Saint Seiya
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[Conquête] Staying under the radar...
Andréa
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« Sérieux ? » murmura la Liche en promenant son regard sur le paysage qui l'entourait. Devant elle, Lochranza, guère plus que quelques amas de maisons situées de part et d'autres d'une route unique, le tout agrémenté d'un petit port et rehaussé par la présence du « château » qui constituait le cœur de sa mission du jour, légèrement à l'écart sur son promontoire. L'ensemble méritait à peine le nom de village...

« Sérieux. » lui répondit un Kochtcheï mi-amusé, mi-résigné et qui daignait pour une fois se conformer aux habitudes langagières de l'époque.

Andréa soupira, et sortit du ferry qui l'amenait sur l'Île d'Arran depuis la Grande-Bretagne. Elle aurait pu venir directement à Lochranza grâce à son Surplis, mais dans ce patelin minuscule où tout le monde se connaissait et où le passe-temps favori des locaux était d'observer les touristes, on aurait sans nul doute remarqué une jeune fille arrivée de nulle part. Or, ses ordres pour cette mission étaient des plus clairs : ne pas faire de vagues, discrétion maximale. La « conquête » des lieux devait se faire si possible sans la moindre utilisation de cosmos, uniquement par des moyens « humains » et scrupuleusement légaux.

Cela aurait pu être difficile si l'identité publique du Seigneur Thanatos n'avait été celle d'un richissime magnat du pétrole. L'argent ouvrait bien des portes et la réputation faisait le reste ; voilà qui serait un atout inestimable pour les futures opérations terrestres des Spectres. Officiellement, la polonaise était l'assistante aux acquisitions immobilières du Dieu, ou plutôt celle de Malik Al-Aswad, de Son nom mortel. C'était ce qui était marqué sur les belles cartes de visite qu'on lui avait données, et cela devait aussi se refléter dans son apparence : elle avait troqué sa quincaillerie, sa défroque et son maquillage habituels pour un tailleur-jupe sobre mais élégant (et beaucoup trop court à son goût comme à celui du parasite), un chignon strict et une paire de chaussures à talons hauts qui lui avait valu des heures d'entraînement devant un miroir juste pour apprendre à marcher avec sans se casser la figure. Sur les pavés disjoints du quai, c'était un cauchemar.

« Nous sommes ridicules. On ne m'enlèvera pas de l'idée que cette tenue est bel et bien une forme de punition. » remarqua l'ancienne Liche, qui partageait ses sensations.

« Non, c'est comme ça que certaines s'habillent maintenant, c'est tout... D'ailleurs, tu disais quoi sur mon « travestissement » ou je ne sais plus trop quoi, quand on s'est rencontrés ? » rétorqua-t-elle mentalement, clouant instantanément le bec de son compagnon de route permanent.

L'avantage avec les petits patelins de ce genre, c'est qu'on n'avait pas à aller loin pour trouver ce qui tenait lieu de centre névralgique : elle était déjà devant la (petite) mairie. Rajustant sa mise, elle poussa la porte et se retrouva dans un hall désert à l'exception de la vieille réceptionniste / secrétaire occupée à faire des mots croisés à sa table. Dans le fond, une unique porte donnait sur le bureau du maire ; à en juger par les dépliants présents un peu partout, l'endroit faisait également office... d'office de tourisme. La Liche s'éclaircit la gorge, attirant l'attention de la femme, et lui demanda si Monsieur le Maire était disponible. La vieille dame sourit, lui fit signe de tendre l'oreille ; la Spectre s'exécuta et put entendre les échos d'un match de football télévisé filtrant par l'entrebâillement de la porte du bureau de l'édile. Elle prenait ça pour un oui.

Elle s'avança, toqua contre le panneau de bois défraîchi. Le bruit de la télévision s'arrêta, et d'autres sons signalèrent des mouvements précipités avant qu'une voix ne l'invite à entrer. À l'intérieur, un homme chauve et âgé rangeait en toute hâte un bureau encombré ; son regard s'arrêta sur Andréa, qui feignit poliment de ne pas remarquer le désordre évident régnant dans la pièce, et il eut un sourire gêné.

« Bonjour, monsieur le Maire. Je suis Andréa Gregorz, et je travaille pour monsieur Al-Aswad. Je viens vous voir au sujet de l'acquisition de votre château par mon employeur. »

Elle avait failli dire « Seigneur »... décidément, les automatismes étaient durs à oublier. Quant à son interlocuteur, il la fixait maintenant avec des yeux ronds, l'incompréhension bien visible sur ses traits : « Je vous demande pardon ? »

« Ah... on ne vous a pas prévenu... »
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« Non, non, pas ça, je vous demande pourquoi vous traitez votre patron de « connard », c'est très malpoli jeune fille, même s'il n'est pas là. » répliqua le Maire, à la plus grande stupéfaction de la Spectre. Quand est-ce qu'elle avait insulté Thanatos ?

« Je ne vous suis pas, monsieur. »

« Moi non plus... » pensa Kochtcheï, à qui la jeune fille enjoignit sèchement de se taire. C'était toujours compliqué d'avoir une conversation avec deux personnes en même temps, dont l'une se trouvait à l'intérieur de sa propre tête.

Mais qu'est-ce qu'elle avait dit ? Elle avait simplement prononcé le nom d'Al-Asw... Ah si, elle voyait le problème maintenant. Les vicissitudes des langues étrangères.

« Je représente monsieur Al-Aswad, et pas asswad. C'est Son nom. » expliqua-t-elle patiemment tandis que l'âme parasite laissait échapper un hoquet d'indignation mental.

Réalisant sa bévue, l'élu dégarni devint rouge de confusion et s'excusa abondamment. Andréa, elle, fit de son mieux pour conserver un air aussi professionnel que possible pendant tout le temps que dura cet embarrassant spectacle ; c'était aussi un peu sa faute, elle aurait dû surveiller sa prononciation. Une fois le vieil homme calmé, il lui fit signe de s'asseoir, et elle put terminer son introduction en présentant sa carte de visite. Il lut l'intitulé du poste de la Liche, son regard faisant des allers-retours entre son interlocutrice et le rectangle de bristol dans sa main. Allait-il faire remarquer qu'elle paraissait bien jeune pour exercer son métier de couverture ? Les artifices vestimentaires dont on l'avait affublée avaient pour but de créer l'illusion de quelques années supplémentaires, mais ils ne faisaient pas de miracles. Heureusement, il ne dit rien sur l'âge de la polonaise et préféra passer directement au vif du sujet.

« Alors, vous boss... travaillez pour quelqu'un qui veut nous acheter et restaurer notre château ? J'en avais entendu parler, mais je ne pensais pas que c'était sérieux. Cela dit, même si la propriété appartient à la municipalité, elle est gérée par Historic Scotland et nous ne pouvons pas la céder sans leur permission, qu'importe la somme proposée. »

L’Étoile Terrestre acquiesça. Elle était au courant, et elle était venue préparée : se saisissant de son sac à main, elle en extirpa l'un après l'autre une succession de dossiers bardés de tampons officiels. « Nous le savons bien sûr, c'est pourquoi nous avons déjà pris contact avec un grand cabinet d'architecture à Glasgow, ainsi qu'avec une société de restauration nationalement reconnue, commissionné un rapport d'expertise et de faisabilité, soumis le tout et fait approuver notre démarche auprès du Bureau du Patrimoine au Département de la Culture... également d'Historic Scotland... et voici également les détails de la transaction financière en attente indiquant la disponibilité immédiate des fonds, dûment signés par la banque. »

Chaque étape de son énumération avait été ponctuée du bruit sourd d'une volumineuse liasse de papiers posée sur la table. L'ensemble recouvrait une bonne moitié du bureau, dont le propriétaire abasourdi faisait mine d'inspecter quelques feuillets au hasard pour se donner une contenance. Il était impressionné, cela se voyait : ce n'était pas un politicien de carrière, juste un homme du cru qui s'était retrouvé à devoir administrer ce village perdu. La petite montagne de documents était le fruit d'une entreprise de longue haleine : une véritable armée de conseillers juridiques s'était démenée en amont pour que tout soit fait dans les règles et le plus vite possible... Et le meilleur dans tout ça, c'était que lesdits gratte-papiers ignoraient tout du réel but de cette acquisition : aucun risque que le secret ne filtre. Les accords de principe avaient été obtenus auprès des autorités compétentes et il ne restait plus à la Spectre de l'Immortalité, seule personne à savoir vraiment ce qu'elle faisait dans cette affaire, qu'à finaliser la chose. Après ça, les infernaux prendraient possession d'une toute nouvelle base d'opération terrestre, suffisamment reculée pour qu'on les laisse tranquilles...

« Wow... vous avez transporté tout ça toute seule ? Ce n'était pas un peu lourd, mademoiselle ? » interrogea le maire, qui n'avait apparemment rien trouvé d'autre à dire en étant ainsi mis devant le fait accompli. Andréa écarta la question, préférant demander s'il allait donner son accord, ce à quoi il répondit...

« Je suis désolé, ça ne va pas être possible. »
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La Liche incrédule s'efforça de ne pas laisser transparaître sa contrariété. Comment ça, ça n'allait pas être possible ? Ils avaient l'argent, ils avaient respecté toutes les règles en vigueur, et ils avaient toutes les autorisations nécessaires, sauf la dernière, que le représentant de ce misérable village refusait de lui donner. Il avait intérêt à avoir une bonne explication...

« Et pourquoi cela, je vous prie ? »

L'édile se dandina inconfortablement sur sa chaise avant de prendre la parole : « Comprenez-nous, ce château c'est notre histoire, notre héritage, notre identité, et depuis la fermeture du port de pêche, c'est l'une des rares attractions touristiques qui font vivre notre communauté. Je ne peux pas le céder à un étranger qui en interdira l'accès pour en faire je ne sais quoi, juste pour une poignée de livres sterling, peu importe ce que dit le Département de la Culture... ». Il souligna cette dernière phrase en désignant de la main les dossiers officiels apportés par la Spectre.

Andréa était bien forcée d'opiner : ça ne lui faisait pas plaisir, mais à la place de l'élu, elle aurait sans doute fait pareil. Cependant, elle ne renoncerait pas aussi facilement, trop de temps et de ressources avaient déjà été investis dans cette acquisition pour qu'elle puisse se permettre de rentrer au bercail en proposant qu'ils aillent chercher ailleurs.

« Je vois. N'y aurait-il pas une solution, quelque chose que je puisse faire pour vous convaincre ? »

« Et bien... il y a peut-être un moyen, mais ne vous réjouissez pas trop vite mademoiselle : ce n'est pas moi que vous devrez convaincre, ce sont mes administrés. Je refuse de prendre une décision aussi importante dans leur dos. »

« Je l'aime bien celui-là. » intervint Kochtcheï. Allons bon, c'était nouveau ça, depuis quand l'ancienne Liche sympathisait-il avec ceux qui entravaient la marche de leur mission ? Devant la réaction dubitative de son hôte, le parasite offrit une explication : « Qu'y a t'il de si étrange ? Pour une fois, nous rencontrons quelqu'un qui a été choisi pour commander à ses pairs, et qui ne les poignarde pas dans le dos à la première occasion en cédant aux sirènes du lucre. »

La polonaise soupira, et recentra son attention sur le maire. Qu'allait-il faire, demander un vote ?

« La population de Lochranza est actuellement de... 187 personnes, dont 179 en âge de voter si ma mémoire est bonne. » annonça le vieil homme en tirant un registre de son tiroir, qu'il commença à feuilleter en marmonnant. « Oui, 187 et 179, je confirme. » Si peu ? En plus, l'endroit n'avait pas beaucoup de jeunes... Andréa s'abstint pourtant de tout commentaire, attendant que son interlocuteur finisse. « Bon, voilà ce que je propose : je vais faire passer le message, et je rassemblerai les notables disons... après-demain soir, au restaurant de l'hôtel ? Ils vous poseront des questions, vous y répondrez, et vous présenterez les détails de votre... projet à tout le monde. Ensuite, nous organiserons un vote ce dimanche et selon les résultats, nous vous céderons l'acte de propriété... ou pas. En tout cas, soyez préparée à modifier le contrat. »

Elle n'avait pas d'autre choix que d'accepter, toute l'opération devant se faire de manière « normale » et surtout légale. Pas la moindre entourloupe cosmique, ils ne voulaient pas attirer les Saints ou autres empêcheurs de tourner en rond. La jeune fille se leva et serra la main du maire, accompagnant le geste d'un simple « c'est d'accord » avant de sortir de la pièce, puis du bâtiment.

Et maintenant, il lui fallait rester ici, dans ce trou paumé. Il allait falloir attendre deux jours pour passer devant une assemblée de clampins, puis la fin de la semaine pour savoir si oui ou non lesdites pécores accepteraient de se départir de leur précieux château. Qu'allait-elle bien pouvoir faire pendant tout ce temps-là ? Elle s'était attendue à devoir faire signer un papier au vieux, puis à repartir aussitôt : elle n'avait donc pas amené de bagages, même pas de vêtements. Elle avait bien fait son compte...
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Première chose à faire, mettre au courant le grand patron. Andréa dégaina son portable et composa le numéro servant à joindre Son bureau dans le monde des mortels. Elle ne parlerait sans doute pas à Thanatos en personne, ce serait vraiment trop saugrenu, et il n'y en avait pas besoin de toute façon : on lui avait laissé carte blanche concernant cette affaire, tant qu'elle ne compromettait pas sa couverture. Deux sonneries plus tard, une voix féminine se fit entendre à l'autre bout de la ligne :

« Bureau de monsieur Malik Al-Aswad, bonjour ? »

« Bonjour Rebecca, c'est Andréa. »

« Andréa ? Ah oui, la nouvelle ! Vous m'appelez pour confirmer l'achat ? »

« Malheureusement non, il y a des complications. Je vais devoir rester plus longtemps que prévu, le maire s'est mis en tête de consulter ses ouailles sur la question. Attendez-vous à des frais supplémentaires et à des aménagements du contrat. »

« C'est fâcheux. Vous avez besoin d'aide ? »

« Non, seulement de tenues de rechange et du nécessaire pour rester sur place quelques jours. Je ne m'étais préparée que pour un aller-retour express. »

« Très bien, je demanderai à Emily de vous envoyer un petit quelque chose. Bon courage ! »

La Liche prononça ses remerciements et raccrocha sans chercher à savoir qui était cette Emily. La compagnie du Faucheur employait tellement de gens, elle n'avait pas cherché à se familiariser avec tout le monde. Pourquoi le devrait-elle ? Ils n'étaient pas ses « vrais » collègues après tout. Quant à devoir s'adresser à une simple humaine ignorante de la véritable identité de leur « patron » comme à une supérieure, simplement parce que celle-ci était Son assistante personnelle sur Terre... c'était déplaisant.

Enfin... n'ayant rien amené pour passer le temps, elle résolut d'au moins mettre ce délai à profit pour faire le tour de leur futur nouveau territoire. Tout d'abord, Lochranza : comme elle avait déjà pu le constater, l'endroit était situé sur la côte sud d'une petite baie. À l'extrémité nord-ouest de l'agglomération se trouvait le port, à peine assez grand pour accueillir le ferry et une poignée de bateaux de tourisme ou de plaisance. Partant de là, le village était majoritairement constitué d'un alignement de maisons du côté sud de la route, le nord donnant directement sur la côte rocailleuse. L'eau était peu profonde, et immédiatement derrière les habitations se trouvait une forêt. Le cadre était plutôt pas mal, si on faisait abstraction de l'humidité et de la grisaille coutumières des îles britanniques. Pour la jeune fille qui vivait au quotidien dans les ténèbres omniprésentes et franchement déprimantes des Enfers, c'était presque l'équivalent d'un séjour sur une île tropicale cela dit.

La traversée ne prit pas longtemps : suivant la route vers le sud-est, elle arriva bien vite à la péninsule sur laquelle se dressait le château. Derrière ce bout de terre, une rade où mouillaient encore d'autres embarcations de touristes, mais cela ne l'intéressait guère. Elle se dirigea vers le vénérable édifice, pour se rendre compte par elle-même de ce que les Spectres gagneraient à prendre possession des lieux. Et elle fut déçue : le bâtiment avait un certain charme, mais il était largement en ruines, dépourvu de toiture, et surtout il était petit, il ne faisait même pas le dixième de la taille du Château d'Heinstein ! En fait, c'était plus une maison-forte qu'un château proprement dit...

L’Étoile Terrestre s'avança jusqu'au bout de la langue de terre, à peine au-dessus du niveau de l'eau, hors de portée d'oreille, puis se retourna pour tout embrasser du regard – aussi bien Lochranza que son « château » – et se mit à parler, imitant le maniérisme de Kochtcheï : « Contemplez ce fier fief, mortels ! Voyez la grandeur des guerriers d'Hadès, qui règnent sur une forteresse si imposante ! »

« Mais tais-toi donc ! Ah, et le pire c'est qu'elle n'a pas tort. Il n'y a plus qu'à espérer que les autres factions ignoreront cet endroit. » admit le parasite.

Elle continua sa visite, nota le peu de commerces présents dans le village, les touristes qui se démarquaient des autochtones plus âgés. Lochranza n'avait pour lui que quatre choses : ses eaux, son château, sa distillerie (qui alimentait le bar de l'hôtel) et la beauté d'une nature environnante préservée. C'était là tout ce qui faisait tourner leur économie, d'où l'importance que le maire accordait à l'édifice qu'elle était venue acheter, mais peut-être qu'elle pourrait retourner la situation à son avantage en faisant miroiter les richesses de Thanatos. Après avoir flemmardé toute la journée (c'est que la visite ne l'avait pas occupée longtemps hélas, il y avait si peu à voir...), elle reçut un appel sur son téléphone, l'invitant à retourner au port. Elle y rencontra un employé de la compagnie, qui lui fit passer une valise remplie, et qui s'en alla aussitôt par retour de ferry. Bon... au moins avait-elle maintenant de quoi survivre ici.

Quand vint la soirée, elle dut toutefois faire face à trois mauvaises surprises. La première : toutes les chambres de l'hôtel avaient été réservées, et les autres gîtes étaient complets ; ne restait que l'auberge de jeunesse, pleine de gens de son âge, bruyants, sales et qui s'étaient jurés de comparer les mérites des plus de 350 sortes de whisky disponibles à la vente au bar de l'hôtel. La deuxième : l'auberge ne servait pas les repas, elle devait donc aller au restaurant... de l'hôtel, ce qui la forçait à faire le chemin avec ses compagnons de chambrée alcoolisés. La troisième : il existait bel et bien quelque chose de pire que la cuisine anglaise, et c'était la cuisine écossaise.
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HRP : Avis aux lecteurs, ce qui suit va sans doute devenir l'un des rp les plus chiants de l'histoire du fofo. mr Red le retour

Pendant deux jours, l'ennui avait été son pire ennemi. D'ordinaire, les gens ne s'attardaient guère à Lochranza : ils arrivaient, visitaient, et repartaient aussitôt car à moins d'être un fanatique de la randonnée, le village et ses environs n'occupaient que pour quelques heures. Cela ne voulait pas dire que ça avait été son seul ennemi, bien au contraire : elle avait récolté quantité d’œillades peu amènes de la part des locaux une fois que les raisons de sa présence commencèrent à s'ébruiter. Ils ne tentèrent rien toutefois, et elle se surprit à s'en trouver désappointée. S'ennuyait-elle donc tant que ça, pour en venir à souhaiter qu'on l'agresse, juste parce que cela aurait été distrayant ? Franchement, elle aurait même apprécié qu'un des habitants vienne la trouver avant l'heure pour lui poser ses questions, ça lui aurait au moins permis de répéter... mais non, même pas.

Et puis le grand soir finit bien par arriver. Ainsi se retrouvait-elle sous le feu des regards, dans la grande salle du restaurant de l'hôtel dont les tables avaient été repoussées pour ménager de l'espace au maire et à la Spectre, tandis que les notables du patelin occupaient les chaises. L'élu entama la soirée par un petit discours récapitulatif à l'adresse d'hypothétiques membres de l'assistance qui ne seraient pas au courant du pourquoi de cette assemblée. C'était parfaitement inutile, tous sachant très bien de quoi il retournait, mais il fallait bien une entrée en matière, et Andréa n'aurait pas pu s'en charger... parce qu'elle avait le trac. C'était stupide et irrationnel : elle avait survécu à Fenrir, avait subi la pression du Faucheur, elle comprenait que même si ces humains lui sautaient tous dessus pour la mettre en pièces elle s'en tirerait sans une égratignure, et pourtant elle était paralysée à l'idée de parler devant eux.

Elle allait bien devoir s'y mettre, toutefois. L'édile dégarni l'avait bien prévenue, juste avant qu'ils n'entrent dans la salle : « J'ai organisé cet événement pour vous donner une chance, mais je ne suis pas de votre côté pour autant. Je suis du côté du village, et si vous voulez obtenir ce que vous êtes venue chercher, vous allez devoir nous convaincre que vous êtes vous aussi de ce côté. »

Le vieux conclut son introduction, et la première remarque fusa immédiatement, prononcée par une grosse dame qui était apparemment la patronne d'un des gîtes : « Non mais regardez-la, presque une gosse, d'où elle pourrait répondre à nos questions ? Comment on pourrait croire ce qu'elle nous raconte ? C'est pas à toi qu'on veut causer ma p'tite, c'est à ton patron. S'il veut notre château, il n'a qu'à venir nous voir lui-même ! »

Plusieurs grognements d'assentiment suivirent cette déclaration, cependant l'outrage balaya la timidité de la jeune fille. Ce n'était pas en réaction au commentaire sur son apparence, non : comment osaient-ils penser qu'ils étaient assez importants pour mériter de discuter avec le Seigneur Thanatos ? Déjà qu'un multimilliardaire « classique » ne s'abaisserait sûrement pas à ce niveau, alors croire pouvoir s'adresser d'égal à égal à un Dieu, cela virait au blasphème et n'était en rien excusé par leur ignorance ! Et pourtant la Liche se força à sourire et répondit le plus courtoisement du monde :

« Mon employeur est extrêmement occupé. » Plus occupé que vous ne le serez jamais... ajouta-t-elle en pensée. « Ne vous inquiétez pas, je Le représente officiellement dans cette transaction et j'ai toute autorité pour procéder en Son nom aux ajustements nécessaires à l'obtention de votre consentement : mes engagements sont les Siens. »

Grommellements résignés : les indigènes n'étaient peut-être pas satisfaits, mais ils acceptaient la situation. Ils devaient s'attendre à ce que cette demande-là ne soit pas exaucée. La grosse dame reprit la parole : « Bon, d'accord. Alors ce que je veux savoir, c'est pourquoi nous ? Parce que c'est pas pour faire dans l'auto-dépréciation mais des châteaux à vendre, y'en a plein d'autres, plus grands, plus beaux, moins endommagés... Les vieilles familles nobles sans le sou qui revendent leur bien, c'est pas ça qui manque ! »

Andréa avait redouté cette question, tout en sachant qu'on la lui poserait sûrement. Elle ne pouvait bien évidemment pas dire la vérité, aussi devrait-elle recourir à une réponse bateau... « Monsieur Al-Aswad aime parfois se retirer loin des affaires, loin du luxe et de la lumière, et Il aime l'Histoire. Ce sont le calme, la simplicité et l'ancienneté de ces lieux qui L'attirent. » mentit-elle. Honnêtement, pourquoi la raison leur importerait-elle ? Ce n'était là qu'une préoccupation accessoire. Heureusement, un pêcheur empressé évita que l'assistance ne s'attarde trop là-dessus :

« Vot'type là, une fois qu'il aura les clés, y va démonter la bâtisse pierre par pierre et la r'monter d'l'aut'côté d'l'Atlantique, c'est ça qu'y font les gros richards dans son genre ! Ça, ou y va la transformer en palace et on r'connaîtra p'us rien ! »

L'accent de l'homme était si prononcé qu'elle avait du mal à suivre. De nouveau, le public manifesta sa solidarité, et elle entendit quelqu'un parler du « nouveau proprio qui empêcherait tout le monde de mettre un pied à proximité du château, sans parler d'aller voir l'intérieur ». Tout ça ne s'annonçait pas très bien : peut-être devrait-elle prendre les devants, anticiper leurs inquiétudes ?

« Il ne se passera rien de tout cela. Il est écrit noir sur blanc dans les conditions imposées par le Département de la Culture – et acceptées par mon employeur – ainsi que dans le contrat que nous restaurerons l'édifice en respectant son architecture et que nous ne porterons atteinte ni à l'intégrité du site ni au tourisme local. En-dehors des appartements privés de monsieur Al-Aswad et de sa suite, le château et son environnement resteront accessibles et seront même en meilleur état qu'avant. Les documents sont à votre disposition si vous souhaitez les consulter. »

Tout cela la mettait déjà sur les nerfs. Et dire que ce n'était qu'un début... n'auraient-ils pas mieux fait d'envoyer une vraie experte de ces questions-là ? L’Étoile Terrestre allait sans doute passer l'une des soirées les plus horripilantes de son existence...
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Ce n'était pas parce que la jeune fille s'était ennuyée durant ces deux jours qu'elle avait passé son temps à ne rien faire, bien au contraire même. Elle s'était informée, avait pris connaissance des renseignements qui lui avaient semblé pertinents, et maintenant elle allait s'en servir pour passer à l'attaque. Tout d'abord, elle avait remarqué que la communauté manquait d'argent : la population vieillissait et diminuait, sans repreneurs jeunes ni étrangers venus s'installer ici pour travailler, les commerces périclitaient, voire fermaient carrément. Avec une activité réduite au minimum, tournant autour d'une poignée d'attractions dont la rentabilité dépendait de l'extérieur, les impôts locaux ne rentraient pas. Lentement mais sûrement, les choses se dégradaient dans Lochranza et d'ici une décennie ou deux, l'endroit ne serait plus qu'un village fantôme.

« Je comprends que vous vous sentiez concernés, c'est votre passé ainsi qu'une source de revenus indispensable pour votre village. Mais si je vous disais que mon employeur compte compenser tout impact négatif que Sa présence pourrait avoir, et qu'Il souhaite participer à la sauvegarde de cette communauté et de ses habitants ? Pour commencer, Il s'acquittera bien sûr de la taxe foncière, ce que le Département de la Culture ou Historic Scotland ne peuvent pas faire en leur qualité d'organes du gouvernement. Ensuite, d'autres employés auront la charge de la propriété en Son absence et demeureront sur place, ce qui vous assurera une clientèle régulière, laquelle augmentera lorsque mon patron ou Ses invités seront présents. Ça, ce ne sont que les avantages « ordinaires » : monsieur Al-Aswad est en effet disposé à faire une importante donation au village, que vous dépenserez comme bon vous semble ; le montant n'est pas encore fixé mais sachez que l'argent n'est pas un problème. Prenez ça comme un cadeau de bon voisinage. »

Une fois la tirade achevée, il lui sembla voir passer une lueur fugitive dans le regard de certains. Était-ce le soulagement, la surprise ou la cupidité, elle n'aurait pu le dire. Toutes ces belles promesses avaient un coût, mais comme elle suspectait fortement que la seule fonction de la vaste fortune du Dieu était de Lui permettre de Se confronter à l'humanité avec ses propres armes... Et puis de toute façon, Il était si faramineusement riche que porter à Lui seul l'économie d'une petite localité ne ferait qu'entamer légèrement Ses profits journaliers... surtout qu'Il n'avait pas à Se soucier de Son budget « grands crus ».

Elle n'avait pas complètement fini cela dit, elle pouvait encore enfoncer le clou. Lochranza avait deux problèmes principaux : la précarité pécuniaire... et l'âge des autochtones. Or, il n'y avait pas de médecin au village, et la vraie structure de soin la plus proche se trouvait à Lamlash, quasiment de l'autre côté de l'île ; en cas d'urgence, les choses pourraient vite tourner au drame. « Dites-moi, à quelle distance se trouve l'hôpital le plus proche ? Quelque chose comme vingt kilomètres, et encore, à vol d'oiseau, je me trompe ? Ça ne doit pas être facile tous les jours. Vous avez de la chance : comme je vous l'ai déjà dit, mon employeur est quelqu'un d'extrêmement occupé, Il doit toujours être prêt à partir au cas où Ses affaires réclameraient Son attention immédiate. Pour cela, deux hélicoptères seront stationnés ici en permanence et, dans Sa grande générosité, ceux-ci seront mis à votre disposition quand Il ne s'en servira pas. »

Ah, là elle touchait une corde sensible, et cela se voyait. L'argent, la sécurité financière, c'était une chose, mais ça c'était une proposition hors du commun. Une proposition qu'ils ne pourraient pas refuser... La Liche appréciait l'ironie cachée de la situation : bien que ne conquérant pas « officiellement » cet endroit au nom des Spectres, elle n'en était pas moins en train de les amener à remettre leurs vies entre les mains de la Mort. Même Kochtcheï la complimentait pour cette fourberie, et ils étaient clairement tentés.

Elle pensait avoir fait basculer l'opinion, jusqu'à ce que le même pêcheur qui était déjà intervenu parle à nouveau. « Vot' boss là, il essaye de nous embobiner avec un putain de gros tas de fric... (« a big-ass wad of cash » dans le texte) mais ça reste un barbu ! Ces gens-là, ça vit pas comme nous, y va nous forcer à fermer la distillerie ! »

Andréa était... partagée, c'est le moins qu'on puisse dire. D'un côté, elle avait du mal à réprimer son envie de meurtre, et de l'autre elle se disait que si ce malotru en était réduit à ça, c'est qu'il ne devait pas avoir de meilleur argument sous la main. Au moins une partie de l'assistance semblait-elle embarrassée de l'entendre déblatérer ainsi, à en juger par les « la ferme, O'Connell ! » qui résonnaient comme une musique aux oreilles de la polonaise. Seulement, il fallait répondre à tout, même aux idioties, aussi fit-elle un effort pour conserver un peu de chaleur dans la voix en commençant par un avertissement... qui aurait été autrement plus menaçant s'ils avaient connu sa véritable nature : « Ce jeu de mots, vous ne l'emporterez pas au Paradis. Quant à cette inquiétude, elle est infondée : mon employeur est Lui-même un amateur d'alcool de qualité, et jamais il ne Lui viendrait à l'idée de vous imposer Ses règles de vie. »

Pour une fois qu'elle énonçait une vérité, quel dommage qu'il lui faille coup sur coup poursuivre sur un mensonge éhonté, sans doute le plus grave de tous. Elle commençait à fatiguer, il était plus que temps que cette farce arrive à sa conclusion... mais un homme agitait la main, là, au fond de la salle.

« Hum... excusez O'Connell, il est un peu rustre. Par contre, j'ai moi aussi une question à poser sur votre patron. C'est un pétrolier non ? Est-ce bien sûr d'en accueillir un chez nous, avec tout ce qu'il se passe avec les Golems de Poséidon ? Il y en a un à Londres ! »

Satané Poséidon. Même sans être là, même sans le faire exprès, il trouvait encore le moyen de leur mettre des bâtons dans les roues ! Elle avait entendu dire qu'une sorte de pacte de non-agression avait été conclu avec les Marinas après les tous récents événements de Venise, mais elle n'avait pas plus de détail et surtout elle ne pouvait pas exactement se servir de ça pour répondre à l'interrogation ! Il allait falloir trouver autre chose, se dit-elle en maudissant intérieurement le Maître des Océans.

« C'est une excellente question. Surprenante cela dit. Cependant, il ne vous aura pas échappé que Poséidon n'attaque que des centres majeurs de population et autres endroits bénéficiant d'une très grande couverture médiatique, comme Venise. Son but est de marquer les esprits et de cibler les grands responsables de la pollution des eaux ; pensez-vous vraiment que Lochranza conviendrait à ce genre de démonstrations de force ? »

Elle avait répliqué d'un ton presque badin, et la majorité semblait d'accord : ces histoires de colère divine, ça ne les concernait pas ! Quelques petits rires se firent entendre tandis que l’Étoile Terrestre écumait en silence. Ils lui demandaient de garantir qu'ils ne seraient pas affectés par les actes d'une foutue divinité ? Et puis quoi encore ?

Après ça, il n'y eut plus d'autres prises de parole, et c'était tant mieux. Le maire offrit obligeamment de l'aider à récapituler ce qu'il s'était dit, elle présenta quelques broutilles techniques pour la forme (encore une fois, elle pouvait remercier ces deux jours où elle avait préféré relire les papiers en long, en large et en travers plutôt que de se morfondre dans l'oisiveté), et l'élu annonça finalement que la session de questions-réponses était arrivée à son terme. Exténuée, la Liche rentra à l'auberge et s'effondra comme une loque sur son lit, sans même prendre la peine de se déshabiller.

« Je hais ce boulot... comment elles font les vraies assistantes ? » se plaignit-elle avant de s'endormir profondément.
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Andréa
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Elle était arrivée mardi, s'était exprimée devant la population jeudi soir, et la mise aux voix était prévue pour dimanche. Il restait donc deux journées entières à tuer, et une troisième à se ronger les sangs en attendant les résultats. Elle n'allait pas rester inactive tout ce temps, mais ses options étaient limitées : le maire semblait avoir vu au travers du sourire de façade de la Liche à la réunion, et était venu la trouver exprès pour lui déconseiller de trop interférer dans la prise de décision des habitants. Elle s'en trouvait donc réduite à répéter sans cesse les promesses de la soirée au restaurant et à expliquer en détail le contenu de ses documents officiels à qui lui en faisait la demande. Elle détestait ça, elle avait l'impression de n'être qu'un perroquet !

Elle aurait largement préféré aller soudoyer les locaux en leur faisant miroiter le rachat de leurs commerces en faillite, l'assurance d'un futur financier stable... Nul doute qu'ils seraient sensibles à de tels arguments, cependant c'était précisément ce qu'on lui défendait de faire ; elle se moquait de ce que l'édile pourrait bien trouver à y redire, mais ce genre de manœuvres étaient bel et bien illégales, et c'était quelque chose qu'il lui fallait éviter à tout prix. La légitimité de la transaction se devait d'être absolument inattaquable, même si elle avait du mal à voir la différence entre les serments et donations qu'on lui avait arrachés à la réunion et une véritable tentative de corruption.

Alors, quand le dénommé O'Connell (lequel lui infligeait le supplice de sa présence éthylique et malodorante à chaque repas depuis le jeudi soir, et aussi souvent que possible le reste du temps) avait tenté de lui faire peur en prétendant que le château était hanté, elle avait trouvé la distraction bienvenue. Ce n'était pas juste une histoire qu'il sortait de son chapeau : d'autres autochtones corroboraient ses dires, y compris ceux qui s'étaient montrés favorables aux projets de la Spectre. Typiquement, les légendes et superstitions ancestrales étaient la marque de fabrique de ces petits villages reculés, d'autant plus en Écosse, le pays des fantômes, où chaque ruine branlante était réputée abriter au moins un esprit errant.

En temps normal, de telles fables étaient tout juste bonnes à faire frissonner les touristes et à attirer les chasseurs de phénomènes paranormaux, mais la jeune fille était bien placée pour savoir que de tels racontars pouvaient avoir un fond de vérité... Et parfois même bien plus qu'un simple fond. S'il y avait la moindre chance pour que l'édifice soit le séjour d'une âme en peine, elle devait le confirmer de ses propres yeux. Après tout, ça ferait désordre pour des Spectres de s'établir dans le lieu de résidence d'un pensionnaire en fuite.

Elle était donc retournée au château, plusieurs fois. Elle l'avait visité de fond en comble, y compris les endroits où personne ne se rendait jamais car trop décrépis, sous prétexte « d'inspection », ce qui n'était pas entièrement faux. Elle y était retournée de nuit, après s'être assurée que nul ne la verrait, et quand même ces tentatives-là ne donnèrent rien, se balada dans tout le patelin et ses alentours, cherchant désespérément une aura ectoplasmique ou un effluve de l'Au-delà. Tout ça pour rien, rien de rien.

« Je n'ai pas besoin de recourir à mon Surplis ou à mon cosmos pour débusquer un fantôme, non ? » avait-elle finalement demandé, se tournant vers l'expérience du parasite.

« Absolument pas. En tant que serviteurs d'Hadès, nous sommes plus qualifiés que n'importe qui sur cette Terre pour repérer les défunts qui se perdent entre les mondes, et il ne nous est aucunement nécessaire d'alerter d'autres éveillés sur notre réelle nature pour cela. Si tes six sens ne relèvent rien, il ne peut y avoir qu'une raison... » exposa-t-il.

« Et c'est qu'il n'y a rien à relever, c'est ça ? Soit les rumeurs sont fausses et il n'y a pas de fantômes ici, soit il y en avait, mais il n'y en a plus. »

« Exactement. » conclut sobrement l'ancienne Liche.

Andréa ne prit pas la peine de relever le fait que Kochtcheï les voyait toujours tous deux comme des guerriers d'Hadès, et non de Thanatos. Les vieilles habitudes étaient dures à perdre, et il devait en avoir conscience, mais le doute n'était pas permis quant à sa loyauté envers le nouveau Maître des Enfers. Pourquoi aurait-il si peu rechigné à accepter cette tâche subalterne et suprêmement ennuyeuse s'il en était autrement ?

Sur ce dernier épisode décevant, leur séjour arriva à sa fin. Jusqu'à la dernière minute, elle s'était efforcée d'avoir un comportement exemplaire, de s'attirer la sympathie des habitants ; elle s'était tenue à la disposition de tous ceux qui souhaitaient entendre ses arguments, ses explications. Une fois venu le moment du vote, il n'y avait plus rien qu'elle puisse faire, seulement attendre.

On aurait pu gagner du temps en réunissant simplement tout le monde au même endroit pour un vote à main levée, mais l'élu avait tenu à tout faire dans les formes. Un isoloir et une urne avaient fait leur apparition dans la mairie, et au cours de la matinée, toute la population défila dans les locaux exigus pour déposer les bulletins. Pendant toute la durée de ce fastidieux processus, la polonaise était restée à l'extérieur, triturant nerveusement le téléphone qui lui servirait à informer Rebecca de l'issue de l'opération. Une fois le vote clôturé, il fallut encore patienter pour le dépouillement des voix, avec l'anxiété qui lui tenaillait le ventre à mesure que se traînait la chose. Elle n'avait pas réussi à déchiffrer l'expression des villageois, et n'avait aucune idée de comment elle pourrait s'y prendre pour amener Lochranza dans leur giron si la démocratie s'opposait à leur plan.

Quand le maire sortit enfin du bâtiment, sa secrétaire sur les talons, la Liche qui ne parvenait plus à retenir son impatience fut sur lui en un instant. L'instant de vérité...

« Alors ? » pressa-t-elle le chauve.

« Alors... mes félicitations mademoiselle ! » répliqua-t-il en lui tendant le contrat portant son paraphe, assorti de la feuille de décompte des votes. La majorité s'était prononcée en faveur de l'acquisition par Thanatos, la mission était une réussite ! L'enthousiasme de la jeune fille fut à peine douché lorsqu'elle remarqua qu'on lui demandait à présent d'apposer sa signature à l'autorisation d'une donation faramineuse. Ce n'était que de l'argent après tout, un bien faible prix à payer pour la tranquillité. Elle signa sans hésiter, puis rangea précieusement le document dans son sac.

« Vous m'avez l'air bien excitée ma petite ! C'est parce que vous avez passé trop de temps ici, vous vous réjouissez de pouvoir nous quitter ? »

Il y avait un peu de ça... en effet, elle ne serait pas fâchée de dire adieu à l'immonde cuisine écossaise, mais... « Oh, c'est surtout ma première affaire conclue. » affirma-t-elle en ne mentant qu'à moitié. Sur ce, elle n'avait plus à rien faire ici. Elle aurait adoré pouvoir revêtir d'un coup son Surplis et éclater d'un rire diabolique en se moquant de la crédulité du vieil homme, mais il fallait rester discrète jusqu'au bout, et elle était presque sûre qu'un pacte involontaire avec une puissance obscure constituait un motif d'annulation. La mission ne serait vraiment terminée qu'une fois la transaction dûment enregistrée par un notaire, et l'acte de propriété entre les mains du Faucheur.

Trois heures plus tard, alors que la journée touchait à sa fin, l’Étoile Terrestre se préparait à quitter les lieux, observant l'arrivée du ferry qui la ramènerait à la civilisation. Lorsque le bateau toucha le quai et que fut jetée la passerelle, quatre Squelettes en civil en descendirent, eux aussi officiellement employés de Malik Al-Aswad. Les sbires à qui elle avait ordonné de se tenir prêts à Claonaig en cas de succès. Ils débarquaient maintenant pour prendre possession des lieux, toujours dans la plus complète discrétion, mais restaient pour l'instant interdits devant l'aspect de leur supérieure. L'un d'eux semblait prêt à rire, cependant la Liche prit les devants.

« Le premier qui fait un commentaire, je l'envoie se faire mâchouiller par Cerbère pendant un mois. » avertit-elle d'un ton glacial. À ces mots, ce fut tout juste s'ils ne se mirent pas aux garde à vous. Bien, même dans cette tenue ridicule, ils lui obéissaient toujours. « Je ne devrais pas avoir besoin de vous rappeler vos ordres, pourtant comme on est jamais trop prudents... Ne vous faites pas remarquer en tant que Squelettes. Gagnez la confiance de ces gens, occupez-vous des humains que nous avons engagés pour la remise en état, et faites le nécessaire pour infiltrer notre organisation dans cette communauté. Qu'ils se reposent sur nous, qu'ils y perdent leur indépendance, qu'ils ne puissent plus vivre sans nous. » récapitula-t-elle froidement, tout le contraire de ce qu'elle avait laissé voir pendant une semaine.

Les séides signalèrent d'un hochement de tête qu'ils avaient compris. L'un d'eux osa tout de même prendre la parole en constatant la présence d'une étrange caisse en bois aux côtés de la Spectre. « Euh... excusez-moi mais... c'est quoi ça ? Des souvenirs ? »

Elle lutta pour conserver son sérieux : dans la boîte, il y avait tout un assortiment d'alcools locaux de la distillerie du village, un cadeau adressé à Thanatos. S'ils savaient... « Ne soyez pas stupides, bien sûr que non. Considérez ça comme le premier tribut que nous prélevons sur ces terres. »

« Y'a écrit « Arran Distillery »... » dit le laquais, qui s'était penché pour déchiffrer les inscriptions sur le côté. « Cerbère. Mâchouilles. DEUX mois. » se contenta de rétorquer une Andréa passablement agacée, réduisant ses subordonnés au silence.

Elle ordonna aux larbins de charger la lourde caisse à bord du ferry – elle aurait facilement pu s'en charger elle-même, faux-semblants jusqu'au bout – puis embarqua. Alors que l'embarcation s'éloignait et quittait le port, elle contempla le paysage.

« Notre nouveau domaine. »

« La nuit tombe sur Lochranza... »
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