Saint Seiya
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[Frontline FB] Thérapie de groupe
Oblivion
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-Encore.

-Tu devrais peut-être prendre une pause...

-Encore.

Il y a un soupir suivi de quelques secondes de silence avant que le corps de l'ennemi virtuel ne disparaisse, puis qu'une série de chiffres et de caractères apparaissent dans mon casque. Assis au milieu des techniciens et autres scientifiques chargés de décortiquer chaque élément de nos vies personnelles, Papanek profite du répit qu'offre l'analyse de mes signes vitaux pour reprendre son souffle et se désaltérer, et j'en fais de même. Sa proposition pour me rendre plus coopérative, et donc plus réceptive, n'a pas tout de suite été approuvée par nos supérieurs, mais suite à mon passage au niveau 3, le "docteur" a repris l'assaut et a convaincu les plus haut-gradés de rendre l'utile à l'agréable. Ainsi, nos rencontres se font dans la salle d'entraînement, presque devenu un colisée vu le nombre de personne qui se déplacent pour me regarder me battre contre des vagues d'adversaires conçues pour me tester sur tous les plans. Force, endurance, adaptation, vitesse de réaction... je suis persuadée que certains en ont fait des paris.
Je n'aime pas vraiment devoir rejouer les gladiateurs. Mais vu où j'en suis maintenant, je ne peux plus y échapper : je dois jouer le jeu et leur donner ce qu'ils veulent.

Une nouvelle silhouette se dessine devant moi, sans armure, et prend une pose de combat que j'ai souvent vu chez les agents américains. À peine les premiers coups échangés, je comprends qu'il ne s'agit que d'un simple niveau 1, mais avec une expérience supérieure à la mienne et une intelligence qui donne presque l'impression qu'il y a triche. Les combattants préférant la technique à la puissance brute, mon éternelle faiblesse et ce depuis mon arrivée aux Enfers... même si face à Lachès, qui s'entraîne depuis des millénaires, cette déclaration est peut-être un peu biaisée. Mais qu'importe, car je ne peux pas utiliser ce que m'a appris le vieux Squelette ici : tout mon entraînement était à refaire, et cette fois-ci les résultats sont même meilleurs, si on veut. Normal...

-Quel âge as-tu?

-Quatorze.

Je tente un coup, feinté par l'hologramme qui en profite pour m'attraper le bras et me jeter au sol. Je me prépare à l'impact et atterrit durement sur le dos, mais parviens à modifier la prise pour en prendre avantage et effectuer une roulade en emportant mon adversaire avec moi. Le simulateur se fait même une joie de fournir un craquement d'os alors que j'écrase le bras piégé sous mon poids.

-Et tu es devenue soldate à...?

-Cinq.

La projection se redresse suffisamment pour m'envoyer son pied dans le creux du dos. Je sens ma colonne se cambrer malgré moi et grimace quand, après s'être libéré, l'ennemi s'en prend à mes côtes pourtant encore en train de guérir, selon les médecins. Pourtant, Papanek ne dit rien, et il n'en a pas besoin. Je me redresse et passe à l'attaque à nouveau.

-L'attaque?

-Douze.

C'est ce qui intéresse sans doute le plus les scientifiques : le temps que ça m'a pris pour développer des aptitudes cosmiques et celui pour le maitriser, avant mon arrivée à FIRMAMENT. Vu le passé de Leticia, il était difficile de collecter ces informations de base eux-mêmes, et les premières fois que ça a été demandé, je n'ai pas répondu.
Je frappe l'hologramme en plein milieu du torse, puis lui attrape la tête pour mieux la fracasser contre mon genou. "Sonné", il s'effondre, et j'en profite pour enrouler mon bras autour de son cou.

-Et avant ça, comment te traitaient tes... supérieurs? Bien?

-Parfois. Quand j'écoutais.

Ils n'ont pas besoin de se faire dire ce qui arrivait quand je "désobéissais" : la situation des enfants-soldats dans le monde ne leur est pas inconnue. Et quand il me demande pourquoi je n'obéissais pas toujours, j'incline la tête sur le côté comme pour réfléchir.

-Ils voulaient que j'oublie. Ils disaient que je n'étais pas Leticia, ils voulaient me donner des nouveaux parents, des nouveaux amis, un nouveau pays. Mais j'ai pas oublié. Et même quand j'écoutais, ils savaient que dans ma tête, j'écoutais pas. J'étais encore Leticia.

-D'accord. Le niveau de celui qui t'as capturé?

-Cinq.

Je sais qu'il ne me croie pas, et vu la façon dont il s'explique les autres en feront de même. Qu'importe.

-Et tu n'étais pas éveillée à ce moment-là. Comment ça s'est terminé?

-M'a laissée là. Croyait que j'étais morte.

-Mais tu as survécu. Des nomades t'ont trouvée et t'ont portée secours quelques heures plus tard.

Et la suite, les autres la connaissent : les médecins ont constaté que mes signes vitaux étaient anormaux, ma guérison s'est avérée bien trop rapide pour être normale et après peu de temps, j'étais de retour sur le terrain pour faucher tout ceux qui croisaient mon chemin, seule, guidée par ma colère et ma douleur, jusqu'à ce que des employés de Kaganovitch soient mis sur ma trace et me ramènent avec eux. Et Ben, selon cette histoire fabriquée de toutes pièces, a pu conclure que l'attaque était non seulement un moment décisif pour mon éveil au cosmos, mais aussi pour le mauvais tournant psychologique qui a suivi... Car les problèmes psychologiques de Marchesi n'avaient pas cette ampleur avant, elle savait rester forte. Les miens non plus.

-Si ça avait été moi, à ta place. Est-ce que tu aurais essayé de me sauver?

-Bien sur!

-Tes coéquipiers? Taras?

-Aussi.

-Et si ça avait été un civil?

-... Oui.

-Et Sékou?

Mes muscles se tendent et l'hologramme disparait dans un craquement, ne me laissant qu'avec de maigres statistiques et une épine de glace qui me traverse la tête, laissant couler une haine froide le long de mon dos. Peu à peu, les souvenirs défilent devant moi, rendus flous par le temps et l'émotion : la figure ensanglantée de l'Haïtien, les explosions et les nuages de poussières, et Théo, inanimé, trop loin pour que je puisse le rejoindre. J'ai beau ne pas répondre, l'Autrichien n'a pas besoin de l'entendre. La porte de la salle s'ouvre et il vient me rejoindre, pour mieux m'inviter à sortir et me débarrasser de mon équipement. Je ne lève les yeux vers lui que lorsqu'il m'attrape par les épaules, puis lance un coup d'œil morne vers les scientifiques qui nous suivent de loin. Je lance mon casque dans le bac prévu à cet effet, puis laisse le psychologue m'ouvrir la porte pour sortir de la zone d'entraînement.

-Veux pas que ça se sache.

-Désolé de l’entendre.

Et je me fige sur place en voyant les membres de mon équipe, entassés dans l'étroit couloir, à me regarder.
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-Ils ont le droit de savoir. Après tout, on fait tous équipe.

Le bon docteur me guide sans me regarder, même en me sentant tendue et prête à frapper. Les autres s'écartent pour me laisser passer en me lançant des drôles de regard, certains confus, d'autres compatissants... et puis il y a Théo. Avant aujourd'hui, il ne pouvait que supposer des réponses à ses questions, et vivre avec les vides dans mon histoire, mais maintenant il en sait beaucoup plus et je sais qu'il n'aime pas ce qu'il a entendu. Une enfant-soldat, capturée, torturée pour le plaisir, bien sur qu'il est dévasté, qu'est-ce qu'il est censé aimer de tout ça? En passant devant lui, il esquisse un geste mais se ravise, trop tard pour éviter que sa main n'effleure la mienne. Pour lui, ce sera le pire : c'est arrivé, ça continue d'arriver, et il ne peut rien faire. Il n'a pas le droit de m'emmener loin de tout ça, de m'apprendre à tout laisser derrière pour vivre une meilleure vie. Les Agences ont besoin de celle que je suis devenue.
Les Enfers ont besoin de celle que je suis devenue.

Derrière tout le monde, un inconnu me toise avec un sourire, les bras croisés sur son torse. Maigre et maladif, de minces repousses blanches commencent à peine à parsemer le dessus de sa tête et il semble avec de la difficulté à garder son équilibre. Ses lèvres craquelées et ses yeux bouffis lui donne un air plus âgé, mais le reste de ses traits confirme que ce n'est pas le cas...

-Alors, pas trop énervée qu'on sache ton passé sombre et mystérieux?

-... Taras?

-Lui-même.

Je ravale ma salive, examinant sans vouloir y croire la fatigue derrière son expression qui se veut contrôlée et l'étincelle de cynisme qui s'obstine à éclairer ses yeux rougis. Je croyais qu'il allait mieux, c'est ce qu'on nous avait dit... Mais il a beau s'être remis de tous les tirs qu'il a encaissé, il n'est définitivement pas prêt à revenir sur le terrain avec nous. À pleine capacité, cela dit... mais les Agences seront-elles aussi patientes?
Le Biélorusse semble avoir deviné ce qui me tracasse, et il hausse les épaules.

-Oui, je sais, j'ai l'air d'une merde, mais crois le ou non, c'était encore pire avant. C'est drôle, hein? Ce que les gens sont prêts à faire pour te garder en vie, sous prétexte que ce qui vient après sera pire... Je sais pas toi, mais ce qu’ils m’ont fait va être difficile à battre.

-Ce sera pire, Taras. Quand tu meurs, tu souffres pour l'éternité.

-Je sais. Et là je vais souffrir pour l'éternité plus deux mois, si je suis assez chanceux pour tenir jusque là. C'est pas comme si une tentative de sacrifice héroïque allait changer améliorer mon sort.

-Calvaire, vous êtes donc ben négatifs vous autres!

Malheureusement, la conversation s'arrête là. J'aurais bien aimé en entendre plus, en tant que simple mortelle je ne peux m'empêcher d'être d'accord avec ce que disent mes collègues, les châtiments infernaux sont bien démesurés comparés à ce qu'ils condamnent parfois. Seulement voilà, nous ne faisons pas les règles, et ne pas vouloir s'y soumettre ne change rien. Au final, nous devons tous jouer le jeu...

Les scientifiques nous suivent toujours. Quand certains d'entre nous leur lancent un regard interrogateur, c'est encore une fois Papanek qui explique qu'ils viennent avec nous : maintenant qu'il y a une niveau 3 dans le groupe, et que les autres ont tous des capacités cosmiques bien puissantes, ils veulent réviser leur documentation sur nos expositions au cosmos pour ensuite corriger les batteries de test et entraînements qui suivront. Parce que les expériences au niveau psychologique ne sont pas une option, ils veulent se tourner vers une autre option : les expériences au niveau collectif. Nos interactions en tant que compagnons d'armes sont vraiment ce qui nous définit le plus, et c'est une information qu'ils ne peuvent pas ignorer. De plus, ajoute le docteur chauve, les dites interactions ne peuvent que s'améliorer si on apprend à se connaitre. Et parce qu'il savait que je garderais le silence devant les autres, il a préféré commencer autrement...

La cantine est vide, normal à cette heure. Nous prenons place à une table en forçant les observateurs à s'assoir ailleurs, ignorant leur regard indigné, puis reportons notre attention sur Papanek, qui relit les questions imprimées sur une pile de feuilles blanches. Roth et Dmytryk vont se chercher à manger, puis attendent le début de la session avec curiosité. Nous nous connaissons depuis si longtemps, et pourtant nous ne savons rien des autres...
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-Taras.

-Oh, joie.

-Ce ne sera pas long. Alors, selon ton dossier, tes premiers exploits cosmiques datent de 2006, pendant que tu expiais une sentence en prison. Tu peux m'en dire plus?

L’autrefois blond ricane et s'enfonce dans sa chaise de plastique en faisant tourner une pomme entre ses doigts. De ce que je sais, bien des prisonniers regrettent leur passage derrière les barreaux, puisque c'est un peu le but d'une telle punition, mais Dmytryk ne pense pas à ça, il se remémore un souvenir précis... et ça l'amuse.

-Je tentais de m'évader. Je me "sentais pas bien", alors les gardes m'ont escorté à l'infirmerie, et j'ai réussi à leur dérober un flingue.

Il nous fait un signe de guillemet au moment d'expliquer qu'il était malade, pour bien montrer que la chose était planifiée. Soudainement, l'éternel perdant de notre groupe ne donne plus envie de blaguer : on sait déjà qu'il est sensible de la gâchette et que nos supérieurs le limitent aux armes non-létales, même en mission, et en voyant son sourire moqueur ce n'est pas difficile de comprendre pourquoi. Heureusement que la discipline des Agences l'a dissuadé de se servir de nous comme bouclier humain, sinon...

-Tu savais déjà ce que c'était?

-Pas exactement, mais j'avais des doutes.

-Tu te battais souvent? Parmi les autres prisonniers, est-ce qu'il y avait d'autres éveillés que toi?

-Pas à ce que je sache.

-Et dans ton ancien gang? Dans ta famille?

Le sourire du Biélorusse s'élargit encore plus.

-Si oui, ils savaient pas quoi en faire.

-Sûrement. Tant de morts pour un simple vol, c'est presque suspect...

-Vous pouvez rien prouver.

Papanek hausse les épaules et termine de prendre ses notes, au grand dam de Taras qui semble avoir envie de le défier encore plus à ce sujet. Avant de passer à la suite, le docteur nous raconte la fin de l'histoire : la tentative d'évasion de Dmytryk a échoué, mais il était pratiquement impossible à contenir par la suite et a blessé plusieurs autres prisonniers, même sans arme. Ce sont les hommes de Kaganovitch —encore lui!— qui sont intervenus, offrant la liberté au fauteur de trouble et la paix à ses géoliers en échange de ses services. Ce qui a été fait.

-Emily. Ton dossier mentionne quelques activités criminelles mineures avant ton éveil au cosmos, mais c'est après que tu t'es bâtie une réputation. Avais-tu eu un contact avec un autre éveillé?

-En ligne, oui. C'est lui qui m'a tout appris.

La mention de ce "mentor" fait lever la tête aux autres scientifiques, qui se consultent entre eux pour savoir si cette personne ne fait pas déjà partie de nos rangs. Higgins est une combattante redoutable et un atout encore plus important quand on prend en compte son cosmos, s'il devait y en avoir un deuxième comme elle... mais en voyant l'excitation des hommes en sarreau, la chauve secoue la tête.

-Il a été mis HS il y a quelques années. Vous pourrez pas en tirer grand chose.

-Et tu penses vraiment que ce genre de contact ait suffit pour t'exposer au cosmos? C'est bien loin de l'approche physique habituelle...

-Mon travail est bien loin de l'approche habituelle.

-Certes. Et ta famille?

-Faudrait peut-être les appeler pour leur dire que j'ai quitté la maison.

Papanek hoche la tête et termine d'écrire quelque chose —je l'entends vaguement marmonner quelque chose au sujet de la négligence parentale, laissant le temps aux scientifiques d'en faire autant. Pourtant, la chauve a déjà conté cette histoire pendant que nous étions en train de superviser des cobayes, mais on dirait que l'information ne s'est pas rendue partout. Étrange...
Viens ensuite le tour de Luiza — entraînée dès son plus jeune âge par son père, jusqu'à se retrouver à faire carrière dans l'assassinat et l'espionnage, ce qui l'a poussée à chercher ailleurs pour du travail, un cas Darwin classique, puis de Jess — élevée par ses grands frères suite à la mort de ses parents, elle se rapproche plus d'une Jordan si ma mémoire est bonne mais la possibilité d'une Lamarck n'est pas écartée. Comme quoi, même les féroces mercenaires n'ont pas toujours une vie des plus palpitantes... sans pour autant avoir le luxe d'être normal. Comment l'être, avec tout ce pouvoir au bout de nos doigts?

Benjamin lève un regard désolé en direction de Théo, qui pousse un long soupir avant de baisser la tête. Lui aussi a déjà conté son histoire, mais a tenu à le faire quand nous n'étions pas là. Maintenant, si ça doit se savoir, autant bien que ça vienne de lui.
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-Chuis rentré dans l'armée, j'avais dix-sept ans. Pas majeur, mais c'était facile à cacher dans c’temps-là. J'parlais pas un mot d'anglais, j't'ais gros comme un p'tit doigt pis j'connaissais pas personne, ça donne le goût hein? Le sergent instructeur, j'ai cru qu'y faisait toute pour me faire lâcher, mais j'ai toughé. J'ai pris du poids, j'ai appris l'anglais, j'me suis fait des amis. Pis j'me suis fait une place. Ma famille était là pour moi, je voyageais dans plein de pays, pis j'ai même fini par rencontrer quelqu'un.

Luiza roule les yeux pour montrer son impatience et Papanek fait signe à Théo d'aller plus vite.

-En tout cas, c'est ben après que j'ai commencé à développer du cosmos. Je venais de retourner au front après que ma fille soit née, faque disons que j'étais d'une drôle d'humeur. Mais ça a pris ben du temps avant qu'on remarque quelque chose, à force de m'envoyer défoncer des portes pis plaquer des affaires style Bull Allen, les autres gars ont ben vu que c'était pas normal mon affaire. Faque on a testé, on a fait nos recherches... pis on a fini par réaliser que j'étais un éveillé.

Les scientifiques prennent des notes, mes autres collègues se sont calmé et écoutent maintenant avec attention le récit du Québécois. Ce dernier, malgré les évènements relativement joyeux qu'il est en train de raconter, reste tendu et refuse de nous regarder.

-Quel niveau, d'après toi?

-Oh, vraiment pas fort. À peine niveau un, mais c'était déjà la grosse affaire, pis je m'en servais tout le temps, faque je me suis amélioré vraiment vite.

-Tes supérieurs en pensaient quoi?

- Y aimaient pas vraiment ça, y nous avertissaient de pas en abuser parce que y aurait pas personne pour nous aider si j'perdais le contrôle. Mais j'avais pas peur de ça.

-Ta plus grande démonstration de puissance date de 2012. Même aujourd'hui, tu n'as pas encore su atteindre ce niveau. Peu après, tu quittais l'armée. Qu'est-ce qui est arrivé? Ils ont besoin du plus de détails possible...

Enfin, Théo lève la tête pour fusiller Papanek et les scientifiques du regard, mais ce n'est pas assez pour cacher le chagrin dans ses yeux. Papanek sait, nos supérieurs savent, mais pas nous.

-J'ai pas perdu le contrôle. J'ai... Moi pis des gars de mon régiment, on aidait à évacuer des civils, y en avait ben trop juste pour nous autres mais on avait pas le choix. J'avais une jambe toute décrissée, j'arrêtais pas d'crier pour que le monde bouge, j'étais tellement épuisé que j'pensais même pas m'rendre, pis c'est là qu'on s'est fait pogner. Des gars en camion qui ont commencé à lancer des grenades pis nous tirer dessus. Ça courrait, ça s'pitchait à terre, on essayait de se défendre mais on était pas ben équipé pour ça.

-Et comment tu t'es senti, à ce moment là?

Le Québécois se racle la gorge, mais ça ne l'empêche pas de poursuivre l'histoire d'une voix enrouée. J'ai déjà peur de ce qu'il va dire.

-Qu'est-ce tu penses, criss? J'avais la chienne, je croyais que j'allais mourir drette là. J'ai vu un des gars lever son fusil vers moi, j'avais le canon drette devant les yeux, pis... j'ai pensé à ma famille. Ma femme, ma fille, mes jumeaux même pas assez vieux pour comprendre ce que je faisais là. J'ai pensé à ce qui arriverait s'ils devaient apprendre que leur père reviendrait pas à la maison. Pis j'ai senti mon cosmos monter, mais vraiment fort. Je l'avais jamais senti fort de même, mais je le réalisais pas vraiment. Je r'gardais juste le gars pis j'arrêtais pas de me répéter : "Non. C'est pas icitte que j'meure."

Un silence. Nous attendons que Théo poursuivre son histoire, mais il refuse de prendre la parole. Jess, conciliante, tente de l'encourager, mais il secoue la tête. Pourtant, il n'y a rien de bien tragique dans ce qu'il raconte. Car il a réussi et il est resté en vie... non?
Papanek lui-même ne lui demande rien, et fait signe qu'il a fini. Mais contre toute attente, c'est l'un des hommes en sarreau qui poursuit l'interrogatoire, sa voix dénuée de compassion malgré ce qu'il nous avoue.

-Monsieur Bilodeau-Tanguay, votre onde de choc a fait exploser une série de mines antipersonnel oubliées qui ont tué une bonne partie de vos camarades et des civils. Parmi les blessés, vous étiez le plus près de l'explosion, pourtant vous vous en êtes sorti. Comment expliquez-vous ce rétablissement?

Théo sursaute, puis nous lance des coups d'œil paniqué comme s'il avait peur de notre réaction. Celle-ci est unanime : un regard désolé, des mots d'encouragement prononcés sans voix, ou au moins un silence poli de la part de ceux qui n'ont pas ce même respect de la vie humaine. Le scientifique, lui, poursuit avec la même froideur.

-La régénération ne fait pourtant pas partie de vos capacités. Du moins, selon ce que vous nous avez dit...

-C’est un peu notre truc de guérir vite.

-Bien sûr. Vous aviez aussi mentionné des jumeaux? Vous avez donc eu d'autres enfants après avoir été éveillé?

-Oui...

-Ont-ils déjà démontré des capacités surnaturelles? Et qu'en est-il de votre femme, j'ai cru comprendre qu'elle était enceinte?

-Pourquoi…

La réaction de Théo est immédiate, un réflexe ancré dans sa personne qui, même en mission dangereuse, n'a jamais su complètement faire surface. Je suis la seule qui l'aurait peut-être méritée, et l'occasion ne s'est jamais vraiment présentée. Personne ici n'est assez stupide pour me menacer directement, ou du moins pas devant lui. Bondissant vers les scientifiques, il attrape le malheureux qui a trop parlé par le collet et le plaque contre la table la plus proche, insensible aux cris autour de lui. Les autres hommes en sarreau tentent de l'éloigner de leur collègue, mais le Québécois ne bouge pas d'un centimètre, écrasant sa victime en l'empêchant de respirer correctement. Et même quand c'est nous qui se levons pour agir, il ne nous voit pas. La figure rouge, les larmes aux yeux, il ne voit que la "menace".

-NON! VOUS TOUCHEZ PAS À MA FAMILLE!

-Théo, non!

Un des scientifiques reprend contenance et porte une main à son poignet. Évidemment, il y a toujours quelqu'un dans les parages capables de nous arrêter si quelque chose tourne mal, comme maintenant. Mal parce que l'un d'entre nous se sent menacé, par un regroupement d'agence qui n'en a plus assez de sa personne à exploiter, et qu'il protège son seul héritage libre des atrocités du monde. Et plutôt que de le calmer, de lui expliquer qu'ils ne feront jamais une telle chose, ils préfèrent le faire taire.
Je me mords la lèvre, maudissant ma faiblesse, puis fonce sur Théo en le repoussant de toutes mes forces.

Le corps du Québécois se soulève de terre et traverse la cantine avant d'être arrêté par l'amas de table et de chaise qui ont suivi dans son élan. Le soudain vacarme fait taire tous les autres participants, qui regardent le dégât comme s'ils se demandaient ce qui venait juste de se produire. Ça ne doit pas être bien loin de la vérité. Le scientifique baisse son bras en voyant le danger écarté et se prépare à appeler la sécurité, mais Papanek s'en mêle pour le dissuader. Je peine à contrôler ma respiration, plus à cause de l'émotion que de l'effort, en voyant Théo tenter de se relever.

-Assez.

Je n'arrive même pas à parler suffisamment fort pour être entendue ; ma voix, coupée par la culpabilité, ne sait pas atteindre le Québécois, trahi par sa propre équipe et blessé dans bien plus que ses sentiments. Une attaque venant de Taras, ça n'aurait pas dérangé, ni de Luiza, ni même de Jess ou Ben, mais de moi?
Mais si ça n'avait pas été moi, ça aurait été pire.

Bilodeau-Tanguay titube, hésitant entre approcher ou partir, son cosmo fluctuant sans arrêter. Le mien est étrangement stable, même s'il reste faible, et je reste immobile à guetter ses gestes. S'il tente d'attaquer à nouveau, je vais l'arrêter. Je n'ai pas le choix. Il ne peut pas gagner, il le sait... Finalement, ses épaules s'affaissent et il se traine jusqu'à la sortie, une main contre ses côtes. J'ai mal pour lui... mais on ne peut pas faire ce genre de chose. Contrairement à nous, il est privilégié, il a une vie à l'extérieure, et ce genre de comportement pourrait lui faire tout perdre. Comme dit Papanek, il a appris sa leçon. Je l'espère.

-Mais... Mais...

-Ça va, Alastor. Tout va bien. Qu'est-ce que tu dirais de répondre aux questions? Ce ne sera pas long.
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La vie privée, entre les mains des Agences, n'est qu'une simple pellicule de verre, trop fragile pour être protégée et ne cherchant même pas à cacher quoi que ce soit. Je n'y avais jamais prêté beaucoup d'attention avant aujourd'hui, parce que le "peu" que j'avais à cacher était facile à garder, et je n'y suis pas vraiment assez attachée pour y voir un problème. Pour plusieurs, c'est pareil, qu'est-ce qu'un mercenaire peut bien avoir de si précieux et de si honteux à avouer devant d'autres mercenaires? Des erreurs, et puis quoi encore? Qui s'en soucie?

Je n'ai même pas à cogner à la porte de la chambre de Théo. Détectant le mouvement, elle s’ouvre seule, me mettant face à face trop vite avec le Québécois blessé. Il s’est extirpé du haut de son uniforme et a appliqué un sac de glace contre ses côtes, là où la peau a déjà une couleur violacée qui me fait sentir encore plus mal. Il ne méritait pas ça…

-Quoi?

Un excès de vitalité, une flamme ravivée par la rage ; je détourne le regard, honteuse de ressentir ça maintenant. Sans un bruit, le grand Québécois lance son sac de glace sur le lit voisin et remonte la fermeture éclair de son uniforme, le visage fermé et les yeux rougis. Si seulement il pouvait ne pas se sentir aussi trahi, blessé par mon geste, ce serait plus facile…

-… Ça va?

-Non.

-Je voulais juste…

-Va-t-en, Marchesi, s'te plait.

Marchesi, pas Leticia. Je m'arrête, puis le fixe quelques secondes, hésitant entre obéir ou résister. Lui, qu'est-ce qu'il aurait fait? Est-ce qu'il abandonnerait aussi vite?
Bien sûr que non.

-Pas le choix. Devais t'arrêter.

-J'ai ben vu ça. J'espère que ç’a fait du bien. T'as fait l’coup à tout le monde, manquait juste moi hein? C’est bien d’voir que vous avez tous choisi vot’ camp.

Les derniers mots sont ponctués d'une plainte sourde, alors qu'il passe une main sur sa blessure. Tout pour me crever le cœur. Est-ce que c'est comme ça qu'il s'imagine les choses? Est-ce qu'il croit qu'il n'est qu'un autre parasite à repousser, que je n'ai rien retenu de notre temps ensemble? J'aimerais dire que oui.

-Non…

Un autre serrement de gorge qui affaiblit ma voix. Théo le remarque, et je sens sa colère se dissiper, laissant la place au doute jusqu'à ce qu'il voit que je suis on ne peut plus honnête. Sa façade, sa contenance lui revient et il reprend le contrôle de la situation en tapotant son matelas pour m'inviter à m'y assoir. Je m'exécute d'un pas hésitant, puis sursaute quand il passe son bras autour de mes épaules pour me serrer contre lui. Ça fait tellement longtemps depuis que quelqu'un m'a fait ça, et que ça réussit à vraiment m'atteindre… En entendant mon propre sanglot, je porte une main à ma bouche comme si je venais de dire le pire blasphème de la planète. Et pourtant, pas de remontrance, pas de jugement divin qui s'abat sur ma tête, pas même de honte après avoir laissé tomber mes défenses. Je ne sais pas si je serai un jour au dessus de ces sentiments, même si j'ai affirmé le contraire. Je ne sais même pas si je veux m'en départir, pas après avoir vu ce qui arrive quand d'autres le font…

-T'es pas obligé de me pardonner.

-Bin voyons. De quoi j'aurais l'air si j'restais en criss après toé?

Je ne réponds pas, n'ayant ni l'envie ni l'intérêt d'exprimer mon désaccord. S'il savait ce que la rancune m'a vraiment poussé à faire… Je me racle la gorge avant de changer de sujet.

-Ben a parlé aux gars. Feront rien. À personne.

-... Cool. Tant que j'aie pas à me taper des sessions avec monsieur « j'ai quinze diplômes mais j’ai jamais eu une esti d'job de ma vie «  pis son junkie d'colloc. Sans offense.

-Pas un junkie.

Je m'écarte de Théo en fronçant les sourcils, ce qui ne lui arrache qu'un haussement d'épaules. Pour toutes ses tentatives d'accepter tout le monde, il a encore ses préjugés, mais cette fois ce n'est pas fondé. Mais depuis qu'il a vu les trous et cicatrices sur les bras de Roth, il n'en démord pas… Sauf que le colosse nous a conté son histoire et c'est bien pire que ça.

-C'est pas un junkie. C'est un cobaye.

-Quoi?

-Y avait des scientifiques, faisaient des expériences sur lui. Racheté par Carlson, et après par FIRMAMENT.

-Ben voyons… Depuis quand?

À mon tour de hausser les épaules.

-Toujours.

C'est du moins ce qu'Alastor dit, et le peu de documentation sur lui durant l'année de sa naissance semble le confirmer : après une naissance compliquée dans un village isolé du Nord, il a dû être transporté seul dans un hôpital mieux équipé pour être soigné. Quelqu'un a trouvé quelque chose de plus intéressant à étudier et il n'est jamais rentré chez lui. Alors que j'explique le tout à Théo, le regard de ce dernier s'assombrit.

-J'ai entendu parler de d'ça. Mais son cosmos? Pis son pouvoir?

-Comme en Chine. Il a voulu se défendre. C'était pire après.

Pauvre Alastor… Bien sûr qu'après avoir pu ce qu'il pouvait faire, ils ont décidé de l'exploiter encore plus. Finalement, ce « recrutement «  est ce qui lui est arrivé de mieux, pour ce que ça dit sur sa vie… D'une façon, lui et moi on a eu de la chance, vendre notre être à FIRMAMENT a rapporté bien plus que de l'argent.
Théo se masse les tempes en soupirant, les yeux rivés sur le plancher. J'attends patiemment qu'il dise quelque chose.

-Asti, j'ai vraiment pas été correct avec lui…

-Dur. Les gens sont pas comme tu penses.

-Commence pas à faire ta smatte, toé. J'vas aller m'excuser. Pis toé, tu m'en dois une.

-Je me suis excusée!

-Je sais. Mais Ben m'a dit que tu t'appliques pas une tonne au cours d'anglais, demande moi pas comment qu'y sait ça, faque on va en profiter pour te faire pratiquer.

Sans attendre, il se lève sans beaucoup de précaution pour s’accroupir et tirer une boîte de rangement de sous son lit. En tenant ses côtes blessées, il l'ouvre et commence à farfouiller. Je ne peux m'empêcher de jeter un coup d'œil ; des plaques militaires, une affiche enroulée, une petite peluche, beaucoup de livres… et une photo de famille. Je résiste à l'envie de la prendre pour mieux regarder, mais je vois bien qui s'y trouve : une femme âgée tenant une petite fille dans ses bras, une autre plus vieille que moi souriant de toutes dents et un petit garçon étendu de tout son long par terre. C'est une vraiment belle photo…
Quand Théo se redresse, je détourne le regard en tentant d'ignorer la chaleur au creux de ma gorge.

-Le v'là! C't'un gars de chez nous, mais c'est bien traduit, tu devrais pas avoir de misère.

Et sans me laisser le temps de placer un mot, il me met le petit bouquin entre les mains et se rassoit à côté de moi, attendant avec impatience que je commence la lecture. Quoi, il veut faire ça maintenant? Très bien… en me mordant la lèvre, je commence à feuilleter le livre.
… Huh. En fait ça n'a pas l'air bien mauvais.
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