Grâce à l'intervention de Thanatos, Wolgorn put enfin abandonner sa fausse identité, Vitold Kazanski, pour revenir à ses fonctions d'Étoile Terrestre. Une fois le nouveau régime instauré au sommet de Firmament, le Russe fut convoqué par des hommes en costume noir puis emmené dans une clinique pour y subir une anesthésie générale. Il abandonna ainsi son escouade sans un mot ni une pensée pour elle, ses membres n'étant au final que des vermisseaux avec lesquels il a été obligé de composer pour les besoins de sa mission d'infiltration. Au réveil, il fut accueilli par des Squelettes qui se chargèrent de lui expliquer la situation et de l'informer des actualités infernales. Le Bourreau apprit ensuite qu'il avait retrouvé toute sa liberté d'action, le libérant ainsi du masque humain ridicule dont il s'était vu affublé. Dans l'optique de couvrir ses traces au maximum, il avait également été déplacé loin de la base canadienne où il avait été récupéré. Il se trouvait maintenant à Tel-Aviv, l'une des villes moyen-orientales conquises par l'armée spectrale. Tel était son point de départ pour reprendre son œuvre sacrée en tant que soldat au service de la noble cause d'Hadès...

BGM- https://www.youtube.com/watch?v=9YbQEEU2Boo -BGM

Wolgorn, jusqu'ici alité dans une chambre d'hôtel située au dernier étage de l'établissement, décida finalement de se lever et de sortir s'aérer sur le balcon. Totalement nu, il ignora le froid et s'en alla contempler la vue panoramique imprenable dont il jouissait sur l'espace urbain. La métropole israélienne était plongée dans une nuit noire, les seules lumières autorisées à briller étant celles des éclairages publics, des forces de police et des sentinelles du Tsahal. Effectivement, suite à la première visite de l'Exécuteur auprès des autorités locales, l'état d'urgence avait été décrété dans toute la ville puis dans l'intégralité du pays. L'instauration de ce dispositif, censé garantir la sécurité de la population et la pérennité du gouvernement en place, cachait en réalité un plus sombre dessein entre les mains des Enfers. Les objectifs visés par cette opération étaient multiples : l'éradication de toute opposition potentielle à leur influence, la consolidation de leur emprise sur la populace et la collecte approfondie de données. La puissante nation d'Israël, détentrice de la bombe nucléaire et d'un redoutable corps militaire, était désormais aux bottes de Thanatos et nul ne le savait en dehors du cercle des initiés.

L’Étoile Terrestre, toujours dans le plus simple appareil, songea aux nouvelles dont elle avait été informée, comme le décès de Gareth des Gémeaux, l'émergence d'une héritière de ce dernier, le défi du mercenaire Reagan au Sanctuaire et la récente ambassade des Chevaliers d'Athéna au Palais de Pandore... Tellement de choses s'étaient déroulées en son absence, autant positives que négatives, mais les événements ouvraient au final des perspectives intéressantes pour le Royaume Souterrain. L'heure était manifestement venue pour les guerriers d'Hadès d'étendre leur suprématie sur la planète entière ! Néanmoins, le Bourreau ne pouvait se réjouir tant qu'il n'aurait pas connaissance du véritable agenda de la Mort. Or, les accusations propices à la zizanie d’Éris à l'encontre de son propre frère avaient semé le doute chez lui. Wolgorn n'avait évidemment aucune preuve d'une quelconque trahison de la part du régent de l'Inframonde, mais il ne pouvait s'empêcher d'être suspicieux à son égard en dépit de son envie de croire en sa bonne foi. Remuer ces idées anxiogènes ne l'avançait guère cependant, aussi allait-il s'efforcer de mettre ce sujet de côté pour le moment.

En l’occurrence, un autre problème occupait son esprit : son physique, qui s'était lentement mais sûrement réadapté à la vie humaine. Son corps, auparavant rendu blafard et amaigri par son éveil complet à sa nature d’Étoile Maléfique, avait repris des couleurs ainsi que du poids après son séjour au sein des Agences. Pour l'Exécuteur, il ne s'agissait pas là d'une amélioration de son état de santé, mais bien d'une régression honteuse qu'il devait s'appliquer à corriger. Il canalisa alors son cosmos à l'intérieur de son enveloppe charnelle puis invoqua toute la force de son astre tutélaire afin de purger sa chair de la matière superflue qui l'encombrait. La matière impure se consuma donc et alimenta son énergie démoniaque, transformant son apparence athlétique en une sinistre silhouette cadavérique. Une fois sa métamorphose achevée, un râle lugubre s'échappa de la bouche du Russe, qui exprimait de cette manière une satisfaction morbide. Au plus haut de sa forme, il était cette fois-ci définitivement prêt à retourner sur le champ de bataille.

Se déplacer la nuit. C’était beaucoup plus simple, beaucoup plus rapide. Plus rapide parce qu’il était seul, aucun humain, aucun être vivant pour le déranger dans sa progression. Le canadien n’avait pas mis son surplis pour se rendre du point A : les enfers, au point B : Tel Aviv. Une fois dans la ville il ne l’avait pas pour autant enfilé. Non pas parce qu’il avait la flemme mais parce que ça aurait été bien trop évident et peut être un peu parce qu’il avait eu la flemme en toute honnêteté. Dans tous les cas il n’en avait pas besoin, il devait juste rejoindre quelqu’un. Mains dans les poches le jeune homme marchait d’un pas soutenu dans les rues noires de la grande ville israélienne. Tout dans son attitude laissant penser à un jeune homme sortant d’une soirée en boîte un peu trop arrosée ou dans laquelle se trouvait des substances pas vraiment légales. Il se tenait légèrement penché vers l’avant l’expression de son visage plus lasse et vague qu’autre chose, des dreads lui tombaient devant le visage augmentant l’impression de junkie en manque et l’énième soupire qu’il poussa n’arrangeait pas l’impression. D’entre ses lèvres le canadien laissait par moment sortir les volutes de fumées de la cigarette qu’il fumait.

Il marchait, prenait un peu son temps en avançant dans les rues, il n’était pas encore en retard alors il pouvait se le permettre. S’il avait décidé d’y aller ainsi c’est parce qu’il ne connaissait pas vraiment la ville, jamais il n’avait eu l’occasion d’y aller ni de son vivant ni dans la mort alors il s’était offert la petite promenade nocturne pour rejoindre l’autre spectre. Il ne risquait de toute façon rien à se balader ainsi dans en ville. Son regard quittait par moments le sol pour se poser sans grand intérêt sur les bâtiments qui l’entouraient mais à aucun moment il ne s’arrêtait de marcher il préférait éviter d’être en retard. Question de principe. Cependant, dans cette charmante ville quelque chose le chiffonnait, l’emmerdait même. Il faisait nuit noire et pourtant, pourtant, il avait chaud. Quand bien même il portait un sarouel et un T-Shirt large il avait chaud ! Certes il n’avait pas à se plaindre étant donné qu’il utilisait des techniques de feu mais… c’était différent voilà. Pas la même chose du tout du tout. Même s’il était embêté son visage n’exprima pas une pointe d’agacement. Il se contenta juste déteindre sa clope terminée et de la jeter dans une poubelle. Il était peut-être mort mais il résitait bien élevé. Lentement il sorti un bout de papier froissé et à moitié déchiré de sa poche et regarda l’adresse qu’il avait écrite dessus. Il avait écrit sur le bout de papier l’adresse qu’on lui avait donné, un hôtel de la ville dans lequel se trouvait son coéquipier.

Il pivota sur lui-même pour changer de direction, puisque visiblement il s’était trompé, et repris sa route en passant sa main sur son visage et la faire glisser sur le haut de sa tête pour virer ses dreads sans que cela ne fonctionne, à peine sa main quitta son crâne que les cheveux reprirent leur place originale. Sans rien tenter de plus de ce côté-là le jeune spectre se mit à courir. Cette fois il aurait pu dire qu’il était en retard. Il n’avait pas d’horaire définit mais lui s’en était donné un et ne pas le respecter l’embêtait profondément. Question de principe. Comment pouvait-il être efficace s’il n’était pas foutu d’arriver à l’heure ? Il n’était loin d’être le genre de personne à arriver en avance, il était soit pile au bon moment… soit en retard comme cela. Il regretta un peu de ne pas avoir mis des vêtements plus adaptés à la course, il aurait dû. Ca aurait été grandement intelligent. Qu’il le veuille ou non il continuait de garder un petit côté humain. Mais il était encore jeune, il était revenu à la vie depuis bien moins longtemps que beaucoup d’autres de ses camarades. Il avait du mal à se détacher de cette nature qu’il avait jusqu’alors toujours connue, toujours vécue et ressentie.

Le spectre arriva au bout d’un petit moment de course au bas de l’établissement qu’il devait rejoindre. Il entra sans hésiter et après avoir échangé un nombre de mots se comptant sur les doigts d’une main il se dirigea vers l’ascenseur pour aller au dernier étage. Plus pratique, moins chiant que les escaliers. Et surtout, il avait la flemme. Une fois arrivé au sommet il se dirigea vers la porte de la chambre de l’étoile terrestre et toqua avant de s’appuyer contre la porte.

« Hey salut ! On m’a demandé de te rejoindre. »

Aucune idée de si l’autre l’entendait au travers de la porte mais fallait bien parler pour « la forme ».

Wolgorn se détourna de sa contemplation du paysage nocturne de Tel-Aviv quand il entendit quelqu'un toquer à sa porte et l'appeler. Qui pouvait donc venir le déranger ici à une heure pareille ? Était-ce un confrère ou un ennemi ? Le Bourreau se souvint alors que les Squelettes avaient mentionné qu'il allait recevoir sous peu la visite d'une nouvelle recrue. De ce qu'il avait compris, il allait se retrouver face à une future Étoile Céleste, c'est-à-dire un supérieur hiérarchique. Si c'était bien de cela dont il s'agissait, il devait se vêtir séance tenante pour être un minimum présentable lors de la rencontre. Il regagna ainsi le salon, enfila promptement un caleçon et attrapa un pantalon avant de se rendre à la salle de bain. En passant au niveau de l'entrée, l’Exécuteur lança à la personne qui l’attendait à l’extérieur :

"Veuillez attendre une seconde, j’arrive !"

Une fois habillé, il se dirigea vers le palier de sa chambre et jeta un œil au judas afin d'aviser son invité. A sa grande consternation, celui-ci était fringué et coiffé comme un baba-cool, une apparence qui ne laissait rien transparaître de sérieux chez cette recrue. Wolgorn avait déjà eu affaire à une sacrée tripotée de bouffons dans sa carrière de Spectre, et il espérait ne pas avoir à se coltiner un autre crétin avec ce zigoto-là. Dans cette situation, il fallait simplement prier que l'extérieur ne présage pas de l'intérieur... Quoi qu'il en soit, le Russe se décida à entrouvrir la porte et toisa son potentiel allié, ne laissant voir qu'une moitié de son visage blafard et émacié. Son regard argenté fixa longuement celui du visiteur puis étudia consciencieusement ce dernier de haut en bas. Malgré son allure de hippie qui n'inspirait guère la confiance, cet énergumène dégageait une atmosphère avec laquelle il était familier. Néanmoins, le Bourreau n'avait aucune garantie qu'il ne soit pas non plus un individu hostile aux intentions bien dissimulées. Après tout, il ne savait même pas s'il s'agissait réellement de l'Étoile Céleste qu'il attendait et pas d'un imposteur ou d'un quelconque espion.

Jugeant qu'il était imprudent de l'éliminer au milieu du couloir en cas de problème, il décida finalement de laisser l'inconnu entrer. Entre l'intimité de quatre murs, Wolgorn pouvait se débarrasser de lui sans être vu et s'épargner le laborieux nettoyage d'éventuels témoins. Suite à ce que lui avait enseigné son séjour auprès des Agences, il considérait qu'il n'était jamais assez prudent.

"Très bien, veuillez vous installer, je vous prie." gronda-t-il à l'attention de son invité, l'accès enfin ouvert.

Les deux hommes se rendirent ainsi dans le salon et, après avoir refermé la porte derrière lui, l'Exécuteur désigna à son présumé collègue un fauteuil où s'installer. Quand ils furent tous assis, le premier sortit un verre à liqueur pour chacun d'eux puis déposa brusquement avec un bruit lourd une bouteille de whisky sur la table basse. Il couvrit ensuite ses épaules avec un peignoir fin, joignit ses mains osseuses et jaugea de nouveau la recrue de ses yeux acérés. Un silence de mort régnait dans la pièce, mais le Russe le brisa par une interrogation :

"Maintenant que nous sommes installés, cher monsieur, pouvez-vous me dire quel est votre nom et votre titre ?"

De la réponse à cette question, que ce soit dans son expression ou son contenu, allait dépendre le reste de l'entretien. Wolgorn voulait savoir s'il avait bien un Spectre en face de lui et si celui-ci était un élément qui avait besoin ou non d'être discipliné. Du moment qu'il n'avait pas en face de lui une pleurnicheuse comme Mohana, un traître comme Sargas ou Eydis, une lopette comme Rogos ou encore une calamité miniature telle qu'Oblivion, cela pouvait lui convenir... En parlant de cette dernière, il se demandait comment elle se portait de son côté, depuis son retour récent de Firmament. L'Étoile Terrestre osait espérer qu'elle ne s'était pas ramollie au contact des humains : il serait en effet dommage qu'elle régresse après avoir commencé à assumer sa nature de guerrière infernale.

Attendant une réponse le canadien détaillait le couloir. Rien de bien exceptionnel mais ça avait le don de l’occuper. L’adolescent qu’il était encore au fond de lui hésita à s’assoir par terre sur le tapis en attendant qu’une voix ne se fasse entendre ou bien que la porte ne finisse par s’ouvrir. Mais quand une voix se fit entendre son idée tomba à l’eau et il se redressa pour se donner meilleure impression… quand bien même au vu de son style vestimentaire c’était cramé. Il aurait peut-être dû changer sa manière de s’habiller en se retrouvant dans sa situation actuelle mais la flemme et la non envie avaient pointés le bout de leurs nez. Il se sentait de toute façon plus en sécurité ainsi caché derrière toute ces couleurs bariolées.

« Prenez votre temps ! »

Il avait répondu mais il ignorait si l’autre l’avait entendu. Juste après avoir entendu l’autre lui répondre comme quoi il arrivait il avait entendu ses pas s’éloigner encore au fond de la chambre qu’il occupait. Sans doute venait-il de prendre une douche. Pour s’occuper en l’attendant il sorti son briquet et se mit à jouer avec. Il occupait ses mains en faisant sortir la petite flamme puis en l’éteignant. Il s’ennuyait un peu à attendre dans ce couloir bien trop vide. Il laissa un instant ses yeux bleus en refaire le tour avant que la porte ne finisse pas s’entre-ouvrir. Un sourire fleurit sur le visage du jeune homme avant de se figer. Il ne s’attendait pas à voir une telle moitié de visage, quoi que venant d’un spectre rien ne pouvait être étonnant. Il prit une petite inspiration et cligna plusieurs fois des yeux pour virer toute les idées sombre qui s’insufflaient dans son esprit.
Le métis n’osait plus réellement ouvrir sa bouche pour parler et se laissaient observer par le russe. Que faisait-il ? Le jaugeait-il ? Peu lui importait. Lui-même finit par observer le visage de son interlocuteur plus en détail. Dans une autre vie il serait clairement parti en courant puis se serait shooté dans le premier angle de rue qu’il aurait trouvé. Cependant, là, la situation était différente. Drastiquement différente, il était mort et était allé aux enfers. Il avait vu nombre de choses là-bas qu’il n’aurait cru possible. Pourtant, il n’arrivait à faire abstraction de ce visage abimé, il avait du mal à garder son sourire. Et il fut soulagé quand l’autre finit par le laisser entrer dans la pièce. La tension qui était présente entre eux commençait à le mettre mal à l’aise.

« Merci ! »

Faire abstraction du visage abimé il n’y arrivait pas, mais faire abstraction du ton il le pouvait. Il entra donc dans la chambre passant devant l’homme. Il suivit le plus grand en regardant curieux l’intérieur de l’hôtel. Il se permit ensuite de retirer sa veste qui allait lui tenir bien chaud et la posa sur le dossier du fauteuil que l’autre lui avait désigné et dans lequel il s’installa bien vite le dos appuyé contre le dossier et les jambes croisées. L’expression facial changea légèrement en voyant la bouteille d’alcool. Il n’en avait jamais été un grand fan mais il allait en prendre par politesse, il sorti lui-même son paquet de cigarette de sa poche et en sorti une cigarette qu’il alluma bien vite avant de balancer le paquet sur la table et se pencha pour se servir un verre de whisky. Il se redressa ensuite en plongeant ses yeux dans ceux de son interlocuteur. Il ne pipait mots. Si le corps de Wolgorn était squelettique, le sien ne l’était pas du tout, au contraire il semblait encore bel et bien vivant si ce n’était un teint plus blafard et grisâtre que celui qu’il aurait dû arborer. Finalement le russe commença la conversation et le canadien bu une gorgée d’alcool avant de répondre à l’autre pour lui assurer qu’il était un allier et non un ennemi. Il grimaça légèrement au « cher monsieur » à vu de nez il n’avaient pas tant d’écart, il était même plus jeune que lui de ce qu’il semblait voir alors se faire appeler ainsi c’était trop bizarre. Jamais personne ne l’avait fait. Et puis bon dans quelle merde encore il s’était encore mis ?

« Aguta. Spectre du Bénou de l’étoile céleste de la violence. »

Il observa l’expression de l’autre, savoir s’il allait dire quoi que ce soit ou non. Il avait étalé son nom et son titre d’une manière lasse, comme s’il avait dû apprendre un poème pour l’école mais que ça l’ennuyait un peu. Donner son nom était tellement plus simple qu’étaler moult titre. C’était plus rapide aussi, on y gagnait du temps. Un nouveau sourire fleurit sur son visage.

« Et vous ? »

Le baba-cool se nommait donc Aguta et détenait le titre d'Étoile Céleste de la Violence, celle du Bénou... Voilà qui débutait mal pour lui, vu que le dernier Bénou en date était un comploteur de la pire espèce. Le reléguer d'emblée dans une telle case n'était probablement pas la meilleure chose à faire, mais la méfiance était de mise. A une phase aussi cruciale de leur développement, les Enfers ne pouvaient dorénavant plus se permettre d'accueillir en leur sein un ramassis de traîtres, de chochottes et de guignols. Qu'importe le grade, le plus important était une dévotion inébranlable ! L'armée d'Hadès avait besoin avant tout de troupes disciplinées, déterminées, impitoyables et fidèles à la cause ! Il valait ainsi mieux un troufion doté d'une foi exemplaire, dont la loyauté serait récompensée par un cosmos plus grand, qu'un officier conspirateur, dont la félonie conduirait inéluctablement son camp à la défaite. Wolgorn espérait que le hippie, en dépit de son goût vestimentaire douteux, serait au moins un soldat sur lequel on pouvait compter. L'intéressé lui retourna ensuite sa question sur son identité, ce à quoi le Russe répondit d'un ton ferme :

"Wolgorn du Bourreau de l’Étoile Terrestre de l'Exécution, à votre service..."

Il se versa à son tour un verre de whisky, engloutit tout son contenu d'une traite puis le reposa d'un geste sec. Il émit alors un souffle comme pour expulser le feu qui agitait son gosier, avant de river ses yeux inquisiteurs sur la recrue. C'était maintenant que les premières remontrances et autres joyeusetés allaient commencer...

"Du moins c'est ce que je devrais dire si nous n'étions pas face à certains... problèmes." grinça l'Exécuteur. "Voyez-vous, votre prédécesseur s'est illustré pour avoir conspiré contre Sa Majesté Hadès et Son Altesse Perséphone, aussi vous comprendrez pourquoi nous avons quelques... appréhensions envers le Bénou. Mentionnons également qu'il a déserté le champ de bataille pour attenter à l'intégrité du Seigneur Thanatos."

Ses paroles étaient d'une insigne politesse, sauf que sa voix inquiétante et la lueur incendiaire de son regard laissaient deviner l'ampleur des circonstances dans lesquelles Aguta se retrouvait malgré lui. Néanmoins, s'il ne s'agissait que de cela, Wolgorn ne serait pas aussi irrité envers lui dès le départ. Effectivement, il ne tarda pas à énumérer le reste des reproches qu'il avait à son encontre :

"Mettons néanmoins les frasques de votre prédécesseur de côté... Bénou ou pas, vous demeurez avant tout un Spectre, un fier guerrier au service de notre divin souverain, l'Empereur Hadès ! Servir sous ses ordres est un honneur immense dont ne peut jouir n'importe quel mortel ! Mais alors, pourquoi donnez-vous l'impression que votre prestigieux titre, celui d'une Étoile Céleste, vous ennuie profondément ? Est-ce que c'est du dédain envers votre fonction que je perçois chez vous ? Est-ce que la perspective d'accomplir votre devoir vous gonfle, à tout hasard ?"

Durant un bref instant, un éclat rubis traversa ses iris, lui conférant subrepticement une expression cauchemardesque. Après avoir laissé son interrogation accusatrice faire son chemin dans la caboche du baba-cool, il continua son sermon :

"Si vous voulez être considéré comme une Étoile Céleste digne de ce nom et être respecté par vos subalternes, il vous faudra vous dévouer corps et âme à votre rôle ! J'ose aussi espérer que votre accoutrement de beatnik ne laisse pas présager de votre attitude, parce que nous ne voulons pas de hippies décérébrés dans nos rangs ! Nous sommes les envoyés du Royaume des Morts pour information, pas des clampins du festival de Woodstock ou d'un concert de Bob Marley ! Si vous avez compris, alors vous avez intérêt à vous débarrasser de cet air léthargique sur votre visage et de montrer votre motivation avant que je ne vous en colle une !"

Le ton était vite monté, sans pour autant se départir de la déférence minimale que le Bourreau devait à son futur supérieur. Cependant, il se calma rapidement et se servit un deuxième verre qu'il ingurgita en une gorgée. Le Russe put donc poursuivre la discussion d'un ton plus apaisé :

"A propos de motivation, parlez-moi un peu de vous... Qu'est-ce qui vous a amené à devenir un Spectre ? Pour quel idéal vous battez-vous ? Que pensez-vous pouvoir apporter à Sa Majesté Hadès et à Son Excellence Thanatos ?"

Au début, il avait commencé à servir l'armée infernale dans l'objectif de venger l'injustice que ses parents avaient subie et de purger le monde du mal qui avait conduit à cette tragédie. Mais au fil du temps, il s'était délesté de ce désir égoïste de revanche pour sa famille pour se consacrer entièrement à la cause de son vénérable suzerain. Ses facultés de Spectre n'étaient plus un moyen pour lui d'atteindre un but personnel, car il avait décidé d'être dans son entièreté un moyen pour Hadès de réaliser son utopie. Tout ce que Wolgorn pouvait encore convoiter, il allait le sacrifier sur l'autel de la volonté transcendante de son dieu !

Aguta n’était pas mal à l’aise. Ce n’était pas une question d’aise ou de malaise mais se faire observer ainsi par le regard de son interlocuteur n’était probablement pas la meilleure chose à laquelle il s’attendait. Il pouvait même dire qu’il n’aimait pas du tout, mais alors pas du tout cela. Le regard perçant, insistant de Wolgorn n’était pas le plus agréable. Il l’était encore moins en sachant que c’était lui qui était observé comme un animal minable à achever au plus vite. En tout cas c’était le ressenti du canadien. Sans attendre Aguta finit cul sec son verre avant de se resservir. Peut être qu’avec un peu plus d’alcool dans le sang le regard serait moins lourd à supporter. Il l’espérait. Il se doutait que son style vestimentaire était très probablement un des raisons de ce jugement insistant mais il sentait qu’il y avait autre chose. Wolgorn ne pouvait arborer un tel regard simplement pour une tenue vestimentaire… Ou alors il détestait vraiment les sarouels et les dreads. Et c’était une autre histoire. Ce temps de jugement parut presque d’une éternité pour le jeune homme qui le faisait passer du mieux qu’il pouvait pour cacher le léger malaise en se donnant une allure assurée. Et c’est au bout de cette courte éternité que l’identité de son voisin lui fut révélée. Un fin sourire se dessina sur ses lèvres. Une forte envie de soupirer de soulagement avait pris part de son corps mais de quoi aurait-il eu l’air à soupirer comme un gamin ? Le sourire était la meilleure solution. Il était universel, il convenait à tous le monde, rassurait, soulageait, effrayait. Une simple petite expression du visage qui valait un millier de mots.

« Enchanté… Wolgorn »

Même son nom sonnait agressif à ses oreilles. Mais il allait avec son surplis. Le bourreau. Cet homme semblait parfaitement façonné à l’image de ce qu’il représentait. Et bien qu’il lui soit supérieur, Aguta sentait bien qu’au moindre faux pas cet homme n’hésiterait pas à lui faire passer le pire moment de sa vie jusqu’à ce que mort s’en suive pour le punir. Craintes et suspicions qui furent rapidement confirmées quand Wolgorn repris la parole pour lui « expliquer » de quoi il en retournait, de la place délicate dans laquelle il se trouvait. Il avala son whisky de travers manquant de s’étouffer alors que Wolgorn continuait son explication. Il était vraiment dans la merde ! Même une fois mort les emmerdes continuaient. Et c’était même pas les siennes !! Après avoir retrouvé son souffle les sourcils du métis se froncèrent. Il était agacé. Non pas par le russe, non, mais par son prédécesseur qui l’avait foutu dans une merde monstre pour il ne savait quelles raisons ! Et avant que Wolgorn n’enchaîne le jeune homme ne pu s’empêcher de prendre la parole.

« Je n’ai rien à voir avec celui qui était avant moi. Et je pense être très différent de lui. J’ai juré fidélité et je m’en tiendrais. Je ne trahirais pas Thanatos. Ne me met pas dans la même case que mon prédécesseur. »

Mais bien entendu c’était trop beau pour que les reproches ne cessent. Bien entendu que Wolgorn allait continuer. Le canadien ne pu s’empêcher de légèrement lever les yeux au ciel. C’était sans aucun doute un choc des caractères, une confrontation des philisophies de vie. Le russe lui semblait parano et lui faisait quand même un peu peur. Son regard, il avait l’impression qu’il allait se faire éclater d’une minute à l’autre. Pourtant il se devait d’avoir de la constance, de ne pas montrer son malaise et cette légère peur qu’il sentait dans ses entrailles.

« Je ne suis pas ennuyé par mon titre ou mes fonctions. C’est juste que… C’est long pour se présenter »

Il tenta un petit sourire qui se voulait plus sympathique.

« Pourquoi ne pas simplement donner son prénom ? De plus cela permettrait de ne pas directement se révéler aux ennemis. Et donc de cacher sa véritable fonction et de les avoir par surprise. »

Le canadien trouvait son idée bonne. Cacher son identité pouvait permettre d’avoir les gens par surprise et de les manipuler, de les mener en bateau et de les avoir au meilleur moment. C’était bien mieux que de s’arrêter, se présenter pendant 10 bonnes minutes PUIS reprendre le combat ou l’action qui était en cours.

Mais le ton était vite monté et bien entendu la conversation en était revenue à son style vestimentaire. Forcément. Et il ne pouvait pas dire quand chose dessus, il s’habillait comme ça, était un peu… Un peu ce qu’il était pas il ne correspondait pas du tout à la description du hippie décérébré de Woodstock que faisait Wolgorn ! Au contraire. Il n’aurait pas été réveillé dans les rangs des spectres s’il en était ainsi.

« Mon extérieur n’est pas égal à ce que je suis à l’intérieur. Je suis peut être habillé comme ça mais cela ne veut pas pour autant dire que je suis faible ! Ou inutile ! Je ne serais pas là sinon. Je ne serais pas non plus votre supérieur si tel était le cas ! »

Le canadien se redressa sur son assise en portant le verre à ses lèvres un court instant avant de regarder Wolgorn plus froidement. Son sourire s’en était allé loin. Se montrer aimable avec lui ne servait à rien. Il n’avait pas pour habitude de chercher la merde bien au contraire il avait tendance à se montrer aimable avec ses comparses mais là c’était complètement inutile. Alors autant entrer dans son jeu.

« Comment je me suis retrouvé ici ? J’ai mis fin à mes jours et je me suis réveillé aux enfers. A cette place qu’est la mienne désormais. »

S’il avait une motivation ? Il ne pouvait pas réellement l’expliquer. En y repensant, c’était une accumulation de multiples choses qui l’avaient mené ici. Il avait juré fidélité à Hadès et Thanatos. Le canadien s’était toujours montré d’une loyauté sans faille. Et ici encore il allait s’y tenir, se tenir derrière ses dieux et se battre pour eux pour revenir encore et encore. Mais avait-il une réelle motivation à faire cela. De son vivant il n’avait jamais cru en ces Dieux. Il croyait au Paradis et à l’Enfer mais au final Dieu l’avait abandonné s’il s’était retrouvé ici… Il l’avait laissé seul sans doute bien avant son décès, il n’en doutait pas. Être à cette nouvelle place, ramené d’entre les morts était une manière de se venger de ce dieu qui l’avait abandonné. Et le monde des vivants allait mal. Il se devait d’être réparé, d’annihiler ce qui n’allait pas pour enfin arriver à une utopie qu’il n’aurait envisagé de son vivant. Il reprit la parole.

« Quant à mes motivations elles ne sont que pour le bien de nos armées. »

Les mains jointes devant son visage, Wolgorn écouta attentivement la défense d'Aguta à son réquisitoire acerbe. Celui-ci avait visiblement réussi à le froisser et à l'obliger à montrer plus de motivation qu'il ne l'avait laissé suggérer. Dans un premier temps, le Bénou réaffirma son serment de fidélité à Thanatos, chose qui avait cruellement manqué à son prédécesseur. Effectivement, Sargas avait débarqué en Enfer selon Custodio avec l'intention évidente d'y mettre le boxon, sans accorder le moindre respect aux maîtres des lieux. Il avait même eu le culot d'entraîner le nom de Perséphone dans ses manigances sordides ! Néanmoins, le Bourreau ne pouvait s'autoriser à croire son nouveau supérieur sur parole, du moins pour l'instant.

"Nous verrons cela." grommela-t-il en réponse.

L'Étoile Céleste proposa ensuite sa solution quant au problème du titre des Spectres, au grand désarroi de son interlocuteur. Par ailleurs, le roulement des yeux qu'il avait effectué juste avant face aux réprimandes de son subalterne n'arrangeait guère son cas. Qu'est-ce qu'il s'imaginait cet insolent, que les guerriers d'Hadès passaient tout leur temps à déclamer leur identité quelque soit la situation ? Apparemment, Aguta n'avait jamais été instruit aux circonstances requérant un respect du protocole. En espérant que cela ne laisse pas présager de la globalité de son esprit de discernement, sinon ils étaient dans la mouise... Le Russe se chargea donc de corriger le Bénou d'un ton orageux :

"Vous nous prenez pour qui, des imbéciles ? Bien sûr que nous n'utilisons pas tout le temps l'intégralité de notre désignation, enfin ! Et n'essayez pas de m'apprendre comment cacher ma véritable identité lors de missions d'infiltration ou d'embuscades, parce que j'ai plus d'expérience que vous en ce domaine ! En attendant, ce n'est que politesse et discipline que de vous présenter dans les règles à vos confrères lorsque la situation exige le respect du protocole ! Et qu'importe si votre titre est long pour votre première introduction, rappelez-vous surtout que vous devez en être fier et que vous devez l'annoncer avec dignité ! Si vous tenez à utiliser un titre plus court par la suite, libre à vous, mais hors de question que vous le traitiez avec aussi peu de considération !"

Après ceci, le premier se contenta de laisser le second s'exprimer sur sa valeur de Spectre, son parcours et sa détermination à servir l'armée fantôme. Wolgorn songea silencieusement à l'exposé qui lui avait été délivré et prit une profonde inspiration avant d'expirer tel un buffle. Loin de la lueur meurtrière qu'il affichait lors de ses engueulades, son regard paraissait presque serein malgré sa permanente sévérité. Les paroles d'Aguta manquaient encore de ferveur religieuse à son goût, mais ils pouvaient y remédier avec de la patience et de l'application. Cette recrue était plus ignorante que malicieuse contrairement à Sargas, rien qui ne pouvait être rectifié par l'enseignement des préceptes sacrés du Royaume Souterrain.

"Nous l’espérons." rétorqua l'Exécuteur. "De toute évidence, vous aurez bien assez tôt l'occasion de prouver votre valeur et votre loyauté à l'ensemble de vos pairs. Nous attendons beaucoup de votre part, soyez-en conscient."

Il se leva ensuite de son siège et se dirigea vers la porte-fenêtre du balcon pour aviser une nouvelle fois le paysage nocturne. Jamais les Spectres n'avaient été d'une pareille prédominance sur le plan international, une position que ceux-ci devaient s'efforcer de garder. Le Bourreau pointa alors à son supérieur la métropole qui s'étendait sous leurs yeux et lui expliqua les enjeux auxquels ils étaient confrontés :

"Vous voyez ceci ? Tel-Aviv, la ville la plus puissante d’Israël, est désormais sous le joug du Sérénissime Hadès. En plus de celle-ci, Los Angeles, Pékin et de nombreuses autres cités ont rejoint notre cercle d’influence… Nous, les Spectres, sommes parvenus à nous emparer d’un pouvoir politique sans précédent à travers le monde afin d'accomplir les desseins grandioses de nos maîtres ! Nous devons tout faire pour conserver cette influence et pour l'étendre, car notre mission divine en dépend ! Partout où nous irons, nous imposerons la paix et la stricte obéissance à la loi ! Il est hors de question que nous cédions du terrain ou que nous nous arrêtions alors que nous sommes si proches de notre but ! Pour garantir notre inéluctable ascension, nous avons besoin de guerriers à la hauteur de nos ambitions et d’officiers capables de nous guider sur le sentier de la victoire ! Hélas, pendant trop longtemps nous avons dû souffrir de l’incompétence d’un état-major composé de pleutres et de traîtres ! Pendant trop longtemps la simple soldatesque a dû porter seule le poids des responsabilités incombant à notre armée ! Pendant trop longtemps nous avons été moqués et méprisés par les autres factions !"

Les catastrophiques exemples de Sylphide, de Mohana, de Sargas et d’Eydis lui revinrent en mémoire tandis qu’il s’épanchait dans ses interminables complaintes. Outre la félonie des deux derniers, le Basilic et le Naga avaient péché de laxisme et de couardise, allant jusqu’à abandonner le front au moment où leurs subordonnés avaient le plus besoin d’eux. Quand Wolgorn pensait qu’une fillette à l’estomac fragile et gavée de niaiseries pacifistes avait été nommée Prêtresse d’Hadès, il en avait la nausée ! Ces souvenirs désagréables mis de côté, il continua son homélie d’un ton exalté :

"Toutefois, les cieux nous ont bénis de leurs faveurs et notre chaîne de commandement a retrouvé peu à peu de son excellence. Si votre motivation est réelle, vous aussi aurez un rôle clé à jouer dans le redressement de l’Inframonde. Il est l’heure pour nous de restaurer dans toute sa gloire les principes d’Ordre et de Vertu, nécessaires à l'équilibre de l'univers ! Plus jamais nous ne laisserons ces notions capitales être foulées du pied par tous ces mécréants, le Sanctuaire d’Athéna en particulier !"

Sa fiévreuse passion s’éteignit aussi vite qu’il acheva sa phrase, adoptant ensuite une posture droite et stoïque. Le Russe songea ainsi à la manière dont il pourrait doucher l’enthousiasme récent des Chevaliers Sacrés. Ceux-ci tentaient de revenir en lice et de reconquérir l’opinion publique, ce qui n’était pas gagné vu la triste pantalonnade que fut la médiatisation de leur conflit contre Reagan. Néanmoins, l’Étoile Terrestre n’appréciait guère l’énergie nouvelle qu’il sentait chez les ennemis ancestraux de son camp. Si le comique qui s’était chargé de la stratégie de communication n’était pas un souci, l’héritière de Gareth des Gémeaux était pour lui le nœud du problème. Il était important que le Bourreau s'entretienne au plus tôt auprès de Thanatos et de ses collègues sur ce sujet.

Le jeune homme suite à sa justification n’attendait pas réellement de réponse de la part de l’autre. Il lui avait dit ce qu’il voulait entendre et ce qu’il venait de lui dire n’était que la vérité. Sans doute son prédécesseur avait merdé mais lui n’allait pas marcher dans ses pas. Aguta était loyal à sa parole, il la tenait toujours et ne la trahissait pas. Il avait juré fidélité aux déités des Enfers et allait honorer ce serment. Il n’avait aucune raison de trahir sa parole. Mais il n’en restait pas moins plus haut gradé que son interlocuteur, sur le papier, il se devait de faire bonne figure. Si justifier son engagement devait se faire alors justifier son engagement il ferait.

« Je ne mens pas ! J’ai aucune raison d’le faire. »

Les yeux bleus du canadien s’assombrirent. La personne en face de lui ne cessait de rouler des yeux, presque à chacun de ses mots il avait le droit à un roulement d’yeux de la part de l’autre. Il était certes long d’irriter le jeune homme mais il lui arrivait d’être agacé par des paroles ou des gestes et il commençait à l’être. Ce Wolgorn avait un don certain pour l’agacer lui qui était d’ordinaire si calme. De plus son regard ne lui disait rien qui vaille. Mal à l’aise était le mot pour décrire son état. Il ne savait quelle attitude exacte avoir avec le russe. Il ne savait pas réellement quoi faire pour donner confiance à l’autre. Il n’avait que ses mots pour le moment. Et la conversation continua toujours avec plus de justifications sur ses projets et sur sa loyauté.

Quand finalement Wolgorn se leva, le plus jeune le suivi du regard avant de se lever à son tour pour le suivre jusqu’au balcon. Il s’appuya contre la balustrade observant le paysage nocturne que lui offrait les éclairages de la ville. Finalement le russe reprit la parole et le canadien posa son regard sur lui tout en l’écoutant parler des enjeux. Il prit des notes mentales de tout ce que lui expliquait le plus vieux tentant d’en retenir un maximum.

« Il va de soit que nous devons assouvir notre autorité là où nous avons de l’influence. De plus désormais nous ne sommes plus moqués ou méprisés bien au contraire. Nous devons donc continuer d’affirmer tout cela. »

Un instant de flottement se passa. Wolgorn semblait à nouveau plongé dans ses pensées et Aguta ne lui en tint pas rigueur. Sans doute avait-il quelque chose d’important à ajouter.

« J’espère avoir un rôle à jouer dans la restitution de la grandeur de l’Inframonde ! Je suis même certains que nous y arriverons et que la fin de l’ère des Saints a commencé. »

Un sourire vint orner les lèvres du Bénou alors qu’il recommençait à regarder l’horizon. Il venait certes d’arriver mais il avait donné sa parole, il ne trahirait personne et ferait tout ce qu’il avait en son pouvoir pour le prouver même si Wolgorn avait du mal à le croire.

Aguta continua de proclamer sa loyauté, mais ces affirmations pour l'instant sans fondement n'intéressaient guère Wolgorn. Ce dernier ne tenta même plus de réprimander le premier à ce sujet et l'écouta exprimer son enthousiasme quant à la perspective de remplir sa future mission. Quand le Bénou se vanta que plus personne ne se moquait des Spectres, l’Étoile Terrestre s'empressa de le corriger :

"Hélas, nous sommes très loin d'avoir imprimé la peur dans le cœur de nos ennemis, je le crains. Malgré la cuisante défaite que nous avons infligée aux Saints, ceux-ci n'ont de cesse de nous manquer de respect, et ce même au sein de notre propre demeure ! Gareth, le Chevalier des Gémeaux, s'est permis par deux fois de nous attaquer et de s'imaginer qu'il pourrait nous soumettre à sa volonté ! Pareil pour le Chevalier du Cancer plus récemment, qui a essayé de nous extorquer des informations au sujet d’Éris ! Fort heureusement, nos forces ont su disposer de ces deux importuns. Ah, et cette maudite Éris ! Cette plaie ambulante nous tourne autour depuis trop longtemps et fomente je ne sais quelle sombre machination à notre encontre ! Elle avait jadis envoyé un de ses pions dans nos rangs, ce qui avait manqué de faire échouer notre expédition punitive contre le Sanctuaire ! Je me suis personnellement chargé de châtier ce cloporte, sauf que la Discorde est toujours en liberté !"

Son expression faciale se mua en celle d'un démon colérique et un bruit strident se fit entendre à travers toute la chambre. En effet, les vitres de la porte-fenêtre se fissurèrent lentement et produisirent un son plus intolérable encore que celui de la craie qui crisse contre un tableau. Le Bourreau ne prêta pas plus attention aux dommages qu'il commençait à causer, tant il n'avait pas fini d'évacuer les griefs qui pesaient sur son cœur. D'une voix rauque et vindicative, il poursuivit ainsi ses imprécations :

"Un autre obstacle à nos plans se profile désormais à l'horizon : l'émergence d'un nouveau Gold Saint des Gémeaux ! Encore et toujours ces satanés Gémeaux ! Si les chiens d'Athéna se sont ridiculisés en médiatisant leurs mésaventures avec l'Oiseau de Paradis Noir, l'apparition de cette peste d'Eurydice est susceptible de renverser la vapeur en leur faveur ! Pour le moment, elle n'a réussi qu'à graver la terreur dans l'esprit de la populace mondiale et à soulever des soupçons de tricherie de la part des Chevaliers Sacrés, mais nous ne pouvons pas nous contenter de miser sur leur incompétence en matière de communication. Tant que les Gémeaux seront là, les Spectres ne pourront jamais accomplir leur divine mission !"

L'énergie ténébreuse de Wolgorn s'éteignit alors, comme s'il avait épuisé en partie sa fureur. Les lézardes s'arrêtèrent à leur tour d'endommager les vitres et le bruit grinçant cessa avec elles. Cependant, sa figure demeura aussi déformée qu'auparavant et il la tourna brusquement vers l’Étoile Céleste. L'Exécuteur serra ensuite son poing et le brandit juste devant son supérieur hiérarchique, ses yeux habités de flammes ardentes.

"Comprenez-vous, Aguta du Bénou ?" l'interrogea-t-il en substance. "Eurydice des Gémeaux est notre plus redoutable adversaire et, connaissant l'hostilité des Chevaliers d'Athéna à notre égard, il ne s'agit que d'une question de temps avant que ces misérables ne déclarent la guerre aux Enfers ! Sauf que ce n'est pas seulement la sécurité des Enfers qui est ici en jeu, mais bien celle du monde tout entier ! Les Gémeaux sont une malédiction autant pour le Sanctuaire que pour la planète, c'est pourquoi nous devons impérativement nous en débarrasser au plus vite ! Comptons également sur une intervention d’Éris, qui nous portera très certainement un coup de poignard dans le dos... Nous, les Spectres, avons la responsabilité d'aiguiser nos armes et gagner en puissance afin de remporter le conflit qui s'annonce ! Cela vaut aussi pour vous, Aguta du Bénou, voire SURTOUT pour vous ! Vous devez être fort, plus fort que quiconque ! Incarnez la violence qui guide votre astre protecteur et nul ne pourra vous stopper !"

Le Russe rejoignit alors la table basse du salon pour prendre l'un des journaux qui s'y trouvaient posés. Il rapporta ainsi l'exemplaire auprès du jeune officier et le lui tendit d'un geste vif. La Une de celui-ci traitait de l'humiliation publique de Reagan et des diverses préoccupations entourant cette affaire. Le journal restituait aussi dans leur intégralité les allocutions respectives de la faction athénienne et du Black Knight, ces dernières étant agrémentées de commentaires de spécialistes en communication et en géopolitique.

"Reagan a parlé de punir le Sanctuaire pour ses crimes envers l'humanité, suite à son alliance funeste avec Poséidon..." résuma Wolgorn au Bénou. "Néanmoins, ce minable a échoué en beauté et a été puni pour ses propres crimes par ceux qu'il comptait châtier. Il reste que la sanction des Chevaliers Sacrés est encore en suspens, et ce en dépit de celle que nous leur avons déjà fait subir ! Les Saints se complaisent dans leurs péchés et il nous appartient donc de les forcer à se repentir, puisque personne d'autre ne peut s'en charger à notre place ! Maintenant que l'Oiseau de Paradis Noir a été cloué au pilori, c'est au tour d'Eurydice d'être traînée en place publique ! Nous l'humilierons plus que Reagan n'a jamais été humilié... non, nous la crucifierons !

Après ces longues et tempétueuses vociférations, le Russe se calma enfin et son visage retrouva une apparence normale. Il s'inclina ensuite devant l’Étoile Céleste et amenda ses propos :

"Bien entendu, il ne s'agit que de propositions et de mon avis. Toutefois, nos confrères ont sûrement pris toute la mesure de la menace que constitue Eurydice. Aussi nous faudra-t-il nous réunir sous l'égide du Seigneur Thanatos pour discuter de la marche à suivre. Il va sans dire que votre contribution peut être décisive, si j'en crois votre motivation."

Sur ces paroles, le Bourreau réfléchissait déjà à la manière dont il pouvait participer à une éventuelle chasse aux Gémeaux. Prudemment, il contemplait la possibilité que l'héritière de Gareth soit une guerrière plus formidable que lui et son prédécesseur tant honni. Si Wolgorn désirait un jour vaincre cette garce, il devait acquérir une force de loin supérieure à celle que son Étoile Maléfique pouvait lui offrir. En l’occurrence, celle-ci semblait approcher de ses limites à mesure que son détenteur développait son cosmos monstrueux. La situation n'était cependant guère désespérée pour lui, car les moyens de s'améliorer et de dépasser la frontière qui se dessinait face à lui ne manquaient pas. L'Exécuteur avait pu s'en apercevoir lors de la campagne militaire ayant conduit à la destruction du Rosaire de la Vierge...

Aguta écouta le spectre de rang inférieur sans rien dire tout du long. Bien sûr il l’écoutant mais, il y avait un mais, quelque chose dans son discours l’embêtait. Sans aucun doute c’était le fait d’être pris pour un con. Ou alors le fait que l’autre lui reproche les erreurs de ses prédécesseurs. Lui, n’avait rien à voir avec ceux qui avaient été à sa place avant lui. Lui était loyal. Lui était fidèle. Lui tenait parole. Et il n’était pas mort pour ensuite être rappeler pour ne pas tenir la parole qu’il avait donné. Bin au contraire il se devait et allait la tenir coûte que coûte. Quand bien même Wolgorn l’intimidait il n’allait pas lui laisser dire des énormités en plein visage comme si de rien é »tait. Bien entendu le canadien n’était pas de base une personne qui voulait sans cesse se battre. Bien au contraire de son vivant il cherchait plutôt à éviter le conflit. Être si aujourd’hui il gardait ce tempérament il n’en était pas moins qu’il était parfaitement capable de s’énerver.

Son interlocuteur devait s’imaginer une utopie dans laquelle TOUS leurs opposant feraient une crise cardiaque à peine leurs noms évoqués. Mais le plus jeune se doutait bien que jamais il n’allait en être ainsi. Depuis la nuit des temps des personnes se faisaient la guerre, se haïssaient, désiraient la mort de l’autre camp avec tellement d’ardeurs qu’ils n’en vivaient plus. Et depuis la nuit des temps certaines personnes fuyaient dès qu’elles entendaient le nom de leurs adversaires et d’autres… Affrontaient vaillamment leur destin et affrontaient la mort en face sans fuir. Car là était placé leur honneur. Aguta ne s’en formalisait pas. La crainte était une chose. La victoire en était une autre. Ô, bien sûr que lui-même aurait pu imprimer une crainte de son nom à des adversaires, quoi qu’il se connaissait et en doutait. Avec ses cheveux de hippie, son visage beaucoup trop avenant pour un guerrier de l’armée des morts, un caractère qui n’était en accord avec rien, jamais il ne ferait peur à ses adversaires. En revanche, il pouvait les déstabiliser. Ô que oui. Qui pourrait s’attendre à un angelot tombé du ciel qui vient ensuite vous poignarder sans aucun état d’âme. De son vivant il en avait eu. Mais là n’était plus le temps d’en avoir. Il n’était plus vivant.

Le plus jeune continuait d’écouter le plus vieux son regard naviguant à travers la pièce. Bien sûr qu’il l’écoutait mais… à part faire de longs monologues et se plaindre il ne lui apportait pas grand-chose de plus. Oh… Si… le voilà qui brisait les fenêtres maintenant. Il soupira. Tout ce qu’il pouvait faire en l’instant présent était d’écouter Wolgorn s’exprimer, lâcher son poids. Qu’il se plaigne de ceux qui avait été Bénou avant lui. Qu’il se plaigne d’Eris ou des Gémeaux, le canadien le laissait faire. Quand son regard revenait sur le Russe il ne pouvait s’empêcher de boire une gorgée de l’alcool qu’il avait dans son verre. Ou bien il tirait une taffe sur la cigarette qu’il avait plus tôt allumé. S’il avait tenté d’^tre aimable et gentil avec lui au début de la rencontre, il se sentait déjà blasé. Wolgorn était une personne qui râlait plus qu’elle ne respirait, sans mauvais jeu de mots. Et autant il en avait connu des gens comme cela de son vivant, autant dans sa mort il aurait espéré ne plus en revoir. Merci bien. Soudain il entendu son prénom au détour d’une phrase. Il releva les yeux vers l’autre et expira la fumée qui était dans sa gorge.

« Oui. Oui je comprends Wolgorn. »

Il n’utilisa pas le titre de l’autre. Là n’était pas un contexte dans lequel il était obligé d’utiliser le titre de l’autre. Peut-être que Wolgorn se sentait obligé d’utiliser son titre pour lui parler étant donné qu’il était son « supérieur » mais Aguta était encore nouveau dans cet univers, et il préférait utiliser le prénom lorsqu’il parlait à autrui. Plus pratique, amical, rapide.

Et voilà qu’il avait encore embrayé sur un autre sujet. Le blond se pencha en avant non sans avoir posé son verre sur la rambarde du balcon avant et non sans oublier de s’appuyer à cette dernière. Il regardait les très rares passants qui tournaient encore à cette heure tardive. Où pouvaient-ils aller ? A cette heure sans nul doute qu’ils pouvaient se faire agresser et mourir. On était jamais à l’abris d’un accident. Lui-même pouvait tomber, la tête la première, et finir au sol. Mais il n’en mourrait pas. Cette idée qui naquit au fond de la tête du canadien le rassura mais il ne se pencha pas plus pour autant. Au contraire il se redressa pour regarder Wolgorn qui semblait enfin s’être calmé.

« Bien qu’elle soit une menace je pense qu’il y a des solutions moins… enfin plus humaine que la crucifixion. Wolgorn. Mais la décision finale ne nous reviens pas après tout il peut y avoir plusieurs acteurs décisifs. Comment la situation se déroulera, qui est présent et bien entendu ce que Thanatos désire de nous. »

Il n’attendait pas réellement de réponse de la part de l’autre. Après tout, il portait le surplis du « Bourreau » il ne devait donc pas s’étonner qu’il préfère choisir des méthodes de tortures plutôt qu’une méthode plus rapide mais tout aussi efficace l’objectif final étant la mort de leur adversaire, ici en l’occurrence, Eurydice des Gémeaux. Mais une autre pensée occupait tout autant son esprit à mesure que ses doigts tapotaient sur la rambarde de métal. Était-il si indispensable que cela ? Ou plutôt, sa présence pouvait à ce point se montrer décisive ? Les spectres n’étaient pas tous revenus aussi, peut-être pouvait-il se montrer utile, important dans son rôle. Il se le devait sans nul doute.

Aguta se contenta de répondre mollement au discours kilométrique de Wolgorn, à la grande lassitude de ce dernier. N'y avait-il donc rien que les invectives à son encontre pour le faire réagir ? Le Bourreau désespérait de voir l'un de ses supérieurs faire enfin preuve d'une ferveur exemplaire envers sa mission sacrée. Distribuer des gifles à longueur de journée le fatiguait à force, aussi allait-il se contenter d'observer comment la situation du Bénou évoluerait. Il écouta ensuite celui-ci recommander avec une indulgence confondante une action moins violente à l'égard d'Eurydice. Si seulement ce pauvre naïf pouvait se rendre compte de tout ce que les Gémeaux avaient fait subir aux Spectres, il changerait d'avis. Par sa réputation héréditaire, ce Chevalier d'Or était de loin le plus détesté au sein de l'armée infernale, qui n'attendait qu'une opportunité pour se venger de lui. Qu'importe que Gareth soit dorénavant en train de purger sa peine dans le Royaume des Morts, toute sa lignée putride devait payer le prix de ses offenses contre Hadès ! L’Étoile de la Violence ne pouvait mesurer toute l'ampleur du problème que ce Saint représentait ni des solutions nécessaires pour le régler. Avec un peu d'expérience sur le terrain, peut-être ce blanc-bec révisera-t-il son jugement initial et comprendra-t-il le besoin d'appliquer une sanction radicale.

"A problèmes surhumains, solutions surhumaines." professa doctement le Bourreau. "Veuillez me croire, nous n'avons pas à nous inquiéter d'aller trop loin."

Sur ces paroles, il invoqua une fée afin de conjurer un Squelette à leurs côtés et ordonner à ce qu'on lui apporte des vêtements. Comme prévu, un sbire entra dans la chambre avec les habits demandés et les confia obligeamment au Russe. Il s'agissait d'un pull fin noir à col roulé et d'une élégante veste beige, cette dernière étant assortie à son pantalon. Cette tenue lui conférait l'allure d'un mafieux venant d'un pays est-européen ayant jadis appartenu au bloc soviétique. Ayant accompli sa tâche, le troufion prit donc congé et laissa les deux Étoiles Maléfiques entre elles. Wolgorn déposa délicatement le linge sur son fauteuil puis orienta de nouveau son attention sur Aguta. Celui-ci paraissait désœuvré, aussi allait-il trouver de quoi l'occuper et se construire une dévotion plus concrète envers la cause spectrale.

"Pour ma part, je n'ai rien de plus à vous dire pour le moment." déclara l'Exécuteur. "Je pense avoir fait le tour des problèmes auxquels notre armée doit faire face, mais je vous conseillerais de visiter nos confrères avant toute chose. Rogos du Dullahan, Xing Huo du Cyclope, Andréa de la Liche ou encore Oblivion de la Mante Religieuse... Nos rangs comptent des guerriers ayant traversé moult épreuves et batailles, vous apprendrez certainement beaucoup d'eux. Par ailleurs, n'hésitez pas à utiliser une fée si jamais vous avez besoin d'assistance."

Il ôta alors son peignoir et commença à enfiler sa tenue, signalant ainsi à son interlocuteur qu'il allait bientôt partir. Une fois vêtu, il attacha soigneusement ses cheveux en queue de cheval, un choix esthétique qui lui donnait l'allure d'un mafieux. Le Bourreau ne s'embarrassa pas de se raser la moustache ni de restaurer la couleur originelle de sa chevelure. Il n'avait guère le temps pour ces futilités dans l'immédiat, car il savait qu'un combat titanesque l'attendait à l'horizon.

"Quant à moi, je m'en vais chercher un moyen de renforcer notre puissance de frappe..." annonça-t-il au Bénou tout en réajustant sa veste. "Je vous souhaite donc une bonne continuation, Monseigneur Aguta."

Une pointe de sarcasme était décelable dans sa voix lorsqu'il prononça cette phrase d'adieu, un détail qu'il ne cherchait même pas à cacher. Le sourire en coin qu'il affichait à ce moment s'effaça, son visage retournant à une expression grave, et il sortit de la chambre par le balcon. Sa silhouette s'évanouit ensuite dans le paysage nocturne de Tel-Aviv, laissant ainsi seule la recrue à l'intérieur de l'hôtel. L’Étoile Terrestre n'allait cependant pas quitter la ville de sitôt, car elle devait au préalable inspecter la mairie pour vérifier comment se déroulait l'état d'urgence et l'administration du territoire. Elle devait également penser à visiter une vieille connaissance à l'université, un de ces jours... Effectivement, la mise en œuvre de son projet exigeait un savoir ancien que seule cette personne pouvait lui fournir.