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L’univers résonne en nos cœurs,
Eprouvant la destinée des preux.
La fatalité éclipse toutes lueurs,
Etendant son ombre de malheur.
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Quelque part en Sibérie orientale…

Après l’intermède avec le petit forgeron de l’île de la Reine morte, le jeune finlandais avait décidé de prendre un peu de temps pour lui et c’est ainsi qu’il se retrouvait aujourd’hui en ce lieu de pèlerinage. Il avait éprouvé le besoin de se ressourcer et de méditer sur le passé, le présent et l’avenir.

Ce désert gelé représentait l’essence même des chevaliers des glaces, une contrée de solitude et d’inhospitalité dans lequel seule la force de volonté permettait de survivre. De nombreux apprentis chevaliers avaient été entrainés ici par les plus grands maîtres des arcanes polaires. A une époque pas si lointaine l’échec revêtait signification de mort. Le plus fort de chacune des sessions devenait généralement le chevalier de la constellation de Cygnus, quant survivant il y avait. Hakon avait cru comprendre qu’aucun porteur du cygne ne s’était manifesté depuis Hyoga, le chevalier légendaire.

Souvent considérés comme les plus taciturnes des chevaliers d’Athéna, les protecteurs de la onzième maison n’en étaient pas moins réputés comme les plus sages et érudits de la confrérie d'or, des conseillers de choix pour la déesse Athéna et son représentant terrestre, le grand Pope. L’ancien Marina avait pu constater que l’illustre Camus ne faisait pas exception à cette règle : de nombreux écrits signés de sa main relataient la sombre période du dictat du Gémeau devenu fou, quelques essais philosophiques jonchaient également le secrétaire poussiéreux de la bibliothèque. Il se demandait encore pourquoi le Verseau l’avait extrait à ce destin funeste qu’il avait accepté en guise d’expiation pour son échec à préserver la cité aux mille joyaux.

Le jeune albinos pouvant ressentir les pulsations cosmiques presque imperceptibles émanant du cœur même du glacier éternel, cette muraille qui représentait l’épreuve ultime pour tout apprenti chevalier des glaces. L’armure attendait patiemment le futur élu qui serait amené à embrasser un grand destin et à marcher dans les pas des plus grands chevaliers de l’histoire du Sanctuaire, se renforçant année après année au sein de cet écrin de cristal. Désormais torse nu, il était assis en tailleur, les yeux fermés pour ressentir toutes les énergies séculaires berçant ce sanctuaire sacré.

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Mon esprit vogue paisiblement,
Parmi cet océan de sentiments.
Mon âme virevolte doucement,
Jusqu’à atteindre le firmament.
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Laissant voguer son esprit parmi les flux éthérés résiduels de cosmo-énergie, l’ex-atlante pouvait ressentir les traces du passé omniprésentes, le témoignage indélébile des nombreux chevaliers s’étant succédés en ces lieux, pour le meilleur comme pour le pire. C’était comme s’il arpentait les voies menant à un sanctuaire mystique, véritable épitaphe à la gloire des héros d'antant. Au détour de ce dédale énergétique, il accrocha une émanation familière, compagne indéfectible de ces dernières années et jusqu’à très récemment : l’ancien Kraken, Isaac…

Le Cosmos du jeune finlandais entra instinctivement en résonnance avec l’empreinte de son prédécesseur, générant un point d’ancrage mental. Cette douce sensation n’avait plus été ressentie depuis la chute d’Atlantis : la fusion cosmique entre la conscience collective de la lignée des porteurs d’une écaille, sorte d’héritage temporel permettant à chaque Marina d’acquérir la somme des connaissances et techniques de son prédécesseur. Hakon avait exploré à mainte reprise les sensations du passé du frère d’armes du chevalier légendaire ; cet instant était différent, comme si le Général borgne était présent en ces lieux.

Je suis désolé vénérable ainé, j’ai échoué et Atlantis a sombré…

Lentement le phare cosmique se voila, laissant l’image du guerrier à la chevelure verte rejoindre le flux impalpable. Les sensations s’entrechoquaient alors que le tourbillon des énergies s’accélérait, certainement en réponse au trouble envahissant le guerrier albinos. Conscient de son état émotionnel, ce dernier se concentra sur sa respiration pour chasser lentement le doute et la culpabilité de son cœur. Son âme était redevenue imperméable à toute émotion, qu’elle fut positive ou négative. Une nouvelle présence commune se matérialisa au centre du maelstrom cosmique imperceptible pour la plupart. Majestueux comme dans les souvenirs du garçon aux cheveux blanc immaculé, le maître des glaces toisait son improbable successeur d’un regard détaché.

Je suis désolé vénérable maître, je ne sais pas si je suis digne de votre précieux don…

Comme précédemment, l’image mentale s’évapora progressivement pour ramener Hakon au sein du tourbillon éthéré. Ancré plus profondément dans le flux cosmique, il pouvait désormais ressentir le mouvement perpétuel des électrons du moindre atome l’entourant ; l’essence même du pouvoir des chevaliers des glaces résidait dans la capacité de ralentir le mouvement de la matière jusqu’à le figer complètement. Au-delà de cette vérité, le jeune homme pressentait qu’il était possible d’aller encore plus loin, en s’attaquant par exemple au cœur même de la matière, les noyaux protoniques et neutroniques des particules élémentaires de matière et pourquoi pas à la nature énergétique des particules photoniques ou encore cosmiques. Franchir cette barrière opaque et réputée impossible propulserait n’importe quel chevalier des glaces de l’anonymat à la postérité…

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Voguent les âmes perdues,
Sur un océan d’amertume.
Pleurent les cœurs déchus,
Sous cette cape de  brume.
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Toujours en pleine phase méditative cosmique, tout autant qu’introspective, l’ancien porteur du Kraken focalisait sa concentration sur le mouvement ondulatoire des particules élémentaires de la matière. En révélant le pouvoir microcosmique enfermé en chaque être, les chevaliers étaient capables de prouesses dépassant l’entendement, voire les lois de la physique connue. Pour Hakon, il s’agissait du pouvoir de réduire la vitesse de mouvement des électrons, abaissant ainsi leur charge énergétique en une réaction endothermique majeure : la résultante de cette opération était la création d’un froid pouvant aller jusqu’au zéro absolu, lorsque les électrons devenaient totalement inertes.

Alors qu’il était toujours plus concentré sur le monde de l’infiniment petit et sur son propre microcosme, le vétéran atlante capta une émanation lointaine, anecdotique dans un premier temps mais s’amplifiant peu à peu. Une onde de chaleur et de bienveillance émanait d’une sorte d’étoile scintillante, prenant forme peu à peu en un paysage mental non contrôlé par le Saint. A cet instant, le jeune homme aurait pu sortir de sa torpeur contemplative ; il opta pour le prolongement de cette expérience inattendue. Vu de l’extérieur, tout demeurait exactement dans la même configuration.

Peu à peu, le néant cosmique se mua en une masse lumineuse informe, puis prit consistance sous forme d’une clairière au centre d’une forêt de chênes centenaires. Un ruisseau entrecoupait le tapis verdoyant. Il émanait une certaine sérénité de ce lieu aussi inattendu qu’onirique. Cette scène était fatalement du fait d’une intervention extérieure, le finlandais n’ayant jamais orienté sa méditation en ce sens. Il était certain de ne pas rêver non plus car, en se concentrant suffisamment, il pouvait toujours ressentir le froid glacial extérieur enveloppant son corps, bien que cette sensation soit en totale contradiction avec la douceur printanière imprégnant cette nouvelle empreinte cosmique.

La cosmo-énergie inconnue se fit de plus en plus pressante à mesure que le décor devenait de plus en plus palpable et réel, pour autant qu’une projection mentale puisse l’être. Une légère brise semblait souffler, l’herbe ondulait légèrement pour accompagner le mouvement de ce vent bienveillant. L’odeur boisée envahissait progressivement le tableau, finissant de peaufiner le réalisme de l’endroit. Le jeune albinos était dans la même position de méditation que celle du monde réel. La cosmos-énergie inconnue se concentrait derrière lui en une nouvelle forme, humanoïde cette fois-ci. Ethérée dans un premier temps, une jeune fille prit consistance tout en s’approchant de l’âme du chevalier. Blonde aux yeux verts, vêtue d’une longue robe blanche, une couronne de fleurs blanches sur ses cheveux tressés, la nouvelle venue semblait translucide par moment et comme entourée d’une légère aura dorée.

- « Puis m’asseoir à côté de vous ? », demanda timidement l’apparition, un léger sourire aux lèvres.

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L’aube illumine toutes les vies,
Annonçant de grands destins.
La nuit se déploie en un infini,
Présageant un avenir incertain.
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Surpris, le jeune finlandais ouvrit les yeux et observa la jeune fille improbable quelque instant et sans mot dire. D’un signe de la main, il l’invita ensuite à s’installer à sa gauche, patientant encore quelques instants avant d’exprimer l’interrogation qui lui brûlait les lèvres :

- « Puis-je savoir à qui ai-je l’honneur et connaître la raison de votre incursion… ici dirons-nous ? »

L’apparition cosmique afficha un sourire amusé, puis répondit au chevalier du Verseau par une autre question :

- « Et vous jeune homme, qui êtes-vous et pourquoi êtes-vous venu vous isoler en ce lieu oublié du monde ? "

Dubitatif, l’albinos se gratta machinalement le menton, alors qu’il réfléchissait à cette situation pour le moins incongrue. Il était venu en pèlerinage pour réfléchir à son passé et entrevoir les possibilités s’offrant à lui pour son avenir ; en chemin, il avait reçu la visite de ce qu’il qualifierait pour l’instant d’entité cosmique. Chevalier ami, ennemi, réminiscence cosmique, forme énergétique inconnue ou encore divinité ? Il ne saurait répertorier son étrange visiteuse pour le moment, optant néanmoins pour une approche coopérative partielle.

- « Disons que je suis une âme égarée qui cherche à retrouver son chemin après que certains tumultes aient ébranlés son existence. Il m’est arrivé récemment certaines choses dont la signification m’échappe encore… », répondit-il simplement à son interlocutrice.

Amusée par la réponse de l’ancien Marina, la jeune étrangère se mit à rire de bon cœur. Bien que conservant son stoïcisme légendaire, Hakon ne put réfréner un léger sentiment de vexation. Se moquait-elle de lui ?

- « Quel jeune homme mystérieux… N’ayez pas peur de moi, c’est promis je ne mors pas. », enchérit-elle en saisissant la main gauche du chevalier d’or.

La cosmo-énergie de l’étrangère était douce et réconfortante, sans aucune animosité cachée, inspirant un sentiment de confiance et de paisibilité chez l’éveillé. Cette expérience nouvelle défiait toute logique et toute rationalité. C’est comme s’il retrouvait une certaine forme paix intérieure après plusieurs années à errer dans les limbes de la mélancolie et de la nostalgie.

- « Très bien, si vous tenez tant à connaître mon histoire, je vais vous la conter. J’espère que vous avez du temps devant vous ? », annonça-t-il dans un soupir chargé de résignation.

La jeune fille sourit de plus belle et acquiesça d’un hochement de la tête.

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Sombrent les défuntes étoiles,
Dans cet océan d’incertitudes.
S’élèvent d’improbable voiles,
Découvrant notre décrépitude.
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C’est en soupirant que l’éveillé se concentra un instant afin de se remémorer le plus fidèlement possible les évènements de sa naissance, sa seconde naissance pour être plus exact. Il lui faudrait faire appel à sa force de volonté pour ne pas défaillir face aux malheurs et épreuves ayant tourmenté sa carrière peu commune de détenteur et utilisateur du Cosmos.

- « Toujours seul, non par nécessité mais plutôt par choix personnel, j’ai eu une enfance ni particulièrement heureuse, ni particulièrement malheureuse. Dès mon plus jeune âge, j’ai toujours été plus fasciné par les livres que par mes semblables. Jusqu’à ce que je la rencontre un certain soir. », commença-t-il ainsi son récit.

- « Je ne pensais pas pouvoir un jour rechercher autant la compagnie d’une semblable. Je l’ai aimé en secret et tout s’est arrêté quelques années plus tard lors d’un certain voyage maudit. C’est là que j’ai découvert que j’avais un potentiel caché, potentiel révélé par la rage de l’avoir perdue… A partir de ce jour, et jusqu’à aujourd’hui, je me suis fait la promesse de devenir fort afin de protéger ce qui m’est cher coûte que coûte. », continua-t-il, non sans une pointe d’émotion dans la voix.

L’apparition resserra doucement son étreinte sur la main de l’ancien général de Poseïdon. Cette cosmo-énergie était paisible et procurait un certain réconfort au vétéran atlante.

- « Comme tout chevalier, quelle que puisse être son allégeance, j’ai connu mon lot de mises à l’épreuve et de souffrances. L’épisode de la résurgence des dieux hindous m’a permis notamment de me faire un ami peu orthodoxe : une sorte de fantôme maudit par un des juges d’Hadès. », poursuivit-il sur un ton un peu plus détendu.

- « Où ai-je la tête, j’ai oublié de préciser qu’à l’époque j’étais une jeune recrue de l’Empereur des océans. », compléta-t-il pour dépeindre un tableau le plus fidèle que possible.

L’inattendue présence ne dit mot suite à cette première partie du récit, se contentant de sourire au chevalier éreinté. Hakon se rendit compte que parler de son passé lui faisait plus de bien qu’il ne l’aurait escompté au début. Jamais il n’avait eu l’occasion de laisser filtrer tout ce ressentiment et toute cette mélancolie qui le rongeait de l’intérieur depuis plusieurs années.

- « Saviez-vous qu’à l’époque j’étais plutôt caractériel, un peu comme le grand patron Poséïdon… Heureusement que j’ai réussi à canaliser toute cette colère et à m’autodiscipliner à force de méditation et de temps. Ce qui m’amène sur le prochain épisode douloureux de ma vie : la grande guerre sainte contre les Enfers. », annonça-t-il ensuite.

- « Nous venions de nous déclarer mutuellement notre flamme avec la prêtresse atlante de l’époque lorsque la mobilisation générale contre le domaine d’Hadès fut décrétée. Etant le plus ancien des généraux, et bien que ne souhaitant que vivre paisiblement auprès d’elle, c’est à contre cœur que j’ai dû prendre le commandement de l’alliance du Sanctuaire et d’Atlantis. En tant que stratège, mon rôle était de ramener chez eux les combattants : j’ai lamentablement échoué… Si la guerre a été remportée, j’ai perdu bon nombre de camarades ou alliés et j’ai laissé une parcelle de mon âme là-bas. Réflexion faite, je ne souhaite à personne de connaître la guerre, mais soyons réalistes : ‘si vis pacem parra bellum’… », poursuivit-il dans un nouveau soupir.

Le chevalier des glaces marqua une pause dans son récit. La suite l’effrayait un peu car il s’agissait de l’épisode ben trop récent de la chute de Poséïdon et d’Atlantis, le synonyme de son ultime échec en tant que protecteur.

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Mon âme vogue au loin,
Vers le rideau de l’infini.
Mon cœur sombre alors,
Vers ce souvenir perdu.
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Après quelques longues minutes passées à se concentrer et se préparer mentalement, l’ancien atlante se décida à reprendre son récit.

- « J’ai été affecté plus que de raison par la guerre contre les Spectres. A tel point que le chemin arpenté pour mon retour vers Atlantis fut plus long que prévu. Durant mon absence, l’empereur des océans a décidé de châtier le monde entier pour son manque de respect envers son domaine. Bien que je comprenne parfaitement ses motifs, le moyen était quelque peu excessif ; toute cette histoire lui ressemble tellement à vrai dire… », conta-t-il l’air songeur.

- « Mon seigneur ayant disparu subitement après son baroud d’honneur sur la ville de Tokyo, j’ai repris les rennes des forces atlantes et mis fin à cette tragédie. Le mal était malheureusement déjà fait, et ce à tous les niveaux. Le zèle du maître des mers a non seulement scellé le sort de nombreuses vies humaines mais aussi condamné deux civilisations éveillées, le panthéon Nyorais notamment, lequel s’est sacrifié pour stopper leur ennemi olympien. », continua-t-il les yeux rivés au loin.

Cet épisode lui paraissait être hier tellement la douleur de l’échec était encore grande. Pourrait-il un jour se pardonner d’avoir failli dans son œuvre pour la survie d’Atlantis ? Serait-il en mesure d’aller de nouveau de l’avant avec un tel poids sur la conscience ? La jeune fille intensifia un peu plus son aura de bienveillance alors que les regrets de l’ancien général du kraken étaient de plus en plus palpables.

- « Poséïdon avait été infecté par une malédiction et était redevenu mortel semblait-il. Pire, son pouvoir le consumait désormais et son temps était compté. Même s’il méritait sans doute son sort, je ne pouvais me résoudre à le laisser périr de la sorte, ne serait-ce que parce que la cité sous-marine n’existait que par le fait de son pouvoir. En tant que protecteur d’Atlantis, je devais faire tout mon possible, et plus encore, pour garantir l’avenir de ce domaine si merveilleux. », expliqua le jeune Verseau avec nostalgie.

- « Les affaires relevant du divin étant l’apanage des divinités, je ne disposais que de peu de marges de manœuvre et encore moins d’échappatoire. Aussi me suis-je tourné à contrecœur vers celui qui me semblait être le plus qualifié pour traiter cet épineux problème : Thanatos, le maître actuel du domaine infernal. Je vais vous épargner les détails mais le résultat ne fut pas celui escompté et pour simplifier : nous avons tous les deux été trompés par une divinité tierce d’un panthéon mineur oublié de presque tous. », ajouta-t-il en soupirant.

Hakon dut interrompre un petit moment son histoire. Ses yeux étaient humides et sa vision brouillée par un film de larmes naissantes. La douce énergie de son improbable interlocutrice lui donna la force nécessaire pour se confronter à ses faiblesses et achever son récit.

- « Au final et pour le peu que j’en ai compris, Poséïdon a retrouvé son immortalité au travers d’un processus de renaissance. La contrepartie fut la perte de ses pouvoirs, qu’il ne retrouvera visiblement qu’au fur et à mesure de sa croissance. Il doit vraisemblablement demeurer auprès de Zeus en Olympe sous la forme d’un enfant, ou tout au plus d'un adolescent… », supposa-t-il, tout en ignorant au final le devenir de son monarque passé.

-  « Sans le pouvoir de l’empereur des sept mers, Atlantis allait perdre sa cohésion cosmique. J’ai assisté impuissant aux derniers instants de cet endroit remarquable, non sans m’être assuré au préalable de l’évacuation de la population et du retour à l’anonymat du peu de Marinas encore en activité. Bientôt les écailles perdirent leurs pouvoirs et la Cité aux mille joyaux sombra corps et âmes dans l’oubli. J’étais fermement résigné à partager le sort du domaine abyssal en guise d’expiation… », annonça-t-il, la voix tremblante sous le poids de l’émotion.

- « Et c’est à ce moment précis que l’armure du Verseau est venue vous sauver d’une mort aussi inévitable qu’inutile. », ajouta la jeune présence un souriant tendrement au guerrier albinos.

Le protecteur saint tressaillit instinctivement – il venait de comprendre…

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Le vent souffle à l’horizon,
Annonciateur de troubles.
Le temps suspend son vol,
Observateur de la destinée.
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Elle trouvait les humains fascinants, certes imparfaits, parfois exécrables et condamnables, mais la plupart avaient une remarquable propension à surmonter les difficultés et à survivre envers et contre tout. L’humanité méritait de pouvoir exprimer librement son véritable potentiel et d’atteindre un jour une destinée plus glorieuse que ne le laissait suggérer l’état actuel des différentes sociétés. Tout était question de temps et de patience.

Il venait de comprendre qui s’était immiscé dans son paysage mental alors qu’il se trouvait en état de méditation profonde. Surpris, il ne savait plus trop comment réagir et poursuivre cette rencontre, d’autant plus qu’il ignorait le pourquoi de cette apparition divine.

- « Ne soyez pas effrayé Chevalier ! Je ne vous veux aucun mal. », rassura la présence cosmique.

- « Cette rencontre spirituelle et cosmique se veut quelque peu inattendue Dame Athéna. », répondit humblement le jeune homme.

La divinité sourit de plus belle : cet humain avait une intrigante étincelle intérieure, laquelle ne demandait qu’à briller pour devenir étoile. Il était imparfait, et parfois maladroit, mais possédait une destinée digne des plus grands héros de l’antiquité. Avant de pouvoir se réaliser, il lui faudrait toutefois se libérer du carcan de son passé.

- « Dites moi Chevalier, que pensez-vous de l’humanité ? », questionna innocemment la jeune fille.

- « Nous sommes dans une époque plutôt trouble, une époque dans laquelle le dieu dollar et le pouvoir règnent en maîtres. Vous n’êtes quelqu’un que si vous êtes socialement reconnu et peu importent les moyens pour obtenir ce statut. Ce qui est vrai au niveau d’une nation l’est tout autant au niveau d’un individu. En définitive, je suis d'avis que les humains sont maîtres de leur destin, fut-il si funeste qu’il les conduise irrémédiablement à leur autodestruction. Mais gageons que le bon sens collectif se réveille un jour et offre au monde une issue plus favorable. Quoi qu’il en soit, ce sera leur choix. C’est bien cela après tout le libre-arbitre ? », répondit spontanément l’ancien Marinas.

La déesse constata que le Verseau était plutôt éclairé pour son jeune âge. A chaque fois qu’un dieu avait déclenché ou pris part à une guerre, un autre était venu pour le contrer, puis un troisième, un quatrième, etc. A la fin, les seuls véritables perdants s’étaient révélé être les humains. Tels étaient les olympiens : avides de conquêtes et de conflits. Lorsque Zeus avait décrété le retrait des divinités des affaires humaines et réparti le monde des humains en trois domaines, Athéna avait hérité de la terre et s’était aussitôt positionnée en gardienne de l’humanité et de son libre-arbitre, notamment face à l’avidité de ses oncles Hadès et Poséïdon. Elle avait dû consentir énormément de sacrifices pour conserver le statu quo, chaque guerre sainte ayant irrémédiablement réclamé son tribut de sang. L’espérance de vie d’un chevalier était plutôt faible et certains succombaient avant même d’être sortis de l’adolescence…

- « Effectivement, vous ne vous y trompez pas : il s’agit bien là du libre arbitre que nous protégeons par le sacrifice de nos vies. », rétorqua-t-elle en se remémorant toutes les fois où ses incarnations avaient expérimenté la douleur et la mort.

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Les souvenirs s’étiolent,
Emportant nos amours.
Nos destins s’envolent,
Détruits pour toujours.
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Hakon s’était exprimé avec sincérité depuis le début de cet entretien impromptu. Cependant, il ignorait toujours la raison de la manifestation divine au beau milieu de sa transe méditative. Il avait lu beaucoup d’ouvrages sur la mythologie antique, des récits sur les interventions divines à travers les âges, des statues qui s’animent, des rêves prémonitoires, des transes éveillées, des signes climatiques, géologiques ou tout autres faits inhabituels… C’est bien la première fois qu’il expérimentait lui-même un échange avec une divinité par un autre médium qu’un hôte ou une incarnation : cette expérience se révélant à la fois déroutante et enrichissante.

- « Après ces premiers jours au Sanctuaire, comment qualifieriez-vous votre nouvelle demeure ? », questionna alors l’apparition cosmique, comme pour rompre un silence gênant.

- « Passées les questions intrinsèques sur les raisons de ma présence parmi les chevaliers saints, questions par ailleurs toujours sans réponse, j’ai pris le temps d’évaluer avec attention mon nouvel environnement. L’organisation, le moral et l’état d’esprit général, les individualités. En bref, une analyse nécessaire pour dresser des indicateurs concrets de la santé globale du Sanctuaire. », répondit avec enthousiasme le jeune atlante déchu.

La jeune fille ne put s’empêcher de rire innocemment devant le sérieux et l’enthousiasme du protecteur du onzième temple. Les jeunes gens non éveillés de l’âge de ce dernier ne pensaient en général qu’à s’amuser et à s’amouracher avec leurs pairs. Il demeurait cependant indéniable que les individus éveillés au Cosmos n’appartenaient plus à la société des hommes ; ils se devaient d’évoluer et gagner en maturité bien plus rapidement que les humains standards. Dans le cas du finlandais, il s’exprimait comme un homme d’une quarantaine d’année, une évolution sans nul doute provoquée par les innombrables défis qu’il avait été contraint de relever, ou encore par une accumulation de mésaventures et de drames que la plupart ne connaitraient jamais en toute une vie.

- « Et donc, quelles sont vos conclusions concernant mon Domaine ? », interrogea ensuite la divinité.

- « Sans vouloir vous manquer de respect, je pense que le Sanctuaire n’est aujourd’hui plus que l’ombre de lui-même et qu’il n’est plus apte à assurer sa mission de défense de l’humanité contre les menaces divines qui pourraient surgir. La disparition récente de votre incarnation et du Pope laisse planer une désorganisation certaine, ainsi qu’une démotivation palpable de certains chevaliers d’or. Ajoutons à cela certaines personnalités fortes livrées à elles-mêmes, fait qui n’arrange en rien la situation. Il est indéniable que l’équilibre cosmique est rompu : la disparition d’Hadès, ainsi que la neutralisation de Poséïdon et des atlantes, laissent la porte ouverte à des opportunistes qui ne manqueraient pas de noter la régression de l’influence olympienne sur le monde des humains. J’en veux pour exemple que les Enfers sont désormais gouvernés par Thanatos et que la résurgence soudaine d’Eris ne présage rien de bon. Les enfants de Nyx sont plus libres que jamais d’œuvrer à quelques hypothétiques projets occultes et nous ne serions aujourd’hui pas prêts à les contrer si leurs ambitions venaient à menacer les hommes. Sont-ils une menace à moyen ou long terme ? D’autres forces guettent-ils dans l’ombre ? Voici autant de questions qui me font penser que le Sanctuaire doit se renforcer et se préparer dès aujourd’hui pour être prêt le moment venu. », argumenta le jeune albinos avec son sérieux habituel.

Les propos du Verseau n’étaient pas des plus plaisants à entendre mais un fond de vérité émanait de cet exposé : le Sanctuaire devait avoir un dirigeant pour le guider au travers de cet avenir obscur qui s’annonçait…

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La destinée vacille subitement,
Telle une flamme face au vent.
Mon âme s’embrase lentement,
Calcinée par le poids du temps.
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La divinité observa quelques instants de silence, le regard fixé vers le néant. Le fait de ne plus être incarnée présentait quelques désavantages, comme celui de ne plus pouvoir se rendre dans le monde en trois dimensions des humains ou encore celui de pouvoir guider personnellement sa caste de chevaliers. Néanmoins, la véritable forme divine des olympiens, celle revêtue dans leur monde d’origine, l’Olympe, leur conférait des pouvoirs inimaginables, par exemple la capacité d’entrapercevoir les évènements au travers de la trame de la réalité elle-même. Le présent et l'avenir étaient confus et se révélaient plus incertains que jamais… Le processus d’incarnation étant particulièrement long, et se refusant toujours au mécanisme de possession, elle aurait besoin de quelqu’un pour réagir aux évènements pouvant survenir et organiser le Sanctuaire afin de parer à toute éventualité.

- « Selon votre constat, quel chevalier d’or serait le plus apte à occuper le poste de grand Pope ? », interrogea la jeune fille.

Le chevalier des glaces prit quelques instants de réflexion pour rassembler ses idées et donner un avis le plus objectif possible.

- « Si l’on ne prend en compte que le prestige de la lignée et la puissance pure, Eurydice des Gémeaux serait un choix par défaut acceptable. Elle fut l’élève de Gareth, grand Pope aux heures sombres de la dernière guerre sainte, et porte désormais l’armure des Gémeaux. Sa puissance cosmique est indéniable. Mais, je crois avoir dénoté chez elle quelques problématiques d’ego, si ce n’est d’égocentrisme, et surtout une instabilité émotionnelle pouvant dévoyer ses capacités diplomatiques et décisionnelles. », argumenta sur un ton logique le jeune homme.

- « Un second choix potentiel pourrait être Azir du Lion. Cet homme me semble détenir un grand sens de l’honneur et des préceptes du Sanctuaire, il serait assurément plus réfléchi que notre demoiselle. Toutefois, il est certain que sa dernière mission au côté de votre dernière incarnation et du précédent Pope l’a troublé plus qu’il ne souhaiterait l’admettre. Je pense de surcroit qu’il est toujours attaché à son côté ‘humain’, ce qui pourrait lui nuire à terme s’il ne se détache pas plus de son ancienne vie pour disposer d’une vision plus globale de l’échiquier divin. Un Pope doit pour moi prendre les décisions, même les plus difficiles, pour permettre d’assurer la mission de préservation qui est la sienne, tout comme il se doit d’être inébranlable pour guider ses camarades même dans les ténèbres les plus denses. Donc en ce qui le concerne, il pourrait devenir un excellent Pope en gagnant en maturité. Avons-nous réellement le temps d’attendre qu’il soit prêt ? », continua le finlandais, toujours aussi stoïque.

- « Troisième choix probable : Lesath du Scorpion. Je ne doute pas un seul instant que mon confrère soit un dévoué serviteur de votre Majesté mais pour moi sa trop grande réserve en fait plus un exécutant de choix plus qu’un dirigeant. Son manque de loquacité rend compliquée l’analyse de sa psyché – peut-être pourrait-il être LE candidat inattendu… », ajouta l’ancien atlante.

- « Pour les autres chevaliers d’or, je ne dispose pas de suffisamment de données pour émettre un avis objectif et constructif. », conclut-il finalement.

La déesse écoutait attentivement les argumentaires de son subalterne. En réalité, ce n’était pas tant l’avis du chevalier qui l’intéressait que son comportement face à cette situation pertinemment créée. La réaction méthodique de l’ancien bras droit de son oncle se révélait à la hauteur de ses attentes.

- « Chevalier, il semblerait que vous ayez occulté un candidat : vous-même. », ajouta-t-elle en observant avec amusement la surprise sur le visage de son interlocuteur.

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La brise caresse ce lendemain,
Annonciatrice du changement.
Le temps illumine notre destin,
Scintillante étoile au firmament.
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Le scandinave ne s’attendait pas à la dernière réplique de la divinité. Celle-ci l’avait laissé pantois quelques instants, quoiqu’il en eût fallu un peu plus pour le déstabiliser complètement et le pousser dans ses retranchements. Il ne pouvait se mentir à lui-même et avait déjà envisagé cette option, bien qu’elle fût rapidement réfutée pour des raisons qu’il s’apprêtait à exposer :

- « Je ne pense pas être le meilleur aspirant pour le poste. Etant encore Marina il y a peu, la légitimité de ma candidature est plus que discutable : la méfiance des autres chevaliers d’or à mon égard est grande ; je peux aisément les comprendre. », commença par expliquer le jeune Saint.

- « Ensuite, mes actions au service de l’Atlantide n’ont mené qu’à sa chute. Malgré tous mes efforts, j’ai échoué dans ma tâche et tout a disparu : quel piètre leader j’ai été… », ajouta-t-il en soupirant.

La jeune présence demeura dubitative un léger moment. Plus cette entrevue durait, plus son choix initial s'affirmait. Il ne restait plus qu’à convaincre le principal intéressé de ses propres forces et qualités.

- « Chevalier, je pense que c’est justement parce que vous n’êtes animé ni par une soif de pouvoir, ni par des intérêts personnels que vous faites un candidat de choix. C’est également parce que vous avez connu à plusieurs reprise la détresse de perdre ce qui vous était cher que vous êtes à même de comprendre, appliquer et faire appliquer le dogme que j’ai édicté depuis que le Sanctuaire existe. », énonça la présence cosmique sur un ton solennel.

- « De plus, vous avez deux atouts indéniables jouant en votre faveur. Le premier est que vous avez justement déjà exercé un commandement et mené la faction de mon oncle, poste qui, je n’en doute pas un seul instant, n’a pas dû se révéler être de tout repos au quotidien. Le second, d’ordre plus pratique, est que vous avez été le réceptacle de l’âme colérique de Poséïdon plusieurs semaines durant, tout en ayant survécu à cette expérience normalement fatale pour n’importe quel autre mortel. », ajouta-t-elle en guise de démonstration.

- « Pourquoi croyez-vous que vous ayez été sauvé ? Tout était quasiment écrit depuis le début… Je ne recherche pas qu’un commandant, je veux désigner un représentant sur Terre, quelqu’un apte à recevoir mon pouvoir et à agir en mon nom. Au cas où vous ne l’auriez pas encore compris, je vais être plus claire : je vous ai choisi, Hakon du Verseau, pour devenir ma voix et diriger le Sanctuaire et les chevaliers du zodiaque en mon absence. Vous êtes le plus apte ; le doute n’est aucunement permis. », déclara la déesse sur un ton un peu plus ferme.

Il est vrai que les voies des dieux étaient impénétrables. Le chevalier des glaces avait perdu de sa répartie, demeurant pensif. Il avait besoin d’un peu de temps pour absorber les derniers propos de la fille de Zeus. Bien que dubitatif, il ne pouvait se permettre de faire patienter son interlocutrice, encore moins de s’opposer à son verdict. Il accomplirait la volonté des dieux, comme son destin l’avait toujours dicté.

- « Que dois-je faire pour vous être agréable et répondre à vos attentes ? », questionna simplement l’ancien atlante.

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Un héros s’élève parmi l’humanité,
Revêtu de son long manteau doré.
Une destinée se révèle désormais,
Fière annonciatrice de prospérité.
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La présence éthérée gratifia le chevalier d’un sourire maternel. Ce dernier se montrait raisonnable et semblait avoir saisi ce que la divinité attendait de lui. Sa tâche ne serait pas aisée, loin s’en faut, mais elle était intimement convaincue, et ce depuis un moment déjà, qu’il se montrerait apte et efficace dans la fonction qu’il endosserait bientôt.

- « Bien, je constate que vous vous êtes ressaisi. », prononça-t-elle ensuite d’un air satisfait, marquant ensuite une pause de quelques secondes.

- « Je vais vous transférer une parcelle de mon pouvoir, processus qui vous semblera familier puisqu’il ressemblera quelque peu à celui que vous avez pu expérimenter lors de l’hébergement de l’âme de mon oncle ; à la différence près que cette manipulation sera autrement moins invasive. Ma cosmo-énergie se mêlera progressivement à la vôtre pour ne faire plus qu’une et augmenter considérablement votre potentiel. Fermez les yeux et détendez-vous, je vous prie. », ajouta-t-elle tout en intensifiant son Cosmos.

La fille de Zeus apposa la paume de sa main droite sur le dos du guerrier des glaces. En une impulsion continue et maîtrisée, elle débuta le transfert d’énergie vers ce nouveau réceptacle vivant. Au début de l’opération, le finlandais ressentit un léger picotement lui parcourant l’échine, semblable à une décharge électrique de faible puissance. La sensation s’intensifia progressivement, alors qu’une onde de chaleur lui envahissait le corps tout entier. Loin d’être aussi désagréable que lors de l’ancrage forcé de l’âme de Poséïdon dans son propre corps, l’ancien atlante ressentait même après quelques instants un sentiment de béatitude qu’il n’avait plus éprouvé depuis fort longtemps.

Si l’expérience ‘Poséïdon’ avait été semblable un torrent orageux tentant de forcer un barrage protégeant une vallée, la présente expérience se révélait plus proche d’une jarre en terre cuite s’emplissant de l’eau d’un paisible ruisseau. Le transfert dura plusieurs minutes. Après que son interlocutrice ait achevé cette opération, Hakon sentit que son propre Cosmos absorbait peu à peu celui d’Athéna, se renforçant et augmentant en intensité.

- « Afin que nul ne puisse contester ma décision, je vais par ailleurs graver mon sceau sur le dos de votre main gauche. La chouette est symbole d’intelligence et de sagesse ; nul ne pourra contester la légitimité de votre position à la vue de cette marque. », annonça ensuite la jeune apparition, tout en traçant dans l’air des volutes dorées à l’aide de son index.

Les tracés cosmiques s’agglomérèrent en une forme concise allant peu après s’inscrire sur la main de l’ex-Marina. Ce dernier éprouva une brûlure passagère lors de l’inscription, laquelle se dissipa assez rapidement. Le symbole scintillait d’une lumière vive teintée de jaune et dégageait une signature cosmique étrangère à la sienne.

- « A partir de cet instant, vous cesserez d’être le chevalier du Verseau pour devenir le Représentant terrestre d’Athéna, fille de Zeus, Maître de l’Olympe. Levez-vous Hakon, je vous ordonne Grand Pope du Sanctuaire dès à présent et vous confère tous les pouvoirs afférents à cette fonction. Puissiez-vous vous montrez digne de ma confiance et mener mes Saints comme je le ferai moi-même. », prononça la déesse dans une attitude des plus solennelles.

- « J’espère être à la hauteur de vos espérances, Dame Athéna. », prononça simplement le jeune éveillé, une pointe d’émotion dans la voix.

- « Ayez confiance en vous et tout se passera pour le mieux. Maintenant éveillez-vous, Grand Pope Hakon, le Sanctuaire a plus que jamais besoin de vous. », conclut-elle avant de résorber sa construction cosmique et de s’évanouir du paysage mental du chevalier des glaces.

Il était désormais grand temps pour l’albinos de rentrer et d’assumer sa nouvelle charge…