Saint Seiya
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[OTS 2] Avant-poste de la Fondation GRAAD
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Suite à l’annonce du désastre survenu dans la région d’Abydos, le service administratif du grand Pope avait pris l’affaire en main sans attendre. Le gouvernement égyptien avait été contacté pour entamer des négociations permettant aux deux partis de s'entendre sur un accord mutuellement profitable : une aide humanitaire, ainsi qu’une compensation financière conséquente pour les uns, un alignement médiatique positif et un accès sans restriction à la zone de quarantaine pour les autres.

Bien qu’irrité par les conséquences directes des décisions irréfléchies du chevalier d’or du Lion, le premier administrateur Phidias avait très rapidement contacté la fondation Graad, également connue sous la dénomination de fondation Kido, afin d’obtenir un soutien logistique, scientifique et technologique pour honorer la dette du Sanctuaire envers l’Egypte, mais également pour apporter un appui tactique aux chevaliers déployés sur le terrain. La mission est dirigée par le numéro deux du service administratif : Hécate Anthonikos.

Hécate Anthonikos est une femme d’une trentaine d’année, plus grande que la moyenne et plutôt athlétique malgré son emploi de bureau. Brune, elle arbore un carré plongeant et porte une paire de lunette de vue de luxe à la monture noire. Maquillée juste ce qu’il faut, elle porte uniquement des tailleurs noirs et chemisiers blancs, réhaussés d’une paire de chaussures noires à talon aiguille de marque. Sa manucure est toujours impeccable. De son attitude sévère, elle fait la démonstration d’une efficacité redoutable dès qu’il s’agit d’organiser le travail ou encore pour toutes les questions afférentes à la logistique ou au financier. Pour cette mission, elle a troqué son costume de working girl pour une tenue tactique couleur sable, relativement seyante compte tenu de la situation.

L’avant-poste de la Fondation Graad est composé de trois sections, elles même composées de plusieurs modules aérotransportables. D’un matériau novateur, ces modules sont prévus pour allier souplesse et résistance extrêmes. L’ensemble de la structure est alimenté par un générateur électro-cosmique avant-gardiste, technologie qui ferait baver d’envie n’importe lequel des puissants de ce monde, si seulement ils avaient connaissance de son existence. Semblable à un générateur nucléaire miniaturisé à l’extrême, le combustible radioactif est remplacé par un cœur en orichalque, alors que des groupes électrogènes tactiques sont déployés à l’extérieur de la structure pour donner le change. Outre l’alimentation des diverses ailes de l’avant-poste, l’énergie disponible permet d’alimenter de puissants capteurs (optiques, énergétiques, cosmiques, …), ainsi qu’un champ d’amortissement cinétique révolutionnaire.

La première aile est un hôpital de campagne prévu pour recevoir et soigner la population blessée. Elle dispose également d’un entrepôt pour les stocks de médicaments et denrées de première nécessité à destination des rescapés.

La seconde aile est privative et abrite les quartiers d’habitation, ainsi que les bureaux, du personnel déployé sur le terrain. L’infirmerie réservée au personnel de la mission et aux chevaliers se trouve également dans cette section.

La dernière aille contient les laboratoires, les locaux techniques secrets, ainsi que le central opérations de la mission. Cette section est la mieux protégées et la mieux gardée de la structure déployée. Plusieurs senseurs et antennes paraboliques, bien que déployés sur l’ensemble des modules, sont directement reliés à cette section. Le QG est en synchronisation permanente avec la flotte de satellites géostationnaires et basse orbite de la Fondation Graad, permettant d’étudier le phénomène sous tous les angles possibles et inimaginables.


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Colombe
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Le vent est si puissant, c’est assez pour que le sable commence lentement et sûrement à nous écorcher le visage. Nous progressons si lentement, et pourtant chaque minuscule pas nous demande chacun un effort surhumain, surtout pour moi qui doit en plus tenir mon bouclier. Azir s’en sort plutôt bien, j’en suis jalouse. Même s’il avance à la même longueur que moi, j’ai l’impression qu’il trottine sans effort. J’ai presque l’impression qu’il fait des clins d’œil à la tornade pour qu’elle le laisse plus facilement. Sa couette libérée de son turban se balance gracieusement et se fout visiblement de la loi du vent. Je ne peux même pas imaginer comment je dois ressemble, à part pour mes doigts. La peau de ceux-ci s’est effritée pour de bon, dévoilant ma chair. Je grimace de douleur et je rougis d’embarras, sachant que la scientifique sexy nous filme. Je parie qu’on est en direct sur Twitch. Je m’arrête un instant pour reprendre un peu de mes forces, ce qui n’est pas facile au beau milieu d’une tempête. J’essaie aussi de reprendre mes espoirs. On va jamais y arriver seuls.

…il nous du renfort.

Le bout de mes os atteint difficilement mon téléphone coincé dans mon plastron. Je ne sais même pas si j’ai réussi à composer le moindre numéro. Je suis pas mal certaine que mon corps est soulevé par le vent, mais dès que j’entends quelqu’un décrocher à l’autre bout du fil, je hurle avec tout ce que j’ai dans mes poumons, sable inclus :

-ON A BESOIN D’AIDE!...VENEZ VITE!


Difficilement, je reviens au sol avec l’aide d’Azir, qui n’a plus de visage tant le sable l’a écorché lui aussi. J’essaie de lui dire que l’aide est en route, mais je n’ai plus de voix. Soudainement, j’entends une musique nostalgique par-dessus nos têtes. Je soulève la tête et repère tout de suite le vison volant vers nous avec Mary Poppins sur son dos. Enfin, pas tout à fait, elle fait juste flotter avec son parapluie juste au-dessus d’Appa. Mais peu importe! Notre problème est réglé! Avec Mary Poppins, on peut tout faire! IMPOSSIBLE de tout gâcher!

Alors que nous faisons tous une petite danse de la victoire en avançant sans problème vers l’œil de la tempête, mon poing accroche une barrière invisible. Je ne la vois pas mais je suis quand même consciente de son existence.

Une énorme explosion éclate et nous sommes tous renvoyés dans le désert. Je n’entends plus rien sur le coup, mais je remarque qu’Appa et Azir ne sont plus là. Oh non…est-ce qu’ils sont mort? Non non non…Soudainement j’entends mon nom. C’est Mary Poppins qui m’appelle faiblement. Elle est étendue à terre, les bras et les jambes dans la mauvaise direction et un gros trou ensanglanté en plein dans le ventre. Elle me fait signe de m’approcher et je me jette à genoux à ses côtés, déchirant mon t-shirt blanc et le fourrant dans sa blessure au ventre en la rassurant qu’elle va s’en sortir, ce n’est pas si pire. Elle arrête mon geste en prenant ma main en murmurant :

«Dites…dites à Bert que je…je…»

Mais ses paupières se ferment et elle emporte dans sa tombe avec elle sa dernière volonté…


Je me réveille en sursaut et hurlant :

-ON A TUÉ MARY POPPINS!!!

Avant d’éclater en sanglots je réalise que ce n’était qu’un rêve. Un terrible, certes, mais rien là-dedans est vrai. Enfin…pas tout à fait. On a vraiment fait exploser une tornade. C’est déjà assez mauvais en soi, je suis déjà soulagée de ne pas avoir fait un cauchemar sur le village. Là, c’est une autre histoire. Par notre faute, le village a sauté. Pas un seul survivant. J’ai été cherchée pour des survivants, mais il n’y en avait pas. J’ai vu des corps en revanche, une autre image que je suis très contente qu’elle ne m’a pas suivie jusque dans mes rêves. Elle m’attend toutefois dans la réalité. J’aurais aimé pouvoir la fuir, mais j’ai encore plus peur d’aller au camp. Qu’est-ce qu’ils vont penser de nous? Je voulais pas blesser personne…

Je regarde où les corps sont supposés être enterrés. Il y en a certainement plus, mais à trois je me suis dit que mon cœur allait exploser de regret, de honte et de chagrin. Je n’ai pas retrouvé la petite Yasmine, je ne sais même pas si elle était encore au village. J’ai creusé dans le sable avec mes mains une fosse commune parce que c’était moins de trouble. Après avoir empiler trois pierres en leur honneur, j’ai improvisé un discours pour honorer leur mémoire :

«Nous voilà tous réunis pour honorer le village dont je ne prononcerai pas le nom afin de ne pas le massacrer. Je n’ai pas connu la moindre personne à part un kid, mais je suis sûr que comme les gens étaient accueillants et whatever. Leur disparation était dans les plus malheureuses et malchanceuses circonstances, mais c’est notre devoir de nous racheter de nos erreurs en ne les oubliant pas comme des imbéciles. Partez en paix avec le cœur aussi léger qu’une plume. C'était mon TEDTalk.»

Même après ça, je n’ai pas fait demi-tour vers le campement. J’étais épuisée mentalement et émotionnellement et je suis donc restée là pour m'endormir dans les ruines. Maintenant me revoilà en train de reprendre conscience de mon environnement et quelqu’un se tient juste devant moi. Je dois me protéger le soleil d’une main pour reconnaître Azir, qui était là depuis je ne sais combien de temps.
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Azir
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Malgré tout ce qu'on avait pu lui décrire, la scène paraissait épouvantable aux yeux de l’Égyptien : face à lui, même les maisons d'argiles avaient fini par se fendre sous l'effet de la tempête et de l'explosion. Les quelques puits étaient bouchés, les voitures renversées, voire démantelées, le bétail et les Hommes inexistants. Des ruines. Voilà tout ce qu'il restait. Grâce à son ordre d'évacuation, une poignée de villageois avaient survécu, quelque part loin d'ici, mais à cause de son empressement, de cette pression continuelle du temps et de l'ignorance du phénomène, la très grande majorité avait été anéantie. C'était encore pire que le Printemps arabe, pire que les attentats récents. Et c'était de sa faute.

Ébranlé dans tout son être, une fois qu'il eut retrouvé une Colombe épuisée à côté d'une tombe de fortune, il n'avait pas eu le courage de la réveiller. En silence, il avait laissé les larmes brûler ses joues, accompagnées de l'amer goût du désastre et de la culpabilité. Il s'était alors mis à prier. Athéna. Allah. Dieu. Même les anciens dieux Égyptiens qui peuplaient le désert. A chacun, il avait demandé le repos pour ces âmes fauchées trop tôt. Qu'ils fussent pêcheurs ou innocents, croyants ou non, d'ici ou étrangers. Puis il avait posé le regard sur l'horizon, en direction de cette pyramide traîtresse sortie des sables, probablement contenant la promesse de dangers plus terribles encore.

Après peut-être une heure à émietter méthodiquement chaque parcelle de son orgueil malheureux et de son estime de soi, le Lion d'or avait perçu du mouvement du côté de sa partenaire, et simplement tourné la tête en attendant qu'elle s'éveillât de nouveau. Il lui tendit alors une gourde qu'il avait prise avec lui, dans l'éventualité ou le soleil l'aurait trop desséchée et qu'elle n'aurait pas pensé à en prendre une.

"Merci de m'avoir ramené..."

Sur le moment, il n'avait pas pensé ses mots. Il s'était dit qu'il aurait mieux valu que lui mourût à leur place à tous. Que les chevaliers d'or devaient prendre sur eux le salut des autres. Avant d'admettre qu'il n'avait malgré tout aucune envie de mourir. Et que cela n'aurait rien changé puisque la menace de la pyramide existait toujours.

"Comment tu te sens ?"

Moi mal. Si mal. Comment pourrais-je me regarder en face après ça ? Regarder les habitants encore en vie en face ? Mes élèves du Sanctuaire ? C'est à ça que je les prépare ? A détruire des villages sous le coup de la précipitation ? A se maudire jusqu'à la fin de leurs jours ? Quel maître pathétique je fais. C'est sans doute pour cela que Leihara et Elsje sont parties.
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Colombe
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Azir me tend une gourde d’eau que j’accepte immédiatement, la mienne étant vide. Je rougis un peu à l’idée qu’il m’a sans doute entendue beugler du gros n’importe quoi, mais l’embarras disparaît en une seconde. Je prends une petite gorgée d’eau rafraîchissante et je lui redonne la gourde. À son remerciement, je hausse légèrement les sourcils et lui réponds :

-Ça aurait été chiant de ma part de te laisser là. Et puis t’aurais fait la même chose pour moi. Ça fait longtemps que t’es là?


Dès le départ, j’ai l’impression que la conversation sera très lourde. Vu les circonstances, elle ne pourrait pas être autrement. L’atmosphère laisse croire que du Evanescence va jouer en musique de fonds à n'importe quel moment. Je n’arrive même pas à trouver quelque chose à dire. C’est lui qui brise le silence, s’enquérant de mon état. Après l'avoir regardé droit dans les yeux, je ne réponds rien. La réponse devrait être évidente. Indice: c'est pas oui. Par politesse, je finis par lâcher d'une voix pâteuse:

-Correcte.

Correct est le mot magique pour quand tu ne veux pas partir un drame parce que la vraie réponse est non mais que tu sais que oui est la réponse préférée du monde. Correct est un non qui veut dire que c’est pas important. Je serais prête à me gaver de jujubes au cannabis pour chasser le regret et la culpabilité si c’était pas du fait que je suis juste à côté du désert (et au travail techniquement). Je dirai bien une bouteille de vin comme la plupart du monde mais je bois pas alors bon. Je n’arrive même pas à concevoir comment je vais sortir de ce village et regarde littéralement n’importe qui en face. En même temps je m’en veux de m’apitoyer ainsi en sachant que je suis parmi les plus chanceux dans cette histoire. Donc ouais, correct semble approprié.

D’autant plus que ça encore moins bien pour Azir. Je vois à peine son visage et je sais déjà à quel point il est démoli. Tellement que je crains presque de lui demander comment il va. Non seulement j’ai déjà une bonne idée de comment, je crains de le faire craquer juste en lui demandant « Et toi? ». J’vous jure, j’ai pas le tour pour ça…

-J’suis contente que tu sois pas mort.


C’est la chose la plus sincère qui me passe à l’esprit. On peut dire que pendant toute notre mésaventure j’ai eu peur, mais j’ai eu particulièrement la chienne quand j’ai cru qu’il était mort, surtout en sachant que s’il ne m’aurait pas sauvé la peau, il n’aurait pas été dans le coma.

-Désolée de ne pas avoir pu faire grand-chose à l’intérieur quand c’est devenu catastrophique. Si j’avais su que ça se terminerait comme ça, j’aurais pensé à autre chose pour rentrer…pour essayer de garder de l’énergie au cas où…

Je n’ose pas ajouter que j’aurais dû douter que c’était pas une bonne idée, surtout pas après lui avoir promis que je lui ferais confiance. Honnêtement, je veux lui faire confiance. C’est un Chevalier d’or mille fois plus fort que moi. Qui suis-je donc, petite fille du peuple qui par chance a une armure de bronze, pour dire que c’était pas une bonne idée? D’autant plus que même moi je voulais foncer droit dans la tornade, j’étais cent pour cent d’accord avec des plans bien plus débiles qu’il ne se l’imagine. Son erreur, si ce n’aurait été pas lui qui l’aurais commise, ça aurait été moi. Mais est-ce que je dois me poser des questions? Est-ce que je dois le remettre en question? Encore une fois, quand le sang se glace, le doute prend place.

Cette constatation ne m’apporte aucun réconfort.
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Azir
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A la question du temps passé, le Lion sortit de nouveau son téléphone, appuya sur le bouton d'allumage sans résultat. Soit l'appareil avait fini par rendre l'âme, soit la batterie s'était complètement vidée. Il montra l'écran fendu à la Sainte, avant de le ranger de nouveau.

"Un bon moment je crois. Mais tu avais l'air d'avoir besoin de te reposer."

A bien y réfléchir, d'un point de vue extérieur c'était peut-être étrange. Trouver une fille allongée près d'un cimetière improvisé, s'asseoir à côté d'elle plutôt que de la réveiller ou la ramener dans un endroit plus convenable. Est-ce qu'elle le prendrait mal ? Oh et puis merde. Les gens pouvaient bien penser ce qu'ils voulaient.

Ils se parlent en peu de mots. Seulement l'essentiel. Pour être honnête, il n'y a que l'essentiel qui arrive à sortir, les banalités habituelles mourant aussitôt formulées dans les pensées et au bord des lèvres. Ils sont vivants. Pas les autres. C'est un peu le seul refrain qui tourne dans leurs esprits, un choc qui risque de rester vivace pendant un bon moment encore. De qui était-ce la faute ? Peu importe. Les gens qui sont morts ? Eh bien, maintenant, ils sont morts... alors autant finir de résoudre le problème en leur mémoire plutôt que de rester prostrés à les pleurer non ? Pour que ceux qui vivent encore le fassent en sécurité.

Azir finit par détourner la carnage du carnage sans éclaboussures de sang, sans membres dispersés aux quatre vents, sans traces de lutte ni de désespoir. Finit par lever la tête de ce carnage de sable silencieux et quelque part, pur. C'étaient des mots qu'il n'avait pas osé attendre. Depuis le temps, ses yeux avaient séché, de sorte qu'on ne pouvait pas deviner ses larmes récentes. En fait, il avait plutôt bonne mine compte tenu des 48 h de "sommeil" et des soins qu'il avait reçus.

"Réciproquement. Désolé mais il faudra encore compter sur ton baby-sitter un petit moment au moins."

Pas la force de sourire, mais il espérait que le ton donnerait du sens à la plaisanterie.

"Tu n'as pas besoin de t'excuser pour quelque chose que ton niveau actuel ne te permet pas de faire. Et c'est valable aussi pour moi je te rassure. Si on avait su, on aurait pu refaire le monde différemment, sauf que c'est pas le cas. Maintenant il faut se concentrer sur ce qu'on peut faire pour éviter que ça se reproduise. Ce qu'on peut faire pour être meilleurs que ça. Voyons le bon côté des choses..."

Un long silence s'installa, pendant lequel il s'efforça de mettre de côté les morts et l'anéantissement du village. En fait il était tellement peu enclin à positiver que l'absence de mots devint gênante passée une bonne minute sans rien dire. Puis l'inspiration lui vint :

"Maintenant on sait ce qu'il y avait dans cette tornade. Et je suis à peu près sûr que les scientifiques n'auront pas manqué d'enregistrer un paquet de données. On pourra aller les voir et espérer qu'ils se soient mis d'accord cette fois..."

Il voyait d'ici la rebelle avec ses drones leur presque sauter à la gorge en les accusant d'avoir précipité la chute du monde à cause de leur insouciance et leur incompétence, une flopée de "Je vous l'avais bien dit" prêts à l'emploi, que ses confrères viendraient appuyer faute d'avoir pu trouver une théorie viable AVANT la catastrophe. Il en avait d'avance un puissant mal de crâne et but une gorgée d'eau pour se donner un peu de courage.

Un soupir plus tard, il se releva, épousseta un peu de sable de ses cheveux et lui tendit la main pour l'aider à en faire autant.

"Avant de faire quoi que ce soit, il faut reprendre des forces. On va voir si on peut trouver quelque chose à se mettre sous la dent ?"
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Colombe
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Okay donc il était là depuis longtemps. Hum…est-ce que je devrais m’inquiéter? Est-ce que son côté Edward Cullen sort rarement ou souvent? Bah, c’est plus important je suppose, mais drôle de comportement quand même. Waaaait…maintenant que j’y pense, ils ont plusieurs points en commun. Je réponds distraitement à sa plaisanterie (parce que c’en était une je crois), et c’est quand il me rassure que je n’aurais rien pu faire que j’arrive enfin à me tirer de mes pensées calculatrices pour m’assurer que je suis dans la bonne franchise.

Je réfléchis plutôt avec lui les bonnes choses qui se sont produites. Le long silence qui s’ensuit résume pas mal tout. Je ne sais pas à quel point la pyramide est le bon point et à quel point ça en a valu la peine. Mais bon, nous avons besoin de préserver l’illusion que nous sommes encore de bonnes personnes malgré notre stupidité et notre impulsivité pour se sentir bien à propos de nous-même.

À la mention des scientifiques, je roule mes yeux.

-Ugh…les scientifiques…à part la fille, je sais pas s’ils seront capables de s’entendre au moins pour nous engueuler. Mais s’ils le sont, on peut l’ajouter sur la liste de trucs positifs : on aura distrait des scientifiques de leur besoin d’avoir raison.

Un petit frisson me passe dans le coup en pensant à la scientifique, qui a plus les deux pieds sur terre que ses collègues. Je regarde rapidement Azir pour remarquer que lui non plus, il n’a pas l’air très enthousiaste à l’idée de la revoir.

-Un autre truc bien est qu’on lui a donné de nouvelles données.

Je me surprends à penser à deux autres faits « positifs » malgré la catastrophe, mais compte tenu de ma paresse et de mon talent pour trouver des excuses nulles, c’est plus ou moins surprenant. Quand Azir tends sa main pour m’aider à me relever, je souris un peu en saisissant son avant-bras pour me remettre sur mes deux pieds. Je m’époussette un peu et je fais l’hélicoptère avec mes cheveux pour enlever le surplus de sable avant de répondre sans hésitation :

-Tord-moi pas l’autre bras, j’te suis. Manger va nous faire du bien un peu.

Tandis que nous marchons en direction du campement, je commence à penser à voix haute à des théories :

-Ok…donc la pyramide est sûrement reliée aux objets volés à Goa. Mais dans quel but? Est-ce que c’est pour ressusciter un dieu ou un pharaon qui se prend pour un dieu? Oh man…si c’est une affaire de momie…woa putain! T’imagines si c’est une momie et que c’est juste la première étape? Genre quelqu’un essaie de recréer le monsterverse et qu’il a décidé de commencer avec la momie parce qu’elle est plus cool? Tu crois que c’est à propos d’une malédiction? Tu crois qu’on verras des monstres chats à l’intérieur? Z’aimaient les chats avant non? C’est pas comme si les chats étaient pas déjà des petits démons…


Une pause avant de me retourner vers Azir :

-Mais pas les lions hein. Enfin, les lionnes c’est cool.

J’ai vu un documentaire où une lionne se sauvait d’un lion qui voulait tuer ses bébés mâles afin de s’assurer d’être le pénis suprême de la meute. J’ai moins de respect pour le côté mâle de l’animal depuis, si je peux le dire gentiment.

On arrive plus vite au campement plus vite que je l’anticipe, qui est pas mal grand considérant qu’il vient d’être monté. Je crois voir le lieu où sont les réfugiés et je détourne le regard. C’est trop tard pour retourner à la ruelle?
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Azir
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Relativiser sur les points positifs de leur expédition fut un peu plus compliqué que prévu, mais ils trouvèrent tout de même de quoi dire. Une petite victoire tandis qu'ils se dirigeaient vers le cœur du campement pour aller chercher un en-cas. Sur le chemin, Colombe commença à énumérer ses hypothèses, ce qui surprit quelque peu le Lion d'or étant donné qu'elle avait parfois freiné des quatre fers concernant l'affaire -surtout lorsqu'il fallait voir les photos et scènes de crimes en fait. Il l'écouta sans l'interrompre, se remémorant en même temps ses propres conclusions au commissariat.

"Le monsterverse est peut-être de trop, mais il est bien possible qu'un rituel incluant nos objets et nos victimes soit d'usage pour faire renaître un dieu, une malédiction ou... une momie. Pas que je m'y connaisse particulièrement en nécromancie égyptienne, mais j'avais déjà mentionné un possible rite lié à Isis et Osiris pour les époux Sempouri si tu te rappelles bien.
Et maintenant que j'y repense, puisque nous sommes à peu près sûrs qu'il s'agit d’Éveillés... De ce que j'ai lu dans les archives du Sanctuaire, les Capricorne héritent traditionnellement d'une "lame" cosmique censée représenter Excalibur. Je ne dis pas que c'est un Saint qui est responsable du meurtre, mais si quelqu'un possédait un pouvoir similaire, ça expliquerait la double coupure nette au niveau de leurs cous. Bien que je ne m'explique toujours pas précisément l'absence d'éclaboussures. Mais bon, avec le cosmos on peut s'attendre à beaucoup de choses impossibles...
"

Il eut un petit sourire en repensant aux derniers mots de Colombe.

"Il existe une déesse à tête de chatte, Bastet, qui garde les foyers et bénit les mariages, prémunit parfois contre les maladies... Et il en existe une autre à tête de lionne, qui personnifie la vengeance de Rê le dieu-soleil, sur les ennemis de l’Égypte. Laquelle tu préférerais voir ?"

A un moment, il sentit sa compagne se crisper, suivit son regard et comprit aussitôt. Il lui barra alors le champ de vision et posa la main sur son épaule.

"On fera pas la même erreur."
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Discuter de l’enquête semble nous faire du bien. En tous cas pour moi, ça en fait. Je peux enfin lancer des théories et imaginer des scénarios. Enfin, ce n’est sûrement pas ma spécialité de connaître un tas de trucs égyptiens comme Azir. A-t-il fait des études sur l’Égypte ancienne ou quoi? Peu importe, je vais me concentrer sur des théories folles, même si Azir me rappelle sans s’en rendre compte qu’il peut en sortir des pas mal non plus.

Pour être honnête, je ne me souviens pas de tout ce qu’il a dit au commissariat de Goa. Il a dit beaucoup de trucs. Je ne me souviens pas du rite amoureux avec Isis et Osiris, mais je me souviens de la théorie du triangle parce qu’elle m’avait fait un peu sourire mentalement : « écoutez écoutez…il y a trois points sur la carte…ça fait un triangle…DONC UNE PYRAMIDE! ». Oui, une pyramide est formée de triangles. Comme vous voyez, nous sommes d’excellents détectives. Nous excellons également à sauter des tornades. Ça me fait penser, est-ce que se sont des détails que je dois rajouter à mon résumé? Demolition woman, spécialisée en catastrophe naturelle? Vous vous rappelez la tornade à El Balyana dont l’explosion a éradiqué un village entier? C’était mon collègue et moi!

Alors bon, quand Azir me demande si je me souviens de cette théorie en particulier, je lui mens en disant oui mais je continue quand même à développer sa théorie avec lui :

-Ah oui celle-là. Ben je sais pas pour le contexte amoureux du truc, y a quand même pas juste un couple qui a été tué. Y a deux hommes qui ont été victimes d’une attaque sans qu’un ou une partenaire amoureuse soit impliqué. Mais c’est peut-être un autre dieu? Y a pas Seth qui est le trou de cul du panthéon égyptien?

Je me gratte la tête en songeant au roman La Pyramide Rouge. Un des antagonistes n’avait pas le béguin pour un dieu de la mort? Je me souviens pas trop, j’ai jamais accroché sur la série.

-Y a un autre dieu de la mort égyptien right? Ou c’est juste moi? Anubis? Avec la balance et la plume? Ça pourrait être lui.

Un dieu de la mort ou Seth, dieu égyptien des enfoirés. Les dieux des enfoirés sont toujours les plus mémorables.

-Et peut-être que le dieu va se réincarner dans un corps de momie!

Mon impression qu’il y aura une momie dans l’affaire est tellement fort que si finalement il y en a pas, je serai fâchée. Azir me demande soudainement quelle déesse je préférais rencontrer. Je réfléchis en souriant et je réponds :

-Si je devais choisir, ça serait celle à tête de lionne. Remarque, une ou l’autre, si j’avais à les rencontrer, je préférais que ce soit dans un endroit neutre…genre un café avec la chanson « Bébé chat» comme trame sonore. Tant que ce soit pas dans une pyramide, un champ de bataille ou un bar.

Son geste rassurant me garde calme, bien que je n’aime pas les contacts physiques comme ça. J’hoche la tête, déterminée de ne pas refaire la même erreur, comme il le dit si bien. Je sais que je vais faire des conneries. C’est dans ma nature. Je ne sais pas pourquoi je suis une Saint alors que je suis plutôt incompétente. Je ne peux pas promettre qu’il n’y aura plus d’erreur de ma part, mais plus jamais je mettrais la vie de gens en péril comme ça.

On arrive à se trouver de quoi à se mettre sous la dent, et nous nous installons de façon à voir au loin la pyramide. Je n’ai pas vu la scientifique, et vu comment tout le monde est clairement occupé, je décide de ne pas trop les importuner et de garder un profil bas. Je demande tout de même à quelqu’un des jumelles, que j’utilise pour voir de plus près la pyramide. On nous interdit d’y rentrer avant d’en savoir plus. En d’autres mots, on nous dit de jouer sur le banc et de ne pas faire de bêtises. Roger that.

La pyramide est massive, et je crois voir des hiéroglyphes familiers. Je dois les avoir vu sur les objets volés à Goa. Il est clair qu’on va devoir faire une visite à l’intérieur.

-Bonne nouvelle Azir. La pyramide est vraiment un triangle.

Je lui tends les jumelles et j’ajoute :

-C’est dommage qu’on peut pas rentrer encore, mais en même temps c’est comprenable.

C’est tout de même frustrant. Tout va clairement se dérouler à l’intérieur. C’est de toute évidence là où il faut aller. Mais avec notre connerie d’il y a quelques jours, il faut bien montrer qu’on a compris qu’il faut faire preuve de patience. En ce moment, je me sens juste…inutile. L’idée de m’allonger à l’ombre comme je le fais maintenant n’est même pas tentant. Et puis zut, je me sens pas bien ici. Ça me rappelle pourquoi ce camp a été monté en premier lieu.

Pas très convaincue qu’Azir serait d’accord pour se pousser de là, je commente quand même :

-Tu sais…même si on peut pas rentrer dans la pyramide, on pourrait quand même s’approcher. Voir les détails de plus près, et peut-être qu’on apprendra de quoi.

Je me suis essayée quand même, car qui sait? Peut-être qu’en fait il pense la même chose que moi. C’est pas rebelle, non non. Parce que c’est pas contre la consigne. On ne désobéirait pas.

Entre la pyramide dangereuse de la mort et le campement, étrangement je préfère m’approcher de la pyramide. On verra si je changerai d’idée par après…


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Azir
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L'idée de rire dans cette situation pouvait paraître idiote et déplacée, mais en sentant un sourire étirer inévitablement la commissure de ses lèvres et en entendant Colombe s'appliquer aussi scrupuleusement à échafauder des théories un peu fumeuses -qu'il alimentait volontiers-, le Lion d'or se dit que le remède était efficace. Il l'écouta donc sans oublier les vrais éléments d'enquête qu'ils avaient récoltes jusque-là, en se disant que peut-être de l'invraisemblable ils pourraient tirer une vraie idée, à la fin.

"Pour résumer ça simplement, Seth a deux grandes facettes : d'un côté, il est le dieu de la Violence personnifié, il règne sur le désert et le feu intérieur capable de détruire une personne ou... ce qu'il veut en fait. De l'autre, il est aussi symbole de puissance, de force, protecteur des armées parfois, il aide la barque solaire à traverser la nuit pour le Soleil renaisse au matin. On peut pas dire qu'il ne soit QUE le trou du cul de fait. Mais un peu quand même."

Intérieurement, Azir s'excusa de l'insulte. La Sainte avait une façon bien à elle de présenter les choses et il ne voulait pas juste la sermonner sans explications, même si parfois ses mots allaient un peu loin. Au pire, si c'était bien Seth dans la pyramide, elle pourrait lui dire ce qu'elle pensait en face et... probablement ne pas en ressortir vivante. Ouais non, mauvais plan.

"Anubis est effectivement chargé de la pesée des âmes, de l'embaumement et d'un certain nombre de rituels funéraires. Donc il entrerait aussi dans le tas. Et puisqu'on parlait d'Osiris, une fois passé dans le monde invisible égyptien, il est devenu le souverain des morts. Une fois momifié."

Il lui fit un clin d’œil complice et haussa les épaules concernant le cadre dans lequel elle envisageait de parler potins avec une déesse. Là il risquait de ne pas pouvoir faire grand-chose pour alimenter son fantasme. Mais le fait qu'elle lie automatiquement la pyramide à la mort l'intriguait. Certes, ils avaient légèrement déchaîné des millions de tonnes de sable sur un village en quelques minutes mais... s'ils n'avaient touché à rien, est-ce que le résultat aurait été le même ?

Silencieux par le verbe quelques minutes, il en profita pour reprendre des forces. Et putain ce que ça faisait du bien de manger ! Il avait l'impression d'être vide depuis 2 jours. Hm, attendez une seconde...

C'est lorsque sa compagne d'infortune lui tendit les jumelles que son cerveau cessa de retourner les indices dans tous les sens. Un triangle ?! Mais comment était-ce possible !

"Parfait, je note. Je crois qu'on est bons pour le Nobel à ce rythme !"

Une petite touche d'humour qui fait du bien, oui c'est ça. A défaut de pouvoir examiner tout ça de plus près pour éviter des catastrophes... Enfin... Qui l'a interdit déjà ? Un instant Azir se demanda si elle lisait dans ses pensées. Il décida que non, parce que dans ses pensées il n'y avait pas de monsterverse avec des momies précurseures de sagas cross-over. Ni de rencontre avec une déesse féline dans un café avec "Bébé chat" en fond sonore. Définitivement non.

"J'y pensais. Essayer de la sonder ou quelque chose de cet ordre. Après tout la tornade a eu lieu quand on a touché la barrière, pas avant. Mais on va..."

Soudain, un grand boom en arrière-plan. Provenant de l'ancien village d'El Balyana. En un temps record, Azir fut debout sur ses pieds, et sans doute aurait-il couru directement s'il avait été seul. Le pire, c'est qu'il sentait des cosmos, apparus soudainement. Des Éveillés qui avaient été pris dans la tornade, coincés quelque part, assommés, et qui sortaient de sous terre ? Une manifestation de la pyramide ?

"Merde, des survivants ?! On reparlera de la pyramide plus tard, je vais voir si je peux aider !"

Et le Cinquième gardien de partir en trombe, en laissant les jumelles sur la table et son repas pas tout à fait terminé.
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