Saint Seiya
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Oblivion
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Il y a bien des choses que je ne peux plus voir. Le temps qui passe en est une parmi tant d'autres.
Je n'avais pas réalisé que la cécité allait être permanente. Je paniquais trop au moment où Iblis m'a brûlé les yeux pour comprendre ce que ça signifiait, puis quand j'ai compris que j'allais mourir, quelle importance? Sauf que je suis revenue, grâce à ma petite soeur qui n'a pourtant pas réussi parfaitement le processus de résurrection, et j'ai tout naturellement cru que j'allais recouvrer la vue, puisque tout devait s'arranger et aller pour le mieux, non?
Les médecins m'ont annoncé que ce ne serait pas le cas.

Les tests ont été horribles. Ne pas voir est une chose, mais il faut savoir pourquoi. Dans mon cas la réponse fut facile à trouver: c'est à cause de la lumière. Mes yeux ne supportent plus la lumière, ce qui ne les rend pas plus efficaces dans le noir. Ils ne servent plus à rien, ce sont deux organes morts. Les docteurs les auraient probablement enlevé pour les remplacer par des yeux électroniques, au moins pour m'épargner la douleur, si Arsiesys n'avait pas décidé de rentrer au Sanctuaire avant.

J'ignore si j'aurais dû les laisser faire ou pas.

Mais l'important est que j'ai repris des forces, assez pour me permettre un voyage bien que long et pénible vers la Grèce, et c'est ce que le Verseau attendait pour reprendre la route. Et depuis plusieurs jours, ou plusieurs heures, qui sait, il me transporte sur son dos en plus de nos deux armures en direction du Sanctuaire. Je porte le masque de glace que m'a offert Arsiesys juste après mon admission à l'hôpital, pour engourdir la douleur dans mon visage, mais j'ai quand même dû me bander les yeux avant de partir, pour éviter de les ouvrir par accident. Et bien que ni les mots ni les gestes ne pourraient suffisamment le remercier pour tout ce qu'il a fait, il faudra bien plus que du froid pour m'empêcher d'avoir mal.
Toutes les souffrances ne sont pas physiques.

Pendant tout le trajet, la voix me parle. Elle me dit des choses horribles à mon sujet et à celui du Verseau, et va même jusqu'à me prédire des futurs des plus morbides. Je tente de prévenir Arsiesys, de lui dire qu'elle nous a suivi et qu'il ne doit surtout pas croire que c'est moi et que je ne dirais jamais des choses pareilles, mais il ne me répond pas, ou rarement. Il ne doit pas avoir peur d'elle. Il est assez fort pour nous protéger de tout. Moi aussi, je dois essayer d'être forte.

Je n'ai pas que parlé à cette voix qui me ressemble. Je me souviens d'avoir essayé de bavarder avec le Verseau quand je trouvais la force de le faire, mais je n'arrive pas à me rappeler de quoi nous avons parlé. C'était surtout au début du voyage, par la suite je suis devenue bien plus silencieuse, combattant le sommeil, la douleur et quelque chose que j'espérais ne jamais avoir à subir: l'addiction.

Pendant sept jours, Iblis s'est amusé à me droguer avec des somnifères hyper-puissants, et pendant la semaine qui a suivi, j'ai reçu une dose quotidienne de morphine non négligeable. Maintenant, plus rien. Je croyais que la transition serait facile, vu que l'idée de dormir m'horrifie, et que je pensais que la morphine n'était pas suffisante pour réduire mes souffrances... mais j'avais tort. Ça n'a jamais été aussi difficile d'endurer et je serais prête à tuer, pour quelques anti-douleurs de ce genre-là.
Mais combattre la douleur n'est pas bien difficile, quand il faut s'efforcer à surtout ne pas en montrer les symptômes.

Je n'en ai jamais rien dit à Arsiesys. Le pauvre en a assez sur le dos comme ça, dans tous les sens du terme, et ce serait une mauvaise chose que de l'inquiéter encore plus. Alors je me suis tue à ce sujet et je l'ai combattu seule, autant que je le pouvais, me demandant de plus en plus combien de temps j'allais pouvoir tenir avant de mourir une autre fois.

Heureusement, nous arrivons au Sanctuaire avant. J'ai mal partout et je peine à ne pas m'évanouir, la chaleur humide de la Grèce me rend malade... mais je commence à percevoir les cosmos de Saints et la présence de mes amis tout près. C'est suffisant pour me rassurer.

-Presque... arrivés...

Nous nous arrêtons à l'entrée, tout en bas des marches qui mènent aux douze temples, et j'entreprends la tâche ardue qu'est descendre du dos d'Arsiesys. Suffit de se laisser glisser, très doucement, et de bien s'accrocher pour ne pas tomber. C'est ce que je fais, m'agrippant à ses épaules avec l'énergie du désespoir, puis à son bras pour faire quelques pas, surtout parce que j'ai un peu peur de marcher seule, mais aussi parce que je ne vois pas où je vais.

-On y est? Tu sais où nous sommes rendus?

Redresse-toi, tu as l'air d'une vieille.

Je hoche la tête. Oui, rester le dos courbé n'est pas joli, et c'est mauvais pour la posture. Alors en serrant le bras du Verseau, je relève d'abord la tête, puis me redresse complètement.

J'entends un bruit de corde qui se casse, puis un véritable couteau me traverse l'abdomen. Mes sutures viennent de briser. Je retiens un cri, perds ma prise sur Arsiesys et tombe à genoux, appuyant mes deux mains là où devrait se trouver la blessure. Elles deviennent aussitôt humides et poisseuses.

Ce ne sont que des larmes.

-Des larmes... je sais, pas besoin de me le dire, ce ne sont que des larmes... ah... arrête! Ça fait trop mal!

Le sang coule abondamment, mais je ne le sais pas. Je ne le saurai jamais. Je tente de retrouver Arsiesys, pouvoir au moins prendre sa main pour savoir qu'il est encore là, qu'il y a encore un peu d'espoir, qu'il peut vraiment y avoir une fin à cette histoire. Parce qu'Arsiesys me protège. S'il est là, rien de mal ne devrait pouvoir m'arriver.

Il t'as fait du mal.

-Dis-lui d'arrêter, je t'en supplie, il va me rendre folle!

Si seulement c'était si simple... la douleur provoque des choses étranges, qui au même titre que la peur et le désir, privent les humains de leur bon sens. Je ne connais pas les séquelles laissées par la torture, je ne les saurai jamais toutes... c'est comme si elles avaient toujours été là...

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Le Sanctuaire, enfin.

Ce n'était pas que la compagnie d'Oblivion lui soit désagréable, mais elle avait grand besoin de soins. Faire de son mieux ne suffisait pas : il n'était pas médecin. Ironiquement, en apercevoir au loin les premières colonnes lui faisait l'effet d'avoir trouvé un oasis en plein désert. La jeune femme allait finalement pouvoir être aidée. Son calvaire touchait à sa fin. Jamais le chemin du retour ne lui avait semblé aussi long, mais ils étaient au bout du chemin. Alors, d'où pouvait lui venir cette appréhension qui lui serrait les viscères ? Même si l'avoir acheminée en de pareilles conditions n'était pas son acte le plus éclairé, son état était supposé stable. Si long qu'il lui ait semblé, le trajet du retour ne l'avait pas été tant que ça ; il n'aurait pas dû suffire à y changer quoi que ce soit. Alors pourquoi ?

Arsiesys préféra croire que d'être passé de vie à trépas, puis du trépas à la vie ne lui réussissait pas. Il n'y avait pas de raison que quoi que ce soit n'aille pas. Car ils étaient ici chez eux, n'est-ce pas ? Il ne pouvait rien leur arriver de mal. Pas en ces murs que rien ne saurait transgresser. Aquarius était encore ignorant des lugubres tragédies qu'avaient connu le Sanctuaire pendant qu'il était retourné à la Terre. De l'ombre de l'opprobre qui se distillerait dans l'or à tout jamais, dont même sa cuirasse arborait les reflets. L'incursion en plein coeur de la civilisation que lui avait imposé l'état d'Oblivion n'avait pas été pour lui déplaire, mais il n'y était que trop peu préparé. Passer d'un monde dont il ne lui restait plus à explorer que les plus sombres secrets à un autre dont il ne connaissait rien avait de quoi troubler ; toute son érudition était à refaire.

Travail de longue haleine, auquel il lui tardait de s'atteler maintenant qu'il était rentré. D'autres auraient pâli, défailli devant l'immensité de la tâche ; pas lui. Sa soif de connaissances n'était douée d'aucune limite – aucune que les frontières de cette réalité suffisent à mesurer. Devenir un vaisseau porteur de toutes les légendes, l'histoire vivante des hommes et des dieux avait toujours été sa plus belle ambition. Graver à même son âme jusqu'aux récits que ne croirait aucun autre que lui... Tout ce que cette planète et ses étoiles avaient à raconter, il le boirait jusqu'à la lie. Puisse sa mémoire lui être aussi fidèle qu'en ce temps-là ; il ne devrait rien oublier. Pas plus les plus grandes victoires que les noms de ceux qui avaient péri.

Mais d'abord, la Saint de la Lyre. L'avoir ramenée jusqu'ici n'était pas tout. Encore fallait-il qu'elle soit prise en charge. S'il ne doutait pas de leurs qualifications, les médecins avaient beau dire. Aussi vaste soit leur science du corps humain et de la médecine moderne, il existait des remèdes dont ils n'auraient pas même pu soupçonner l'existence dans leurs rêves les plus fous. Et pour cause, car ils confinaient au domaine du sacré – un thème qu'Arsiesys connaissait bien et dont, cette fois, même les années n'avaient pu éroder la maîtrise. Le monde passe et les hommes changent, mais les dieux restent les mêmes, prisonniers à vie de leur gloire oubliée et de leurs antiques conflits. Pendant un bref instant, il se demanda ce qu'il était advenu du culte chrétien en pleine expansion à son époque, et l'ajouta à la liste des sujets à revisiter.

Toujours était-il que ce qui, aux yeux et dans la bouche des hommes, tenait du miracle... Pouvait très bien n'être que très commun pour qui, comme eux, fraie avec le divin. S'enfoncer dans l'abîme du progrès et de la technologie ne leur permettrait jamais de combler le gouffre entre la Terre et le Ciel, qu'importe combien de fusées rejoindraient l'azur. Car cette force qui les transcendait pouvait tout pourvu qu'ils s'en donnent les moyens. Même la sienne, pourtant empoussiérée par des siècles d'attente, avait été capable de les ramener sain et sauf ; n'en était-ce pas déjà une preuve en soi ? Sa mine se fit plus chaleureuse sous l'effet de cette pensée positive. Tant qu'ils vivraient, espérer serait permis. Car ils n'apportaient pas l'espoir : ils l'incarnaient. C'était ainsi qu'il avait toujours vécu et que jusqu'à la fin, il continuerait. Qu'importe combien de fois il tomberait d'ici là.

« Vas-y doucement. » conseilla-t-il sans que son timbre ne suggère la moindre anxiété.

Son bras tendu lui servait de support, aussi stable et ferme que ses forces restantes daignaient le lui permettre après une telle équipée. Un pas après l'autre, il l'étirait pour lui offrir un meilleur soutien sans qu'aucune précipitation n'altère son rythme régulier. Les travaux de précision lui étaient plus que familiers, même sans jamais avoir usé pareillement de cet enseignement. L'important étant de ne pas en faire plus qu'elle ne pourrait en supporter : son corps fragile était encore loin d'avoir tout à fait récupéré. La discrète moucheture vermeille constellant sa tenue pourtant neuve était là pour en témoigner, même si ce n'était pas de nature à inquiéter – pas encore. Ses efforts pour la garder au frais tout au long du trajet trouvaient leur faille sous le soleil grec.

Sans être aussi assommant que celui qu'ils venaient de fuir, il n'en était pas si loin – et nullement plus disposé à la ménager. La surveiller de près, plus qu'une faveur, était une nécessité. Une chute inopportune et qui savait combien de plaies se rouvriraient ? Pour cette raison, le Gold Saint aurait voulu la garder sur son dos jusqu'à ce qu'elle puisse à nouveau s'allonger, mais avait honte d'avouer que se départir de son poids soulagée. S'il se devinait déjà qu'elle ne pesait pas bien lourd au départ sa semaine de jeûne forcé l'avait encore allégée – si bien que « poids plume » était encore un faible mot pour la décrire – mais y ajouter le poids des deux urnes l'avait passablement accablé. Qui était-il, par ailleurs, pour aller contre son désir de mobilité ? Qu'elle manifeste une telle hâte de se lever ne pouvait être mauvais, il voulait s'en persuader.

« Un pas à la fois. » chaperonna-t-il d'un air encourageant. « Et tous vers l'avenir. »

La pauvre enfant était lasse de n'être que la poupée de porcelaine qu'il déménageait, et c'était bien normal : passer de soldat à estropié n'est pas chose aisée, jamais. Comme soudain frappée par une foudre invisible, Oblivion se redressa. Le Dernier Centurion eût un sursaut mal maîtrisé ; il n'avait pas prévu cela. Si le bruit de corde qui se rompt ne lui est pas familier, nul besoin d'être savant afin de savoir d'où il vient. Une étincelle d'horreur éclaira son regard en voyant le sang couler, encore. Il serra le poing, le coeur consumé par l'indignation. Combien devrait-elle encore en verser pour que le sacrifice soit comblé ? Le destin n'en avait-il pas assez fait ? Ne pouvait-il pas se servir à la source du sien à la place et la laisser en paix ? Sa main se referma sur la sienne alors qu'il rejetait à grande peine ce torrent d'amertume.

« Ce n'est rien. Ça va aller. »

Dans le temps qu'il lui fallut pour poser le genou à terre, son armure vint le recouvrir. Ce serait déjà ça de moins à porter, et elle lui donnerait le surplus d'énergie nécessaire pour continuer. L'ancien Pope passa son bras libre autour des épaules que de lents frissons de douleur continuaient de faire frémir, l'emmitoufla dans son ombre. Pour l'avoir expérimenté fût-ce artificiellement en son temps, il savait que ne plus y voir ne rendait pas forcément l'agression de la lumière moins pénible. L'idée n'était toutefois pas tant de l'en protéger que de lui offrir un abri provisoire, ne fût-ce que quelques instants pour se remettre de ses déboires. Le sentier semé d'embûches de la guérison était encore long ; puissent-ils ensemble trouver un raccourci.

Patiemment, il la remit sur pieds, la fit se suspendre à son cou pour y aider. En parallèle, sa main se plaqua sur la plaie avec une douceur onirique pour l'endormir, le temps qu'elle soit nettoyée et une fois encore refermée. Un geste qu'il souhaitait de tout coeur n'avoir pas à répéter, aucune chair, pas même celle d'un Éveillé, n'étant faite pour être sans cesse ainsi traitée. Il aurait été facile de dire que ce n'était plus à cela près, que c'était un mal pour un bien, mais c'eût été partir à l'exact opposé de sa façon de penser. En contrepartie de ce toucher glacé, il enroula précautionneusement les bras autour de sa taille pour lui offrir la chaleur humaine – ou plutôt la tendresse qui l'accompagnait. Ce qu'elle traversait était affreux, mais ne serait-ce pas pire encore de devoir l'affronter seule ?

« Vite ! Un médecin ! » tonitrua-t-il à la cantonade, prenant toutefois soin de ne pas lui hurler dans les oreilles.

Le nomade temporel s'estima heureux d'avoir sa Cloth sur le dos : l'on était toujours plus enclin à répondre à l'appel d'un Chevalier d'Or, qu'il le veuille ou non. Ce n'était pas pour l'incommoder, en cette occasion. Son état n'était plus à ce point préoccupant qu'il faille s'occuper d'elle dans l'instant, mais le plus tôt serait le mieux. Même en l'ayant fait sur son dos exclusivement, le retour avait été éreintant ; plus tôt elle se reposerait et mieux ça vaudrait. Et il ne la laisserait pas dormir autre part que là où on la veillerait comme il convenait. Là où elle serait en sécurité, dans un confort rassurant qui n'avait dû que trop lui manquer. Jusqu'où la thérapie qu'on pourrait lui proposer allait l'aider à se remettre, il n'en savait rien. Mais quelque chose restait à faire, il en était persuadé.

« Ne t'en fais pas. Je m'occupe de toi. Que ma voix soit ta lumière, elle éclairera tes pas. »

Un serviteur qu'il ne connaissait pas vint à leur rencontre, mais, loin de répondre à ses attentes, lui demanda de confirmer son identité pour lui remettre un document. Une fois n'est pas coutume, la contrariété s'insinua dans la sérénité de son minois. Le bleu enchanteur de son regard devint froid comme la glace du Grand Nord tandis qu'il déchiffrait les caractères avec difficulté – l'écriture avait évolué elle aussi et la calligraphie grecque en payait à l'évidence le prix. À la vérité, peut-être aurait-il préféré ne pas comprendre. Sous l'effet de la frustration, le papier se froissa entre ses doigts. Que devait-il penser de tout ça ? Ce n'était pas le moment. Ce n'était pas le temps pour cela ! L'élu des Gémeaux était-il inconscient pour placer en lui une telle foi ?

« Il semblerait que l'appel du devoir continue de résonner à travers les époques et histoire. » commenta-t-il, un pâle sourire aux lèvres, un rien de dépit dans la voix. « Pourquoi faut-il toujours que les erreurs se répètent ? Une seule fois ne suffisait-elle pas ? »

Tanguant entre pensées et souvenirs,  il se souvint toutefois bien assez tôt qu'il n'était pas seul – et qu'Oblivion ne devait rien comprendre à tout cela. Qu'importe : son chemin de croix était déjà bien assez escarpé sans lui conter ses tracas. Profitant de ce qu'il ait l'estafette à portée, il l'envoya quérir le personnel qu'il lui fallait. Avec tout le respect qu'il leur devait, de simples valets ne seraient guère en mesure de l'aider, mais au moins pourraient-ils apprêter la couche qu'elle occuperait. Un début, qui, pouvait-on croire, serait assez tôt suivi des attentions médicales escomptées. Les installations idoines du Sanctuaire lui étaient inconnues en cette ère ; puissent-elles être moins spartiates qu'en terrain d'antan. Son inquiétude quant aux propos qu'elle tenait n'allait pas en s'arrangeant, le fil de ce discours de plus en plus décousu prenant une direction qui ne lui plaisait guère.

« Oblivion ? De qui parles-tu ? Qui est « il » ? J'ai besoin de savoir. »

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N'est pas mort ce qui à jamais dort, et au cours des siècles peut mourir même la Mort.
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Ça va aller? Comment est-ce que ça pourrait aller? La douleur dans mon ventre m'empêche de me relever. Pire, de vraies larmes me montent aux yeux et l'eau salé cause encore plus de douleur. Ça n'a pas de fin. Les voix dans ma tête me font toujours plus de mal et même Arsiesys ne peut pas les arrêter. Ça ne va pas aller. Rien ne va plus maintenant.
J'aurais préféré être morte.

Mais alors que le Verseau m'aide à me relever, je sens une vague de froid au niveau de la blessure ouverte, puis la douleur s'estompe doucement. Ça, additionné à la présence du Gold Saint et son énergie réussissent à me calmer et je commence à respirer plus lentement. Mais malgré la tendresse rassurante du chevalier, je sens son inquiétude, sa colère et sa peur, parce que ça ne semble jamais finir.

Dès que ça va, tu deviens un fardeau. C'est ta faute. Lui aussi il en a marre, mais toi tu t'accroches à lui comme un boulet. Tu lui fais du mal.

Je me mets à pleurer. Ai-je si peu de contrôle que ça? J'étais prête à souffrir pour le bien commun. Maintenant je souffre pour faire encore plus de mal. Je n'ai jamais voulu ça, j'ai voulu me débrouiller seule et ça m'a causé encore plus tort. Résultat, d'autres en paient les frais. Alors qu'Arsiesys se met à crier pour attirer quelqu'un, n'importe qui, pour me prendre en charge, je tente de m'écarter de lui, articulant les mots que j'ai dû prononcer des centaines de fois auparavant. Et encore une fois aujourd'hui, ils cachent un secret pourtant dur à ignorer.

-Non... je vais bien... Ne... Ne t'inquiètes pas... pour moi...

Mais il me retient solidement contre lui et je me résigne vite à rester, plutôt que de terminer cette épreuve seule. Au fond, est-ce que j'ai vraiment envie de repousser qui que ce soit maintenant? Même si ce n'est pas facile pour personne, pourquoi devrais-je refuser n'importe quelle attention, même forcée?

Pitoyable égoïste.

 Je pose doucement ma tête contre le torse du Verseau, lasse de tous ces malheurs et surtout fatiguée... je ne dois pas dormir, je ne veux pas entendre les voix, mais je n'en peux plus d'être éveillée. Avec suffisamment de morphine, je pourrais dormir sans rêver...

Quelqu'un approche, mais rien ne se passe. Que je crois. Après un temps l'aura du Verseau se refroidit et je tente de comprendre ce qui se passe en retenant mal mes tremblements. Mais il se reprend et ordonne à un serviteur d'aller chercher quelqu'un capable de me soigner. Je crois que ce sera là la fin, qu'on viendra me chercher et qu'enfin, tout cela se termine, et me détends de plus en plus, quand Arsiesys me demande de qui je parle. 

Qui est-Il?

Je serre les poings. Ma respiration devient irrégulière et je commence à me débattre dans les bras du Verseau. Devoir penser à Lui... après ce qu'Il m'a fait, devoir prononcer son simple nom semble être assez pour me faire sombrer dans un cauchemar sans fin, enfermer toutes les voix du monde dans ma tête et me faire attendre la mort enfermée dans une dame de fer. Encore. Mais...

-Il... il n'était pas un... il ne pouvait pas...

Il va te tuer.

-Il m'a... il voulait...

Je n'arrive pas à terminer mes phrases. Je me souviens de ces moments où Il changeait drastiquement de personnalité, des fois rempli de colère et de mépris à mon égard, mais d'autres fois si calme et posé... mais encore capable de me faire vivre les pires horreurs du monde juste parce qu'il en avait envie. Et il se parlait tout seul, comme si deux personnes s'exprimaient avec la même voix... il m'a terrifié, et même s'il n'est plus là il continue de le faire.

-... Iblis...

Le nom résonne dans ma tête comme un écho. Comment pourrai-je un jour arriver à l'oublier? Les larmes coulent à nouveau et me piquent les yeux. S'il revient, peut-être que même Arsiesys ne sera pas capable de l'arrêter... Non. Il a promis qu'il s'occuperait de moi. Il ne me laissera pas tomber. Sargas non plus. Mais où est mon frère? J'ai disparu si longtemps, il aurait dû être le premier à s'inquiéter. Est-ce qu'il cherche encore sa disciple? Et Vermalis? La vérité imposée par le Démon, celle que j'ai nié jusqu'à ma mort, me revient comme une claque en plein visage.

-Il avait raison... personne ne se soucie d'une simple Sainte d'Argent...

J'entends des bruits de pas. Les secours arrivent enfin, je sens la prise d'Arsiesys sur moi se relâcher alors qu'une équipe de soigneurs me saisit doucement pour m'installer sur une civière. J'attrape la main du Verseau et refuse de la lâcher, même si on veut me forcer à le faire, je ne lâche pas prise. Même après que l'on m'ait attaché les bras et les jambes pour m'immobiliser, juste au dessus de ces liens de métal que personne n'a réussit à m'enlever. On immobilise ma tête, je sens quelqu'un me caresser doucement les cheveux et j'entends une voix de femme qui me parle:

-Comment tu t'appelles?

-... Oblivion...

Rage

-Tout va bien aller, Oblivion, on va s'occuper de toi.

L'autre docteur là, il a dit la même chose. Ça n'a rien fait.

-Ce n'est pas vrai... arrête de dire ça...

Il est encore trop tôt pour opérer. N'importe quoi. Y avait rien à faire. Tu crois qu'ils te fileront de la morphine?

-Ha... oui... si seulement...

Un grand soulagement me parcourt les jambes. Les soigneurs du Sanctuaire ont commencé leur traitement au cosmos, et en même temps qu'ils solidifient les os de mes jambes et font disparaître chaque blessure encore ouverte, la blessure de mon ventre se referme aussi. Je respire profondément, presque endormie par le manque de douleur, alors que petit à petit mon corps est réparé. À mesure que les lacérations disparaissent, les soigneurs retirent les points de suture devenus inutiles.

-Plus que le visage. Je m'en occupe.

Je sens les doigts de la femme repousser quelques mèches de mes cheveux, puis elle approche sa main de mon visage. Mais au moment où commence le "traitement"...

Au moment où son cosmos entre en contact avec mes blessures, une vague de douleur suraiguë m'envahit.

Un véritable coup de fer rouge au visage. Je pousse un hurlement de douleur et me débat si fort que les liens qui me retenaient à la civière se détachent, alors qu'une explosion de mon cosmos repousse l'équipe de soigneurs plus loin. La vague de chaleur qui s'échappe de mon visage fait craquer le masque de glace offert par Arsiesys. Sept jours de souffrance réunis en un seul coup...
D'un coup brusque, je bascule et tombe au sol. Lentement, respirant de façon irrégulière et entrecoupée de gémissement, la sensation de brûlure encore présente sur mon visage, je me relève.

-Qu'est-ce que...

Comme une automate, je tourne la tête vers la voix et m'avance vers elle. J'en ai assez de cette douleur. Je ne laisserai plus jamais personne me faire du mal.
J'entends la respiration de la femme tout près de moi. D'un mouvement brusque et rapide, je la saisis à la gorge.

-PLUS JAMAIS! ÇA FAIT TROP MAL!

La femme crie. Les autres soigneurs m'attrapent et me repousse plus loin. Je tombe par terre, enfoui mon visage entre mes mains et éclate en sanglots. Pour moi, ce n'est pas compliqué à comprendre. La douleur ne partira jamais complètement. Mon visage ne guérira pas. Je ne verrai plus jamais. 

Celle que t'étais avant est encore morte. Elle n'existe plus.

-Je ne voulais pas... je suis désolée...

Mais pourquoi? Je jure que j'ai fait tout ce que je pouvais pour ne pas écouter les voix, elles voulaient que je sois méchante et j'ai fait mon possible pour ne pas l'être, pour redevenir comme avant, pour enfin terminer cette histoire. Mais les voix sont trop fortes pour moi. J'ai peur, peur qu'un jour personne ne puisse les chasser. Je ne veux plus être abandonnée... 

-Elles ne veulent plus se taire... elles me brûlent de l'intérieur...

Je me souviens vaguement d'un temps où cette idée de feu intérieur était pour moi une bonne chose. Parce que ça représentait mon frère. Mais maintenant, associer cette douleur à Sargas me rappelle sa malédiction, et le fait que je l'ai peut-être perdu, lui aussi. Je veux lui pardonner, à Nephtys aussi. Mais ça ne les empêchera pas de partir pour ne jamais revenir, comme tout le monde.

Une vague de froid m'enveloppe. Arsiesys est encore là. Je ne sais pas pourquoi il l'est, encore moins pourquoi il l'est encore, mais le fait est qu'il a tenu sa promesse. Il est resté avec moi, et tant qu'il le sera je ne serai jamais seule. Il est assez fort pour se défendre contre les mauvais tours que me joue le destin. Ça devrait m'inquiéter, comment être sure qu'il ne faillira pas lui aussi, mais au moment présent je m'en fiche. Je n'ai pas le droit de rester aussi faible. 

Doucement, je me relève une deuxième fois. Mes muscles sont plus forts maintenant, et je peux marcher seule si je fais attention. Les yeux toujours fermés pour fuir la lumière du soleil, je cherche comme je le peux le Verseau. Ou n'importe qui capable de m'approcher.

-Je ne sais pas ce qui m'a pris... je suis vraiment désolée...

De bien misérables excuses pour ce que j'ai tenté de faire. Je baisse la tête, incertaine de la suite et soudainement mal à l'aise. Quelle est la prochaine étape? Doit-il y en avoir une?

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Thanatos
Nombre de messages : 2676
Rang : Dieu de la mort
Feuille du personnage : Feuille du Personnage
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Il aurait voulu lui faire voir le bout du monde. Déployer ses ailes et l'emmener sous un ciel meilleur. Là où rien ne pourrait la suivre, pas même la douleur. Seulement voilà, le ciel lui était fermé désormais. Il avait dû dire adieu à ses plumes dorées. Cloué sur la terre des hommes, pourrait-il jamais s'élever encore ? Le froid terrible qui soufflait en lui valait-il la chaleur solaire contre laquelle il l'avait échangé ? Point d'arc ni de flèche, juste ce gel et son manteau glacé. Il ne savait que faire de ces nouveaux pouvoirs. Lui le stratège, lui le prodige se sentait redevenu simple novice. Ce n'était pas qu'il n'en avait pas la maîtrise – outre ses connaissances préalables, la Cloth du Verseau, improvisée capsule mémorielle, lui avait appris ce qu'il y avait à savoir. Mais qu'en faire ? S'il savait à quoi il dédiait jadis ses traits dorés et son feu céleste, cette glace n'avait encore aucune vocation. Aucune mission.

Ses anciennes facultés avaient la force de détruire là où celle d'aujourd'hui pouvait créer, mais il avait perdu la chaleur des jours au profit du froid mordant de la nuit. Tant qu'il en saurait pas à quoi les vouer, il n'y aurait rien qu'il puisse en faire. Tant de potentiel, réduit à presque rien par le simple fait de ne pas savoir. N'avoir de certitude que son ignorance le faisait douter du bien fondé de sa réincarnation, de sa place dans cette époque qui le dépassait. Était-ce vraiment une bonne chose que d'occuper cette Gold Cloth dont il ne savait que faire ? De dépenser plus de temps à rattraper son retard qu'à accomplir ce pourquoi il était là ? Si jamais au grand jamais il ne s'était considéré comme Grand Pope à part entière, ne se voyant que comme un suppléant temporaire jusqu'au jour de sa mort, il en allait autrement pour sa place dans le Zodiaque d'Or. Et si finalement il avait fait erreur ?

S'il n'en était pas ou plus à la hauteur ? Les temps avaient changé, et les siens étaient depuis longtemps oubliés. Oui, la voir souffrir ainsi sans rien pouvoir y faire réveillait ses peurs les mieux enfouies. Celles qu'il ne laissait à personne le loisir de contempler, car prenant soin de toujours plus profondément les enterrer. Tant de gens s'étaient reposés sur lui, l'avaient pris pour modèle qu'il en avait perdu le droit de fléchir. Quand on se tient au sommet du Sanctuaire et que l'on se présente comme le bouclier et l'épée d'Athéna, la faiblesse n'est pas permise. Et maintenant ? Toute la question était là. Il s'était promis de ne jamais perdre de vue qui il était, mais savait mieux que quiconque que les responsabilités modèlent un homme – voire le morcellent. Ne plus les avoir sur les épaules, c'était devoir se redécouvrir. Se recréer. Nul n'en serait lésé, car nul ne savait plus qui il était. Mais lui, le savait-il encore ?

« Iblis. »

Ce nom, il le répéta tout bas pour mieux le graver dans le marbre de sa mémoire. Il ne l'oublierait pas, ça non. Arsiesys se plaisait à croire qu'il était au-dessus de la vengeance. Que le sang appelle le sang et qu'alimenter ce cercle de la haine ne conduirait qu'à une destruction mutuelle. Et nul ne méritait qu'il aille jusque là, pas même le pire démon qui soit. Cependant... Cela ne voulait pas dire qu'il ne le retrouverait pas ni ne lui ferait passer le goût du vice. Il ne demanda pas de qui ou de quoi il s'agissait. D'abord pour ne pas rouvrir la plaie mentale en plus de celles dont son corps étaient jonché, ensuite parce qu'il n'en voyait pas l'utilité. Ce nom qu'il répétait en son for intérieur comme une sombre litanie lui suffirait. Ennemi ou non, là n'était même pas la question. Ce n'était pas un ordre qu'il se donnait. Certes, son devoir en tant que Gold Saint était d'éradiquer les forces du mal...

Mais s'il ne faisait rien pour l'arrêter... S'il ne mettait pas tout en oeuvre pour mettre un terme à sa folie... C'était en tant qu'humain qu'il ne pourrait se le pardonner. On ne ferme pas les yeux quand on voit le Diable en personne pointer le bout de sa queue. Tout affairé qu'il soit à en prendre conscience, il n'avait pas une seule fois relâché sa prise sur Oblivion. La dernière chose dont elle avait besoin en ce moment était qu'on s'éloigne d'elle ne serait-ce qu'un instant. L'idée qu'il ne soit pas le plus indiqué pour lui tenir compagnie avait disparu du paysage de ses pensées. Qu'elle n'ait pas de famille ou d'amis pour être à ses côtés en ce moment difficile était bien sûr dommage mais pas grave. Si elle le voulait, il serait tout cela à la fois. Un sourire avenant s'épanouit sur son visage tandis qu'il se risquait à passer les doigts dans sa chevelure, la dérangeant subtilement.

« Il est vrai que je ne suis plus personne en cette ère, mais de là à penser qu'il en soit de même à tes yeux... » fit-il, espiègle.

Soutien excepté, la traiter avec normalité était peut-être le meilleur remède à lui donner. Cela ne ferait certes pas disparaître ses plaies, mais compatir sans cesse à son sort ne ferait que lui rappeler dans quel état elle était. D'autant qu'elle savait ce qu'il en était de son côté : ne le lui avait-il pas déjà maintes fois montré ? Sa sollicitude envers elle n'était plus à prouver – et qu'il soit encore là ne faisait que le corroborer. Si ce concept lui avait été familier, peut être aurait-il pu se comparer à un adulte tenant une enfant par la main pour l'emmener chez le médecin. Ce n'était pas si éloigné de la réalité. C'est juste un mauvais moment à passer, aurait-il voulu lui dire, mais qui pouvait savoir quand ce serait terminé ? Sa main demeura en place, à défaut d'une quelconque demande de retrait.

C'était l'une des rares manières – si ce n'est la seule – dont il puisse la toucher sans rencontrer sous ses doigts une blessure pas tout à fait cicatrisée. Aussi, à moins qu'elle ne le réclame, n'allait-il pas se priver d'exercer sur elle ce geste paternel. Ce n'est qu'à regrets qu'il fut forcé d'y mettre un terme quand les soigneurs vinrent pour l'emmener. Il ne se laissa cependant pas distancer de plus de quelques mètres. Sa présence la rassérénait, et laisser qui que ce soit l'en priver aurait été une grave erreur. Par bonheur, que ce soit parce qu'il n'était pas une entrave à l'opération ou parce qu'ils ne se voyaient pas faire barrage à un Chevalier d'Or, personne ne lui signifia d'attendre dehors. Croisant les bras, le Dernier Centurion s'installa dans un recoin de la pièce, tant en évidence qu'à l'écart. Les soins mystiques avaient cela de bon qu'ils étaient bien moins salissants que leur pendant populaire.

Bien qu'extérieur à l'opération, il y consacra toute son attention. On avait eu beau lui répéter que cela pouvait être long et qu'elle ne risquait rien, il n'était guère enclin à se laisser distraire par quoi que ce soit. Tout portait à croire qu'il n'y avait plus lieu de s'en faire, que tout danger était écarté, mais la tension ne disparaissait pas. Fusse moins marqué sur son visage que pour d'autres, Arsiesys était un guerrier, un soldat. À ce titre, il savait que trop tôt se détendre n'est jamais bon. Les guerres lui avaient appris une chose : rares sont les ennemis à se rendre sans un dernier coup d'éclat. Et celui avec lequel Oblivion avait encore maille à partir dans un coin de sa tête était de ceux-là... Si prodigieuse soit la vitesse inhérente à son rang, encore fallait-il avoir la présence d'esprit de l'utiliser. Quel imbécile ! Comment pouvait-il n'avoir pas envisagé que le mal viendrait de l'intérieur ?

« Arrête, Oblivion ! »

Ses doigts se refermèrent sur son bras, sans qu'il osât serrer plus que de raison. La Saint de la Lyre ne tarda heureusement pas à desserrer sa poigne, mais le mal était fait : il n'avait croisé que brièvement le regard de la victime, mais y avait lu la peur à l'état pur. Celle qu'on éprouve quand on croit sa dernière heure venue. Sa propre main ne resta pas en place plus longtemps, laissant la Chevalier d'Argent se recroqueviller. La voir ainsi prostrée ne lui plaisait guère, mais elle en avait besoin pour remettre de l'ordre dans ses idées. Ses plaies étaient profondes, mais les pires d'entre toutes étaient celles qu'on ne pouvait recoudre. Son âme saignait encore. Son cosmos avait jailli quand il s'était déplacé, entraînant la chute de plusieurs médecins sur un sol désormais verglacé. Contrit, le Verseau passa un bras autour de ses épaules, lui attirant la tête contre son torse plastronné.

« Apprenez-moi. » somma-t-il au bout d'un moment.

Sa dextre avait pris place sur la nuque de la musicienne, délivrant des caresses apaisantes, ses mèches abîmées lui chatouillant les phalanges. Trop sous le choc que pour réagir à l'unisson, la plus grosse partie de l'équipe médicale se retourna tout de même vers lui pour le guigner avec l'incrédulité qui convenait. Le regard dissuasif qu'il adressa à l'aide-soignante qui s'approchait, une seringue de tranquillisants à la main, suffit manifestement à lui faire comprendre qu'il ne la laisserait pas aller au bout de son initiative malvenue. Le contact fut à nouveau rompu mais seulement pour lui permettre de draper la lyriste de sa cape en guise de couverture. Ses yeux couleur d'océan la quittèrent enfin  pour les mirer tous autant qu'ils sont, passant en revue les visages hagards avec une dureté qui ne leur était pas destinée.

« Ne me suis-je pas fait entendre ? Apprenez-moi. Vous craignez de vous en occuper ? Fort bien ! En ce cas, c'est moi qui m'en chargerai, mais j'attends de vous que vous vous hâtiez de m'expliquer comment procéder. J'espère n'avoir pas à le répéter. » Ses traits reprirent de leur sempiternelle douceur, et il gratifia Oblivion d'une moue amène. « Ne t'en fais pas, je vais m'occuper de toi. Je doute toutefois briller par mes exploits, alors sois indulgente avec moi... »

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N'est pas mort ce qui à jamais dort, et au cours des siècles peut mourir même la Mort.
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