Saint Seiya
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[FB] La critique est aisée mais l'art est difficile
Andréa
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Assise à la table de la réunion hebdomadaire avec les officiels chinois, la Liche essayait de faire semblant de comprendre ce dont parlaient les Squelettes, élus et hauts fonctionnaires autour d'elle. Elle ne savait pas si elle arrivait vraiment à donner le change : ça pouvait encore aller lorsqu'il n'était question que de grandes orientations politiques mais elle avait beau réviser les dossiers à l'avance, dès qu'on abordait des sujets trop techniques, elle était larguée. Et pour cause, elle n'était qu'une gamine de 19 ans n'ayant même pas terminé le lycée ; quant aux connaissances de Kochtcheï – périmées et n'ayant le plus souvent rien à voir avec les subtilités de l'exercice gouvernemental – elles n'étaient pas d'un grand secours.

« Mais qu'est-ce que je fous là, j'ai pas signé pour ça moi... » songea-t-elle tandis que le maire et l'un de ses propres « conseillers » – une farce, c'étaient les Squelettes qui menaient la danse, l’Étoile Terrestre n'était là que pour symboliser l'onction de Thanatos apportée à ces pourparlers – se lançaient dans un échange concernant la réforme des taxes locales qui lui passait complètement au-dessus de la tête. Elle porta sa boisson à ses lèvres – l'un de ses rares réconforts, l'alcool ici était excellent et le thé ferait passer les plus grands blends anglais pour de la pisse de cheval – pour se donner une contenance, feignant de laisser les subalternes s'occuper des détails indignes de son attention.

« Techniquement tu n'as rien signé du tout. » répondit le parasite, comme si ce n'était pas de sa faute.

« Je sais, merci de me le rappeler... mais est-ce vraiment utile que je perde mon temps ici ? À ce stade je ne sais pas si ma présence apporte un surcroît de crédibilité aux Squelettes ou si à l'inverse elle la sape. » grommela la polonaise en tentant sans succès de déchiffrer le masque impassible des officiels qui lui faisaient face. « Ils sont trop polis pour le faire remarquer... »

« Et trop attachés à la vie. »

« Aussi. Bref, quelles que soient leurs raisons, ils n'osent pas le dire mais ils n'en pensent pas moins que je n'ai rien à faire là et que je ne suis pas qualifiée pour parler politique avec eux. Je ne peux pas vraiment leur donner tort, je pense moi-même que je serais plus à ma place au combat. En plus à force de me voir tout le temps, ça démystifie un peu leur image des Étoiles Maléfiques et ça donne une impression de faiblesse. »


Kochtcheï réfléchit quelques instants puis fut bien obligé de se ranger à son opinion : effectivement, avoir une Spectre stationnée à Beijing de manière semi-permanente pouvait donner l'impression que les infernaux craignaient leurs vassaux chinois et ne croyaient pas la piétaille capable de les surveiller toute seule. Si encore la jeune fille avait eu quelque chose à apporter à leurs discussions ce ne serait pas un problème mais voilà, ce n'était pas le cas.

« Très bien, les taxes des entreprises les plus polluantes pourront être majorées de jusqu'à 10% au titre de la fiscalité écologique. » nota le représentant municipal du Parti, mettant fin à l'échange qui se déroulait en même temps que la complainte mentale de la Liche. « Je propose que nous fassions une pause, mais avant cela j'aurais un... problème à porter à l'attention de mademoiselle Andréa. »
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« Je vous écoute. » fit-elle sans donner signe qu'elle avait laissé son attention dériver tout du long de la réunion et ne remettait les pieds sur Terre que parce qu'on avait enfin pris la peine de lui adresser directement la parole. C'était inespéré : il était rare qu'on l'implique dans la conversation autrement que par courtoisie et respect du Dieu qu'elle représentait, alors s'entendre dire pour une fois qu'on avait besoin d'elle...

« Vous vous souvenez des tournois d'arts martiaux clandestins de la famille Shao ? »

Évidemment qu'elle s'en souvenait, même s'il ne s'agissait pour elle que de quelque chose d'anecdotique (en dépit des sommes impliquées lors de paris illégaux sur ces matchs qui l'étaient tout autant). Ces pathétiques spectacles de gladiateurs modernes pour gros tas de fric en mal de sensations prouvaient – s'il en était encore besoin – qu'en matière de divertissements les goûts de la soi-disant élite étaient tout aussi vulgaires que ceux de la plèbe, voire même davantage.

« Nous l'avions autorisé à continuer du moment que la participation reste strictement volontaire et que la violence baisse d'un cran, oui. Tous ces morts et ces mutilés, ça faisait désordre. Quel est le problème ? »

« Nos services nous ont averti qu'un nouvel arrivant avait commencé à lui faire de la concurrence... en organisant des combats d'éveillés. »

Par réflexe mal maîtrisé, les officiels avaient reculé leurs chaises de manière presque imperceptible ; le malaise était palpable même sous leur masque d'impassibilité. Excellent, ça voulait au moins dire qu'ils craignaient toujours ses pouvoirs même s'ils ne lui accordaient aucun crédit pour le reste. La façade se fissura et deux d'entre eux déglutirent nerveusement lorsque la Liche les gratifia d'un sourire radieux.

« Je vois. Nous allons devoir sévir. » annonça-t-elle d'une voix onctueuse. « J'aurais besoin de détails. Premièrement, qui d'autre est au courant ? »

Voyant que l'ire de la Spectre ne semblait pas prête à s'abattre sur leurs têtes, malgré les filaments de miasme filtrant entre ses doigts pour corroder la surface de la table, ils se mirent immédiatement à tout déballer.

« Seulement le chef de la police, les officiers ayant participé à l'investigation ainsi que quelques responsables militaires et bien sûr, les clients de l'opération. »

« Faites en sorte que l'information ne se propage pas plus loin si ce n'est pas déjà fait. Deuxièmement, savez-vous à quel niveau sont ces éveillés et surtout s'ils sont forcés de combattre ou s'ils servent de leur plein gré ? »

« Aucune idée, ce qui explique que la police et l'armée soient réticentes à l'idée de risquer la vie de leurs hommes. »

Effectivement, elle aurait fait pareil à leur place : en nombre suffisant, des hommes bien entraînés et équipés d'armes modernes pouvaient triompher d'éveillés de bas niveau ; en revanche, un simple chevalier de Bronze n'aurait aucun mal à massacrer des centaines de soldats avant d'être neutralisé. Il était donc vital pour les autorités de savoir à quoi elles avaient affaire, surtout lorsqu'elles essayaient d'être discrète et qu'elles n'étaient pas certaines du côté duquel ces éveillés se battraient. Heureusement, leurs suzerains infernaux ne les laisseraient pas tomber et disposaient d'une puissance de feu plus appropriée à ce genre d'affrontements.

« D'accord. Nous devons agir rapidement, je m'occuperai moi-même de démanteler l'opération. Je suppose que vous savez déjà ce que vos forces ont à faire de leur côté ? »

« Identifier et interpeller les clients et autres complices pour un petit débriefing façon services secrets ? »

« Exactement. »
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Quelques heures plus tard, la Liche était prête à mener son opération coup de poing. Les combats clandestins avaient lieu dans l'une des zones industrielles ceinturant la capitale chinoise, dans les entrailles d'un entrepôt souterrain ayant autrefois appartenu à un contrebandier d'envergure. À ce qu'on lui avait rapporté, les lieux avaient été réaménagés pour en faire un colisée des plus luxueux avec bar, restaurant, piscine, escort-girls... un faste qui devait servir à faire oublier au client l'indignité consistant à devoir s'y rendre autrement qu'en limousine ou voiture de sport. Les moyens de transport habituels des plus fortunés se remarqueraient trop au milieu des usines et des unités de stockage.

La polonaise avait déjà envoyé ses Fées en reconnaissance, lui donnant une assez bonne idée du niveau de sécurité du complexe : rien de ce que ses éclaireuses lui avaient rapporté n'était suffisant pour l'inquiéter. Quant aux auras en provenance de l'endroit, elles n'étaient même pas dignes de celles d'un chevalier de Bronze. Pas question de forcer l'entrée cependant : elle ne voulait pas risquer de donner l'alerte trop tôt au cas où l'une de ses cibles parviendrait à s'enfuir. Et puis les chances qu'un de ces éveillés dissimule une puissance plus importante que prévu étaient faibles, pas inexistantes ; même si elle avait du mal à concevoir qu'un utilisateur de cosmos assez fort pour s'opposer à elle puisse s'abaisser à prendre part à ce genre d'activités, mieux valait être prudente. Les Enfers avaient trop souvent péché d'arrogance par le passé et ces excès de confiance leur avaient coûté très cher – trop cher.

Trois fourgons banalisés s'arrêtèrent à quelques mètres d'elle. Deux d'entre eux renfermaient un commando d'élite de la police locale, chargé d'assurer ses arrières et d'encercler le périmètre ; quant au dernier, il lui amenait son ticket d'entrée. Les Squelettes qu'il contenait sortirent en compagnie d'un quinquagénaire – un richissime homme d'affaires occidental d'après ce qu'on lui avait dit – dont les habits devaient valoir à eux seuls l'équivalent de plusieurs années du salaire de ses parents. Ils le poussèrent sans ménagement en direction de la jeune fille pomponnée et revêtue de sa propre robe de soirée, et elle ne cacha pas son mécontentement en voyant la mine hagarde et apeurée de celui qui devait lui servir de sésame.

« Je vous conseille de vous calmer très vite, votre vie en dépend. » l'avertit-elle. « S'ils se doutent de quoi que ce soit, je me servirai de vous comme bouclier humain quand les balles commenceront à voler, compris ? »

« Com... compris, mademoiselle. » bredouilla l'homme en sortant un mouchoir de sa poche pour s'éponger le front. C'était mal parti, ils n'auraient pas pu lui trouver mieux ?

« Anya. Je suis censée être votre nièce pourrie-gâtée, rappelez-vous. »

« Ou-oui, tout à fait made... très chère nièce. »

« N'en faites pas trop non plus, le prénom suffira. » coupa-t-elle sèchement avant qu'il ne se remette à s'emmêler les pinceaux.

Le plan était très simple... en théorie : puisque la rumeur de l'existence du « club » ne se transmettait que par le bouche à oreille et que l'entrée se faisait exclusivement par cooptation – ce qui expliquait qu'ils n'aient pas découvert son existence plus tôt –, ils se serviraient d'un des clients capturés lors d'un coup de filet préliminaire à la descente en règle pour leur ouvrir la porte. Ils avaient réussi à en dénicher un qui avait une nièce à l'âge et surtout au physique relativement proches de ceux de la Spectre – même s'il avait fallu copieusement tricher pour renforcer la ressemblance –, sauf qu'elle doutait sérieusement de ses talents d'acteur. Hélas, ils devaient agir vite : leurs cibles finiraient bien par se rendre compte que quelque chose n'allait pas, les infernaux n'avaient pas le temps de parfaire tous les détails.

« C'est bon, ça y est ? »

« Oui, nous pouvons y aller. »

Il avait fallu cinq bonnes minutes pour que son « oncle adoré » arrive enfin à avoir l'air à peu près à l'aise. Pas entièrement, mais ils pouvaient toujours faire passer ça pour le stress d'une longue journée de travail. Ils furent obligés de le pousser derechef pour qu'il se remémore ses manières et offre son bras à une Liche de plus en plus impatiente... et davantage encore pour qu'il arrête de sursauter à chaque fois qu'elle le touchait ou lui adressait la parole. De là, le duo fit route vers les gorilles montant la garde devant la porte de l'entrepôt. Son compagnon – Vitaly Stepanov, elle ferait mieux de s'en souvenir – montra patte blanche puis les vigiles les laissèrent passer après une courte série de questions. Elle était dans la place.
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Un vigile les guida jusqu’à un passage secret dans un recoin de l’entrepôt, passage qui les mena enfin à l’arène souterraine. L’endroit était encore plus opulent que ce qu’on lui avait décrit, tout en dorures et boiseries et lustres en cristal extravagants. L’effet était toutefois gâché par le fait que les différents éléments du décor n’allaient pas du tout ensemble, un défaut qui sautait aux yeux de la Liche, habituée à l’austère élégance du Château d’Heinstein.

Le bar affichait une sélection d’alcools impressionnante, tous plus rares et chers les uns que les autres ; le service était assuré par des hôtesses court vêtues qui semblaient sortir tout droit d’une agence de mannequinat. Le buffet – un étalage obscène et décadent de nourritures hors de prix qui donnaient l’impression d’avoir été choisies par quelqu’un qui n’y connaissait rien à partir d’une liste de clichés des mets préférés de la haute société – était assailli par une nuée de pique-assiettes. La présence à chaque porte d’au moins un garde en costume – taillé sur mesure pour accommoder un gilet pare-balles sous les couches extérieures du vêtement – muni d’un fusil d’assaut ainsi que d’un pistolet et d’un couteau de combat créait un contraste saisissant avec l’ambiance digne d’une soirée pour parvenus exhibant vulgairement leur richesse.

« À qui devons-nous cette… décoration ? » s’enquit la jeune fille en s’efforçant de ne pas grimacer à la vue de certaines juxtapositions stylistiques malheureuses et dorées à l’excès. Son compagnon émit un soupir fatigué : « Le propriétaire est un américain avec des idées très arrêtées – et très inappropriées – en matière de classe. Apparemment ses assistants ont déjà eu assez de mal à le dissuader de mettre son initiale sertie de diamants partout ; j’aimerais pouvoir dire qu’on s’y habitue mais ce serait mentir. Et puis ceux d’entre nous qui ont un tant soit peu de goût ne viennent pas ici pour le cadre. »

La polonaise leva un sourcil interrogateur : pour elle, quelqu’un qui venait assister à un combat de gladiateurs éveillés ne pouvait prétendre être une personne de goût. Devançant l’objection, Stepanov voulut se défendre : « Je sais ce que tu vas dire mais moi je ne viens ici que pour rencontrer des partenaires en affaires, ce n’est pas de ma faute si leur conception du divertissement est aussi primaire. »

Il s’était rappelé d’employer le tutoiement, bon point. Acceptant son explication, elle le laissa mener la danse et s’occuper des présentations lorsque vint le moment de se mêler à la foule. Enchaînant sourires de façade, courtoisies vides de sens et fausses démonstrations d’affection envers son « cher oncle », Andréa ou plutôt Anya nota sans faillir les noms, visages et professions de tous ceux qui venaient leur parler – ceux qui n’arboraient pas un loup ridicule dans le vain espoir de masquer leur identité tout en se donnant des airs, en tout cas. De quoi réfléchir aux failles de l’approche utilisée par les Spectres pour s’emparer de Beijing en attendant le début des combats.

L’une d’entre elles devint très vite flagrante : lorsqu’ils avaient mené leur petit blitzkrieg contre la pègre locale, ils ne s’étaient attaqués qu’aux criminels eux-mêmes et avaient généralement laissé leurs clients tranquilles. Les infernaux avaient placé l’offre de services illégaux sous leur coupe mais, ayant négligé de réguler la demande, ils avaient par inadvertance laissé l’occasion à de nouveaux arrivants de s’installer pour y répondre. Il leur faudrait verrouiller entièrement l’économie parallèle s’ils ne voulaient pas voir ce problème se répéter, mais était-ce seulement faisable ? Il y avait beaucoup plus de clients que de criminels, et avec les ressources limitées à leur disposition…

« Pourquoi faut-il toujours que ce soit si difficile ? Conquérir un territoire c’est un jeu d’enfant mais y régner, par contre... »

« C’est une toute autre histoire. »
confirma le parasite. La Liche chercha l’heure du regard, espérant que le spectacle commencerait bientôt. Tous les invités devraient être arrivés à ce moment, ils pourraient alors passer à l’action et oublier temporairement ces pensées déprimantes.

« Vivement que ça commence. » murmura-t-elle en voyant un trio de jeunes s’asperger les uns les autres à l’aide du contenu de bouteilles de champagne qui devaient coûter plus cher que la maison de ses parents. Et dire que pendant ce temps, des millions de leurs compatriotes crevaient de faim, de froid ou de maladie, faute d'argent.

« Bien d’accord. » répliqua le russe, qui partageait sa souffrance même si ce n'était pas nécessairement pour les mêmes raisons : il lui désigna un homme qui venait de passer commande d’un grand cru bicentenaire et qui, lorsqu’un sommelier tiré à quatre épingles lui apporta la vénérable bouteille, exigea que le divin nectar qu’elle renfermait soit mélangé à du soda pour le confort de son palais (in)délicat. La polonaise s’étrangla, s’attendant à moitié à ce que la colère de Thanatos s’abatte sur le coupable de cette infamie, puis détourna les yeux. Elle était loin d’être une esthète de la boisson mais quand même, il y avait des limites ! Même Kochtcheï était dégoûté.

« Fais-moi penser à demander le rajout d’une nouvelle Prison pour les gens comme lui. »

« Je risque pas d'oublier. »

« Ah, ça y est, nous y sommes ! » annonça Stepanov. Les portes du colisée s’étaient ouvertes et les écrans géants retransmettant les combats pour ceux qui préféraient regarder depuis la grande salle s’étaient allumés. Enfin, pas trop tôt !
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Le colisée était bâti sur le modèle du stade utilisé par la Fondation Graad pour les Galaxian Wars – très mauvais choix quand on savait ce qui était arrivé à l’original, le propriétaire aimait tenter le Diable –, à la différence que celui-ci était beaucoup plus bling-bling et que les gradins surplombaient une fosse centrale au lieu d’un ring, laissant plus de place aux combattants pour se mouvoir. Les spectateurs étaient protégés de tout débordement en provenance de l’arène par ce que la Liche reconnut comme étant une vitre pare-balles et anti-explosions.

« Il n’y en avait pas au début. » expliqua Stepanov en voyant sur quoi se concentrait l’attention de sa compagne. « Le public ne voulait pas se contenter de regarder, il voulait aussi sentir l’odeur du sang et ressentir le souffle des attaques… et puis le proprio est radin, sauf quand il s’agit d’en mettre plein la vue. Il a fallu qu’un client manque de se faire tuer pour qu’il commence à prendre la sécurité au sérieux et qu’il les installe. »

« Je vois. Et les fantômes, ils viennent d’où ? » répliqua-t-elle en avisant la vingtaine de silhouettes transparentes déambulant sans but dans l’arène, voire dans les gradins, traversant occasionnellement la vitre comme si elle n’existait pas avant de se mettre à tourner autour de certains invités qui ne se rendaient compte de rien. Le russe sursauta en apprenant que l’endroit était hanté, mais pas la moindre ombre d’incrédulité ne passa sur son visage. Après tout si c’était une Spectre qui le disait, c’est que ça devait être vrai. « Je croyais qu’il n’y avait pas assez d’éveillés ici pour qu’on puisse se permettre de les faire se battre à mort, mais ces revenants sont trop nombreux pour que leur décès soit dû à un accident. »

« C’est justement parce qu’il n’y a pas beaucoup d’éveillés, on a vite fait le tour s’ils s’affrontent exclusivement entre eux. Du coup pour ajouter un peu de variété on leur impose plusieurs handicaps – yeux bandés, main dans le dos, vêtements lestés, chaînes aux pieds... – et on les fait également combattre des groupes de bêtes féroces ou d’humains armés. Ceux-là par contre, ils sont là pour se faire massacrer. »

Charmant. Bande de dégénérés...

« Quand tu dis armés, ça inclut des armes à feu ? »

« Parfois. »

La Liche pensait avoir deviné quel genre d’incident avait finalement justifié la pose des vitres pare-balles… Sans blague, ces types donnaient des flingues aux gens qu’ils obligeaient à prendre part à un combat à mort et ils ne s’étaient pas attendus à se faire tirer dessus ? Quand on était idiot à ce point on méritait de se faire descendre.

Ayant obtenu les informations qu’elle désirait, Andréa prit place parmi les richissimes imbéciles en mal de sensations fortes et se résigna à subir leur idée d’un « divertissement » le temps d’évaluer les forces en présence. Heureusement tout le monde avait les yeux rivés sur le spectacle et personne ne tenta de l’aborder, ce qui lui laissa toute latitude d’observer les combattants défilant dans l’arène au fil des matchs. Il y en avait seize en tout dont elle mémorisa scrupuleusement les visages, techniques, signatures cosmiques et costumes ridicules portés en lieu et place d’armures ; comme on le lui avait rapporté, aucun d’eux ne semblait avoir le niveau pour prétendre ne serait-ce qu’à une armure de Bronze. Leurs attaques manquaient à la fois de maîtrise, de puissance et de panache, malgré leurs efforts pour donner l’impression contraire – au moins dans les deux derniers domaines. Une bonne part de ce que la fraction la plus décérébrée du public devait trouver impressionnant là-dedans était sans doute due aux jeux de fumée et de lumière, aux artifices pyrotechniques, effets sonores et autres souffleries commandés par quelque régie invisible. Ces trucages parvenaient peut-être à tromper les sens d’un humain lambda mais du point de vue de l’Étoile Terrestre, la présence de ces ficelles était impossible à ignorer.

« Oh pitié... » se plaignit-elle en voyant une flammèche faiblarde prendre une allure d’imposante boule de feu par l’entremise d’un jet de substance combustible jailli du sol, confirmant ses soupçons que tous ces affrontements n’étaient qu’une sordide farce. Prouesse technique ou pas – il faudrait qu’elle pense à épargner les techniciens, histoire de voir si elle ne pourrait pas les refiler à l’équipe de tournage de leur film hollywoodien –, personne n’était capable d’un tel timing, tout ça devait être chorégraphié à l’avance. « Est-ce qu’il y a une seule chose de vraie ici, qui ne soit pas une pâle imitation ? »

« Le moment où ils massacrent des animaux innocents ou de simples mortels, je suppose. »

À voir la façon dont les fantômes se ruaient sur ces éveillés inconscients de leur existence pour essayer en vain de les mettre en pièces, encore et encore, leurs traits déformés par une rage impuissante, l’oligarque devait avoir raison. Seigneur Thanatos, elle avait l’impression de contempler toute une assemblée de clones de Reagan. Très bien, dans ce cas…

« J’en ai assez vu. Tous les combattants sont passés, il n’en manque aucun ? »

« Aucun. »

« Les invités de marque ? »

« Tous là, on dirait. »

Stepanov avait compris qu’il avait tout intérêt à se comporter en parfait petit collabo et faisait donc tout ce qui était en son pouvoir pour être le meilleur assistant d’un soir possible. Il se méprenait gravement s’il croyait que cela suffirait à lui épargner son juste châtiment mais peut-être lui trouverait-elle une autre utilité, retardant l’inévitable.

La polonaise laissa enfin s’enflammer le cosmos qu’elle réprimait depuis le début de la soirée. Les saltimbanques – ils n’étaient pas dignes du titre d’éveillé et encore moins de celui de chevalier – dans l’arène bondirent en ressentant son aura, mais cela ne leur fut d’aucune aide. L’énergie sombre de la jeune fille déferla dans le colisée, s’infiltrant dans chaque trace laissée par ceux qui étaient morts ici même lorsqu’elles n’étaient plus visibles à l’œil nu, jusqu’au résidu de sang le plus infinitésimal, et en fit autant d’ancres dont elle se servit pour rappeler les âmes des défunts dans le monde physique. Elle ne s’arrêta pas là, gorgeant les apparitions de son pouvoir jusqu’à les rendre perceptibles par des non-éveillés… et surtout capables de s’en prendre aux vivants. Plus d’une centaine de ses marionnettes tombèrent sur les combattants tels une nuée de sauterelles ; ces derniers tentèrent bien de se défendre mais leurs techniques pathétiques ralentissaient à peine les revenants, dont les chairs spectrales se reformaient dès qu’elles étaient endommagées. Ils furent vite plaqués au sol et presque entièrement drainés de leur énergie vitale ; voyant avec quelles facilité et rapidité ils avaient été réduits à l’impuissance, le public terrifié se précipita en hurlant vers la sortie. Quelques spécimens particulièrement stupides ne pigèrent que ça ne faisait pas partie du spectacle que lorsque les désincarnés franchirent la vitre pour s’en prendre à eux et essayèrent trop tard de rejoindre la foule horrifiée.

La Liche admira son œuvre avec un sourire cruel. Les gardes les plus calmes faisaient de leur mieux pour contenir la marée humaine ou localiser l’origine de tout ce chaos, d’autres paniquèrent et fuirent à leur tour ou se mirent à canarder les fantômes, leurs balles perdues faisant plus de dégâts parmi les ordures qu’ils étaient censés protéger que parmi leurs attaquants. Andréa et un Stepanov tétanisé – ah, ce n’était que maintenant qu’il comprenait vraiment ce dont les Spectres étaient capables... – étaient les seules personnes restantes dans les gradins. Un tourbillon de noirceur plus tard et la première, à présent revêtue de son Surplis, abandonna le second pour se déplacer derrière chaque garde et les neutraliser d’une impulsion cosmique en un clin d’œil.

« Vous êtes tous en état d’arrestation. » annonça-t-elle lorsqu’elle s’arrêta enfin, bloquant la sortie de secours que les derniers membres du personnel et une poignée de VIP s’apprêtaient à emprunter. La porte principale, elle, fut violemment arrachée de ses gonds et livra passage à l’escadron de la police qui braqua immédiatement ses armes sur les fuyards.
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L’un après l’autre, les clients et travailleurs de l’arène souterraine – rendus dociles par la menace de la horde d’esprits affamés que la Liche n’avait toujours pas renvoyés dans l’Au-delà – se faisaient passer les menottes avant d’être emmenés vers l’un des paniers à salade qui les attendaient dehors. Les gros pleins de fric n’étaient pas prêts de retrouver leurs chères limousines. Pendant ce temps, Andréa se livrait à un débriefing intérieur, passant en revue ses choix tactiques avec l’aide de son prédécesseur.

Elle n’avait certes pas pu confirmer si oui ou non les combattants éveillés étaient plus forts qu’il n’y paraissait avant de passer à l’action, mais elle avait tout de même attendu d’être dissimulée dans la masse des autres spectateurs avant de frapper. Elle avait également retourné les défenses de l’endroit contre ces mêmes éveillés en s’assurant qu’ils étaient tous du mauvais côté de la vitre pare-balles, laquelle aurait entravé leur éventuelle contre-attaque sans pour autant représenter un obstacle pour l’Étoile Terrestre et ses techniques immatérielles. Il ne restait alors plus qu’à se préoccuper des gardes armés. Ceux-ci pouvaient poser davantage de problèmes que prévu pour peu qu’ils arrivent à la prendre par surprise : la polonaise pouvait voir les balles mais pas les entendre avant qu’il ne soit trop tard puisqu’elles se déplaçaient plus vite que le son et ne pouvait pas non plus les repérer à leur cosmos puisqu’elles n’en avaient pas. Là encore, elle avait utilisé la foule à son avantage, attendant que cette dernière immobilise ou confonde les péons avant de les neutraliser avec célérité, tout en utilisant quelques Fées pour couvrir son angle mort. Elle s’en était plutôt bien sortie au final, ça méritait bien un verre !

« Boire pendant le service ? Quel mauvais exemple tu donnes à nos diligents assistants chinois ! »

« La ferme, je vais en avoir besoin. Ce qu’on vient de faire c’était la partie amusante, maintenant on va devoir s’occuper des retombées et après ça, retour à la routine et à mon sentiment d’inutilité. »

Le parasite n’opposa aucune objection à cette logique. Elle fit route vers le bar, trouva une bouteille de vodka ainsi qu’un verre intacts et transvasa le contenu de la première dans le second avant de l’engloutir. Elle s’apprêta à se servir un deuxième verre mais s’arrêta net, considéra l’absence de gens ayant le statut nécessaire pour lui reprocher ses manières à proximité et se mit à boire directement au goulot. Elle se promena sans but le long du bar, faisant crisser le verre brisé sous ses semelles, puis remarqua une porte entrouverte donnant sur la cave à vin. Une idée absurde germant dans son esprit, elle revint vers les policiers, leur « emprunta » le sommelier en promettant de le leur rendre sous peu puis revint à la cave.

« C’est des vrais tous ces grands crus ou vous vous contentez de coller des étiquettes prétentieuses sur des bouteilles de piquette ? » demanda la jeune fille en lisant quelques-unes des étiquettes en question. Elle reconnaissait certains noms mais d’autres lui étaient inconnus, même si leurs sonorités étaient en effet prestigieuses. Le sommelier émergea de sa terreur dans un sursaut d’orgueil professionnel, scandalisé par la question. « Bien sûr que ce sont des vrais, nous ne regardons pas à la dépense quand il s’agit de satisfaire nos clients ! »

La Liche lui adressa un sourire amusé et il se tut, mortifié en se rappelant sa situation.

« Après ce que j’ai vu ce soir, je dirais plutôt que votre patron cherche les dépenses les plus tape à l’œil possibles. Enfin, là n’est pas la question, aidez-moi plutôt à sélectionner vos meilleures bouteilles. »

L’homme fit un effort louable pour ne pas regarder le flacon de vodka déjà à demi-vide dans la main de la Spectre. Devinant ce qu’il devait penser, elle dissipa le malentendu : « C’est pas pour moi, c’est pour mon patron. J’assume de n’avoir aucun goût en la matière mais Lui saura les apprécier à leur juste valeur, ne vous inquiétez pas. De toute façon, c’est ça ou elles finiront dans une armoire à preuves de la police avant d’être vendues aux enchères ou barbotées par un ripou audacieux. »

La perspective de pouvoir proposer un breuvage à un Dieu – la consécration de sa carrière ! – sembla rendre un peu de vie – ironiquement – au sommelier, qui s’empressa de lui présenter les plus belles pièces de sa cave. Aucun des policiers passant périodiquement devant la porte ne fit quoi que ce soit pour les en empêcher : les règles ne s’appliquaient pas à elle.

« Andréa... » intervint Kochtcheï une fois que son hôte eut terminé de remplir une caisse de merveilles éthyliques de la plus haute qualité et pris congé de l'expert. Réprimant un soupir agacé, elle posa précautionneusement son chargement sur le bar.

« Quoi ? J’y toucherai pas à cet alcool-là, promis, tu peux me foutre la paix maintenant ? »

« Non, ça n’a rien à voir, je voudrais te parler de quelque chose de sérieux. »

« C’est si important que ça, ça ne peut pas attendre ? »

« Non. »

« Pourquoi maintenant ? »

« Parce que si tu te concentres, tu t'apercevras que deux des nôtres ont disparu. »


Son sang se glaça. Elle ne s’en était pas rendu compte jusqu’ici, focalisée qu’elle était sur sa mission, mais maintenant que cette distraction avait cessé il apparaissait que l’ancienne Liche avait raison. Elle ne ressentait plus la présence d’Évelina ni celle d’une autre Étoile Maléfique qui se trouvait encore sa compagnie quelques heures auparavant, un collègue que la polonaise n’avait jamais eu l’occasion de rencontrer.

« Qu’est-ce qu’il s’est passé, on nous attaque ?! »

« Je ne pense pas, c’est justement de ça dont je voulais te faire part. J’avais des soupçons depuis quelques temps mais je n’avais jamais trouvé le bon moment pour en parler. Je ne voulais pas avoir l’air de m’affoler à cause de craintes infondées... »


Oui oui, d’accord, mais quand est-ce qu’il allait enfin cracher le morceau et lui dire ce qui le tarabiscotait autant ?

« J’y viens, péronnelle. » poursuivit le parasite avec irritation. « Tu te rappelles de tous ceux qui disent que la destruction du Sapindus et du Rosaire a rendu les Enfers plus forts que jamais ? Je crois que c’est tout le contraire et que nous n’avons jamais été aussi vulnérables. »

« Pardon ?! »


Kochtcheï se lança alors dans un alarmant exposé, que son hôte écouta avec d’autant plus d’attention en l’entendant mettre de côté la révérence avec laquelle il parlait d’habitude de leurs Dieux. Selon lui, l’élimination définitive de l’artefact permettant aux Saints d’empêcher la résurrection des Spectres représentait moins un réel avantage que le minimum syndical pour que leur faction puisse simplement rester viable. Autrement, l’édifice infernal tout entier aurait pu être ruiné du fait d’un point faible qu’il n’avait pas il y a trente ans : la déliquescence de son leadership divin. En effet, quatre divinités au faîte de Leur puissance Se chargeaient d’ordinaire de faire fonctionner l’Au-delà : Hadès, Perséphone, Hypnos et Thanatos. Or, il ne leur restait plus que le Faucheur et Il n’avait plus accès à la pleine mesure de Ses pouvoirs depuis la perte de Son enveloppe divine. Cela avait des répercussions désastreuses au niveau du système qui donnait à Ses sbires leur semblant de vie, mais il semblait qu’ils avaient sous-estimé ces conséquences. En sus des réincarnations incomplètes avec lesquelles ils étaient tous familiers, l’antique Liche postulait l’existence d’un phénomène de rejet de l’Étoile Maléfique chez certains ressuscités – ne faudrait-il pas alors parler carrément de réincarnations ratées ? –, capable d’entraîner la mort subite d’un Spectre sans cause apparente ni possibilité de réanimation.

Andréa était choquée de l’entendre s’exprimer ainsi, lui qui était normalement l’un des plus grands chantres de la puissance du Royaume Abyssal. Il admit que ses craintes étaient surtout basées sur des conjectures et des preuves anecdotiques, mais son raisonnement tenait la route. Cela expliquerait bon nombre de disparitions suspectes dans leurs rangs, aussi horrible que soit l’idée que les Enfers puissent s’effondrer comme un vulgaire château de cartes alors que tout semblait si bien se passer…

« Mais dans ce cas, si le système croule déjà sous son propre poids, la politique actuelle de Sa Seigneurie, celle de ne plus intégrer que des ressuscités, ça n’aggrave pas le problème ? »

« Sûrement, cependant il s’agit d’un mal nécessaire. Regarde Sargas, il a essayé d’assassiner Sa Seigneurie ; tu imagines s’il y était parvenu ? Les dysfonctionnements sont déjà très prononcés alors qu’il nous reste un Dieu, je n’ai vraiment pas envie de savoir ce que cela donnerait si nous n’en avions plus aucun. Bien sûr tout cela n’est qu’hypothèses, toutefois… »

« Toutefois nous ne pouvons pas nous permettre d’ignorer le pire scénario. »
compléta la jeune fille, tremblante. Elle se reprit en main avant que l’un des humains alentour ne remarque son soudain malaise. « Je sais que les Spectres n’ont pas coutume de faire part de leurs doutes à Leurs Seigneuries ou à Leurs Majestés ou de poser des questions sur la façon dont Ils font marcher les Enfers, mais c’est trop important pour qu’on le laisse passer. Il faudra en parler au Seigneur Thanatos pour en avoir le cœur net et peut-être réfléchir à une solution. »

Ne serait-ce que pour sa tranquillité d’esprit, parce que ces révélations allaient lui valoir plus d’une nuit blanche à l’avenir. La satisfaction du devoir accompli bel et bien douchée, la polonaise affecta un air de confiance et chemina vers la sortie du souterrain. Elle avait besoin d’un grand bol d’air… et de plus de vodka. Terminer la bouteille n’allait pas suffire.
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