Wulf était posté sur les remparts du Palais des Polaris, observant les environs. Suite à son combat contre Osombauko aux côtés du chevalier du Scorpion, il avait mis un certain temps à se remettre de ses blessures. Le Père de Tout l’avait chargé de veiller sur le palais jusqu’à nouvel ordre, mais si Wulf était loin d’être le plus brillant des guerriers divins, il n’était pas complètement dupe. Cette affectation était surtout une manière détourner de lui imposer une période de repos. Le guerrier-fauve s’était néanmoins exécuté. Restant cependant à l’écart de la plupart des occupants de la forteresse, qu’il s’agisse des gardes où des serviteurs, il avait inlassablement surveillé les environs du palais.

Il en avait même profité de ses moments de désœuvrement pour visiter les archives secrètes de sa confrérie, lisant les comptes rendus des exploits des précédentes générations de protecteurs des royaumes du nord. Cela avait néanmoins été un exercice difficile pour l’Ulfark, la lecture étant une activité qui, si elle ne le rebutait pas, exigeait un énorme effort de concentration de sa part. Wulf avait grandit dans un milieu ou la culture de l’oral prévalait sur celle de l’écrit. Si on lui avait certes apprit à lire durant son enfance, les occasions d’exercer cela était rester rare car son village natal ne disposait de presque aucun support écrit si ce n’est quelque pierre gravée de rune dans les alentours. En vérité, quand il avait rejoint les guerriers divins, Wulf savait à peine écrire son propre nom et ce fut l’une des lacunes que son mentor, Keiyan, se chargea de rattraper. Néanmoins, Wulf restait peu familier des ouvrages écrits, étant même parfois obligé de lire certains passages à voix haute pour vraiment saisir le sens des symboles dessiné sur les parchemins.

Adossé contre l’un des créneaux du mur entourant le palais, Wulf observait le lointain. Ses sens éveillés avaient repéré un changement, un changement qu’il ne pouvait identifier, comme si le Nord se réveillait. Grattant sa barbe qui avait encore poussé, il commençait à réellement avoir l’apparence des guerriers de jadis, ceux qui répandaient la terreur sur les océans et les côtes lointaines. Ne portant pas sa Järnskinn, torse nu laissant à l’air ses tatouages et ses cicatrices, le torse encore recouvert de bandage autour de l’endroit de son torse où il avait été empalé lors de son dernier combat. Portant sa cape d’ours sur les épaules, la tête lui servant de capuche, Wulf ressemblait encore plus aux guerriers-fauves de jadis qui répandaient la mort et la destruction sur les champs de batailles. Wulf était maintenant un vétéran de la confrérie guerrière qui servait le Père de Tout, mais il ne s’en sentait toujours pas digne. Il s’estimait toujours souiller par son crime et cela le hantait d’autant plus que la mort elle-même ne semblait pas vouloir de lui. Peut-être était-il bel et bien destiné à nourrir le dévoreur de cadavre. Peut-être que les portes du Palais d’Odin lui étaient définitivement fermé. Qu’importait dans le fond, même si tel était son destin, il aimait cette terre, il vénérait ses dieux et respectait les traditions. Il donnerait volontiers sa vie pour les peuples du nord et, si son sort était scellé, au moins que sa vie n’ait pas été vaine.

Encore une fois, son attention fut attirée par une présence, même plusieurs. Dont une lui était étrangement familière. Intrigué, le berserkir tenta de se souvenir d’où il avait pu déjà la ressentir. Était-ce possible ? Quoi qu’il en soit, elle n’était pas la seule à se rapprocher. Wulf quitta alors son emplacement et se tourna vers l’un des gardes pour lui signaler qu’il allait vérifier quelque chose. Si ce dernier fit signe qu’il avait compris et salua respectueusement le guerrier divin, les sens de Wulf ne le trompait pas. Ce garde comme de nombreuses autres personnes avait une attitude assez ambivalente envers lui. Cela était compréhensible, Wulf étant tout à la fois un guerrier divin accomplis et en plus qui avait déjà de nombreuses fois prouvé sa valeur, mais aussi un guerrier fauve redoutable pouvant à tout instant céder à des crises de rage incontrôlable. Il était à la fois respecté et craint. Wulf descendit alors des remparts, empruntant cette fois l’escalier prévu à cet effet plutôt qu’en sautant comme cela était souvent son habitude. Autour de lui, l’activité allait bon train, gardes d’Asgard s’entrainant, servant s’occupant des tâches quotidienne, fils de nobles faisant leurs armes en ce lieu prestigieux… il s’agissait de la basse court du château, celle qui se trouvait derrière la première enceinte. Wulf pour sa part se dirigeait vers la cour principale, menant directement au palais lui-même et à la demeure du représentant d’Odin. Le lieu ou jadis le chevalier de Pégase et ses compagnons avaient affronter la puissance de Siegfried d’Alpha, de la famille des Volsungar et descendant de la famille de Sigurd lui-même. Une grande cour dallée entouré de nombreux piliers et surplombant les alentours. Si les deux présences qu’il avait ressenties se rendaient bien au palais, ils passeraient par ici.

À par lui, la cour n’était en ce moment occupé que par des gardes Varangyrs. Ces derniers étaient en train de faire passer la cérémonie de serment pour accueillir en leur sein de nouveau membre, nécessaire pour combler les pertes qu’ils avaient endurer ces derniers temps. Les guerriers divins n’étaient pas les seuls à avoirs perdu des compagnons, cela s’appliquait à tous les défenseurs de Nordheims. Wulf s’installa alors à l’entrée de la cour, s’asseyant sur l’une des marches précédant celle-ci. Il voulait en avoir le cœur net sur l’identité des visiteurs.

Hrp:

Reiner aurait pu déployer son Hamr et se rendre en quelque seconde directement au palais du Valhalla, mais il décida de marcher. La balade serait longue certes, mais la beauté nostalgique du paysage était un spectacle dont il souhaitait profiter. Absent depuis bien des lunes, le guerrier divin se faisait un plaisir de retrouver les terres ou il avait grandi. Asgard avait cet effet mystérieux sur les gens. Les conditions de vie y étaient rudes, vivre ici était un combat constant dans ces contrées abandonnées par le soleil et pourtant comme tant d’autres le jeune homme aimait ce royaume isolé du reste du monde. Asgard était sa demeure, son foyer et il l’aimait d’un amour pugnace et inconditionnel.

Le cimetière des déchus, la Stavkirke du Ragnarök, Sovngarde, Reiner connaissait chacun de ces lieux, il les avaient traversés tant de fois qu’il aurait pu le faire les yeux fermés. Chacun de ces endroits était chargé d’histoire. Aujourd’hui laissé sans protecteur ils avaient par le passé été le territoire de guerriers divins qui les avaient défendus et avaient périt injustement. Ce triste chapitre de l’histoire du royaume d’Asgard avait toujours suivi Reiner comme une ombre. Il en était persuadé, la plus grande force des guerriers du nord avait toujours était leur plus grande faiblesse, celle d’une fierté sans commune mesure. Cette fierté indomptable qui les avait amenés sur la voie d’une guerre qui n’était pas la leur. À cette époque, ils avaient perdu 8 des plus grands guerriers que le nord n’eut jamais portés.

Arrivant en vue de la cour du palais, Reiner chassa cette pensée de son esprit pour admirer l’incroyable bâtisse où siégeait le pouvoir du royaume, demeure du représentant d’Asgard. Le palais du Valhalla était une splendeur architecturale sans commune mesure ou chaque mur était chargé d’une histoire incroyable. Afin d’en admirer la beauté dans toute sa mesure, Reiner ôta son heaume. Immobile, la bâtisse s’élançait vers les cieux et façonnait de sa grâce le paysage du royaume d’Asgard.

En cet instant, Reiner n’avait pas encore remarqué celui qui l’attendait sur les marches de la bâtisse, il lui fallut d’ailleurs avancer de quelques pas avant que le guerrier fauve n’attire son attention. Casque sous le bras Reiner salua Wulf :

“Quel plaisir de te revoir mon ami ! Cela fait bien longtemps que nous ne nous étions pas revus. ”

Malgré son caractère quelque peu taciturne, Wulf était l’un des guerriers pour qui Reiner avait le plus de respect. Le porteur de la Järnskinn de l'Ulfark avait fait ses preuves sur le champ de bataille et le jour du Ragnarök, Reiner serait ravi de mener son dernier combat à ses côtés.

“Je vois que tu n’es pas resté inactif pendant mon absence.”

D’un mouvement de la tête, Reiner désigna les bandages qui enserrait le torse du guerrier fauve. Une blessure qui aurait probablement cloué au lit un autre que Wulf, mais ce dernier devait déjà et Reiner le savait, s’ennuyer d’un convalescent probablement forcé. Pour une force de la nature telle que Wulf, l’inactivité était une torture bien plus grande que tous les maux qu’un combat pouvait lui infliger.

Cela faisait déjà plusieurs semaine qu’Halfrid avait terrassé le Magnagarm et rapporté sa dépouille dans son village. Tout le monde avait dû être bien surpris au reveil. Halfrid espérait que le Jarl tiendrait sa promesse et que le viel homme qui l'avait receuilli serait récompensé. Il était repartit s'installer dans la Forêt Ténébreuse sans en dire un mot à personne, s’aménageant une cabane au confort sommaire au plus profond de celle-ci,mais assez agréable pour se reposer entre deux patrouilles dans les bois.

Il s'était habitué à porter sa Järnskinn et il était toujours aussi surpris de ne pas ressentir son poids ou les pièces d'armures entraver ses mouvements. Ses nombreuses sorties pour chasser ou se ravitailler en bois de chauffe lui avait permis de connaitre de mieux en mieux chaque coin et recoin de son nouveau lieu de vie. La faune aussi commençait à le respecter et de moins en moins de silhouettes se dissimulaient dans les ombres. Une certaine empathie s'était même développée avec certains Worgs. Ils leurs arrivaient de chasser ensembles, même si les occasions restaient très rares.

Son Hamr aussi avait continué à se développer, lui donnant de plus en plus conscience des changements qui s’opéraient dans ce qui était à présent son domaine. Il était le gardien de la porte d'entrée vers le royaume d'Asgard, le premier rempart des forces du Père de Tout. Mais il sentait qu'il était temps d'aller se présenter au Palais de manière plus officielle. Il demanda aux animaux avec qui il était le plus proche de veiller sur la Forêt, les corbeaux le préviendraient en cas d'intrusion. Puis il se mit en route.

Halfrid prit son temps pour remonter les différents lieux qui le séparaient du Palais, profitant de chaque seconde pour apprendre le chemin qu'il aurait sans doute à reprendre de nombreuse fois. Quand enfin le Palais fut en vue, il souffla de satisfaction, l'air dégagée créant un nuage de vapeur.

La bâtisse était immense, d'une splendeur sans pareil. Tout ici était démesuré en comparaison de ce que le nouveau représentant d'Epsilon avait connu par le passé. Il s'arrêta quelques secondes pour mesurer le chemin parcouru et se demander ce que les Nornes pouvaient encore lui réserver dans l'avenir.

Plus que quelques pas et il pénètrerait dans la demeure du représentant du royaume, mais alors qu'il progressait sur les pavés, son regard fit attiré par un homme en armure près des escaliers. Il rectifia sa trajectoire pour s'approcher de ce qui devait être un autre Guerrier Divin et se présenter à lui… « Autant commencer tout de suite. » L'homme était de dos, aussi Halfrid décida de l'interpeller pour ne pas le surprendre, si tant est que l'on puisse surprendre un Homme tel que lui.

« Hey ! Bonjour ! » lança t-il en s'approchant. Arrivé à sa hauteur, il vit un deuxième homme assis sur les marches. Visiblement, il devait interrompre leur conversation.

« Oh pardon ! Je ne voulais pas vous déranger. » lâcha t-il un peu gêné.
« C'est la première fois que je viens au Palais, et je dois admettre que je ne sais pas encore très bien où je dois me rendre pour annoncer ma venue. J'avoue être content de tomber sur vous, peut-être pourriez vous m'aider ? Enfin, quand vous aurez terminé bien sûr, je ne voudrais pas vous importuner… »

Halfrid baissa la tête en guise de salut respectueux. Il ne connaissait pas le rang de celui qui portait une armure, mais sa présence ici était le signe qu'il méritait le plus grand respect. De même pour l'homme assis sur les marches, la demeure n'étant en rien une infirmerie, ce dernier ne devait pas être un simple soldat en convalescence. Il ferait donc preuve de la même attention envers lui en attendant d'avoir son identité. Même si ses mots et son vocabulaire pouvaient paraître maladroit, le balafré y mettait toute sa sincérité.

« Ah oui, je me nome Halfrid Vargarson de l'étoile divine d'Epsilon, porteur de la Järnskinn de Fenrir, gardien de la Forêt Ténébreuse. C'est un honneur de vous rencontrer ! »

Les sens du guerrier-fauve ne l’avait pas trompé, il avait bien reconnu le retour de son ami, Reiner de Béta. Ce dernier était un guerrier divin reconnu, qui fut même le chef des armées de Nordheims durant la guerre du Brasier Noir. Tout deux, ils étaient des vétérans de ce conflit ainsi que de la guerre des fléaux et ils avaient aussi travailler ensemble à plusieurs reprises. Wulf avait du respect pour le porteur de la Järnskinn de Sleipnir, non seulement pour ses exploits et son sens du devoir mais aussi pour sa capacité à analyser une situation avec calme, qualité qui manquait cruellement à l’impulsif Ulfark. Il ne manifesta pas immédiatement qu’il avait reconnu son frère d’arme car, bien qu’il l’ait sentit venir, il s’agissait non moins d’une surprise. Reiner ayant complètement disparut suite à la bataille contre Surtr, et Wulf en était venu à penser qu’il faisait partie des victimes du conflit et ce bien qu’il n’aie pas trouvé de corps.

Ce n’étais pourtant pas la première fois que le berserker assistait au retour d’un frère tombé au combat. Andrew, l’ancien porteur de la Järnskinn d’Epsilon, tombé en affrontant Hati lors de la guerre des fléaux avait lui-même fait un bref retour parmi les vivants. Était-ce le même phénomène auquel il assistait ? Ce ne fut que lorsque Reiner s’approcha de lui pour lui parler qu’il se résolut au fait qu’il s’agissait bien de son frère d’arme.

- Depuis le combat contre Lungorhin, oui… Pardonne-moi cette question mais est-ce que tu nous reviens du Walhalla ?

Wulf se releva lentement, ses blessures avaient beau s’être refermée, les mouvement brusque pouvait encore les rouvrir. Il avait noté le mouvement de tête de son interlocuteur montrant les pansements, et eut un rictus.

- Me fait pas rire, j’ai mal aux côtes. J’ai affronté un Eldrjotnar déguisé en Dragon aux côtés d’un saint du scorpion. Pas beaucoup souvenir précis, j’étais en pleine transe, mais il m’a empalé et j’avais un trou assez grand pour pouvoir passer mon brase dedans, en tout cas si je me réfère à la taille du trou dans ma Järnskinn. Maintenant, pour me forcer à me reposer, notre seigneur ma assigné à la garde des lieux.

Wulf vit ensuite arriver un autre individu, portant la Järnskinn d’Epsilon, celle de l’un de ses anciens compagnons d’armes. L’espace d’un instant, il crut qu’il allait avoir affaire à un autre revenant, mais cette fois-ci ni les traits du porteur, ni son Hamr ni son odeur n’étais familier au guerrier-fauve. Le nouveau venu les aborda, bien que ne sachant visiblement pas où se mettre. Wulf l’observa alors qu’il parlait, comme toujours méfiant au premier abord avec les nouvelles têtes et surtout mémorisant son nouvel interlocuteur. Ce dernier semblait en avoir déjà vu de belle mais était visiblement que tout récemment devenu un guerrier divin.

- Wulf… de l’Ulfark.

Wulf n’était pas quelqu’un de très sociable. Son apparence elle-même n’était guère engageante, celle d’un guerrier bestial et hirsute dépassant les deux mètres de haut. Il fit néanmoins signe à Halfrid de les rejoindre.

- Pour faire officiellement connaitre ta présence, Halfrid, c’est la grande bâtisse de l’autre côté de la cour, tu peux pas la louper. De là, demande simplement aux gardes de te guider à la salle du trône. Par contre, en ce moment les Varangyrs sont occupé à faire leur rite pour accueillir de nouveaux membres en leur sein. Bien que notre statut nous permettrait de passer sans se soucier d’eux, je suggérerais d’attendre qu’ils aient terminé.

Wulf avait un respect pour ces hommes qui s’étaient battu à leurs côté de nombreuses fois et en avaient eux-mêmes payer le prix. De là où ils étaient, ils pouvaient entendre les guerriers passer leurs rites et faire leurs serments.

Devant l’impressionnante demeure du pouvoir asgardien, en cette journée des plus simple, Reiner prit le temps d’apprécier le moment présent. Ce retour à la surface lui faisait le plus grand bien et il était ravi de retrouver Wulf. Quand ce dernier demanda à au guerrier divin de bêta s’il ne revenait pas du Walhalla il ne put retenir un léger sourire.

“Cela fait donc si longtemps que ça ? ”

Le guerrier divin avait en effet perdu toute notion du temps pendant sa convalescence et n’avait aucune idée de la durée de son absence.

“Rassure-toi, j’étais seulement à Nidavellir. Après la guerre contre Surt, je me suis isolé du monde des hommes pour reprendre des forces et faire réparer mon armure. J’ai également profité de l’occasion pour demander de l’aide pour la reconstruction du Royaume au peuple nain. ”

Admirant la blessure de Wulf, Reiner songea à l’état de sa Järnskinn ce que le fit sourire puis considéra un instant la possibilité qu’un rapprochement entre le sanctuaire et Asgard eu lieu pendant son absence en entendant parler du chevalier d’or du scorpion. Cette réflexion fut interrompue par un homme que Reiner ne connaissait pas. Il commença par s’excuser avant de se présenter. Reiner le regarda de pied en cape avant de lui tendre la main avec un sourire.

”Reiner Wolf guerrier divin de bêta, ravis de faire ta connaissance”

Revoir l’habit divin d’epsilon ne laissa pas Reiner indifférent et pour cause. Andrew, son ancien porteur avait été tout comme lui le disciple d’Ercih, qui lui même avait été le porteur de cette armure avant de la céder à Andrew. Tous deux avaient étés de très grands guerriers qui avaient donné leurs vies pour la cause.

“Ceux qui ont porté cette Järnskinn avant toi étaient de grands guerriers, j’espère que tu leur ferras honneur Halfrid Vargarson”

Ces mots avaient étés prononcés d’une voix chaleureuse. Reiner était ravi de voir une nouvelle génération de guerrier rejoindre leurs rangs. Bien sûr, il eut un pincement au cœur en pensant à Andrew et à son maître, mais il savait mieux que quiconque que le royaume d’Asgard devait aller de l’avant et la venue de nouveaux guerriers était un premier pas dans la bonne direction.

Wulf prit ensuite le temps d’expliquer qu’une cérémonie était en cours dans la salle du trône et proposait de patienter qu’elle se termine, Reiner acquiesça

”Je te propose de patienter avec nous dans ce cas. Je me rends moi-même dans la salle du trône pour y être reçu. Une fois que la cérémonie sera terminée, nous pourrons y aller ensemble.”

Reiner laissa alors sa conscience s’élever pour tenter de percevoir ce qui se passait au cœur du palais. Il percevait bien des présences ainsi que l’Hamr du père de toute chose.

Halfrid écouta la présentation du blessé ainsi que ses explications sur la tenue de la cérémonie qui avait lieu en ce moment, avant de serrer la main tendue par le second Guerrier Divin. Il lui rendit le même sourire, acquiesçant à ses paroles, content d'être accueilli en ami. Le nouveau porteur de Fenrir se répéta mentalement les noms de ses deux camarades afin de se les rappeler , ainsi que les symboles de leur Järnskinn. Halfrid chercha dans sa mémoire ce qu'il avait pu retenir de ses divers apprentissages, les deux guerriers face à lui étaient du même rang que le siens, ce qui rassura le balafré sur la conduite à tenir et la simplification du protocole.

Il réagit aussi aux paroles de Reiner. Halfrid n'avait pas encore prit le temps de penser à ceux qui l'avaient précédé dans cette armure. Bien sûr il savait qu’ils devaient être de grand combattant, comme tout les Servants d'Odin, mais entendre le ton chaleureux de Sleipnir qui avait dû les connaître, donna une nouvelle dimension à sa façon de voir les choses.

« Ce sera pour moi un grand plaisir si un jour tu pouvais me parler d'eux, pour le reste, je ferais en sorte de me montrer à la hauteur. Aussi bien pour Odin que pour tous les habitants de Nordheim. » répondit il sincèrement.

« Merci, j'accepte volontiers votre invitation. Si ça ne te dérange pas, ça sera plus facile pour moi. »

Halfrid était maintenant debout à leur côté, face à Wulf sur les marches. Il observa les alentours, relâchant un peu ses muscles, laissant s'élever son Hamr doucement. Il pouvait sentir l'énergie du Père de Tout et d'autres présences dans le bâtiment. Quoi qu'il se joue là-bas, ça demandait la présence de plusieurs Guerriers Divins, et le fait que trois de plus attendaient dehors ne pouvait être un simple hasard.

Même s'il ne voulait pas paraître insistant, Fenrir observait les bandages de l'Ulfark. Sa carrure impressionnante devait être le synonyme d'une grande force et son rang celui d'un grand combattant. Une telle blessure ne pouvait signifier qu'une bataille pour le moins épique. Avant que le géant ne prenne mal son regard, Halfrid lui adressa quelques mots.

« J'aimerais pas être l'autre gars ! » dit il avec un signe de tête en direction de Wulf, « J'espère que ça va aller. ». Il ne voulait pas importuner son nouveau camarade, ni s'immiscer dans ses problèmes, aussi il n'en demanda pas plus pour l'instant.

Une infime variation de Hamr dans l'air venant du palais, détourna un instant l'attention du guerrier d'Epsilon. Plus intrigué qu’alarmé, il commençait à ressentir une certaine excitation à entrer dans la salle du trône et rencontrer Odin. Il lui tardait de découvrir ce que les Nornes lui réservaient pour l'avenir. Reportant son attention sur ses deux camarades, il tenta de briser la glace pour s'intégrer à leur groupe.

« Je peux vous demander depuis combien de temps vous portez vos Järnskinns ? ».

Reiner ne revenait donc pas du Walhalla mais de Nidavellir. Au moins cela voulait dire qu’il était bel et bien vivant. Wulf se demanda pourquoi il n’avait pas pensé à aller voir à Nidavellir pour s’assurer de la survie ou non de celui qui fut le seigneur de guerre de Nordheims durant la guerre du brasier noir, les guerriers divins de Beta ayant toujours eut un lien particulier avec le royaume des Duergars. Lorsque le guerrier d’Epsilon fit sa réflexion concernant la blessure du guerrier-fauve, Wulf eut un petit rictus sur le visage.

- Pas sûr que tu aurais eut meilleur compte à être à la mienne. J’ai perdu ce combat. Je ne dois ma survie qu’à l’intervention du Père de Tout. Mais je m’en remets, d’ici un jour ou deux je serais à nouveau capable d’affronter les ennemis de Nordheims.

Wulf était peut-être un peu optimiste, il faudrait probablement encore au moins une longue semaine pour que sa blessure ne risque plus de s’ouvrir sous l’effort, mais le guerrier-fauve ne supporterait pas d’avantage de rester coincé dans le palais. Il se demandait même s’il n’aurait pas préféré mourir face à Osombauko, ça avait été un combat glorieux et peut-être qu’une Valkyrie aurait accepté de l’emmener au Walhalla suite à cela. Ça aurait été une manière glorieuse de partir. Mais d’un autre côté, il s’agissait d’une pensée égoïste, Nordheims avait encore besoin de défenseurs, si incontrôlable soient-ils.

Comme les autres, Wulf ressentit ce Hamr provenant de la salle du trône, où Odin se trouvait avec les autres guerriers divins. Mais il ne réagit pas plus que cela, le Très Haut n’était pas le genre de divinité à avoir besoin d’être protéger et il ne sentait pas de Hamr hostile… néanmoins, quelque chose en lui était intrigué, bien qu’il ne sache dire pourquoi. Il sentait le prédateur en lui s’éveiller, comme si un danger approchait, instinctivement, il sentit les doigts de sa main gauche se recroqueviller. Wulf se débarrassa de cette sensation en cherchant un autre point sur lequel s’intéresser. Il porta son regard sur la cérémonie dans la cour, celle-ci poursuivait son déroulement, elle commençait même à tirer sur la fin. Il reporta son attention sur Halfrid quand ce dernier posa sa question.

- Il y a deux ans, je suis devenu le porteur de la Rune de Hrungnir. Nous étions en pleine guerre contre Ubar et la déesse de la discorde à l’époque bien que je n’aie pas rejoint le conflit à l’époque, il s’est terminé avant que je ne sois officiellement reconnu.

La mine de Wulf s’était assombrie à l’évocation de cet épisode. Ce n’était pas le fait d’avoir manqué l’affrontement avec les forces d’Eris qui provoquait cela, mais un autre souvenir. Celui de la destruction de son propre village et de l’extermination de ses habitants… de ses propres mains. Quand il avait reçu son armure, il avait pensé à une bénédiction, quelque chose qui lui permettrait de protéger les siens des pillards qui menaçaient son village à ce moment. Et s’il avait effectivement massacré ceux-ci, il avait aussi massacré les siens dans la foulé, habité par la Fureur des guerriers-fauves, l’héritage de ses ancêtres que le contact avec son armure avait éveillé en lui. C’était plusieurs jours après que Andrew, alors porteur de l’éclat divin de Geri et Freki, l’avait rencontré. Il l’avait trouvé alors que Wulf était prêt à se laisser mourir pour payer son crime au royaume de Hel et l’avait convaincu de se racheter en servant le royaume… Il avait aussi rencontré Keiyan d’Alpha qui serait un temps son mentor ce jours-là.

- Après la guerre des Fléaux, il y a un an, j’ai été appelé par ma protection actuel, la Järnskinn de l’Ulfark.

Wulf se laissa aller contre le mur. Il ne précisa pas que son armure actuelle venait d’un lot d’armure secret, qui n’avait que récemment rejaillit à la surface. Il n’avait que la version de Loki des évènements, aussi n’y accordait-il qu’une importance relative, mais il n’était pas impossible que le forgeur de mensonge ait broder celui-ci autour d’une véritable histoire.

- Je crois que je devrais vous mettre au courant des dernières évolutions. Toi Reiner, car tu as été absent un certain temps, toi Halfrid parce que tu viens d’intégrer notre confrérie. Après la guerre contre Surtr, Odin à fait revenir des mort Olrik Surturson, le guerrier que Surtr avait utilisé comme vaisseau pour nous attaquer, et en à fait son nouveau représentant. Une ambassade du Sanctuaire est venue nous voir et on a ravivé notre ancienne alliance avec eux, ils nous ont aider à libérer la Russie de l’emprise des Atlantes et à présent la Fédération de Russie fait partie de nos alliés parmi les terres du Sud. Si vous voulez des détails là-dessus, faudra demander à Skärn, l’éclat divin de Garm, c’est lui qui s’est occupé de tout ça, moi je me suis contenté de patrouiller sur nos terres à la recherche d’intrus. Les Saints sont revenus une deuxième fois pour nous demander des renseignements sur Eris, qui semble être de retour en ce monde, c’est à cet occasion que je me suis fait ces blessures.

D’une oreille, Wulf gardait une partie de son attention sur la poursuite de la cérémonie. Au chant qu’il pouvait entendre, celle-ci tirait à sa fin. Wulf n’étant pas un bavard, il n’avait pas vraiment de question à poser à ses deux interlocuteurs, il ne désirait pas qu’on fouille dans son passé donc il ne posait pas de question sur le passé des autres. Quant à ce qu’ils comptaient faire, Wulf le savait déjà : voir Odin.

hrp: