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Skärn décolla en direction de sa terre natale, se déplaçant dans les airs à très grandes vitesse, le trajet ne dura guère plus de quelques minutes. Et encore, Skärn n’était pas allé à sa vitesse maximale, très loin de là. Il appréciait de pouvoir admiré le paysage durant ses trajets, et de là où il était, il pouvait admirer de manière fugace la beauté des terres du nord. En contrebas, de temps à autres des lueurs étaient visible à travers les bois, signe que malgré tous les malheurs qui s’étaient abattu sur Nordheims ces derniers temps, les hommes du nord continuait à survivre à ces épreuves. De nombreux villages avaient disparu récemment, mais cela ne rendait la lueur des grands feux de joies traditionnel que plus vivace dans l’immensité. Très vite, les forêts et les étendues gelée d’Asgard firent place au décor de Niflheim. Le décor n’était plus du tout le même car tout n’était que marais recouvert de brume, entre coupé de steppe balayé par le vent. Niflheim était le plus pauvre des royaumes du nord, un lieu où les parias se rendaient pour échapper à la justice d’Asgard, une terre où il était facile de se perdre et où chaque lieu semblait maudit.

Skärn piqua soudainement vers le sol, à travers la brume. Il n’avait pas besoin de voir où il allait pour reconnaitre les lieux. Il se posa devant une grande bâtisse en ruine, un manoir qui autrefois avais été la demeure d’une grande et prestigieuse famille mais qui maintenant était soumis aux ravages du temps.

- Je sais que tes portails sont plus rapides, mais ils ont tendance à gâcher le plaisir d’admirer le paysage durant le voyage. Je te présente le manoir Krakir, c’est ici que je me pose quand le devoir le permet. Faits pas attention au désordre je ne fais que prendre quelques affaires dedans et ensuite on pourra s’occuper du rituel. En attendant, fais comme chez toi.

L’ameublement était spartiate, Skärn étant quelqu’un qui se contentait du minimum nécessaire. Un sac de couchage, un ou deux sièges et une table, une zone ou poser ses affaires et un âtre ou faire un feu, voilà en quoi consistait sa demeure. Le Traqueur s’était établit dans la pièce de vie principale et avait totalement délaissé les autres pièces du manoir. Celles-ci étaient néanmoins relativement entretenu, la poussière ne s’y accumulant pas, mais rien n’était fait concernant le mobilier en ruine, comme si Skärn mettait un point d’honneur à ne rien déranger. Pour le guerrier nordique, ce lieu lui ramenait des souvenirs, c’était ici qu’il avait appris à maitriser son Hamr avec ses 4 « frères ». Il savait que de temps à autre Edda repassait par ici pour apporter des vivre ou faire un brin de ménage. Cette dernière n’aimait pas l’idée que Skärn se morfonde seul en cet endroit chargé des fantômes de leur passé. Elle était d’ailleurs passé récemment car une bûche avait été mise dans l’âtre pour réchauffer la salle. Skärn s’approcha de la cheminé et prit un objet posé dessus, un poignard en ivoire de morse sur lequel était gravé des inscriptions runiques et dont le manche était sculptée en une tête de chien (en fait une tête de loup retravaillé). Skärn prit en plus une coupelle en métal et trois pierre gravé posé dans un coin de la pièce.

- Je crois que j’ai tout ce qu’il faut. Le rituel que nous allons mener consiste à nous lier par un rite de sang. En faisant cela, tu partageras temporairement, ma capacité à me rendre dans le monde des morts. Pour le rite lui-même, fait simplement ce que je te dis.

Skärn plaça les trois pierres sur le sol et les imprégna de son Hamr, activant leur pouvoir. Dès lors, une aura funeste envahit la pièce, une brise souffla semblant venir de nulle part, portant avec elle les voix défunte des précédents résidents de cette demeure ancestrale. Les trois runes brillèrent d’une lueur inquiante et semblèrent s’entourer d’une flamme bleue. Skärn posa alors la coupelle en fer sur les trois runes et récita un simple mot. Il prit le couteau en ivoire et s’entailla la paume main avant de tendre au-dessus de la coupelle et de laisser le sang s’égoutter sur la surface du récipient. Il tendit le couteau à Eurydice.

- Fais-en de même et ensuite nous devrons appliquer nos entailles l’une contre l’autre. Une fois cela fait, tu pourras bénéficier de ma capacité à voyager en Helheim jusqu’à ce que le lien se dissipe, on aura quelques heures devant nous.

En réalité, il suffirait qu’ils ingurgitent tout deux une partie de leur sang mélanger lors du rituel pour rendre ce lien plus permanent, mais Skärn ne le désirait pas car si cela leur permettrait de partager une partie de leur capacité, ils partageraient aussi bien plus que cela : pensées, blessures… ces liens étaient très contraignant

- Pour que ça marche, il faudra que tu penses aux raisons qui font que tu me fais confiance, pas besoin de les partager y penser suffit.

Pour Skärn, il faisait confiance à Eurydice car elle avait prouvé être une femme de parole et que de toute façon elle était trop fière pour s’abaisser à recourir à la trahison, un peu comme ses frères d’armes asgardien. Il croyait également en son engagement et en ce qu’elle était prête à sacrifier pour protéger l’humanité.

- Maintenant, ferme les yeux et laisse-toi guidé par mes paroles. Laisse tes sens s’étendre et ton esprit explorer ces terres. Tu perçois le monde des mortels. Un Helblindi perçoit aussi celui des morts. Comme la déesse Hel, moitié vivante moitié morte. Concentre ton esprit sur le froid glacial qui règne, la mort blanche hostile à toute vie. Perçois la violence et la peur qui exulte de ce monde, sur tes propres instincts qui te maintiennent en alerte et en vie. Laisse-toi guidé par la voix de Hel vers les profondeurs les plus sombres de ce monde, vers Hverglemir.

L’expérience n’aurait rien d’agréable, Eurydice allait expérimenter la sensation que ressentait une âme qui se retrouvait arrachée à la chaleur du monde des vivants pour plonger dans la sombre étreinte de celui des morts. Skärn ouvrit les yeux, son œil mort brûlant de la flamme bleue qui l’animait quand il regardait avec celui-ci. Lui et Eurydice étaient à présent sur les terres précédent le royaume de la déesse des morts, où plus précisément, leurs esprits y étaient transportés.

- Bienvenue dans le monde des morts Eurydice, puisse être ta seule visite avant longtemps.

Le monde dans lequel ils étaient à présent était un endroit de ténèbres et de glace, un lieu où régnait un froid surnaturel à faire frissonner le plus endurant des guerriers divins. Un endroit plongé en permanence dans une pénombre éliminant tout espoirs. Un reflet sombre et sinistres des terres de Nordheims, les forêts étaient remplis d’arbres morts et calcifié, incapable de fournir le moindre fruit mais pourtant habité par la vermine, des rocher à pertes de vue sur lesquels semblaient gravé les visages souffrant des damnés. Le sol était recouvert d’un épais manteau mêlant neige et cendre. Si des groupes d’âmes errantes étaient visibles, se dirigeant d’eux-mêmes en direction de sombres remparts aux dimensions cyclopéenne se tenant au loin, coincé entre des montagnes plus noires que le charbon et derrière lesquels d’imposants bâtiments se dressaient. Cet endroit était encore loin, et constituait les frontières du royaume dévolu aux morts, mais il était déjà visible. Un spectacle familier pour Skärn, c’était loin d’être la première fois qu’il se rendait en ce monde. Bien qu’il ne doutât pas que la Sainte mettrait peu de temps à s’y faire. Il put constater que le lien marchait au moment où elle ouvrit les yeux car ceux-ci brillaient de la même lueur que ceux de Skärn en ce monde, elle pouvait voir celui-ci avec ses yeux.

- Je fais régulièrement le voyage depuis ma première mort. Le couteau qu’on à utiliser pour le rituel à d’ailleurs servit à m’envoyer une deuxième fois ici contre mon gré. À présent, je peux le faire sur ma simple volonté. Par contre, la sensation est toujours aussi désagréable.

Skärn laissa Eurydice se faire à son nouvel environnement. Les lieux étaient désolés, et cette sensation était encore renforcé par rapport à l’accoutumé par un ciel chargé de nuages sombre et d’orages grondant au loin. Ce royaume était fortement impacté par la défaite de Hel face à Odin lors de la guerre des Fléaux, et la maitresse des lieux était encore en train de se remettre de ses blessures. Son emprise sur les terres de ce royaume était pour l’instant affaiblit et cela ne faisait que favoriser les tensions existantes.

Les deux éveillés étaient pour l’instant au Seuil de Hel, là où les âmes des morts faisaient leur route vers Helheim, un lieu où ceux qui avaient un lien avec les morts pouvaient encore s’aventurer sans tomber sous l’emprise de Hel. Derrières eux, des formations rocheuses balayé par les vents surnaturels de ce lieu s’élevaient. De petit groupes d’âmes en peine en émergeaient par les Helvergr, « les chemins de Hel », de long couloir creuser dans la roche, ressemblant aux entrées des dernières sépultures d’individus important enterré dans des tumuli. Autrefois, quand la foi nordique était encore forte en Manheim, des foules entières d’âmes sortaient de ces galeries pour rejoindre les enfers nordiques… aujourd’hui, seul de petit groupe, voir des âmes solitaires, en sortaient, signe de l’affaiblissement de l’emprise des dieux du nord sur le monde des mortels.

- Avant que nous partions, si cela t’intéresse, tu peux en ce lieux connaitre la manière dont ton maitre est mort. Le royaume des morts à cette particularité déprimante que, si tu pense à quelqu’un qui t’es cher, de te montrer sa mort. Un moyen de faire perdre tout espoir à ceux qui s’aventurent en ces lieux avec encore leur libre arbitre.

Skärn en avait lui-même fait l’expérience quelques fois, c’est pour cela qu’il prenait l’habitude en venant ici à se vider l’esprit. Une fois, il avait même vue sa propre mort, ces visions étaient imprécises, impossible de connaitre l’identité de celui qui avait tué, juste sa silhouette… il n’y avait pas de son non plus (encore que, le vent pouvait transmettre des fragments de phrase déformé). Si Eurydice pensait à son maitre, elle verrait le vent faire se soulever la neige et la cendre et la faire virevolter de manière à reformer la scène des derniers instants de son maitre.

La suite du parcours se fit dans un silence oppressant, seulement parfois rompu par le souffle du vent transportant les plaintes des morts. Même lorsque le pied du Traqueur cognait dans un casque fêlé n’arracha presque aucun bruit. Ils étaient dans un lieu où il n’y avait pas d’espoir, en un endroit abandonné des dieux. Skärn avait beau être habitué de cet endroit, cela restait un lieu déplaisant. Finalement, au bout d’un certain temps, ils arrivèrent en vue d’un fleuve large de plusieurs centaines de mètres aux eaux d’un vert sombre malaisant. Ce fleuve était traversé par un pont complètement fait d’or.

- Voici Gjoll, notre Styx à nous. Si on remonte son cours, on peut atteindre Hverglemir, la demeure de Nidhogg et son engeance. Leur poison imprègne ce fleuve et même les âmes des morts en ressentent la morsure. Le seul point de passage est Gjallarbru, le pont d’or.

Au milieu du pont se dressait une guerrière armée de pied en cap. Elle portait une armure fait d’un métal sombre et était coiffée d’un casque aux ailes de corbeaux. Elle transportait un bouclier dans son dos et avait une épée à la main. Elle-même possédait un teint immaculé, une longue chevelure blanche et des yeux argenté. Elle gardait le pont, terrible, visiblement prête à le défendre au prix de sa vie s’il le fallait. Lorsque les âmes passaient près d’elle, elle les laissait passer sans les inquiéter, mais à chaque mort qui passait, une larme semblait couler de ses joues. Elle eut néanmoins un bref sourire lorsqu’elle vit arriver Skärn.

- Je te salue Modgud, toujours fidèle à ton devoir.
- Salue à toi, Skärn, je comprends mieux les grondements de Garm maintenant, je vois que tu es venue accompagner cette fois.
- Eurydice des Gémeaux, je te présente Modgud, gardienne du pont d’or ainsi que la dernière chance pour ceux qui viennent ici avant leur heure.

La voix de la sombre Walkyrie était comme un murmure mais néanmoins audible de tous. Derrière elle, un sinistre chemin sinueux serpentait sur les flancs d’une montagne, au bout de ce long chemin que suivait les âmes des défunts, en contrebas, se trouvait l’entré pour Helheim, une immense grille en métal gardé par un terrifiant chiens. Si au début, Modgud s’était montrée accueillante envers Skärn et Eurydice, son sourire disparut rapidement.

- Pourquoi nous amènes-tu cette guerrière, Skärn ? Son âme n’est pas destinée à ce monde, ni à aucun des royaume d’Yggdrasil. Elle sert les Olympiens, et si la mort devait la frappé, ce seraient aux serviteurs de celui qu’on ne voit pas que son âme devrait être remise.

Bien que son attitude s’était faite plus sévère, elle n’était pas hostile envers Eurydice. En fait, elle se montrait plus concerné qu’autre chose, attendant de connaitre les raisons de leur présence ici, pour connaitre quelle position adopter.

- Eurydice est une amie qui est venu à moi avec une requête, peut-être pourra-tu nous aider quand tu entendras ce dont il s’agit. Je te fais néanmoins la promesse que je ne désir en aucun cas aller à l'encontre des lois de ce royaume.

Skärn avait visiblement un grand respect pour son interlocutrice. Et pour cause, celle-ci avait permis à Skärn de survivre à sa première mort.

- Nordheims, au nom du Père de Toute Chose, et le Sanctuaire d’Athéna ont conclu une alliance. C’est au nom de cette alliance et de notre amitié qu’Eurydice désir notre aide pour aider sa cause dans leur lutte contre les Spectre d’Hadès. Voici la raison de sa présence en ces lieux. Nous cherchons quelque chose qui pourrait neutraliser pour de bon leurs ennemis.

Le regard de Modgud resta interdit, observant tour à tour chacun des deux éveillés. D’un coup rapide de son épée, elle frappa dans l’espace entre eux. Du bout de sa lame, elle fit apparaitre le lien spirituel qui unissait Skärn et Eurydice suite au rituel, les unissant à partir de leur plaie respective.

- Toi Skärn, ta nature et ton rôle t’autorise à t’aventuré au-delà de cet endroit en toute liberté. Pour ton amie, cela ne durera que le temps que votre lien tiendra. Une fois ce temps écoulé, elle finira par tomber sous la coupe de ce monde. Votre lien est instable car n’a pas fini le rituel, aussi non seulement le temps presse mais si en plus le lien se brisait ou si tu perdais connaissance son âme serait à jamais enfermé ici. Es-tu prêt à risquer cela ?

La Sombre Walkyrie se tourna vers Eurydice pour s’adresser directement à elle. On pouvait lire une grande inquiétude dans son regard.
- Eurydice, je n’ai pas besoin de te voir en action pour reconnaitre ta bravoure, je ne compte pas non plus m’opposer à votre quête. Mais je te conjure de reconsidérer les risques que tu prends. Personnes ne devrait avoir à risquer son propre salut, si noble soit sa cause.

La réponse d’Eurydice ne faisait pas de doute, aussi la gardienne s’écarta pour les laisser passer. C’était visiblement à contrecœur, Skärn sentait que sa vieille amie aurait préféré qu’ils fassent demi-tour.

- Je ferai ce que je peux pour éviter de troubler la quiétude des morts.
- Ne fait pas de promesse que tu ne peux tenir, tu es loin de n’avoir que des amis en ce lieu Skärn Heirdrirson. Depuis la défaite de ma maitresse, de nombreux déchus n’en font qu’à leur tête. Il se pourrait que l’un ou l’autre tente de s’interposer. Soyez prudent, les guerriers de ce monde ne connaissent pas l’honneur.
- Nous ferons attention….

Skärn laissa alors Modgud et le pont doré derrière eux et invita Eurydice à le suivre. Les sentiers qu’ils empruntaient étaient aussi tortueux et traitre que l’esprit de Loki, le dieu fourbe, sur les pentes de celui-ci, on pouvait voir les corps des défunts qui avaient chuté et qui tentaient de rejoindre le sentier. Il menait verts les portes de la demeure de Hel, vers Nagrind, la herse que nulle ne peut franchir. Skärn était de toute évidence aux aguets d’un signe de danger. Plus ils avançaient, plus le silence oppressant était remplacé par les plaintes des morts et par les grognements menaçant de Garm.

- Quelque chose ne colle pas, je peux le sentir. Je ne vois pas l’aigle Hraesvelg tournoyer dans le ciel mais je sens que quelque chose nous observe. Je nous emmène directement voir Garm, le gardien de Helheim. Des trois créatures pouvant posséder ce que tu cherches, il est celui qui nous sera probablement le plus favorable, donc il nous laissera en placer une avant d’attaquer. Mais ne nous faisons pas d’illusion, il ne nous aidera pas de son plein gré.

Quand ils arrivèrent à la fin du chemin, ils étaient en bas des immenses murailles entourant Helheim, un mur gigantesque dont la pénombre empêchait d’en voir le sommet. Une herse gigantesque protégeait la seul entrée, forgé par les duergars pour empêcher quiconque de passer sans l’autorisation de la maitresse des lieux, cette grille était solide et ornée des dépouilles de ceux qui avaient été assez fou pour défier Hel en son royaume. La pénombre en ce lieu était telle que seuil la lueur de quelques brasiers entourant la lugubre entré pouvait servir de source de lumière. Ça et l’épée à la ceinture du Traqueur qui émettait une sombre lueur.

Soudainement, un grondement sourd et menaçant se fit entendre. Immédiatement, Skärn s’écroula au sol en se tenant la tête dans les mains en hurlant de douleurs. Le grondement se répercutait dans son crâne de manière amplifié. La créature lui servant de totem manifestait ainsi sa désapprobation.

- Assez… ASSEZ. C’EST BON, SALE CABOT. JE NE SUIS PAS SOURD !!!!!!!

Le gardien du monde de mort sortit alors de sa grotte. Un immense chien à l’allure féroce, harnaché comme s’il était équipé pour aller à la guerre. Dépassant facilement les dimensions d’un éléphant, les babines retroussées pour révéler ses crocs de la taille de poignard. Tout les muscles de son corps tendu et prêt à attaquer. De sa fourrure, gouttait en permanence du sang, comme s’il s’était baigné dans le celui de ses victimes.

- Ce n’est pas dans le cadre de ton devoir que tu es ici, Skärn. Ton petit tour de passe-passe permet peut-être à cette femelle d’évoluer sur ces terres en toute impunité, ce n’est pas pour autant que tu avais le droit de faire cela.

Alors que le grondement continuait à vriller l’esprit du guerrier divin, Le chien des enfers tourna son regard vers Eurydice, l’observant d’un air féroce. La lueur des flammes se reflètant les plaques de métal caparaçonnant certaines parties de son corps. Le gardien du monde des morts était une créature réellement terrifiante et son Hamr ne laissait que peu de doute sur sa puissance.

- Inutile de m’expliquer les raisons de ta présence, chevalière. Je la connais. Skärn et moi sommes connecté. Je ne partage cependant pas son désir de t’aider dans ta quête. Pourquoi devrais-je abandonné mes crocs ou mes griffes pour un combat qui ne me concerne en rien ? Skärn a outrepassé ses prérogatives en t’amenant ici.

Le grondement s’arrêta enfin, le Traqueur retira alors son casque comme pour reprendre de l’air. Du sang s’était écoulé de ses oreilles. Il était probable qu’en Manheim, le corps de Skärn partagerait ces blessures.

Skärn s’était attendu à ce que Garm ne soit pas coopératif, mais il réalisa bien vite qu’il avait sous-estimé l’hostilité que son totem avait avec cette entreprise. En ce lieu, le pouvoir du gardien des enfers nordique était grand, et s’il augmentait la pression qu’il exerçait sur l’esprit du Traqueur, ce dernier ne pourrait plus maintenir le lien qui permettait à la Chevalière des Gémeaux d’évoluer en ce monde sans en subir son influence. Tentant de reprendre son souffle, de faire taire la douleur qu’il ressentait, Skärn vit Eurydice prendre l’initiative. Elle avait parfaitement compris qu’aucun argument ne ferait plier son interlocuteur. Ce dernier était sûr de sa force qui égalait celle des dieux, il savait qu’il participerait au Ragnarök, ce n’était pas des êtres comme les Spectres qui l’inquiéteraient en son propre territoire, l’argument du bien ou de l’intérêt commun n’aurait pas plus de prise. Par contre, jouer sur la fierté de Garm, son assurance de sa propre force, cela était brillant, bien que présomptueux. L’immense chien émit un grondement saccadé qui pouvait se comparer à ce qui se rapprochait le plus d’un rire.

- Tu partage effectivement leur amour des causes perdue, je te le concède volontiers, femelle. Je pourrai te vaincre sans la moindre difficulté en brisant ce lien te liant à ton ami, mais tu éveilles mon intérêt. Aussi, je te fais le serment que ce combat sera entre toi et moi, Athénienne. Ce défi débutera quand Skärn lâchera son casque et que celui-ci cognera le sol.

Skärn n’étais pas sûr de ce qu’avait Eurydice en tête, mais celle-ci avait probablement un tour dans sa manche car il était sûr qu’elle était consciente de la force de Garm. De toute façon, Skärn ne pourrait intervenir maintenant que le défis était lancé. Il se contenta d’hocher gravement la tête avec un sourire en coin, autant pour signifier qu’il avait comprit ce que Garm avait dit que pour encourager Eurydice.

Garm se prépara à l’affrontement, son regard fixant la Sainte, un regard habité par un brasier bestiale qui contrastait avec les ténèbres et le froid omniprésent qui les entouraient. Il se déplaça légèrement, tirant sur la chaine qui le maintenait à son poste, celle-ci émit un crissement inquiétant sous l’effet de la force du chien infernal, couplé aux cliquetis des pièces de métal le recouvrant. Il retroussait déjà les babines, dévoilant ses impressionnant crocs, ses griffes étaient sorties, longue et brillant d’un éclat inquiétant. Garm n’était pas simplement le gardien des morts, il était une monstruosité propre à terrifier même les plus valeureux. S’il était celui qui infligeait le premier sang, par sûr qu’il en resterait beaucoup à la belle hellène par la suite.

- Ton âme n’était pas destinée à ce monde, mais quand j’aurai gagné, j’emporterai ton âme au plus profonds de la forteresse de ma maitresse, et tu la serviras pour l’éternité.

Skärn se releva péniblement, un liquide rouge s’échappant toujours de ses oreilles. Il allait devoir rester sur ses gardes, le sang étant synonyme de vie et donc il avait tendance à attirer les ombres errant en ce royaume. Garm occupé à combattre, certaines pourraient tenter de s’en prendre à lui. Il tendit la main, tenant son casque bien en évidence dans celle-ci. Puis il lâcha son heaume et le laissa choir. Lorsque le son du métal cognant la pierre se fit entendre, raisonnant loin dans les étendues ténébreuses de Nilfhel.

Dès l’instant où le casque eut touché le sol, Gamr ouvrit sa gueule et poussa un terrifiant hurlement. Le surnom de cet être était « le Hurleur » et la force de son hurlement était tel qu’il balayait tout ce qui lui faisait face comme des fétu de paille dans la tempête. Bien que n’étant pas à proprement parler dans l’axe de l’attaque, le Traqueur d’âme dut lui-même utilisé son Hamr pour se protéger de l’onde de choc. Dès l’instant qui suivit, le gardien des enfers nordiques bondit en direction de sa proie, tout crocs et griffes dehors. Lorsque ces dernières frappèrent le sol avec fracas, des pluies d’étincelles jaillirent aux endroits où la sombre roche de ce royaume rencontrèrent les griffes de la terrifiantes créature. Bien qu’entravé par une lourde chaine et son armure, Garm n’en restait pas moins vif et se remit immédiatement en position de combat. Menaçant, terrifiant, grondant comme le tonnerre. Il cessa son assaut soudainement, mais le Hamr de la créature ne trompait pas, il ne comptait pas laisser de pause à la championne du Sanctuaire. À ses pieds, la chaine bougea, où plutôt les chaines. L’enchevêtrement de maillons métalliques qui le suivait ne servait pas qu’à l’entraver, toute une série de ces chaines lui obéissaient et servaient à neutraliser les âmes cherchant à lui échapper. Celles-ci se projetèrent soudainement en direction d’Eurydice, cherchant à l’entraver, à la ligoter et à l’attirer vers le gardien d’Helgrind.

Skärn observait le combat avec intérêt, Garm était décidé à gagner lui aussi. Il ressentit néanmoins une sombre présence, les âmes errantes se rapprochaient de lui, mais quelque chose d’autres était à l’œuvre, une autre force les guidaient. Skärn se retourna à temps pour voir le premier de ces morts-vivants l’attaqué, il para le coup et répliqua immédiatement, mais déjà un grand nombre d’autres apparaissaient, prêt à le submerger. Il allait devoir tenir le temps que le combat finisse, mettant la main sur le pommeau de dainslef, il était prêt à se battre.

- Il va pas falloir que ça dure trop longtemps tout ça.

La championne du Sanctuaire prouva encore une fois qu’elle était plein de ressource, échappant aux attaques du gardien de Nagrind et répliquant. Sa contre-attaque, l’invocation de son propre palais de lumière au sein des enfers nordiques fait de froids et de ténèbres, surpris tout le monde. Garm eut un bref mouvement de recul face à cette brusque lumière, aveuglé par l’important contraste qui s’opérait. Mais ses grondements ne se firent que plus menaçant, il était le gardien des lieux et ne tolérait aucune intrusion d’aucune sorte.

Skärn pour sa part, affrontait les âmes errantes qui se dirigeaient vers lui. Ferraillant de son épée pour les tenir éloigné, utilisant ses pouvoir pour les neutraliser. Ses ennemis n’étaient clairement pas un danger pour lui, mais ils étaient gênants. Nombreux, pouvant surgir des ombres et du sol, capable d’encaisser des coups qui les auraient terrassés de leur vivant, mais lents et maladroit. Cependant, Skärn sentait de manière très claire que quelque chose n’allait pas. Certe, son sang attirait les âmes en peines car il s’agissait d’un signe de vie, mais il ne pouvait avoir provoqué le déplacement de cet horde toujours grandissante, une autre influence était derrière tout cela. L’invocation d’Eurydice, le fit se retourner brusquement pour voir ce qu’elle faisait, fauchant un nouvel adversaire dans la foulée.

- Ça… ça va attirer l’attention…

Cet ilot de lumière et de vie au sein du monde des morts entraina une réaction presque immédiate. La lumière émise par le palais ne fit qu’accentuer la noirceur des lieux, en quelque seconde, les environs immédiats de cette source de lumière semblèrent noyer dans un océan de ténèbres opaques, le monde les entourant semblant littéralement disparaitre. Des vents encore plus froids et violent se levèrent, forçant Skärn à assurer sa stabilité pour pas être renverser par leur force, des vents si cinglant que les plaintes des damnés étaient amplifiées à un niveau très déplaisant et qui arrachait tout sur son passage… La vie s’épanouissant autour du palais semblait se faner d’elle-même dès qu’elle s’éloignait un peu de celui-ci. C’était comme si le royaume d’Helheim répondait en personne à ce qu’il considérait comme une attaque, comme si une volonté supérieur refusait que ne règne en ces lieux autre chose que les ténèbres, le froid et la mort… comme si Nifhel soutenait son gardien de par sa simple volonté… pour le Traqueur d’âme, le palais de la chevalière des Gémeaux entrainait bien une réaction du royaume des morts, comme un organisme réagissant à la présence de corps étranger, mais celle-ci était probablement renforcer par le Hamr du Hurleur.

Skärn sentit alors un autre Hamr s’élever, il était presque passé à côté face à la puissance déployé entre la Saint dorée et le Chien des enfers, mais il y avait bel et bien un autre être éveillé actif. Réagissant dans la seconde, il para instinctivement une attaque cosmique projeté contre lui… juste pour découvrir qu’elle en cachait une deuxième qui le frappa dans le bas-ventre et le projeta contre terre. Protégé par sa Järnskinn, il n’avait subi que peu de dégât, mais il était dans une position dangereuses faces aux créatures qui s’avançaient vers lui… et il n’avait pas pu localiser son assaillant.


Garm observa les orbes qui l’entouraient, de la bave s’échappait d’entre ses crocs alors qu’il trépignait de repartir à l’assaut. Il tenta d’écarter les orbes, méfiant, à coup de patte et en les balayant avec sa queue. Et fit l’expérience des décharges relâché par ceux-ci à la moindre attaque. Il porta alors son regard à nouveau sur la championne du Sanctuaire, sa voix étant pleine de mépris pour cette attaque.

- Tu crois vraiment que je perdrai mon temps avec tes baballes ?

Le Hamr du molosse explosa soudainement, déclenchant la réaction de tous les orbes en une réactions en chaine impressionnante. Le sol trembla sous la puissance déployée autant par le gardien des morts que par l’attaque qu’il subissait. Une cacophonie se fit entendre, les explosions, les hurlements du chien des enfers, le bruit de fragment métallique percutant le sol. En un instant, l’imposante silhouette de Gamr bondit hors de ce chaos, droit sur Eurydice. Si quelques pièces de son armure étaient abimées, voir quelque parcelle de sa fourrure montrait des traces de début de combustion, le monstre n’était toujours pas blessé.

Il ne put atteindra la gardienne du troisième temple, s’effondrant avec fracas contre le sol. Eurydice ne put cependant pas se réjouir à l’éventuel pensée que le Hurleur était à bout de force car la raison de cette chute se révéla rapidement. La chaine du chien de Hel était tendue à l’extrême et empêchait le gardien des morts de s’éloigner davantage. Cela donna aussi l’opportunité de voir le grand nombre de maillons de chaines brisée au sol, à l’endroit même où Garm avait encaissé l’attaque de la belle hellène. La terrifiante créature avait utilisé son contrôle sur ces entraves métallique pour se protéger d’une partie du piège de la chevalière d’or. Garm grogna d’autant plus lorsqu’il se releva, qu’il fournissait des efforts colossaux en tirant sur sa chaine, des efforts faisant tremble la montagne à laquelle il était attaché, provoquant des effondrements, vain témoignage de sa terrifiante force car la chaine tint bon. Les mâchoires de Garm claquaient avec véhémence, il griffait frénétiquement le sol en tentant de se rapprocher de sa proie… et il semblait même lentement y parvenir. Eurydice n’était cependant pas à l’abris. Elle était violemment mise à l’épreuve par les conditions même de ce monde, celles-ci étant renforcé par l’action du Hamr de son adversaire. Le royaume des morts lui-même semblait vouloir sa perte, elle pouvait sentir son esprit attaqué par les hurlements des damnés, son corps frappé par un vent si cinglant qu’il la déchiquèterait si son armure ne la protégeait pas, son âme même semblait attaqué par ce monde. Le monde autour d’eux tremblaient, semblant sur le point de se déchirer sous l’effet des puissances déchainée. La rage du puissant chien de Hel était d’autant plus vivace qu’elle se voyait renforcé par la frustration de ne pouvoir atteindre sa cible, son regard était si habité par des envies de meurtre qu’on aurait pu le pensé capable de tué par ce simple intermédiaire, sa gueule écumait de baves, son collier crissait sous la pression mais tenait bon. Gamr était réellement une créature de cauchemar en ce moment, un être digne de la crainte des dieux.

- NILFHELDR….

Le molosse avait articulé ce simple mot, un mot chargé de hargne, mais qui inspirait une peur instinctive à ceux qui l’entendait. Les brasiers entourant l’entrée que gardait l’adversaire d’Eurydice se mirent à luire de manière de plus en plus inquiétante, avant de se transformer en vrais colonnes de flammes. Ils n’émettaient pas plus de lumière, ils produisaient nulle chaleur, mais un simple regard sur leurs flammes suffisait à faire ressentir une grande douleur, comme une promesse des souffrances réservé à ceux qui se montraient indigne, à ceux qui seraient livrer aux pires châtiments dans l’après vie. Alors que le vent surnaturel du monde des morts sembla exciter les flammes, des langues enflammées s’échappèrent d’un coup de ces colonne, emportée par les bourrasque, et guidée par celle-ci vers Eurydice. En voyant cela, Skärn savait qu'elle était en grand danger, ces flammes, les flammes de Nifhel, s'attaquaient directement à l'âme, se moquant des protections divines. Il ne pouvait cependant en avertir sa camarade, ça irait à l'encontre des règles de ce duel... et surtout s'il tentait d'avertir Eurydice, il l'a distrairait plus qu'autre chose.