BGM- https://www.youtube.com/watch?v=5ky-2HDd44I -BGM

Planqué derrière des barricades, Nixon attendait sagement que les rafales de mitrailleuse qui balayaient l'avenue dans laquelle il se trouvait cessent de pleuvoir. Si le soleil de plomb qui brillait à cette heure-ci pouvait également se dispenser ne serait-ce qu'une seconde de lui taper dessus, cela ne serait guère du luxe. A croire que le soleil en voulait personnellement au Sculpteur ! Quel était son problème, au juste ? Le premier avait emprunté de l'argent au deuxième et avait oublié de le rembourser, c'était cela ? Quoi qu'il en soit, le fait était que tout cela commençait sérieusement à lui courir sur le système. On lui avait raconté que le Brésil était devenu un pays particulièrement violent ces dernières années, surtout Rio de Janeiro, mais jamais il n'aurait imaginé que les indigènes soient aussi hostiles ! Si cela n'avait tenu qu'à lui, l'ancien Marine aurait tapissé cette ville de bombes et versé du napalm par-dessus, histoire de leur enseigner le respect. Si on lui avait dit que les voyous des favelas étaient devenus à ce point ingérables, jamais il ne l'aurait cru ! Le souci, c'était que les politiciens locaux avaient également sous-estimé la menace que représentaient ces crapules, alors qu'ils étaient censés être le plus au courant de la gravité de la situation. Effectivement, Nixon s'était retrouvé parachuté au beau milieu d'une fusillade d'une ampleur inédite dans l'histoire du pays, sans qu'aucune assistance ne lui soit fournie. Tout au plus une maigre escouade de policiers anti-émeutes, mais face à une véritable horde de criminels armés jusqu'aux dents, cela ne pesait pas bien lourd. Les forcenés s'étaient même approvisionnés - on ne savait guère comment - en équipement militaire flambant neuf, là où la flicaille devait se dépêtrer avec les moyens du bord.

Au départ, le mercenaire pensait qu'il s'agirait d'une simple mission de nettoyage des favelas, avec seulement un minable ramassis de vauriens à mater... Quelle erreur naïve de sa part cela fut ! Il aurait mieux fait de se renseigner lui-même, plutôt que de se reposer uniquement sur les observations hors-sol communiquées par ses commanditaires. De son côté, le Sculpteur avait grandement sous-estimé les gangs locaux, les ayant imaginés comme des loqueteux malingres et faméliques sans le sous. Ces crapules étaient certes des déchets humains sans le sous, mais malingres et faméliques, elles ne l'étaient absolument pas ! Gavés de psychotropes et de stéroïdes, les émeutiers étaient sortis de leurs favelas pour mettre le centre-ville à sac et évacuer toute leur frustration accumulée. Suite à une énième pénurie de pétrole, de gaz et de nourriture, de nombreux magasins, entrepôts et stations services avaient été littéralement pris d'assaut par une populace excédée, à laquelle s'était ajoutée les habitants des favelas. Toutefois, ces derniers ne s'étaient pas contentés de vandaliser et de piller les commerces, leur amertume surpassant de loin l'exaspération ressentie par leurs compatriotes plus aisés. En effet, les bandes de voyou peuplant Rio de Janeiro commencèrent très rapidement à commettre des cambriolages et à s'adonner de manière purement gratuite à des actes de vandalisme... quand ils n'en vinrent carrément pas à se défouler sur des citadins innocents.

Face à ce cas de force majeure, le gouvernement brésilien, peu enclin à déployer toute la puissance répressive de l'armée, avait fait appel aux services de Death Queen Island. Expérimenté dans le domaine des guérillas et des affrontements en milieu urbain, Nixon s'était porté volontaire afin de régler le problème. Néanmoins, pour une raison ou pour une autre, il n'avait pas été informé au préalable de tous les tenants et aboutissants de l'affaire, ce qui l'avait laissé dans une impasse. Cette impasse, c'était d'espérer que la pluie de plomb déversée par les hors-la-loi depuis plus de cinq minutes à flot constant s'arrête enfin. L'ancien Marine aurait bien quitté la barricade derrière laquelle il s'était réfugié pour trouver un autre angle d'attaque, mais ses ordres étaient clairs : il devait absolument tenir cette position coûte que coûte, même si cela défiait le bon sens stratégique. Qu'est-ce qui ne tournait pas rond dans la caboche des baltringues de l'état-major, au juste ? Il devait également prendre garde à ne pas se faire prendre en embuscade dans les ruelles étroites des favelas, sinon il était cuit. Le Sculpteur avait beau être un Éveillé, il n'était qu'au niveau d'un Chevalier de Bronze et il n'avait même pas d'Armure Sacrée pour le protéger. Si jamais il se faisait toucher par une balle, il risquait par conséquent de subir une belle blessure, voire de se faire tuer comme un homme normal. Nixon n'était qu'un mortel parmi tant d'autres après tout, et les coups portés à la vitesse du son étaient toujours susceptibles de lui nuire. Dans ces circonstances, il devait faire preuve de prudence et saisir la première opportunité qui se présentera à lui. A cet instant-là, il frappera l'ennemi de toutes ses forces, sans faire dans le détail ni ménager sa peine.

Après de longues minutes de galère, Nixon n'y croyait même plus : des renforts étaient enfin arrivés à la rescousse ! Depuis le toit d'un immeuble délabré, une rafale de balles décima une partie des émeutiers, offrant ainsi au Sculpteur l'occasion de riposter qu'il attendait depuis si longtemps. Ni une ni deux, il profita donc de cette ouverture pour pénétrer les lignes ennemies, avant que les autres malfrats n'aient le temps de se replier. Après avoir bondi par-dessus la barricade dressée par les forces de police, il se rua telle une locomotive lancée à pleine vitesse sur celle du camp adverse. En chemin, il esquiva de justesse un tir de Stoner-63 puis contre-attaqua avec un Blank Shot en plein dans l'œil droit de son agresseur. Ce dernier s'effondra par terre de tout son long sous les regards horrifiés de ses camarades, qui se demandaient comment la situation avait pu à ce point tourner en leur défaveur, surtout en l'espace de quelques secondes. L'ancien Marine défonça ensuite d'un puissant coup d'épaule la barricade derrière laquelle s'étaient retranchés les criminels, sans leur accorder la moindre chance de se ressaisir. Terrifiés par cette entrée fracassante, plusieurs d'entre eux prirent immédiatement leurs jambes à leur cou, abandonnant ainsi le reste de leurs camarades à leur triste sort. Effectivement, ceux qui étaient assez stupides pour tenir une position dores et déjà perdue subirent toute la rage de Nixon, une rage jusqu'ici réprimée dans la frustration. La vengeance était un plat qui se mangeait froid et il était enfin l'heure de passer à table ! Malheureusement, le mercenaire ne pouvait guère se permettre de savourer ce festin à son aise, aussi se dépêcha-t-il de bouffer ces importuns tout cru.

"DEYAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !"

Bien que munie d'un casque volé à un agent de police, sa première victime se mangea un coup de poing au visage d'une rare violence, tant et si bien que son crâne fut transpercé de part en part. La deuxième fut ensuite décapitée d'un revers de la main par le Sculpteur, qui enchaîna en perforant la cage thoracique de la troisième. Quant à la quatrième, elle fut tranchée en deux par un Mountain Breaker exécuté à la perfection, juste pour la beauté du geste. Un cinquième truand, témoin du carnage qui était en train de se dérouler à quelques mètres de lui, essaya alors de s'enfuir afin de sauver sa peau. Hélas, Nixon ne lui accorda pas la moindre pitié et abattit le pauvre diable comme le dernier des chiens, d'un tir cruel dans le dos. Mieux valait éviter que ces crapules ne récidivent à l'avenir, la peine de mort demeurant la meilleure des préventions... à titre purement individuel, du moins.

Soudain, le mercenaire entendit quelque chose de métallique tomber à ses pied et entraperçut un dernier bandit se carapater dans une ruelle adjacente. En posant les yeux vers le sol, il comprit à quoi il avait affaire : à un quelconque modèle de grenade non-létale, son contenu faisant office de cadeau surprise. Cette dernière se révéla aussitôt au Sculpteur, sous la forme d'une véritable explosion sonore : il s'agissait donc d'une grenade assourdissante, un équipement normalement réservé aux forces de l'ordre dans le cadre de manifestations nécessitant une intervention musclée. Désorienté par cette détonation, Nixon tituba et tenta de retrouver le plus rapidement possible ses esprits, mais ses ennemis ne lui en laissèrent guère le temps. Effectivement, une voiture-bélier roula à toute berzingue dans sa direction puis le renversa de plein fouet. Complètement sonné par cet assaut impromptu, l'ancien Marine passa brutalement sous les roues du véhicule, qui poursuivit sa course sans s'interrompre. Il s'agissait d'un 4x4 renforcé par un blindage et orné de barbelés, une monstruosité qui n'aurait jamais dû se trouver en la possession de voyous de bas étage. A l'arrière de la voiture était juché un truand, lui-même vêtu d'une protection normalement portée par les brigades anti-émeutes. Cette combinaison avait également été modifiée pour satisfaire les besoins de son propriétaire, qui l'avait couverte de graffitis obscènes et de pointes acérées. De son côté, la cuirasse du Sculpteur était ressortie cabossée et fissurée de cette épreuve : autant dire qu'elle avait vu de meilleurs jours...

Le véhicule démolit ensuite la barricade dressée par les autorités et écrasa deux policiers, trop effrayés et confus pour se défendre ou décamper. Armé d'un MD97, l'émeutier en armure embraya en lâchant une bombe lacrymogène, ce qui lui permit de déstabiliser les poulets restants et de les transformer en gruyère le moment d'après. Une fois la piétaille neutralisée, il descendit du 4x4 et s'avança prudemment vers Nixon, ceci afin de lui administrer le coup de grâce. Dès qu'il se sera suffisamment rapproché de sa proie, il l'électrocutera à l'aide de son pistolet taser puis la criblera de balles à bout portant. Éveillé ou non, le criminel doutait qu'un Chevalier Noir de son rang puisse sortir indemne d'un supplice pareil. Le gouvernement brésilien avait envoyé un minable s'occuper de leur cas, mais ils allaient bientôt comprendre qu'ils avaient commis une erreur monumentale en les sous-estimant de la sorte ! Et si cela ne suffisait toujours pas, le forcené avait un dernier atout dans sa poche : un Smith & Wesson modèle 500, l'un des flingues les plus redoutables au monde. Pour couronner le tout, ce pistolet était chargé avec des munitions de type 500 S&W Magnum, ce qui lui permettait de déployer toute sa puissance. Avec ce magnifique joujou en main, il était sûr et certain d'éclater la caboche de ce gêneur et de répandre sa cervelle par terre !

BGM- https://www.youtube.com/watch?v=YqsQ4k28hmU -BGM

Précédemment assommé par la collision avec la voiture-bélier, Nixon fut réveillé par une voix féminine, celle-ci appartenant à une jeune fille à la chevelure noire. Quand il reprit finalement connaissance, il s'aperçut que cette demoiselle portait une Armure Noire tout comme lui, plus précisément celle correspondant au totem de la Guêpe. Une fois rétabli sur ses jambes, le Sculpteur se rendit également compte que la donzelle n'était pas plus haute que trois pommes et qu'elle avait écopé de quelques blessures. Le premier comprit alors rapidement que sa collègue était venue au renfort et qu'elle était probablement responsable du soutien à distance dont il avait bénéficié peu avant sa débâcle. Se faire ainsi sauver les miches par une gamine ne donnait pas une très bonne image de l'ancien Marine, mais cela faisait des lustres qu'il était habitué à avoir l'air d'une grosse tanche, maintenant. Depuis son intronisation en 2019, il avait pu en observer, des jeunots qui surpassaient de loin ses capacités sans verser la moindre goutte de sueur, aussi s'était-il résigné à l'idée. Il avait par ailleurs encore beaucoup de mal à s'adapter à son nouveau style de combat, sa préférence allant aux conflits armés de longue durée... Cela et le fait qu'il demeurait un vil couard affectionnant plus les massacres unilatéraux - et ce avec de l'équipement ultra-moderne en main - que les rapports de force équilibrés. Malgré ses années d'expérience sur le champ de bataille, tout ceci avait contribué à faire de Nixon un minable de compétition, tout juste bon à remplir le rôle de troufion au sein de l'Ordre Noir. Sachant cela, il ne put qu'opiner du chef quand sa consœur lui suggéra - non sans condescendance - de se planquer derrière les barricades... enfin, ce qu'il en restait.

"Ouais, t'as raison..." approuva le Sculpteur, une main plaquée sur son casque. "Quel putain de fiasco, j'te jure..."

Soudain, deux des portières du 4x4 blindé volèrent avec fracas, violemment défoncées d'un coup de pied par les occupants du véhicule. De ce dernier émergèrent alors un binôme de criminels endurcis, tous deux vêtus de combinaisons anti-émeutes modifiées, dans un style similaire à celui de leur compère décédé. Comme ce dernier, ils étaient tous deux armés de fusils d'assaut et furieusement déterminés à en découdre. Néanmoins, l'ancien Marine pouvait sentir une nette différence chez ces gredins, une impression qui lui noua instantanément l'estomac dès qu'il posa les yeux sur eux. Effectivement, le duo émettait une faible aura cosmique, ce qui laissait penser que les mercenaires n'avaient plus affaire à des humains ordinaires. Face à cette menace, Nixon ne pouvait raisonnablement que battre en retraite, une confrontation directe avec ces deux zouaves s'annonçant trop risquée. Au moins, il pouvait partir la conscience tranquille en sachant que sa partenaire pourrait s'en charger... ou pas.

"Bon ben c'est pas tout ça, mais moi je me-" déclara le Sculpteur, avant d'esquiver in extremis une attaque plongeante d'un ennemi non-identifié.

Un énorme marteau percuta alors brutalement le sol, éventrant par la même occasion le bitume sur lequel se tenait sa cible. A cause de cet assaut, le déserteur avait été forcé de prendre ses distances, ce qui l'avait malencontreusement éloigné de sa camarade. Désormais complètement aux aguets, il adopta prudemment une posture défensive tout en toisant son agresseur. Ce dernier, un malabar également habillé d'une cuirasse volée, tenait nerveusement entre ses mains calleuses une masse en acier, un outil de chantier normalement employé pour les travaux de petite démolition. Si jamais cet énergumène était parvenu à la frapper avec un instrument pareil, Nixon aurait très certainement terminé le crâne broyé. Quant à son heaume, il aurait sans doute été bon pour finir à la casse, ce vieux tas de ferraille ! Qu'importe : si le Sculpteur était parvenu à réchapper de peu à ce funeste destin, ce n'était sûrement pas pour bayer aux corneilles. En effet, il avait une riposte à mener et un trouble-fête à réduire en charpie ! Puisque l'autre salopard cherchait tellement la bagarre, il allait la trouver !

"COME ON !" lança le renégat à son adversaire.

Gonflé à bloc, le colosse au marteau répondit à la provocation de sa proie et se rua donc sauvagement sur elle, avec la ferme intention de réussir cette fois-ci à lui éclater la caboche. Hélas, sévèrement fragilisée par le précédent assaut, son arme se rompit net quand Nixon bloqua de son bras gauche le coup dévastateur. Hébété par ce phénomène, le bandit flancha et baissa la garde, un moment d'égarement qui lui fut fatal : pour sa peine, il se mangea instantanément le poing de son opposant en plein dans les gencives. Son casque explosa alors en mille morceaux, laissant ainsi son visage exposé aux prochaines sévices qu'allait lui infliger le Sculpteur. Effectivement, celui-ci en profita pour lui crever vicieusement l'œil droit de son index puis lui déchiqueter la cervelle d'un Blank Shot au contact. Le résultat était prévisible : le voyou avait beau s'être éveillé à la maîtrise du cosmos, il n'en demeurait pas moins inférieur aux Chevaliers de Bronze en terme de résistance. Idem pour son pauvre ustensile, qui n'avait décemment pas pu supporter l'usage hasardeux qui en avait été fait. Malheureusement, il avait par arrogance échoué à appréhender ce simple état de fait, une erreur qui avait fini par lui coûter la vie.

Une fois débarrassé de ce gêneur, l'ancien Marine se précipita immédiatement derrière une fourgonnette abandonnée et attendit que la fusillade d'à côté cesse. Il espérait que la Guêpe était arrivée à gérer la situation comme à son habitude, parce que le cas échéant, il ne se voyait guère s'occuper de ce bourbier tout seul. Se balader - volontairement - à poil sur le champ de bataille, il avait déjà donné, merci bien ! Maintenant qu'il avait un coéquipier - ou plutôt un bouclier humain - pour l'accompagner durant cette foutue mission, il serait idiot de se priver de son assistance.

Planqué derrière un fourgon de police, Nixon s'aperçut que la Guêpe lui avait envoyé une arme, ceci afin qu'il puisse revenir en renfort. Il s'agissait du MD97 précédemment employé par le bandit perché sur le 4x4, désormais sans propriétaire depuis que la donzelle l'avait envoyé ad patres. Cependant, l'ancien Marine n'était guère motivé à sortir de sa cachette, même pour les beaux yeux de sa consœur. Il entendit alors des coups de feu résonner dans toute l'avenue, des craquements d'os et des cris de douleur, suivis de nouveau par le vacarme déchirant d'une autre rafale de mitrailleuse. Manifestement débordée par la situation, la jeune asiatique appela le Sculpteur au secours, ce qu'il hésita à faire avant de finalement se résigner à jouer au héros. Ni une ni deux, il s'empara donc du fusil d'assaut qui se trouvait à ses pieds puis bondit sur le toit du véhicule derrière lequel il s'était réfugié. Nixon braqua ainsi son arme sur le second émeutier, qui était jusque-là en train de cribler son propre camarade de balles, et déversa tout le contenu du chargeur de son MD97 contre lui. Excité par le fait de pouvoir de nouveau manier une arme à feu, le premier ne put que beugler tout sa fureur à pleins poumons :

"BEUAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARRRH !!"

La pluie de munitions qui s'abattit sur le criminel réduisit sa protection en lambeaux mais échoua étonnamment à le tuer, constellant à la place son corps musclé de multiples blessures. Quant à son fusil d'assaut, celui-ci lui échappa des mains et tomba par terre, lui aussi passablement endommagé par les tirs qu'il avait encaissés. Sincèrement impressionné par cette prouesse inattendue, l'ex-militaire se demanda comment un voyou minable de son genre pouvait faire preuve d'une telle résistance. Comme quoi, un semblant d'excellence pouvait toujours émerger des endroits les plus incongrus, y compris d'une décharge à ciel ouvert tel que le Brésil. Néanmoins, le Sculpteur allait remettre cet importun à sa place : au fin fond d'un compacteur à ordure, comme le reste des déchets humains de son espèce !

Effectivement, Nixon profita de la confusion de son adversaire pour agripper fermement la camionnette par le dessous puis la soulever vigoureusement à bout de bras. Il n'avait beau être qu'au niveau d'un Bronze Saint, il n'en demeurait pas moins doté d'une force herculéenne capable de mille prodiges, y compris celui de transformer son ennemi en crêpe sanguinolente. Sous le regard médusé de sa future victime, l'ancien Marine abattit ainsi sauvagement le fourgon de police sur elle, comme on se servirait d'une vulgaire massue. Le malheureux truand termina donc violemment écrabouillé sous le poids du véhicule, ce dernier finissant lui-même brutalement comprimé sous le choc. Le Sculpteur aurait pu trouver une manière plus simple d'achever sa proie, mais sa rage meurtrière l'avait poussé à prendre des mesures plus radicales et... extravagantes. Certes, cette méthode d'exécution manquait cruellement d'efficacité, mais il fallait admettre qu'elle faisait office de parfait défouloir. Quoi qu'il en soit, le problème était réglé et le secteur semblait pour l'instant pacifié.

Par acquis de conscience, Nixon observa prudemment les environs, à la recherche d'une quelconque présence hostile ou étrangère. Quand il jugea que la situation était de nouveau sous contrôle, il épousseta sa cuirasse, réajusta son casque puis arrangea sa chevelure soyeuse. Ceci fait, il se tourna vers la Guêpe et appuya nonchalamment son coude contre la carcasse de la camionnette, un sourire enjôleur aux lèvres. Histoire de faire la conversation à sa collègue, il commença à l'interroger d'un ton amical :

"So, what's your name, gorgeous ? Moi c'est James, si tu veux savoir. Toi aussi tu as été embauchée par l'armée brésilienne pour mater ces émeutes, ou par quelqu'un d'autre ? Le président ou le gouverneur, peut-être ? Ou est-ce qu'ils ont carrément laissé le maire se démerder tout seul ?"

Compte tenu de la corruption et de l'incompétence qui gangrénaient ce pays malade, cette dernière éventualité ne ferait guère figure d'anomalie. Rien de bien surprenant en effet, étant donné que l'ancien Marine avait lui-même été largué par ses commanditaires au beau milieu d'une véritable guerre civile, sans avoir été proprement informé de la gravité des événements au préalable. Toutefois, le Sculpteur ne pouvait s'empêcher de soupçonner ses employeurs de l'avoir sciemment envoyé au casse-pipe, pour une raison ou une autre. Que pouvaient bien gagner les militaires en sabordant l'un de leurs mercenaires, grassement rémunéré avec les impôts du contribuable ? Au regard de la situation lamentable dans laquelle était plongé le Brésil, il était difficile de concevoir que l'état-major puisse se permettre de gaspiller ses ressources humaines de la sorte... Et pourtant, c'était exactement ce qui était en train de se passer : il suffisait de poser les yeux sur tous les cadavres des policiers jonchant les rues pour le comprendre. Alors que la nation toute entière était au bord du gouffre, le gouvernement semblait plus disposé à se torpiller qu'à éviter l'écroulement de la société...