Saint Seiya
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[Ellipse / Passage demi-dieu] I am Wrath and You Shall Tremble
Oblivion
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La tragédie est une tache difficile à éliminer. Le Japon a le privilège d'être un pays riche et travaillant et si on ne se fie qu'à la surface, tout a déjà été réparé depuis l'attaque de Poséidon. De nouveaux bâtiments ont remplacé les anciens, les routes ont été rebâties, la vie a repris son cours.

Ce n'est jamais si simple.

Je connais la vérité. Je la sens dans le cœur des survivants, ceux qui ont perdu des proches, leur emploi, la vie telle qu'ils la connaissaient. Ceux pour qui les promesses du gouvernement ne sont pas assez, ceux qui ont été oublié. Ceux qui n'arrivent pas à passer à autre chose quand le reste du monde l'a fait un peu trop tôt. Je sens leur désespoir, leur frustration et, dans les pires cas, leur rage. Ils ont beau se débattre, hurler et frapper dans tous les sens, rien à faire.

Alors ils font le plus de mal aux gens autour d'eux, pour ne pas être les seuls à souffrir.

Comme cette femme. Je la suis depuis des jours, l'observe alors qu'elle déambule dans les boutiques chics et les clubs avec juste assez de présence pour s'attirer quelques faveurs, puis repart sans jamais laisser de trace. Elle est douée. Misérable, mais douée. Le jour, elle charme, ment et vole pour se donner l'apparence d'une riche héritière. Le soir, elle vandalise, se bagarre et se réfugie dans les réceptions d'hôtel ou les terminaux d'aéroport. Malgré les apparences, elle n'a rien à son nom, elle a tout perdu après l'attaque. C'est une vie pathétique et elle le sait, mais que peut-elle faire de plus?

Elle peut rêver.

Je la confronte enfin derrière un bar, pendant qu'elle menace un homme deux fois plus vieux qu'elle d'un pistolet, volé comme tout ce qu'elle possède. Elle hurle beaucoup, il se contente de bégayer, jusqu'à ce qu'ils me remarquent, un flash violet parmi la chaleur maladive des lampadaire. Il fuit, elle tente d'en faire de même mais je la rattrape en une fraction de seconde, le canon de son arme est posé contre mon casque mais elle n'ose pas appuyer sur la gâchette. Qu'elle tire, si ça lui chante. Peu importe ce qui se passe, j'aurai ce qui m'est dû. D'un bref mouvement, je la fais tomber à genoux, puis lui attrape la tête. J'ai besoin de rage. La sienne fera l'affaire.

Mon cosmos s'intensifie et monde disparaît l'espace d'un instant. Des souvenirs qui ne sont pas les miens le deviennent et je vois qui elle brutalise vraiment quand elle brise des cœurs et fait sa sauvage dans les rues. C'est toujours le même visage, un homme, avec son faux sourire et ses petits yeux cruels. Un jour il va le perdre son stupide sourire et il l'aura bien mérité, c'est mon argent qu'il brandit devant ma face à chaque jour, ce n'est pas juste... un jour... un jour...

J'ouvre les yeux. Je ne me souviens pas de les avoir fermé. La pauvre femme pleure et renifle et tente de me conter le reste de sa triste histoire, mais même si je comprenais ce qu'elle disais, je ne pense pas que je l'écouterais. Je n'ai qu'une chose en tête : ce visage. Ce stupide sourire.
Le jour est venu. Aujourd'hui le rêve devient réalité.

...

Le souvenir est vague. J'ai tué un homme. J'ai tué cet homme. Je crois que c'était rapide.

La rage empruntée s'est déjà estompée depuis une bonne heure lorsque je retrouve la femme à l'aube, endormie sur un banc public. Elle s'estompait déjà quand j'ai trouvé celui qu'elle détestait tant, mais un moment partagé qui n'aurait jamais dû l'être mérite bien une petite compensation. Quelque part, c'est ce qu'elle voulait. Je la secoue doucement pour la réveiller, elle sursaute, mais ce n'est pas mon apparence qui lui fait si peur. C'est le sang. Beaucoup de sang.

Je ne lui adresse qu'un hochement de tête avant de m'éloigner, je me prépare à rentrer aux Enfers quand elle me crie quelque chose, un simple mot dans un anglais qui n'a pas été pratiqué depuis très longtemps.
Pourquoi?
Qu'est-ce qu'elle a à me demander ça? C'est ce qu'elle voulait, elle n'avait juste pas les tripes de le faire elle-même, préférait plutôt étirer sa souffrance et la partager avec le plus de gens possible plutôt que d'en finir une fois pour toute. Je me retourne pour l'observer, cette menteuse qui se fera bientôt passer pour une princesse, sans répondre. Va-t-elle essayer de me faire croire qu'elle ne le pensait pas?

Non. Malgré sa confusion, elle sourit. C'était exactement ce qu'elle voulait. Pas que je m'en souciais, lorsque je l'ai choisie, mais à la voir ainsi pleine d'espoir, je n'ai plus beaucoup de sympathie. Au contraire. Je me laisse disparaître sans rien ajouter.

Avoir suffisamment de haine pour souhaiter la mort dans d'atroces souffrances. Une pensée n'a pas beaucoup de poids dans les sentences infernales, mais... elle peut être testée.

Mon propre Surplis a besoin de carburant, de toute façon. Ma propre rage ne le satisfait plus. Autant bien faire d'une pierre deux coups.
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La guerre ne révèle pas autant que bien des gens se l'imaginent. La différence entre la bravoure et le zélote, l'ingéniosité et la cruauté, le dévouement et l'opportunisme, elle se trouve d'abord et avant tout dans l’œil de ceux qui lancent l'assaut et ceux qui reçoivent la balle. Que ce soit les Saints, les Spectres, FIRMAMENT, ils peuvent prétendre savoir ce qu'ils font, que c'est pour le plus grand bien, ça ne change pas grand-chose. Ce n'est jamais si simple. La guerre révèle rarement ce qui se passe dans le cœur des gens et plus souvent qu'autrement devient un concours de quel tête pensante peut bourrer le crâne de ses soldats le plus efficacement possible.

Celui-là a le dernier tour de garde avant le lever du soleil. Son bataillon a comme mission de récupérer les enfants dans les petites communautés pour les renvoyer dans une "meilleure société." Un mercenaire comme il y en a mille. Il le fait pour l'argent, pour gagner sa vie.

Sauf que non. Sinon je ne serais pas là.

C'est étrange, de se retrouver face à un homme comme lui et ne pas le réduire en pièces. Hypocrite, peut-être. Je l'aurais fait pour bien moins pire dans le passé. Mais... ce que je veux n'est plus important. Si je veux continuer sur cette voie je ne peux pas laisser mes états d'âme empiéter sur la voie que les gens comme lui ont choisi. Il ne le fait pas pour l'argent, il le fait parce qu'il croie vraiment en sa cause. Il regarde dans le vide loin devant lui et il espère qu'un rebelle ait la mauvaise idée de lancer une attaque. Et pourtant. Même pendant les pires assauts, je ne l'ai jamais vu tirer sur sa gâchette. Trop peureux, mais il veut quand-même les voir tous morts? Qui? Pourquoi?

-Je peux le faire pour toi.

Il passe bien près de se tirer une balle dans l’œil quand il se lève en sursaut, le sombre idiot. J'ai appris ma leçon, c'est toujours mieux de garder une certaine distance quand je les approche pour la première fois, sinon ça peut devenir compliqué.
Le soldat me scrute de la tête aux pieds, sans Surplis je dois ressembler à tous les autres gamins. Je répète.

-Je peux le faire pour toi.

-... Retourne avec les autres.

-Tu les hais. Tu les veux tous morts et tu n'as pas les tripes de le faire toi-même. Je peux m'en occuper.

-Je t'ai dit de retourner avec les autres!

Maintenant. Mon cosmos s'enflamme, des aiguilles jaillissent du sol autour de nous et j'invoque mon armure. Il fait moins le malin, maintenant. Il tente d'appeler à l'aide, en une fraction de seconde je l'ai rejoint et plaque une main ferme contre sa bouche.

-C'est ta dernière chance. Ta rage m'a menée ici. Tu crois qu'ils méritent de mourir? Montre-moi.

Je peux voir qu'il a de la misère à suivre, son anglais ne doit pas être très pratiqué, mais il comprend. Ils comprennent tous, quand vient le temps de faire un choix. Lentement, il enlève ma main de sur sa bouche et la place lui-même sur son front, sans rien dire, mais je n'ai pas besoin de mot. Je ferme les yeux et presque instantanément, sa rage devient la mienne.

Ils l'ont abandonné. C'est ce que les soldats ont dit. Ses parents le détestaient et n'allaient jamais lui donner une bonne vie et ces enfants-là sont pareils, il faut les libérer, il faut les sauver, les adultes sont tous les mêmes, tous comme ses parents... mes parents... ses parents... mes parents..

...

J'ai un goût acide dans ma bouche comme si j'avais vomi. Mon Surplis jubile et se régale du carnage que j'ai causé mais je suis loin de partager sa satisfaction. Le dégoût est si puissant qu'il rivalise avec cette rage, quasi artificielle, qui m'a été insufflée. Ces gamins avaient une chance de grandir aimés dans un monde où ils en auraient bien eu besoin. Maintenant ils vont devoir compter les uns sur les autres pour survivre. Une partie de moi aurait voulu ne rien dire de plus. Les laisser pleurer leurs morts et prendre le blâme, moi, la méchante Spectre, pour que ça n'aie pas plus loin. Ils n'ont pas besoin de cette tache sur leur âme.

Mais je veux voir ces mercenaires crever autant qu'eux. Ils vont payer pour la mort de leurs parents. Mes parents. Leurs parents. Mes parents...
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Elle court, pas assez vite. Ses pieds nus laissent des traces ensanglantées sur la chaussée humide, sa respiration siffle comme un hurlement. Je ne suis jamais loin. Il y a quelque chose de si satisfaisant à la voir fuir comme ça, chercher une issue simplement pour se retourner et me voir encore là, à quelques mètres, l'observant sans rien dire. Elle est futée, ou presque. Elle pense qu'elle sera en sécurité si elle retourne sur la rue principale, au milieu de la foule. Peut-être que je n'oserai pas m'en prendre à une civile devant tous ces gens. Peut-être que je vais prendre pitié et l'achever avant.
Si seulement. Mais lorsque vient le temps de frapper à nouveau, un souvenir qui ne m'appartient pas revient piquer mon esprit et me remplit d'une haine qui m'est presque familière, à la façon d'un rêve après le réveil. Je sais ce qu'elle a fait, ce qu'elle nous a fait. Je ne veux pas que ce soit rapide. Je veux que ce soit elle qui souffre, pour une fois.

Je sais que je ne connais pas cette femme. Ces souvenirs, cette rage, rien de tout ça n'est à moi. Je n'ai même pas eu à le proposer, c'était... je l'ai entendu. Un cri du cœur si fort que je ne pouvais pas l'ignorer. Quelqu'un en a assez et veut que justice soit rendue. J'ai retrouvé celui qui souffrait autant, un jeune homme pouvant très bien être son frère, et je lui ai proposé de faire ce qu'il n'avait pas le courage de faire à sa place. Tout ça, en échange d'un peu de rage...

-Pitié! J'ai une famille!

-Je sais.

Le sentiment est rarement justifié, mais ça ne change rien. Je regarde cette fille et je ressens tellement de douleur et d'injustice, elle... elle a volé quelque chose. Ou... brisé? Les souvenirs se bousculent et se mélangent comme s'ils n'arrivaient pas à se décider sur la faute exacte mais une chose est sûre: elle a trahi trop souvent.

La femme bifurque soudainement et fonce vers un petit dépanneur. Sans doute pour se cacher, ou appeler à l'aide. Les gens l'aideront, elle sait attirer leur pitié, c'est ce que les souvenirs me laissent savoir. Ma conscience est presque emportée par le courant alors que je traverse la porte de verre et la plaque au sol dans un véritable déluge d'éclats de verre. Les aiguilles jaillissent des tuiles sales pour l'épingler et elle hurle, elle hurle tellement, son sang rend le sol si glissant que les quelques témoins assez braves pour approcher. Le garçon derrière la caisse glapit de terreur et plonge sous le comptoir pour récupérer un fusil mais quand il se relève, il n'ose plus tirer. Là où se trouvait une maigre épave humaine attaquant une pauvre femme innocente se trouve maintenant une Spectre complètement recouverte par son armure, qui observe durement les témoins pendant que sa victime articule silencieusement des appels à l'aide. Je ne me ferai pas avoir deux fois par un coup dans le dos.

-Le prix a été payé! Cette femme a semé la rage dans le cœur de ses proches et maintenant elle récolte leur courroux. Si vous tentez de l'aider, vous subirez le mien.

Il y a un craquement, suivi de près par un gargouillis. Les aiguilles ont transpercé son crâne et cherchent maintenant à ressortir par ses yeux et son nez. C'est plus lent que ce à quoi je suis habituée. Je crois qu'elle pleure.
Bon débarras. Elle m'a fait tellement pleuré. L'a fait tellement pleuré. Pas moi. Quelqu'un d'autre.

Je reste jusqu'à la fin, pour entendre son dernier souffle, malgré les hurlements et les supplications et les téléphones et les appels à l'aide et les sirènes de police. Je veux laisser mon Surplis me repaître de cette rage empruntée avant qu'elle ne s'estompe pour de bon. Après ça, j'ai la paix. Je mérite bien un peu de repos. D'une simple bouffée de cosmos, j'invoque une Fée et disparaît, laissant les mortels dans l'incompréhension et l'horreur totale.

Je réapparais dans un petit appartement, juste devant l'homme qui m'a invoqué. Une nouvelle fureur brûle dans ses yeux quand il me voit, un mélange de reproche et d'agacement. Mon Surplis ne mord pas à l'hameçon. Il n'y a qu'une personne capable d'exploiter la rage qui m'est destinée.

-Elle récolte le courroux de ses proches? Tu m'as dénoncé?!

-... Ah, oui. Quelqu'un a filmé.

Drôle de réflexe, tout de même. Je hausse des épaules.

-Pas mon problème. C'est fait.

-Attends, tu ne peux pas partir comme ça! Qu'est-ce que je dis si la police m'interroge? Qu'est-ce que je fais maintenant?

-J'ai fait ma part. Le reste ne me concerne pas. Mais toi... tu as fait exécuter ta sœur. Tu as laissé ta rage prendre le dessus et détruire une vie. Si c'est un châtiment qui te fait peur... ce n'est pas la police qui m'inquiéterait, si j'étais toi.

Son teint pâli et ses yeux s'ouvrent grand. Est-ce que c'est si difficile à croire, qu'un tel acte de violence puisse condamner son âme aux pires prisons des Enfers? J'en ai vu bien des vérités, depuis que j'ai commencé cette petite expérience. La grande majorité des âmes finissent au bord de l'Achéron parce qu'elles n'ont pas accompli suffisamment de bien ou de mal, mais pas que. C'est un peu facile, comme sentence, si l'occasion d'accomplir de grands actes ou des grandes horreurs ne se présentent jamais... alors j'essaye de donner un nouveau sens à ma chasse. J'essaye de le voir comme un test et la plupart échouent.

Pour un temps, ça me suffira. Mon Surplis a goûté à beaucoup de rage et est maintenant repu, je devrais pouvoir prendre un peu de temps pour rentrer aux Enfers et voir ce qui s'y passe, peut-être même dormir un peu. Mon cosmos ne pourra pas me garder debout éternellement. Alors je me prépare à disparaître, malgré les supplications de ma dernière victime, mon cosmos s'agite à nouveau. Une voix, ou quelque chose qui ressemble à une voix, résonne dans le fond de ma tête et je commence à chercher autour de moi, au moins pour tenter de trouver de quel direction ça vient. Les choses changent. Les mortels commencent à réaliser que les Spectres refont surface d'une nouvelle façon. Ils tombent dans le piège et ils n'attendent plus mon passage pour demander à assouvir leur vengeance. Sans trop savoir comment, ils m'appellent.

Je dois répondre. Je ne sais pas comment refuser.
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2021

Je ne sais pas où je suis.

Un instant, je suis sur le toit d'un gratte-ciel à regarder un corps chuter vers les voitures, des centaines de mètres plus bas. Déjà son visage m'échappe, je ne pense pas que je connaissais même son nom. Je sais que je ressentais quand je l'ai tué, de la rage, puis de la satisfaction, mais c'est tout. Je ne sais déjà plus pourquoi.
Un autre instant et je suis dans une ville en ruine, à poursuivre des soldats et les faucher un par un malgré les balles et les coups de couteau qui me constellent le corps. Je ne sais pas pourquoi. Celui ou celle qui a offert son âme contre un carnage me l'a dit, et je l'ai sans doute ressenti, mais je n'arrive déjà plus à me souvenir. Ils ont tué un proche, sans doute? Menacé de le faire? Ou était-ce quelqu'un d'autre...?
Un autre instant et je suis dans une pièce sombre, devant des dizaines de caméras, à hurler des demandes en tenant devant moi le corps ensanglanté d'un politicien quelconque. Ce ne sont pas mes mots, pas mes demandes, rien qui n'arrive à trouver de place dans mes souvenirs. J'ai juste besoin de la rage.

Sauf que j'en ai assez pour me durer toute une vie. J'ai été l'oreille attentive de tant de souffrances et d'orgueil blessés pendant des années, j'ai été témoin d'histoires et de pensées horribles qui n'étaient jamais supposées être dites à voix haute. Mon Surplis a tout ce dont il a besoin, plus important il ne doute plus de ma capacité à m'entourer de cette rage qui nous donne notre puissance. Ce devrait être le moment où je devrais pouvoir rentrer aux Enfers, trouver un peu de repos, me remettre au travail comme tous les Spectres le font... mener une existence relativement normale.

Je ne me rends jamais plus loin que les portes de Dité.

Quand je retourne à ma sombre besogne, je n'ai déjà plus de souvenirs d'avoir tenté d'arrêter. Mon Surplis pèse si lourd sur mes épaules que je ne le porte plus depuis un bon moment déjà et pourtant, je trouve malgré tout la force de continuer. Les corps s'empilent et le sang coule dans ce rêve à demi-éveillé mais c'est réel, tout est réel...

Je l'entends comme les autres, un appel à l'aide vengeur lancé dans l'univers. Mais quand j'apparais au milieu du parc industriel, vide de toute vie sauf pour une seule âme, je sens tout de suite que quelque chose ne va pas. Ces tours près de la périphérie, je les reconnais... que font des Timur ici? Et ce cosmos rempli de rage, il m'est familier mais c'est impossible... après toutes ces années...

Des années de rage s'envolent et me laissent avec une douloureuse culpabilité alors que je m'approche de la tente où je sens de l'activité et entre brusquement. Une simple lampe éclaire faiblement un gros papillon vert posé sur les genoux d'une vieille femme en chaise roulante.

-Enfin. Je commençais à en avoir marre de broyer du noir comme ça.

Luiza de Assis. Il ne reste pas grand-chose de l'élégante Espagnole qui a déjà été ma collègue. Une de ses jambes a été remplacée par une prothèse et une bonne partie du haut de son corps semble complètement paralysée, donnant à sa posture une asymétrie à la limite du grotesque. Sa main valide, à peine de la peau sur les os, tient une cigarette en tremblant.
Je lui ai fais ça, quand elle a essayé de protéger Théo. Je la croyais morte...  Sans même essayer, j'ai réduit son existence à... à ça. J'ai fait beaucoup de victimes avec le temps, même si je ne peux pas me souvenir d'eux, je peux me convaincre qu'au moins, ils n'ont pas souffert trop longtemps. De Assis vit avec les conséquences depuis... combien de temps a passé depuis que j'ai quitté FIRMAMENT? Combien de temps...
Un violent vertige me parcoure le corps et ma tête commence à tourner. Je suis si fatiguée, et la douleur... ma vision s'embrouille alors que je tente de me concentrer sur Luiza. Je sens déjà une différence dans son aura, la rage qui se dégageait d'elle disparaît trop vite pour être naturelle. Elle a eu l'aide de Dalet, le papillon, pour manipuler ses émotions. Rien de tout ça n'est le fruit du hasard, l'appel qui m'a mené ici était artificiel. C'était un piège...

Luiza semble deviner ce que je pense.

-Oh, ils y pensent. Une bonne bombe nucléaire et on en parle plus, sauf que... même ça, on est pas sûr que ce soit assez. Après trois ans de tentatives ratées... Et puis, tu reviendrais. À quoi bon? Non, je suis juste là pour discuter.

Je sens mes lèvres bouger, mais je ne crois pas qu'un seul son ne sorte. Luiza fronce les sourcils. Je pianote nerveusement dans le vide et remarque pour la première fois les brûlures sur ma peau. Ma respiration est lourde et bruyante mais le pire reste ma tête. Pour la première fois en trois ans, je lève une main et tapote le derrière de mon crâne pour voir si je suis blessée. Je sursaute violemment en sentant un trou béant et une masse gluante sous mes doigts.

-... Oh.

-Uh-huh. Jess n'a pas apprécié. Enfin, tu sais comment c'est, on fait de notre mieux mais c'était impossible de savoir où tu allais frapper, alors on a eu l'idée de créer un appât, à la place.

Luiza secoue la tête, les lèvres pincées. Son poing se referme subitement sur sa cigarette et la réduit en poussière, elle bouillonne de haine et je devrais en tirer quelque chose mais il ne se passe rien. C'est normal.
Il n'y a qu'une personne capable d'exploiter la rage qui m'est destinée.

-C'était l'idée de Roth. Quand c'est devenu clair que tu agissais sous une sorte de transe, il a suggéré une rencontre la plus émotionnelle possible pour te ramener.  Bien sûr, ça marche juste si tu ne nous as pas conté des craques quand tu as dit qu'on comptait encore pour toi. C'est bien de voir que tu le pensais vraiment quand tu as essayé de tous nous tuer.

-Je n'allais pas...

-Tais-toi. Tu l'aurais fait, tu allais tuer Théo, tu vas vraiment me faire croire que tu te serais arrêtée pour Emily? Pour Ben? Pour Taras? Tu ne t'es pas arrêtée pour moi. Quand tu es en colère, tu ne t'arrêtes pour personne. Je m'en fous que tu regrettes, ça change rien. Tu as tous gâché.

Un spasme parcoure son corps abîmé et je réalise que, sans s'en rendre compte, elle a essayé de se lever. De brillants éclairs bleus parcourent ses bras et l'air se remplit d'électricité. L'idée de Roth était peut-être de révéler que Luiza est encore en vie pour me calmer mais pour l'Espagnole, rien n'est certain. J'ai peut-être passer des années à tenter d'ignorer ce que j'ai fait mais elle doit maintenant revivre ce moment fatidique encore et encore, à se demander si cette rencontre va se terminer de la même façon. Est-ce qu'elle veut me provoquer? Se donner raison et mettre fin à ses souffrances comme elle l'avait prévu?
"Je le savais."
Mon Surplis s'agite, mais il n'y a rien à faire. Je veux juste partir, il n'y a rien pour moi ici... sauf les conséquences de mes actions. Je baisse la tête avec honte. Luiza semble plus dégoûtée que jamais.

-Garde tes excuses pour les autres, j'en veux pas. Je suis juste là pour le boulot. Alors c'est quoi le problème, cette fois? On sait comment tu travailles, tu n'agis pas comme ça quand tu obéis aux ordres, juste quand tu es en colère. Il y a un motif, mais avant que tu aies ta petite réputation, aucune des victimes n'avaient de lien avec les Spectres. Tu joues les justicières maintenant?

-... Si on veut. J'ai besoin de beaucoup de rage, pour alimenter mon Surplis... quand la mienne n'est pas assez, je prends celle des autres. Littéralement. En échange, je leur offre leur vengeance.

-Et un aller simple pour une prison des Enfers. J'ai entendu les monologues. C'est sympa pour les victimes qui ont rien demandé. Il t'est déjà venu l'idée que jouer les tueuses à gages pour des terroristes et des agresseurs n'était pas une super approche?

-Ça fait longtemps que ce n'est plus moi qui choisit.

J'essaye de garder une apparence calme, même si ce qu'elle me révèle n'est pas exactement ce que j'avais en tête. L'idée était de survivre d'abord, tester les âmes qui n'ont jamais connu le conflit ensuite. Depuis quand est-ce que ma croisade n'accomplit plus son objectif?
Non. Ce serait hypocrite de prétendre que je voulais accomplir autre chose que rester en vie.

-Les mortels savent. Ils ressentent une rage si forte qu'ils leur prennent le besoin de tuer, mais ils ne sont pas comme toi et moi. Ils ont peur, ils sont trop faibles pour le faire eux-même. C'est là que je les entends.

Les lèvres de Luiza bougent mais elle n'ajoute rien. Je la vois jeter un coup d’œil dans le coin de la tente, sans doute là où une caméra se trouve. Tout ça est nouveau pour les Agences. Comme l'Espagnole l'a déjà expliqué, ils ne comprenaient pas le motif...

-Je ne sais pas comment l'expliquer... ce ne sont pas toujours des voix. Il y a le sang, les larmes aussi... n'importe où dans le monde, c'est comme s'ils appelaient mon nom sans le réaliser.

-Non...

L'Espagnole tremble. Son cosmos est presque inexistant comme si elle essayait de se faire toute petite. Qu'est-ce qui lui prend? Qu'est-ce qui lui fait peur à ce point : les Agences si elle parle trop ou moi?

-Non, Oblivion. Ceux qui t'appellent savent ce qu'ils font. Il n'y en a pas beaucoup mais on les a vu faire, on dirait des membres de secte. Y en a qui sacrifient des animaux, qui écrivent des noms avec du sang, qui essaient de t'invoquer avec des rituels... C'est... différent, j'imagine, mais ça fonctionne. Tu les entends parce qu'ils prient.

...

... Quoi ...?

Ma vision s'obscurcit et pendant un instant, j'entends le murmure constant au fond de mon esprit, cet appel de milliers de voix prêtes à offrir leur âme pour un peu de rage. Des mortels pour qui un Spectre peut leur offrir ce qu'ils désirent, s'ils y croient assez. Les temples qui existent encore sur Terre ne sont que des reliques, les humains ne prient plus les Dieux depuis longtemps... tout ça tient plus de la légende urbaine que du mythe épique mais la différence importe peu. C'est si évident... Comment ai-je pu être aussi aveugle?
Pas aveugle. Submergée. Je n'ai pas été seule avec mes propres pensées depuis très longtemps et selon Luiza, le nombre de croyants n'est pas si haut que ça.

Luiza... j'observe l'Espagnole d'un œil nouveau, vois pour la première fois les fissures dans sa façade et prends même plaisir à lui renvoyer cette expression condescendante qu'elle m'a toujours réservée. Elle ne m'a jamais aimée, pour elle j'ai toujours été plus près de l'animal sauvage que du soldat discipliné, elle tentera de se convaincre jusqu'à sa mort qu'elle a toujours su que quelque chose clochait chez moi, trop impulsive et désobéissante. Et pourtant, la voilà, à essayer de faire appel à mon humanité.

Un étrange souvenir refait surface, l'espace d'un instant : cette espèce de transe au delà de la rage que j'avais frôlée, en Égypte. Cette impression d'enfin comprendre l'intention divine derrière mon existence, mon devoir dans le grand plan des Enfers. J'ai presque envie de rire en me rappelant tout le temps passé à me demander ce que je faisais vraiment là et quelle était ma raison d'être, au final c'est plutôt simple. Je suis devenue une force inarrêtable. Les mortels connaissent mon nom et croient en ma puissance, plutôt qu'en celle de leurs soi-disant protecteurs. Même FIRMAMENT y a cru, sinon je ne serais pas ici.

Je fais quelques pas vers Luiza.

-Ton âme est déjà condamnée. Si tu as une dernière personne à éliminer, c'est un bon moment.

-Bof. Je me doute bien que tu ne vas pas te suicider pour moi alors quel intérêt? Non, on t'a déjà donné plus que ce que tu mérites. T'es de retour, j'ai fait ma part. Maintenant dégage, laisse-moi mourir en paix. Et si tu penses encore être Leticia Marchesi, fais un effort et contrôle toi un peu.

Il ne se passe absolument rien quand je sors de la tente en prends le temps de marcher tranquillement pour quelques minutes. Pas de gaz toxiques, pas d'embuscades, pas de missiles satellites ou d'aberration cosmique pour tenter d'avoir le dernier mot. Mais surtout, pas d'appel lointain à la vengeance ni de transe meurtrière où j'arrive à peine à me souvenir de mon propre nom. C'est juste moi, mes pensées... mais surtout ma fatigue et ma douleur. J'aurais dû mourir une dizaine de fois en trois ans, ou est-ce quatre? Mais mon Surplis refusait d'abandonner et donc, mon corps a suivi du mieux qu'il pouvait. La prochaine étape? Rentrer aux Enfers. Refaire mes forces et penser à comment je veux approcher cette nouvelle responsabilité. Même si elle n'avait pas grand chose à dire sur ma croisade, Luiza avait un bon point : si je suis pour continuer à avancer sur cette voie, je ferais mieux de bien choisir qui mérite une réponse à leur prière.
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