Oh mes chers invités… Ne dites rien… Surtout, ne soyez guère étonné de trouver un tel endroit dans les profondeurs des Catacombes de l’Île de la Reine Morte.  Il doit exister de nombreux vestige d’un lointain passé et les mystères de ce lieu sacré sont les synonymes de nombreux secrets encore peu dévoilés. Dixit, la Marchande des Ténèbres qui revient dans son antre depuis fort longtemps.  Une longue marche, ponctuée de nombreux souvenirs, où se mêlent différents sentiments qu’elle ignore parfaitement : la traversée des Catacombes se fait de plus en plus en profondeurs. Une âme bien poétique trouverait certainement une comparaison avec la descente vers les enfers ou les profondeurs de la terre. Qu’importe car des bruits bien reconnaissables se font entendre lorsque la Belle Demoiselle se rapproche de son domaine.  Encore quelques pas à faire et une large porte à double battant qui s’ouvre lorsqu’ Aryen Kalyana fait enfin son grand retour chez elle.  Ne vous attendez point à un palace royal ou à un temple d’une rare et divine beauté. Ici, tout est à l’image de la belle Demoiselle : un lieu si bien dissimulé qu’il est présent sans l’être véritablement.

Après quelques marches, elle traverse un couloir qui pourrait paraître long, illuminé par de nombreuses torches et une bien étrange luminescence bleutée qui trahit avec l’obscurité des lieux. Les Cieux s’inviteraient-ils dans cet endroit si isolé de l’île ? Un corridor bien mal entretenu si celui qui entre peut constater la désuétude d’un sol fissuré avec un mélange de porte bien entretenue et des trous dans un mur servant d’accès. De nombreuses chaînes ornementent des murs bien tristes, quelques peu blessés par l’usage des temps et les ravages de nombreuses ères. Pourtant, que cet endroit semble si serein. Une personne bien attentive pourra apercevoir des sortes de pentacles bien étranges et de nombreux symboles inscris sur un sol que l’on pourrait qualifier de pierreux. Ou pas… Quel étrange architecte aurait pu concevoir un tel endroit ?

C’est alors qu’elle débarque dans son petit sanctuaire dont l’unique spécificité est de posséder  une sculpture d’un ange au beau milieu de cette salle. Elle s’arrêta un court instant pour l’observer un petit instant alors que son regard dérive, sur la gauche, là où se trouve une sorte de petite table basse en pierre circulaire. Il se dégage, particulièrement de cet endroit, une atmosphère à la fois calme et mystique. L’entrée, en ce lieu, est ouverte par deux ailes d’anges. Il y a toujours cette forme d’ancienneté qui apparaît et se fait ressentir en ce lieu. Un petit soupir puis elle continue son chemin en posant un dernier regard sur les différents symboles qui ornent un sol vestigial. Le temps avance mais certaines choses demeurent. L’évolution a de l’emprise dans ce monde pourrait-on croire. Mais pas tout le temps : en tout cas, pas dans cette partie des Catacombes où résident de nombreux secrets dont l’existence n’est réservée qu’à la Dame Noire et à certains de ses proches.

Finalement, là voilà entrée dans l’artère principale de son domaine bien particulier. Une vaste salle nue où se trouve, illuminée par des torches bien étranges, une petite table circulaire entouré d’eau. Des lampes existent çà et là. Descendant un long escalier en colimaçon, la Belle Demoiselle voit apparaître, au loin, ses deux servantes attitrées.  Eiranna, la première vint prendre les affaires de la Dame Noire tandis que Sylvid déposa doucement un plateau avec une cruche et un verre à pied.

Que cela fait du bien de rentrer chez soi. Je constate que mon petit sanctuaire personnel n’a guère été atteint par la destruction des Dieux Hindous…

Annonça calmement Aryen lors qu’elle s’assit à sa place préférée. Sylvid lui servit du vin dans son verre puis se retira calmement pour se mettre à côté d’Eiranna.

C’est une chance en effet que nous avions pu, en toute discrétion, suivre vos recommandations pour la préservation de ce lieu, Dame Aryen. Malheureusement, nous n’avons pu éviter certains désagréments. Soyez assuré que ces petites inconvenances seront résolues fort rapidement.

Déclara la Servante d’un ton humble et courtois.

La préservation de ce lieu était notre priorité. Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour éveiller le moins de soupçons possibles. Vos secrets sont, en tout cas, toujours abrités des regards indiscrets comme vous l’avez toujours souhaité.

Ajouta l’autre Suivante sur le même ton.

C’est bien… Très bien… Nul ne doit encore savoir car il n’est pas encore temps. Pour le commun des mortels et les Dieux, je dois encore être la Détentrice de l’Armure Noire de la Balance…

Énonça la Marchande des Ténèbres dans un murmure conspirateur. Après tout, il fut assuré que cette conversation ne pouvait être entendue par personne.  Cet endroit recèle encore bons nombre de mystères que la Dame Noir ne souhaite absolument pas être divulgué. Personne ne sait qui elle est véritablement à part ses deux «amies ». Les secrets sont censés être levés un jour mais cela ne sera pas encore le cas.  Alors qu’elle buvait son verre de vin sereinement, elle se leva paisiblement pour aller se changer. Adieu short et haut moulant ! Bonjour pantalon et veste sobre aux couleurs uniques.  Puis, elle reprit sa lace tandis que les deux Servantes inclinèrent la tête silencieusement afin de prendre congé : il y avait encore quelques inconvenances qui méritaient fort qu’on s’en occupe. Légèrement fainéante, Aryen estima qu’un tout petit peu de repos lui ferait un grand bien avant de reprendre le cours de son voyage.

Savoir sans véritablement connaître. Visible mais réellement imperceptible. Un endroit parmi tant d’autres qui demeure la propriété unique et exclusive de Dame Kalyana. Une parfaite illusion d’un endroit anormalement commun. Un assemblage de pièces où se cache de nombreux secrets encore jamais dévoilés. Toute l’ambiguïté de la Dame Noir réuni en un seul endroit.  L’urne est posée dans sa chambre : peut-être aura-t-elle le temps de dormir ? Que cela fait fort longtemps que le Grand Sommeil ne lui fut point autorisé. Mais, après tout, les convives ne manquant pas en ce lieu, une âme serait-elle en mesure de venir la rejoindre ?