Bien confortablement allongé dans ses quartiers du Cinquième temple, on aurait pu croire que le Lion d'or profitait d'une sieste d'après-midi paresseuse, ou qu'il jouait les princes charmants endormis dans l'espoir qu'une séduisante princesse vînt le tirer de ses songes. Pourtant, les bonnes choses ayant une fin, l'odyssée onirique du blondinet s'estompa peu à peu, et sa conscience refit surface au contact d'un souffle chaud dans son cou.
Azir ouvrit simplement les yeux, sans sursaut ni inquiétude. Pas de réveil, pas de bruits inhabituels. Quelle heure était-il ? Quel jour ? Et pourquoi cette espèce de vide dans son crâne comme un lendemain de cuite monumentale ? Où se trouvait-il également ? Sur le coup, il ne reconnut pas tout de suite le plafond bien blanc, les murs parés d'une chaude lumière.
Il leva spontanément un bras pour aller rencontrer le corps chaud blotti contre son torse, dont la respiration régulière produisait une vibration décontractante bienvenue. Ses doigts plongèrent dans la douce fourrure, réveillant le familier qui bâilla largement. Azir sourit en sentant la langue râpeuse venir frotter sa joue, puis une patte palper il ne savait quoi contre sa jugulaire, puis ses lèvres.
"Et salut mon gros. Bien dormi ?"
Le félin miaula, se redressa pour venir frotter sa tête à celle de son maître. L’Égyptien se laissa inonder de bave quelques dizaines de secondes et finit par s'orienter en position assise pour prodiguer moult caresses à son chat. Il se rappela sa chambre du Sanctuaire, puis le combat à la Palestre lorsqu'une aiguille piqua dans son bras gauche. Il remarqua une perfusion pratiquement vide, qui indiquait une solution vitaminée et hydratante.
"Ah ouais quand même..."
Visiblement, il avait fini en assez mauvais état pour ne pas se rappeler le changement de lieu, ni la ou les personnes qui s'en étaient chargées. Son torse nu était ceinturé d'une sorte de corset souple au niveau des côtes, et il découvrit pour quelle raison en se penchant un peu plus. La douleur se diffusa rapidement, l'obligeant à se recoucher aussitôt. Fractures ou fêlures ? Il se rappelait avoir lu quelque part qu'il n'y avait pas vraiment de "minerves" pour ce genre de cas, qu'il fallait juste se contenter de beaucoup de patience et de précautions. Un coup d’œil sur le côté lui révéla son portable, posé sur une table au centre de la pièce. L'heure et la date.
"Dis Caramel, tu veux pas être un bon chat et m'apporter mon téléphone ? Tu ferais pas ça pour moi ?
-Maaaw.
-Allez... Regarde, t'as cinq ou six pas à faire.
-Maaaaw.
-Tu m'aides vraiment pas...
-Rrr rrr rrr.
-Oui câlin, t'es mignon..."
Un soupir et quelques ronrons plus tard, le Lion tendit vainement le bras en direction de la table, bien évidemment hors de portée. Il allait se tendre un peux plus, user de son maximum de souplesse, lorsque la porte pivota sur ses gonds et vit Dolorès ainsi que l'apprentie aux dons de guérison entrer dans la pièce. Ils se stoppèrent tous ensemble dans leurs mouvements, la première ouvrant la porte à la seconde qui tenait un plateau-repas pour 2 personnes dans les mains.
"Mais qu'est-ce que vous faites... ?
-Azir ! Enfin réveillé ! Tu nous as fait drôlement peur à tous !
-Euh... Salut. Ça va ? Qui est... ?
-Dolorès. Je suis la sœur de Lesath. Le Scorpion. Je me suis chargée de faire la garde-malade, et quelques autres apprentis de la Palestre sont passés de temps en temps prendre des nouvelles. Cassandre me tient compagnie et m'apporte les repas de temps en temps comme ce soir.
-Ah. Je dors depuis si longtemps que ça ?
-Une dizaine de jour maintenant. Il a cogné fort, on dirait, l'ancien aspirant. Mais ça a l'air d'aller mieux.
-Et les autres ?
-Ils vont bien ! Ils sont tous saufs ! Ce qui n'aurait pas été le cas sans ton intervention, alors merci ! Merci du fond du cœur ! Pour tous les autres !"