« Je ne te savais pas si bon pianiste … Mon adorable prince. »

Sa voix. Toujours la même, après toutes ses années. Après ces longues années de faux espoirs. De discussions. Oniriques. Chimériques. Voix d'une reine, plus que d'une princesse. Forte, mais harmonieuse. Délicate. Emprunte d'une sagesse enchanteresse. D'une élégance inégalée – pour le commun des mortels, du moins. Cette voix. Toujours cette voix qui vient en première. Puis les autres. Celles des rêves dont il se souvient, lors des rares instants de sommeil. La voix de celui qui rêve de sa mère disparue. La voix de celle qui rêve de ses enfants. La voix de ceux qui rêvent de leurs amants, de leurs compagnes. Ceux qui vivent, à travers leurs sommeils.
La musique résonne. Les doigts dansent sur le piano. Alors que les notes s'élèvent. Alors qu'il voit la musique prendre cette apparence de pétales de pavot. Les notes résonnent. Habitent ce salon. Où ils sont seuls. Juste lui. Et elle. Et ces quelques papillons. Un sourire contre ses lèvres, à cette pensée.

Seul humain, finalement. Ce n'est peut-être pas si mal. L'artiste raté veut-il réellement avoir un public ? Pourtant, les quelques papillons du monde des morts ne semblent pas détester la mélodie. Qu'ils accompagnent. Par duo. Trois binômes, qui dansent entre eux. Aux côtés de ces pétales crépusculaires, portées par ces simples gestes contre de ses doigts.

Un silence. Les pétales se figent. Les papillons aussi. Le regard clair de Meredith se tourne alors vers lui. Se posant sur ses traits, finalement si proches. Si similaires. La seule différence, finalement, est celle longueur de cheveux, qui vient accompagner les frontières de ce corps féminin, vêtu d'une robe rouge. Un sourire, de sa part. « Tu ne le savais pas toi-même, n'est-ce pas ? »
Un rire. Presque froid. De la part du pianiste, qui observe ses doigts, de ses yeux clairs. Qui observe le piano. Avant de regarder dans Sa direction. « Toujours à reprendre hein. » Je suis aussi énervant que ça ? Un sourire, de sa part. Alors que leurs yeux se mélangent. Son étoile aime s'amuser, cela il l'avait comprit. Elle aime l'imiter. Ainsi est née Meredith. Peut-être en réponse à ce besoin. À ce rêve. D'être quelqu'un d'autre. Ou de ne pas être lui.

Une inspiration. Les yeux se ferment. Lentement. La fatigue prend le pas, peu à peu. Un gouffre profond. Un appel irrésistible. Comme la première fois. Comme lors de ce passage à l'acte. De transformer le rêve en réalité. Par la mort. Par la chimie, qui s'est écoulée dans ses veines. Un gouffre. Aussi terrifiant qu'apaisant. Une obscurité. Une torpeur. Mais sans immobilisme. Car, bientôt, les doigts reprennent leur danse sur ce piano. La même mélodie. Plus assurée, pourtant. Alors que ses yeux sont toujours clos. Alors qu'il voit, pourtant. Les pétales reprendre ces mouvements légers, enchanteurs, en compagnie des danses féeriques des papillons. « Et l'enfant prie, dans le noir. Pour que son monde change. Qu'importe la douleur. Qu'importe le sacrifice. Avançant à travers ce sentier de feuilles d'automnes et de fleur. » Il entend. Les mots de cette image. De cette femme à l'élégance surnaturelle. Il entend, le bruit de l'ongle suivant le rythme contre le piano.

Comme si cette chimère était réelle. « Petit Prince. » Les doigts continuent de danser. Alors qu'un doux rire traverse les lèvres de Meredith. Un rire empli d'une certaine nostalgie. Alors que ses yeux viennent de nouveau se poser sur la silhouette du peintre devenu musicien. Du psychiatre à l'esprit déchiré. Elle aimerait dire quelque chose. Quelques mots. Elle. Ou il. Oswald. Dont le corps continue de jouer. Alors qu'il écoute cette musique.

Et l'enfant prie, dans le noir. Pour que son monde change. Qu'importe la douleur. Qu'importe le sacrifice.
Avançant à travers ce sentier de feuilles d'automnes et de fleur.

Plic … Ploc … Tel fait le bruit du sang qui s'écoule de son front. Alors que ses paupières s'ouvrent lentement. Qu'il continue de jouer. Qu'importe la douleur. Qu'importe le sacrifice. Alors qu'il avance. Dans ce sentier qui se dessine à travers les feuilles d'automnes et de fleur. Il ne la voit plus. Il ne l'entend plus. Meredith. Qui s'efface lentement tandis que le cosmos irisé résonne à travers les papillons du monde des morts, portant les notes de musique dans le palais.

Un premier battement de cœur. Un parfum d'opium enivrant. Une douleur qui parcours chaque centimètre de son corps. Un sentiment d'apaisement qui l'accompagne.
Un second battement de cœur. Plic … Ploc … Encore ce sang. Qui coule. Goutte à goutte. Une brise. Le surplis du Papillon apparaissant aux côtés du piano, à l'emplacement même de Meredith.
Un troisième battement de cœur. La douleur est violente. Insupportable. Mais son visage reste figé, envoûté. Par la danse de ces doigts. Ensanglantés.
Lentement. Ils s'éteignent. Alors qu'un papillon avance. Pour se poser sur son épaule. Craquellement. Fissure qui s'étend. Contre le visage du pianiste. Lentement. Le cosmos s'éteint progressivement. Alors que la musique continue de résonner. Alors que les doigts continuent de danser.

Qui viendra l'écouter ?

La journée avait déjà fort mal démarré, puisque les Squelettes étaient venus trouver les Étoiles Terrestres de l’Immortalité et de la Brutalité pour leur faire part d’une diminution aussi brusque qu’inexplicable du nombre de défunts arrivant en Enfer. Les deux Spectres avaient suivi lesdits laquais jusqu’à la Demeure du Jugement où se trouvaient les registres de l’Au-delà, ce qui leur avait permis de confirmer l’existence de l’anomalie et d’en préciser la nature : en effet, de nombreuses âmes listées en tant que décédées au cours des dernières vingt-quatre heures manquaient à l'appel. Les serviteurs de Thanatos tentèrent bien de partir à leur recherche mais rien à faire : elles ne se trouvaient ni dans l’une des Prisons, ni sur la rive de l’Achéron, ni en train de gravir les flancs du Yomotsu Hirasaka et ni même dans le monde des vivants.

Cette situation mettait la Liche mal à l’aise car la dernière fois qu’une telle chose s’était produite, c’était parce que les descendants de Loki se servaient de ces âmes comme sacrifice pour hâter la résurrection du monstrueux Fenrir, le loup déicide, afin que celui-ci les assiste dans leur tentative de conquête d’Asgard.

Andréa était en train d’exhumer ces inconfortables souvenirs et d’en discuter avec le Cyclope lorsqu’un second groupe de Squelettes arriva en trombe pour les informer d’un problème plus immédiat au Château d’Heinstein. Les sous-fifres s’étaient toutefois carapatés avant d’avoir pu identifier plus précisément ce qui les effrayait tant. C’était compréhensible vu ce qu’il s’était passé lors du dernier événement impliquant de la musique et un cosmos à la fois puissant et étrange à s’être déroulé au Château, cependant cela ne rendait pas la couardise et l’abandon de poste acceptables pour autant. Hélas, ils n’avaient pas le temps pour une engueulade magistrale assortie d’un châtiment digne de Wolgorn, aussi les deux Spectres déléguèrent-ils le soin de discipliner les péons au Squelette le plus haut gradé du premier groupe avant de se mettre en route.

« Si c’est encore Éris, je ne répond plus de mes actes ! » fulmina la polonaise en gravissant quatre à quatre les marches de l’escalier en colimaçon du Puits des Âmes – le duo ayant jugé plus prudent de ne pas se téléporter directement à leur destination.

« Moi non plus. Sa Seigneurie a été très claire, et si cette sorcière persiste à ignorer Ses avertissements... » gronda l’ancêtre, qui serra les dents en se rappelant des précédentes visites de la Discorde. La dernière d’entre elles, en particulier : si les actions de la sœur du Faucheur n’avaient pas été suffisantes pour lui faire perdre Son calme olympien – sans mauvais jeu de mot –, Il l’avait tout de même prévenue que Sa patience avait des limites.

Enfin les chevaliers d’outre-tombe franchirent l’invisible frontière entre le monde des morts et celui des vivants, et arrivèrent quelques instants plus tard sur le palier du Puits des Âmes. Contrairement à ce à quoi ils s’attendaient, ils ne furent pas accueillis par l’aura bien connue – trop connue – d’Éris. Au lieu de cela, c’était une énergie à la fois familière et étrangère à plus d’un titre qui imprégnait les lieux, fluctuant au rythme de la mélodie qui résonnait dans l’air.

« Qu’est-ce que… ça ressemble au cosmos d’Ephemer, mais en même temps... »

« …Mais en même temps on dirait aussi celui de Sa Seigneurie. C’est quoi ce bordel ? »

Le duo traversa avec circonspection les couloirs de la forteresse, notant au passage le curieux comportement des Fées qui, non contentes de ne rien avoir à faire là, se livraient à une danse hypnotique. Les jardins furent leur dernière étape avant d’arriver à un salon tout proche à l’intérieur duquel se trouvait l’origine de l’aura et de la musique ; échangeant un regard pour confirmer qu’ils étaient sur la même longueur d’onde, les Spectres ouvrirent la porte et entrèrent dans la pièce.

C’était bien le Papillon qui s’y trouvait, assis au clavier d’un piano, son Surplis à ses côtés. Entouré d’encore davantage de ces insectes qui donnaient leur nom à son armure, leur camarade semblait plongé dans une sorte de transe, et le philippin fut le premier à se rendre compte qu’il saignait abondamment. Le cosmos du pianiste diminuait à chaque note, ponctuée d’une goutte de fluide vital quittant ses veines, mais il continuait imperturbablement de jouer de son instrument.

« Ephemer, qu’est-ce qu’il t’arrive ?! Gamine, aide-moi, il perd beaucoup de sang ! »

« Tout de suite ! » répondit la jeune fille tout en faisant appel à une technique curative.

Les doigts dansent. Continuellement. Naturellement. Comme si la vie – spectrale – ne quittait pas ce corps. Qu'importe si cette vitae ramenée par les lois du monde des morts coule. Qu'importe le silence qui commence à résonner à travers cette chair. Qu'importe la douleur. Qu'importe le sacrifice. Le sentier. Le sentier est là. Bordé de fleurs. Bordé de feuilles d'automnes. Les paysages changent. Les visages défilent. Mais cette réalité ne change pas. Et il avance. Les mains dans les poches. Les yeux clos.
Jusqu'à ce qu'il le ressente. Jusqu'au plus profond de son être. Un frémissement dans les arbres feuillus, quelques feuilles s'envolant, accompagnées de pétales. Une voix. Forte. Les paupières s'ouvrent. Deux perles bleues, qui suivent le mouvement de cette nature onirique et rêvée. Le chemin vers une essence tant recherchée.

Puis un battement. Et la douleur résonne plus violemment. Bloquant ses doigts. Cessant la musique. Un hurlement effrayant. Qui semble sans fin. Ephemer se prend la tête entre les mains. Gigotant une fois. Deux fois. Un nouveau hurlement. Alors que la vitae s'écoule, encore. Alors que la chair se fissure, un peu plus. « Que veux-tu ? » Les larmes coulent. Alors que la voix chimérique se mélange à celle de ses compagnons. « Accroche-toi. » Il ravale sa salive. Alors que la douleur devient plus forte. Une main agrippe le bras de l'ancien.

Serre. Aussi fort que tu le peux. Supporte la douleur. Accroche-toi. Dépasse la. Surpasse la. Même si tu dois en pleurer à mourir. Même si tu dois cracher tes poumons à travers tes hurlements.
Au bout du sentier. Tu la trouveras. Cette étoile. Ce cœur. Et tu y dormiras. Simplement. Tu en feras partie. N'est-ce pas … ce que tu souhaites au final ?

« S … Si … » Le mot résonne. Entre quelques gémissements de douleurs. Alors qu'il pose son crâne contre le bras de Xing Huo. Non. Cela ne serait pas comme la première fois. Cela ne serait pas un simple sommeil. Ou peut-être que cela aurait dû l'être. Peut-être que tout ceci n'est finalement que cela. « Cauchemar. » De nouvelles larmes roulent contre sa joue, se mélangeant au sang. Alors que lentement, il se penche, tombant presque de son siège. Repoussant d'une main faible le corps de l'ancien. Et à cet instant, il peut les voir. Les tâches de sang qui viennent souiller le vêtement. Comme d'anciennes blessures de nouveau à vif. « Ne … faites … rien. » La voix est difficile. Saccadée. « S'il vous... plaît. » Une demande. Une supplication. Alors qu'il s'attend à s'effondrer à chaque moment, alors qu'il retient cette douleur qui cherche à s'emparer de chaque centimètre de son corps.

Lentement. La musique résonne à nouveau. Sans l'habile danse de ses doigts. À travers l'esprit. Simplement. Le sien. Et ceux de la Liche et du Cyclope.
Un sourire. Bref. Alors qu'un apaisement semble se dessiner sur ses traits. Tandis qu'une dernière once de cosmos irisé s'extirpe de son œil. Un papillon naissant lentement de ce corps. Plus physique. Plus organique. Mais à l'image toute aussi fragile. Des ailes d'un rouge crépusculaire. La lueur lunaire passant à travers les vitres venant caresser cet insecte si fragile.
Et ce corps. Dont les cheveux s'assombrissent, peu à peu, tout en gagnant une certaine longueur. Des mains, un visage, qui gagne cette même obscurité, alors que les paupières se ferment, elles, peu à peu. Une respiration tranquille. Un sommeil qui semble accueillir ce corps.

Des lèvres qui bougent. Légèrement. Quelques mots qui résonnent. « L'Étoile de la Féerie … Et l'artiste raté. » Un rire. Difficile. « Une belle fable … Non ? » Puis. Un sourire. Simple. Humain. Alors que le papillon vient se poser contre le piano. Doucement, le sang semble de lui-même se transformer en une volute enchanteresse, qui s'estompe aussi rapidement qu'elle est arrivée.

Silence. La musique cesse.
Silence sépulcrale.
Alors que la respiration a cessé. Alors qu'il ne semble ne plus avoir une simple goutte de vie.

Puis. Une aura dorée qui entoure ce corps, changé. Des paupières qui s'ouvrent à nouveau. Deux lueurs d'ambres. D'or. Qui fixent le plafond. Une nouvelle respiration. Un nouveau souffle d'existence dans ce corps. Une main qui se redresse, alors que le papillon né de l’œil vient se poser contre les doigts. « Brave Spectre … » Une voix douce, une mélancolie. Et à nouveau, le silence. Alors que l'homme se redresse. Pas un simple souffle de vie. Une nouvelle force. Un nouveau regard. Alors que les ailes de l'insecte portent de nouveau ce dernier dans les airs. Regard qui suit la danse de la petite créature qui virevolte avec ses semblables, sans pour autant leur ressembler. « Le cauchemar est terminé. Repose toi maintenant. »

Un mouvement. Un bras qui bouge doucement. Alors que les vêtements perdent cette souillure sanglante. Des stigmates contre le front, qui tendent à s'effacer lentement. L'origine du sang. L'une des origines, plutôt. Mais le temps n'est guère à ces explications.
Un regard qui se pose sur Xing Huo. Le Cyclope aux traits anciens. Avant de se poser sur Andréa. La Liche à la douceur sibylline. « Trois décennies … À travers chaque rêves. Chaque cauchemars. Chaque respiration silencieuse. » Une vibration cosmique. Qui traverse le palais et s'engouffre dans le Puits des Âmes lui-même. Un rictus. Une légère douleur, qui s'efface bien vite. « Mon corps originel … perdu dans les débris d'Elysion … » L'homme observe sa main. Sombre. Il ouvre puis ferme ses doigts. Pourtant, il connaît ce corps, alors que son essence s'y était installée. Avant de s'éparpiller. Pour revenir. Lentement. À l'image d'un essaim cherchant sa ruche.

Il connaît ce corps. Et pourtant il le redécouvre. Comme cette ambiance. Comme ce voile d'obscurité qui recouvre le ciel. Le soir. Qui lentement l'accueil. Elle. « Mère … » Les yeux, dirigés vers la Nuit qui tombe, lentement. Un sourire. Tranquille. Puis les mains se glissent dans son dos. Alors que son regard retrouve les yeux des Spectres. « Enchanté, chers Spectres. » Une pulsation à travers la lueur dorée de ses yeux. « Je suis Hypnos. Dieu du Sommeil. Frère de Thanatos. »

Et doucement, le papillon se pose sur l'épaule de l'homme.
Du divin.

Les soins prodigués par la Liche n’eurent pas le moindre effet, et ce fut à peine si les paroles du Cyclope parvinrent à arracher quelques instants le Papillon à sa fugue. Non que la différence soit très visible : ses plaies saignaient toujours et ses propos étaient incohérents, comme s’il s’adressait à quelqu’un d’invisible un moment et s’attendait au moment suivant à ce que les deux autres éveillés regardent leur camarade succomber à ce mal inconnu sans intervenir.

« Je crois qu’il délire. Tu peux vraiment rien y faire ? » interrogea le vieillard, qui tentait sans succès d’immobiliser Ephemer sans le blesser davantage, pour son propre bien. La jeune fille secoua négativement la tête, dépitée : « Son corps ne réagit pas à ma technique, et le soin n’a jamais été mon point fort. Il faut l’amener voir un spécialiste... »

« Un spécialiste ? Quel genre de spécialiste ?! »

Ce n’était pas comme si les Spectres comptaient beaucoup de docteurs dans leurs rangs – ils n’en avaient généralement pas besoin, entre la robustesse de leur constitution d’éveillés et le pouvoir de résurrection conféré par leurs divins Seigneurs et Maîtres –, et il doutait qu’il s’agisse d’un problème médical ordinaire. Quant à savoir de quoi souffrait précisément l’américain… quelqu’un avait-il réussi à s’introduire dans le Château sans être remarqué et à attaquer leur coreligionnaire ? Xing Huo préférerait largement que ce soit le cas, car autrement il ne voyait qu’une seule – et horrible – possibilité.

Andréa lui avait fait part de ses soupçons quant à l’existence d’un phénomène de rejet affectant certaines Étoiles Maléfiques, une hypothèse qui expliquerait la disparition mystérieuse de plusieurs de leurs camarades. Sauf que nul n’avait jamais été témoin du phénomène et qu’il n’y avait donc aucune preuve pour venir étayer les arguments de la polonaise… jusqu’à présent, du moins.

« Le Seigneur Thanatos ; je ne vois que Lui. » répondit finalement la Liche. L’ancêtre grimaça mais se rendit à l’évidence… et ce fut à ce moment qu’il remarqua que la musique avait repris, alors même que les doigts d’Ephemer avaient cessé d’entrer en contact avec les touches du piano. Une musique qui résonnait directement dans leur tête, tandis que le corps et le cosmos de leur camarade subissaient une rapide métamorphose, laquelle ne s’acheva que lorsqu’il rendit son dernier soupir.

« Trop tard. » marmonna Xing Huo, qui s’était éloigné du corps dans la précipitation, craignant d’être affecté à son tour. Un silence de plomb était retombé sur la pièce. Le sang versé par le Papillon avait disparu et son énergie s’était éteinte, ne laissant aucune trace des affres de son trépas ; on aurait pu le croire simplement endormi s’il n’avait été si parfaitement, si totalement immobile.

Puis une nouvelle aura vint emplir cette coquille vide, qui se remit soudain à bouger. Le cadavre transformé revint à la vie, mais les deux Spectres eurent la certitude qu’il ne s’agissait pas du processus de résurrection habituel de leur ordre. Leurs incertitudes se dissipèrent cependant avant même que l’Être qui avait pris la place de leur camarade ne prenne la parole, car du plus profond de leur âme, leurs Étoiles Maléfiques leur enjoignaient de mettre le genou à terre.

« Bienvenue, Votre Seigneurie. Nous attendions impatiemment Votre retour. » fit Andréa en se prosternant devant la divinité, pendant que Kochtcheï offrait mentalement ses propres salutations. Xing Huo imita sa consœur mais fut un tout petit peu trop lent à baisser la tête et nota distraitement qu’avec sa peau grise et ses stigmates, le Dieu du Sommeil réussissait l’exploit de ressembler davantage à un déterré que Son jumeau le Faucheur. « Nous sommes prêts à accomplir Votre divine volonté. Souhaitez-Vous que nous informions le Seigneur Thanatos de Votre arrivée ? »

Un léger se pose sur les lèvres du divin tandis qu'il passe aux côtés des deux silhouettes agenouillées, d'un signe leur autorisant à se redresser. Approchant d'un fauteuil, le Sommeil s'y installe, passant un instant la main dans sa chevelure sombre, ses yeux d'ambre observant un instant les décorations. L'endroit change, à travers les âges. Et pourtant, il continue. Continue d'être le même endroit. Cette porte dissimulée vers le monde des Enfers. Croisant doucement les jambes, ses mains viennent se joindre contre son genou, alors qu'il observe d'un regard – une légère malice s'animant en son sein – le duo. « J'apprécierai qu'il soit en effet rapidement mis au courant de mon retour. Lui et moi, si ses occupations nouvelles lui permettent du temps pour recevoir son cher frère, avons beaucoup de choses à nous dire. »

Observé. Il avait eu le temps de le faire. Que ce soit l'évolution de cette société – déjà fort entamée lors de la dernière Guerre Sainte – et différents aspects de celle-ci. Exister à travers le Sommeil de tous, cela restait le meilleur atout qui pouvait garantir sa sécurité et sa capacité à rester au courant. Du moins, jusqu'à une certaine limite. Les dernières semaines de son hôte l'ont – malheureusement, mais cela restait essentiel au bon déroulement de son incarnation – quelque peu éloigné de certaines affaires.
Certes, cela possède quelques désavantages. Ainsi, son essence sera à jamais marqué par les actes de l'humanité envers son existence, poussant son hôte à en obtenir les scarifications. Un spectacle qu'il aurait préféré ne pas avoir à vivre lui-même. Enfin, même s'il pouvait observer … ses propres occupations – la conservation d'une certaine cohésion entre les fragments de lui-même à travers son influence divine – ne lui permettait pas de faire entendre, connaître, sa présence.

Peut-être que cela aurait pu être plus rapide s'il avait pu faire comprendre à Thanatos sa présence à l'intérieur de cette chrysalide.

Un regard, vers un papillon spectral. « Qu'on apporte du thé. Quant aux autres … retournez à vos ordres initiaux. » Et ainsi l'ordre résonne, chaque papillons disparaissant après avoir virevolté quelques secondes. Seul, finalement, restait le papillon qui avait pris place sur son épaule. Différent de ces semblables. Le Surplis de l'Étoile de la Féerie lui-même vient à s'effacer, retournant se reposer dans son sanctuaire, en attendant de retrouver un porteur. « Andréa de la Liche … et Xing Huo du Cyclope. » Un regard, vers ces deux personnages. Un duo particulier. Mais efficace. Du moins de son observation lointaine. Fronçant un instant les sourcils, son regard perce un instant les yeux d'Andréa. Un court instant. Difficile de dire qu'il est suffisant pour percevoir cet intérêt un peu plus prononcé. Restant silencieux par rapport à cette seconde âme – ne sachant finalement pas si la demoiselle en avait parlé à son partenaire préféré.

« Outre ce que j'ai pu observé aux travers des yeux de votre partenaire, je ne connais finalement que peu les dernières nouvelles. Ni vous, finalement. » Observant à nouveau l'environnement, il invite ensuite d'un main ses interlocuteurs à prendre place sur le canapé. « Oblivion, de la Mante Religieuse. Wolgorn du Bourreau. Rogos du Dullahan et Drow du Béhémoth. Je ne ressens la présence d'aucun de ces Spectres. Êtes vous actuellement les seuls Spectres en faction au Palais ? » Tournant son regard vers la porte alors qu'une main vient à toquer contre le bois. Une autorisation lancée. Une porte qui s'ouvre sur un Squelette portant de quoi servir du thé. Les feuilles infusant d'ailleurs encore alors qu'il pose, un peu tremblant, le plateau. Observant simplement les mouvements, il quitte des yeux cela, avant de regarder la Liche et le Cyclope. « Je compte rapidement intégrer la dynamique entamée par mon frère, ainsi que prendre place dans le paysage de cette société actuelle. » Caressant un instant sa lèvre inférieure, semblant réfléchir un instant …

Une position. Un moyen d'agir.

Entendant le thé être servi, d'un hochement de tête, le divin remercie le Squelette avant de l'autoriser à retourner à ses autres activités. Se penchant pour attraper un morceau de sucre, il vient le faire glisser dans l'eau parfumée. « J'espère donc pouvoir rencontrer en personne ces différents visages qui composent notre armée. » Tournant la cuillère dans son thé, le Sommeil prend alors une gorgée.

Les deux Spectres s’exécutèrent lorsque le Dieu leur enjoignit de se relever, passant avec fluidité de la posture de soumission au garde-à-vous.

« Tout de suite, Monseigneur. » fit le philippin quand le Sommeil accepta la suggestion de Ses subordonnés. Une légère impulsion cosmique, et l’un des papillons infernaux se détacha de l’essaim de ses congénères pour se poser sur le revers de la main du vieillard, puis s’évanouit dans l’éther un instant plus tard, chargé d’un message à l’attention de la Mort.

Le duo fit de son mieux pour imiter une paire de statues tandis qu’Hypnos prenait Ses aises et ordonnait qu’on Lui apporte de quoi Se désaltérer. Ils furent soulagés d’apprendre – malgré un certain malaise – que leur supérieur avait conservé les souvenirs du mortel dont l’enveloppe charnelle Lui avait permis de Se réincarner, ce qui leur ferait gagner du temps et leur éviterait d’avoir à revenir sur les épisodes les moins glorieux de ces dernières années. Toutefois, cela ne les dispensait pas pour autant de devoir briefer le fils de Nyx au sujet des événements les plus récents.

« Nous sommes actuellement les seuls Spectres postés au quartier général. » confirma le Cyclope en prenant place sur le canapé que leur désignait le Dieu, la Liche en faisant de même à ses côtés avant de prendre le relais : « Mais avant d’être rappelés ici par Votre réveil, nous étions à la Demeure du Jugement, en train d’enquêter sur une anomalie que les Squelettes ont porté à notre connaissance. Nous n’avons encore aucune certitude, cependant il semblerait que pour la troisième fois ces deux dernières années quelque chose soit en train d’interférer avec notre collecte des âmes des défunts. Croyez bien que nous sommes navrés de devoir troubler le jour de Votre retour avec une telle nouvelle. »

Que n’auraient-ils pas donné pour que le proverbe « jamais deux sans trois » ne se vérifie pas en ces circonstances… Et il s’agissait très probablement de l’acte d’une divinité, une fois de plus ; après tout les entités capables de spolier les Enfers de leur dû n’étaient guère légion. Ceci dit, maintenant que l’Au-delà n’avait plus un mais deux Dieux à sa tête, le voleur allait regretter sa décision.

« Nous nous occuperons de Vous préparer une identité civile dans les meilleurs délais ; avez-Vous une préférence ? » demanda Xing Huo, qui dut se faire violence pour éloigner momentanément ses pensées de l’outrage qui leur avait été fait pour se concentrer sur les souhaits émis par Hypnos, dont la transformation physique ainsi que le statut signifiaient que la couverture employée par Ephemer était désormais obsolète.

La conversation se reporta alors sur les autres membres de l’armée infernale, un sujet pour lequel Andréa était la mieux placée pour faire un rapport à leur auguste interlocuteur. Elle focalisa ses sens vers l’intérieur de son être, vers la source de son pouvoir, et de là en direction de ses camarades éparpillés de par le monde, en suivant les liens ésotériques qui reliaient les Étoiles Maléfiques les unes aux autres.

« Le Béhémoth et le Dullahan sont ensemble et se trouvent actuellement à Beijing. » annonça-t-elle, effleurant mentalement l’empreinte de ses coreligionnaires sur le plan spirituel ; si Sa Seigneurie en donnait l’ordre, elle n’aurait besoin que d’un coup de griffe pour déchirer l’espace-temps, abolir la distance qui la séparait d’eux et les mettre ainsi en présence du divin.

Wolgorn et Oblivion, quant à eux, se situaient plus près et pourtant paradoxalement plus loin : en effet, même si elle pouvait les localiser, la jeune fille tiqua en ressentant qu’il lui serait impossible de les rejoindre à l’aide d’une brèche dimensionnelle. Pas surprenant dans le cas de l’Exécuteur, qui avait était parti de Tel-Aviv pour rejoindre l'Etna et qui, à en croire l’Apkallu local, s’était lancé dans une périlleuse quête de puissance – ce qui expliquerait les éruptions intermittentes de son cosmos. Pour la cadette des forces d’outre-tombe, par contre, c’était plus étonnant : aucun obstacle surnaturel assez résistant pour s’opposer aux capacités de la Liche n’était censé se trouver à son emplacement. Elle ne semblait cependant pas être en danger, à en juger par l’absence de fluctuations importantes de son aura.

« Le Bourreau est en Sicile ; je ne peux pas l’atteindre mais si les rapports reçus de Tel-Aviv et de Catane sont exacts, il doit être occupé à devenir plus fort afin de pouvoir mieux Vous servir. La Mante est au Royaume-Uni, et il faudra qu’elle m’explique comment elle s’est retrouvée dans un endroit vers lequel je ne peux pas ouvrir de portail. »

Une note de frustration était apparue dans sa voix, et son collègue Terrestre haussa les sourcils en réalisant à son tour ce qu’impliquaient ses paroles.


HRP : utilisation du don "Wędrująca Dusza" d'Andréa.

Spoiler:

Profitant des arômes du thé préparé avec soin, le Sommeil ouvre un œil aux mots de la Liche. La nouvelle est troublante, certes, bien qu'elle ne vient déranger outre mesure la neutralité de ses traits. Buvant une gorgée avant de poser sa tasse, le divin pose négligemment un coude contre le fauteuil, venant jouer avec l'une de ses mèches, semblant observer la peinture qui lui fait face. Les rouages de son esprit s'activant, l'homme laisse un silence s'imposer lors de sa réflexion. Qu'il fini par briser. « Hm … Depuis de nombreuses ères, la Sagesse et le Seigneur d'Asgard sont alliés. Odin, plus que le Maître d'Asgard est, dans le Panthéon Nordique, un dieu affilié à la Mort, à la Guerre. Ainsi qu'un penseur et un stratège né … » Un sourire s'affiche sur ses lèvres. Un rictus malicieux. « Doublé d'un esprit exceptionnellement rusé, seulement surpassé par Loki – et encore. Bref. Entre lui et les différents mondes supportés par les branches et les racines d'Yggdrasil … » Une réflexion. Qui s'arrête. Observant le duo, il hoche doucement la tête.

« Le plus rapidement possible, je souhaite connaître les relations qui existent entre ces âmes. Inutile de détailler l'historique … Un rapide examen pour connaître des points en communs, en terme de temps, ou de lieux … Cela nous permettra d'avoir une quelconque idée sur le phénomène. » Parfois un détail quelconque pourrait offrir des indices. Même si rechercher ce genre de détails pouvait paraître frustrant, il ne souhaitait pas accuser un panthéon aussi vivement. Mais les recherches suffiront-elles ?
La réalité est la suivante : les panthéons encore actifs commencent à se faire rare, même si asseoir l'autorité spirituelle de l'unique aréopage grec reste un exercice délicat, surtout en cette période. Mais chaque époque possède ses difficultés : combien de la Mort possédait de visages durant l'ère mythologique ? Trop pour les compter.

Appuyant sa joue sur son poing, il quitte des yeux les Spectres, observant de nouveau le paysage peint sur la toile qui lui fait face. « Ensuite, des Spectres seront envoyés en Asgard, pour vérification en premier lieu. Évitons tout conflit à l'heure actuelle. Il serait même intéressant de savoir si les différents sanctuaires où reposent les âmes nordiques font face aussi à cette … pénurie. S'ils sont coupables de ce stratagème, ou victime de celui-ci … voilà ce que nous voulons savoir. » Une enquête à mener, donc. Importante. Essentielle. « Concernant cette mission, je pense que votre expérience est parfaite pour. Bien qu'emmener avec vous le Béhémoth serait un bon moyen pour lui de faire ses armes diplomatiques auprès d'autres camps. »

Un camp potentiellement ennemi. Une tâche plus complexe qu'il n'y paraît. Mais là encore, ils auront le temps d'y penser. Déjà, Thanatos devra lui aussi être mis au courant. Une chose dont il se charge lui-même, alors qu'une impulsion cosmique fait apparaître un papillon spectral au creux de sa main. « Porte cette information à mon frère. » Puis, un petit sifflement. Qui vient porter les ailes de l'insecte du royaume des morts.

« Concernant Drow et Rogos, faites leur savoir qu'après quelques affaires, je les attendrais à Tel-Aviv. » Observant d'une oeillade les faits de la Liche, son regard se fronce un instant. « Sicile et Royaume-Unis. Hm … Et donc dois-je comprendre que pendant leur voyage à tous les deux, ils n'ont aucunement fait des rapports concernant leurs déplacements ? » Un silence. Pesant. Se redressant sur son fauteuil, le Sommeil se masse un instant l'arête de son nez. « Nous possédons déjà peu de Spectres. Ma réincarnation en a retiré un de l'équation. Dès leur retour ou de la reprise de contact avec eux, informez-moi dans les plus brefs délais. » À quoi sert cette toile tissée par les Papillons du monde des morts si les Spectres n'utilisent pas régulièrement celle-ci pour apporter de nouvelles informations ?
La force de Wolgorn est importante. Qu'il puisse avoir trouvé un moyen de la développer n'est guère inintéressant. Mais sur un échiquier, chaque mouvement compte. Et il doit être à la fois réfléchi et connu. On ne bouge pas un Cavalier sans savoir quoi en faire. Sans savoir où il se dirige.

Une règle qui s'applique aussi à la Mante-Religieuse. Mais si la Liche et le Cyclope confirment ses doutes, alors il semble que le tacite devra être confirmé.

Buvant une gorgée de thé, Hypnos se redresse ensuite, le papillon sur son épaule quittant celle-ci, virevoltant autour de lui. « Pour l'identité, soyons déjà certain que ce corps n'effraie pas la communauté mortelle. » Alors que ses mots résonnent, sa main passe lentement contre son visage. Remontant doucement, avant de se perdre dans ses cheveux. Ce gris cendré se transformant lentement, en un teint hâlé, plus chaleureux. Plus humain. Une peau qui a connu le soleil, naturellement. « L’Iran suffira comme lieu de naissance. Concernant mon nom … » Un léger sourire se pose contre ses lèvres. Un léger amusement. « Shervin Rezvani. Nous développerons les détails rapidement. » Il glisse doucement ses mains dans ses poches, la lueur d'or restant dans son regard, qu'il pose contre ses interlocuteurs.

« J'imagine que je vais reprendre les vieilles habitudes. » Une clarification semble même importante à formuler. « Avant la dernière Guerre Sainte et la tragédie qui s'y est déroulée, j'ai assimilé une partie de mon existence au milieu des mortels. Si mon frère est actuellement un marchant de mort, vous vous doutez de ce que je pouvais vendre. » Fermant un instant les yeux. S'approcher de l'être humain était une stratégie qui n'avait pas payée à cette époque. Fort heureusement, elle semble prompte à mieux fonctionner. Sans doute certains changements. Un marchant de sable, oui. À travers le sommeil chimique qu'apportent certaines substances. À travers les rêveries qu'apportent les paradis artificiels. Mais aussi le sommeil d'or. Celui qu'apporte l'argent bien investi.
Se dirigeant vers une fenêtre, il observe la vue sur les jardins du palais. « Avant de partir au combat, j'ai laissé un Squelette gérer l'intendance de ceci – et de ne pas s'impliquer plus que de raisons dans les conflits éveillés qui pourraient survenir durant une potentielle absence trop longue. Il semble que je peux reprendre ce qui m'appartient. Ephemer. »

Ephemer. Un nom qui résonne dans ce salon. Lentement, le papillon arrive jusqu'à lui.

« Trouve le. Fait lui savoir que je suis de retour. » Un battement d'ailes et voilà la créature disparue. Alors qu'il retourne jusqu'à son fauteuil, s'y laissant tomber. « Nous verrons ce qu'en pense mon frère. À l'heure actuelle, il est celui qui a imposé cette excellente dynamique sur notre influence à travers le monde mortel. » Une gorgée de thé. Il serait déraisonnable de ne pas apporter un soutien autre, si ce frère funeste le souhaite. Bien qu'il possède un intérêt particulier à garder cette activité. Après tout, le Sommeil est son domaine et ceux qui y sombrent viennent alimenter la matrice. Mais là encore, il fallait attendre. Sa venue.

« En parlant de famille … » Les jambes se croisent. Puis, un sourire se pose sur ses lèvres. Ses yeux se posent sur le Philippin. Une lueur malicieuse qui vient animer ses iris. « Ma chère sœur vous a fait subir quelques misères, de ce que j'ai pu comprendre. » Il bascule un instant la tête en arrière, semblant chercher dans sa mémoire. « Fouteuse de merde, ce sont bien vos mots, n'est-ce pas ? » Un petit mouvement pour à nouveau l'observer. La malice s'efface alors de son regard. « Je ne vais pas vous punir pour ceux-ci. La Discorde est ce qu'elle est … et considérons que vous vous êtes seulement confié à un professionnel de santé. Malgré tout … » Observant la surface de son thé entamé, ses sourcils se froncent un instant.

« Je souhaite savoir quelles ont été ses actions lors de sa dernière venue. Mon hôte n'a malheureusement pas pu être continuellement présent. »

La Liche et le Cyclope écoutèrent Hypnos leur faire part de Ses réflexions au sujet d’une possible implication des nordiques dans leur dernier problème en date. Il y avait peu de chances qu’Odin soit derrière un tel stratagème et encore moins à l’instigation du Sanctuaire, cela ne ressemblait pas à leur mode opératoire habituel ; le Dieu ne semblait guère y croire non plus, mais Il avait raison de ne négliger aucune piste et de chercher à savoir si les Neufs Royaumes étaient également affectés par le phénomène. Et si c’était bel et bien le cas alors qui sait, peut-être que le fait d’être confrontés à un ennemi commun rendrait les Ases mieux disposés à l’égard des Spectres – pas au point de conclure une alliance, il ne fallait pas rêver, mais parvenir à les convaincre de rester neutres serait déjà une victoire en soi.

« Ne met pas la charrue avant les bœufs. » avertit Kochtcheï, ramenant la jeune fille au présent. Effectivement, elle allait un peu vite en besogne.

« Je connais l’un des Guerriers Divins, même si nous ne nous sommes plus croisés depuis un moment. Cela devrait faciliter les choses. » déclara Andréa.

Xing Huo, qui ne voulait pas être en reste, rapporta à la divinité les premiers éléments de réponse qu’ils avaient eu le temps de glaner lors de leur visite au Tribunal de l’Inframonde : « Les âmes manquantes viennent de partout dans le monde, Monseigneur, mais elles sont toutes décédées très récemment. Nous pensons qu’elles sont interceptées durant leur transit vers l’Au-delà, et non arrachées à nos Prisons. »

Il ne manquerait plus que ça ! Ce serait une humiliation du même ordre que celle que les Enfers avaient subie par la faute du panthéon hindou. C’était hélas tout ce que le vieillard pouvait dire pour le moment, et il faudrait sans doute du temps aux Squelettes pour éplucher manuellement les registres à la recherche d’autres points communs. Quel dommage que le traitement des dossiers ne soit pas informatisé, se dit-il en repensant à toutes ces fois où le personnel travaillant dans le monde des vivants lui avait livré les informations qu’il demandait avec une rapidité qui tenait presque de la sorcellerie.

La polonaise acquiesça et envoya un nouveau papillon messager transmettre au Béhémoth et au Dullahan les instructions du frère de Thanatos, puis tenta de défendre ses deux autres collègues… enfin, surtout le Bourreau, car elle n’avait aucune excuse à donner dans le cas d’Oblivion et ce n’étaient pas ses beaux yeux qui allaient la convaincre de mentir à son Dieu. Entourée à son tour d’un véritable ballet d’insectes volants, elle passait en revue les communications échangées ces derniers jours afin de ne rien omettre dans son rapport.

« Wolgorn est resté en contact avec nos subordonnés jusqu’à son arrivée en Sicile, et leur a fait part de son intention de se rendre dans les entrailles de l’Etna. Quant à Oblivion, et bien, Vous – ou plutôt Ephemer – êtes le dernier à l’avoir vue. Elle n’a plus donné de nouvelles depuis son départ de Los Angeles. Bien entendu, nous Vous préviendrons dès qu’ils auront donné signe de vie. »

Le duo nota scrupuleusement les détails de l’identité factice que le Sommeil utiliserait afin d’intégrer Sa personne à la société humaine, alors même que s’opérait une seconde métamorphose – moins spectaculaire que la première. Tout comme Son frère, Hypnos S’était de toute évidence préparé de longue date à faire usage d’un tel subterfuge, et le rôle qu’Il avait choisi – s’ils avaient bien compris ce que sous-entendait leur supérieur – complétait à merveille celui du Faucheur. Grâce à Eux, les Enfers disposeraient à la fois d’une influence et d’un réseau d’informateurs sans précédent dans l’histoire de leur faction.

Ils furent toutefois surpris d’entendre le nom par lequel l’immortel S’adressa à cette Fée à la coloration unique qui n’avait pas quitté Son épaule depuis Sa réincarnation. Ainsi donc, voilà ce qui était advenu de leur camarade… ils ne savaient pas trop qu’en penser, mais l’éclaircissement de ce mystère-ci leur enlevait déjà un poids des épaules. Ils auraient eu du mal – surtout Xing Huo – à trouver la bonne façon de L’interroger à ce sujet.

Et en parlant de conversations inconfortables, voilà qu’Hypnos ré-évoquait la dernière visite d’Éris. Le Cyclope manqua de s’étrangler, lui qui ne s’était pas attendu à ce que ces mots parviennent aux oreilles du frère de la nuisance en question. Certes, les Spectres n’avaient jamais fait mystère de leur opinion de la Discorde, même en présence de Thanatos, mais cela ne voulait pas pour autant dire qu’ils étaient assez fous pour employer ce genre de vocabulaire là où Il pouvait l’entendre.

« Oui, c’est ce que j’ai dit, je l’assume. » fit le philippin, sans rejeter la faute. « La dernière fois qu’elle est venue ici, c’était pour annoncer au Seigneur Thanatos qu’elle avait reconstitué un ancien ordre d’éveillés censé protéger tous les enfants de Nyx, dont elle a d’ailleurs amené un représentant à notre porte... »

Ce qui, même si Galahad s’était révélé être quelqu’un de parfaitement plaisant, restait tout de même sacrément culotté. Qu’importent les réelles intentions de la Déesse, pour les Étoiles Maléfiques, une telle action revenait à laisser entendre qu’ils n’étaient pas à la hauteur en tant que serviteurs du Faucheur et que ces « Ombres » étaient là pour les remplacer.

« Comme si ça ne suffisait pas, elle a invoqué l’âme de Gareth des Gémeaux – avec la permission de Sa Seigneurie – pour en apprendre davantage sur Eurydice… et lui a promis qu’en échange de ces informations, elle fournirait au Sanctuaire un nouveau moyen de sceller les Spectres en remplacement du Rosaire de la Vierge. Alors toutes mes excuses, mais Vous comprendrez qu’on soit un tantinet énervés. » acheva-t-il en faisant de son mieux pour garder le contrôle de ses nerfs – avec succès, l’accoudoir du canapé ne fit que protester sous sa poigne au lieu de finir broyé !

D’accord, Andréa avait déjà calmé son collègue ce jour-là en énumérant différentes façons dont Éris pourrait techniquement remplir sa part du marché sans pour autant nuire à l’Au-delà, mais cela n’avait pas suffi à dissiper entièrement son ressentiment. Et puis la Discorde n’avait-elle pas elle-même dit qu’elle était pour « l’équilibre des forces » ? Dans l’esprit du Cyclope, cela signifiait qu’elle comptait peser sur les deux plateaux de la balance de façon à ce que ni le Sanctuaire, ni les Enfers ne puissent jamais vraiment remporter la victoire, prolongeant ainsi leur conflit – et tous les autres conflits inutiles sur cette foutue planète – pour les siècles des siècles, tout ça pour son plaisir pervers.

« Cela nous sera d'une grande utilité. Une connaissance, même lointaine, est un avantage que nous ne pouvons nous permettre de négliger. » Avantage. Le mot était lancé avec une légère hésitation. De là à dire que c'était un avantage, c'était une bien trop grande prévision. Malgré tout, il fallait parfois se permettre de parier sur ce genre de détails. Immortels ou non, chaque joueurs de cet échiquier fini par parier certains mouvements, au prix parfois de quelques sacrifices. Des paris réfléchis. Risqués. Car s'approcher des éternels alliés d'Athéna n'est guère la plus simple des manœuvres.
Mais sans mouvement, aucun rêve de victoire – ou de moins, dans ce cas présent, de compréhension et d'analyse de la situation – ne peut être réalisé. Ainsi les Enfers n'ont guère d'autre choix que de vérifier cette hypothèse. Après tout, la Mort est commune à tous.

Et c'est ce qui rend ce problème épineux. Un problème minutieusement préparé alors que le Sommeil apprend que les âmes sont récupérées avant une quelconque arrivée au Royaume des Enfers. « Un mouvement malin. » Un silence, alors que le dieu félicite cette entité, sans pour autant montrer une quelconque once d'admiration. Non. C'est un simple constat. Un fait qui leur complique d'ailleurs la tâche. « Il est bien plus simple d'utiliser une pièce truquée plutôt que de tenter une quelconque prestidigitation qui pourrait être observée. L'entité qui puise dans les âmes destinées au Royaume des Enfers préfère jouer avec les flux qui guident les âmes, plutôt que d'arracher l'âme aux Enfers. » Attrapant la théière, le divin se sert une nouvelle tasse, reprenant tranquillement. « Un pickpocket prudent est bien plus certain de sa sécurité qu'un voleur à la sauvette. Mais manipuler de telles forces n'est pas sans conséquence tout de même. Il faut trouver les indices laissés par l'entité, remonter jusqu'à elle. Des fils de soie. Qu'une araignée se permet de tisser. »

Un sourire. Un certain frisson parcours alors la pièce. Tandis qu'il observe la surface de son thé. Presque tranquille. Malgré tout, l'ambiance est bien plus pesante. Après tout, s'attaquer aux âmes signifie s'attaquer à l'équilibre des forces. Le jour et la nuit. La vie et la mort. Le sommeil est souvent le lien entre ces concepts. Domaine d'équilibre, reflet de la création.
Une gorgée. Hypnos laisse le silence s'installer. Ce silence, finalement, est suffisant pour comprendre l'objectif finale de cette enquête. Le voleur se doit d'être arrêté. Mais la justice qui lui sera rendue sera celle qui consiste à le rendre incapable de réitérer un tel acte.

Savez vous comment tuer un dieu, Spectres ?
Il existe peu de moyens. Et finalement, certains aimeraient croire que cela n'est qu'un cauchemar qui finira par s'estomper.
Mais … si un dieu est bien derrière tout ça et que les nordiques ne sont pas coupables de cela. Alors il n'est qu'un reflet d'une divinité. Qui ne mérite plus son culte. Qui ne mérite plus sa foi.
L'Oubli. Voilà un moyen de détruire une divinité.

Observant ensuite Andréa, tout en s'abreuvant d'une nouvelle gorgée, le divin écoute tranquillement son rapport, avant de hocher doucement la tête. « En effet. Oblivion et le Spectre du Papillon se sont rencontrés à Tel-Aviv, avant de collaborer sur un projet concernant la Mante-Religieuse. » Un silence, alors qu'une malice vient se poser contre son regard. « D'une certaine façon, un moyen d'augmenter sa propre force, là aussi. Je vous passerai les détails, mais ils ont fait la rencontre d'une Éveillée, utile à cette expérience. » Caressant sa joue d'un doigt, le divin s'arrête un instant. « Ensuite … eh bien, ils se sont séparés, sans que je ne sache où elle se dirigeait. Concernant Wolgorn … » Basculant sa tête en arrière. « L'Etna est à la fois une Prison et le Sanctuaire d'une divinité. La Prison est celle de Typhon. Tandis que le Sanctuaire appartient à Héphaïstos. Qu'importe ce qu'il recherche dans les entrailles de cette terre. Il devra faire preuve de prudence s'il ne veut pas revivre les tourments de l'autre monde. » Car Typhon est dangereux. Et la Forge d'Héphaïstos n'est pas un endroit dans lequel on entre facilement.

Puis, enfin … vient la réponse à son ultime question. La présence de la Discorde entre les murs de ce palais. Le conflit silencieux qui l'oppose aux Spectres. Observant le Cyclope – qui assume parfaitement ses mots –, le Sommeil écoute d'une oreille attentive. Le retour des Ombres … la prétention qu'ils protégeront les Enfants de Nyx, laissant alors sous-entendre dans l'esprit des Spectres une utilité limitée … et enfin … cet accord avec l'âme d'un Saint.
Un froid vient traverser en un instant la pièce. Caressant l'échine des deux Spectres, jusqu'au plus profond de leurs Étoiles. Ce froid que chaque corps ressent, à l'appel du Sommeil. Ce froid qui engourdi. Une gorgée de thé. Un silence. Long. Bien trop long peut-être. Mais un silence qui fini par se briser, alors que le frère de Thanatos s'enfonce dans son fauteuil. Alors qu'il fixe le tableau qui lui fait face.

« Rassurez-vous … » Un silence, alors que son visage ne laisse paraître qu'une profonde neutralité. « Les Spectres, à jamais, fouleront le sol du monde des morts et des vivants. Eris semble oublier la vocation première des Enfers et son rôle dans l'équilibre des forces. » Les Spectres sont les fossoyeurs de ce monde. Des âmes élues par des Étoiles pour autant jouer un rôle de psychopompe que de gardien. « Ou alors ne l'a-t-elle pas oublié et compte se jouer autant de nous que d'Athéna. Qu'importe ses objectifs … je n'accepterai pas que ma sœur ne vienne déranger la bonne marche de votre rôle. »
Cette guerre éternelle n'a d'ailleurs que trop durer. Un conflit stérile entre Athéna et Hadès, qui n'aura fait qu'enfermer les Enfers dans une entropie dérangeante. Certes, l'univers est bien fait : lorsque les Étoiles ne sont pas présentes, une certaine attraction mène les âmes jusqu'aux abysses de ce monde. Malgré tout … Malgré tout … Tout comme la Nuit a besoin de la Lune et des Étoiles, les Spectres rendent cette mécanique bien plus fluide.

« Dois-je être mis au courant d'autre chose de cette ampleur … ? » Silence, à nouveau …
Alors que son regard, à l'ambre plus sombre, se tourne vers les deux Spectres.

Il était rassurant d’entendre le Dieu réaffirmer l’utilité de Ses subordonnés. Ces derniers en avaient bien besoin, après le coup au moral qu’ils avaient subi en apprenant que quelqu’un ou quelque chose empiétait une fois de plus sur leurs plates-bandes et qu’ils n’avaient pas réussi à l’en empêcher. Puisque le préventif avait échoué, ils allaient mettre les bouchées doubles sur le punitif ; quel que soit le responsable, il apprendrait à ses dépens ce qu’il en coûte de jouer au plus malin avec les Spectres. Ils ne prendraient pas cet opposant inconnu à la légère – car un tel acte n’était pas à la portée du premier venu ; leur adversaire avait manifestement de la ressource et, comme le faisait remarquer Hypnos, ne manquait pas non plus d’intelligence –, mais c’était leur réputation qui était en jeu !

« Si seulement nous pouvions savoir dans quel but ces âmes sont détournées… mais je suppose que nous ne le saurons qu’une fois que nous aurons trouvé le coupable. »

Le vieillard hocha la tête ; s’il n’avait pas besoin de connaître les raisons derrière l’outrage pour se motiver à la tâche, cette information pourrait néanmoins se révéler d’une précieuse utilité tactique – s’il s’agissait de nouveau de ramener à la vie un monstre venu du fond des âges comme avec Fenrir, il serait bon de le savoir à l’avance.

Et puisqu’il était question de monstres, voilà que le Sommeil spéculait sur ce que le Bourreau était allé chercher en Sicile. La deuxième possibilité était plus probable que la première : le russe était un geôlier des Enfers, et de la même façon que les Spectres ne s’amusaient pas à s’introduire dans le Tartare en quête d’entraînement extrême, il n’était pas assez fou pour aller se mesurer à une abomination primordiale que seule la toute-puissance de Zeus combinée à la ruse d’Athéna avait été capable de vaincre.

« Le rôle de Wolgorn est de s’assurer que tous les êtres emprisonnés par la volonté des Dieux restent enchaînés là où ils sont ; je ne pense pas que nous ayons à nous inquiéter du retour de Typhon. J’imagine qu’il a plutôt choisi de tenter sa chance avec Héphaïstos. » raisonna la Liche. À en juger par la façon dont les sens de la jeune fille continuaient de capter les flambées de son cosmos, le périple entrepris par l’Exécuteur n’avait rien d’une partie de plaisir.

Le duo fut content d’apprendre qu’Oblivion avait elle aussi trouvé un moyen d’acquérir davantage de puissance, et plus encore lorsque le Dieu déclara qu’Il n’avait pas l’intention de Se passer de leurs services ou de laisser Sa sœur faire tout ce qui lui plaisait. Enfin, Il leur demanda s’ils avaient quelque chose à ajouter à leur rapport. Ils pensaient Lui avoir déjà dit l’essentiel, mais…

« Je ne sais pas si c’est de la même ampleur, mais apparemment il se passe un truc pas net en Égypte, une sorte de tempête de sable pas très naturelle. Pas sûr que ce soit lié au vol d’âmes, mais la coïncidence est troublante. Ah, et il y a aussi cette fameuse mission qui a monopolisé Wolgorn, Oblivion et Rogos pendant tout ce temps ; le Seigneur Thanatos ne nous a pas encore dit ce que c’était et les autres ne sont pas non plus revenus pour nous en parler mais Vous par contre, Il Vous le dira sûrement. »

Les Étoiles Terrestres étaient naturellement curieuses de savoir ce qui avait bien pu retenir leurs collègues aussi longtemps mais le Faucheur était resté silencieux, et ils s’étaient dit que Sa Seigneurie devait avoir Ses raisons – limiter l’information afin d’éviter qu’Éris ne soit mise au courant au cours d’une de ses visites intempestives, par exemple. Toutefois, si Ephemer n’était pas assez haut gradé pour être dans la confidence, il n’en était évidemment pas de même pour le propre frère du Dieu de la Mort.

« Sacrifice, invocation … Liens animiques. Tant de raisons peuvent expliquer un tel phénomène. Sans doute celui-ci aura des conséquences avant même l'arrêt de cela. Nous devons donc être attentifs. Nos territoires, par exemple. Je souhaite que nos forces en place dirigent certains de leurs efforts à la surveillance de potentiels actes ésotériques particuliers. Si nous avons des contacts privilégiés dans ce domaine, que les Squelettes en place se renseignent auprès d'eux. » À une époque lointaine, il aurait ordonné de prendre contact avec les Pythies d'Apollon et les différents Oracles qui composaient le monde mythologique et antique …
Mais ce temps, s'il n'est pas totalement révolu, est loin. Un voile de poussière et de brume s'est lentement posé sur ces êtres d'exceptions. La faute à cette humanité qui s'est perdue, rompant des liens de symbiose essentiels entre les divinités, leurs représentants et les simples mortels.

L'Âge d'Or est loin. Les Rêves eux-mêmes sont peu à peu corrompus par certaines créations humaines. Certaines pensées, pire que des parasites, viennent briser l'équilibre. Si l'évolution est une chose naturelle, elle ne doit en aucun cas briser l'une des faces de la pièce. Le Rêve mène à l'imagination, l'imagination à la pensée. La pensée à la découverte. La découverte à l'évolution. Même à l'époque antique, malgré l'omniprésence divine, l'humain avait sa part de libre arbitre et de conscience du sentier à parcourir pour rendre sa société meilleure.

Un équilibre qui se brise au fil des années.
Faisant naître une corruption à effacer.

« Bien entendu, que les Squelettes en faction aux Enfers soient maintenant en état d'alerte. Et même au-delà de nos territoires, essayons de garder un œil sur ce qui peut se produire. » Asgard, par exemple. Les terres du Nord seront visitées, cela ne fait aucun doute. « Concernant Wolgorn … Je lui souhaite bien du courage. Héphaïstos est l'une des divinités les plus ingénieuses que je connais. Profiter des services de son Sanctuaire n'est pas chose aisée. Et ses créations peuvent être terribles. » Un sourire. Léger. Alors qu'il boit une gorgée de thé, tandis que son esprit s'intéresse maintenant aux autres éléments. Oui. Une mission particulière … « J'espère en effet pouvoir éclaircir ce point avec mon cher frère. » Caressant un instant sa lèvre inférieure, le divin ferme ses paupières. « Concernant cette tempête de sable, les coïncidences restent des pistes à aborder. Et je vais vous apprendre une chose, avec les phénomènes ésotériques ou inexpliqués. Même s'ils ne sont pas toujours liés entre eux … »

Il termine sa tasse de thé, la posant.
S'enfonçant dans son fauteuil, il attrape une mèche de cheveux. Une attitude assez désinvolte, bien qu'un regard en pleine réflexion. « Il est essentiel de connaître l'origine de chacun d'entre eux. De l'âge mythologique à cette époque, une chose n'a guère changé. » Un regard, dans leur direction. « L'importance de l'information. Si Cronos avait su que Rhéa échangerait son dernier enfant par une pierre, les choses auraient été différentes. Un seul élément. Une seule information …Peut changer le cours de toute choses. » N'est-ce pas finalement le plus amusant en ce monde ?

Les désirs d’Hypnos étaient des ordres, et la polonaise s’empressa donc d’envoyer une nouvelle nuée d’insectes messagers relayer Ses directives. Qu’ils soient postés en Enfer ou dans le monde des vivants, les Squelettes auraient de toute façon redoublé de vigilance même sans ce rappel, mais cette injonction divine les pousserait à accomplir leur tâche avec le plus grand zèle. Il ne fallait pas s’attendre à des résultats miraculeux, car ces sous-fifres étaient principalement chargés de la besogne ingrate qui ne requérait pas une compréhension poussée des mystères de l’existence. Toutefois, cela ne voulait pas dire que l’Au-delà était totalement dépourvu de ressources en la matière.

« Si Vous voulez un avis d’expert, la meilleure option est sans doute de nous adresser à l’Apkallu qui vit à Tel-Aviv. Comment il s’appelle, déjà ? »

« Le professeur Hammadi. Ce n’est sans doute pas son vrai nom, mais ce n’est pas le plus important. »

« Voilà, c’est ça ! Et il saura peut-être aussi ce qu’il se passe avec cette histoire de tempête de sable. C’est pas loin de chez lui, après tout. »

Et en parlant de proximité géographique, Ubar aussi était dans le même coin – à deux ou trois mille kilomètres près, mais il n’allait pas chipoter. Se pourrait-il qu’Éris soit impliquée dans tout ce boxon ou s’agissait-il de quelque chose de différent, comme le suggérait le Sommeil ?

Le vieillard sentit sa consœur se crisper à ses côtés, ce qui attira immédiatement son attention : « Qu’est-ce qu’il y a ? Un problème ? »

« Oblivion vient de se déplacer. » annonça la Liche, qui fronça les sourcils en tentant d’interpréter les informations livrées par son pouvoir ; elle se servit des positions des autres Spectres comme points de référence pour déterminer l’emplacement du point d’arrivée de la Mante, calcula mentalement la distance parcourue… et aboutit à un résultat pour le moins curieux. « Elle a activé brièvement son cosmos, et un instant plus tard elle s’est retrouvée… en Égypte, si je ne m’abuse. Sauf qu’elle n’est pas passée par les Enfers. »

Effectivement, c’était bizarre : aux dernières nouvelles l’adolescente était incapable de téléportation, et si leurs Surplis leur permettaient de voyager d’un point A à un point Z sans avoir à passer par les autres lettres de l’alphabet, il leur fallait tout de même retourner momentanément dans l’Inframonde pour ce faire.

« Tu crois qu’elle a fait équipe avec un téléporteur ? » interrogea prudemment l’ancêtre.

« C’est possible, mais si c’est le cas alors ce n’est pas quelqu’un de chez nous ; il n’y a pas d’autre Étoile Maléfique avec elle. Il va falloir qu’elle nous explique son manège. » rétorqua sa collègue en se préparant à conjurer une énième Fée pour demander des comptes à la cadette de l’armée mort-vivante. Cette dernière devait cependant avoir anticipé la réaction de ses camarades, car un papillon se matérialisa avant que la Liche ne complète sa propre invocation et vint se poser sur le dos de sa main. Elle assimila silencieusement le rapport de l’insecte, puis dut visiblement lutter pour ne pas s’affaler dans le canapé.

« Bon, nous avons la confirmation que ce qu’il se passe en Égypte est lié à notre problème de fuite d’âmes. Oblivion ne dit rien sur les causes du phénomène, mais elle est sur place et demande que nous la laissions régler ça toute seule. Elle me demande également de voir si je ne peux pas empêcher des fuites supplémentaires de mon côté. » exposa-t-elle, agacée par la pénurie d’informations substantielles dans le contenu du message. Le Cyclope lui tapota amicalement le dos, puis passa une main dans sa barbe en réfléchissant à la suite.

« Pas besoin d’aller en Asgard, donc… quoique, peut-être que si, on sait jamais. Ils ont leur propre après-vie, non ? Ça peut toujours être intéressant de savoir s’ils ont les mêmes ennuis et de voir si on peut unir nos forces pour y faire obstacle le temps que la gamine y mette fin définitivement… En supposant que Vous soyez d’accord avec la requête de la Mante bien sûr, Votre Seigneurie. »

Le duo ne se faisait guère de mouron concernant la capacité d’Oblivion à triompher d’une opposition éventuelle – elle était leur plus puissante combattante avec Wolgorn, après tout – et en tant qu’Étoile Céleste, elle avait tout à fait le droit d’ordonner à ses coreligionnaires Terrestres de la laisser agir seule. Mais Hypnos était plus haut gradé encore, et c’était Sa décision qui prévaudrait.

« Oh … Voilà un terme que je n'avais pas entendu depuis un certain temps … J'irai voir ce Professeur Hammadi. » Un silence tombe doucement, alors qu'un léger sourire nostalgique se dépose sur les lèvres du divin. La perception temporelle varie, bien entendu, entre mortels et divins. Mais à force de suivre la rage de vaincre de l'aîné des Olympiens, certaines choses s'étaient imposées d'elles mêmes. L'actuel silence de l'époux de Perséphone – ainsi que le sien, finalement – ne sont ainsi que des avantages à de meilleurs mouvements sur l'échiquier. Plus prudent. Plus réfléchis, peut-être. Loin de lui l'idée de penser que le Monarque Obscure est un imbécile. Mais son désir monomaniaque n'avait offert aucune victoire concrète.
Les dieux sont immortels. Mythologiques. Oui. Mais ces qualités ouvrent les portes à un défaut dangereux. L'apathie. Et les dernières Guerres Saintes n'étaient finalement qu'une succession de chapitres lus et relus. L'attente du retour d'Athéna. Pour que l'obscurité s'abatte sur le ciel du monde mortel.

Toujours les mêmes armes. Souvent les mêmes résultats. Il est temps que certaines choses changent. Tandis que d'autres, altérées par le cours du temps, retrouvent un semblant d'équilibre. Et pour cela, des décisions doivent être prises. La nouvelle toile, tissée par Thanatos, doit grandir. Même si pour cela l'improbable doit se réaliser.

Tournant son regard en direction d'Andréa, il observe cette dernière lorsqu'un phénomène semble survenir dans sa concentration. Silencieux, le Sommeil écoute l'échange entre les deux Étoiles. Ainsi, Oblivion avait été arraché d'un lieu à un autre … et sans passer par une des quelconques voies habituelles.
Le Sommeil écoute. Les mots d'Oblivion, portés par la voix d'Andréa. Alors qu'une légère vibration cosmique commence à résonner dans la pièce. Un froid. Glacial. Une douceur, toujours, sur ce visage. Mais pourtant, dans ses yeux plongés dans la peinture, cette même froideur qui vient leur caresser la nuque. « Je n'apprécie guère qu'en plus de nous voler des âmes, une quelconque entité joue avec l'un de nos Spectres. » Surtout Oblivion. Surtout cette demoiselle.

Après tout, n'avait-il pas un léger compte à régler avec elle ?

Un silence. De la part du Sommeil, alors que les derniers mots du Cyclope résonnent. « Osiris. Anubis. Sokaris. Nephtys. Voici quelques uns des dieux en lien avec les morts dans le Panthéon Égyptien. Gardez ces noms en tête, car si j'accepte la requête d'Oblivion, je veux savoir si une de ces quelconques divinités, ou un de leur dévot, s'en prend aux autres au-delàs. » Son regard se tourne alors vers les deux Spectres. « Andréa de la Liche, Xing Huo du Cyclope, dirigez-vous vers les terres d'Asgard. » Ouvrant alors sa main, une pièce sur laquelle est gravée un pavot apparaissant entre les mains d'Andréa. Elle y sentira un mince filet d'énergie, faisant de ce simple objet une signature. Que les Panthéons se reconnaissent entre eux ne serait finalement rien de bien surprenant. « Vous serez mes hérauts auprès d'eux. Faites le nécessaire pour connaître l'actuelle situation de leurs propres domaines des morts. Gardez à l'esprit qu'une des nôtres combat actuellement en Égypte et qu'il est important d'en savoir le plus possible. » Un silence.

« Peut-être vont-ils vous mentir, ou refuser toutes réponses. Peut-être iront-ils jusqu'à la bêtise de vouloir s'attaquer à vous. Si tel est le cas, revenez. Tant que la régulation des âmes de ce monde reste instable, tout conflit est à éviter. » La raison est simple. Ils doivent la comprendre. Même si les Étoiles se sont accrochées aux Spectres, un potentiel retour à la vie après un décès pourrait devenir difficile. Après tout, les Saints ont bien réussis, pendant des siècles, à enfermer les Étoiles Maléfiques. Qui sait ce que pourrait faire une entité affiliée à la Mort en plus de s'accaparer des âmes. Surtout si cette entité est liée à l'un des dieux funestes Égyptiens - ou en est finalement un.

La Mort est importante chez eux. Leur pouvoir dessus peut l'être tout autant, même à cette époque.

Se redressant alors, le divin approche de la peinture. Sa main glissant un instant devant celle-ci, la peinture semble s'écouler. Un passage, qui ne passe guère par les sentiers infernaux. Un chemin, ouvert par Hypnos, jusqu'en direction des terres froides du Grand Nord.

« Je m'occuperai moi-même des Enfers. Par contre, Andréa. Dès que cette histoire sera terminée … » Son regard se pose sur la Liche. « Je veux rencontrer la Mante-Religieuse. »

En espérant qu'elle se sorte de cette histoire.

Même si ce n’était pas vers eux qu’elle était dirigée, la simple expression du déplaisir du Dieu donna des sueurs froides aux deux Spectres. Mais dans le même temps, il était bizarrement réconfortant de voir que le Sommeil n’appréciait pas de savoir que quelqu’un ou quelque chose d’autre avait posé ses sales pattes sur l’un de Ses subordonnés.

« Je doute que l’entité qui a téléporté Oblivion soit la même que celle qui cherche à nous priver de notre dû. Un tel comportement n’aurait aucun sens, à moins que notre ennemi ne fasse preuve d’une arrogance monumentale. » remarqua prudemment la Liche, avant de réfléchir deux secondes, de se dire qu’elle avait peut-être parlé un peu vite et d’amender légèrement ses propos. « Ou plutôt d’une arrogance encore plus monumentale que celle qui le pousse à croire que nous voler n’aura aucune conséquence. Il est plus probable que cette seconde entité avec laquelle la Mante est entrée en contact soit opposée à celle qui détourne les âmes. »

Ce qui ne serait guère surprenant dans la mesure où le panthéon égyptien – comme le panthéon grec et à supposer que ce soit bien lui le responsable – était tout sauf monolithique et avait ses propres querelles intestines. Les infernaux espéraient toutefois que ce ne soit pas le cas car cela voudrait dire qu’il y aurait non pas une mais deux divinités égyptiennes à l’œuvre, dont une qui aurait pu étendre son influence au-delà de sa terre natale et jusqu’au Royaume-Uni, le tout sans qu’ils ne s’en s'en soient rendu compte jusqu'à aujourd'hui !

Peut-être qu’ils se faisaient des films et que la situation n’était pas aussi grave, cependant l’optimisme n’avait jamais été leur spécialité. Les Étoiles Terrestres écoutèrent ensuite Hypnos les charger officiellement de leur mission, réaffirmant implicitement et par la même occasion Sa confiance en leur collègue Céleste, puis Andréa reçut avec révérence la pièce portant Sa marque qui symboliserait leur statut d’ambassadeurs.

« Nous accomplirons Votre volonté, Seigneur, et nous Vous promettons de fuir la confrontation. » jura le Cyclope, quand bien même son Étoile désapprouvait la deuxième partie de ce serment. Quand donc aurait-il enfin l’opportunité de se battre ?! Il en viendrait presque à espérer qu’Oblivion ait besoin d’eux pour jouer le rôle de la cavalerie… Presque, car il n’avait rien contre la gamine scarifiée. Ce qui n’était apparemment pas le cas du frère de Thanatos, s’il interprétait correctement Ses paroles.

« Nous Vous l’amènerons si elle refuse de venir elle-même à Votre rencontre. » promit à son tour la polonaise.

« En attendant, pourquoi ne pas la contacter Vous-même ? Le message qu'elle nous a envoyé était très vague, mais elle Vous livrera sûrement une explication plus approfondie. » renchérit le vieillard.

Sur ce le duo, ayant reçu ses ordres, abandonna son canapé, s’inclina de nouveau devant le fils de Nyx et prit congé de Sa présence, direction Asgard. Ils auraient fort à faire…

« C'était prévu, en effet. Quand votre rencontre auprès d'Asgard sera terminée, envoyez-moi une Fée pour faire votre rapport et restez à l’affût de différents dégâts collatéraux qui pourraient subvenir durant cette affaire. » Léger silence, alors qu'il observe le duo quitter lentement les lieux. Comme il leur a dit, c'est lui qui s'occupera des Enfers. Du moins, de la protection du domaine par rapport au phénomène en Égypte. Laissez un seul membre de leur armée s'occuper de cela est … complexe. Mais une importante présence des Spectres pourrait se retourner contre les forces Infernales. Quand un dieu manipulant les âmes cherche à se réveiller, il est inutile de lui envoyer trop de potentielles cibles.
Une seule force infernale, puissante et efficace, est bien plus utile que de nombreux Spectres formant un flux animique trop visible. Du moins est-ce l'une des raisons l'ayant poussé à accepter les mots de la Rage, transmis par la Liche.

« Ah. Te voilà. » Seul dans la pièce ? Plus vraiment, car bientôt un doux battement d'ailes se fait entendre. Papillon aux couleurs féeriques qui vient se poser contre le dos de la main de son Seigneur. Des mots viennent dans son esprit, se mélanger à sa réalité. « Bien. Tu vas maintenant rejoindre Oblivion. » Un léger sourire se pose sur les lèvres du Sommeil, alors qu'il semble ressentir une certaine vibration à travers le reste d'âme qui habite ce papillon. « Oui. C'est bien cela. Transmet lui quelques mots de ma part. »

Un silence, à nouveau. Alors qu'il cherche les courtes phrases dont il serait porteur. Des mots qui viendraient alimenter une quelconque énergie chez la Mante-Religieuse. De quoi la motiver, autant que lui prévenir qu'elle est attendue, victorieuse – et qu'il n'y a pas d'autres raisons qu'il en soit autrement. Un silence, donc. Alors que le papillon s'est détaché de la main, voletant autour du dieu en attendant patiemment ce que la voix – intérieure ou non – du Sommeil aurait à dire. Puis, simplement, alors qu'il ouvre sa main, l'insecte coloré vient jusqu'à sa paume. Les mots s'inscrivent dans son être. Prononcé d'une voix que seules les âmes peuvent entendre.

« Ne me déçois pas, ma chère. Tu as carte blanche. N'oublie pas de ramener un souvenir. »

Puis, un sifflement. Qui vient porter les ailes du messager spectral. « Va, Ephemer. Puis revient à moi ensuite. » Porté par le son et le mouvement de l'air, la créature disparaît, ne laissant derrière lui qu'un léger son cristallin. De nouveau seul dans cette pièce, le divin passe sa main dans sa tignasse sombre. Les paupières closes, il prend un temps pour laisser un soupir traverser ses lèvres. Sa main glisse lentement sur le côté. Un claquement de doigt vient changer l'espace. De cette pièce, il se trouve maintenant en plein cœur des Enfers …
Des marques apparaissent alors lentement contre sa main, venant accompagner la musculature de ses bras, disparaissant ainsi sous les vêtements. Des marques qui reviennent contre son visage, un instant. Avant de se détacher de cette silhouette, à l'image d'une ombre, d'une volonté qui vient se glisser dans l'essence infernale. Première palpitation … Deuxième … Troisième … Sentir les Enfers comme un corps, entier. Sentir chaque âmes comme un organisme de cette existence.

Remonter chacun de ces organismes. Chaque sens de cet être qu'est le monde infernal. Écouter, encore, les battements. Sentir les picotements de son actions dans la chair de ce domaine. Lentement, créer une léthargie. Qui ne fige pas les Enfers. Mais qui vient entourer cet être. Sceau qui s'en prendra à toute chose qui chercherait à venir semer discorde ou larcin au royaume souterrain. Ce sera à cet instant que tout se figera, dans cette torpeur. Une torpeur qui engloutira un quelconque intrus. Qui fera résonner sa présence.

Une toile d'araignée. Prête à vibrer.

Un soupir traverse doucement les lèvres du Divin. Passant la main dans sa chevelure sombre, il ouvre les yeux observant depuis la lueur dorée de son regard chaque filament de sa toile. « Cela devrait suffire. » Glissant lentement ses mains dans ses poches, le Sommeil commence à avancer, s'éloignant tout en s'effaçant, lentement. Après tout, maintenant qu'il était de retour, son agenda allait de nouveau se remplir de différents rendez-vous.

Et certains sont à prendre, voire à effectuer, le plus tôt possible.

HRP a écrit:Voilà qui clôture ce RP, en retard, désolé. °°