Au moment où Wolgorn parvint à proximité de la source du courant d'air, une secousse impromptue le déstabilisa. La plaque tectonique sur laquelle se situait l'Etna émettait encore des séismes, rendant ainsi toute entreprise d'ascension fort périlleuse. Le Russe perdit donc sa prise sur la surface rocheuse du volcan et faillit dégringoler à toute vitesse, mais il se rattrapa prestement en utilisant sa puissance cosmique. Effectivement, il conjura depuis son ombre un gantelet de son Surplis, ce qui permit à ses doigts de s'enfoncer dans la paroi grâce à un assortiment de redoutables griffes métalliques. Désormais solidement accroché à la montagne, il ne lui restait plus qu'à reprendre sa périlleuse expédition. Dans la panique, le reste de sa protection ténébreuse recouvrit néanmoins le reste de son corps, révélant ainsi la véritable nature de l'Exécuteur. Ce dernier, conscient qu'il courait le risque de s'exposer aux yeux de témoins indiscrets, fut obligé de se déplacer dans la précipitation. Cette dangereuse éventualité à l'esprit, il crapahuta jusqu'à la faille où le vent d'altitude était aspiré. Histoire d'éviter de chuter une nouvelle fois, il fit en sorte d'encastrer vigoureusement sa poigne et ses pieds dans la surface d'escalade. A en juger par ce que laissait présumer son champ de vision, son ouïe et son sens du toucher, l'entrée des forges se situait au niveau d'un éboulis pour le moins suspect.
Quand Wolgorn atteignit enfin sa destination, il se dépêcha d'écarter énergiquement les gravats de son chemin. Soudain, il se heurta à une résistance inattendue et s'aperçut que, derrière l'amas de caillasse, un rocher immense lui barrait la route. Qu'importe, ce n'était pas ce genre d'obstacle puéril qui allait l'empêcher de s'emparer de la mythique Harpè ! Ni une ni deux, le Bourreau éventra de ses mains acérées l'indésirable bloc de pierre puis le fracassa d'un coup de poing viril. En récompense de ses efforts, une galerie sinueuse se dévoila alors à lui, telle une ouverture béante conduisant aux entrailles de la Terre. Un souffle brûlant se dégageait de ce qui paraissait être l'accès au domaine d'Héphaïstos, une chaleur qui évoquait les flammes des tréfonds infernaux. Cependant, cette crevasse n'émettait pas la même pression sinistre que le Royaume d'Hadès et était dénuée de son atmosphère macabre. Au lieu de cela, elle transpirait d'une ambiance furieuse de pure ébullition, comme si une puissance incommensurable et sauvage se tapissait dans la noirceur des abysses. L’Étoile Terrestre comprit immédiatement que cette issue, plongée dans une obscurité insondable, allait la mener au cœur de l'Etna et à son précieux objectif. Une goutte de sueur froide perla sur son visage mortifié, tant ce bond vers l'inconnu la submergeait d'angoisse et d'excitation.
Le masque de son heaume avait beau afficher l'expression cruelle et inflexible d'un démon, Wolgorn était appréhensif devant la perspective de se confronter à une divinité telle que le Boiteux. Celui-ci était capable de réduire en un instant le premier en cendres s'il le désirait, et nul ni personne ne serait là pour l'aider. Toutefois, le Russe était déterminé vaille que vaille à ramener l'épée légendaire afin d'accomplir sa mission sacrée de purification de l'humanité. Il ne pouvait guère abandonner maintenant, car il avait juré de préserver la planète bleue du Mal et de montrer à ses coreligionnaires l'exemple à suivre ! Il était dorénavant l'heure pour lui de s'aventurer dans les profondeurs du volcan et d'en ressortir impérativement victorieux. L'échec n'était plus une option à ce stade, surtout face aux défis qui attendaient l'armée spectrale depuis l'émergence de l'héritière de Gareth des Gémeaux. Si l'Exécuteur devait un jour quitter les Forges d'Héphaïstos, ce serait avec Harpè fièrement brandie en main, et non autrement ! Les souffrances et les épreuves qu'il aurait à traverser lui importaient peu, du moment qu'il arrivait à obtenir le sabre recourbé jadis manié par Persée. Il espérait également que ses mots parviendraient à convaincre le fils d'Héra du bien fondé de sa cause, ou au minimum à susciter chez lui une prudente confiance.