Le voyageur se réveilla en sursaut, le corps couvert de sueur. Encore une fois, ce fut un cauchemar qu'il ne parvenait pas à comprendre qui le tirait du sommeil.

La lumière filtrait par les interstices des rideaux alors qu'il était encore tôt. Malgré l'heure peu avancée, Hruodland entendait les bruits propre à l'agitation du port de Noatunn. Des bruits qui le replongèrent immédiatement dans les images de son rêve. Fracas d'acier, corps qui s'effondre dans la poussière… Encore et toujours, il rêvait de bataille. Etait ce des images de son passé qui le hantait ? Il l'ignorait mais il était venu dans celle cille pour le découvrir.

Voilà deux jours qu'il était arrivé à la capitale de Vanaheim. Il ignorait pourquoi il avait choisi de changer sa destination et de venir ici plutôt que de se rendre au palais du Valhala comme il l'avait prévu. Peut être la peur de ce qu'il aurait pu y trouver… De même , il s'était souvenu que Bjorn lui avait parlé de la grande bibliothèque de Soekbavek à Alfheim mais là non plus, il n'avait pas osé s'y rendre. Le guerrier avait préféré l'anonymat offert par ce grand port.
La cité était sujette à une animation conséquente que Hruodland n'apprécia nullement. Par contre, dans un lieu comme celui-ci, il était certain de pouvoir trouver une bibliothèque même si moins fourni que le centre du savoir que constituait Alfheim.

Dés son arrivé, l’amnésique s'était rendu dans la première auberge qu'il avait croisé. Après une telle route, il avait grand besoin de repos et surtout d'un bon bain. Bjorn lui avait offert quelques pièces et cela lui permettait de louer une chambre pour une nuit, d'avoir un bain chaud et au moins deux repas. Ayant expliqué dans les grandes lignes sa situation a l'aubergiste, ce dernier lui avait conseillé de trouver un emploi sur le port. Il y était toujours recherché de la main d'œuvre pour vider les cargaisons. Hruodland avait suivi le conseil et s'était fait embaucher dès le premier jour de son arrivé. Le salaire n'était pas élevé mais il payait la chambre et deux repas par jour. C'était suffisant.

La journée était peu entamée et Hruodland avait encore plusieurs heures avant de devoir commencer sa journée de travail mais il savait que le sommeil se refuserait à lui désormais. Il décida donc de se lever dès à présent, au pire il pourra toujours faire un tour dans la ville. Il savait que la bibliothèque ne serait pas encore ouverte et comme, n'habitant pas la cité, il ne pouvait pas emprunter de livres, il lui faudrait attendre la fin de sa journée pour continuer ses recherches.

Il se dirigea vers la seule table de la petite pièce où se trouvait une bassine remplie d'eau. La nuit l'avait rafraichi mais il apprécia grandement cette sensation de froid sur son visage lorsqu'il s’en aspergea. Il repensa à ce qu'il avait lu la veille au soir. Ses premières recherches avaient été sur les Volsüngs, il n'avait pas su quoi d'autre chercher.

Ce qu'il avait trouvé ne lui avait guère donné de nouveaux éléments par rapport à ce que lui avait raconté Bjorn. Les Volsung sont tous des descendants de la famille Volsungar. Leur lignée est prestigieuse et à toujours protéger Asgard. La légende veut qu’ils soient des descendants d’Odin en personne. Plusieurs histoires expliquent ou justifies la filiation. Celle qui ressortait le plus souvent expliquait que Wotan cherchait à se purger d’une malédiction liée à un anneau qu'il avait porté et qu’il ne le put qu'en enfantant avec une humaine. Depuis, tous les descendants étaient porteurs du Feu d'Odin et était communément appelé Sang Ancien.

Hruodland avait du mal à savoir ce qui était vrai dans ces histoires ou ce qui était des légendes. Quoi qu’il en soit, les Volsungs avaient tous effectivement des yeux violets, c'était leur caractéristique physique principale. Ce simple fait attestait donc de son appartenance à cette lignée. Ensuite, qu'ils soient des descendants divins… Cela était une autre histoire.

Le guerrier finit de se rafraichir et d'habilla. Il ne possédait pas grand-chose, seulement les vêtements donnés par Bjorn et il avait conscience qu'il lui en faudrait rapidement d'autres. Il allait lui falloir plus d'argent… Il descendit ensuite dans la salle de l'auberge et trouva le propriétaire et sa femme déjà occupés. Il s'assit à une table et attendit brièvement que l’un des deux vienne le servir. Ce fut l'homme que s'en chargea, certainement pour éviter le jeu de séduction de son épouse envers le Volsung.

- Vous êtes bien matinale l'ami ! Alors, bien dormi ?

Il déposa assiette et couvert devant Hruodland.

- Ca a été merci.

Si l'aubergiste avait espéré de la conversation, il était mal tombé. L'homme retourna dans l'arrière salle et ramena un plateau comprenant du pain, du beurre, de la charcuterie, des œufs, un verre de jus de fruit et une tasse fumante. A l’odeur, il devait s’agir de café. Il déposa le plateur sur un bout de la table.

- Voila pour vous. J’espère que ça vous ira.

L’homme était souriant à souhait. Un gros bonhomme aux joues rondes et rouges, une bedaine épaisse qui retombait sur son pantalon. L’archétype de ce qu’on pouvait s’attende à voir dans ce genre d’établissement.

- C’est parfait, merci bien.

Hruodland était le seul convive déjà levé. Il savait que d’autres chambres étaient occupées mais vu l’heure, il n’était pas étonnant que tous dorment encore. L’aubergiste resta un instant debout à côté de la table mais comme le guerrier ne semblait pas vouloir discuter, il se détourna.

- Ha excusez-moi ?

L’homme sursauta en entendant les mots.

- Oui ? Vous avez besoin de quelque chose d’autre ?

- En me promenant hier, j’ai vu qu’il y avait beaucoup de travaux en ville. Il y a une raison particulière ?

Le sourire de l’aubergiste s’évanouit en entendant la question.

- Il est clair que vous ne venez pas de la région pour demander ça… Tout Nordheim a été la proie des hordes de créatures venues de Muspellheim. Elles ont ravagé la plupart des royaumes et Vanaheim n’y a pas échappé, même si ça a été moindre que dans d’autre. Maintenant, il est l’heure de la reconstruction. Et on a de la chance ici, nous avons des moyens. Dans certaines régions, ils ne pourront pas reconstruire avant plusieurs années.

Il fit un geste en direction du plateau.

- C’est pareil pour la nourriture. Ici, nous ne manquons pas de grand-chose. Ce n’est plus l’abondance comme avant mais au moins, nous pouvons manger à notre faim. Cette guerre a provoqué la perte de beaucoup de récolte et certains royaumes sont en proie à la famine totale. Ce sont des temps sombres et nous attendons un signe que les choses vont s’améliorer.

La bonne humeur de l’aubergiste avait disparu. Hruodland était attristé d’apprendre que la situation dans Nordheim était aussi mauvaise.

- Je suis désolé d’apprendre ça. Effectivement, je ne suis pas de la région et je n’avais pas été informé de ce qu’il se passait.

L’homme sourit timidement et laissa le guerrier manger son petit déjeuner.

La journée de travail s’était déroulée relativement rapidement. Ayant commencé plus tôt que ce qui était prévu, Hruodland avait aussi pu terminer de même. Il s’était rapidement et sommairement nettoyer sur le port à l’aide d’eau fraiche et avait directement filé à la bibliothèque. Tout le long du chemin, il avait observé les travaux qui se déroulaient dans la cité. Vu leur ampleur, les dégâts avaient dû être colossaux.

A son arrivé à la bibliothèque, le guerrier constata que la même personne que la veille se trouvait à l’accueil. Il alla se s’enregistrer pour pénétrer afin de se dépêcher pour se plonger dans ses recherches mais, la jeune femme à l’accueil était d’humeur bavarde.

- Vous de nouveau. Il est rare que des personnes viennent plusieurs jours d’affiler. Vous recherchez quelque chose de précis monsieur…

Conscient qu’il ne pourrait échapper à une conversation, Hruodland se força à être sociable.

- Appelez-moi Hruodland, pas besoin de monsieur.

Le visage de la femme sembla s’éclairer en entendant son nom.

- Ô, voilà un nom bien rare. Même dans nos contrées. Comme le chevalier de Charlemagne.

Hruodland ne sut que répondre et devant son air, elle s’empressa de préciser.

- Vous savez, Charlemagne et ses douze Preux ? Il y a eu de nombreuses chansons écrites sur eux et vous vous nommez comme l’un d’eux. Si vous voulez en savoir plus, vous pourrez trouver des copies aux rayons histoires et légendes.

Il n’avait pas pu exprimer ce qu’il recherchait mais, Hruodland avait une nouvelle piste à explorer. Il remercia la jeune femme d’un signe de tête et parti parcourir les allées jusqu’à celle qu’elle lui avait indiqué.

Il la trouva assez rapidement et chercha ensuite son sujet. Il le trouva dans les chansons de geste Franc : la chanson de Roland. Il la feuilleta rapidement s’arrêtant parfois sur des détails qui lui semblaient familier. Il prit ensuite d’autres ouvrages parlant toujours de Roland le Preux, puis des livres d’analyse d’œuvre. Le guerrier était émerveillé par ce qu’il découvrait. Au fur et à mesure de ses lectures, des images s’imposaient à son esprit. Des images tirées de ses cauchemars récurrents qui commençaient à s’expliquer. Plusieurs représentations du personnage étaient présentes et il ne pouvait s’empêcher de remarquer les similitudes avec ce qu’il voyait lorsqu’il se regardait dans un miroir. Il ne comprenait pas comment cela était possible mais il était persuadé être ce Preux dont les chants contaient les aventures.

Il parcourut tout ce qu’il pouvait trouver sur le sujet mais tous se finissait de la même manière : la mort de Roland. Comment pourrait-il être ce guerrier, s’il était décédé ? Il ne parvenait pas à l’expliquer puis, il trouva des coupures de presses récentes. Pendant plus de mille ans, il n’y avait aucune mention et là, il tombait sur des articles datant d’il y a à peine un an. Paris… Moscou… Tokyo… Tous les articles racontaient comment un être disant s’appeler Hruodland avait ravagé ces villes en étant à la solde de Poséidon. Les photos étaient formelles : il s’agissait bien de lui.
Que ce soit sur les dessins anciens ou les photos d’articles récents, l’homme représenté lui ressemblait traits pour traits. La seule différence était la couleur des cheveux, qu’il avait totalement argenté désormais.

Lui qui recherchait des réponses, avait maintenant encore plus de questions. Mais au moins, il savait qu’il avait un passé.

Il était encore sous le choc de ce qu’il venait de découvrir. Beaucoup de questions découlaient des réponses trouvées mais il pouvait au moins orienter ses recherches. Durant ses lectures, il avait vu mentionner une épée particulière que l’homme… Qu’il utilisait : Durandal. Il avait vraiment du mal à s’identifier au personnage qu’il avait vu sur les représentations du passé.
L’épée était dite indestructible et extraordinaire. Hruodland se rappelait les mots de Bjorn pour décrire l’attaque qu’il avait utilisé contre le géant de feu, le vieil homme l’avait comparé à une épée. Se pourrait-il qu’il y ai un lien ?

Il orienta alors ses recherches sur l’épée et parcouru encore de nombreux ouvrages. Tous disaient à peu près la même chose sur son histoire mais l’un d’entre eux possédait plus de détail. Le livre racontait que l’épée était en réalité une arme d’énergie que possédait Roland le Preux. Qu’il faisait partie, tout comme les autres Preux, de guerriers fantastiques maitrisant l’énergie divine et qu’il camouflait ses pouvoirs en utilisant une épée d’acier. Le livre allait encore plus loin en expliquant que Durandal était en réalité une manifestation d’une arme mythique issue des terres du grand nord où elle s’appelait alors Dragvendill. Il n’y avait pas plus de détail sur la nature de l’épée mais au moins, il avait désormais un nom à mettre sur la technique qu’il avait utilisé. En fait, il avait même deux noms… Il continua ses recherches en les orientant cette fois-ci sur Dragvendill. Il trouva plus d’information et ne put que constater les similarités entre les deux armes.

Plus il cherchait de réponse et plus il avait de questions…

Il lui restait encore une chose à cherche, l’origine de l’armure qui était venue le protéger. Bjorn avait dit qu’il s’agissait d’une Järnskinn Gardienne d’Yggdrasil. Il rechercha dans diverses livres mais il ne trouva que peu d’information. Il trouva bien des mentions faisant rapport au Järnskinn et découvrit qu’il s’agissait des armures sacrées de la région. Apparemment, tous les guerriers à la solde des Dieux avaient une protection de la sorte et l’ouvrage les comparait à ceux des Saint d’Athéna. Hruodland ne savait pas qui était Athéna ou les Saints mais il comprit qu’il devait s’agir d’une Divinité à l’instar d’Odin, le protecteur du Nord.
En dehors de cela, il ne trouvait que peu de détail sur les Järnskinn, aucunes descriptions ou emplacement où il pourrait la trouver. Il continuait ses lectures lorsque la jeune fille de l’accueil vint le trouver pour lui dire que la bibliothèque allait fermer.

Absorbé par ses recherches, Hruodland n’avait pas vu l’heure passé et il constata que la nuit était tombée depuis longtemps. Il s’excusa et rangea rapidement les livres éparpillés sur la table et prit congé.

Avant de quitter les lieux, Hruodland se permis une nouvelle question à la personne de l'accueil.

- Pardonnez moi, je cherchais des informations sur les Järnskinns mais je n'ai pas trouvé beaucoup d'éléments.

- Vous ne trouverez ce type d’information qu'au palais d'Asgard. Les bibliothèques comme la notre n'y ont pas accès.

- Je vous remercie.

- On aura la chance de vous revoir demain ?

- Je pense que j'ai fais le tour de ce que je pouvais trouver ici. Merci de votre aide en tout cas.

Hruodland sourit à la jeune femme et sortit de la bibliothèque. L'heure était bien avancée, ainsi il retourna à l'auberge afin de diner.

L'aubergiste et sa femme étaient bien occupés par les nombreux clients qui étaient installés à presque toutes les tables. Le guerrier fit un petit signe à son hôte et s'installa à une table encore vide.

- Comment allez vous ce soir ?

- Parfaitement, je vous remercie. Vous ne manquez pas de clients dîtes moi ?

- Effectivement. Mais c'est normal, il y a un match ce soir et les spectateurs en profitent pour manger ici avant de s'y rendre.

- Un match ?

- Oui, je devrais plutôt dire un combat d'ailleurs. Il s'agit d'une des petite distraction du port. Vous devriez aller voir, c'est parfois d'un bon niveau.

- J'irais y jeter un coup d'œil.

- Je vous amènes votre repas.

L'aubergiste repartit en cuisine et revint rapidement avec plateau fumant. Puis il reparti servir d'autres clients. Hruodland mangea son repas en observant les badauds présents, il avait encore l'esprit remplit de toutes ses découvertes.

Désormais il savait qu'il n'aurait d'autre choix que de se rendre au palais du Valhala pour obtenir les informations complémentaires qu'il avait besoin. De toute façon, sa venue ici n'avait fait que retarder cette échéance. Il lui faudrait maintenant décidé s'il partait des le lendemain ou s'il attendait encore quelques jours. Il n'avait pas encore réussi à gagner beaucoup d'argent avec son travail sur les docks, il aurait souhaité pouvoir s'acheter quelques vêtements afin d'être plus présentable.

Il finit son repas et monta dans sa chambre sans attendre. Il s'installa sur son lit, ce qu'il avait découvert tournant toujours dans sa tête. Ses pensées, ajoutées à l'agitation du port, ne lui permettraient pas de trouver le sommeil avant longtemps. Il décida d'aller voir l'événement dont lui avait parlé l'aubergiste pour passer le temps.

L’agitation dans la cité était plus forte que ce que Hruodland était habituée. Les quais étaient noirs de monde qui riaient ou s’apostrophaient sans faire attention à déranger qui que ce soit. Pour le guerrier, qui n’était pas guère habitué à côtoyer la foule, le bruit était un véritable capharnaüm. Il avança néanmoins au milieu des gens, tachant de ne pas se faire bousculer le long du port et finit par atteindre l’endroit où se déroulerait le combat.
A peine arrivé devant l’entrée, il entendit quelqu’un l’appeler. Se retournant, il constata qu’il s’agissait d’un de ses « collègues » qui vidaient aussi les cales des bateaux.

- Tu es venu voir le match aussi ? Viens, n’attends pas à l’entré, nous sommes déjà installés avec les autres !

Sans réellement pouvoir décider, Hruodland fut entrainé à l’intérieur du hangar qui servait de salle pour la soirée jusqu’à une table où était déjà installé les autres compagnons de travail de la journée ainsi que leur patron. Devant eux, se trouvaient plusieurs choppes de bière, déjà en partie consommées. Le patron sourit au nouveau venu et lui indiqua de prendre une chaise libre à côté de lui.

- Alors tu n’es pas si sauvage que ça ! Tu viens te mélanger un peu aux autres à ce que je vois.

- Je ne parvenais pas à trouver le sommeil et on m’a parlé de cet évènement. Je me suis dis que je pouvais venir y faire un tour. Merci de m’accueillir parmi vous.
Vous pouvez peut-être m’indiquer de quoi il s’agit réellement d’ailleurs ? Mon aubergiste m’a parlé d’un combat…

Les dockers rirent un grand coup en entendant la question.

- Les gars, soyez sympa. Vous savez bien que notre ami n’est pas du coin.
Oui il s’agit bien d’un combat. Le champion en titre va combattre un challenger qui l’a défié.
Si tu veux mon avis, le combat ne sera pas long : le téméraire va se faire bouffer tout cru !
Une fois qu’il sera vaincu, le champion accepte généralement d’être défier par quelqu’un d’autre afin de faire durer un peu la soirée. Tu devrais tenter ta chance, il y a un paquet d’argent à se faire.

Nouvelle éclat de rire de la tablée. Une serveuse passa proche et le patron l’apostropha pour qu’elle serve une choppe à Hruodland. Ce dernier allait la décliner, il n’avait pas d’argent à dépenser inutilement, mais il en fut dissuadé lorsque l’autre lui signaler que c’était cadeau. Le guerrier se saisit alors du récipient et porta ses lèvres pour gouter au contenu. A cet instant, il ressentit une chose bizarre. Il eut le sentiment d’être observé avec attention par quelqu’un.

Essayant de ne pas se montrer perturber, il scruta les alentours de la table, cherchant à discerner une menace dans les ombres des coins sombres. Il ne vit rien mais la sensation demeura présente, s’atténuant simplement quelque peu. Il but une partie de sa choppe mais resta sur le qui-vive.

Ceux qui accompagnaient le guerrier enchainèrent les boissons mais Hruodland tacha de faire durer la sienne. Il ne souhaitait pas perdre son attention car il se sentait toujours surveillé. La personne était très douée pour jouer avec les ombres car il ne parvenait pas du tout à la repérer.

La soirée poursuivit son cour avec le fameux combat. Dès que les adversaires apparurent, Hruodland sut que ce ne serait qu'un simulacre de combat tellement le niveau des combattants étaient décalé. Le champion en titre avait tout du lutteur professionnel alors que le challenger n'était qu'une montagne de muscle persuadé que sa force physique ferait tout. Hruodland était plus bien placé pour savoir que seule la technique apportait la victoire. Il se désintéressa immédiatement du combat.

La sensation d'être surveillé s'intensifia de nouveau mais cette fois-ci, Hruodland était en attente et repéra le coin où était caché l'espion. Il faisait trop sombre pour voir la personne réellement, seul une forme se laissait deviner. Le guerrier ne perdit pas de temps et se leva de sa chaise. Ses compagnons de soirée lui jetèrent un vague regard mais ils étaient trop absorbés par l'événement de la soirée pour se soucier de son départ.

Hruodland n'avait plus trop besoin de faire attention à ne pas montrer qu'il se savait observé. Désormais qu'il avait repéré sa cible, elle ne pourrait plus lui échapper. Il s'avança donc d'un pas décidé près à s'élancer à pleine vitesse si nécessaire. Celui qui le surveillait ne pouvait pas ne pas avoir compris être repéré mais demeurait pour le moment immobile. Ce ne fut que lorsque Hruodland finissait de contourner le ring de combat, qu'il décela un mouvement chez sa cible.

Elle sortit de l'ombre vivement et le guerrier put enfin la voir : un homme dans la force de l'âge, les cheveux bleus et un regard perçant de prédateur. Il était évident qu'il s'agissait d'un puissant combattant et Hruodland se demanda ce qu'il pouvait lui vouloir. Il n'eut guère le temps de s'interroger que l'homme enflamma son Hamr et lança une attaque d'énergie. La vitesse de réalisation surpris Hruodland et il n'eut pas le temps d'esquiver. L'attaque n'était de toute manière pas destinée à être puissante, certainement pour ne pas blesser les spectateurs, et il n'eut qu'à tendre sa main devant lui pour s'en protéger sans dommages.

L'homme en avait cependant profité pour s'enfuir mais Hruodland ne comptait le laisser s'échapper. Il partit en courant, bousculant les gens dans son passage, et pista l'énergie de sa cible. Elle avait fait une erreur en utilisant son Hamr lui donnant ainsi un point de repère. Sans surprise, Hruodland constata qu'elle était sorti en vitesse du hangar et il se retrouva donc aussi dans le froid de l'extérieur.

Dans le froid extérieur, Hruodland chercha à repérer sa cible. Contre toute attente, il n'eut aucunes difficultés à la repérer car celle-ci semblait en réalité l'attendre. L'homme se trouvait légèrement à l’écart, adossé contre une pile de caisses.

Hruodland observa l'inconnu tout en avançant à son encontre. Comme il l’avait déjà remarqué, il s’agissait d'un guerrier. Son visage était marqué de plusieurs cicatrices mais conservait une beauté sauvage. Ses cheveux étaient long sur l’arrière mais bien plus court sur le dessus. Ils virevoltaient dans le vent. Le plus remarquable chez l’individu était ses yeux. On pouvait facilement croire qu'il s’agissait de ceux d'un félin.

L’amnésique arriva à sa hauteur et le défia du regard. Hruodland laissa son Hamr croître de manière naturelle et son opposant fit de même. Les deux énergies crépitaient dans le froid et la neige fondait immédiatement lorsqu’elle entrait en contact.

- Qui es-tu et que me veux tu ?

Les mots avaient été prononcés avec animosité mais ils ne déclenchèrent chez l'inconnu qu'un sourire narquois.

- Mon identité ne t’apportera rien, je ne suis qu'une ombre au service du Père de Tout. Je ne suis là que pour te surveiller à sa demande. Quelqu’un capable de tuer un Eljodnar, ça ne passe pas inaperçu.

Le ton condescendant de celui qui se qualifiait d’ombre commençait à exaspérer Hruodland.

- Si ta surveillance est terminée, tâche de ne pas rester dans mes pattes.

Alors qu'il commençai à se détourner, un ricanement le stoppa.

- Calme toi Volsung, nous n'en avons pas terminé.
Je suis certain que tu as beaucoup de questions mais je ne suis pas ici pour y répondre. De toute façon, je ne le pourrais pas.
Par contre, je peux t’indiquer ta prochaine destination. C'est là, qu’on saura si tu mérite vraiment l'aide de la Järnskinn d’Asgard. Tu es intéressé ?

Les paroles de l'ombre interpellèrent Hruodland. Cet homme semblait en connaître beaucoup et lui avait besoin sz réponse. L'armure qui était venue l'aider était l'une de ses questions.

[color=brown]- Je t’écoute mais fini les énigmes. Fin [color=brown][i][b]

L’homme ricana mais finit par répondre pour de bon.

[i][b]- Il est rare qu'une Järnskinn décide seule d’intervenir. Tu as du éveiller quelque chose en elle.
Pour la trouver, tu te rendre à Sovngarde, la cité immortelle d'Asgard. Elle se trouve en plein cœur du Royaume, tu devrais la trouver facilement.
Une fois les épreuves qui t'y attente vaincues, tu aurais des réponses.

L’amnésique acquiesça et ne tenta pas d'en savoir plus. Il se doutait que l’homme n’ajouterait rien.

- Très bien. Je suppose qu’on ne se reverra pas.

Ce n’était pas une question mais plutôt une menace. Hruodland s’éloigna rapidement et n'entendit pas les dernières paroles de l'ombre.

- Au que si, nous allons nous revoir car tu te rends sur mon territoire.

Un Hamr d’un froid intense entoura l'inconnu qui disparu en un instant.

Hruodland ne prit pas la peine de retourner vers ses compagnons de soirée, il était désormais impatient de se rendre dans cette cité mystérieuse. Il retourna à l’auberge et fit son sac rapidement. Il ne prit même pas le temps de saluer l’aubergiste, qu'il se mit en route vers son avenir.