Saint Seiya
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[Frontline] Code Name : Infinity & Beyond
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Mélissa ne pensait pas remettre les pieds sur l'île de la Grande Diomède de sitôt et elle aurait volontiers passé le reste de sa vie sans jamais revoir cet endroit : trop de ses camarades avaient perdu la vie en ces lieux, s'étaient sacrifiés pour empêcher un dément et ses acolytes de réaliser leurs folles ambitions. Elle ne serait pas étonnée d'apprendre qu'il en était de même pour Johnson. Les impératifs de leur mission en avaient cependant décidé autrement.

Les deux agents n'étaient pas les seuls à être venus se recueillir devant le monument aux morts avant l'expérience. Le terme « monument » était d'ailleurs excessif : les organisations secrètes ne pouvant laisser aucune trace de leur présence, elles s'étaient contentées d'honorer les défunts en érigeant un cairn dans une anfractuosité rocheuse à l'abri des vents. Pas de noms ni de décorations, rien qu'un empilement de pierres tout à fait banales. Chacune représentait une vie, sans distinction de grade ni de nationalité, les américains reposant symboliquement avec les russes, les japonais, les français et les britanniques. Les iraniens et les chinois ne faisaient pas partie de l'opération à l'époque, la toute première à réunir plus de deux Agences pour faire face à un ennemi commun ; ils s'étaient rattrapés depuis en versant leur sang à leurs côtés sur d'autres champs de bataille.

L'heure approchait. Elle se releva et se tourna vers le large, embrassant la scène du regard. Comme l'Ordre de Lémuria avant elle, l'alliance avait débarqué sur l'île à partir d'une des rares plages venant briser la muraille de falaises à pic ceinturant ce bout de roc battu par les vents au milieu du détroit de Béring. Une pente douce émergeait de la mer et s'enfonçait de plusieurs centaines de mètres vers l'intérieur des terres ; des pontons flottants avaient été placés à son pied, créant un port éphémère pour décharger les hommes et le matériel. Plus loin de la côte, là où l'eau était plus profonde, mouillaient plusieurs navires de guerre en formation ; un arc de cercle dont le sommet – qui était situé aux trois-quarts de celui de la pente – serait l'épicentre de l'expérience, ce qui leur permettrait d'y concentrer une puissance de feu suffisante pour raser une petite ville au cas où les choses tourneraient mal. La pente, les falaises environnantes et les hauteurs surplombant ce point étaient constellées de pièces d'artilleries, rampes de lancement de missiles et lasers militaires sur leurs supports – les ingénieurs R&D avaient fini de fusionner les systèmes américains et français, Lansknecht et Salamandre – ainsi que de robots de combat japonais gagnant peu à peu leurs positions avant de braquer leurs armes vers le même point que tous les autres équipements. D'ici peu, même les cieux accueilleraient toute une escadrille de drones.

« Vous croyez qu'il y en a assez ? » demanda Johnson, légitimement inquiet. Les scientifiques s'apprêtaient à ouvrir une brèche vers une autre dimension en exploitant une fragilité spatio-temporelle héritée de l'Ordre après tout. Ils ne savaient pas ce qu'ils trouveraient de l'autre côté, ils ne pourraient jamais se montrer trop prudents. Mélissa n'avait de toute façon jamais été femme à plaisanter avec la sécurité, aussi avait-elle apporté des suggestions de son cru au dispositif : mines antichar, gaz toxiques dont l'utilisation relevait du crime contre l'humanité, mixtures incendiaires si voraces que même les nazis avaient préféré ne pas y toucher, sans oublier toute la panoplie de surcharge sensorielle... Tout cela en sus des mesures classiques de dernier recours bien sûr, c'était aussi pour cette raison qu'ils utilisaient une île inhabitée située à des dizaines de kilomètres de la civilisation.

« Nous ne le saurons qu'une fois le portail ouvert je suppose mais nous ne sommes pas dans la même situation que la dernière fois. Ce coup-ci nous contrôlons la porte, nous sommes mieux informés, mieux coordonnés et mieux équipés. Nous avons fait tout ce que nous pouvions. »

Un dernier coup d’œil vers le large ; ces reflets dans le lointain seraient-ils ceux du pont de glace entre les deux îles Diomède, franchissant la ligne de changement de date pour relier les États-Unis à la Russie, l'Amérique à l'Eurasie ? Selon les occultistes, cet état de fait avait apparemment une portée mystique qui avait amené au choix de ce lieu fatidique. Un point de passage et de séparation, un point de contact entre deux géants opposés dont l'influence avait divisé et failli détruire le monde, un point à cheval entre hier et demain. L'idéal pour ouvrir une faille.

Accompagnés du reste de leurs escadrons déjà sur le pied de guerre, ils firent route vers l'épicentre et les autres éveillés qui se tiendraient en première ligne en cas de pépin. Un espace dégagé – à l'exception de murets de protection placés à des endroits stratégiques pour fournir un abri aux gardes si nécessaire – avait été aménagé dans un rayon de 200 mètres autour de la porte, un périmètre circulaire de 64 Timur enterrés enserrant un second cercle plus petit de douze piliers métalliques reliés par un circuit en matériaux anormaux purifiés, alimenté par des câbles s'étirant sur plus d'un kilomètre jusqu'aux installations scientifiques. Cet outil, une sorte d'énorme ROD modifié, représentait la cristallisation des technologies les plus avancées à la disposition des Agences ; à quelques minutes à peine du lancement de l'expérience, les techniciens – avec Ishii à leur tête – continuaient d'en inspecter chaque détail avec un soin maniaque.

« Tout est prêt de votre côté ? » demanda l'américain aux mercenaires et à l'équipe d'Archavine, ignorant pour l'instant les crânes d’œuf. « Comment trouvez-vous les nouvelles batteries, c'est plus facile de bouger non ? »

Ils faisaient partie des premières unités à recevoir la dernière génération d'accumulateurs électriques ultra-compacts pour leur matériel, ce qui devrait améliorer sensiblement leur mobilité et leur endurance. En espérant qu'ils n'en auraient pas besoin...

« J'espère aussi que vous avez bien écouté les instructions de l'armurier parce que pour les grenades incendiaires et neurotoxiques nous vous avons fourni la version extra-vicieuse. »
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Après une mission au Proche-Orient qui faisait office d'interlude, l'escouade Kazanski se retrouvait de nouveau à se les geler dans le nord, en plein milieu du détroit de Béring. Certes, les mercenaires étaient dans des combinaisons leur garantissant une température corporelle optimale, sauf que cela ne les empêchait pas de trouver le décor assez redondant. A l'exception de Vitold, ils auraient préféré une opération dans les tropiques histoire d'évoluer dans une ambiance plus glamour, mais les pontes de Firmament étaient visiblement trop ennuyeux pour s'intéresser à des environnements qui ne soient pas austères. Par contre, on pouvait dire qu'au niveau du jargon technique et des piles de dossiers à étudier, ils étaient vachement généreux à la matière. Tellement généreux même que le Bourreau et sa bande ne pigeaient quasiment rien de ce qu'on leur racontait.

Postés sur l'île de la Grande Diomède, les soldats passaient en revue leur équipement et attendaient les ordres de leurs supérieurs. L'agent Johnson leur demanda s'ils étaient prêts, ce à quoi ils répondirent par l'affirmative. Toutefois, lorsque Mélissa Traoré vint s'assurer auprès d'eux s'ils savaient tout sur les nouvelles grenades incendiaires et neurotoxiques, ils devaient avouer qu'ils séchaient. Tout ce qu'ils avaient compris du briefing sur leur armement était que ces grenades étaient des versions améliorées des anciennes, mais ils avaient encore beaucoup de mal avec les détails. Ce fut Robert qui se risqua à expliquer à la matrone que leur commando n'avait pas entravé grand chose :

"Euh... Disons qu'on sait qu'elles font encore plus de dégâts et qu'on doit faire super gaffe... Le truc c'est qu'on n'a pas tout capté lors de la présentation."

"Sorry Ma'am." ajouta Arnold avec un sourire embarrassé.

Vitold, Doyle et William se raclèrent la gorge pour confirmer qu'ils n'étaient pas dans une meilleure situation que leurs deux collègues. Même s'ils passaient pour des abrutis de première, au moins ils étaient contents d'avoir des batteries moins lourdes à transporter sur le champ de bataille afin d'activer leurs armes avec plus de facilité. Leur force physique exceptionnelle leur permettait certes de se trimbaler avec des objets pesant un âne mort voire plus, mais s'ils pouvaient utiliser toutes les innovations technologiques à leur disposition pour se sentir aussi légers que des plumes, ce n'était pas de refus.

En effet, ils en auraient besoin étant donné qu'ils s'engageaient dans ce qui semblait être leur mission la plus périlleuse, ce qui était déjà une prouesse en soi tant leurs précédents déploiements étaient homériques. Heureusement, l'escadron Kazanski avait pu échapper au Théozoa d'Alep avant qu'il ne pose ses sales pattes sur ses membres et, par surcroît, à une éviscération en règle. La ville syrienne devaient être complètement ravagée et ses habitants massacrés jusqu'au dernier à l'heure actuelle à cause de cette abomination additionnée aux bombardements et aux attaques chimiques. Tout ceci était derrière eux désormais et ce petit garnement d'Hamid était en sécurité avec sa famille, du moins Arnold et ses compères l'espéraient. Maintenant, il était temps pour les agents de se tourner vers des horizons inexplorés par les simples mortels : les voyages inter-dimensionnels.
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Mélissa n'avait pas encore enfilé son casque et fut donc à même d'exprimer son désarroi à l'aide de la gestuelle appropriée. C'était ça le problème avec les équipements de protection, les conversations de ce genre perdaient de leur impact quand on ne pouvait pas se pincer l'arête du nez ou s'infliger une gifle face à la dernière idiotie d'un subordonné. L'identité de celui qui subirait ses réprimandes restait cependant à déterminer : de l'instructeur ou du soldat, qui était le fautif ? Johnson et elle se tournèrent de nouveau vers les ingénieurs... toujours absorbés par leurs checklists et leurs réglages, ils avaient encore un peu de temps devant eux. Un mal pour un bien quelque part, elle avait bien fait de vérifier et maintenant elle avait la possibilité de rectifier le tir avant qu'il ne soit trop tard.

« Donner ça à des soldats sans s'assurer qu'ils ont bien retenu les consignes, ils vont m'entendre... » gronda-t-elle finalement, ayant décidé qu'il était du devoir des officiers de tenir compte des éventuels points faibles de leurs subordonnés et de compenser en conséquence ; l'américain semblait approuver. Heureusement qu'elle était experte dans le maniement de ce genre d'armes potentiellement aussi dangereuses pour leurs utilisateurs que pour l'ennemi. « Il ne s'agit pas juste de faire davantage de dégâts et de faire un peu plus attention : ce qu'il y a dans ces incendiaires fait passer le napalm pour de l'eau plate, c'est un composé qui peut enflammer n'importe quoi ou presque. Quand ça n'explose pas par simple contact ça brûle la pierre, le verre, le métal, le plastique, l'eau, l'amiante, pour ne rien dire de ce que ça fait à la chair, le tout en dégageant suffisamment de chaleur pour faire fondre l'acier. Et ce n'est que le début : les produits de cette réaction sont hautement corrosifs, toxiques et cancérigènes. »

Les joies des composés d'halogènes, que les Agences utilisaient à l'occasion quand elles devaient absolument s'assurer du décès de quelque chose. Généralement une entité très résistante (le produit chimique brûlant ce qui était d'ordinaire considéré comme des matériaux ignifugés et réagissant allègrement avec les métaux les plus solides) ou disposant de grandes facultés d'auto-régénération, lesquelles avaient tendance à se détraquer sous l'influence de ce genre de substances qui s'insinuaient jusque dans les os, mutilaient l'ADN lui-même au cœur des cellules. Même s'ils ne s'en servaient que rarement, les agents étaient normalement entraînés à leur maniement ; ils avaient cependant parfois besoin de rappels, comme c'était le cas ici.

« Vous êtes passés par Alep et vous avez affronté Schneider, non ? Il a dû utiliser une attaque du même type ; vos combinaisons contiennent cinq couches non-réactives spécialement pour vous protéger de ce composé et vos armes sont également traitées avec un revêtement inerte. Faites attention quand même, c'est une variété encore plus caractérielle que le difluor pur. »

« Peut-être que cela vous paraît extrême mais je vous garantis que face à ce qui a franchi cette porte la dernière fois, cela ne sera pas du luxe. »

Le malade mental en chef commandant les troupes de l'Ordre avait voulu s'approprier les pouvoirs d'une entité venue d'un autre monde. Leurs experts n'avaient toujours pas réussi à identifier formellement la créature, faute d'échantillons exploitables après l'incinération de la zone – il avait fallu des semaines pour faire partir les marques dans la roche de l'île – parce que même sans tête et coupée en trois cette chose ne s'était pas arrêtée de bouger et de massacrer leurs soldats, ce qui les avait obligés à en finir de manière drastique. À moins que les mercenaires n'aient dormi pendant cette partie-là du briefing, ils devraient comprendre la nécessité de ces mesures.

« Pour ce qu'on en sait, une partie de la créature est toujours vivante et toujours là, de l'autre côté. Les scientifiques nous assurent qu'ils ont fait en sorte que la porte débouche ailleurs et qu'il y a peu de chances de la croiser à nouveau mais au cas où... »

Les regards se tournèrent de nouveau vers Ishii, qui parut enfin remarquer l'attention qu'on lui portait et les envoya paître avec irritation.

« Quoi, pourquoi me regardez-vous comme ça ? Je m'occupe d'électronique et d'électricité moi, pas de chronotopologie non-euclidienne, de métabiologie ou de géométrie extra-dimensionnelle, allez embêter quelqu'un d'autre ! »

« Et sinon, vous avez fini bientôt ? Pas que nous soyons particulièrement pressés de nous faire démembrer hein, mais... »

« Je finirais plus vite sans interruptions. »

La française rappela son collègue à l'ordre tout en sachant qu'il n'asticotait le nippon – qui grommelait maintenant ce qui devait être une série d'injures salées dans sa langue natale – que pour évacuer la tension qu'il ressentait. Ce n'était pas du niveau d'un réel syndrome de stress post-traumatique mais se retrouver à nouveau sur les lieux de ce carnage n'était plaisant pour personne.

« Quant à la neurotoxine, nous avons relevé la mixture habituelle avec un composé à base de cadmium. Soyez contents, contrairement au poison que vous utilisez d'ordinaire celui-ci a une odeur qui vous alertera tout de suite au cas où l'étanchéité de votre tenue serait compromise ou si vos capteurs chimiques ne marchaient plus pour une raison ou pour une autre ; c'est pour ça que vous avez un masque respiratoire de secours en plus du casque. »

Non que ce dernier cas ait de grandes chances de se produire hors d'une situation qui enverrait de toute façon leurs soldats droit au cimetière, leur matériel étant conçu pour résister aux pires abus mais le terme « excès de prudence » n'existait pas dans leur dictionnaire.

« C'est bon, tout est clair ? »

« Dix minutes ! » annonça soudain l'ingénieur en se relevant et en commençant à ranger ses outils. Ah... tout compte fait, ça ne l'aurait pas gênée que les techniciens prennent leur temps.
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Non sans montrer son exaspération face à l'ignorance de ses subordonnés, Traoré consentit à leur expliquer clairement le fonctionnement des nouvelles grenades ainsi que leurs propriétés. Les bombes incendiaires avaient l'air extrêmement corrosives d'après ce que la Française leur décrivait, aussi les mercenaires avaient-ils intérêt à ne pas les utiliser à la légère. Quant aux neurotoxiques, elles avaient été enrichies au cadmium pour un empoisonnement bien plus ravageur et aux conséquences irréversibles sur le long terme. Vitold devait reconnaître à Firmament qu'ils investissaient une grande dévotion dans la conception de moyens toujours plus cruels et impitoyables pour tuer leurs ennemis. En effet, si les agences gouvernementales devaient se frotter un jour aux Éveillés, ils auront certainement besoin des armes chimiques les plus atroces à leur disposition.

L'escouade Kazanski nota par la même occasion que leurs supérieurs avaient fait bon usage des données qu'ils avaient récoltées à partir de leur affrontement contre Schneider. Même s'ils avaient failli se faire rôtir comme des poulet lors de cette éprouvante escarmouche, ils avaient au moins pu en tirer une leçon. Néanmoins, ils risquaient fortement d'avoir affaire à un adversaire pire que le géokinésiste à en croire les détails de leur mission : un monstre précédemment invoqué dans les parages à cause d'une expérience foireuse de l'Ordre de Lémuria. Il avait heureusement été enfermé dans une dimension parallèle avant de provoquer plus de dégâts, mais il n'était pas garanti qu'il n'interfère pas durant le voyage inter-dimensionnel des mercenaires, fût-il localisé dans un autre plan d'existence. De ce côté là, les agents de Firmament savaient plus ou moins à quoi s'attendre depuis qu'ils avaient rencontré un Théozoa.

Quand Johnson demanda aux soldats s'ils avaient bien tout compris, ces derniers répondirent par l'affirmative. Selon Ishii, qu'ils avaient brièvement croisé à Svalbard, il ne leur restait plus qu'une dizaine de minutes avant de débuter les opérations. Vitold et son équipe s'interrogeaient sur la nature de la dimension qu'ils allaient explorer, saisis d'une certaine appréhension face à l'inconnu. En tant que Spectre, le Bourreau avait déjà une expérience des voyages à travers les mondes parallèles, mais même lui ne savait pas quel genre d'endroit pouvaient bien avoir déterré les agences. Quoi qu'il en soit, tous les membres de son commando étaient désormais fin prêts : la mission pouvait commencer !
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Son cœur battait la chamade tandis que les équipes gagnaient les emplacements qui leur avaient été assignés autour de la porte. Ils étaient beaucoup mieux préparés et ils étaient les défenseurs cette fois, ils avaient la maîtrise du terrain. Ils n'avaient pas dû se mobiliser en catastrophe pour se retrouver à gravir une pente sous le feu constant de centaines d'hommes armés et d'une trentaine d'éveillés dont la moitié d'entre eux ne soupçonnaient même pas l'existence jusqu'à ce que les russes les surprennent en les contactant pour les informer du péril qui les guettait tous. Cette fois la brèche était équipée de mesures de sécurité et leurs agents étaient à l'abri derrière plusieurs lignes de pièges, de robots, de golems tout juste conjurés par leurs occultistes et de chimères fraîchement sorties des cuves de stase. Tout cela devrait logiquement retenir les visiteurs indésirables suffisamment longtemps pour les écraser sous un barrage d'artillerie ou désactiver la machine... Et pourtant, Mélissa n'arrivait pas à se défaire de son appréhension. Nul doute que c'était également le cas des autres vétérans de Diomède.

D'innombrables lignes s'affichèrent en surbrillance sur leurs visières à réalité augmentée avant de redevenir de simples marques grises. Elles se rejoignaient toutes au niveau de la porte et représentaient les trajectoires de tir des centaines d'armes braquées sur l'origine du danger potentiel ; elles brilleraient à nouveau un instant avant que l'arme correspondante ne fasse feu pour permettre aux soldats de se repositionner et de mieux se coordonner.

« Si le bombardement ne suffit pas, visez les membres pour déséquilibrer l'ennemi. » rappela Johnson à l'assistance. « Son bouclier pyschokinétique était plus concentré au niveau des organes vitaux la dernière fois ; ça ne le sauvera pas de l'effet guillotine s'il touche les bords de la porte. »

« Techniquement l'effet guillotine c'est ce qu'il se passera si on lui referme la porte dessus alors qu'il est à cheval entre deux sections d'espace-temps mais le résultat serait sensiblement identique dans votre scénario. » corrigea Ishii, provoquant un soupir agacé chez l'américain. De tous les moments qu'il aurait pu choisir pour étaler sa science... « Oui, bref, c'est ce qui a infligé le plus de dégâts la dernière fois. »

« L'appareil a besoin d'une alimentation constante en énergie sinon la faille se referme instantanément. Si rien d'autre ne marche, détruisez l'équipement. » compléta Traoré en ignorant la petite vengeance mesquine du japonais. Il y en avait toujours qui n'écoutaient pas pendant les briefings ou qui arrivaient à oublier et avaient besoin qu'on leur refasse rentrer dans le crâne juste avant l'instant décisif.

« Coupez les câbles de préférence, ils sont aisément accessibles et plus faciles à remplacer. » conseilla l'ingénieur, qui n'avait aucune envie de voir ces sauvages saccager inutilement le matériel perfectionné alors qu'il suffisait d'en débrancher la prise. Ils ne devraient pas avoir à en arriver là avec toutes les sécurités et dispositifs d'autodestruction incorporés au système. Il pouvait être désactivé à distance par les scientifiques, les soldats ou le QG à des milliers de kilomètres – au cas où le personnel présent à Diomède serait exterminé sans avoir le temps de réagir ou si leurs esprits étaient compromis, on ne savait jamais –, automatiquement si les résultats des instruments de mesure s'éloignaient trop de certaines valeurs ou que certaines conditions prédéterminées étaient remplies... Ils avaient même délibérément rendu l'assemblage fragile pour qu'il soit plus simple à neutraliser manuellement et y avaient disposé des explosifs aux détonateurs déjà armés. Les ingénieurs normaux intégraient des redondances à leurs machines pour qu'elles puissent continuer d'opérer même en étant endommagées ; ceux des Agences créaient des redondances visant à rendre les leurs inopérables. Ils transformaient ce faisant la porte – la source-même du danger – en arme contre toute entité hostile qui tenterait de l'emprunter. Qu'on ne vienne pas leur dire qu'ils n'avaient pas pris les choses au sérieux après tout ça.

« Si l'ennemi arrive malgré tout à maintenir le passage ouvert, continuez d'attaquer : sans l'assistance de la machine la tâche devrait monopoliser une part importante de son énergie et le rendre vulnérable. Si nous parvenons à le déconcentrer... »

Ils avaient peur, oui, mais ils n'étaient pas impuissants. Ils ressassaient leurs pires cauchemars mais ils s'en servaient afin de se préparer aux pires éventualités, pour ne pas être pris au dépourvu lorsqu'elles finissaient inévitablement par se concrétiser.

La voix du responsable scientifique de la mission annonça le début de l'expérience. Les Timur s'activèrent, générant une bulle parapsychique qui enveloppa la zone et cacha leurs émanations parapsychiques au monde extérieur. La surface des piliers crépita alors que des arcs électriques les reliaient les uns aux autres et que des inscriptions et symboles ésotériques jusque-là quasiment invisibles s'illuminaient. De multiples barrières d'énergie et champs de force concentriques se formèrent à l'intérieur comme à l'extérieur du cercle. Leur but ne se limitait pas à contenir un possible envahisseur d'outre-espace : il fallait empêcher tout micro-organisme de traverser dans un sens comme dans l'autre, tout flux d'air de se former en cas de différence de pression atmosphérique entre les deux côtés de la porte, fixer le degré de courbure de l'espace-temps si la gravité variait entre ces deux endroits et prendre mille autres précautions indispensables quand on se préparait à ouvrir un passage débouchant on ne sait où. Ce ne serait jamais aussi sûr que l'option préférée des survivants de la bataille contre l'Ordre – ne pratiquer ce genre de sauts vers l'inconnu que depuis une station spatiale située au-delà de l'orbite lunaire embarquant plusieurs ogives nucléaires ; les Agences n'avaient ni le budget ni la capacité d'ouvrir des portes n'importe où, hélas... – mais c'était une bonne approximation compte tenu des moyens à leur disposition.

Une fois ces mesures de sécurité mises en place, les scientifiques passèrent à la création de la faille entre les dimensions. Johnson avait supporté sans mal la première partie mais il se crispa lorsqu'il ressentit l'activation de Toungouska ; il ne fut pas le seul. L'arme spatio-temporelle russe avait été transportée jusqu'ici à bord d'un de leurs navires de guerre et leur servirait à perforer la trame de la réalité en utilisant la huitième cellule de Tetragrammaton comme source d'énergie additionnelle. Leurs signatures parapsychiques étaient identiques : il ne s'habituerait jamais vraiment au contact de cette énergie vide, à la fois présente et absente... pas plus qu'il n'arriverait à retenir un frisson en voyant les effets de cette force.

Douze traits de noirceur fusèrent, un pour chaque pilier, et se percutèrent au centre de l'assemblage. Leur collision fit trembler la terre et produisit des déformations dans l'air, comme les rides créées à la surface de l'eau lorsqu'on y lançait une pierre : la lumière elle-même infléchissait sa trajectoire sous la pression. Le sens de la distorsion s'inversa soudain, les vagues ne partant plus du centre vers l'extérieur mais de l'extérieur vers le centre, comme aspirées, comprimées. D'obscurs éclairs jaillissaient du point de convergence, creusant de profonds et erratiques sillons dans le sol, venant frapper les barrières qui tinrent heureusement bon ; ils disparurent quelques secondes plus tard à mesure que les hommes aux commandes de la machine ajustaient leurs réglages. Il ne resta bientôt plus qu'une ellipse de ténèbres entourée d'un léger nimbe bleuté. Johnson savait que la porte, ouverte à hauteur de torse, était un cercle de la taille d'une pièce de monnaie – uniquement visible grâce au zoom des caméras de son casque – mais il s'agissait d'un objet bidimensionnel d'épaisseur nulle et comme il était légèrement sur le côté par-rapport à elle... Ceux qui étaient derrière n'en verraient que le halo ; il leur céderait toutefois volontiers ce privilège pour ne plus être en face de la dangereuse ouverture.

« Diamètre stable, oscillations spatio-temporelles minimales, effet Tcherenkov confirmé. Pas de retour parapsychique des Timur ; soldats, vous confirmez ? » demanda un opérateur sur le canal général. Tous les éveillés présents affûtèrent leur sixième sens, à la recherche du moindre signe de danger provenant de la porte... « Rien pour le moment. »

D'autres éveillés répétèrent ce diagnostic les uns après les autres ; il était cependant encore trop tôt pour crier victoire. Ce n'était pas parce qu'ils ne percevaient rien maintenant que l'ennemi ne les attendait pas de l'autre côté. Ils n'avaient pas fini de se faire des cheveux blancs.
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Dans une atmosphère lourde de tension, l'escadron Kazanski attendait maintenant que les préparatifs pour le voyage dimensionnel soient achevés. Tous les acteurs réunis vérifiaient s'il n'y avait pas de signes de vie à l'entrée du portail et les ingénieurs paramétraient les systèmes de visée de leur artillerie robotique. En effet, de nombreux automates de type militaire étaient rassemblés à proximité du portail, prêts à mitrailler toute menace qui se présenterait à eux. Des golems accompagnaient aussi les troupes, invoqués par l'énergie cosmique d'autres Éveillés rassemblés sur l'île pour l'occasion. Johnson et Mélissa continuaient quant à eux de délivrer des instructions et des précisions à leurs soldats, Ishii intervenant ponctuellement afin de les corriger. Une fois les consignes données, Vitold et ses hommes confirmèrent à leurs supérieurs qu'ils avaient bien tout capté.

Sous le regard vigilant des mercenaires, le périmètre fut dissimulé aux yeux du monde extérieur et le portail dimensionnel commença lentement à s'ouvrir. Désormais, les forces de Firmament étaient complètement isolées et enfermées dans une zone à haut risque. L'angoisse était palpable et ne cessait de monter à chaque seconde qui s'écoulait, même chez le Bourreau. Au fur et à mesure que l'espace se distordait pour créer le passage vers l'inconnu, chacun pouvait sentir l'impression de danger qui émanait de cette déformation. Une sorte de vortex était en train de se dessiner, mais après une terrifiante vague d'éclairs et d'explosions, tout ce que le processus parvint à générer fut un trou minuscule irradiant d'une lueur bleue. Suite à un tel déferlement de puissance, le résultat était quelque peu décevant. Les agents pouvaient-ils au moins franchir les dimensions avec un accès aussi petit ? Le responsable scientifique était-il au moins sûr qu'il ne s'était pas trompé dans ses calculs ?

Mélissa demanda alors à ce que ses troupes vérifient si elles ne détectaient rien de l'autre côté de la porte. Encore incrédules face à la taille du passage, l'Exécuteur et ses compères le scannèrent grâce à leurs casques, mais ils ne relevèrent aucune présence. Ils rapportèrent ainsi le résultat de l'analyse et se mirent en position, patientant le temps qu'on leur ordonne de s'enfoncer dans la distorsion spatiale. Bien que Vitold supposait que le portail était en réalité plus large que ce qu'il laissait présumer, il préféra s'assurer auprès du Japonais qu'ils n'avaient pas un imprévu devant eux :

"Excusez-moi ingénieur en chef Ishii, mais est-ce normal que la faille soit aussi... étroite ? Je veux bien croire qu'il ne s'agisse que des apparences, mais vous comprendrez que ça m'inquiète un peu."

On n'était jamais assez prudent avec les voyages inter-planaires, or le moindre détail qui pouvait être éclairci avait son importance durant une mission aussi périlleuse. Le Russe et ses camarades n'avaient guère envie de finir mutilés par une faille dimensionnelle ni de finir emprisonnés dans un autre monde à cause d'une porte incapable de rester ouverte suffisamment longtemps. Certes, le chef du commando pouvait toujours se dégager de ce plan d'existence en cas d'enfermement à l'aide de ses pouvoirs de Spectre, mais il devait se rappeler qu'il ne pouvait se permettre de gaspiller sa vie -et par extension griller sa couverture- aussi tôt.
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L'interrogation du mercenaire donna lieu à quelques secondes de silence sur le canal du QG, bientôt suivies d'un bruit reconnaissable entre tous : celui d'un front heurtant un pupitre.

« Oui Kazanski, c'est normal. » expliqua le japonais dont la patience était mise à rude épreuve à en juger par les ricanements que l'on pouvait entendre en arrière-plan. « On ne s'amuse pas à ouvrir une brèche de dix mètres quand on ne sait pas si on débouchera sur le vide intersidéral, au fond d'un océan d'acide ou dans la salle à manger de Cthulhu. »

« Ne soyez pas si sarcastique je vous prie, c'était une question tout à fait légitime. » intervint Traoré, prenant la défense de l'auxiliaire. Johnson ne tarda pas à ajouter son grain de sel : « Je croyais que vous n'étiez pas expert en la matière ? »

« Je travaille sur ce projet depuis six mois, bien sûr que j'ai retenu quelques bribes ici et là. Maintenant taisez-vous ou... »

« Silence sur le canal principal ! Le prochain qui l'ouvre sans raison sera désigné volontaire pour passer la porte en premier, tout seul ! »

La discussion s'acheva immédiatement ; le professeur Ashtear n'était pas connue pour lancer des menaces en l'air. Contrairement aux agences spatiales qui tentaient toujours de prendre leurs rivales de vitesse dans la course vers les autres planètes, les organisations secrètes de l'alliance ne s'étaient jamais disputées pour savoir qui serait le Gagarine ou l'Armstrong de l'exploration extra-planaire. Le danger était tel qu'aucune d'elles ne verrait d'objection à laisser l'insigne honneur d'être le premier à fouler le sol d'un autre plan d'existence à un simple mercenaire.

Cet échange avait cependant calmé certains des soldats les plus stressés ; c'était à croire que leurs supérieurs l'avaient fait exprès afin d'alléger ce sentiment oppressant. Pendant ce temps, le dispositif n'était pas resté inactif : trappes et panneaux coulissants s'étaient ouverts dans les piliers face à la faille, dévoilant les instruments de mesure dans leurs entrailles. Un laser fut utilisé pour mener une analyse spectrométrique de l'atmosphère de l'autre côté. Un bras mécanique fit passer une sorte de seringue à travers l'ouverture afin de prélever un échantillon de cette même atmosphère pour des tests plus poussés. Il céda la place à un second bras prolongé cette fois d'une caméra miniaturisée qui leur fournit une image du paysage environnant la sortie du passage... ou l'aurait fait si les alentours n'étaient pas plongés dans l'ombre. Tout ce qu'ils pouvaient dire, c'était que le sol était couvert de neige.

« Composition de base de l'atmosphère proche de la nôtre, gravité normale, rayonnement de fond légèrement supérieur à la valeur moyenne terrestre. Température... -78°C. Rien que les combinaisons ne puissent supporter. Pas de menace détectée dans le périmètre immédiat ; élargissement de la porte. »

Prouvant les dires d'Ishii, une seconde impulsion énergétique se fit ressentir et l'ouverture commença à s'agrandir – de façon beaucoup moins spectaculaire maintenant que le processus était maîtrisé – jusqu'à atteindre un diamètre d'une soixantaine de centimètres, le disque noir devenant visible sans assistance. Trois petits drones prirent leur envol, franchirent les barrières puis le seuil dimensionnel avant de se mettre à décrire des spirales centrées sur ce dernier. L'un volait en rase-mottes, le deuxième à hauteur d'homme, le troisième à plusieurs mètres du sol puis toujours plus haut afin de capturer une vue d'ensemble du lieu d'arrivée, rapportant une nouvelle moisson d'images en même temps qu'ils passaient les environs au crible à la recherche d'une forme de vie. Infrarouges, écholocation, détecteurs de mouvement... aucun signe d'activité de la part de quoi que ce soit de plus gros qu'une souris. Mais au moins ils avaient maintenant une vision plus précise de l'endroit auquel la brèche les avait connectés : une épaisse forêt d'arbres morts aux troncs noirs comme le charbon, la neige seule venant contraster ce tableau monochrome. À cette obscurité terrestre répondait l'obscurité céleste d'un firmament sans lune ni étoiles, traversé par des aurores boréales à peine visibles, fantomatiques comparées au chatoyant spectacle de celles de leur dimension. Les micros ne retransmettaient pas un son, pas même celui du vent.

« Ils n'auraient pas pu nous trouver quelque chose de plus riant ? » commenta Johnson, exprimant à voix haute ce que beaucoup pensaient tout bas mais en évitant tout de même de passer par la fréquence utilisée pour communiquer avec le QG. Mélissa n'y voyait personnellement pas d'inconvénients : une telle scène signifiait sans doute une destination inintéressante, or dans leur métier l'ennui était plutôt synonyme de sécurité ; une bonne nouvelle donc. S'il n'y avait rien de palpitant de l'autre côté les scientifiques n'auraient pas envie de s'y attarder et la mission durerait moins longtemps, que des avantages. « C'est une mission, pas un pique-nique. »

« Envoi du robot tout-terrain et du bataillon d'exploration. Équipes Archavine, Johnson, Traoré et Kazanski, vérifiez le bon fonctionnement de vos balises subspatiales. Élargissement de la porte. »

Il y eut un flash bleu lorsque la faille s'ouvrit en grand et que sa bordure cisailla les molécules d'air sur son chemin – voire les atomes les constituant – au passage puis le halo redescendit à son niveau de luminosité d'origine, ceignant à présent un trou de six mètres de diamètre dans leur réalité, relié à une autre. Plusieurs machines de guerre, golems et chimères se mirent en rangs bien ordonnés derrière un rover semblable à ceux envoyés sur Mars. Puis le convoi avança pour aller établir leur tête de pont dans cet autre monde.

« Il y a peu de chances que tout ceci apparaisse un jour dans un livre d'Histoire mais au cas où, je vous conseille de réfléchir à des paroles mémorables. » fit la française en prenant place dans le cortège. Peut-être devrait-elle essayer la méthode des autres équipes et s'efforcer d'être moins sérieuse ; ils se complaisaient tous dans l'humour aux moments les plus inappropriés, il devait y avoir une raison à cela.

« Elles pourront toujours servir d'épitaphe. » acquiesça Johnson en suivant le mouvement avant de se tourner vers Archavine. « Bon, sauf pour vous sergent, vous êtes dispensé du devoir de paroles historiques. »

Et il était surtout déjà « mort » une fois en ces lieux... c'était vraiment inapproprié.
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Ishii, non sans une condescendance à peine dissimulée face à la question apparemment idiote de Vitold, consentit à lui répondre comme s'il parlait à un enfant attardé. Énervé au plus haut point par cette attitude, l'espion n'osa pas répliquer avec autant d'acidité que son interlocuteur, mais il n'en pensait pas moins. Pour qui se prenait donc ce sale petit rat de laboratoire maigrelet, pour le seul crétin à avoir un cerveau fonctionnel ? Il suffisait que le Bourreau plie l'auriculaire pour que ce bigleux finisse en charpie, mais il n'avait hélas pas le luxe de se venger de la sorte... du moins pas encore. Traoré et Johnson défendirent heureusement la pertinence de sa question, puis Ashtear exigea fermement que cessent les bavardages séance tenante. La véritable ouverture de la faille dimensionnelle allait enfin débuter.

Au préalable, les scientifiques utilisèrent leurs robots et autres machines pour analyser les caractéristiques de l'environnement vers lequel le portail s'ouvrait. De ce que les capteurs affichaient, la dimension était manifestement pire qu'une région polaire au niveau de sa température extrêmement glaciale. Quand les agents reçurent finalement un visuel du monde parallèle, ils virent un paysage ressemblant à un reflet lugubre et onirique d'une contrée boréale sous un ciel nocturne. Un tableau plus qu'inquiétant pour les soldats, qui percevaient dans l'obscurité de cet endroit une parfaite cachette pour un traquenard. Ce décor paraissait tranquille, mais il fallait s'attendre à ce que cela ne soit que le calme avant la tempête.

Suite au rappel de leurs supérieurs, les membres du commando Kazanski vérifièrent les réglages de leurs balises et si elles étaient en état de marche. Rien à signaler de ce côté là, ils étaient bien préparés pour l'exploration extra-planaire. Traoré mentionna ensuite à l'assistance que si certains avaient envie de prononcer des paroles qui passeront à la postérité, qu'ils le fassent. Avec plus ou moins de réussite, elle et Johnson s'efforçaient vraiment de détendre l'atmosphère et de donner à leurs troupes une autre image d'eux que celle d'officiers psychorigides. L'ex-Navy Seal adressa même une pique à Archavine sur son incapacité à parler, sans savoir si l'intéressé allait apprécier ce trait d'esprit ou non. Le légume ambulant avait l'air d'en n'avoir rien à secouer, sauf qu'il pouvait tout aussi bien ruminer sa vengeance contre Johnson pour plus tard.

Ce fut finalement William qui se chargea d'apporter d'une voix exagérément solennelle sa contribution aux grandes citations qui rentreront -ou pas- dans l'Histoire :

"Un petit pas pour l'homme, un grand coup de pied dans la gueule des divinités."

Malgré tant de prévisibilité, Arnold, Robert et Doyle ne purent s'empêcher de pouffer comme de gros demeurés devant cette phrase. Vitold, quant à lui, était dépité que des tueurs professionnels de leur acabit continuent de se complaire dans des puérilités pareilles. Puisqu'il en était ainsi, autant s'amuser aussi un peu de son côté.

"Ça veut dire que tu es volontaire pour être le premier humain à franchir le portail, n'est-ce pas William ?" l'interrogea le Bourreau, un sourire en coin.

Il désigna ainsi les robots et les chimères qui s'enfonçaient dans l'ouverture spatiale désormais béante, comme s'il enjoignait son collègue à les suivre. Le métis déglutit alors de peur et fixa craintivement la faille bleutée, incapable d'accepter ni de refuser une telle invitation. Ce fut à Arnold d'intervenir en tapotant le dos de son colossal camarade afin d'alléger l'ambiance.

"Vitold my nigga', ne soit pas si cul serré sérieux." lui dit-il en substance. "On est une équipe, nan ? Alors autant qu'on aille tous ensemble au casse-pipe au lieu de se la jouer solo."

"Et après vous dites que je n'ai aucun sens de l'humour..." grogna l'Exécuteur. "Très bien, resserrons nos rangs bande de nazes, car nous allons nous lancer dans notre aventure la plus périlleuse !"

Ses quatre compagnons poussèrent un cri guerrier pour se galvaniser et s'engagèrent avec le reste du détachement en direction de l'inconnu. En tant que Spectre chargé de découvrir les secrets des agences gouvernementales ainsi que les monstruosités qui habitaient cet univers dans l'intérêt d'Hadès, Vitold n'allait pas perdre une miette des enseignements que lui procureraient cette mission.
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« Vous n'avez pas idée. » soupira la française en entendant ce qui tenait lieu de déclaration à la postérité pour les mercenaires. William était plus prêt de la réalité qu'il ne devait l'imaginer, sauf s'il avait pris cinq minutes pour réfléchir aux implications de leur projet.

Car l'alliance n'avait pas rouvert cette brèche pour permettre à ses agents de faire du tourisme ou à ses scientifiques de satisfaire leurs fantasmes d'adolescents amateurs de science-fiction, oh ça non. Le voyage vers d'autres plans d'existence, d'autres dimensions ou même les confins de leur univers d'origine – pour peu que leur technologie reçoive les adaptations nécessaires – offrait de toutes nouvelles perspectives pour la survie et l'épanouissement du genre humain.

Les faucons parmi les Agences voulaient les moyens d'ouvrir un passage vers les dimensions divines histoire de « remercier » les entités qui avaient si bien guidé leur civilisation en y déposant quelques petits cadeaux. Les idéalistes souhaitaient comprendre comment les âmes décédées passaient d'un plan à un autre avant de chercher à en rediriger le flux. Les pragmatiques comptaient sur la découverte de ressources trop rares ou trop difficiles d'accès sur Terre, au premier rang desquelles se trouvaient bien sûr les matériaux constitutifs des armures. Les pacifistes espéraient fonder une nouvelle patrie pour leur espèce, un endroit où l'humanité pourrait se réfugier pour être libre et en sécurité après avoir laissé derrière elle les chevaliers et leurs marionnettistes.

Il était impossible de savoir si ces séduisantes chimères deviendraient un jour réalité mais il fallait bien commencer quelque part – et le plus vite possible car leur temps était compté, raison pour laquelle ils envoyaient des humains dès le premier voyage au lieu d'attendre quelques années en n'employant que des machines.

« À votre avis, c'est quoi de l'autre côté ? Un véritable cosmos ou juste une dimension de poche ? » demanda l'américain tandis que l'équipe Kazanski – sans Kazanski lui-même – se lançait dans l'une de ses démonstrations viriles mal placées. Mélissa haussa les épaules, c'était une question pour les physiciens ça. « Pas d'étoiles donc soit une réalité démiurgique, soit une bulle très réduite, soit un très vieil univers où leur lumière a fini par passer hors du spectre visible du fait de l'expansion spatiale. Il faudrait demander aux spécialistes, mes notions sont rudimentaires. »

Du moment que ça n'était pas la première possibilité... Les soldats avancèrent les uns après les autres, passant au travers de barrières rendues perméables puis franchissant le seuil. Chacun ou presque y alla de sa petite phrase, prière, citation ou message personnel.

« In Gods we don't trust. » fit l'américain en se tenant devant l'ouverture. Puisque William lui avait volé son idée et qu'il ne se voyait pas réciter « For Truth, Justice and the American Way »... Mélissa le surprit toutefois par son choix : « E pluribus unum ». Puis ce furent les russes, qui décidèrent que c'était le bon moment pour prouver que contrairement à une croyance répandue, ils avaient bel et bien le sens de l'humour : « Не забудьте принести полотенце. »

« Vous êtes tous désespérants. » se lamenta la française alors que leurs trois groupes sautaient simultanément le pas. Cette légèreté les quitta dès qu'ils posèrent le pied sur ce sol étranger. Ils se déployèrent pour établir un périmètre de sécurité pendant que diverses machines étaient mises en place à quelques mètres de distance de la faille : équipement scientifique et relais de communication pour l'essentiel, mieux valait émettre en faisceaux étroits plutôt que de laisser leurs ondes radio se répandre tout autour d'eux.

Ce monde inconnu était désolé, inerte et silencieux, les seuls mouvements provenant des explorateurs et des lueurs irréelles tranchant avec la noirceur uniforme de la voûte céleste. Trois UAV plus massifs que leurs petits drones de reconnaissance traversèrent la porte derrière eux, lancés depuis les rampes de décollage des navires de guerre ; ça ne valait pas un ballon-sonde mais ils pouvaient voler plus haut et plus loin que les premiers appareils tout en embarquant les outils nécessaires à une cartographie aérienne du terrain ou à la mesure de la courbure spatio-temporelle. Le rover, véritable laboratoire roulant, était déjà en train de prélever et d'analyser des échantillons de neige et de terre.

« Nous allons commencer doucement. » avertit Johnson une fois tout le monde présent et apprêté. Il consulta sa boussole – il avait été convenu au préalable que la direction indiquée par l'aiguille serait désignée « nord », puisque les points cardinaux de leur monde d'origine n'avaient pas cours ici – puis se tourna vers ce que leur carte qui s'agrandissait à chaque seconde marquait comme une petite hauteur entourée d'arbres. Les relevés indiquaient une température plus élevée à cet endroit ainsi que plusieurs anfractuosités dans le sol. « 500 mètres vers le sud-est, nous ferons demi-tour s'il n'y a rien de notable – et non nous n'irons pas voir sous terre, pas avant d'y avoir envoyé des drones. Nous avancerons en plaçant une poignée de chimères et de golems en première ligne pour les mauvaises surprises, suivez leur sillage au cas où la neige dissimulerait des crevasses. »

Cela permettrait accessoirement de masquer leur nombre réel si une éventuelle forme de vie autochtone tombait sur leurs traces et de rester groupés plutôt que de se disperser en terrain inconnu et potentiellement hostile.

« Regardez bien autour de vous et demandez aux chercheurs s'ils veulent que vous préleviez des échantillons ; ils seront sans doute contents avec des cailloux colorés mais on ne sait jamais. Si vous tombez sur quelque chose de vivant par contre vous n'y touchez pas : vous ne vous faites pas remarquer, vous reculez prudemment sans perdre le contact visuel et vous nous appelez. Si vous vous retrouvez directement exposés à l'environnement extérieur, protocoles NBC standard. »

« En piste. Unité Archavine avec moi, Kazanski avec Traoré. Faites attention à vous. »

Les soldats s'enfoncèrent dans le silence oppressant des sous-bois dénudés, précédés par leurs boucliers de chair et de glaise – ces derniers maintenant aussi solides que la pierre sous l'influence du froid mordant –, restant prudemment éloignés des troncs pour ne pas trébucher sur une racine cachée par le manteau immaculé. Au bout de quelques dizaines de mètres, l'un d'eux remarqua une congère à la forme curieuse, au pied d'un arbre. Par acquis de conscience, il l'examina en restant couvert par ses camarades; ses capteurs n'indiquant rien d'anormal, il se servit précautionneusement du canon de son arme pour enlever un peu de neige... une plaque entière glissa, dévoilant le contenu de la congère.

Une dépouille humaine desséchée, momifiée par le gel.

« Agent Johnson ? Je crois que nous ne sommes pas les premiers à être venus ici... »
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Traoré et Johnson s'interrogèrent sur la nature exacte du monde parallèle dans lequel les agents allaient pénétrer puis participèrent avec les Russes au concours de citations historiques. Après que la Française ait exprimé sa consternation face aux enfantillages des compatriotes d'Archavine et Vitold, les différentes escouades s'enfoncèrent dans les pénombres de la faille dimensionnelle. Une fois de l'autre côté de la porte, l'escadron Kazanski put constater qu'il s'agissait bien d'une vaste étendue polaire parsemée d'arbres sinistres. Les robots entamèrent alors leur travail de reconnaissance et d'analyse des lieux tandis que les chimères patrouillaient à proximité de leurs maîtres humains. Que pourraient-ils trouver dans un environnement à l'apparence aussi stérile de toute manière ? Tout ce qui semblait les y attendre était la mort, ni plus ni moins.

BGM- https://www.youtube.com/watch?v=2GQ_VyjG3XI -BGM

Le Bourreau et ses compagnons avancèrent prudemment dans la forêt, regardant tout autour d'eux au cas où ils noteraient quelque chose de particulier. Leurs capteurs ne détectaient pour le moment rien d'inhabituel par rapport aux données précédemment collectées, mais ils restèrent préparés à la moindre anomalie. Le silence lourd de menaces qui régnait sur ce paysage fantomatique n'inspirait guère la confiance, comme le souligna un Arnold très consciencieux :

"Brrrrr... Si c'est pas un décor de film d'horreur avec un monstre qui va nous bondir dessus par derrière, je ne sais pas ce que c'est !"

"Bah, tu sais ce que c'est my nigga' : une fois qu'on voit le monstre hors des ténèbres, il n'est plus si effrayant que ça." professa William. "Dès qu'on aura repéré la saloperie, on en fera de la chair à pâté, sans aucune forme de pitié !"

"En espérant que la foutue bestiole ne soit pas immunisée à notre arsenal, ce serait déjà vachement sympa." nuança Doyle. "Même en plein milieu de notre ligne de mire, elles sont d'expérience ultra-chiantes à buter !"

"Vu notre pot, je crois qu'on peut se mettre cette idée où je pense." commenta Robert, passablement nerveux.

Soudain, un collègue d'un autre groupe remarqua un détail étrange dans le décor et partit inspecter un amas de neige suspect. Lorsqu'il dégagea la couche de poudreuse qui constituait ce tas, le soldat révéla un cadavre frigorifié à l'assemblée. Face à cette découverte, les mercenaires se turent et ne parvinrent pas à réprimer le frisson qui leur parcourut l'échine. Qui cela pouvait-il bien être ? Comment cet inconnu avait il était réduit à cet état de squelette congelé ? Était-ce l’œuvre d'une personne, d'une créature féroce, ou plus simplement de l'environnement hostile ? De nombreuses questions se posaient à Vitold et ses compères, qui étaient plus que jamais sur leurs gardes.

"Je me demande depuis combien de temps ce pauvre diable est là..." rumina l'Exécuteur avant d'interroger Traoré. "Vous pensez qu'il s'agit d'un sbire de l'Ordre de Lémuria, Madame ?"

Cette dernière organisation avait selon les rapports été démantelée depuis des lustres par Firmament et ses alliés, mais on ne pouvait exclure cette possibilité. Peut-être la dépouille appartenait-elle à un troufion qui s'était aventuré il y a fort longtemps sur ces contrées mystérieuses à l'époque où sa faction existait encore ? Si c'était l'explication, alors il était probable que les militaires se trouvaient dans le monde d'origine de l'abomination vaincue par les Agences. Quant à savoir si la monstruosité avait été expédiée chez elle et non ailleurs, autant prier pour que ce ne soit pas le cas.
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La française était plus près de leur dernière découverte que l'américain ou les russes, ce fut donc elle qui s'avança pour procéder à un examen plus approfondi du cadavre congelé en gardant à l'esprit les paroles des mercenaires. Elle aurait aimé pouvoir dire qu'ils s'inquiétaient pour rien mais blagues à part, leur attitude était la bonne.

Elle se remémora l'assaut initial sur Diomède, les soldats tombant comme des mouches et massacrant en retour les sbires de l'Ordre dans une charge désespérée pour empêcher le niveau 4 à leur tête de compléter son rituel... Les balles, les bombes, les gaz n'avaient pas suffi. Ils avaient échoué, le couteau cérémoniel avait déchiré le voile entre les dimensions et en avait extirpé une monstruosité indistincte, un chaos de griffes, de crocs, d'entrailles et d'os exposés à l'air libre en perpétuelle mutation, comme si la chose n'arrivait pas à se décider sur l'apparence qu'elle devait adopter, n'avait que vaguement entendu parler des règles anatomiques en vigueur dans leur réalité et peinait à en appréhender le concept. Le second artefact de l'éveillé avait soumis l'aberration, l'avait enveloppée de chaînes d'or avant de la forcer à fusionner avec son invocateur, dont les pouvoirs s'étaient retrouvés décuplés et continuaient de croître de seconde en seconde. Il s'était entouré d'un bouclier invisible imperméable à toutes leurs attaques, avait réduit vingt soldats en bouillie d'un claquement de doigt et juste avant d'être enfin abattu, avait commencé à soulever leurs navires hors de l'eau, des milliers de tonnes de métal prises dans sa poigne télékinétique, s'esclaffant tout du long. Il s'était surestimé, avait tenté l'exploit trop tôt et les Agences n'avaient pas laissé passer l'occasion. Son bouclier avait faibli l'espace d'un instant : ils avaient sacrifié leurs meilleurs éléments pour amplifier cette vulnérabilité, les français avaient ouvert l'accès à leurs systèmes d'armement aux américains et des dizaines de lasers militaires, Salamandres et Lansknechts, avaient fait feu dans la même nanoseconde. La tête de leur cible avait été immédiatement vaporisée. La fusion avec son hôte étant incomplète, la part de la créature qui s'était déjà inextricablement mêlée à l'humain était morte avec lui tandis que la porte se refermait et en cisaillait le restant en deux, ne laissant dans leur monde qu'une masse doublement mutilée mais incroyablement toujours vivante qu'ils avaient incinérée jusqu'à la dernière cellule en voyant les dégâts qu'elle restait capable de provoquer.

« En général les foutues bestioles, comme vous dites, sont tout à fait sensibles à notre arsenal. Il faut juste arriver à les faire tenir en place, à frapper assez fort ou assez intelligemment pour briser ou contourner leurs protections et les blesser plus vite qu'elles ne se régénèrent. »

« Cela fait beaucoup de conditions, nous vous l'accordons. Plus facile à dire qu'à faire. Sinon, ce macchabée ? »

« Pas de blessure apparente. Et je ne pense pas que ce soit un membre de l'Ordre, il ne transporte rien de plus sophistiqué qu'une hachette en pierre taillée et des fourrures trop légères pour ce climat. Physiquement il ressemble à un inuit, mais je peux me tromper. »

L'auditoire réfléchit quelques secondes à ses observations tandis que Mélissa poursuivait sa fouille de la carcasse recroquevillée. Tenant compte de la question de Kazanski, Johnson posa la sienne : « Il se peut qu'il soit là depuis très longtemps, le froid ça conserve. Carbone 14 ? »

Un crépitement sur la ligne et ce fut l'un des scientifiques de l'autre côté du passage qui prit le relais : « Nous n'aurons pas les résultats de suite et nous devons d'abord déterminer si l'isotope se forme au même rythme sur ce plan. Même si c'est le cas, rien ne garantit que le temps s'écoule ici à la même allure que chez nous quand les deux mondes ne sont pas reliés par la porte. Prélevez tout de même un échantillon puis poursuivez s'il vous plaît. »

Encore et toujours plus d'excentricités interdimensionnelles, merveilleux. Les soldats s'exécutèrent et reprirent leur route, seules sources de mouvement dans ce paysage figé à l'exception des ternes aurores boréales dansant dans le ciel. Ils ne tardèrent pas à tomber sur une nouvelle congère suspecte qui révéla elle aussi une dépouille cryogénisée. Puis une autre. Puis deux. Plus ils avançaient, plus les cadavres se multipliaient alors que sous la neige, le sol devenait soudain beaucoup moins inégal. L'équipe Archavine s'arrêta et dégagea promptement un espace, mettant la terre à nu sur un peu plus d'un mètre carré. Aplanie et parcourue de traces de pas immortalisées par le permafrost. Lorsqu'ils arrivèrent en vue de la hauteur qui constituait leur objectif, dont émergeaient aux angles les plus improbables des arbres à la forme torturée, plusieurs détails sautèrent aux yeux des présents qui cherchèrent à confirmer ce qu'ils voyaient en envoyant un drone prendre des images plus précises.

« Cette colline... les arbres et la neige brouillent les contours mais la forme, l'élévation, la disposition et la taille des ouvertures, vous ne les trouvez pas trop... »

« Régulières ? Si. »

Avec une impression croissante d'avoir mis les pieds là où ils n'auraient pas dû, ils demandèrent à l'opérateur du drone de faire passer son engin sous l'un des arbres crevant la paroi, là où la neige ne s'était pas déposée. L'image qui leur parvint fut non pas celle d'une paroi rocheuse unie mais bien celle de multiples blocs de pierre disjoints. Un bâtiment. Un deuxième UAV les rejoint pour passer les environs au peigne fin, puis un troisième, un logiciel fut mis en marche qui enleva numériquement bois noir et manteau de blancheur afin de révéler le terrain en dessous. Trop plat et sporadiquement relevé par des élévations un peu trop géométriques sortant abruptement du sol.

« On dirait un village. La source de chaleur se situe dans le plus grand édifice. »

Les traces de pas s'étaient imprimées dans la terre, pas dans la neige. Les habitants – si c'était bien l'identité des morts croisés dans la forêt et maintenant dans ce qu'ils pensaient être des rues – avaient-ils péri à cause d'une vague de froid subite, ou d'autre chose ?

« D'accord. Des volontaires pour aller explorer une fois qu'on y aura envoyé les robots ? »
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Le cadavre n'appartenait donc pas à un membre de l'Ordre de Lémuria au vu de ce que Traoré pouvait deviner de son accoutrement. Soit il s'agissait d'un Inuit qui s'était égaré d'une manière ou d'une autre dans une faille dimensionnelle, soit d'un autochtone vivant depuis toujours à l'intérieur de ce monde parallèle. Cela voulait-il dire que des civilisations humaines ou apparentées existaient au sein de différentes réalités ? L'univers dans lequel Vitold, l'humanité et les Olympiens évoluaient n'était-il ainsi pas le seul à avoir été gratifié de la bénédiction de la vie ? L'existence de monstruosités se tapissant dans des dimensions inconnues avait déjà mis à mal cette croyance, mais cette fois les choses semblaient aller plus loin. Peut-être n'était-ce qu'un reflet déformé de leur espace-temps et non pas une réalité à part entière ? Beaucoup de questions se présentaient à l'escouade Kazanski et sans doute à leurs collègues, sauf qu'ils manquaient encore cruellement d'éléments pour cerner le problème puis y répondre.

Le groupe d'agents repéra ensuite une colline à la forme suspecte et il s'avéra qu'il s'agissait d'un empilement architectural. Au fin fond de ce qui paraissait être un village, une signature thermique était détectable à l'intérieur du plus grand bâtiment du hameau. Serait-il possible que quelqu'un ou quelque chose puisse encore subsister au beau milieu de ce trou paumé ? Le froid extrême ne laissait manifestement que peu de chances à ceux qui osaient vivre ici, aussi fallait-il se méfier de ce qui se tapissait dans ces constructions. Il y avait deux possibilités : soit il s'agissait de survivants du climat polaire qui s'était abattu sur ce territoire, soit d'une créature potentiellement hostile. Ces éventualités à l'esprit, les soldats de Firmament devaient faire preuve de la plus grande prudence en s'approchant du signal de chaleur.

"Nous nous en occupons." répondit Vitold à ses supérieurs, qui cherchaient des volontaires pour la tâche d'éclaireurs. "Doyle, Robert, William et Arnold ! En piste les gars !"

Ses camarades mercenaires, bien que nerveux, hochèrent de la tête et attendirent dans une atmosphère lourde que les robots finissent leur travail. Ceci fait, la fine équipe se déploya au pas de loup en direction du mystérieux édifice. Elle ne tarda pas à pénétrer dans ce qui ressemblait décidément à un village abandonné, seulement habité de colossales pierres glacées et ensevelies pour la plupart sous une épaisse couche de neige. Un véritable hameau fantôme que voilà, à l'exception de l'étrange présence vers laquelle le commando s'aventurait.

La meilleure façon de se dépêtrer de la peur de l'inconnu était d'y plonger, une entreprise que les cinq militaires décidèrent de mener avec tout le courage et toute la virilité qu'ils avaient à leur disposition en dépit de leur angoisse. Intérieurement, ils se persuadaient du mieux qu'ils pouvaient qu'ils avaient certainement vécu pire, sans pour autant oublier qu'ils ne devaient surtout pas sous-estimer l'ennemi potentiel. Ils s'étaient constamment battus contre meilleurs qu'eux durant leurs précédentes missions, mais rien ne leur avait résisté pourvu qu'ils restent soudés et conservent leur combativité. Dans le cas de Schneider, ils avaient principalement fuis pour leur vie, mais c'était leur persévérance à survivre et leur coordination qui les avait sauvés. Tant qu'ils continueront sur cette voie et parviendront à se surpasser, ils pourront affronter n'importe quelle épreuve.
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Les drones pénétrèrent dans le bâtiment par plusieurs entrées, déposant une balise-relais à chaque fois que la force du signal diminuait afin de maintenir les communications avec l'extérieur. Écholocation et lasers embarqués livrèrent les données nécessaires à la création d'un plan de la structure. Elle était rudimentaire dans sa construction – la pierre était à peine taillée, poutres et étais servaient à consolider les murs et le plafond – et pourtant ses concepteurs avaient réussi à en faire un dédale. Rien d'insurmontable avec leur technologie mais certaines sections s'étaient effondrées et dans d'autres c'étaient les arbres – poussant apparemment depuis l'intérieur et s'étant frayés un chemin vers l'extérieur à travers la pierre – qui bloquaient la voie.

Ils ne trouvèrent pas d'autres cadavres. La plupart des pièces étaient vides, toutefois certaines d'entre elles contenaient quelques objets. Blocs de pierre et de bois sculptés aux formes étranges, masques, harpons en os ou en silex et autres outils ornés de multiples décorations dont la fonction n'était sans doute pas utilitaire. À mesure qu'ils se rapprochaient du centre, les faces aplaties des plus gros blocs affichaient de plus en plus souvent des dessins, représentations stylisées de scènes de la vie quotidienne et d'autres qui semblaient plutôt mythologiques.

« Un membre du département Histoire et Archéologie pour nous expliquer ce que tout cela veut dire ? »

« Je vous le passe. Docteur Rasmussen ? »

Dire qu'il s'en était sûrement trouvé pour voir la participation de leurs spécialistes ès archéologie et ethnologie comme une perte de temps et d'espace, ils devaient s'en mordre les doigts maintenant.

« On dirait de l'art inuit à première vue... ou peut-être celui de certaines tribus yupiks de l'extrême nord-est sibérien ; je pense que vous avez mis les pieds dans un lieu de culte. Assez ancien, il me semble reconnaître des figures qui ne sont plus vénérées depuis des siècles et d'autres qui me sont inconnues. Dans notre monde ces artefacts seraient très datés mais il me faudrait les examiner en personne pour pouvoir en dire plus. »

La prudence caractéristique des membres de la Division Scientifique, qui refusaient toujours d'être formels sur quoi que ce soit avant d'avoir passé des années à l'étudier en détail. Enfin, on ne pouvait pas le blâmer d'être vague, il n'avait que quelques minutes d'observation à distance à se mettre sous la dent.

« Nous verrons si nous pouvons vous ramener un petit quelque chose. Au retour et via un robot, nos agents ont eu droit à suffisamment de malédictions et de temples s'écroulant sans prévenir comme ça. »

« Bien sûr. »

« Rien ne bouge à l'intérieur... Kazanski, vous pouvez y aller. »


Ce fut au tour des mercenaires d'abandonner la faible lueur des aurores boréales pour s'enfoncer dans l'obscurité totale de l'édifice. À chaque fois qu'il leur fallait jouer les Indiana Jones – ce qui arrivait un peu trop souvent dans ce métier – les agents apprenaient à apprécier les merveilles de la technologie moderne qui permettait de garder les deux mains sur leur arme au lieu de s'encombrer d'une torche, un facteur qui avait plus d'une fois fait la différence entre la vie et la mort.

Le plan tracé par les machines leur permit d'éviter les culs-de-sac et de progresser à bonne allure dans le labyrinthe. Au centre se trouvait une salle plus vaste bordée de braseros depuis longtemps éteints dont le plafond s'était en partie effondré, traversé par un arbre gigantesque dont le tronc émergeait d'une large ouverture dans le sol : le « temple » avait semble-t-il été bâti au-dessus d'une grotte naturelle. Les capteurs thermiques y reconnaissaient l'origine de la chaleur détectée plus tôt ; les capteurs chimiques prévenaient de la présence d'émanations soufrées.

La caverne était peu profonde. Elle menait à une source souterraine bouillonnante qui ne parvenait qu'imparfaitement à réchauffer l'atmosphère, dont la température restait fermement négative. L'onde était presque entièrement recouverte par la masse végétale qui y plongeait ses racines. À cet endroit et à cet endroit seul le bois n'était pas uniformément noir : plus il se rapprochait de l'eau, plus sa surface arborait de taches luminescentes d'un blanc bleuté. La partie submergée de l'arbre illuminait toute la caverne, révélant les dizaines de morts entassés là : le bois avait poussé au-dessus et autour de leurs cadavres, voire à travers, certains décorant même la voûte minérale après avoir été transpercés par une branche. Femmes, enfants, vieillards pressés les uns contre les autres dans une vaine quête de chaleur salvatrice, aucun de ceux qui avaient trouvé refuge ici n'avait survécu.

***

Cela avait commencé par un soupir, par l'écho d'un murmure tout d'abord passé inaperçu. Puis les bruits s'étaient faits plus insistants à mesure qu'était foulée la neige vierge, qu'était agité un air longtemps resté immobile. Combien de temps avait duré son sommeil ? Un jour ou un million d'années ? Comment le savoir, le temps ne voulait plus rien dire dans un monde sans vie ni mouvement d'aucune sorte.

La question était de toute façon sans importance : cet endroit était son royaume d'éternelle inertie, son havre de bienheureux silence, son domaine de gel et de ténèbres. Cette détestable flamme que d'autres appelaient une âme n'y avait pas sa place, encore moins quand elle se nourrissait de son air.

Son esprit s'étendit en direction des intrus, cherchant à étouffer les irritantes étincelles, à mettre fin à l'insupportable tintamarre. Il ne rencontra que des coquilles vides parcourues par un feu glacé. Un corps fait des os-mêmes de la Terre, reforgés dans un feu infernal surpassant celui des volcans, et d'une matière étrange qui avait le souvenir d'avoir été autrefois faite de chair et de bois, il y a de cela des éons. Des veines de ce qui avait dû jadis être du sable ou de la pierre où était emprisonnée la foudre, coulant comme un ruisseau paisible au lieu de s'abattre en une lance destructrice, à l'encontre de sa nature. Pas d'âme. Comment se mouvaient ces curieux pantins sans marionnettistes, quelle était cette sorcellerie ?

Son esprit chercha plus loin, jusqu'à trouver toute une ménagerie de créatures extravagantes dont il tenta de dévorer l'essence, pensant avoir trouvé ses cibles. Cette tentative prit fin dès le premier contact avec leur énergie. Infect ! Quelle perversion des lois de la nature avait pu donner naissance à ces aberrations ? Nées non pas d'un œuf ou des entrailles de leur mère mais d'un moule mort et froid fait des mêmes matières que les pantins, maintenues en vie en dépit de la pourriture qui les rongeait de l'intérieur par les substances répugnantes imprégnant chaque fibre de leur organisme. Pas d'âme non plus, rien qu'une moquerie ratatinée et mutilée habitant une enveloppe fusionnée avec les mêmes non-veines transportant une non-foudre que celles des marionnettes. Des êtres contrefaits qui n'étaient pas censés exister.

Son esprit repartit de nouveau en chasse, la troisième fois serait la bonne. Enfin, la présence des humains fut révélée à ses sens. Une infestation à laquelle il fallait mettre un terme avant qu'ils ne prolifèrent. Mais ils s'étaient enfermés dans une carapace hermétique, toujours ceinte d'éclair domestiqué, s'isolant ainsi complètement de son air et de son froid, et brandissaient des torches sans chaleur ni fumée. Comment arracher le souffle de leurs poumons, comment éteindre la braise de leur âme ? Tant pis, si la solution de facilité n'en était pas une, il lui faudrait choisir d'autres méthodes pour rétablir la paix de son royaume...
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A part la carcasse frigorifiée qu'ils avaient dénichée à l'extérieur de la bourgade enneigée, aucun autre cadavre ne se trouvait dans les différentes habitations. Les images collectées par les robots défilèrent dans les visières de l'escadron Kazanski et informa ses membres de tout ce qui se trouvait au sein du village. Les lieux étaient totalement désertés, un état qui reflétait parfaitement le climat glacial et la noirceur de ce plan d'existence isolé de tout. Il ne restait plus aux mercenaires qu'à explorer en détail la bâtisse principale, qui paraissait s'enfoncer dans des abysses aux ténèbres insondables. Heureusement pour eux, ils étaient équipés d'une vision infrarouge performante et pouvaient illuminer aisément leur chemin sans avoir à se séparer de leurs précieuses armes. Les données récupérées puis éclairées par les scientifiques de service enfin assimilées, les soldats devaient désormais œuvrer à trouver la signature thermique.

Ces derniers marchèrent pendant environ cinq minutes à l'intérieur d'une sorte de grotte et s'aperçurent qu'elle n'était guère profonde en réalité, ceci malgré l'impression d'obscurité qu'elle dégageait. Finalement, Vitold et son équipe débouchèrent dans un grand espace où reposait un lac souterrain et une sorte d'arbre aux racines luminescentes. Seule la partie du végétal plongée dans l'eau était visiblement capable de briller, un phénomène que les mercenaires ne pouvaient pas s'expliquer correctement. Était-ce parce que la partie immergée était la seule à être encore vivante, là où le reste semblait aussi mort que le reste de la flore à l'extérieur ? Quoi qu'il en soit, la nappe phréatique et cet arbre paraissaient être les sources de chaleur que les agents recherchaient.

Soudain, Robert pointa nerveusement du doigt l'étrange végétal et interpella ses collègues d'un air horrifié :

"HOLY CRAP ! Matez un peu ça les mecs ! Cette grosse légume pousse sur des macchabées !"

"Ah bah oui, merde !" confirma William, aussi dégoûté que son camarade.

En effet, de nombreuses dépouilles étaient discernables au milieu des racines, des aspérités du tronc et des branches de l'arbre. Se pourrait-il que ce végétal se soit nourri de la substance vitale des miséreux qui composaient la population du patelin abandonné ? La façon dont les anciens villageois s'étaient serrés les uns contre les autres montrait qu'ils étaient peut-être décédés avant que l'arbre ne festoie sur leur chair, sans doute à cause du froid insoutenable. Après avoir pris une grande inspiration, le Russe rapporta aux officiers via télécommunication ce que lui et son commando avaient sous les yeux. Même un Spectre tel que lui ne parvenait pas à comprendre ce qu'il pouvait bien se passer en ces contrées perdues et il ne tenait pas vraiment à le savoir. Mais puisque c'était actuellement son métier sous cette fausse identité, il se voyait obligé d'enquêter.

"Vu l'état des corps, je dirais qu'ils sont morts d'hypothermie..." théorisa Vitold en même temps qu'il inspectait une carcasse au bord du lac. "Bien qu'ils ne soient pas dehors, ils ont dû se les geler presque autant que l'autre bougre."

"Ouaip, la flotte a beau être brûlante, elle ne réchauffe pas assez l'atmosphère pour échapper à l'hypothermie." souligna Doyle.

"En tout cas, ça n'explique pas ce que sont cette source et cet arbre, sans mentionner leurs éventuelles propriétés." rumina le Bourreau, le regard rivé sur la nappe phréatique. "Procédons à une analyse, histoire d'être certains que l'eau ne soit pas nocive ou inhabituelle."

Joignant le geste à la parole, il activa l'option "scanner" de son casque afin d'obtenir des données sur la composition du liquide puis les transmettre à ses supérieurs. A peine eut-il terminé qu'un frisson désagréable lui parcourut l'échine, comme si quelqu'un était en train de l'observer. Le Russe se tourna instinctivement vers l'arrière, mais il ne vit rien de spécial à part ses compères, complètement figés et hagards. Eux aussi avaient été traversés par la sensation anxiogène qu'avait éprouvée leur chef, bien qu'aucun n'arrivait à se la décrire précisément. Les soldats s'échangèrent des regards sans rien dire, presque paralysés par la peur qui les étreignait, et raffermirent leur prise sur leur arsenal. Était-ce leurs cosmos qui réagissaient à la présence d'un ennemi ou tout bêtement leur paranoïa qui leur jouait des tours ?

"Restons sur nos gardes quand même, il faudrait éviter que nous nous fassions dessouder par derrière." lança Vitold à l'attention de ses camarades, la main sur son canon électrique.

Sans piper mot, les cinq mercenaires se mirent en formation défensive et se surveillèrent mutuellement. Deux minutes plus tard, le temps qu'ils reprennent un peu leur calme, ils partagèrent à Traoré et à Johnson leur impression, aussi irrationnelle et injustifiée soit-elle. Si le commando Kazanski avait décelé quelque chose de louche dans cet environnement, même un élément vague et flou, il n'était que prudence d'en référer à leur hiérarchie.
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« Ça n'a aucun sens. » marmonna un géophysicien penché sur son simulateur, peu après avoir entendu les points soulevés par Doyle et Kazanski. « D'après la composition et la température, il doit s'agir d'une source volcanique. Un tel volume de liquide à cette température ne devrait avoir aucun mal à chauffer une caverne de cette taille ainsi que tout le bâtiment au-dessus tout en provoquant d'importants déplacements d'air. Et pourtant il n'en est rien : froid et immobilité à tous les étages. »

« Faut vous y habituer docteur, vous bossez pour l'alliance maintenant, le bon sens a pris un congé à durée indéterminée. »

« Il n'y a pas de quoi rire ! Les lois physiques sont les mêmes de l'autre côté, si elles ne se comportent pas comme elles le devraient c'est que quelque chose draine cette chaleur ! »

Quand on travaillait de longue date pour les Agences, on apprenait très vite à reconnaître les signes avant-coureurs du danger. Ceux qui s'en montraient incapables ne faisaient pas de vieux os, que ce soit parmi les agents de terrain ou le personnel scientifique. Le professeur Ashtear ne faisait pas exception, son avertissement fut donc pris très au sérieux. Et en effet, Ishii ne tarda pas à constater – à peu près au même moment que les mercenaires – que quelque chose n'allait pas. Les instruments de mesure relevèrent perturbations électromagnétiques et chutes rapides de la température sans causes apparentes, les implants des chimères indiquèrent que leurs porteurs adoptaient d'eux-mêmes une posture agressive et pour couronner le tout, même les Timur restés dans leur monde captaient une signature inconnue.

Le japonais ne perdit pas un instant avant de prévenir les soldats en même temps que ses collègues : « Je ne sais pas ce que c'est mais ça se rapproche de vous, arrivée estimée dans 15 secondes ! »

***

Les auxiliaires n'étaient pas les seuls à avoir ressenti cette nette impression d'être observés. Tous leurs autres agents éveillés s'employèrent instantanément – et vainement – à en localiser la source, le doigt sur la gâchette ou la main sur la poignée de l'épée ou du couteau, selon les cas. La brusque baisse de la température qui mit à rude épreuve l'isolation thermique et les systèmes de chauffage de leurs combinaisons fut la dernière confirmation qu'ils n'avaient pas rêvé. -80°C, -85, -90... la barre des -100°C fut franchie en moins de trente secondes et le mercure continuait sa descente. Les chimères utilisèrent leurs pouvoirs parapsychiques pour se réchauffer alors même que leurs implants injectaient une molécule antigel dans leur flux sanguin. Les machines de guerre firent de même en intensifiant la consommation d'énergie de leurs moteurs et en désactivant leurs circuits de refroidissement devenus inutiles.

Dans son monde d'origine, Traoré aurait pu se contenter – avec grande réticence mais la possibilité n'était pas nulle – d'ordonner à ses hommes de rester sur leurs gardes – ce qu'ils faisaient déjà très bien tout seuls, il n'y avait pas besoin de repasser derrière pour le leur redire – en attendant de voir quelles surprises ce lieu leur réservait. Dans ce monde inconnu par contre ? Beaucoup trop risqué. Inacceptablement risqué. Elle aurait délivré les mêmes ordres à ses troupes, même si elle n'avait pas reçu le message du QG : « Laissez tout tomber et sortez de là tout de suite ! Drones et support d'artillerie, parés à tirer ! »

Archavine fut le premier à identifier l'origine de cette présence oppressante et pourtant trop diffuse pour qu'on puisse en remonter la piste. Le voyant lever les yeux au ciel, l'un de ses subordonnés se chargea de relayer sa découverte : « En haut ! »

Un éclat soudain, vision inattendue dans ce monde obscur. Les lumières célestes s'étaient-elles faites plus brillantes ? Non, elles se rapprochaient, fondaient sur eux telle une pluie d'étoiles filantes fantomatiques... ou tels les mille appendices d'une monstrueuse créature des grands fonds. Pendant ce temps, l'aura indistincte des débuts se solidifiait de seconde en seconde, se condensant en ce qui était incontestablement une colossale signature parapsychique. Comment étaient-ils censés combattre ça ?

Question rhétorique : dans l'idéal on évitait, sauf que dans la réalité ils n'avaient que rarement ce luxe.

« On se replie en vitesse et on évite de provoquer cette... chose. N'attaquez pas en premier. »

Peut-être que s'ils arrivaient à lui faire comprendre qu'ils n'étaient pas là pour causer des problèmes elle les laisserait partir. Pas d'offensive préemptive, ils feraient de leur mieux pour garder leur calme tant qu'elle en restait au stade de l'intimidation – même si cette chute thermique pouvait déjà être considérée comme une première action agressive : elle aurait amplement suffi à tuer n'importe quel simple mortel. Il n'y croyait pas vraiment mais du moment qu'il y avait une chance de s'en tirer sans dommages, il se devait d'essayer.

***

Les rubans pâles entrèrent en contact avec la cime des arbres et furent absorbés à l'intérieur du bois noir, les ténèbres se nourrissant de la lumière. Le monde fut brièvement plongé dans une obscurité qui aurait été totale sans les îlots de clarté projetés par les intrus et la lueur du végétal souterrain. Dans la caverne, la température avait plongé et avoisinait à présent les -120°C. Elle diminuait toujours. Le bouillonnement de la source s'était interrompu en un instant, puis sa surface s'était recouverte de fleurs de givre... elle n'était plus maintenant qu'un énorme bloc de glace. Si un froid polaire n'avait pas déjà régné en ces lieux avant même leur arrivée, réduisant à zéro l'humidité de l'air, les mercenaires se seraient retrouvés pris au piège d'un cercueil de gel.

Puis la nuit s'illumina à nouveau. Un éclat glacé pareil à celui de constellations lointaines, une étoile bleutée tapie dans le tronc ou au milieu des branches de chaque arbre... ainsi que dans la poitrine de chacun des défunts. Plantes et carcasses frémirent avant de s'animer lentement dans un concert de craquements sonores, perçant le silence. Racines s'extirpant du sol, bois se contorsionnant pour former de sinistres parodies de membres. Muscles pétrifiés et articulations raidies par le froid se brisant sous l'effort du mouvement post-mortem, traités avec indifférence par leurs propriétaires.

La terre trembla tandis que dans la grotte, l'arbre intégrait les dépouilles afin de constituer une unique abomination de bois mort et de peau momifiée se déchirant sous la pression, dévoilant les chairs et organes préservés par le froid. Rayonnant de son « torse » où avaient fusionné les lugubres lueurs, l'énergie lui prêtant son semblant de vie se saisit des os des trépassés et les aggloméra en une immense lame, un coutelas suffisamment grand pour pouvoir couper un éléphant en deux. La question de savoir si le tranchant de l'arme était assez aiguisé pour y parvenir était purement accessoire : à voir la facilité avec laquelle ses jambes plongées dans la source gelée fracassèrent plusieurs mètres de glace pour se libérer, il ne faisait aucun doute qu'elle disposait de toute la force nécessaire pour réduire les humains en miettes.

Le gigantesque humanoïde au corps hérissé de branches acérées fit un pas, puis deux. De profondes lézardes marquèrent la roche des murs, plusieurs stalactites se détachèrent du plafond et tombèrent en une pluie meurtrière. Il exhala un souffle si froid qu'il en fit éclater la pierre et abattit sa lame macabre sur les mercenaires.

« Soutien, feu à volonté ! »
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Les systèmes de détection des casques de l'escouade Kazanski s'affolèrent et indiquèrent aux bidasses une diminution drastique de la température ainsi que des anomalies électromagnétiques. Ces signaux les inquiétèrent sévèrement et Ishii les prévint alors que quelque chose était en train de s'approcher rapidement d'eux. En effet, l'impression de danger que les mercenaires avaient ressentie plus tôt se manifesta de nouveau avec insistance et leurs cosmos se mirent à réagir face à la menace imminente. Ce qui n'était auparavant qu'une sensation d'être observé se changea progressivement en présence diffuse puis en une aura distincte et oppressante. L'entité qui émettait une telle énergie avait apparemment des intentions hostiles à leur encontre, à en juger par l'effrayante animosité qui emplissait peu à peu la caverne. Quoi que ce soit, la chose qui résidait en ces lieux voulait sérieusement du mal à Vitold et ses compagnons. Ces derniers ne pouvaient toutefois pas la percevoir clairement, aussi fallait-il s'enfuir le plus vite possible faute de mieux.

Johnson ordonna justement aux cinq larrons de se barrer au galop, mais au moment où ils s'apprêtaient à détaler, des sortes de rubans translucides investirent la grotte. Les tentacules blanches enlacèrent le gigantesque arbre noir et furent aspirées à l'intérieur sous les regards abasourdis des témoins. Comme si un appétit insatiable avait été réveillé en lui, le végétal se mit ensuite à avaler voracement toute la lumière des environs, excepté celle émise par l'eau et les soldats. Un contraste radical entre la lumière et les ténèbres avait ainsi été créé en l'espace de quelques secondes, renforçant l'impression d'évoluer au milieu d'un monde à la logique abstraite. Néanmoins, une lueur bleutée naquit au sein du tronc de l'arbre mort, qui devint alors agité de sinistres frémissements.

Les événements dégénèrent dans des proportions délirantes à partir de là : une espèce de golem constitué de bois et de chair momifiée se dressa devant le commando Kazanski puis commença à se diriger vers eux. La bestiole était certes lente, sauf que l'aura agressive qui imprégnait tout l'endroit appelait à une extrême prudence. Se ressaisissant suite au séisme provoqué par l'émergence du monstre, Vitold s'empressa de beugler à ses camarades :

"On se tire de là tas de limaces, et illico presto ! Injectez-vous aussi une dose de drogue stimulante et surtout brûlez vos cosmos !"

"SUNOVABIIIIIIIIIIITCH !!" s'égosilla Doyle, en pleine panique.

Sans perdre un instant, les militaires s'administrèrent la mixture chimique dans leurs veines puis se dépêchèrent de dégager de la caverne au pas de course. Puisant dans leur force cosmique pour accélérer leur cadence de fuite, ils gravirent frénétiquement la pente souterraine jusqu'à la sortie comme un lézard hystérique grimperait sur un mur. De toute manière, ils n'avaient pas l'autorisation d'utiliser leurs armes, soi-disant afin d'éviter de fâcher l'abomination qui cherchait à les trucider. C'était un peu tard pour ce genre de considérations selon le Bourreau, mais il n'avait pas le luxe de discuter les instructions ni de s'attarder à combattre dans un environnement aussi imprévisible. Au moins, le repli des agents était couvert par les chimères et les robots, en espérant qu'ils parviennent à se débarrasser seuls de leur poursuivant.
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Bon, le plan consistant à partir sans faire d'histoires en espérant que l'abomination d'outre-espace les laisse tranquilles était clairement tombé à l'eau. La forêt entière se mouvait à présent, les arbres transfigurés en improbables créatures aux formes torturées s'arrachant du sol pour attaquer leurs forces, tentant de les écraser, de les transpercer ou de les enserrer avec leurs membres noueux. Chimères et robots s'interposèrent pour protéger leurs maîtres humains ; les premières se chargeaient de mettre en pièces les morts-vivants, les seconds de repousser les monstres végétaux. Tâche difficile : qu'elles soient faites de bois ou de chair, ces marionnettes ne ressentaient ni la peur, ni la douleur. Elles continuaient d'avancer en ignorant toutes les blessures, toutes les mutilations ; même sans tête, les cadavres animés ne s'arrêtaient pas de bouger.

« Concentrez-vous sur les arbres, les zombies ne sont pas assez forts pour nous blesser à travers les combinaisons ! » commanda Johnson en tirant une rafale de balles explosives dans le thorax d'un mort-vivant. Si la décapitation ne marchait pas, il espérait au moins pouvoir s'en débarrasser en détruisant le siège de cette énergie qui les illuminait de l'intérieur. La tentative se solda par un échec : au lieu de s'étioler, l'éclat bleu se diffusa dans l'ensemble de la carcasse, qui reprit sa marche comme si de rien n'était malgré le trou béant dans sa poitrine.

« Ils peuvent toujours nous immobiliser, faites attention ! » amenda Traoré en volant à la rescousse d'un de ses subordonnés aux prises avec un quatuor de dépouilles ambulantes. Elle en électrocuta une, dont les muscles congelés se brisèrent comme du verre en se contractant brusquement ; elle se releva pourtant, ralentie mais toujours capable de mouvement. La française regarda avec désespoir les cinq cent mètres les séparant de la porte, transformés en abattoir. Les balles ne servaient à rien et ils n'auraient jamais assez de grenades pour tenir la distance. Plus qu'une solution. « Artillerie, dégagez-nous un chemin ! »

« Couplage activé, élargissement maximal. » répondit l'ingénieur ; un instant plus tard, la brèche dimensionnelle s'ouvrit jusqu'à atteindre un diamètre d'une trentaine de mètres. Elle livra immédiatement passage à un vol d'obus en provenance de l'autre côté, qui s'écrasèrent les uns à la suite des autres dans la forêt en envoyant voler des gerbes de neige et de branches fracassées.

Le crissement du bois gelé alors que les créatures touchées par des langues de feu reculaient précipitamment aurait pu passer pour un cri perçant. Enfin du progrès.

« D'accord, on les brûle ! »

Ainsi fut fait : les machines de guerre mirent leurs lances-flammes en marche, incendiant pêle-mêle arbres, morts-vivants et grandes étendues de neige. Les défunts étaient vite consumés par la voracité du brasier ; les branches et racines affectées par ce feu inextinguible par contre se décrochèrent des troncs comme des queues de lézard pour circonscrire le sinistre. C'était mieux que rien, ils ne s'étaient pas attendus à un miracle. Il leur faudrait cependant faire preuve de parcimonie dans leur utilisation du lance-flamme : la trouée ouverte par le bombardement se refermait déjà à mesure que de nouveaux arbres animés prenaient la place de ceux pulvérisés par la pluie d'acier. Une deuxième salve s'abattit, rouvrant temporairement le passage ; il fallait faire vite, ils ne remporteraient pas une guerre d'usure face aux milliers d'ennemis qui se rapprochaient à chaque seconde.

Un cercle d'explosions leur cacha la porte alors qu'elle vomissait un barrage de bombes tout autour d'elle pour empêcher la forêt de se refermer sur leur seule issue. Les techniciens avaient relié son système de contrôle à celui des armements lourds en position dans leur monde d'origine, exploitant le fait que ses deux faces puissent être orientées indépendamment l'une de l'autre : missiles et obus s'y engouffraient du côté de la Terre et voyaient leur trajectoire altérée lorsque la sortie pivotait, permettant à leur soutien d'artillerie d'attaquer dans toutes les directions.

Ce ne serait pas du luxe : toute la partie supérieure du temple où se trouvait encore l'unité Kazanski se souleva puis se fragmenta et s'effondra comme un simple château de sable. La monstruosité à la poursuite des mercenaires quittait le souterrain, assimilant tous les autres arbres parcourant la structure pour devenir encore plus gigantesque. Sa masse devint telle qu'il lui fallut créer une paire de jambes supplémentaire pour rester capable de se déplacer, passant d'une silhouette humanoïde à une autre rappelant un centaure difforme. Elle essaya de nouveau de faucher les fuyards à l'aide de son arme démesurée mais un double-tir de railgun traversa le bras tenant la lame ; le membre fragilisé se décrocha et tomba lourdement, broyant la pierre sous son poids.

« Pourquoi faut-il toujours qu'ils se régénèrent ? » rouspéta un soldat en voyant la substance du titan serpenter pour rejoindre l'appendice amputé et le ressouder au corps principal tandis que sa « gueule » déversait sur les fuyards une bourrasque de vent si froid que l'atmosphère elle-même commençait à se condenser dans le sillage de l'attaque. « Parce que le Destin est un gros enfoiré, voilà pourquoi. Visez les jambes ! »

Un robot équipé de lance-roquettes s'exécuta, privant le colosse de ses appuis sans pour autant parvenir à l'envoyer s'écraser au milieu des débris, le corps de ce dernier ayant de nouveau muté pour changer une partie de son torse en membres qui lui évitèrent de choir complètement. Un missile traversa la porte et fonça droit vers lui ; il s'en saisit en plein vol de sa main libre, leva l'autre – tout juste rattachée et toujours munie de son épée – et fut englouti par une puissante déflagration avant de pouvoir l'abattre. Même intercepté, un missile pouvait toujours exploser et celui-ci venait de le soulager d'un bras, de sa tête et de la majeure partie de son tronc tout en mettant le feu au reste. Si ça n'était pas assez pas pour que les mercenaires creusent l'écart et rejoignent leurs collègues, rien n'y suffirait.

« Cette chose n'est sans doute même pas vivante, ça ne va pas la retenir longtemps. Tous vers la porte, brûlez ou pulvérisez tout ce qui s'approche trop près. »

Un troisième barrage d'artillerie rouvrit le passage en direction de la brèche dimensionnelle. Cette tactique non plus ne marcherait pas éternellement : tous les arbres à des kilomètres à la ronde semblaient avoir été mobilisés par l'ennemi, leur concentration commençait à devenir si dense que bientôt même leurs plus puissantes ogives thermobariques ne feraient plus l'affaire pour le débroussaillage.
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L'escouade Kazanski était sur le point de sortir de l'édifice que celui-ci commença à s'écrouler lourdement sur elle. Arnold et Robert, leurs réflexes et leur perception décuplés par la drogue, tailladèrent vigoureusement à coups de Chunjun les gravas qui leur tombaient dessus afin de protéger leur groupe. Leurs trois compères se défendirent comme ils purent, les bras sur la tête pour se protéger le crâne, mais aucun ne s'arrêta de courir pour autant. Les mercenaires serrèrent les dents et enflammèrent leurs cosmos dans le but de solidifier leurs corps face à la pluie de décombres. Ils encaissèrent tant bien que mal les rochers qui s'abattaient sur eux jusqu'à finalement s'extirper de la zone d'effondrement. Un véritable champ de bataille se présenta alors à leurs yeux, où robots et chimères affrontaient férocement des espèces de zombies tandis que les tirs d'artillerie fusaient de tous les côtés. Les morts-vivants étaient des amas torturés de chair accompagnés d'immondes humanoïdes sylvestres, assez similaires au golem géant qui était apparu dans la caverne, à ceci près qu'ils étaient en version miniaturisée.

Sans prendre trop de retard sur ses proies, le monstre colossal s'échappa à son tour des souterrains en fracassant brutalement la partie haute du sanctuaire. C'était donc son escalade sauvage qui avait provoqué la destruction du temple alors que le commando Kazanski était encore en train de remonter ? Même avec leur vitesse de fuite, les cinq soldats n'arriveront jamais à distancer ce mastodonte si les événements continuaient de dégénérer à ce rythme !

"ATTENTION !" hurla désespérément Doyle.

A peine la créature était-elle sortie qu'elle tenta de balayer ses cibles, mais elle fut stoppée net dans son attaque par des décharges de canons électriques, avant de se faire rageusement pilonner par de nombreux missiles. Vitold et ses camarades profitèrent de cette diversion pour se reprendre mentalement et déguerpir à toute allure vers le chemin conduisant au portail. Ils ne pouvaient pas se permettre de s'attarder ne serait-ce qu'une seconde ni de ralentir sous l'effet de la stupéfaction, aussi devaient-ils s'efforcer de rester concentrés et calmes. Ce n'était certes guère aisé de conserver sa sérénité en de pareilles circonstances, mais leur survie dépendait de l'efficacité de leurs actions et de la clarté de leurs pensées. S'ils s'emballaient maintenant sans prendre garde à leur environnement, ils étaient foutus.

L'escadron Kazanski sprinta à travers le village abandonné, désormais sous les bombardements, puis entama la descente de la colline enneigée. Soudain, une rafale glaciale poussa brusquement les mercenaires par derrière et leur fit dégringoler la pente jusqu'en bas. Quelque peu secoués et étalés dans une épaisse couche de poudreuse, ils arrivèrent toutefois à se lever péniblement et à poursuivre leur retraite. Fort heureusement, leur équipement tenait le choc et leur énergie cosmique parvenait à les réchauffer suffisamment. Néanmoins, les militaires avaient encore à parcourir une plaine entière avant d'arriver à destination, ceci tout en esquivant les feux d'artillerie ainsi que les zombies et les arbres ambulants.

"Ne faiblissons pas, nous y sommes presque !" lança le Bourreau à ses collègues afin de les galvaniser.

"GO JOE !!" rugirent-ils de concert.

Le Russe poussa un grognement d'exaspération devant ce cri de ralliement ridicule et préféra l'ignorer, histoire de se focaliser sur leur repli. Les cinq bidasses évitèrent du mieux qu'ils pouvaient les tirs alliés et les ennemis, Robert et Arnold n'hésitant pas à violemment trancher ces derniers de leurs épées harmoniques s'ils osaient leur barrer la route. Finalement, ils parvinrent en vue du portail inter-planaire, dont le vortex déversait régulièrement des rafales de missiles, d'obus et autres explosifs contre les monstres végétaux qui essayaient de s'en approcher. Plus que quelques mètres à parcourir et le commando Kazanski sera enfin en sécurité...
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Insupportables vermines. Ces méprisables insectes refusaient d'accepter leur destin et leurs créations de feu et de métal parvenaient même à tenir tête à ses incarnations. L'entité n'avait plus ressenti une telle colère depuis des temps immémoriaux, depuis l'époque où l'un de ses congénères avait voulu envahir son domaine pour y installer son troupeau d'adorateurs, ceux-là même dont elle emplissait à présent les cadavres d'un simulacre de vie. Elle avait retenu la leçon de cette première intrusion, il y a si longtemps : tout ennemi qui se présentait devant elle devait être impitoyablement éradiqué ou il ne ferait que revenir avec encore plus d'opiniâtreté.

Leur engeance avait de la ressource, il fallait bien l'admettre. La sérénade des explosions et la danse des flammes empêchaient son froid de se manifester dans son entièreté et qu'importe à quel point l'entité abaissait la température, combien d'énergie elle drainait jusqu'à se blesser elle-même, leur ardeur refusait de diminuer. On aurait dit que leurs armes incendiaires crachaient un distillat de fureur et de haine à l'état pur, dévorant tout ce avec quoi elles rentraient en contact, jamais rassasiées. Quant à leurs créatures difformes, même quand elle parvenait à surmonter son dégoût pour en expurger la vitalité et la remplacer par un fragment de sa propre essence, leurs corps commençaient immédiatement à se désagréger pour ne plus laisser qu'une immonde bouillie organique. Le processus ne pouvait être enrayé qu'en congelant intégralement les bêtes, y compris leurs muscles et articulations, ce qui ne lui laissait que des pions immobiles et donc inutiles. Pour finir, mêmes les rares incarnations qui réussissaient à se faufiler sur la porte étaient aussitôt découpées en morceaux lorsque l'ouverture pivotait sur elle-même, sa circonférence devenant alors le tranchant le plus affûté de l'univers ; les bouts de bois ou de morts-vivants tombant de l'autre côté étaient instantanément incinérés par la première ligne de défense de leur monde d'origine.

Mais ils n'étaient pas les seuls à avoir de la ressource, oh ça non. La violence de leurs attaques avait brisé ou dégelé le permafrost, une erreur qui n'allait pas tarder à se retourner contre eux : la terre ainsi rendue meuble trembla et s'ouvrit autour de la faille, soulevée par un rempart végétal qui s'élevait plus vite que les projectiles venus de l'autre côté n'arrivaient à l'entamer. De ce rideau naquit un second colosse, comparable en taille à celui qui poursuivait les militaires. La tête et le torse de la créature étaient celles d'un dragon couleur obsidienne veiné de bleu glacé tandis que son corps rappelait celui d'un cauchemardesque mille-pattes, terminé par une grande pince acérée. Sa gueule était garnie de plusieurs rangées de crocs et plutôt que des ailes, l'entité avait choisi d'affubler cette incarnation d'une seconde paire de bras ; pas d'armes contrairement au « centaure » mais ses griffes rendaient un tel instrument inutile. D'autres aberrations sylvestres – de moindre taille car issues seulement de la fusion de deux ou trois arbres au lieu des dizaines, voire centaines composant les deux mastodontes – émergèrent également du sol dans de grands panaches de terre de chaque côté de la voie empruntée par les soldats, complétant l'encerclement.

Ils étaient faits comme des rats.

***

Merde. Centaure derrière, dragon devant, armée de sous-fifres sur les côtés – et sans doute aussi en-dessous, puisque c'était par là qu'ils étaient passés pour ne pas être pulvérisés par les armes lourdes. La course effrénée depuis le temple en ruines, l'équipe Kazanski sur leurs talons, n'avait pas été assez rapide. Ils paniquaient depuis un moment déjà mais là la situation était vraiment critique. Ils ne pensèrent même pas à réprimander les mercenaires pour leur dire que ce n'était pas le moment de ressortir l'un de leurs slogans stupides.

Johnson leva les yeux vers le dragon lové autour du mur barrant l'accès à la porte. Le rempart vacillait sous les tirs constants provenant de la Terre mais se reconstituait immédiatement. Son gardien se dressait fièrement vers le ciel d'encre ; les contours de sa masse obscure auraient été invisibles sur ce fond tout aussi noir sans les multiples draperies de lumière pâle qui s'engouffraient dans son dos, donnant l'impression d'une figure angélique grotesquement déformée. Il était presque sûr maintenant que ces lueurs célestes étaient la véritable forme de leur ennemi. Tué par une aurore boréale vivante, c'était une mort absurde même pour les Agences.

« Si on se fait avoir, protocole standard contrôle mental et réanimation d'agents par l'ennemi. » ordonna-t-il sombrement.

« Bien reçu. »

Plus concentrée sur les chances de survie qu'il leur restait, Mélissa débita ses propres instructions : « On perce le mur des deux côtés en même temps. Toungouska, Lansknechts, Salamandres, charge maximale, standby. Envoyez-nous ce que vous avez de mieux pour ralentir sa reconstruction. »

De l'autre côté du rideau de bois, la porte se mit à tourner sur elle-même à une vitesse folle et dans toutes les directions, évidant une sphère d'espace avant de s'immobiliser juste à temps pour cracher un nouveau missile rempli de la substance incendiaire la plus puissante à la disposition des Agences. Dans le même temps, Archavine se synchronisa avec les Timur restés sur Terre, magnifiant sa capacité d'annulation des facultés parapsychiques. Deux messages d'alerte jumeaux firent irruption dans les casques des chefs d'expédition, prévenant des dommages neurologiques que le muet encourrait s'il s'obstinait à aller ainsi au-delà de ses limites plus de quelques secondes. Le russe risquait d'en mourir même s'ils traversaient le mur puis l'enfer de flammes chimiques de l'autre côté qui profiterait du moindre trou dans leurs combinaisons pour les brûler jusqu'à la moelle ; une nécessité pour que leurs chances passent de « nulles » à « infinitésimales ».

Le géant quadrupède chargeait dans leur dos, prêt à les pourfendre tous de son immense épée. Ils ne pourraient pas combattre les deux abominations majeures en même temps. Les robots disposèrent toutes leurs mines restantes pour ralentir l'avance des plus petits spécimens qui les prenaient en tenailles, les dernières chimères se sacrifièrent pour ralentir leur avancée. Rafales de mitrailleuse et explosifs les moins puissants pour les « avortons », attaques incendiaires, railguns et bombes plus massives pour leurs grands frères, surtout le reptilien.

Les soldats joignirent leurs tirs de fusil électrique et leurs grenades aux munitions envoyées par les machines de guerre, amputant le dragon de plusieurs tonnes de matériau trop vite remplacées. L'influence du sergent ralentissait la créature et sa régénération mais sa vivacité restait redoutable ; elle plongea vers eux la gueule grande ouverte et toutes griffes dehors, les mouvements de son corps colossal creusant de profondes tranchées dans le sol. Elle se releva avec fluidité tandis qu'un stupéfiant volume d'air était aspiré à l'intérieur par un millier d'orifices. Un air chargé d'humidité suite à l'action du feu sur la neige puis refroidi par son pouvoir qu'elle expulsa violemment par la bouche, un souffle polaire qui emprisonnait tout ce qu'il touchait dans la glace.

Deux soldats malchanceux furent pris au piège ; un revers de patte de la monstruosité fracassa la gangue de glace et projeta au loin leurs corps désarticulés. Elle se tourna vers leurs compagnons encore en vie et les gratifia d'un nouveau vent cryogénique, repartant à l'attaque. Le centaure, arrivant enfin à portée de souffle sinon d'épée, en fit de même.
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BGM- https://www.youtube.com/watch?v=aEHnWkDuy8M -BGM

Des tréfonds de la terre jaillit une muraille sylvestre de forme circulaire, ce qui empêcha les agents de rejoindre la faille dimensionnelle. Les circonstances continuèrent d'empirer à partir de ce point : sous les yeux effarés de l'escadron Kazanski, une sorte de dragon titanesque germa de la barrière végétale. Accompagné de zombies et d'arbres animés, le golem en forme de centaure était en train de se rapprocher d'eux et cherchait vraisemblablement à les prendre en tenaille. Il n'y avait guère besoin d'être un génie pour s'en apercevoir et les mercenaires avaient aussi compris que s'ils n'y mettaient pas plus de bonne volonté, ils allaient réellement y laisser leur peau. Mais que pouvaient-ils faire face à une telle vague d'ennemis les harcelant de toute part, en nombre encore plus important qu'à Svalbard ? Quant aux gigantesques tentacules lumineuses qui dansaient dans le ciel, elles semblaient s'agiter de manière inquiétante, comme si elles étaient impatientes à l'idée de tuer les humains qui s'étaient infiltrés dans leur domaine.

Les machines de guerre s'élancèrent à la protection des soldats et cherchèrent à détruire le mur de plantes, mais elles ne parvinrent qu'à causer des dégâts qui se résorbèrent trop prestement pour qu'une ouverture correcte puisse se créer. Avec un acharnement désespéré, les soutiens à l'extérieur ainsi que les autres militaires essayèrent aussi d'exterminer les monstres et de se frayer un passage, en vain. Devant l'ampleur des obstacles et du péril qui se présentaient, Archavine dut déployer son aura cosmique afin de restreindre leurs innombrables adversaires, ceci au péril de sa vie. Si le commando Kazanski n'agissait pas maintenant, les agents de Firmament risquaient tous d'y passer d'une seconde à l'autre.

Le duo implacable de marionnettes sylvestres commençait d'ailleurs à massacrer leurs troupes, renforçant l'urgence de la situation. Les cinq mercenaires durent ensuite esquiver d'un bond prodigieux le souffle cryogénique vaporisé par les colosses en plein carnage. Ils prirent aussi garde aux attaques physiques comme les coups de queue ou de sabre, susceptibles de briser leurs défenses. L'expérience de la confrontation avec Schneider leur avait enseigné cette leçon : toujours s'efforcer de privilégier la mobilité, quelles que soient les conditions auxquelles ils étaient confrontés.

"Zut !" pesta Vitold face aux incroyables facultés de régénération de l'ennemi. "Inutile d'insister contre ces bestioles, il faut se créer une voie à travers cette muraille et fuir tant qu'elle est affaiblie !"

"Utilisons tous nos explosifs et nos Chunjuns alors !" suggéra vivement William.

Le Bourreau hocha la tête et fit signe à son camarade sniper de charger les munitions adéquates dans leurs canons électriques. Quant aux autres, ils préparèrent chacun deux grenades explosives, Doyle ayant filé une de ses bombes à William pour faire bonne mesure. Toute la fine équipe une fois à distance de sécurité, les combattants au corps-à-corps se mirent derrière les artilleurs et ceux-ci tirèrent contre le rempart végétal au même endroit. Robert, William et Arnold embrayèrent à toute vitesse dès l'impact en lançant énergiquement leurs grenades, qui provoquèrent une terrifiante série de déflagrations tonitruantes. Ils avaient pris soin de bien viser au même emplacement afin de s'assurer qu'un trou puisse être creusé et ils paraissaient y être arrivés.

"NOOOOOOOOOOOOW !!!" s'époumona virilement Arnold, déjà dans le feu de l'action.

Les soldats n'eurent même pas besoin que le métis beugle pour s'engouffrer dans l'ouverture à toute berzingue. En même temps qu'ils traversaient la barrière, les manieurs d'épées harmoniques découpèrent les racines et les bourgeons qui essayaient de colmater la faille, même si ces cochonneries étaient freinées par les flammes dévorantes et l'aura d'Archavine. Les Chunjuns avaient été réglé à une puissance telle qu'elle labourait violemment toute opposition sur la route des militaires. De plus, ces satanés légumes étaient déjà affaiblies par les multiples rafales décochées à travers le portail inter-planaire, ce qui avait facilité aux militaires la tâche dans la conduite de leur percée. Histoire d'en ajouter une couche, Vitold et Doyle jetèrent des grenades incendiaires dans la brèche afin d'éviter qu'elle ne se rebouche de sitôt.

"Nous avons franchi l'obstacle !" cria le premier à l'ensemble de ses alliés. "Vous pouvez foncer !"

Nourrir ce brasier vorace un peu plus n'était plus un problème au stade où ils en étaient, surtout qu'ils étaient déjà complètement entourés par ce feu affreusement corrosif. Heureusement, les combinaisons de l'escouade Kazanski n'avaient pas souffert de fissures, étant donné qu'ils avaient surtout dévalé une pente et récolté quelques pierres sur le coin de la tronche. Autant dire que ce n'était pas encore assez pour abîmer de façon notable leurs protections, bien qu'elles soient rayées et cabossées à certains coins. L'important était de ne pas se coltiner un trou dans l'isolation, ce qui sonnerait leur fin dans un environnement aussi brûlant. Quoi qu'il en soit, les mercenaires devaient surveiller l'accès dimensionnel et s'assurer que leurs collègues puissent à leur tour les rejoindre.
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« Toungouska, feu ! »

De l'autre côté du portail, l'arme secrète des russes soumit un globule de matière à une pression dantesque, déchirant de nouveau la trame de la réalité ; le trou noir ainsi généré se rematérialisa à l'intérieur du centaure et convertit instantanément l'intégralité de sa masse en pure énergie, l'équivalent d'un quart de tonne d'explosif conventionnel.

Toute la partie supérieure du colosse fut réduite en poussière. Étrangement, les rubans d'énergie animant le reste de la créature se rétractèrent brusquement, comme pour fuir la lumière incinératrice. Les témoins du spectacle en prirent bonne note mais ne s'attardèrent pas pour regarder la suite ; les machines trop endommagées pour battre en retraite avec eux s'autodétruisirent pour leur permettre de creuser l'écart avec leurs poursuivants.

Les efforts combinés des mercenaires et des soldats avaient ouvert un passage à travers le rempart végétal. Le dragon tenta de l'obstruer avec son corps massif ; ce fut à ce moment qu'intervint leur deuxième arme secrète. Salamandres et Lansknechts, une collaboration franco-américaine combinant deux types de lasers à haute intensité cette fois. La faille fut temporairement modifiée pour servir de lentille gravitationnelle, fusionnant plusieurs dizaines de faisceaux lumineux en une unique lance d'énergie qui embrasait l'atmosphère, si concentrée qu'elle en semblait presque solide. Elle traversa à la fois la tête et le « cœur » de la bête, profitant d'un alignement qui ne dura qu'un centième de seconde ; ses veines bleutées s'éteignirent alors qu'une fois de plus, l'entité qui la possédait abandonnait son réceptacle en toute hâte. Le bois à présent inerte et percé de deux trous aux bords enflammés se rompit en maints endroits sous son propre poids et s'écrasa au sol.

« Le feu seul ne suffit pas mais les attaques lumineuses concentrées lui font lâcher prise. Intéressant... »

« Vous vous extasierez plus tard ! »

Les tentacules immatériels semblaient avoir retrouvé leur courage et de nouvelles formes monstrueuses se dessinaient au milieu du chaos incohérent de la forêt ambulante. Les soldats déguerpirent sans demander leur reste, franchissant la muraille de bois perforée puis la géhenne ardente et enfin la brèche spatio-temporelle, Archavine fermant le cortège. Il se jeta à plat ventre quand une quintuple ration de missiles passa au-dessus de sa tête : il n'y avait plus personne de vivant dans cet autre monde, les Agences n'avaient plus besoin de se retenir. Johnson et Traoré l'attrapèrent chacun par un bras pour le traîner en sécurité.

« Fermez la porte, bordel ! » gueula la française en voyant que la faille restait béante... et que l'éclat bleu de sa bordure était graduellement supplanté par celui, blafard, de la fausse aurore boréale.

« Ça ne marche pas, ce truc la maintient ouverte ! »

« On inverse la polarité, barrez-vous ! »

Ils ne comprenaient pas de quoi les scientifiques voulaient parler mais ils ne se le firent pas dire deux fois. Ils sortirent prestement du périmètre tandis que les barrières recevaient un afflux d'énergie supplémentaire pour empêcher l'entité de traverser, que les lasers faisaient feu de plus belle pour annihiler la moindre trace d'énergie ou de matière étrangères émergeant de la distorsion. Puis la terre trembla alors que la porte implosait violemment sous la pression des mêmes éclairs noirs que ceux qui avaient amorcé sa création. Les techniciens ne s'étaient pas contentés de couper l'alimentation du dispositif pour laisser la faille se résorber toute seule, ils avaient inversé son fonctionnement pour forcer la fermeture. Il n'y avait plus d'air à l'intérieur de la barrière, rien qu'un vide absolu : la porte était devenue un vortex instable qui aspirait tout autour d'elle, exerçant une pression des milliers de fois supérieure à celle de la gravité terrestre sur l'intrus. Et pourtant celui-ci persistait, introduisait bravement des filaments de bois noir et de lumière livide au travers d'une ouverture d'à peine quelques dizaines de centimètres de diamètre. Dans son aura filtraient à présent des émotions presque reconnaissables : souffrance, colère et surtout une haine sans bornes. Par réflexe, les militaires reculèrent encore plus pendant que le sergent s'opposait derechef à l'énergie de la créature ; les autres éveillés joignirent leurs forces à la sienne.

L'alliance n'attendit pas de voir qui de leur machine, de leurs soldats ou de la monstruosité interdimensionnelle craquerait en premier. Toungouska tira une deuxième fois : l'explosion de chaleur et de lumière qui aurait dû tout engloutir dans un rayon de trente mètres fut confinée à la taille d'un ballon de basket par la déformation de l'espace-temps, brillant avec toute la fureur d'un Soleil miniature avant d'être absorbée par la faille dont le diamètre diminua de moitié. Les balles et autres munitions plus classiques par contre ne servirent à rien.

« Putain je le savais, je le savais ! »

« On aurait jamais dû faire ça... »

« C'est pas le moment, vous... ! Oh non... »

***

À la question « Qui des éveillés, du dispositif ou de l'entité cédera en premier ? », la réponse s'avérait être « Aucun, c'est la réalité qui se fracasse ». Le rituel mené à Diomède avait laissé des traces au-delà de celles que les Agences avaient exploité pour leur expérience, des fragilités qu'elles s'étaient efforcées de sceller mais qui faisaient à présent office de chemin de moindre résistance pour les énergies qui s'affrontaient en ces lieux. Les fissures se propagèrent à travers plusieurs dimensions et le contrecoup du phénomène détruisit les barrières en même temps qu'il achevait de faire s'effondrer la porte.

L'entité aurait hurlé si elle avait eu une bouche. Même ces fragments d'étoile agonisante que ces vermines avaient utilisés pour la brûler jusqu'au plus profond de sa substance ne lui avaient pas causé une telle douleur : l'effet guillotine l'avait coupée en deux, séparant cette part de son esprit du reste de son être avant de la rejeter dans ce monde étranger, coincée dans les misérables vestiges de l'un de ses réceptacles.

Désorientée, humiliée et enragée, elle ne s'aperçut que trop tard qu'elle n'était pas seule dans cette enveloppe malmenée. La dépouille desséchée d'une créature inidentifiable s'était mêlée à l'amas de bois noir ; l'aura qui s'en échappa pour planter les crocs dans son essence était vicieuse et affamée. L'entité lutta pour repousser le parasite qui se gorgeait de son énergie, se repaissait de sa psyché elle-même. Cela ne servit à rien : la faim du nouvel arrivant était telle qu'il dévora l'attaque mentale, en remonta le courant pour s'insinuer plus profondément en elle et l'assimiler de l'intérieur. Peu avant de perdre ce qu'il lui restait de conscience, elle capta les souvenirs de son agresseur, ceux d'une blessure semblable à la sienne avant l'emprisonnement puis une éternité de dérive dans le néant, sans lumière ni air ni eau ni nourriture d'aucune sorte. Dire qu'elle ne désirait rien tant qu'une telle existence...

***

Aucun des éveillés présents lors du combat contre l'Ordre de Lémuria n'avait oublié cette aura. Blêmes, ils se mirent tout de même en position de combat autour du périmètre ravagé ; les lance-flammes vomirent leurs flots de mixtures incendiaires, les roquettes et rafales de balles explosives mirent en pièces l'amalgame immonde de matière organique, à la fois végétale et... autre.

Mais le temps que le premier missile ne frappe, l'épisode de cannibalisme spirituel s'était déjà terminé. Une énergie répugnante revitalisa des cellules mortes depuis longtemps, les remodela à sa convenance jusqu'à aboutir à une caricature de bipède sans tête mais munie de cinq bras, faite d'une agglomération de ce qui ressemblait à d'énormes lamproies mutantes. Des mille gueules de ce corps grotesque suintait un fluide qui attaquait la pierre ; des yeux de toutes les tailles et de toutes les formes apparaissaient et disparaissaient un peu partout comme des bulles remontant puis éclatant à la surface d'un liquide.

« Czernobog. » trembla un soldat, appelant la créature par son ancien nom de code.

« Il est différent... » remarqua Mélissa. Bien sûr qu'il l'était : il venait de bouffer une autre aberration et maintenant c'était comme s'ils en avaient deux pour le prix d'une !

« Rouvrez la porte, il faut qu'on le renvoie de l'autre côté ! »

Un second missile s'écrasa contre un mur invisible à quelques mètres de leur ancien et nouvel ennemi. L'onde de choc le propulsa dans les airs mais il atterrit sans mal sur ses bras avant de restructurer son corps dans un bruit dégoûtant afin que lesdits bras deviennent des jambes et vice-versa. Son thorax s'ouvrit en deux, de ce qui lui tenait lieu de clavicule à ce qui passait pour une hanche, révélant que l'intérieur contenait d'innombrables rangées de dents pareilles à celles des requins, une immense mâchoire verticale.

Il se mit en mouvement, couvrant la distance le séparant de la machine de guerre la plus proche en un clignement d’œil. Le robot disparut dans la gueule béante qui le recracha une seconde plus tard, réduit à un amas de tôle compressée et perforée. Ayant compris qu'il ne pourrait pas s'en sustenter, l'être émit une impulsion énergétique ; les six robots les plus proches furent écrabouillés par un étau psychique tandis que deux chimères et autant de soldats se voyaient immobilisés par la même force invisible. Malheureusement pour ces derniers, il s'agissait de Doyle et William. La créature rouvrit sa mâchoire géante, d'où sortit cette fois une longue langue rouge comme le sang qui s'enroula autour du métis.
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Après une succession de péripéties toutes plus pétaradantes et homériques les unes que les autres, les agents de Firmament parvinrent à se sauver de la dimension parallèle et des monstruosités qui y résidaient. Effectivement, tout l'arsenal le plus destructeur et sophistiqué de l'organisation gouvernementale avait été déployé pour permettre le repli du corps d'expédition. Les militaires avaient toutefois embarqué avec eux un morceau encore vivant de l'abomination sylvestre qui habitait l'autre plan d'existence. La créature, atrocement mutilée, commença à se convulser de douleur et à subir d'ignobles mutations avant même que les soldats n'aient eu le temps de reprendre leur souffle. Deux signatures énergétiques différentes se mélangèrent à cet instant et donnèrent naissance à une entité humanoïde garnie d'effroyables crocs de la tête aux pieds.

"ENCORE ?!" s'étrangla Doyle, à la fois choqué et exaspéré.

Ce n'était pourtant pas faute d'avoir œuvré au mieux pour refermer la fissure spatiale aussi promptement que possible, mais le fait était que ces satanées bestioles sorties de l'imaginaire de Lovecraft arrivaient toujours à se frayer un chemin. Quoiqu'il en soit, le commando Kazanski devait se charger de supprimer cette horreur et de nettoyer ses restes du périmètre une fois qu'elle aura été réduite en cendres. Que ce soit le dénommé Czernobog ou une autre cochonnerie du genre, les cinq bidasses n'allaient pas reculer aussi facilement !

"Aux armes tas de lopettes, il ne faut pas laisser cette abomination en liberté !" rugit Vitold, son railgun à l'épaule.

"J'veux bien, mais j'peux plus bouger d'un pouce !" gémit Doyle, pétrifié comme une statue.

"M-Moi non plus..." bredouilla William, les yeux écarquillés de terreur.

Le Bourreau put constater avec stupeur que ses deux compères étaient complètement immobilisés, sans doute à cause d'une force invisible très certainement exercée par le monstre. S'agirait-il d'une sorte d'attaque psychique ? En attendant, cette chose était parvenue à déglinguer plusieurs robots rien qu'avec cette impulsion bizarre, aussi fallait-il la prendre au sérieux malgré sa taille moins impressionnante qu'avant. Si les trois autres mercenaires ne réagissaient pas à temps, la langue visqueuse de la bête allait réduire un William impuissant en chair à saucisse.

Comprenant le danger qu'encourait son ami, Arnold fut le premier à le défendre en tranchant l'appendice répugnant d'un coup fulgurant de Chunjun. L'épée ayant été réglée quasiment à pleine puissance, rien ne pouvait résister aux capacités destructrices de sa lame.

"DEYAAAAAAAAH !"

De son côté, le Russe moustachu dégaina son couteau et s'en servit pour rapidement ôter la langue qui s'enroulait autour du manieur de Gymnot. Ceci fait, il la jeta alors à son propriétaire d'un geste rapide au dégoût prononcé. Les deux utilisateurs de sabre harmonique du groupe ne perdirent ensuite pas une seconde pour pousser la résonance de leurs armes à fond puis tailladèrent frénétiquement leur ennemi.

"ZUUUURAAAAAAAAAAH !"

"WORYAAAAAAAAAAAAH !"

Robert et Arnold procédèrent en chargeant alternativement contre la créature avec une coordination maîtrisée, infligeant une attaque précise et violente à chacun de leurs passages. Vitold leur ordonna ensuite de s'écarter illico presto, ce qu'ils firent sans discuter, ceci afin qu'il puisse employer une grenade incendiaire. Bien entendu, ils transportèrent dans leur retraite leurs deux collègues paralysés histoire de les mettre en sécurité. Les flammes impitoyables jaillirent ainsi de la bombe et, fidèles à leur gloutonnerie corrosive, dévorèrent Czernobog en un clin d’œil. Est-ce que cela allait être au moins suffisant pour mater cet amas de bois et de chair ? Comme plus rien n'était certain depuis des lustres dans ce fichu métier, les mercenaires devaient être préparés à tout et n'importe quoi. L'artilleur russe tint donc le brasier en joue avec son canon électrique, une munition à pointe creuse prête à pulvériser l'adversaire dans son barillet.
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Les mercenaires parvinrent à délivrer leurs compagnons prisonniers avant qu'il ne soit trop tard et à riposter. Kazanski n'aurait toutefois pas dû se débarrasser de façon aussi cavalière de la langue de la créature : la section amputée se dirigea d'elle-même vers le moignon et s'y ressouda en un instant. Les autres blessures infligées par la danse furieuse des Chunjun se résorbaient à peine plus lentement : l'intérieur des plaies se mettait à grouiller de tentacules miniatures qui en reliaient et rapprochaient les bords jusqu'à ce que les chairs se réunissent comme s'il ne s'était rien passé. Les membres tranchés continuaient de bouger à la manière d'une queue de lézard et quand ils ne se recollaient pas tout simplement à leur emplacement d'origine, ils étaient assimilés à l'intérieur d'une autre partie du corps tandis qu'un nouvel appendice repoussait à la place. Plus inquiétant, les combattants réussirent surtout à se faire copieusement asperger de l'ichor corrosif du monstre qui commença à ronger les couches supérieures de leurs armures.

Quatre soldats des équipes de Mélissa et d'Archavine se précipitèrent pour soutenir les auxiliaires, électrocutant et criblant Czernobog de balles. La distraction fut suffisante pour permettre à ces derniers de se dégager et d'employer l'une de leurs armes incendiaires. ils eurent droit à une réaction : à peine les flammes l'eurent-elles touché que leur adversaire émit une nouvelle vague psychique pour se libérer du manteau ardent. Les chairs brûlées ne se régénérèrent pas, bien au contraire, l'état des blessures s'aggravait à vue d’œil.

« Sa psychokinésie est moins puissante qu'avant, il n'a pas pu se protéger pendant qu'il tenait William et Doyle. » remarqua la française en jetant une grenade classique pour éviter que l'entité ne se ressaisisse trop vite. Lorsque l'abomination était apparue pour la première fois, son bouclier invisible était bien plus résistant et elle pouvait exercer ses pouvoirs simultanément sur un nombre de cibles autrement plus important. Ses presque deux années de captivité dans le vide interdimensionnel avaient dû l'affaiblir... mais elle restait redoutable et ils n'avaient pas encore vu quels étaient les effets de son assimilation de l'autre horreur sans nom. « On le maintient sous pression, on le fait exploser et on incinère les fragments. »

« Ou on lui fait bouffer une grenade. Kazanski, ne lui rendez pas ses morceaux la prochaine fois ! »

Czernobog n'allait cependant pas leur faciliter la tâche : puisqu'il n'arrivait pas à réparer ce que le feu chimique avait détruit, il laissa derrière lui les parties affectées à la faveur d'une mue particulièrement repoussante et chargea en direction de la chimère la plus proche, sans doute pour la dévorer et ainsi remplacer la matière organique perdue. Le mouvement fut si rapide qu'aucun des éveillés présents ne fut capable de suivre ; heureusement, leurs machines de guerre avaient de meilleurs réflexes. La créature s'étala de tout son long lorsque des tirs de laser lui sectionnèrent les jambes et fut prestement écrasée par un feu nourri de balles explosives.

Une impulsion énergétique souleva le sol autour de la créature, empêchant les agents de presser immédiatement leur avantage. Le temps qu'une paire d'obus démolisse le rempart improvisé, elle s'était remise d'aplomb et avait de nouveau muté, adoptant une forme quadrupède mieux proportionnée et plus difficile à viser avec une longue queue se divisant en de multiples tentacules. Son épiderme s'était également recouvert d'un exosquelette minéral qui la protégea des multiples faisceaux laser et arcs électriques la prenant instantanément pour cible ; elle se mit à expédier des salves psychiques longue distance et à créer ses propres projectiles en comprimant la pierre à proximité pour détruire méthodiquement leurs tourelles.

Une volée de tirs de railguns la déstabilisa, fauchant des membres et excavant de grandes plaies dans son corps. Elle détourna le missile qui aurait dû s'abattre sur elle pour poursuivre l'offensive, s'en servant pour intercepter une deuxième bombe volante. Archavine, Johnson et leurs subordonnés voulurent profiter de l'ouverture : le pouvoir du sergent s'opposa à celui du monstre, les rafales d'armes automatiques craquèrent et Johnson attaqua, épaulé par deux épéistes. Leurs Chunjun s'arrêtèrent sans toucher l'ennemi, qui avait apparemment compris qu'il n'avait qu'à enserrer le plat des lames avec sa télékinésie pour les neutraliser, aussi tranchantes soient-elles. Il fallut l'intervention d'un duo de snipers français et russe pour le repousser et fournir à l'américain l'occasion de faire usage de sa propre grenade incendiaire.

Hélas, Czernobog étendit sa seconde peau minérale au-dessus de ses plaies pour empêcher la substance dévastatrice d'y pénétrer. Il battit en retraite, abandonnant derrière lui la couche externe enflammée de sa cuirasse qui se renouvela aussitôt, amortissant l'impact des balles dont les soldats continuaient généreusement de l'arroser. Une nouvelle série de frappes d'artillerie vint le forcer à garder ses distances avec le reste des soldats.

« Carapace ablative. Il apprend, on ne peut pas compter sur un raccourci. » observa la française, qui commençait à perdre haleine à force de courir pour sa vie, puis de s'efforcer de rester en formation face à cet adversaire qui ne voulait pas rester en place. Ses camarades ne se portaient guère mieux : la fuite avait déjà épuisé une partie de leurs forces et sérieusement entamé les munitions à leur disposition.

« Oui mais elle le ralentit. » contra un militaire un chouïa moins pessimiste.

Certes, ses mouvements étaient devenus moins fulgurants, cependant l'idée de Johnson avait peu de chance de marcher maintenant. Mélissa ne s'attendait pas à voir un envahisseur d'un autre monde employer une technique défensive typique des éveillés dépourvus d'armures mais puisqu'il n'avait accès qu'à une quantité limitée de précieuse matière organique, il se montrait créatif en utilisant la matière environnante à la place. Il ne tomberait jamais à court, il fallait vite détruire le corps de chair à l'intérieur avant que...

L'aura de l'abomination s'amplifia soudainement, à un tel degré que même la française put la voir prendre la forme de filaments de lumière boréale. L'assaut télékinétique balaya le champ de bataille, expulsant violemment les soldats, projetant au loin une véritable tempête de pierres volantes et réduisant temporairement la visibilité à zéro. Puis ce fut une vague de froid polaire qui déferla sur les lieux, prouvant que Czernobog était bel et bien en train d'assimiler les pouvoirs de l'entité qu'il avait parasité pour revenir à la vie.

Lorsque le chaos retomba et que la terre cessa de trembler, ils s'aperçurent que le paysage venait d'être transformé. Plus de plan incliné uniforme menant à la mer mais quelque chose qui rappelait plusieurs cratères aux parois de roche et de glace emboîtés les uns dans les autres, là où le gel avait figé les débris soulevés par les ondes de choc successives. Ces obstacles séparaient les agents les uns des autres, bouchaient leurs lignes de tir et rendaient les déplacements plus difficiles – ce d'autant plus que le givre rendait toutes les surfaces glissantes.

« Artillerie, couvrez-nous le temps qu'on se regroupe ! »

« Négatif, on ne peut pas ! »

« Pourquoi ?! »

« Parce que la cible a disparu ! »

Effectivement, il n'y avait plus signe de l'aberration nulle part. Mélissa se prépara à contacter le QG de toute urgence pour demander une frappe à l'arme de destruction massive, même en sachant qu'elle signerait ce faisant l'arrêt de mort de tous ceux qui se trouvaient sur l'île, elle y compris. Si Czernobog en avait profité pour mettre les voiles et se diriger vers un endroit où il pourrait assimiler davantage de biomasse... ils ne pouvaient pas laisser une telle catastrophe se produire.

Elle fut presque soulagée de voir son écran lui indiquer que le colossal sergent se précipitait vers les mercenaires en déployant à fond son interférence parapsychique et d'entendre Johnson crier dans son micro : « Kazanski, en-dessous de vous ! »

Le sol s'ouvrit sous le russe, livrant passage aux membres tordus de la créature dont tout le corps exhalait à présent un froid intense, emprisonnant tout ce qu'il touchait dans la glace ; elle chercha à le ligoter et ouvrit en grand une gueule démesurée pour l'engloutir tout entier.
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Misère, et dire que Vitold cherchait à éviter que la langue ne se balade toute seule dans son coin au lieu de brûler avec le reste de Czernobog... Son intuition avait été mauvaise et les épéistes n'avaient réussi qu'à s'éclabousser d'hémoglobine acide, affaiblissant ainsi leurs combinaisons. Heureusement, il ne s'agissait encore que des couches supérieures de leurs protections qui avaient été entamées, mais ils ne pouvaient plus se permettre d'essuyer des dommages supplémentaires. La suite de l'affrontement transforma complètement le paysage en un champ de rochers givrés au sol glissant, tandis que l'abomination poursuivait sa mutation. Elle refusait de mourir malgré toutes les attaques qu'elle encaissait, développait des défenses naturelles en réaction à l'arsenal de Firmament et avait même disparu du champ de vision des militaires. Le commando Kazanski avait aussi été séparé par les pierres glacées qui s'étaient soulevées à cause des ondes sismiques, une situation ressemblant méchamment à la bataille de Svalbard.

BGM- https://www.youtube.com/watch?v=rFYyQ0J86p8 -BGM

Le Bourreau reçut soudain un message de Johnson, qui l'alerta que le monstre se trouvait juste sous ses pieds. En effet, le terre en dessous de lui commença à s'éventrer et à révéler une horrible gueule béante ainsi que de multiples appendices. Prévenu à l'avance, le Russe arriva toutefois à sauter juste à temps pour éviter d'être attrapé par Czernobog. Il avait hélas sauté à la verticale dans l'urgence et il risquait donc de vite retomber dans la bouche affamée de l'immonde créature. Néanmoins, il n'était pas sans un atout : la balle à pointe creuse qu'il avait chargée dans son railgun. Comme bombarder l'ennemi était trop dangereux au vu de sa posture et de la proximité avec la cible, il décida de tirer dans le vide afin de se propulser à distance de sécurité.

"BWAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !"

Vitold fut ainsi projeté vers l'arrière et brisa d'un coup de pied aérien les décombres qui se trouvaient sur sa piste d'atterrissage. Il arriva ensuite au sol sur une roulade mouvementée et fut arrêté net par un énorme rocher qu'il percuta brutalement. Complètement à l'envers et le dos collé à la surface gelée, il finit par s'effondrer sur le côté puis à s'étaler piteusement sur le ventre. Dans cette posture embarrassante, il reçut cette fois-ci une communication d'un Arnold manifestement très étonné par la précédente acrobatie.

"Dafuck old man ?!" s'extasia le métis. "C'était toi qui a filé comme ça au-dessus d'nos têtes ?!"

"Ouais..." grommela péniblement l'Exécuteur. "Vous savez où je suis à peu près ?"

"Un peu mon vieux, mais t'as bien été éloigné de nous !" confirma Doyle. "Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?"

"Elle est toujours au même endroit la bestiole ?" les questionna le Russe, en train de se rétablir.

"On dirait bien que oui..." répondit son compère artilleur. "En tout cas, elle n'a pas l'air très jouasse !"

Vitold jeta un œil en direction de l'emplacement où il était auparavant et vit l'abomination rugir furieusement et ses tentacules s'agiter dans tous les sens. Elle semblait contrariée d'avoir raté sa proie, mais le sniper ne pouvait pas se permettre de la laisser s'enterrer une seconde fois pour mijoter une nouvelle attaque souterraine. Il devait réfléchir à un plan le plus rapidement possible afin d'atteindre Czernobog et l'éliminer une bonne fois pour toutes. La seule arme qu'il avait à sa disposition capable d'accomplir cet exploit était la munition thaumaturgique, sauf qu'il avait vite besoin d'un terrain dégagé pour la décocher. Finalement, il parvint à trouver une idée simple et efficace pour résoudre son problème : les indétrônables explosifs.

"Doyle et Robert, sortez vos grenades explosives !" leur ordonna le Russe. "Quant à Arnold et William, vous réchaufferez l'ambiance avec des incendiaires ! Il faut que vous me déblayiez le chemin afin que je puisse dégommer cette cochonnerie d'un coup de tomate !"

"Te fais pas de bile, old man !" répliqua William. "On va te nettoyer tout ça !"

Les quatre larrons sortirent donc leurs bombes et les lancèrent sur le trajet estimé de la balle, non sans se viander pitoyablement au sol après leur manœuvre. Des brasiers et des détonations furent ainsi provoqués, consumant et éclatant les obstacles qui parsemaient le sillage du futur tir. Le travail n'était certes guère parfait, mais il était suffisant pour coller un pruneau entre les deux yeux de la créature. Le Bourreau pouvait déjà sentir la chaleur lui désengourdir les jambes et faire fondre la fine couche de givre qui les recouvrait. Il sublima alors son cosmos brûlant et s'adossa à la grosse pierre sur laquelle il s'était écrasé, ses pieds disposés de telle sorte qu'il puisse éviter de glisser.

Son canon électrique chargé puis calé sur l'épaule, Vitold visa consciencieusement le redoutable Czernobog. Une fois celui-ci dans son collimateur, il appuya sur la détente et fracassa le rocher derrière lui à cause de la puissance du recul. Une déflagration titanesque s'ensuivit et fut conclue par une espèce d'implosion dévastatrice. Toute la zone fut ainsi enveloppée par une éblouissante lumière multicolore semblable à celle d'un arc-en-ciel, un phénomène identique à celui qui avait supprimé le dénommé Lewis.

Durant le temps où il était à terre, Doyle en avait profité pour préparer une munition perforante, ce qui contribuerait à dégager un peu plus le champ de vision et d'action des autres agents. Après avoir préalablement prévenu l'ensemble de ses collègues, il tira à son tour en direction du monstre, le projectile balayant tout sur son passage. Le blondin dérapa alors vers l'arrière sur une dizaine de mètres et tomba à la renverse, son équilibre demeurant précaire lorsqu'il essayait de tenir debout. Robert, Arnold et William participèrent aussi en jetant respectivement une dernière grenade explosive, une neurotoxique et une incendiaire sur l'ignoble bête. Si elle ne crevait pas suite à cet acharnement, l'escadron Kazanski allait vraiment se mettre à désespérer.
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Ça n'aurait jamais dû arriver, ça n'aurait pas dû se passer ainsi...

Avide de conquêtes et de pouvoir, il avait répondu à l'appel, prêt à imposer sa suprématie sur cette planète de primates sans défense. Il avait été enchaîné pour prix de son imprudence, forcé de servir les desseins d'un autre ; l'humiliation n'avait pas duré longtemps car les ennemis de son invocateur avaient finalement eu raison de lui. Le contrecoup avait été immédiat. D'un instant à l'autre, il avait perdu l'essentiel de son être et s'était retrouvé banni dans le néant, là où il n'y avait rien pour lui permettre de subsister, où son énergie s'amenuisaient à chaque seconde à force de combattre le vide absolu qui menaçait de porter ses fluides vitaux à ébullition. Il n'était qu'une ruine lorsque son emprisonnement avait débuté, ayant perdu son corps autrefois puissant ainsi que la plus grande partie de ses pouvoirs et de sa mémoire, il ne se rappelait même plus de son nom... Et lorsqu'un choc terrible avait ébranlé l'espace-temps, il était moins que l'ombre de lui-même. Presque entièrement vidé de son essence, à deux doigts de se dissoudre pour de bon dans les ténèbres. Rassemblant ses dernières forces, il s'était glissé à travers une fissure avant qu'elle ne se referme, s'était dirigé vers la lumière jusqu'à trouver enfin quelque chose de solide auquel se cramponner...

Il s'était instinctivement rendu compte qu'il s'agissait de l'un de ses semblables, ou du moins quelque chose d'approchant malgré les différences qui les séparaient – l'autre entité n'avait nul besoin d'une enveloppe physique pour commencer, contrairement à lui. Il avait profité de la surprise et de la distraction de sa congénère pour s'emparer de sa substance et la faire sienne, sa faim dévorante l'emplissant d'une ardeur insoupçonnée, son esprit s'éclaircissant à mesure qu'il s'appropriait des fragments de celui de l'autre créature et recouvrait des facultés mentales qu'il ne réalisait même pas avoir perdu... Ce n'était pas assez toutefois, ce ne serait jamais assez, l'autre avait subi le même sort que lui et son assimilation ne suffirait jamais à remplacer son corps perdu, à remplir le trou béant laissé par les parties manquantes de son âme !

De retour sur les lieux de sa défaite, il avait désespérément tenté de pallier à cette absence, de combler cet espace dont la vacuité se faisait sans cesse plus cruelle à mesure qu'il prenait conscience de son existence... Mais ses proies se dérobaient sans cesse et les parts de lui-même laissées derrière lui lors de cette première bataille n'étaient nulle part ! Il n'en restait que des échos, des empreintes psychiques à demi effacées qui ne lui apportèrent que de maigres bribes d'informations. Ses souvenirs, son identité, le corps avec lequel il était né : disparus, envolés ! Il ne retrouverait jamais ce qu'il avait perdu, ne redeviendrait jamais celui qu'il avait été... et tout ça était de la faute de ces maudits singes arrogants dans leurs pitoyables parodies d'armures !

Les tuer tous serait un châtiment bien trop doux pour une telle offense, il fallait les punir à la hauteur de leur crime mais pour cela il avait besoin de puissance et... et il y en avait une source intarissable juste là, à portée de main ! Une sombre radiance qui, si elle se cachait des regards des mortels, ne pouvait tromper ses sens métaphysiques. Une étoile noire débordant d'une énergie contenue, maléfique et délétère, que chaque fibre de substance volée à sa congénère convoitait comme un assoiffé convoite une fontaine d'eau fraîche après une traversée du désert. Ce cœur ténébreux abritait même une trace du divin, amplement de quoi restaurer la plénitude de ses pouvoirs s'il parvenait à s'en emparer. Même cela ne pourrait lui rendre son passé, rien ne le pourrait... mais il s'en moquait du moment qu'il obtenait suffisamment de puissance pour massacrer ces insectes jusqu'au dernier !

Obnubilées par leur objectif commun, les deux parts de son être s'étaient accordées et avaient déchaîné leur fureur sur le champ de bataille. Il avait voyagé sous terre pour échapper à ces attaques qui auraient fait figure de piqûres de moustiques si seulement il était toujours sous sa forme originelle, à cette pluie de feu et de métal et à ces couteaux de lumière étrangement dénués de toute aura meurtrière qui aurait pu lui permettre de les anticiper. Il avait surgi sous sa proie et... celle-ci s'était enfuie. Comment était-ce possible, les singes pouvaient voler maintenant ?

Son cri de haine balaya derechef le champ de bataille, soulevant brièvement une nouvelle tempête de débris, et il chargea sans réfléchir. Son corps s'ouvrit en deux sur presque toute sa longueur pour former une gigantesque gueule dégoulinante de salive corrosive, aux mâchoires assez puissantes pour broyer d'un seul coup l'armure de sa cible. Les compagnons de cette dernière dégagèrent un chemin pavé de flammes infernales entre la proie et son prédateur, mais il n'en avait cure et fonça au milieu du brasier et des explosions, des shrapnels et des balles en laissant sa carapace minérale absorber ou amortir les dommages. Cette tactique fonctionna un temps... jusqu'à ce que l'énergie de sa proie s'intensifie brusquement et qu'un de ces projectiles à l'incomparable vélocité ne transperce sa protection comme si elle n'avait même pas été là.

Il fut saisi de panique lorsque chaque cellule de son corps fut brusquement comprimée par une force écrasante, brutalement entraînée vers le point d'impact de la balle thaumaturgique comme s'il était une nouvelle fois pris au piège d'une porte dimensionnelle s'effondrant sur elle-même. Il s'opposa de tout son cosmos à l'implosion et fut pris au dépourvu lorsque le phénomène s'inversa, que l'air aspiré par la première partie de l'attaque se dilata avec la violence d'une bombe. Sonné, il arracha des rochers du sol pour former un bouclier plus résistant, bouclier qui fut de suite traversé par une balle perforante qui l'amputa d'un bras ; son emprise sur les pierres vacilla et les mercenaires restants profitèrent de l'occasion pour pulvériser sa seconde peau et noyer la chair maintenant vulnérable sous le feu et le poison.

Il ne savait pas lui-même si c'était bien lui qui mugissait à présent de douleur ou s'il s'agissait de l'autre. Il expurgea les tissus enflammés de son corps, réduisant encore un peu plus sa déjà piètre masse, fit de son mieux pour enrayer la contamination de la matière organique restante et réparer les dommages de son enveloppe martyrisée – un processus qui aurait dû être automatique mais qui ne parvenait plus à suivre, le forçant à s'en occuper consciemment – tout en propulsant les rochers vers les responsables de ses souffrances. Il était si près du but, il ne fallait pas faillir maintenant...

Une série de déflagrations détruisit les parois de pierre et de glace autour de lui, aplanissant le terrain de force. Il se retrouva assailli par un tir croisé auquel il répondit en alternant lancers de rochers et salves télékinétiques mais à chaque fois qu'il parvenait à refermer son emprise sur un ennemi, d'autres attaquaient et le forçaient à relâcher son captif. Il continua néanmoins d'avancer vers son objectif, implacable : encore un peu, encore un tout petit peu et il deviendrait suffisamment puissant pour tous les éradiquer d'un geste... Un énième duo d'épéistes voulut s'en prendre à lui ; il les repoussa mais lorsqu'il voulut les poursuivre, les bombes qu'ils avaient laissé derrière eux – l'attaque au corps à corps n'était qu'une distraction – explosèrent et l'éjectèrent en l'air, où une lance de lumière le coupa en deux en vaporisant la chair au-delà de toute possibilité de régénération. Il retomba lourdement, balaya les environs d'une vague psychique qui réduisit en charpie tout ce qui avait le malheur de se trouver à moins de vingt mètres et tenta de se recoller à son autre moitié malgré la cautérisation de la plaie. Il y parvint tant bien que mal, juste à temps pour voir la chimère qui se précipitait vers lui. Une aubaine : il bondit, se métamorphosa en un chaos de membres sinueux qui enveloppèrent totalement la créature, commença immédiatement à l'assimiler et ne s'aperçut que trop tard qu'il n'aurait pas dû mordre à l'hameçon.

La bête était mourante, déjà en train de se putréfier du fait de quelque ignoble poison saturant chaque fibre de son organisme et gagnant maintenant ses propres tissus. Puis elle éclata lorsqu'un tir explosif de railgun toucha les grenades – classiques et incendiaires – que les militaires avaient fait avaler au fauve.

À elle seule cette dernière offensive lui fit perdre un tiers de sa masse d'origine. Alors qu'il réabsorbait fébrilement ses morceaux dispersés par la détonation avant qu'ils ne soient réduits en cendres et reconstituait son exosquelette minéral en luttant tout du long contre le cosmos étranger qui s'opposait au sien en un bras de fer invisible depuis la première seconde de l'affrontement, il se mit à avoir véritablement peur pour sa vie. C'était sans doute la première fois de son existence qu'il ressentait une telle émotion. Même son exil entre les mondes n'avait pas provoqué une telle réaction, la faute à son état léthargique et à l'apparente inéluctabilité de son destin final. Sauf que cette fois-ci il était conscient, il se débattait de toutes ses forces et il refusait de disparaître ; cette résolution normalement inconnue des êtres de sa nature lui ouvrit les portes d'une vigueur insoupçonnée, ravivant son cosmos faiblissant, le poussant au-delà des limites étriquées de ce corps d'emprunt.

***

« On a un problème. »

« Encore ?! Mais c'est pas vrai ! »

Ils avaient écrasé Czernobog sous un bombardement digne de Verdun et l'avaient mitraillé avec tous les calibres et tous les types de balles possibles et imaginables. Ils l'avaient soufflé à l'explosif, électrocuté, comprimé, empoisonné, concassé, incinéré, transpercé, découpé, vaporisé, gazé, Mélissa avait même trouvé le moyen de lui faire « bouffer une grenade » – plusieurs même – comme l'avait suggéré Johnson et ce malgré l'obstacle de son exosquelette. Archavine continuait d'utiliser l'intégralité de ses facultés pour restreindre celles de leur adversaire, les commandes des systèmes d'armement avaient été données à l'intelligence artificielle dont les réflexes inhumains compensaient lorsque les soldats de chair et de sang ne se montraient pas capables de suivre...

Pourtant, en dépit de ce traitement raspoutinien qui avait fait diminuer sa taille de plus de la moitié, en dépit des cinq agents qui avaient déjà donné leur vie pour l'arrêter, des blessés deux fois plus nombreux et de l'épuisement de leur stock de munitions – ils en étaient à ramasser celles des cadavres –, l'aberration refusait obstinément de mourir. Au contraire, elle ne cessait pas de vouloir se rapprocher de Kazanski, vers lequel elle se dirigeait immanquablement quelles que soient les épreuves sur sa route. Cela faisait du russe un appât rêvé – même s'ils ne savaient pas pourquoi – cependant il était peu probable qu'il accepte d'être transformé en cheval de Troie explosif comme la chimère que la française avait sacrifié plus tôt.

Tous purent voir ce que l'américain avait voulu dire lorsque le sol autour de l'envahisseur se souleva, dévoilant une seconde masse tentaculaire qui fusionna avec lui et changea de forme pour lui rendre sa stature d'origine. Bien sûr, l'autre entité pouvait manipuler plusieurs corps en même temps et cette enveloppe charnelle était d'origine végétale... même si Czernobog ne pouvait pas recréer les cellules détruites à partir de rien, même si les soldats l'empêchaient de rejoindre la mer ou de partir se nourrir de la maigre biomasse de l'île, il pouvait toujours générer de la matière organique à partir d'éléments extraits de l'eau, du sol et de l'atmosphère. Merde.

Mélissa se joignit aux soldats qui canardaient l'abomination tandis que Johnson s'emparait du fusil électrique d'un sniper décédé et y insérait une balle thaumaturgique. L'un de leurs derniers robots, qui avait fait le mort jusqu'alors, se dressa devant l'ennemi, fut promptement immobilisé par sa poigne télékinétique mais parvint à s'autodétruire juste avant d'être mis en pièces. Un navire de guerre tira au railgun lourd et le pénétrateur en tungstène brisa le bouclier psychique du monstre ; trois snipers firent feu dans la même milliseconde, synchronisés par ordinateur, et la créature dut lutter contre l'écartèlement pas trois implosions simultanées. Ce fut ensuite au tour des lasers militaires qui terminèrent le travail des balles ensorcelées en le divisant en trois ; malgré son état, Czernobog voulut intercepter l'étape suivante de l'attaque en vagues. Son emprise se referma sur une coquille vide : le missile avait déjà libéré son contenu, une pluie de bombes à fragmentation qui s'abattit sur lui et l'occupa la fraction de seconde nécessaire à l'explosion d'un obus au phosphore. Il fut enseveli sous un pilier de fumée blanche caustique et surchauffée avant d'avoir le temps de se reformer mais nul n'était dupe : cela ne suffirait pas.

« Nous ne l'aurons jamais comme ça, nous ne sommes pas assez nombreux ! »

Effectivement, il ne pourrait sans doute pas répéter son numéro de régénération-surprise plus d'une fois ou deux – il ne devait avoir aucun mal à récolter l'eau, l'azote et les minéraux nécessaires à la création de nouvelles cellules ; le carbone par contre devait poser problème là où ils se trouvaient –, cela dit il n'en aurait pas besoin à ce rythme. Un hurlement strident retentit et une bourrasque de vent venue de nulle part dissipa le nuage de phosphore, révélant un Czernobog enragé, horriblement desséché et couvert de brûlures d'acide. Son aura blafarde se concentra en une lame qui, d'un revers de la main, fusa vers la mer et les bateaux de guerre ; elle parcourut plus de deux kilomètres, fendit le sol puis les vagues puis l'acier de la coque d'un destroyer avant de provoquer ce qu'on ne pouvait qu'appeler une explosion glaciaire. La proue du navire martyrisé se retrouva piégée à l'intérieur d'un tout nouvel iceberg, l'empêchant de couler... pour l'instant. Les soldats blêmirent sous leurs casques.

« Putain de bordel de... »

« On est tous morts. »

« Pas encore, il ne maîtrise pas tous ses pouvoirs ! S'il devient capable de faire ça à volonté alors là oui nous sommes tous foutus. »

L'aberration avait repris sa route vers Kazanski, à peine ralentie par les tirs de barrage des autres agents qui commençaient à tomber à court de matériel capable d'infliger des dégâts sérieux. Sa silhouette se faisait moins grotesque, redevenait humanoïde avec des proportions et un nombre de membres plus normaux ; son épiderme minéral prenait la forme d'une armure de mieux en mieux définie et elle semblait porter l'aurore boréale comme une sorte de manteau. Elle se stabilisait, même si son apparence n'était pas encore finalisée – il y avait encore trop d'yeux et trop de bouches là où ni l'un ni l'autre n'auraient dû se trouver, son visage n'était qu'une ébauche presque cubiste. Il fallait porter le coup décisif maintenant, quelque chose qui puisse le mettre définitivement hors d'état de nuire... ils n'avaient pas beaucoup d'options de ce côté.

« QG, les barrières autour de la porte, vous pouvez les rétablir ? »

« Les occultistes ont presque fini, ça prend plus de temps de le faire à distance ! »

« Vous croyez qu'elles peuvent contenir un tir de Toungouska ? »

Si la réponse était non ils ordonneraient le tir quand même, mais s'ils pouvaient faire ça sans tuer leurs propres hommes en même temps que la créature...

« Partiellement. »

Très utile, vraiment. Tant pis, ils n'avaient guère le choix. « Kazanski, essayez de l'attirer vers la porte ! »

« Toungouska, verrouillez Czernobog et préparez-vous à tirer dès qu'il sera à l'intérieur de la barrière. »

L'arme russe était une machine qui focalisait la puissance de soixante niveaux 2 et quatre niveaux 3 sur un même point. C'était leur meilleure chance, l'arme non-nucléaire la plus puissante de leur arsenal ; ils l'avaient déjà utilisé au-delà de ses limites, instrumentalisant la connexion avec le Tetragrammaton américain pour réduire son temps de rechargement mais ils ne pourraient plus tricher bien longtemps. Ce dernier tir devait impérativement être le bon.

Le monstre émit une plainte aiguë, puis une suite de borborygmes d'abord incohérents qui se mirent à ressembler de plus en plus à des mots dans une langue inconnue. Ses bras s'allongèrent subitement, s'enfoncèrent dans le sol et en ressortirent près du mercenaire, générant une cage gelée pour l'enfermer. Il fonça ensuite avec un hurlement déchirant, le même mot répété encore et encore et encore tel un mantra hystérique, attaquant tous ceux qui s'approchaient ou tentaient de s'opposer à lui, soldats comme mercenaires, en leur expédiant rochers, blocs de glace ou pure puissance télékinétique. Les navires l'assaillaient d'un flot ininterrompu d'obus et de lasers, leurs ultimes tourelles sur ce qu'il restait de la plage complétaient à la mitrailleuse lourde et au lance-roquette. Sa barrière invisible détournait ou bloquait la plupart des dommages et le reste guérissait à vue d’œil. Johnson lui tira une balle explosive en pleine poitrine, russes et américains le bombardèrent de grenades de toutes sortes, Mélissa et l'un de ses soldats munis de Chunjun pris sur les dépouilles de leurs camarades s'interposèrent pour donner à l'auxiliaire une chance de se libérer et furent repoussés sans ménagement comme de simples moucherons. Elle sentit son bras et ses côtes se briser sous le choc, finit encastrée dans un rocher et s'écroula, privée de toute force. Elle releva la tête juste à temps pour voir tomber deux soldats russes, empalés par des javelots glacés en ayant voulu protéger leur sergent déjà au bout du rouleau.

C'était un cauchemar et ils ne pouvaient même pas espérer se réveiller.
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