Il lui avait fallu plus de dix jours d’un repos intégral pour que les innombrables plaies ornant son corps meurtri cicatrisent ou encore que ses os se ressoudent de manière satisfaisante. L’ignoble musculeux n’y était pas allé de main morte et avait quasiment envoyé ad patres l’espiègle japonaise. Mais le destin en avait décidé autrement et le vainqueur s’était finalement retrouvé vaincu. Désormais en mesure de se redresser seule, elle observait les difformités parcourant son visage, si agréables jadis.

L’autre abruti doit bien se marrer dans sa tombe…

La nipponne avait néanmoins plus d’un tour dans son sac. Toujours fragilisée, elle avait toutefois récupéré l’usage de son potentiel cosmique, suffisamment en tout cas pour fusionner avec les abysses et déjouer le destin misérable que semblait vouloir lui réserver le maître des punks de l’île noire. En une explosion cosmique interne phénoménale, son corps s’effaça dans les ténèbres envahissant la pièce de l’infirmerie. Comme absorbée par un bassin sans fond, l’ancienne Nyorais transcenda les lois de la physique, transmutant alors les moindres cellules de son organisme en une matière noire et modelant une nouvelle forme intangible digne des plus horribles créatures sorties de l’imagination de l’écrivain H.P. Lovecraft.

Sous cette forme de combat ultime, qu’elle n’avait pas encore eu l’occasion de tester en situation réelle, elle demeurait capable de modeler son ombre selon ses envies et ainsi d’effectuer une transmutation inverse selon son bon vouloir. L’instant d’après, les ténèbres se dissipèrent, alors que la monstrueuse créature se résorba en procédant au réassemblage de la matière organique de la guerrière. Une fois intégralement recomposée, elle avait retrouvé son apparence précédant l’incident Reagan. Elle demeurait cependant affaiblie et sentait que son squelette nécessitait encore quelques jours de consolidation avant qu’elle ne puisse jouir à nouveau de ses pleines capacités martiales.

Bon, on se fait chier…

Il lui fallait désormais trouver un truc sympa à faire. Pour débuter sa quête, Ô combien importante, elle opta pour un furetage en bonne et due forme auprès des différents groupes peuplant la Cité. Il ne lui fallut pas longtemps pour apprendre ce qu’il se passait en Egypte, non loin d’Ubar à vrai dire. Ça avait l’air marrant toute cette histoire de pyramide et d’égyptiens sur le retour. Et en plus, Myra était déjà là-bas…

Mais quelle égoïste celle-là : elle garde les trucs funs pour elle toute seule…

Ni une, ni deux, la belle boucla illico presto son sac de voyage et se dirigea toute guillerette vers l’héliport du domaine. A sa grande surprise, un hélicoptère privé était déjà prêt à décoller alors qu’elle n’avait encore entamer aucune démarche.

- « Mademoiselle, vous n’êtes pas autorisée à monter dans ce transport. Patientez sur le côté je vous prie, nous vous organiserons un autre vol un peu plus tard. », interpella un personnel du service de sécurité du palais, en s’interposant entre l’aéronef et la nouvelle venue.

- « Tu veux une gifle ? », questionna l’ombre sur un ton agacé.

- « Et pourquoi je devrais poireauter ici comme une conne ? T’es stupide ou quoi ? Allez, go à l’aéroport les blaireaux : je veux voir la pyramide. », enchaina-t-elle sans laisser le temps à qui que ce soit de répondre.

Le pilote manqua de s’étouffer de surprise au moment où il se rappela qui était la malpolie. Son coéquipier blêmit pratiquement au même instant. Seuls les deux gardes du corps gardèrent leur sang-froid, même si leur zèle laissait place à la prudence.

- « Vous vous méprenez Mademoiselle, loin de nous l’idée de vous être désagréable. C’est juste que sa Seigneurie Eris a réquisitionné ce vol pour un voyage d’affaire et vous comprendrez bien à qui va la priorité… », répliqua l’agent en prenant lentement ses distances.

- « Et elle va où Eris ? Y a un truc énorme qui se passe en Egypte et elle a pas mieux à faire que du shopping ? Vous vous foutez de moi ou quoi ? », rétorqua-t-elle instantanément en commençant à lever la main droite.

- « Las Vegas ! Elle va à Las Vegas ! », hurla le second garde avant que la folle n’ait l’idée de claquer le museau de son confrère pour de vrai.

Yasuha baissa la main aussi vite qu’elle l’avait levée. Un sourire se dessina sur son visage alors qu’elle se dirigeait vers l’appareil et pris place sur l’une des places passagers du transport aérien. Personne n’avait été assez stupide pour s’interposer, mais personne n’était serein face à la réaction de la maîtresse des lieux quand elle découvrirait la clandestine.

- « Finalement, l’Egypte c’est de la merde… Las Vegas ! LAS VEGAS, HO YEAH ! Putain, on va s'éclata comme jamais ! », s’exclama la jeune éveillée en agitant les bras comme une folle.