Le voyage jusqu'en Grèce se déroula comme celui de ma venue en Egypte tant d’années auparavant. Taxi, bateau, taxi, bateau puis voiture de la fondation Graad. C’était toujours ainsi que ça se déroulait, même lors de mes rares retours au foyer familial. Malgré cette similitude, la situation était très différente : désormais, j’étais chevalier.
C’était donc la joie au cœur que je rentrais chez moi. Joie de retrouver ma famille, joue d'avoir gagné l’armure et joie de savoir que Delta partageait mes sentiments, même si cette partie était confuse.

Au bout de nombreuses heures de trajet, je vis enfin les toitures de Rodorio se rapprocher. J’avais demandé au chauffeur de me déposer au village et non au Sanctuaire comme il en avait reçu l'ordre. Curieusement, il n’avait pas discuté ma demande. Je préférais voir ma famille et déposer mes affaires, avant de me rendre au Sanctuaire.
J’éprouvais un sentiment étrange en descendant de la voiture, un mélange de nostalgie et de fierté. Un simple gamin du village était devenu chevalier d’argent, c’était quand même quelque chose.

Je ne m'attardais guère dans les rues de Rodorio et me mis en direction de la maison de mes parents rapidement. Cette dernière se trouvait à l’écart du village, à environ quinze minute de marche. Le chemin ne parut jamais aussi rapide tant j’étais pressé d’arriver. J’aurais pu courir à pleine vitesse mais je rechignait à utiliser mes pouvoirs pour ce type de chose.
Lorsque je vit la maison et son large jardin, mon cœur fit un bond. Rien n’avait changé en huit ans…

- Iolas ?

Enfin presque rien en dehors de la petite chipie qui se trouvait dans le jardin.

- Elena !

Ma petite sœur se mit à courir pour me rejoindre. Nous ne nous étions pas vu très souvent mais suffisamment pour nous être liés. Mes parents l'avaient eu deux ans après mon départ, elle avait donc six ans, et contrairement à moi, elle ne semblait n’avoir aucune affinité au Cosmos.

Le cri de joie qu'avait poussé Elena attira ma mère en dehors de la maison. Lorsqu’elle me vit, elle ne put retenir ses larmes et, elle aussi, se mit à courir vers moi. Le temps que maman nous rejoigne, j’avais déjà soulevé ma petit sœur du sol pour la prendre dans mes bras. Ce fut donc une étreinte à trois qui se fit lorsque notre mère nous enserra.

- Iolas ! Pourquoi ne nous as-tu pas prévenu ?

- J'ai préféré vous faire la surprise.

Maman nous relâcha et recula de deux pas. Elena semblait préférer rester dans mes bras.

- Tu es là pour combien de temps ?

J'affichais un petit sourire et fit un signe de tête en direction de la boîte de Pandore qui refermait mon armure et que j’avais déposé avant d’accueillir ma sœur.

- Jusqu’à ce qu’on me donne une mission.

Ma mère écarquilla les yeux.

- Tu as l’armure ? Mais…

- Et oui, depuis quelques jours seulement. Mon entraînement est terminé, je suis Chevalier !

- Ton père va être fou de joie.

Je l’espérais bien effectivement.

- Il est au Sanctuaire ?

- Oui, il rentrera vers dix huit heure. Tu veux aller le rejoindre ? Tu as le droit d'y entrer désormais.

Je ne réfléchis même pas avant de répondre.

- Non, je vais l’attendre ici.

Elena attira mon attention en me serrant l’épaule.

- Si tu restes, tu pourrais m’accompagner ?
Maman, il peut dit ?

- Si Iolas est avec toi, tu peux y aller.

Je les regardais sans comprendre alors que l'enfant se laissait glisser de mes bras.

- Chouette ! Aller viens !

Elle m’attrapa par la main et me tira pour me forcer à la suivre.

Elena nous ramena au cœur de Rodorio et elle refusait de m’indiquer où elle m’emmenait. Avant de quitter la maison, elle avait prit un gros sac dans la cuisine et, comme l’idiot de grand frère que j’étais, c’était moi qui le portait. Il n’était pas bien lourd même si encombrant et la petite fille refusait de m'en révéler le contenu.

Ce fut donc à la merci totale de ma petite sœur que je traversais la ville, profitant du soleil moins violent qu'en Egypte et de l’animation du village. Beaucoup de commerçants avaient ouvert depuis mon passage plus tôt et Rodorio était bien plus bruyant. Même si j’observais autour de moi, je faisais en sorte de conserver la majeure partie de mon attention à ne pas me faire distancer par Elena. Si j’avais été moins concentré sur elle, j’aurais peut-être pu éviter de me faire rentrer dedans.

Le choc n’avait rien de violent mais la jeune fille qui m’avait percuté se retrouva fesses par terre. Elena s’était arrêtée et était venue se coller à moi. L'inconnue se releva rapidement en s’excusant et je notais qu’elle avait un fort accent étranger. Je fut touché qu’elle s’inquiète pour ma petite sœur, même si c’était moi qu’elle avait percuté.

- Il n'y a pas de mal, ça arrive. C’est plutôt à moi de vous demander si vous n’êtes pas blessée…

En terminant ma phrase, j’aperçus la boite de Pandore que la jeune femme portait sur son dos.

- Vous êtes chevalier ? Quelle coïncidence.

Je n'eux pas le temps de continuer en précisant que moi aussi j’étais chevalier, qu'Elena me coupa.

- Chevalier ? Comme toi grand frère ? Et en plus une femme chevalier ?

Elle se précipita vers l’inconnue et lui attrapa la main.

- C'est vrai, tu es une femme chevalier ?
Dis grand frère, elle peut nous accompagner ?

Elena avait littéralement des étoiles pleins les yeux. Je m’approchais et la tira par l’épaule.

- Elena, calme toi voyant et lâche cette jeune femme. Excusez la, à cette âge ils sont très enthousiastes.
Permettez moi de me présenter néanmoins, je m’appelle Iolas, chevalier d’argent de la Flèche. Et cette petite chipie, c'est Elena, ma petite sœur.

Elena pouffa de rire en entendant la question de Jessy.

- Meuh non, moi je suis pas chevalier.

Malgré son amusement, elle ne se fit pas prier pour accepter la friandise.

- Elena, que dit-on quand on reçoit un cadeau ?

Elle me regarda naïvement en engouffrant la sucette dans sa bouche mais finie quand même par répondre.

- Pffff t'es aussi pas marrant que papa tu sais…

Elle se tourna néanmoins vers la jeune fille.

- Merci beaucoup.

Puis se ré adressa à moi.

- T'es content grand frère ?
Alors, elle peut venir avec nous maintenant ?

- Elena ! Déjà, je ne sais même pas où tu m’emmène et puis, Jessy a peut-être mieux à faire que de suivre une fillette trop familière.

- Mais on va pas loin…

Elle reprit la mais du Caméléon et lui adressa son plus beau regard de chat botté.

- Dis, tu veux bien venir ? C'est tout prêt et je suis sûr que ça te plaira.

- Qu'en pensez-vous Jessy ? Telle que je connais Elena, elle ne vous lâchera pas tant que vous n'aurez pas dit oui. Ça pourra aussi être l’occasion de faire plus ample connaissance, vous êtes le premier chevalier que je rencontre depuis que j'ai mon armure. Même si je suis né ici, je n'ai jamais côtoyer d'autres chevaliers que mon maître.

Elena n’avait pas lâché la main de la jeune femme et continuait de lui lancer son regard suppliant.

- Super ! Allé, venez maintenant suivez-moi !

Elena se mit en route en tirant Jessy. Je restais un instant sans réagir avant de les suivre.

- Elena ! Attends moi voyons.

Je les rejoignit en quelques enjambées et nous entamèrent la conversation avec le Caméléon. Elena semblait bien trop excitée pour nous écouter.

- Je suis né à Rodorio et notre père est le chef de la garde du Sanctuaire. Il a toujours voulu être chevalier mais il n’avait pas le niveau. Depuis tout petit, il a insisté pour m’entraîner et lorsqu’il a constaté que j’avais de forte dispositions au Cosmos, il a contacté l'un de ses amis qui est devenu mon maître. Et pour vous, comment êtes-vous arrivé dans nos troupes ?

Nous continuons d’avancer dans les rues du village pendant quelques minutes avant qu'Elena nous annonce que nous étions arrivés

- Mais il n'y a rien ici Elena. Qu’est-ce que tu as encore inventé ?

- Attends, tu vas voir. PETITS, PETITS, PETITS ! VENEZ VOIR LES BÉBÉS !

Elle avait à peine fini de crier, que plusieurs chats firent leur apparition. Ils venaient de toutes les rues ou immeubles proches, comme s'ils l'attendaient.

- Grand frère, c'est toi qui a la nourriture.

Tout s'éclairait. Je lui tendis le sac que je portais depuis la maison alors que les chats se frottaient contre ma petite sœur en miaulant.

- C’était donc ça ton secret…
Non, je n'ai pas encore rejoins le Sanctuaire. Je ne suis revenu que depuis quelques heures.

Je m'agenouillais à côté d'Elena et caressais quelques animaux pendant qu'elle les nourrissait.