agences étaient peut-être inoffensives pour le moment mais qu'en serait-il dans deux ans ? Dans cinq ans ? Dans dix ans ? Et pas question de répondre « cela, seuls les Dieux le savent » parce qu'en l'occurrence – et tant pis pour les connotations blasphématoires – leur Dieu à eux ne savait pas, d'où la mission des Étoiles Maléfiques : découvrir exactement à quel point les humains avaient progressé depuis les balbutiements initiaux et offrir les perspectives d'avenir au jugement du Faucheur. Obli... Marchesi avait bien raison de se comporter comme elle le faisait : elle servait leur cause ce faisant et avec le caractère établi par ses frasques précédentes elle pouvait se payer le luxe d'aborder des sujets qui auraient valu au français un sourcil levé suivi d'un interrogatoire musclé. De nouvelles portes s'étaient certes ouvertes avec sa dernière promotion – littéralement – mais nombre d'entre elles restaient obstinément fermées et en tant que chercheur, ses supérieurs attendaient de lui qu'il soit assez malin pour se tenir éloigné de ce qui ne le regardait pas, sinon...

« Demande rejetée. » annonça un Feuerbach aussi imperturbable que laconique, toujours plongé dans ses notes quand la soi-disant italienne essaya d'obtenir un face-à-face contre des adversaires plus consistants. Pour une fois il n'ajouta rien de plus, ne dit rien pour se justifier ni n'apporta son grain de sel à la brève mais discordante discussion qui s'ensuivit, un comportement pour le moins atypique de la part de l'irritant professionnel. Il resta coi tandis que les derniers combats se déroulaient et que le canadien entraînait sa jeune collègue à l'écart. Lorsqu'ils revinrent de leur conciliabule, ce fut l'iranien qui leur fit l'aumône d'un semblant d'explication... mais ils n'étaient guère plus avancés :

« Ça n'a rien à voir avec votre niveau de compétence. »

Ça voulait tout dire et rien dire. Peut-être qu'ils avaient bel et bien des créatures de niveau 3 en stock et peut-être pas, il n'admettait ni l'un ni l'autre. Peut-être que le refus était dû à un niveau d'accréditation insuffisant, qu'on ne faisait pas encore confiance aux mercenaires au point de leur dévoiler cette partie de l'arsenal. Peut-être était-ce tout simplement dû au fait qu'il n'était pas prévu de faire combattre les gardes au départ, que l'officier leur faisait déjà une fleur et qu'il valait mieux ne pas abuser de la générosité des Agences. Peut-être que c'était pour préserver cette fameuse dimension éducative, que l'allemand pensait que les militaires n'arriveraient pas à suivre un affrontement d'un trop haut niveau et n'en retireraient rien.

L'ultime confrontation se termina, laissant un hangar au sol couvert de flaques de sang et de lambeaux de chair. Feuerbach sortit enfin le nez de son carnet couvert de pattes de mouches pour s'emparer de son terminal et s'engager dans une série de manipulations que le cavalier sans tête ne parvenait pas à suivre, moins à cause de leur vitesse que du cryptage inconnu protégeant le secret de ses actions.

« Descendez et attendez le temps que nous amenions les chimères, ce ne sera pas long. » ordonna Khalil. Pendant que les mercenaires descendaient dans l'arène par l'échelle ou le monte-charge selon leurs préférences, le terrain se transformait. Les cloisons métalliques s'enfoncèrent dans le béton et disparurent, laissant derrière elles les piliers séparant leurs différentes sections, une forêt d'acier. Rogos repassa en revue les caractéristiques des monstres qu'ils s'apprêtaient à déchaîner puis fronça les sourcils en se rappelant la description qui en avait été faite à Bilodeau-Tanguay. Une description très incomplète.

« Mon colonel, vous ne leur avez pas dit pour l'esprit de ruche. » s'enquit-il à voix basse. Ce détail n'en était pas un : les cerveaux des types 619 étaient reliés les uns aux autres via leurs implants cybernétiques, ce qui leur permettait de recevoir leurs ordres, coordonner leurs actions et partager leurs informations sensorielles à la vitesse de la pensée. Un peu plus et l'on pourrait presque parler d'une conscience unique commandant simultanément plusieurs corps.

« Non, en effet. Les implants sont-ils bien protégés contre les interférences d'Higgins ? »

« Oui mon colonel mais qui donnera les ordres ? »

« Feuerbach trouvera un moyen je suppose, il a l'air motivé à prouver qu'il peut faire plus de dégâts que Phénix avec leurs propres armes. »

Le français remarqua le dégoût avec lequel l'officier prononçait le nom du conglomérat mais ne s'y attarda pas, préférant se concentrer sur l'expression réjouie de son supérieur direct. On ne lui enlèverait pas de l'idée qu'il était en train de rajouter de la difficulté exprès à cause de Marchesi, qu'importe que ce soient les camarades de cette dernière qui aient à souffrir pour ses bravades. il reconnaissait le style du teuton.

« Je croyais que ça n'avait rien à voir avec leurs compétences, mon colonel ? »

« J'ai menti. »

***

À l'abri des regards inquisiteurs derrière le paravent de l'un des codes les plus robustes des Agences – ou des incursions de technopathes fouineuses grâce à d'autres mesures moins conventionnelles –, Feuerbach apportait les dernières touches, les derniers réglages aux paramètres sous son contrôle en attendant la réponse de Rosenberg au message qu'il venait d'envoyer. Son honorable confrère serait tout sauf ravi d'honorer sa requête mais l'allemand n'en avait cure, il avait fourni les justifications adéquates et formulé un protocole expérimental solide : il s'agirait grosso modo de tester les limites des facultés des créatures en mettant aux commandes un opérateur capable d'exploiter leur plein potentiel. Il connaissait les règles de sécurité par cœur et sa demande était valide, elle ne présentait pas de risque indu.

La confirmation arriva au moment où il achevait d'ajuster les Timur. Il disposait maintenant d'une connexion temporaire unique ultra-sécurisée qu'il utilisa pour autoriser l'accès à toutes les banques de données confidentielles concernant les mercenaires. Dossiers médicaux, listes exhaustives de facultés parapsychiques, profils psychologiques, enregistrements complets d'entraînements et de missions, tout y passerait et servirait à concocter une stratégie optimale – mais toujours adaptable en temps réel – pour apprendre à certains auxiliaires présomptueux que la puissance brute ne faisait pas tout dans la vie. Très pédagogique, les candidats du programme bénéficieraient tout autant de la leçon, il ne manquerait plus qu'ils prennent la grosse tête en acquérant des pouvoirs et se fassent bêtement tuer sur le terrain.

/!\ Slave units 619-1 to 10 to Gestalt Cell Number 02 : Y/N. /!\

Voilà, tout était prêt, il ne restait plus qu'à presser une touche et à admirer le spectacle. Il s'exécuta et la bouche d'un tunnel s'ouvrit, libérant une nouvelle fournée de fauves.

***

Dix bêtes, deux pour chaque éveillé. Il n'était plus question de matchs individuels, cet affrontement-ci se déroulerait équipe contre équipe. Les types 619 version revue et corrigée étaient mieux proportionnés que leurs prédécesseurs morts à Svalbard, plus à l'aise dans leur propre corps. Leurs plaques osseuses étaient mieux positionnées pour les défendre sans entraver leurs mouvements, leurs cerveaux étaient plus lucides et mieux raccordés, leurs implants mieux intégrés. Et ils étaient absolument, lugubrement calmes et silencieux. Pas de râles intimidants ou de rugissements agressifs, pas de mouvements nerveux ni de gueules béantes salivant à la vue de leurs proies. Ça par contre, à sa connaissance, ça ne faisait pas partie des améliorations apportées par les Agences.

D'abord immobiles comme des statues, les prédateurs s'élancèrent avec une synchronisation parfaite au signal du colonel. Une telle accélération n'était possible que par le truchement du cosmos, pourtant Rogos ne ressentait rien ; Feuerbach devait avoir activé le mode dissimulation des Timur – le fait que les chimères ne soient « que » de niveau 2 jouait ici en leur faveur, une énergie plus importante aurait été plus difficile à masquer – et, sachant que son supérieur n'avait aucun sens du fair-play, il pouvait être sûr que les armes vivantes par contre restaient tout à fait capables de percevoir l'aura de leurs opposants. Leurs silhouettes étaient brouillées par la vitesse et les changements de direction quasi-instantanés : elles empêchaient les tireurs de faire leur travail en bondissant de pilier en pilier et en se mettant à couvert, suivant un rythme qui imposait aux combattants à distance de changer sans cesse de cible, en se plaçant de sorte qu'ils ne puissent faire feu sans toucher un camarade ou un membre du public, exploitant sans vergogne les mécanismes de blocage automatique incorporés dans les fusils. Elles gardaient même un œil sur une éventuelle manœuvre d'Higgins grâce à leurs sens partagés qui ne laissaient aucun angle mort. Puis elles convergèrent sur les mercenaires en profitant de chacune des failles de leur formation alors que, de son point de vue privilégié sur le champ de bataille, le Spectre comprenait que les trous dans leur propre assaut n'étaient que des appâts pour attirer les éveillés dans un piège... et que dans le même temps ces feintes n'étaient nullement indispensables à la réussite de l'offensive.

« C'est officiel, ce type est un vicieux. » se dit l’Étoile Terrestre en jetant un regard furtif vers l'allemand.
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Pas le temps pour mes collègues de me reprocher ma bravade qui pourrait tous nous coûter cher : toute leur attention va à nos adversaires qui slaloment déjà à vive allure entre les colonnes de métal, si vite que je peux voir Théo, Emily et Alastor peiner à simplement garder les yeux sur eux. Seul Luiza et moi parvenons à les observer suffisamment bien pour en saisir des détails que nous nous dépêchons de communiquer avec les autres.

-Des espèces de chats cuirassés.

-Pas de sensation...

-Marchesi a raison, ils sont indétectables.

Ce qui explique la difficulté de certains à les pister, le sixième sens en fait bien plus qu'on le pense pour nous guider. De Assis doit avoir été entraînée différemment ou sans cosmos, puisque l'effort est moindre pour s'adapter, et pour mes sens déjà supérieurs ce n'est rien... mais le désavantage reste évident.

-Qu'est-ce qu'on fait?!

-On se calme. Les filles, brisez la formation.

Un hochement de tête commun et je file en courant droit sur les monstres, ne me souciant pas de trouver une faille dans leur formation constamment changeante. La charge frontale a toujours son petit effet de surprise. On a pratiqué cette formation à quelques reprises, bien qu'Higgins tarde à lui trouver un nom, et elle combine suffisamment les natures plus défensives ou offensives de chacun : Luiza et moi, plus rapides et mobiles, s'éloignons du périmètre pour semer la confusion dans les rangs ennemis et empêcher les replis. Théo et Alastor, un peu moins létaux et aillant besoin de plus d'espace pour agir, restent près d'Emily et immobilisent les ennemis qui s'approchent trop, laissant le champ libre à la technopathe et sa plus grande puissance de feu. Ce n'est pas parfait, la stratégie a d'abord été élaborée pour Keaton et nous sommes toujours très peu nombreux, mais rien n'est perdu.

Un seul des félins me barre la route, poussant un grondement rauque en se préparant à foncer. C'est la première fois qu'on en entend un faire un son... qu'importe. Un seul ennemi n'est rien face à moi et je continue donc de foncer, même pas encore armée pour pousser la surprise jusqu'au bout, quand...

-FUCK!


Le cri d'indignation m'empêche de détecter le discret bruit des griffes contre le métal. Je ne détourne pas le regard, jusqu'à ce qu'une poussé cosmique me frappe le dos et m'envoie au sol. Le fauve devant moi bondit et je dois rouler pour éviter l'assaut, retenant un hurlement de rage, surtout quand je vois une deuxième chimère affalée derrière moi en train de se faire mitrailler par Bilodeau-Tanguay. Pas le temps de s'y attarder, les attaques de l'autre bestiole continuent et je dois me remettre sur pieds pour la repousser et m'éloigner pour commencer ma "ronde".

-MERDE, THÉO!


L'onde de choc du Québécois a propulsé la chauve aux pieds de Roth et elle doit ordonner à ce dernier de ne pas l'aider et de continuer à surveiller. Grand bien leur en prend : les fauves ont profité de la bévue, mais le géant réagit au quart de tour en activant son cosmos, repoussant les monstres et laissant la chance à Higgins de tirer quelques coups de fusil de précision.
Du côté de Luiza... ça ne se passe pas bien du tout. Deux bêtes lui bloquent le chemin, la forçant à rester à découvert sans lui laisser la chance de contre-attaquer. La frappe frontale, surtout contre de tels adversaires, n'est pas son point fort... et sa frustration est palpable, le risque de la voir commettre une bévue aussi, car elle est maintenant le maillon faible de l'équipe et ne doit pas avoir envie d'être aidée. Pas le temps pourtant de faire ça, mais je lui marmonne sans grande émotion:

-Grosses dents. Zap.

L'aînée esquive un autre assaut, sans avoir la chance de frapper, mais comprend vite ce que je suggère et se reprend bien vite. Quand une des chimères plonge vers elle, plutôt que de se glisser hors de sa portée, l'Espagnole s'avance d'un pas qui se veut assuré et lève les bras pour attraper les incisives de la bestiole et stopper son attaque. Le sang coule de ses mains et sa force seule n'est pas suffisante pour arrêter l'attaque, mais ça vient : une puissante décharge part de ses paumes et se propage dans le corps de la bête, qui n'a tout de suite plus beaucoup de moyens pour poursuivre l'assaut. L'occasion pour Luiza de prendre ses jambes à son cou, poursuivie par d'autres chimères, tout en geignant que plus jamais elle ne fera ça, qu'elle aurait pu se faire tuer, et nous n'osons pas la féliciter.

Combien de chimères blessées? Deux, trois au mieux si Roth n'a pas chômé. Aucune morte pour sur. C'est mal parti…
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Les tactiques de harcèlement des chimères étaient efficaces mais les mercenaires ne déméritaient pas. Tandis que les deux côtés essuyaient des dommages, Khalil saisissait l'occasion de commenter l'affrontement pour le plus grand bénéfice des cobayes attentifs ; le français était impressionné de voir que l'iranien parvenait non seulement à suivre ce qu'il se passait mais également à le décortiquer et à l'expliquer à un tel débit. Quant à Feuerbach, il s'amusait du spectacle à la manière d'un empereur romain regardant les gladiateurs s'entre-tuer dans le Colisée.

« Il faudrait que Bilodeau-Tanguay travaille ses ondes de choc directionnelles, par contre Roth a fait des progrès. Marchesi et De Assis font un travail convenable quand elles arrivent à se mettre sur la même longueur d'onde. »

Un travail « convenable », toujours aussi avare de compliments celui-là... Trois créatures blessées à ce stade et dans ces conditions, c'était déjà un bon bilan. Elles étaient cependant déterminées à égaliser les scores, les mouvements des bêtes encore valides changeant pour soulager leurs infortunées congénères des rôles les plus difficiles. Le géant aux boucliers se faisait attaquer de part et d'autre, ses assaillants se rapprochaient et se retiraient à un rythme de plus en plus rapide pour le forcer à diviser son attention, le pousser à la faute. Un fauve resté en arrière disparut derrière un pilier à la faveur d'une distraction, grimpa en haut de l'obstacle et bondit sur lui par-dessus la barrière, profitant de la focalisation de son émetteur sur les adversaires au ras du sol.

« Double feinte et attaque à double objectif : la générale l'a eu comme ça le mois dernier, le système prend en compte la possibilité qu'il ait appris de cette erreur. »

Rogos comprit où le colonel voulait en venir : si Roth créait une barrière pour se protéger, il risquait de s'exposer aux autres chimères pendant que la première prendrait appui sur le mur cosmique pour prolonger son vol jusqu'à Higgins, l’œil vissé à la lunette de son fusil. S'il ne le faisait pas, il serait transformé en jouet à mâcher. Pendant ce temps, les opposants du canadien le faisaient tourner en bourrique, se plaçant là encore sur des trajectoires qui le feraient toucher ses compagnons s'il se servait de ses pouvoirs ou se tenant à distance – l'inconvénient d'un angle d'attaque trop large, la puissance diminuait vite à mesure que la cible s'éloignait. Est-ce qu'elles étaient en train de le narguer, d'exploiter le stress issu de la bourde précédente ? Pas mieux du côté de la Spectre et de l'espagnole : une paire de monstres s'acharnait sur la première alors qu'elle était à terre pour l'empêcher de se relever, la seconde était la cible de charges, coups de griffes et de queues épineuses visant ses bras et offrant beaucoup moins de prise à une nouvelle décharge d'énergie.

« Vous n'en faites pas un peu trop, professeur ? »

« Absolument pas. Au contraire même, je me suis retenu : si j'avais vraiment voulu les mettre dans l'embarras j'aurais étendu le contrôle de ce qui manipule les chimères aux flux de données circulant dans la salle. Higgins se retrouverait à devoir surveiller ses arrières alors que les caméras délivrent des images sans rapport avec la réalité. S'ils ont des problèmes même quand je me montre magnanime, tant pis pour eux. »

Effectivement, juste quand on pensait que les choses ne pouvaient pas être pires... Comme quoi, la technopathie se révélait être une épée à double-tranchant : ne jamais faire confiance à d'autres yeux que les siens propres. Le cavalier sans tête surveilla les capteurs internes des combinaisons des mercenaires, prêt à ordonner à l'un ou l'une d'eux de cesser le combat s'ils subissaient une blessure grave ; plus prosaïquement, il était également à la recherche de signes dénotant une évolution de leurs capacités parapsychiques dans l'activité de leurs systèmes nerveux. C'était une leçon apprise aux côtés de l'allemand, ne jamais laisser passer une chance de collecter des données intéressantes, même quand ce n'était pas le but d'origine – ce qu'il faisait d'ailleurs en ce moment-même en testant les améliorations apportées aux chimères.

« Je ne m'attendais pas à une telle augmentation des performances, surtout au niveau tactique. Elles n'étaient capables de suivre que des ordres simples, quel genre de système de contrôle vous utilisez, vous les avez branchées à un technopathe ? »

« Vous le saurez si votre rapport de recherche me satisfait. »

Ah, ce fameux rapport... il en avait bavé pendant des semaines. Il lui avait d'abord fallu assimiler une foule de nouveaux concepts auxquels son niveau d'accréditation lui donnait à présent accès. Essentiellement sous forme d'initiales plus ou moins bien inspirées, une vraie soupe de lettres, la faute à la nomenclature états-unienne. Ho Sun avait qualifié les américains de « grands enfants devant l'éternel et imitateurs de chevaliers à leurs heures perdues » et en voyant tous ces sigles, il avait fini par comprendre pourquoi – même si aucun n'était aussi pompeux que FIRMAMENT ; la faute aux années 1980 et à l'administration Reagan, à ce qu'on lui avait dit. ROD, émulation parapsychique, SSS – Standard Skills System, une sorte de système de classement de l'ensemble des facultés parapsychiques connues permettant d'analyser intuitivement leurs modes d'action et d'en formuler de nouvelles en combinant des éléments issus de facultés préexistantes –, résonance sympathique, SATI, PSI-link – Parapsychic Synergy Induction, le processus par lequel plusieurs éveillés mettaient en commun leurs pouvoirs afin d'obtenir une puissance supérieure à la somme des énergies de départ –, neurodrives, CPTA, facultés émergentes... Et encore, dans la plupart des cas il n'avait eu droit qu'aux notions de base et pas aux explications approfondies.

Une fois cela fait, il avait eu pour tâche de concevoir un dispositif théorique de modulation de partage et de modulation du cosmos à distance ; il pensait avoir résolu le problème central de synchronisation des ondes cérébrales en trouvant le bon cocktail de drogues et de stimulations électriques pour inclure le sixième sens dans une sorte de synesthésie mais cela serait-il suffisant pour l'exigeant teuton ? Il fallait l'espérer, il sentait qu'il arrivait enfin aux choses intéressantes...
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Pour un début de combat, ça ne se passe pas trop mal. Nos supérieurs sont habitués de nous voir faire pire que ça, surtout face à un nouvel adversaire, mais l'entraînement porte fruit et nous arrivons tous à prendre la position dictée par Higgins. La maintenir, par contre... surtout après la bévue de Bilodeau-Tanguay, la formation commence déjà à montrer quelques failles. Pas bien ébranlées par nos attaques, les chimères continuent leur assaut en nous attaquant de toutes parts, m'épinglant avant de s'occuper de Luiza, puis avançant sans grande résistance jusqu'à Alastor et Théo, avec ensuite le champ libre pour attaquer Emily. Celle-ci garde pourtant un œil sur le géant constamment, surtout en voyant que les monstres s'approchent beaucoup plus de lui que du Québécois, mais une seconde pour quand même regarder comment se dernier se débrouille est tout ce qu'il faut pour que l'une des bêtes se jette sur Roth, l'envoyant au sol, et profite de l'appui pour se jeter sur la chauve qui n'a même pas le temps de viser ou de changer d'arme.

Théo ne peut pas l’aider, pas sans la mettre en danger ou pire, tourner le dos à ses adversaires. Alastor a tout autant besoin d’aide, tenant ses boucliers en place pour éviter de se faire dévorer par les chimères après lui, Luiza peine à se débarrasser de deux autres monstres, et moi…
Oh bordel, faut encore sauver le derrière de tout le monde.

En grognant, je tente une nouvelle fois de me relever, faisant face à une des bêtes qui abat une patte griffue dans ma direction. Je ne fais rien pour l’éviter, restant en place même quand les griffes s’enfoncent dans mon épaule, car c’est l’occasion pour moi d’enfin me rapprocher, d’emprisonner la patte dans mon bras encore valide et d’un simple effort la briser. Je sens les os se fracturer, je peux les entendre, en plus des plaintes de mes collègues qui ont pu l’entendre aussi vu la proximité de mon casque, mais ça ne fait rien. La bête rugit de douleur et tente de se libérer, mais je ne la lâche pas, pas même quand elle tente de m’attaquer à nouveau, me contentant de me déplacer pour changer de prise, puis de la soulever pour la lancer de toute mes forces en direction de Higgins. Le projectile improvisé frappe la chimère retenant la chauve et lui donne assez d’espace et de temps pour s’éloigner en rampant, dégainer son pistolet et cribler les deux chimères de balles. Une s’effondre, l’autre bat en retraite, et avant que la chauve ne puisse se relever, Théo décide de prendre l’initiative.

Le grand Québécois a beau tenir quelques chimères en respect grâce à ses ondes de choc, ces dernières se tiennent trop loin pour qu’il les frappe et elles le savent. Trop user de son cosmos va finir par l’épuiser, et un faux mouvement peut le blesser gravement, mais il ne peut pas arrêter, et voir Higgins tenter de se reprendre commence à lui faire perdre patience.
Mais il n’est pas à sous-estimer. Inexpérience cosmique à part, c’est un vétéran.

Les bêtes s’avancent un peu et Théo joue le jeu, menaçant de taper des mains pour les narguer sans pour autant le faire. Les chimères continuent d’avancer pour le forcer à le faire, et c’est quand elles sont bien plus près que le Québécois que ce dernier décroche une grenade de sa ceinture et la lance en direction des monstres. Il n’a que le temps de lever le bras avant qu’un flash ne fige les bêtes sur place, puis se retourne pour saisir Emily par le col, la remettre sur pied et lui mettre son fusil d’assaut entre les mains.

-Couvre-moé, j’va chercher Roth! Roth, garde ton bouclier en place!

Faisant volte-face, fusil en main, la technopathe se met à arroser les chimères qui menaçaient Bilodeau-Tanguay pendant que le Canadien fonce vers Alastor en dégainant son Gymnot. Une première lance électrique frappe une des chimères, qui retombe lourdement sur le géant toujours à terre, et un coup de poing chargé de cosmos en propulse une autre contre une colonne. La combinaison répétée des deux parvient à éloigner nos adversaires suffisamment pour que Roth ait la chance de repousser le corps toujours immobile du monstre et se relever, rangeant à sa ceinture son couteau couvert de sang. Je ne pensais même pas qu’il serait capable de tuer… Même s’il a l’air sonné, le géant hoche la tête à l’intention de Théo et se remet en position, bouclier levé et Gymnot prêt à tirer, pendant que le Québécois retourne à son poste et en profite pour reprendre son fusil, et Higgins en fait de même...

C’est là le signal que Luiza semblait attendre pour se sortir les doigts du derrière. En voyant que les autres ont commencé à user de leurs grenades, l’aînée lâche un soupir de découragement et en dégoupille une à son tour, la laisse tomber à ses pieds et se jette au sol juste entre les pattes d’une des chimères. Celle-ci tente de la clouer sur place, mais il y a plus important : un nuage toxique qui engouffre le petit groupe, et le bruit familier d’un Chunjun activé. Elle va s’en sortir.

Ça devient dur de garder le compte… deux mortes? Trois? Et combien de blessées? En assumant qu’il y a des morts… Je continue moi-même le duel avec l’une des chimères, tout en me déplaçant dans l’arène dans l’espoir d’en attirer d’autres vers moi. Si elles continuent comme ça, je risque de m’énerver… et il y a une limite à ce que la ruse peut faire face à de la bonne vieille force brute.
Je vais en ajouter au compteur, des morts. J’espère que Rogos prend des notes.
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L'utilisation des grenades marquait un tournant dans le combat. Ayant reçu de Feuerbach un accès aux flux de données des chimères, Rogos comprit que l'aveuglante n'aurait qu'un effet limité, le système ayant la capacité de réduire le mouvement réflexe dû à l'éblouissement et de compenser partiellement la perte de la vue en s'appuyant sur les informations transmises par les yeux des autres créatures. Le bouche-trou n'était pas parfait cela dit, il était devenu plus facile de créer un angle mort dans leur formation et en attendant que leurs cellules photoréceptrices récupèrent, d'autres sens comme l'ouïe ou l'odorat ne serviraient pas à grand-chose dans un affrontement axé sur la mobilité à une vitesse proche de celle du son.

Le gaz toxique par contre serait beaucoup plus handicapant : en effet, la ventilation était arrangée de telle sorte que le poison ne risque pas de se répandre et d'atteindre les candidats à l'étage tout en évitant de l'aspirer immédiatement, ce qui le rendrait inutile par la même occasion. Au lieu de cela, le nuage resterait maintenu dans l'arène, se propageant horizontalement mais pas verticalement et couvrant ainsi une plus large zone. Le Dullahan avait appris lors de ses « stages » initiaux que cette neurotoxine particulière étant conçue spécialement pour le combat anti-éveillés, elle était capable de traverser la peau et les vêtements, ne pouvait être ni métabolisée ni évacuée par le système immunitaire... La dose effective était extrêmement faible et les symptômes apparaissaient rapidement ; il suffirait aux fauves d'entrer en contact avec le nuage et le reste ne serait plus qu'une question de temps. Même avec le pouvoir d'inhiber instincts et réflexes sur commande, l'opérateur ne pourrait les contrôler correctement une fois que leur organisme commencerait à se détraquer, que leurs organes sensoriels cesseraient de fonctionner et que leurs muscles seraient pris de convulsions.

Il était encore possible pour les créatures de manœuvrer là où le gaz toxique ne s'était pas encore répandu mais cela rendrait leurs mouvements prévisibles et l'espace disponible se réduisait de toute façon comme peau de chagrin. Trois chimères mortes, bientôt quatre car les épées harmoniques ne pardonnaient pas ; quatre blessées, et le reste bientôt empoisonnées. Le dénouement était proche. Le Spectre vérifia que les injecteurs intégrés aux tenues des mercenaires s'étaient bien mis en marche pour leur administrer l'antidote approprié, l'intégrité de certaines combinaisons ayant été compromise ; il ne faudrait qu'un entraînement à armes réelles se solde par des dommages irréversibles, voire un décès idiots... Non, tout s'était bien déroulé de ce côté. Heureusement.

« Ne vous laissez pas distraire docteur, n'oubliez pas le but de l'expérience. » le sermonna nonchalamment l'allemand alors que De Assis achevait de découper en morceaux son adversaire. Plus que six.

« Non professeur, je n'oublie pas. Les implants ne rapportent pas de déviations au niveau des schémas tertiaires ni de modifications des circuits neuronaux. Les Timur et capteurs environnementaux ne détectent aucune variation d'aura au-delà des valeurs précédemment observées. Je ne crois pas que nous les verrons développer une adaptation significative et durable lors de ce combat. »

Feuerbach haussa les épaules, résigné mais non déçu. Pendant ce temps, les monstres restants s'abstenaient de mordre à l'appât que représentait Marchesi, laissant l'un des leurs la tenir en respect tandis que les autres tentaient un plan de la dernière chance pour faire le plus de dégâts possibles avant que l'agent innervant ne les neutralise tous. Deux d'entre elles chargèrent à travers le nuage toxique – les effets du gaz étaient rapides mais pas instantanés alors quitte à mourir, autant attaquer par un angle inattendu – tandis que les trois autres le contournaient. Elles évitèrent Roth, barricadé derrière ses boucliers et couvert par ses camarades pour s'en prendre à Bilodeau-Tanguay et Higgins à la place, qui héritèrent respectivement de trois et deux armes vivantes. Comme d'habitude, elles approchèrent de manière à ce que leurs cibles se retrouvent dans la ligne de feu des autres mercenaires au cas où elles se feraient tirer dessus ou assaillir par une onde de choc, puis convergèrent avec un timing admirable si l'on prenait en compte leurs blessures.

« Tout cela ne va pas assez loin, le pouvoir d'un éveillé ne se diversifie ou ne s'élève vraiment pour atteindre un stade supérieur que lorsque le danger est réel, que ce soit pour sa vie ou simplement son intégrité physique ou mentale. Sans verser dans tout ce romantisme inepte sur le dépassement de soi, c'est à ces moments que l'activité neuronale est la plus intense, que le cerveau sécrète les quantités les plus importantes des substances qui nous intéressent et que de nouvelles connexions s'y forment pour prolonger et restructurer les anciennes. Dans ce contexte, j'en viens à me demander si notre équipement et notre doctrine de combat ne seraient pas contre-productives par-rapport à ce que les différentes factions font pour former des niveaux 3, 4 et 5 en telles quantités. »

C'était... possible mais d'un autre côté les chevaliers n'avaient pas pour habitude de partager le secret de leurs techniques avec leurs coreligionnaires ou avec une équipe de scientifiques chargés de les aider à comprendre comment mieux utiliser leurs pouvoirs. Comme son supérieur l'aurait dit lui-même, il manquait encore de données pour établir une comparaison définitive entre les deux approches, il lui faudrait du temps et du recul avant de parvenir à une conclusion sur le sujet.

« Il faut dire que les chevaliers peuvent se permettre de prendre des risques avec leurs armures, les nôtres n'ont pas ce genre de filet de sécurité. » remarqua l'iranien. « Peut-être que vous avez raison et qu'il faudrait appliquer un stimulus plus intense seulement nous ne pouvons pas risquer nos soldats pour une promesse de puissance aussi incertaine. »

La volonté de ne pas gaspiller, ils y revenaient toujours... Feuerbach refusait cependant d'en démordre : « Dans le cas des Saints il y a... quoi, 30 à 40 postulants par armure en moyenne ? Certains maîtres acceptent n'importe qui ou presque et laissent l'entraînement séparer le bon grain de l'ivraie – et après ils sont surpris d'avoir un problème de Chevaliers Noirs ? –, d'autres ne prennent qu'un ou deux disciples à la fois en se montrant plus exigeants dans leur choix... Disons 50 postulants par armure pour avoir de la marge ainsi qu'un chiffre rond ; 4400 sacrifices pour obtenir une génération de 88 guerriers dont 12 de niveau 5, cela me paraît un prix tout à fait acceptable. »

Le Spectre n'était guère expert en ce qui concernait les méthodes de formation du Sanctuaire mais il avait l'impression que le professeur sous-estimait quelque peu le nombre de candidats. Toutefois même en doublant ou triplant le chiffre, s'il était étalé sur plusieurs années l'ampleur du sacrifice était en effet relativement faible comparée à la taille des armées modernes. Une perspective des plus dérangeantes, même avec les obstacles qui continuaient de jalonner la route des Agences.

« Certes mais leurs postulants à eux sont dans la tranche d'âge idéale tandis que les nôtres sont plus difficiles à faire progresser, on ne peut pas comparer l'incomparable. » pointa le français. « Surtout si nous prenons en compte le facteur de l'exposition aux énergies parapsychiques... c'est un cercle vicieux, un exemple d'inégalités qui se perpétuent de génération en génération. »

Si l'hypothèse de la Division Scientifique s'avérait exacte en tout cas. Si elle l'était, cela voudrait dire qu'à partir du moment où des agents de niveau 3 ou plus émergeraient, une sorte d'effet boule de neige apparaîtrait, l'influence du cosmos de ces agents poussant inconsciemment davantage de leurs collègues à développer des facultés de niveau supérieur. Le corollaire étant que tant qu'ils n'en avaient pas, leurs perspectives d'évolution restaient limitées.

« Et non pour la millième fois, nous n'avons aucune intention de vous laisser pratiquer vos expériences sur des enfants-soldats sous prétexte de vous fournir de la matière première de meilleure qualité. Nous avons déjà Marchesi, nous n'irons pas plus loin. »
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-Urgh...

-Ça va Luiza?

-Oui. Concentre-toi!

L'offensive a pourtant porté fruit. Luiza est toujours dans le nuage toxique à réduire ses adversaires monstrueux en pièces, mais accumule les blessures et commence à pousser les limites de l'antidote qui lui est administré pour éviter qu'elle ne finisse comme les chimères atteintes. Sa force cosmique ne fera rien pour l'aider, elle doit sortir de là bientôt... Higgins et Théo défendent leur position du mieux qu'ils le peuvent, mais le terrain n'est pas à leur avantage, surtout avec les nouvelles limites que le Québécois doit se donner et il doit s'éloigner de plus en plus, comptant sur Alastor pour repousser n'importe quoi s'approchant trop de lui ou de la chauve, pour que l'Espagnole et moi puissions faire notre part du boulot.

-Va les chercher, Leticia, ils ne viendront pas vers toi.

Je vois bien ça, mais la seule chimère à encore s'opposer à moi ne me laisse pas beaucoup de chance de partir. Je fais craquer les os de mon cou avant d'avancer, prête à en découdre, quand...

-ATTENTION!

Je sursaute en entendant l'avertissement de Luiza, ne m'attendant pas à ce que l'aînée hurle pour nous prévenir. Normalement, elle se contente de ne rien dire et admirer... mais peu importe l'intention, son cri du cœur arrive trop lentement et trop tard : les bêtes la bousculent pour traverser ce qu'il reste du nuage et foncer vers le reste de l'équipe, mais quand Roth s'interpose pour essayer de les arrêter, elles parviennent à l'esquiver et à le contourner pour continuer leur route, laissant le géant dans la confusion. Voyant Luiza approcher, il peut se retourner sans crainte d'être attaqué par derrière et ainsi voir où se dirigent nos adversaires, mais sans en faire plus. Higgins est entourée de deux chimères qui l'empêchent de tirer, Théo est aussi encerclé et doit se rapprocher du reste de l'équipe pour ne pas être isolé, l'interdisant complètement de faire usage de ses pouvoirs. Le géant a beau tenter d'attirer leur attention, elles ne le regardent même pas, se remettant en mouvement dès qu'il menace de tirer. Indétectables, insaisissables... et comme si elles n'étaient déjà pas assez redoutables avant, maintenant elles n'ont plus rien à perdre et sont déterminées à se débarrasser de Higgins et Bilodeau-Tanguay. Notre propre plan, utilisé contre nous.

Non. Luiza est encore de la partie. Je suis encore de la partie.

Il y a encore une des abominations qui m'empêche de partir. À chacun de mes mouvements, elle bondit devant moi et me menace de ses griffes pour m’empêcher d’approcher, sans pour autant être assez prêt pour craindre quoi que ce soit de moi. Je m’avance, elle esquive, je m’éloigne, elle se replace, je feinte, elle m’arrête… elle joue, avec la situation comme avec mes nerfs, et plus je tente de me débarrasser d’elle dans ma frustration, plus ça devient facile de me voir venir.
Jusqu’à un certain point, ça l’avantage.
Mais là où d’autres auraient commencé à s’épuiser et ralentir, j’accélère de plus en plus sans montrer de signes de fatigue ni perdre de ma précision. La chimère a beau esquiver, elle n’arrive bientôt plus à être plus rapide que moi et devient vite la victime de son propre jeu, mais contrairement à elle, je ne joue pas, et personne ne viendra l’aider. Un coup de Chunjun chanceux et la tête de la bestiole roule à mes pieds, tachant mon uniforme de sang. Mais je ne la vois pas. Je regarde déjà ailleurs.

Je peine à ravaler ma salive tant ma gorge me brûle, et je bats des paupières pour chasser quelques larmes, me mettant en marche pour rejoindre les autres. Un brouillard danse devant mes yeux sans pour autant m’aveugler, me guidant plutôt jusqu’à mes prochaines cibles. Les battements de mon cœur me font tellement mal, je ne peux même imaginer m’arrêter… je ne veux pas.

La scène sur laquelle je tombe ne fait que me plonger encore plus dans cet état second. Incapable de maintenir son offensive contre les monstres, Alastor a choisi de faire ce qu’il fait de mieux : fonçant vers les deux victimes de l’attaque, il attrape Emily et se jette au sol avec elle, la protégeant de son corps en activant ses boucliers pendant que les chimères lui sautent dessus, attaquant vicieusement à coups de griffes et de queues jusqu’à ce qu’il flanche… L’occasion pour Théo de multiplier les ondes de choc, mais trop tard, car les trois autres chimères lui foncent dessus trop vite, griffes et crocs dehors. Les charges répétées de Gymnot ne les ralentissent pas plus.
Je fais ce que je fais de mieux. Je fonce.

Pendant ces brèves secondes où je file à toute vitesse vers les combats, l’arène ne me semble plus être la même. Les cris de mes collègues se battant pour leur survie se déforme dans mes oreilles jusqu’à ne plus être leur voix, et les visages observant le spectacle de haut deviennent des gens que je ne connais pas, mais qui me sont tout de même étrangement familier. Toute cette nouvelle scène superposée à la réalité m’est familière. Ce n’est pas dans la colère de voir mes… mes amis en danger, ni le désir de détruire ces sales bêtes qui nous font la vie dure… ou d’une certaine façon, oui. C’est dans le plaisir de me jeter dans la bataille pour les détruire. Dans les rangs de Firmament, je n’ai pas eu beaucoup de chance de ressentir ça, aux Enfers non plus, mais avant…

Je percute une des chimères s’en prenant à Théo avec force et nous atterrissons plus loin, où je ne perds pas de temps pour engager le combat et tenter de découper l’horrible chose en morceaux, dégainant mon pistolet pour tirer sur les autres bêtes et les attirer vers moi, la plus grande menace avant tous les autres. En combattre une n’est pas assez, il faut que je me déplace et pique suffisamment les quatre autres pour les convaincre de s’en prendre à moi à la place, autant pour laisser mes collègues se reprendre et contre-attaquer que pour simplement garder le défi assez intéressant. Une seule chimère à combattre? En voilà une bonne façon de rouiller…

En voilà une deuxième qui tente sa chance. Et une troisième? Parfait. Le reste du monde disparait alors que j’alterne entre mes adversaires, distribuant des coups d’épée aussi rapides que cruels, y ajoutant coups de poing et coups de feu quand il le faut, le sang battant à mes tempes dans un rythme de plus en plus hypnotisant alors que je poursuis mon assaut, mes victoires. Guidée par l’instinct, je m’en remets à mes entraînements, qui a défaut de savoir me faire réfléchir, m’auront fait prendre quelques bonnes habitudes de combat.

-Comment…

-Roth, ôte-toi tout de suite!

Un moment d’hésitation est suffisant pour me figer sur place, assaillie de questions. Merde. Suis-je allée trop loin? Un niveau 2 ne devrait pas pouvoir faire ça, est-ce que ça peut passer pour un début de niveau 3? Comment expliquer… Mais grand mal m’en prend d’avoir arrêté, même pour une seconde.

Une des chimères qui attaquaient Roth et Higgins a choisi de se joindre à la bataille juste au bon moment, et un puissant coup de patte me lacère la poitrine alors que je sors à peine de ma distraction. La force du coup me projette plus loin et je percute une colonne avec assez de force pour chasser l’air de mes poumons, retombant mollement au sol en portant une main fébrile à mes côtes, tremblant en voyant le sang couler.
Le monstre approche, et la douleur m’empêche de me relever. Il y a une détonation et l’horrible mutant s’écroule à quelques mètres de moi, le corps tranché en deux par un projectile ; Emily, encore au sol, laisse tomber le Railgun avec une grimace et rampe pour s’éloigner, mais surtout pour ne pas qu’Alastor lui trébuche dessus par mégarde. Ce dernier, le dos en sang après l’attaque des chimères, entreprend d’achever la dernière debout devant lui, tout comme Théo et Luiza, qui n’ont qu’à « nettoyer » derrière moi… Mais il n’est pas question que je reste là à les regarder faire. Serrant les dents, je commence à me redresser, cherchant la bonne drogue de combat à utiliser. Je ne serai pas la seule à tomber pendant cette entraînement, surtout pas quand tout ça est à cause de moi.
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« Vous voulez dire qu'il n'y a pas de problème tant que je me limite à expérimenter sur Marchesi ? » questionna le professeur dont la déception avait cédé la place à un rictus maniaque alors que la jeune fille perdait le contrôle de ses émotions et marquait le champ de bataille de multiples traces sanglantes. Le français commençait à paniquer intérieurement mais faisait de son mieux pour n'en rien montrer. Avant de se dire qu'elle s'était trahie en utilisant des facultés au-dessus de son prétendu niveau – « Pas bon, pas bon du tout... » –, il lui fallait réfléchir et examiner la situation pour savoir dans quel genre de pétrin sa collègue venait de se fourrer. Avec de la chance – beaucoup de chance –, peut-être arriverait-il même à trouver une solution. S'il parvenait à se sortir de la tête les images du Timur et les souvenirs de ses lectures sur toutes ces expériences encore plus horribles auxquelles Feuerbach avait participé – le Spectre exagérerait à peine en disant qu'il serait préférable pour une fille de cet âge d'attirer l’œil d'un prédateur sexuel plutôt que celui du teuton – s'entend...

Problème de départ : la Mante n'était pas en train de gagner une puissance nouvelle, elle faisait appel à une fraction de plus en plus large de son vrai pouvoir gardé secret jusqu'alors. Si les Agences étaient capables de faire la différence entre la création de nouveaux circuits neuronaux et la réactivation de circuits dormants, elles comprendraient immédiatement qu'il y avait anguille sous roche. Il s'efforça de se rappeler tout ce qu'il savait des techniques de cartographie de l'activité cérébrale employées par la Division Scientifique pour évaluer le degré de probabilité de cette éventualité... Les tests étaient normalement pratiqués dans des conditions très contrôlées en chambres spécialement isolées avec de l'équipement de précision pour éviter parasites et interférences, les données fournies par les implants cybernétiques – à l'origine davantage conçus comme mesures de sécurité que comme instruments de mesure – en plein combat devraient donc être de moins bonne qualité... Il ne s'agissait de plus que d'une amélioration quantitative portant sur la force, la vitesse et les réflexes, elle ne développait pas de nouvelles capacités à proprement parler mais se contentait de produire plus d'énergie, ce qui avait de fortes chances de se traduire par un surcroît d'activité dans les circuits pré-existants plutôt que par leur transformation... et si transformation il était censé y avoir, ce ne seraient que des différences subtiles qu'on ne pourrait identifier avec certitude qu'à l'occasion d'un examen extrêmement invasif, le genre de procédure qui pouvait résulter en de graves dommages neurologiques même en l'absence de la moindre erreur.

Tout n'était peut-être pas perdu finalement, s'ils continuaient d'appliquer la doctrine de la prudence en matière de ressources sensibles...

« Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit professeur, Marchesi vient de se qualifier pour toute une batterie de tests supplémentaires mais cet exercice-ci marque la limite en termes de dangerosité acceptable, je vous interdit d'aller plus loin. »

Le cavalier sans tête faillit être submergé par une poussée de soulagement et de gratitude envers le colonel. Il entreprit d'abonder dans le sens de l'officier supérieur sans en donner l'air ; c'était moins difficile qu'il n'y paraissait, les opinions de Feuerbach forçant constamment son entourage à jouer le rôle de voix de la modération.

« On ne sait pas encore si elle gardera ces capacités après la fin du combat, il ne s'agit peut-être que d'un sursaut momentané. »

« Peut-être. » concéda l'allemand. « Néanmoins, une fois cette porte ouverte il n'y a plus de retour en arrière possible, plus vraiment. Un éveillé qui arrive à accéder même temporairement à une puissance supérieure finit toujours par se l'approprier entièrement avec le temps et l'entraînement. »

« Raison de plus pour faire attention, professeur. Elle est dans la tranche d'âge optimale, son potentiel de développement surpasse celui de nos autres recrues, nous n'allons pas risquer de compromettre ses chances de croissance tout de même ? »

« Ah, mais n'avez-vous pas retenu la leçon de la fable docteur, "un tiens vaut mieux que deux tu l'auras" ? Le risque est tout aussi grand si nous nous montrons trop gourmands et que nous renonçons à un gain immédiat pour l'espoir d'un bénéfice plus important plus tard. C'est une course contre la montre, nous avons besoin de données maintenant, pas dans un an ou plus. »

Cet homme était décidément un monument de mauvaise foi mais le Dullahan ne pouvait aisément réfuter l'argument. Dans le monde des Agences, la plupart des règles éthiques ou de la décence la plus basique pouvaient passer à la trappe si elles l'estimaient nécessaire. Heureusement pour l'intéressée, l'iranien avait un plus grand sens du respect dû à une subordonnée loyale – en apparence – et compétente – malgré les problèmes de personnalité – et était tout aussi obstiné que le scientifique blond.

« Vous voulez parler de gains et pertes immédiats ? Je refuse de perdre un bon soldat au moment où nous en avons le plus besoin. Le débat est clos. »

L'allemand abandonna de mauvaise grâce et reporta son attention sur l'arène. Il ne restait plus que trois fauves survivants et ils étaient en très mauvais état : affaiblis par le poison détruisant leur système nerveux, saignant de multiples plaies résultant de coups, de balles, ou de lacérations à l'épée, encore agités de spasmes sporadiques pour ceux qui avaient subi les affres de l'électrolaser... Les mercenaires faisaient également triste mine mais ils avaient au moins reçu l'antidote et la condition physique importait moins quand on se battait avec des armes à feu plutôt qu'avec griffes et crocs. Le résultat final était couru d'avance et l'affrontement se terminerait dans la minute... voire même plus tôt, puisqu'il était évident que les corps des monstres qui se lancèrent une dernière fois à l'assaut du canadien et de l'espagnole ne répondaient plus aux ordres de leur cerveau.

Une demande muette en direction de ses supérieurs et l’Étoile Terrestre se précipita aux côtés des médecins attendant à côté du monte-charge. Les combattants auraient besoin de soins d'urgence, de calmants, d'aide pour se débarrasser de leurs combinaisons souillées et passer la procédure de décontamination puis d'une intervention chirurgicale pour les plus touchés. On lui remit une tenue hazmat au casque à réalité augmentée affichant des données médicales qu'il enfila tandis que trois panneaux de verre pare-balles descendaient du plafond et formaient une cage protectrice autour des cobayes ainsi que de Khalil et Feuerbach, changeant du même coup tout le reste du hangar en zone de quarantaine.

***

« Un entraînement productif mais surtout ne relâchez pas vos efforts. Comme vous pouvez le voir, ça ne plaisante pas lors des missions auxquelles nous affectons du personnel éveillé, d'où ce que vous subissez maintenant pour vous y préparer. Peut-être n'aurez-vous pas besoin d'un stimulus aussi fort pour franchir le pas... » fit l'officier en désignant les silhouettes ensanglantées dans l'arène, « mais si j'étais vous je ne compterais pas là-dessus. Terminé pour cette partie, rompez ! »

La porte s'ouvrit dans le dos des recrues sorties victorieuses de l'exercice et elles quittèrent les lieux en bon ordre malgré un sentiment de malaise généralisé. Le colonel et le scientifique choisirent cependant de s'attarder, le premier observant les mercenaires et le second passant en revue les informations récoltées pendant le combat sur son terminal en prêtant une attention toute particulière à l'italienne.

« Alors, ce sursaut, quelle amplitude ? » se força à demander le militaire.

« Elle est passée niveau 3 l'espace d'un instant. Tranche inférieure et développement purement quantitatif d'après les premiers résultats mais je regrette quand même de n'avoir eu que ces piètres outils à ma disposition pour analyser le phénomène ; hélas, il est difficile de provoquer ce genre de réactions en laboratoire. J'espère que les échantillons que prélèvera le docteur Cantor permettront de rattraper le coup au moins partiellement. J'aurais également des questions à poser au plus vite à mademoiselle Marchesi, avant qu'elle n'oublie... à moins que vous ne comptiez m'en empêcher ? »

« Quel genre de questions ? »

« Les questions de sécurité classiques et celles sur son ressenti, principalement. J'aimerais en particulier savoir quelle part le sentiment de culpabilité a joué dans ce petit spectacle. »

Khalil secoua la tête, signifia vaguement son assentiment et partit arranger les mesures de sécurité nécessaires. Feuerbach reçut un message par le canal crypté précédemment ouvert quelques secondes plus tard : « Prof. Rosenberg, Gén. Ho et moi-même approuvons avis colonel ; ordre préserver Marchesi. Passer voie officielle si contestation. »

L'allemand laissa échapper un soupir d'agacement avant de répliquer. De quoi se mêlaient-ils ceux-là, c'était lui le responsable scientifique de cette expérience, pas Rosenberg ; quant à ce dernier avis, il n'avait tout simplement rien à faire là.

« Tu n'as pas droit au vote, 02. Et je ne t'ai pas donné accès au système de combat pour que tu nous espionnes. »

La réponse fut instantanée : « Peux toujours émettre recommandations. Surveillance autorisée sous protocole 616-2. »

Son irritation ne l'amènerait nulle part, il la laissa donc s'éteindre aussi vite qu'elle était apparue. 616-2... ce qui voulait dire que Marchesi venait d'être reclassée en tant que ressource éveillée d'importance spéciale, soumise à une surveillance renforcée s'étendant à tous ceux qui interagissaient avec elle ainsi qu'à des normes de sécurité revues à la hausse, tout agent éveillé étant autant considéré comme un atout que comme un danger potentiel. Le niveau de surveillance « normale » des Agences pouvant déjà être plus correctement qualifié d'orwellien, la jeune fille et ses connaissances pouvaient dès à présent dire adieu aux derniers vestiges de leur vie privée. Et bien tant mieux quelque part, voilà qui faciliterait ses observations psychologiques !

« Transmet-moi les observations. »

Cette fois, il ne reçut qu'un document en guise de réponse. Un formulaire officiel de demande de réquisition de données ultra-confidentielles à remplir et à retourner en trois exemplaires. L'allemand tiqua. Espèce de sale...
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-Ow ow ow ow OW OW!

-Mais bordel, filez-lui des calmants, quelqu'un!

-Ils pourront pas l'interroger si elle est dans les vapes.

-Ce sera pas plus facile si elle continue de gueuler!

Roulant des yeux, De Assis laisse un autre médecin lui panser le bras, pendant qu'un autre entreprend de la désinfecter et de l'aider à retirer l'uniforme. Elle ne le montre pas, ou du moins elle essaye, mais ça se voit dans sa façon de fixer droit devant elle et de pincer les lèvres, mais ça lui fait mal. Désinfecter une plaie ouverte ne fait pas du bien, et elle a de la chance, ses blessures ne sont pas les pires. Emily a été relativement épargnée grâce à l'intervention de Roth, qui lui se retient de crier pendant que l'équipe de soigneurs tente de lui nettoyer le dos. Théo a été blessé à la jambe et doit rester assis, mais il supporte quand même bien les soins et lance des encouragements à tout le monde, prenant même le temps de rabrouer Luiza un peu.

-J’aimerais ben ça t’voir garder ton calme pendant qu’y te recousent!

-Taisez-vous!

Le diagnostic n’est pas bon : en plus de la large entaille qui saigne encore abondamment, j’ai quelques côtes cassées, mais aucune autre blessure interne. Les sutures devront être faites à l’infirmerie, pour l’instant il n’y aura qu’un bandage pour éviter une réinfection, et ensuite, on ne pourra qu’attendre… entre deux courtes respirations mal contrôlées, j’aperçois Rogos qui déambule parmi les autres mercenaires, en train de collectionner des données. Il ne le montre pas, c’est tout à son honneur, mais il doit être très inquiet. Moi aussi. Dans quel pétrin est-ce que je me suis mise?

Des civières sont apportées pour Alastor et moi, puisque Bilodeau-Tanguay s’obstine à vouloir marcher en s’appuyant sur Emily —Il a expliqué pourquoi, mais personne n’a écouté. Le médecin qui s’occupe de moi passe une main dans mon dos, puis sous mes jambes, et sans plus de précaution me soulève pour me déposer sur la civière, m’arrachant un hurlement qui, je l’espère, lui fera regretter sa manœuvre.



Je tuerais pour plus d’antidouleurs. Après avoir catégoriquement refusé de me donner de quoi engourdir mon mal pendant les sutures, pour garder mon esprit clair, les médecins ont accepté de me donner une minuscule dose de médicament pour réduire le mal, mais pas assez. Chaque respiration donne encore l’impression de broyer mes os et d’enflammer tous les muscles qui pourraient bien les entourer, si bien que malgré mon esprit clair, je ne suis pas du tout de bonne humeur. Ma tentative de lancer le sac de glace qui m’a été offert a échoué lamentablement et cette fois, pas de pitié, j’ai dû me lever pour aller le chercher moi-même. Ça n’ira pas plus vite si je fais ma difficile, au contraire : le plus tôt les scientifiques en auront fini avec moi, le mieux ce sera pour tout le monde.

Enfin seule, j’ai le temps de repenser un peu à tout ce qui s’est passé et je sens un long frisson me parcourir le dos. J’ai fait une bêtise, une vraiment grosse bêtise… Je repasse la maigre histoire de Marchesi dans ma tête, cherchant les points qui pourraient être questionnés et réfléchissant à la meilleure façon de ne pas me tromper. Il n’y en a qu’une, vraiment, celle qui a été le plus encouragé dès que j’ai quitté les Enfers : ne pas trop coopérer. Préférer le silence et la défensive. C’est ce que je fais depuis longtemps déjà, ça ne devrait pas être bien compliqué…
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Bilodeau-Tanguay s'était montré très compréhensif mais certains autres mercenaires qu'il ne nommerait pas l'étaient beaucoup moins. Il se retrouvait donc à devoir se justifier encore et encore pendant qu'il administrait ses soins tout en essayant de récolter les informations demandées par le professeur ; il se serait volontiers passé de ces tracas supplémentaires.

« Pour la troisième fois : non je ne peux pas faire mieux qu'une anesthésie locale, votre physiologie d'éveillé complique déjà suffisamment les dosages en temps normal mais avec les drogues de combat et la neurotoxine en plus ? Si j'injecte quelque chose de plus fort ou que je tente une anesthésie générale et que je me plante les conséquences pourraient être désastreuses. Il faut que je vous fasse un dessin ou vous me laissez faire mon boulot ? »

Pourquoi fallait-il toujours que les gens contestent l'avis des professionnels qui ne cherchaient qu'à leur épargner les horreurs des interactions médicamenteuses ? Heureusement cette saute d'humeur semblait avoir triomphé des dernières réticences et il put se remettre à l'ouvrage, pansant et recousant alors qu'il posait ses questions.

« Saviez-vous que Marchesi pouvait faire ça ? »

« Elle vous a paru différente ces derniers temps ? »

« Elle vous parle beaucoup ? Comment décririez-vous vos relations ? »

« Qu'avez-vous ressenti pendant le combat ? Pensez-vous que vous auriez pu arriver à faire la même chose ? »


Et ainsi de suite. Pas besoin de prendre des notes, son équipement enregistrait tout... ce qui voulait dire que Feuerbach aurait également accès à ces conversations et que le Spectre ne pouvait pas falsifier les résultats de ces entrevues. Il n'y aurait pas eu grand-chose à trafiquer certes, les mercenaires n'ayant rien remarqué qui sortait vraiment de – ce qui passait pour – l'ordinaire concernant leur plus jeune membre. Forcément puisque cette « montée en puissance » n'en était pas une et ne provenait d'aucun réel changement... à l'exception peut-être de ce qui l'avait poussée à oublier momentanément les impératifs de sa mission. Elle avait fait partie des Berzerkers après tout, il pouvait s'agir d'une résurgence intempestive de ses instincts guerriers ou alors d'une réaction à la pression psychologique résultant de l'infiltration de longue durée, de la dissimulation de son identité...

Les possibilités étaient multiples cependant il ne pourrait être fixé qu'après une discussion à cœur ouvert avec la Mante, or – à supposer qu'elle accepte de se confier à lui, ce qui était tout sauf garanti – cette option était exclue. Il n'avait pas les accréditations nécessaires pour jouer les psychologues et n'était censé connaître la soi-disant italienne que de loin ou à travers son dossier, un rapprochement serait hautement suspect et ne ferait qu'empirer les choses.

D'un autre côté, cette situation pouvait tout aussi bien représenter une opportunité pour eux : l'avancement promis par Khalil n'était pas réservé qu'aux militaires, les auxiliaires pouvaient aussi en bénéficier. Si les infernaux voulaient comprendre le fonctionnement des Agences voire l'influencer il leur fallait prendre du galon ; si Oblivion arrivait à jouer la comédie sans éveiller les soupçons elle pourrait passer au grade supérieur et participer aux expériences les plus importantes en tant que cobaye de haut niveau. C'était un coup à jouer mais un coup risqué, à l’Étoile Céleste de se demander si elle avait les épaules pour faire avaler des couleuvres à son interrogateur et de prendre une décision en conséquence.

« Vous avez fini docteur ? Il est temps d'y aller. » appela l'allemand qui venait de terminer sa propre tournée. Rogos répondit par l'affirmative et suivit son supérieur jusqu'à la section de l'infirmerie où se trouvait Oblivion, un peu à l'écart des autres. Il suivit l'exemple du blond sur le chemin en se débarrassant de l'essentiel de son équipement protecteur pour ne plus conserver que la blouse, le masque – rabaissé – et les gants chirurgicaux. L'habit hazmat n'était plus nécessaire, la décontamination étant terminée, et il supposait également qu'il s'agissait de paraître moins intimidants pour mettre leur interlocutrice en confiance.

Bonne chance avec ça : la mercenaire alitée avait l'air aussi revêche qu'endolorie. Le deuxième état de fait ne devait pas arranger le premier. Feuerbach attrapa la planchette au pied du lit, feuilleta les papiers qui y étaient accrochés et jeta un œil aux écrans des appareils médicaux branchés à la patiente. Puis il tendit le document à son assistant : « Auriez-vous l'obligeance de préparer une injection analgésique locale ? »

Le Dullahan s'exécuta pendant que le professeur laissait errer son regard dans la pièce, s'arrêtant un instant sur une trace d'humidité au sol puis sur le sac de glace de la jeune fille avec un sourire amusé.

« Excellente performance mademoiselle, vous nous avez surpris. » la félicita-t-il avec une sincérité dont le français n'arrivait pas à distinguer si elle était feinte ou réelle. Qu'importe ce qu'il avait pu raconter pour obtenir le droit d'utiliser ces chimères, provoquer précisément cette réaction avait dû faire partie de ses objectifs. « Quel dommage qu'il ait fallu en payer le prix mais nous pourrons administrer le sérum de régénération dès la fin de ce petit entretien ; nous vous garderons ensuite en observation jusqu'à demain matin puis vous pourrez sortir, même s'il vous faudra vous ménager physiquement pendant quelques jours. »

Rogos nota qu'il n'avait pas cherché à la rassurer sur l'état des autres membres de l'équipe et revint avec la seringue demandée ; le professeur s'en saisit, vérifia son contenu mais n'en fit rien de plus.

« Comment vous êtes-vous sentie quand c'est arrivé ? Avez-vous une idée de ce qui a provoqué ce changement ? Est-ce que cela vous était déjà arrivé auparavant ? »
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Mon temps de repos ne dure pas très longtemps, quelques minutes de miséricorde avant d'être renvoyé sous la loupe des Agences, qui prend cette fois la forme de Rogos, en uniforme médical plus conventionnel, et d'un autre scientifique, probablement son patron. Je les fusille du regard quand ils commencent à vérifier les données, y mettant encore plus de méchanceté quand ça tombe sur mon collègue de peur de ne pas en mettre assez —même si les multiples refus de me donner des médicaments plus forts aide à expliquer mon comportement. Une bonne excuse n'est simplement pas suffisant pour me faire lâcher prise, cette fois. En le voyant préparer une seringue, par contre, je m'adoucis un peu, et reporte mon attention sur l'autre scientifique qui commence par me féliciter de ma performance. Je dois faire un effort pour ne pas rouler des yeux et continuer de le toiser d'un regard impatient. Ça créé des monstres et ça dissecte des cerveaux la longueur de journée mais ça se pâme devant une petite démonstration de force sans aucun pouvoir... Force qui pourrait bien refaire surface s'il n'arrête pas de tourner autour du pot, surtout s'il y a ces fameux antidouleurs à la fin de la rencontre. Je marmonne quelques paroles inaudibles qui finissent en plainte sourde suite à une respiration mal contrôlée et le blond entre enfin dans le vif du sujet.

Je ferme les yeux pour quelques secondes, autant pour me remémorer les événements exacts que pour bien me concentrer sur ce que je devrais répondre. L'émotion destructive que j'ai ressenti ne correspond à rien pour eux, n'aurait pas de corrélation avec ce qu'ils cherchent —les Berzerkers en tirent une certaine force, mais les autres? Je préfère me rabattre sur autre chose, un autre de mes stimulants mieux connu de Rogos, plus sensé et plus facile à mettre en contexte avec le reste du passé de Leticia...

-En colère.

Je grimace. Le simple fait de parler me rappelle que mes côtes ont beaucoup souffert de mon "excellente performance", et je dois baisser la voix pour ne pas trop le ressentir, en plus de me limiter à des phrases bien plus courtes et moins complètes que d'habitude.

-Un peu. Déjà arrivé, pas fort comme ça.

À Cité-Soleil, notamment, et ça ils pourront le vérifier assez facilement, surtout s'ils parviennent à récupérer quelques témoignages, mais aussi dans d'autres indices plus subtils : mon tout premier jour, où j'ai envoyé Taras à l'infirmerie, et les nombreuses prises de becs avec Luiza. Mais pourquoi maintenant et pas avant, en sachant que certaines de ces crises ont été causées en voyant mes camarades en danger? La facilité, peut-être. Il n'y avait pas grand-chose entre Sékou et moi quand j'ai perdu le contrôle, j'avais même de l'aide. Là, non seulement je devais partir à la rescousse de mes collègues, j'étais retenue contre mon gré par une chimère. Foncer ne suffisait plus. Combiné à mes souvenirs superposés, il n'en fallait pas plus.
Mais ça, même le Dullahan n'a pas besoin de l'entendre. Mon temps dans les rangs d'Arès est terminé, et s'il devait penser le contraire...

-Devais agir, mais elle m'empêchait. Bougeait trop. J'ai juste...

Un vague geste de la main, pour dire que les choses se sont simplement produites sans plus d'effort. Difficile de faire croire que ça s'est passé autrement, je n'aurais même pas besoin d'effort pour en arriver là volontairement. Mais ce qui pourrait vraiment produire cet effet sur moi, ils n'ont pas besoin de le savoir... Je désigne la seringue d'un coup de menton, le regard un peu plus suppliant.

-Maintenant...?
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Le Dullahan savait que l'attaque avait fait des dégâts mais il ne s'était pas attendu à ce que ce soit à ce point. Voir Oblivion lutter pour arriver à communiquer l'emplit d'une appréciation nouvelle pour tout ce que son Surplis et son cosmos régénérateur faisaient pour lui en temps normal ; que serait-il sans ces merveilleux instruments ?

Feuerbach ouvrit le bal en interrogeant la Spectre sur son état émotionnel. Toute l'expérience de Rogos en matière de neurosciences l'amena à conclure que le sujet était relativement sûr et qu'elle pouvait se permettre de mentir. L'état de l'art en la matière n'était pas assez avancé pour identifier avec certitude une émotion particulière en s'appuyant uniquement sur une cartographie de l'activité cérébrale et des mesures de quantités de neurotransmetteurs. Il y aurait peut-être eu lieu de s'inquiéter si les Agences avaient pu y combiner une analyse d'aura mais bien que l'énergie d'un éveillé soit une extension de sa psyché, le décodage de cette dernière à partir de la première était loin d'être une science exacte. Trop de facteurs différents entraient en jeu même quand l'éveillé en question ne cherchait pas à confondre d'éventuels observateurs. Les Timur représentaient de toute façon des outils inadaptés pour cette tâche du fait-même des procédures visant à transformer un humain en générateur parapsychique vivant, qui inhibaient – voire détruisaient – entre autres les centres nerveux liés à l'empathie.

Il pouvait se tromper bien entendu et on ne démasquait pas un menteur qu'avec des machines. Il ne savait pas lui-même si elle était honnête ou non cependant elle avait choisi une couverture tout à fait plausible. Devrait-il s'arranger pour y ajouter du crédit en mentionnant les nombreuses altercations entre elle et certains de ses collègues mercenaires ? Il ne voyait malheureusement pas comment intervenir dans ce sens sans que ça ait l'air forcé.

L'allemand écouta ces courtes explications sans les interrompre, tapotant machinalement la seringue dans sa main tout du long. Lorsque la Mante le pria de lui donner l'antidouleur, il sembla hésiter et le français, imaginant le pire, crut qu'il allait refuser et s'en servir comme instrument de chantage, exploiter sa détresse pour voir la façade se fissurer...

« Oui, bien sûr. Vous permettez ? » acquiesça finalement son supérieur. Il se pencha sur la blessée, procéda à une rapide et professionnelle palpation pour trouver un site d'injection adéquat et plongea l'aiguille dans la chair. « Vous m'excuserez de ne pas utiliser une substance plus efficace ou de ne pas aller plus loin que l'intramusculaire mais l'agent innervant limite nos options. Vous ne voudriez pas d'un arrêt cardiaque ou d'une paralysie respiratoire n'est-ce pas, surtout en sachant que les remèdes à ces problèmes réagissent eux-mêmes assez mal en présence de certaines drogues de combat. Quatre corps étrangers différents, cela fait déjà beaucoup. »

Pourquoi cela sonnait-il davantage comme une mise en garde que comme le discours d'un vrai médecin s'inquiétant de la sécurité de son patient ? Peut-être était-ce parce que le cavalier sans tête savait pertinemment qu'il s'agissait là de l'un des modes opératoires que les russes utilisaient pour forcer un éveil au cosmos : paralyser un organe vital et forcer la victime à le faire repartir d'elle-même. Sauf que cette méthode n'était normalement employée que sur des prisonniers et pas des volontaires. Le connaissant, il aurait tenté le coup si Khalil ne l'avait pas expressément interdit ; il l'aurait fait avec une autre seringue en main contenant l'un des seuls remèdes qui arrangeraient les choses au lieu de les aggraver pour éviter de perdre un précieux cobaye mais quand même... Et Feuerbach n'en avait pas encore terminé.

« Oh, je suis au courant pour les précédents incidents, seulement un seul d'entre eux a provoqué une réaction approchante quoique loin d'être aussi prononcée alors que le péril y était autrement plus réel. » révéla-t-il. « Quel est le point commun entre ces deux occurrences ? »

Il s'était retourné vers Rogos, lui adressant implicitement la question. Encore un de ces maudits quiz à l'improviste... Il avait lu les dossiers des auxiliaires, il connaissait la réponse et ne pouvait pas se permettre de ne pas la donner.

« Bilodeau-Tanguay, ou plus généralement un camarade en danger. »

Même s'il aurait parié qu'il y avait un degré d'attachement plus grand à l'égard du canadien, pour des raisons qui n'étaient guère difficiles à deviner...

« Précisément. Ce qui fait de vous quelqu'un d'altruiste, ayant le sens de l'abnégation... vous me dites que c'est dû à la colère, très bien. Envers qui ? Vos ennemis, vos compagnons, vos supérieurs ou vous-même ? Êtes-vous sûre que ce soit la seule chose ? Peur, culpabilité, sentiment d'impuissance, sublimés ensuite en colère si vous voulez ? »

« Professeur, vous orientez les réponses du sujet. » intervint le Spectre. Il ne pourrait pas lui reprocher l'interruption si elle était due à une volonté de ne pas fausser les résultats, se disait-il. Le scientifique blond continua comme si de rien n'était : « Et surtout, croyez-vous pouvoir le refaire ? »
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