Cela faisait quelques jours que le jeune homme était au service d’Eris. Pourtant, Hâpy s’était voulu discret pour le moment, restant un peu en retrait, dans l’ombre. Aux yeux de tous, à part de la déesse, Hâpy était juste un conteur d’histoire qui amusait les enfants de la cité. Pourtant, le gardien qu’il était scruté les alentours, apprenant ce qu’il avait à apprendre sur ses camarades. Sa mission étant de punir les Ombres qui ne respectaient pas leur contrat, il se devait de les connaître au mieux, pour voir si chacun suivait bien les règles. Le pouvoir qu’on lui avait offert été purement punitif, il n’était pas là pour lui-même enfreindre les règles en provoquant les autres. Alors quand le moment serait venu, il commencerait à se présenter à eux, non pas en tant que supérieur, mais en tant que camarade.

Alors qu’il était en train de jouer pour les enfants, un messager vint parler au gardien. Eris avait visiblement demandé à le voir, mais pour quelle raison exactement, le messager n’avait pas pu lui répondre. Le jeune homme avait donc rangé son luth, se disant qu’il pouvait bien prendre son temps et passer dans ses appartements, afin de pouvoir le déposer. Comme souvent, le soleil était éblouissant dans la cité, réchauffant les muscles du gardien. Mais plus il avançait vers le palais, moins le soleil pouvait l’atteindre. Hâpy passait du discret conteur d’histoire, en puissant gardien des serments, sa tenue changeant de couleur, pour devenir noire et or. Même s’il ne mettait pas son masque en dehors des combats, il rabattit tout de même son capuchon, cachant en partie son visage. L’ombre était son élément, il s’y sentait aussi bien que n’importe qui d’autres en plein soleil. D’un autre côté, la lumière ne le dérangeait pas non plus, elle était toujours source d’ombres.

En arrivant dans le palais, le jeune homme fut un peu déçu de ne pas y trouver Eris, du moins pas là où il pensait la trouver. Il s’installa alors dans les marches, tranquillement, attendant que la déesse, ou toute autre personne, décide enfin à se montrer. En attendant, Hâpy décida qu’il passerait le temps en jouant avec les ombres, étant le seul à voir ce qu’il s’amusait à faire, afin de préparer la prochaine histoire qu’il raconterait aux enfants.

Après un certain temps, des pas se firent entendre. Le jeune homme arrêta immédiatement son jeu, s’attendant à voir Eris. Malheureusement pour lui, la déesse qui fit son entrée, mais une autre jeune femme, portant une armure complète. Si Hâpy avait rapidement compris que chacune des Ombres portaient une armure ayant une forme lui étant propre et pouvant changer selon son porteur, il ne s’attendait à autant de différence entre la sienne et celle qu’il avait en face de lui. Etudiant rapidement le linceul, il était presque sûr que sa camarade portait plus une combinaison en latex, qu’une véritable armure. Mais bon, il était plutôt mal placé pour juger ainsi la nouvelle venue, puisque son armure n’était autre que du tissu.

Les premiers mots de la jeune femme furent plutôt secs, même agaçant, comme quelqu’un cherchant rapidement le conflit, sans poser de questions avant. Ce comportement, Hâpy en avait l’habitude, quand il aidait son père avec les touristes, ceux-ci avait un comportement presque semblable, ce racisme profond qui sommeillait en eux et ressortait même s’ils n’en n’avaient pas envie. Pourtant, cette fois-ci, ce n’était pas du racisme, plutôt un agacement étrange, celui de quelqu’un qui pensait être sûr de trouver Eris ici. L’égyptien ne prononça donc aucun mot, préférant regarder ailleurs, en particulier le jeune renard qui venait vers lui. Le jeune homme tendit doucement la main, laissant le temps à l’animal de s’habituer à son odeur. Le renardeau et lui devrait bien s’entendre, après tout, le chacal était aussi un canidé.

Sans savoir pourquoi, puisqu’il avait perdu son intérêt pour la jeune homme, l’ombre entendit les excuses de sa consœur. Il releva donc doucement la tête, laissant un léger sourire éclairer son visage. Il se redressa ensuite, avec des mouvements légers et presque silencieux. Il abaissa ensuite son capuchon, laissant la lumière éclairer son visage. De ses yeux bleus, le jeune homme chercha à percer le masque de sa camarade, sans y arriver.

- Enchanté de te rencontrer, Mélya. Je suis Hâpy, porteur du linceul d’Horkos.

Dans un geste fluide, le jeune homme s’inclina devant sa camarade. Il se redressa aussi rapidement qu’il s’était baissé, avant de reprendre.

- Tout comme toi, je suis venu attendre notre souveraine. Un messager est venu me trouver pour que je vienne rapidement au palais, mais notre dame se fait désirer apparemment.

Hâpy étendit un peu son cosmos, non pas pour impressionner sa consœur, mais pour essayer de percevoir la présence de la déesse. Ne la ressentant pas encore dans les parages, du moins pas avec un cosmos perceptible, il reporta son attention sur Mélya.

- Excuses moi de rentrer directement dans le vif du sujet, mais qu’elle est ton accord avec Eris, pour que tu sois devenu l’incarnation des Makhai, les esprits des batailles ?

Son regard bleu plongeait vers les yeux de la jeune femme, même s’il ne pouvait les voir, le jeune homme affichait un air calme. Il était le gardien des serments après tout et il devait les connaitre pour les faire respecter.

Même s’il ne le montra pas, le jeune homme fut étonné de savoir que sa camarade n’avait encore aucune idée de l’accord qu’elle passerait avec Eris. Cette étonnement venait surtout du fait qu’elle portait déjà un linceul, sans que le contrat ne l’a lie avec la Discorde. Pendant quelques secondes, Horkos se demandait pourquoi un tel traitement de faveur, comme si la jeune femme était quelqu’un d’important. Il nota donc qu’il devrait en apprendre plus sur elle, surtout si elle venait à rompre son serment.

Avant qu’Hâpy puisse ajouter quelque chose, un garde vint les chercher. La déesse, visiblement bien plus occupé que prévu, allait les recevoir dans son bureau. Parcourant le palais à la suite du garde, l’ombre garda le silence, tout en réfléchissant aux paroles qu’il venait d’entendre. Une fois dans le bureau, le jeune homme baissa rapidement la tête devant la déesse, en guise de salue. Puisque la déesse avait adressé la parole à sa camarade, il préféra reculer d’un pas, restant dans l’ombre pour le moment. La question qu’avait posée Eris permettrait à Hâpy d’avoir la réponse à sa propre question.

Mélya sembla hésitante, attirant la suspicion du jeune homme. Il se demandait comment il était possible d’hésiter ainsi en rejoignant l’armée de la Discorde. Tous n’étaient donc pas comme lui, sachant exactement ce qu’il recherchait en venant jusqu’ici ? Depuis qu’il était ici, Hâpy avait fait des recherches, après tout, il devait bien connaître son ennemi s’il voulait pouvoir l’anéantir. Il put ainsi découvrir les différentes factions, ayant forcément un petit faible pour celle des Spectres, eux qui étaient les plus proches de la mort et donc les plus proches de ses propres préceptes. En revanche, malgré les soi-disant défenseurs de l’humanité que représentaient les Saints, il avait bien l’intention de les tuer, afin de leur faire payer ce qu’ils avaient fait à son père. Alors, même s’il n’avait pas retenu d’intérêt dans la protection du renardeau, un large sourire se peignit sur son visage, en entendant la destruction du Sanctuaire.

- Je sens que nous allons bien nous entendre tous les deux. Mais, ça me rend curieux de savoir pourquoi tu veux toi aussi écraser ses larves.

La colère contre le chevalier du Cancer était rapidement revenue, même si pour le moment, il arrivait à la contenir. Le jeune homme ne retenait pas que sa colère, il retenait également un rire, un rire de joie, en voyant que la force de frappe anti-Sanctuaire s’agrandissait.

Pour le reste, il ne pouvait pas répondre au nom de la déesse. Si elle acceptait cet accord, Hâpy en prendrait note, comme il devrait le faire pour les ombres présentes et futures. Son attention se posa donc sur la déesse, attendant la réponse qu’elle donnerait. Mais si elle acceptait, le Sanctuaire aurait un ennemi de plus sur sa liste et c’était tout ce qui importait au jeune homme.

Gardant de nouveau sa place, l’Ombre laissa la déesse et sa sœur d’armes gérer entre elle, jusqu’à ce qu’il ait entendu la mission que leur confier Eris. D’abord, il avait pensé que la mission ne concernait que Mélya, après tout, c’était elle qui passait son contrat maintenant. Mais en disséquant bien les paroles de la Discorde, elle n’avait pas utilisé le vouvoiement pour parler à la jeune femme, alors l’utilisation du pluriel le concernait aussi. La mission n’avait pas de quoi réjouir le chacal, qui n’avait pas vraiment envie de s’occuper d’une affaire aussi délicate, surtout avec un camp qui pouvait potentiellement être leur allié contre les Saints.

Le jeune homme garda le silence, préférant ne rien dire pour le moment. Sa consœur accepta la mission sans problème, comme si aucun danger n’était à venir. Pourtant, aussi hideux qu’avait pu être le chevalier noir, il ne pouvait pas avoir que des ennemis sur l’île de la reine morte. S’y rendre pour faire passer un message, sans déclencher des représailles, était comme marcher sur des œufs. Il laissa donc Mélya partir devant, surement pour récupérer le colis, avec le renardeau. Ainsi, il avait un petit moment de libre, pour donner son impression.

- Vous nous demandez quelque chose de complexe majesté. Ce n’est pas impossible, bien sûr, mais envoyer les makhai pour une mission diplomatique reste risqué.

N’attendant pas réellement de réponse de la déesse, l’Ombre la salua d’une révérence, avant de sortir de la pièce. Il devait maintenant retrouver Mélya et se préparer pour le voyage. Par chance pour lui, on l’envoyait sur une île volcanique, il ne devrait pas trop souffrir de la température ambiante. Avec un peu de chance, ils allaient tomber sur des chevaliers qui détestaient Reagan et les remercieraient de les avoir débarrassés de lui. Dans le cas contraire, il faudrait prévoir de rester extrêmement calme, pour éviter un conflit inutile. Retrouvant ensuite sa camarade, l’Ombre ne cacha pas son inquiétude.

- J’espère que tu es prête pour cette mission, car ça risque d’être tendu. Si on reste calme, on devrait s’en sortir sans conflit, mais seulement si eux aussi ne cherchent pas l’affrontement. Ça serait dommage de se les mettre à dos, surtout vu leur rapport avec le Sanctuaire.

Hâpy n’oubliait pas qu’il voulait toujours savoir pourquoi la jeune femme en voulait aux Saints, mais il avait tout son temps pour avoir sa réponse, surtout avec le voyage qui s’annonçait.

A la réponse de la jeune femme, Hâpy ne cacha pas sa surprise. Il regarda un instant le renardeau, se faisant son propre jugement sur l’intérêt d’emmener l’animal avec eux. Si vraiment elle voulait qu’il soit en sécurité, il ferait mieux de rester ici, plutôt que de les suivre sur une île inhospitalière pour lui, avec risque de danger mortel à la moindre occasion. Non vraiment, avec un animal aussi petit, le jeune homme n’aurait pas pris de risque, mais le renardeau n’était pas à lui, il n’avait donc rien à dire. En revanche, pour la suite, il avait bien son mot à dire, afin de répondre aux interrogations de sa camarade.

- De ce que j’ai pu lire, leur île serait une ancienne prison du Sanctuaire. Résultat, la plus part du temps, les chevaliers noirs sont opposés aux Saints. Mais ce n’est pas toujours le cas, sinon il serait facile de former une armée contre le Sanctuaire. Si tu veux en savoir plus, libre à toi, mais ça sera sans moi.

L’ombre regarda le capitaine apporter la boîte, avant de grimacer en voyant qu’il venait vers lui. Il n’avait aucunement l’intention de porter le colis, déjà qu’il n’aimait pas la mission qu’on leur avait confié, alors si en plus il devait être la mule, il craquerait surement avant la fin.

- Personnellement, je préfère leur refiler la tête, leur faire comprendre de façon indirecte et calme que la prochaine fois que l’un d’eux viendra chez nous, on rasera leur île et repartir comme si rien ne s’était passé. Pour le reste, s’ils ne sont pas assez intelligent pour savoir ce qui est bon pour eux, je n’y peux rien et je m’en fiche complètement. L’important sera juste de savoir si certains sont contre le Sanctuaire et pourquoi pas prévoir un accord avec eux, mais je n’y crois pas trop pour le moment, surtout avec le cadeau qu’on a là.

La dernière question de la jeune femme fit sourire Horkos. Pourquoi savoir s’ils devaient porter leurs armures ou pas, alors que lui-même la portée presque tout le temps, sans que les autres ne s’en rendent compte.

- Fais comme tu veux, moi j’irais simplement comme ça. Et puis, ce n’est pas comme si nos armures étaient encombrantes, comme celle des autres camps. Eris nous offre la chance d’avoir des protections pouvant apparaître ou disparaître, avec la seule force de notre volonté. Alors, à toi de savoir si oui ou non, tu veux qu’on voit ton visage, si oui ou non, tu veux montrer une certaine méfiance ou si oui ou non, tu veux leur montrer que tu es supérieure à eux et qu’ils ne te font pas peur.

Après ça, l’ombre refila la boîte à Mélya, la laissant se débrouiller avec. Après tout, n’était-ce pas sa mission à elle, afin de se montrer complètement digne de confiance ? Et puis, le jeune homme avait ses propres morts à gérer, pas besoin de gérer celui-là en plus. Tout en avançant en direction du désert, prêt à prendre un avion bien plus loin de la cité, le jeune homme décida qu’il pouvait lâcher un petit trait d’humour.

- J’espère juste que la boîte ne fera pas comme dans « Advent Children » et que le chevalier qui va la récupérer ne deviendra pas un nouveau Reagan.

(hrp : Je te laisse ouvrir la suite chez les BKs, surtout si tu veux rejoindre l’event. Sinon je te pique la place :p)