A le voir ainsi immobile, la fille de Loki ne sut plus vraiment si elle avait bien fait ou pas. Il avait l'air à la fois béat et complètement abasourdi. Équipée de sa seule chaussette, elle lui laissa le temps nécessaire à la réalisation, puis à sa propre exhibition. Elle le regarda oui, lissant du regard la surface de sa peau, le contour de ses muscles, la différence de carrure entre eux deux. Elle lui fit signe de la rejoindre près du feu, où ils pourrait s'examiner à loisir, puis lui tourna doucement autour, la main trainant sur son épiderme en une douce légèreté. C'est là qu'elle vit le tatouage et s'arrêta dans son dos pour en tracer les contours du bout du doigt.

"Intéressant... Aurais-tu une histoire à me raconter, skald ?"

Il se douterait sans doute pourquoi ce symbole-là l'intéressait, aussi la précision demeura sous-entendue. Et elle lui laisserait même reprendre sa guitare s'il le souhaitait.

En attendant, finissant son tour d'inspection, la déesse revint face à son guerrier, un doux sourire aux lèvres.

"J'aime beaucoup ce que je vois, oui. Tu es beau, Run. Autant dans ta tête que dans ta chair ai-je envie de dire."

Peut-être serait-ce trop osé d'aller l'enlacer de nouveau alors qu'ils étaient cette fois tous les deux en tenue d'Adam et Eve. A défaut, Hel entrelaça leurs doigts et plongea le regard de glace d'Uskyld dans le sien. S'estimait-il inférieur ? Vulnérable ? Comparait-il une nouvelle fois sa condition à celle d'un dieu ? Ils n'avaient pas fini d'en parler si tel était le cas mais... le moment était trop agréable pour revenir sur la question. Tant qu'il ne fuyait pas sous l'effet de la gêne, cela lui convenait.

"Est-ce ce que tu escomptais quand tu parlais d'un plan couette tout à l'heure ? Nous deux en train de nous dévisager devant un bon feu, sans plus rien pour nous cacher l'un à l'autre..."

"Il y a bien pire comme soirée que de passer du temps à se prélasser en bonne compagnie. Nous nous en sortons plutôt bien, à ce titre."

Un clin d’œil répondit à son sourire, puis elle ferma les paupières pour mieux apprécier son geste. Elle pencha même la tête pour l'encourager un peu, profitant de cette affection qu'elle découvrait tout autant que lui. Définitivement, se faire câliner de la sorte était une activité qui pourrait l'occuper un bon moment sans lassitude, pensait-elle avec un léger rire lorsqu'il demanda s'il pouvait l'enlacer.

"J'ai compris, Run, tu sais. Rien d'ambigu, rien de sexuel. Sens-toi libre de m'explorer à ton rythme."

Les bras volontiers ouverts, la gardienne de Niflheim l'accueillit contre son sein de manière à pouvoir, une fois de plus fourrager dans ses boucles blondes tout en l'écoutant narrer la petite histoire de l'Ouroboros. Renaissance et infini... Oui, cela collait parfaitement au Serpent-Monde. D'une certaine façon cette double signification le sauvait de l'ire collective en lui donnant un sens positif. Une chance quelque part pour ce monstre géant et invisible à la fois.

"Il faut croire que ce forgeron a été inspiré dans ce cas. Je serais curieuse de voir ce qu'il fait d'autre. Quant à toi, petit plaisantin que tu es, je serais presque tentée de croire que tu hâtes de beaucoup une demande mariage simplement pour me provoquer. Ou me séduire ? Ah, j'hésite."

Elle fit mine de réellement réfléchir à la proposition pendant un instant, puis se détourna vers le foyer, contemplative.

"Nous avons passé l'étape de l'invitation chez toi, le dîner, il manquait juste les chandelles, la guitare, une petite divergence d'opinions pour une réconciliation en chaussette polaire édition 2000 arc-en-ciel, le tatouage... Je crois qu'il ne manque que les bonbons et aller nous coucher."

"Fais attention, à tant vanter les mérites d'un autre je vais finir par le préférer à toi. Ce serait du gâchis."

De l'espièglerie dans la voix, elle embrassa doucement sa tempe et posa sa tête sur la sienne, comme pour l'envelopper. Avec le feu à côté et son corps blotti contre le sien, le corps d'Uskyld commençait à se réchauffer agréablement et une légère torpeur à la détendre d'autant plus. Il pourrait entendre son cœur déjà calme de nature ralentir un peu plus.

Pourtant, ses iris demeuraient alertes et vifs. Elle releva la tête un instant, le dévisagea comme pour déchiffrer un vieil ouvrage poussiéreux. S'il était sérieux hein ? Un sourire força son chemin entre ses lèvres, accompagnant une expression énigmatique qui ne souffrait la présence d'aucun mot. C'était son tour de laisser planer le doute : s'était-elle laissée prendre au jeu ou prenait-elle les mots au sérieux ? A ton tour de te poser la question, Run de Zeta Prime.

Puis elle haussa un sourcil.

"Par contrebande ? Je vais finir par te faire arrêter."

Un éclat de rire moqueur, une main caressante mais sage, promenée sur les épaules, les pectoraux offerts, remontant vers la nuque et la chevelure.

"Je trouverai une geôle où t'installer, où je serai la seule à pouvoir te rendre visite. Tu seras condamné pour trafic de contrebande... mais aussi insubordination... crime de lèse-divinité... plaisanterie aggravée... hospitalité indécente... recel de chaussette édition limitée... et je me débrouillerai pour en rajouter quelques autres et m'assurer que tu y restes très longtemps."

Un châtiment bien dur pour les regards extérieurs, mais qu'il serait capable de savourer à son aise.

"Garde-le pour la prochaine fois. Cela me fera un prétexte pour revenir plus vite."

"Pauvre de toi ! Rrrr ! Cours ! Sauve ton intégrité physique !"

Dans un éclat de rire, elle mima des griffes imaginaires qui le lacéraient, avant de venir se coller tout contre lui et l'enlacer, sagement blottie dans le creux de son épaule. Aussi sympathique pouvait être ce forgeron-tatoueur, il aurait affaire avec elle s'il s'avisait d'approcher de trop près Run. Sans son consentement. Mais la déesse était quand même assez confiante en sa capacité de séduction, surtout si elle se rappelait l'air béat qu'il avait affiché en la voyant quitter la couverture pour se montrer à lui. Oui. S'il allait voir ailleurs, c'est qu'il avait le pire goût du monde en matière de physique de rêve.

"Rien qui s'apparente à du SM si c'est ce à quoi tu fais allusion. C'était juste une manière de dire que je te garderais pour moi toute seule, et aussi longtemps que je le veux. Les dieux aussi ont droit à quelques avantages VIP, non ?"

L'attendrissement revint au grand galop dans son regard devant son expression déconfite. Il était absolument A-DO-RABLE, et pourtant si sérieux tout à coup... Elle devina que cela cachait une blessure ancienne, du même ordre que celle d'être rejeté par le monde, à commencer par sa propre famille. Même si elle n'en aurait pas réellement l'utilité, ce présent-là était important pour lui, alors elle acquiesça simplement.

"Je penserai à toi en les enfilant, c'est promis. Et le jour où elles seront usées au point qu'on y verra des trous, je les encadrerai avec ton nom, pour me souvenir que tu as été le premier à te soucier de la fraîcheur de mes pieds ! Et du vide à combler dans cœur... Merci Run."

A défaut de pouvoir l'embrasser convenablement comme son hôte aurait pu le vouloir, elle leva la tête vers son front et y déposa l'un de ses demi-baisers, qui sembleraient bien entiers pour lui. C'était tout ce qu'elle pouvait faire, mais c'était avec tendresse qu'elle lui offrait.

"Hé, je plaisantais... C'est pourtant ta spécialité, je pensais que..."

Hel soupira. Décidément dans un sens comme dans l'autre, l'humour était loin d'être sa principale qualité. Elle essayait pourtant, mais visiblement sans succès. Cela tenait-il au sujet ou à la personne ? Ils avaient pourtant bien convenu qu'il n'y aurait aucune ambiguïté ce soir, juste leurs petites taquineries sans conséquences.

"Un certain nombre de ces pratiques sont inspirées des tortures médiévales. Elles sont juste exécutées de façon plus... subtiles et sécuritaires. La cravache et les coups de fouet par exemple. Et sinon, grâce à cette chose magnifique qu'est le cinéma, on voit parfois des films "grand public" qui parlent de sexe un peu plus en détails. Fifty Shades of Grey, best-seller d'un ennui mortel, par exemple. Uskyld avait de la curiosité à revendre, il faut croire..."

Elle savait le moment mal choisi, mais elle ne put s'empêcher de pouffer de rire en imaginant le fier Zeta Prime arborant une culotte ou un soutien-gorge en guise de repoussoir à nostalgie. Elle tâcha d'écourter son hilarité au maximum, comme le moment semblait délicat et solennel pour le jeune homme face à elle. Un talisman de sa part hein ? L'idée lui vint immédiatement de créer pour lui un bijou pourtant sa rune, mais était-ce suffisamment personnel ? Dans la mesure où elle avait déjà pu le faire auparavant pour des personnes qu'elle connaissait à peine, pour les protéger en mission... Non, il fallait quelque chose de plus intime, mais quoi ?

"Laisse-moi réfléchir un instant... J'ai peu de possessions dans ce monde, et encore moins qui ont de la valeur. Mon masque par exemple, mais j'en ai besoin. Que pourrais-je bien te donner ?"

Elle se mordit la lèvre un instant, gênée. Mais bon, il venait de lui offrir une paire chaussettes qu'il n'avait probablement jamais mises ou pas loin. Cherchait-elle trop loin en reléguant les niaiseries types "une photo de moi" directement au placard ? Le mieux était peut-être encore de lui demander.

"Je ne sais pas, Run... Je n'ai pas l'habitude de recevoir ou de faire des cadeaux à qui que ce soit. Je n'ai pas l'équivalent d'une chaussette édition limitée... Est-ce qu'une mèche de cheveux, par exemple... ?"

"Pourtant avec toutes les blagues que nous échangeons depuis quelques heures il me semblait que même ce sujet-là pouvait être l'objet de ta taquinerie... Je ne voulais pas t'embarrasser, encore une fois. Je te promets que si tu me le présentes un jour, je m'abstiendrai de toute remarque. Ainsi tu n'auras pas à m'expliquer si tu plaisantes ou non et votre relation restera... telle qu'elle est."

Sans y réfléchir plus avant elle posa le menton sur l'épaule du jeune homme tandis que le son puissant de son rire secouait sa poitrine. L'idée qu'il se faisait des deux œuvres précitées semblait bien arrêtée, et pourtant Hel se retint d'émettre une opinion trop catégorique. Il y avait des indicateurs qui prouvaient tout de même que les fans de ces genres-là, même s'il s'agissait d'un public plutôt ciblé, pouvaient appartenir à des catégories moins marginales qu'on ne le pensait.

"Tu ris, mais ce sont tous deux des best-sellers. Ce qui veut dire que le nombre de personnes qui ont eu de l'intérêt ou au moins de la curiosité pour, est loin de se compter sur les doigts de la main. Et je pense qu'il est bon pour ceux et celles qui souhaiteraient s'y essayer réellement d'avoir un exemple des choses à faire et d'autres à ne pas faire. De la même manière qu'il existe un désir de domination, il existe sans doute un désir de soumission. Voilà où est l'intérêt. Si tu me disais que tu aimes quand je te chevauche, même s'il n'y a pas de fouet ou de cravache, c'est dans cette catégorie que je le mettrais."

Très sérieuse, elle se rappelait l'expression du guerrier divin lorsqu'elle avait grimpé sur son bassin avant qu'ils se déshabillent. Et, s'il l'avait arrêtée dans le but que leur première expérience soit partagée et réfléchie par rapport à son "handicap" d'humanité, elle aurait pourtant juré que cela ne lui déplaisait pas d'être dessous.

Voyant son regard s'illuminer à l'idée d'un si modeste présent, Hel ne put s'empêcher de s'éclairer à son tour. En fin de compte elle avait trouvé quelque chose assez rapidement, et qu'il pourrait garder sans aucun problème. Appliquée à faire les choses correctement, elle lissa une petite mèche qui lui tombait régulièrement devant l’œil et commença à la tresser de manière à la rendre plus compacte. Elle lia les extrémités à l'aide d'un minuscule élastique qu'elle fit apparaître par magie, puis sectionna proprement la longueur, avant de la lui présenter.

"Je te laisse choisir le pendentif qui te convient le mieux, mais voici ma part. Joyeux non-anniversaire !"

La fille de Loki haussa un sourcil interrogateur. Comme il y allait avec ses comparaisons ! Sans aller jusqu'à faire l'éloge des auteurs, elle se contentait juste de souligner que leur production faisait des émules, pas de quoi s'esclaffer.

"Tu m'as l'air bien renseigné toi aussi, sur les méthodes d'écriture de ce genre d'ouvrages. Si tous les écrivains avaient tous un talent hors du commun, au point d'avoir leur adaptation au cinéma, sans doute qu'on prendrait moins de temps à les chercher et plus à les exploiter. Malheureusement les goûts diffèrent et tout le monde n'est pas versé dans la subtile littérature. Il faut donc appâter les bas instincts de l'humanité avec ces romans de gare et des amoureux qui brillent au soleil, que veux-tu..."

Elle aurait été curieuse de savoir comment il aurait réagi si le vampire en question avait été une femme sulfureuse, et la ménagère en question un homme tout à fait banal qui cherchait simplement à satisfaire certains désirs triviaux. S'il avait été dans la cible concernée justement par les films dont il débattait présentement.

"Je ne comptais pas te rouer de coups si c'est ce que tu penses. Il y a des nuances dans un type de désir comme dans l'autre. Exactement le même genre qu'entre "plan couette" et "plan cul", si tu vois ce que je veux dire."

Suivant sa suggestion, la déesse concentra un peu d'énergie entre ses mains et une sorte de cristal incarnat en forme de losange en relief entoura progressivement la mèche de cheveux, un peu de la même manière qu'on décrivait, historiquement, comment le guerrier divin de Delta enfermait ses victimes dans un cercueil d'améthyste. Elle prit soin d'en orner une pointe d'une boucle où il n'y aurait plus qu'à insérer une lanière de tissu ou de cuir pour l'attacher autour du cou.

"Comme ceci ? En revanche pour ton hamr, si tu ne sais pas le faire toi-même, ce sera difficilement réalisable. Le temps que je le cristallise, le mien l'aura écrasé. Mais tu sais, les chaussettes me vont bien. Même si je n'ai pas de pendentif de toi, tant que que tu m'attends et penses à moi, je sais que je te retrouverai. Et puis... je ne voudrais pas qu'on te prenne pour cible en constatant que je porte quelque chose de toi."

"L'argent et l'amour de l'argent oui... Un autre fléau des Hommes j'aurais tendance à dire. C'est cette série de films avec les voitures de course, c'est bien cela ? Le nom m'évoque quelque chose oui."

La déesse haussa les épaules à l'entendre parler de ses préférences. La réponse à ses yeux était évidente : elle ne se trouverait pas dans ses bras si elle avait la tendresse en horreur. Et il avait eu une vision privilégiée d'une soirée viking "réussie", où la luxure se mêlait à l'ivresse et la bonne chair. Non, définitivement, son guerrier divin n'avait pas à rougir de ses goûts.

"Je pense qu'être un guerrier divin et aimer sont deux choses différentes. Tant que sur le champ de bataille tu défends tes idéaux et ceux de Nordheim, avec hargne et violence si le cœur t'en dit, tu es libre de vouloir la douceur d'un bon repos dans les bras de la femme que tu aimes en privée. Tu pourrais aussi bien aimer les menottes, l'ascétisme, préférer les orgies ou engendrer cinquante enfants dans le seul but de perpétuer ta lignée : c'est ton droit, ta liberté. Je n'imposerai rien sur ce plan-là à mes guerriers.

En revanche en tant que femme, puisqu'il est clair que nous sommes deux tous exclusifs, je prends en compte cette préférence. A la condition que tu me permettes d'expérimenter quelque chose de nouveau de temps en temps, afin de voir si cela nous plaît à tous deux. Comme je te disais tout à l'heure, je suis curieuse et j'ai horreur de ne pas comprendre. Il est possible que je te demande juste une fois au sujet de cette histoire de cravache, un avant-goût. Mais tu sais j'ai entendu dire que les "frappes" comme on en voit dans les films ne sont pas censées faire mal... C'est plus le geste symbolique qui compte. Cela mériterait de se documenter un peu, tu ne penses pas ?"

La jeune femme avait parlé très sérieusement, le regard perdu dans les flammes et les mains toujours caressantes sur ce mortel qui faisait vibrer son cœur. Son expression lorsqu'elle en eut terminé avec le pendentif lui tira un sourire satisfait, qui se transforma en rire devant le cube.

"C'est parce que je suis la fille de Loki, tu l'as fait exprès, n'est-ce pas ? Il est un peu instable, mais si je cristallise par-dessus... comme ceci... Voilà. Il devrait tenir longtemps maintenant. Merci Run. Je me demande s'il ne serait pas bien monté sur une couronne. Ou incorporé dans un œil de verre."

Un rire chaleureux l'accueillit tandis que la déesse fermait les yeux et écartait ses mèches de son passage. Run semblait prendre de l'assurance et un certain plaisir à la chouchouter de la sorte, ce qui plut à sa compagne de soirée. Quand il en eut terminé, elle reprit sagement sa position semi-allongée contre son torse, toujours caressante.

"Tant que nous nous comprenons sur les buts finaux, je te laisse la latitude dans les moyens que tu veux employer. Je te demanderais juste de me tenir au courant. Mais il me semblait que nous avons convenu de ne plus parler travail ce soir."

Elle envoya une pichenette sans force entre ses deux yeux, tandis qu'il bredouillait ses conditions sur un approfondissement mutuel de leur curiosité en matière de vie intime. Malicieuse, ce fut à son tour de sourire et de le dévisager.

"J'ai bien assez d'audace pour deux. J'espère que tu aimes être surpris, car j'ai bien l'intention de profiter de cette vie pour enrichir ma perception de la vie humaine. Et j'emploierai aussi cette audace à élever Nordheim à la place qu'elle mérite. En attendant tu seras mon sujet d'expériences -avec ton consentement. Et tu as bien sûr le droit à tes propres suggestions. Après tout il ne serait pas juste que je sois la seule à vouloir mettre en pratique les idées qui me viennent."

Un sourire, comme il se réjouissait de si peu.

"Voilà qui nous en fait donc au moins deux. Voyons, quel rôle pourrait-on te donner ? Je sais déjà que tu n'aimes pas Thor, et il est hors de question de te comparer à mon père. Si nous mettons de côté le physique, un rôle de Heimdall te conviendrait-il ? Ou Peter Quill peut-être ? Avec un peu moins de mou et un peu plus de muscle..."

"Ne donne pas trop de Majesté, je vais finir par y prendre goût."

Mais à bien y réfléchir elle y prenait déjà goût, à ce mortel drôlement attirant et ses petites frasques. Même son humour qu'elle ne comprenait pas toujours, et sa fragilité d'enfant abandonné. Et, il fallait le reconnaître, à son physique plutôt avantageux. Parce que c'était toujours bien de le reconnaître.

"Je ferai mon possible pour sans, mais nous commencerons par le avec. Un peu d'organisation dans cette entreprise ne nous fera pas de mal !"

Légèrement emportée dans son élan, la déesse s'approcha soudain, avec l'idée en tête de lui voler un baiser. Seulement, elle savait que ce serait à sens unique, qu'elle ne ressentirait pas, s'il devait y en a voir, les papillons dans son estomac, le frisson de plaisir le long de son échine, la caresse de ses lèvres, de sa langue, ou même les battements de son cœur s'accélérant soudain sous l'effet de l'adrénaline. Elle stoppa son mouvement à quelques centimètres à peine de lui, leurs souffles mêlés, leurs bustes superposés l'un à l'autre. Se ravisa en fermant les yeux.

L'esquive avait été plus difficile qu'elle l'aurait pensée au premier abord. La déesse se garda de commenter son geste, confiante dans le fait qu'il aurait compris son idée, et pourquoi elle s'arrêtait en si bon chemin. C'était leur accord, son fardeau.

"Nous te trouverons un nom plus en adéquation avec ta propre situation. Quelque chose qui reflète bien mieux Zeta Prime qu'un nom emprunté à un film américain. Tu pourras même en faire ton nom de code quand tu te présenteras aux interviews si tu veux. Car nul doute que tout le monde voudra te courir après. Et je devrai les en empêcher !"

Elle suivit son regard en silence. Bien tentée de revenir sur son engagement, elle se mordilla la lèvre. Asgard avant tout, elle avait prêté serment, même si c'était dur. Alors elle se sépara de lui, se releva. La chaussette toujours enfilée sur sa jambe gauche, elle repassa sa tunique, ses cuirs de combat, ses bottes, son demi-masque, lesquels disparurent sous le fard de l'illusion pour lui redonner l'apparence de la jeune guerrière divine de Delta et ses vêtements un peu plus modernes. La seconde chaussette vint parer son cou et se changer en écharpe, sans oublier le petit pendentif en forme de cube auquel elle adjoignit un lien de mailles d'argent créé en un instant.

Fin prête, elle craqua pour une dernière étreinte et inspira à fond l'odeur de Run avant d'effacer la rune de silence toujours présente sur la porte.

"N'oublie pas de penser à moi et de prendre des forces avant Moscou."

Simple formalité mais elle se sentit mieux après l'avoir formulé à voix haute. Puis elle récupéra son téléphone, non sans avoir entré son numéro dans celui du blondinet au passage. Elle lui envoya un baiser invisible en soufflant dans sa direction, et l'instant d'après, elle avait disparu.