Wolgorn avait laissé Rogos et Oblivion au Ruisseau de Sang et suivi son propre chemin. Ces deux-là allaient s'occuper des affaires officielles comme l'enrôlement de la Berserker et le rapport de l'opération à l'état-major. Le Bourreau allait quant à lui se charger de quelque chose de plus personnel. Effectivement, il partait effectuer le rituel qui devait lui ôter ses sentiments superflus et l'imprégner d'une sainte haine au service d'Hadès. Il devait être le plus efficace et organisé possible afin d'être promptement disponible si un supérieur le convoquait. Ce processus commencerait par un pèlerinage aux origines de son combat contre l'humanité. Aussi il se prépara au voyage, fit réajuster ses bandages et restituer sa tenue civile, remise à neuf. Maintenant qu'il avait recouvré suffisamment d'énergie, il pouvait de nouveau user du déplacement supersonique. Une fois prêt, il quitta le Royaume Souterrain et se mit en route vers la Russie et sa ville natale, Volgograd.
 
Une fois arrivé à Volgograd, l'Exécuteur eut du mal à reconnaître l'endroit où il avait passé sa vie humaine. D'après les informations, la Russie était désormais soumise au règne de Poséidon, qui avait envoyé un golem à Moscou pour faire pression sur le pouvoir. Bien que Wolgorn exècre l'Empereur des Océans, il ne se plaignait pas réellement pour sa patrie. Après tout, il détestait ce pays qui l'avait tant fait souffrir, lui et sa famille. Volgograd était d’ailleurs aussi sinistre qu’avant, grise, glacée, miséreuse et délabrée. Le Russe, enveloppé dans un large manteau, se faisait discret compte tenu de la présence des Marinas. Il randonna à travers les rues mornes de la ville, peuplée de citadins aussi fatigués qu’anxieux et de clochards amorphes. Les poubelles jonchaient les avenues, la police était absente et des chiens faméliques erraient mollement, se disputant les ordures avec des corbeaux.

Cela faisait longtemps que le Bourreau n'était plus retourné chez lui, depuis qu'il s'était converti en Spectre. Avec sa mission divine à remplir, il n'avait plus le temps pour cela ni la motivation. Évidemment, qui était assez motivé pour visiter un tel trou à rat ? Lui apparemment, par nostalgie et pour faire le point sur ce qu'il était, ce qu'il est devenu et ce qu'il deviendra. Il se demandait d'ailleurs ce qu'étaient devenus ses parents depuis qu'ils avaient rejoint l'Au-delà. Wolgorn voulait sincèrement le meilleur pour eux, aussi pécheurs qu'ils aient pu être. Étaient-ils en Enfer ou au Paradis ? L’Étoile Terrestre ne préférait pas le savoir et il ne se faisait pas d'illusions. La Justice était impartiale et les géniteurs d'un Spectre ne pouvaient échapper à un châtiment mérité. Même si l'Exécuteur aimait profondément ses parents, il ne pouvait rien y faire et réfléchir à cela était une torture.

Toutefois, avant de se débarrasser de ses émotions et devenir un meilleur soldat, il pouvait au moins faire quelque chose pour son père et sa mère. N'étaient-ce pas eux qui avaient fait de lui un homme digne de rejoindre le plus juste des Olympiens ? Ils étaient la dernière attache de Wolgorn à son humanité, ceux qui lui prouvaient qu'il y avait encore du bon en l'être humain. Néanmoins, le mal était trop lourd par rapport au bien au sein de l'humanité et elle devait impérativement être purgée. La compassion du Bourreau envers elle était un frein à son devoir et il était pourtant l'heure de faire un choix. Son choix était la condamnation pure et simple du genre humain à sa juste punition. Pour dire adieu à ce qui l'empêchait de détruire les humains, il prouverait une ultime fois son amour à ceux qui lui avaient donné naissance et l'avaient élevé. Ceci fait, l'Exécuteur allait définitivement clore l'espace qu'il gardait pour eux dans son cœur.

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Vagabondant plus au moins au hasard selon le flot de ses pensées, Wolgorn visitait tous les lieux qu'il avait fréquentés. Jadis pleine de vie durant son enfance, la crise économique et les guerres avaient achevé d'enfoncer la cité dans le gouffre... Ou peut-être était-ce un souvenir erroné, dû à son innocence et à sa taille encore si minuscule ? Ce devait être cela, tout était déjà nécrosé, juste que personne ne s'en était encore aperçu. Le Russe n'avait connu que le crime, le labeur et le malheur, il ne pouvait pas en être autrement. Les gens le regardaient comme s'il était un déchet plus mort que vif, avec son allure de fantôme élimé. Mais ceux qui marchaient à côté de lui se trompaient : c'étaient eux, les épaves destinées à la casse. Les habitants évitaient Wolgorn soigneusement, lui qui reflétait la ruine qu'ils n'assumaient guère.

Le Spectre s'arrêta néanmoins chez un fleuriste, espérant au moins que de belles fleurs parvenaient encore en ces terres maudites. Ce fut heureusement le cas et il put acheter des roses blanches si magnifiques qu'il fut soulagé de leur existence. Il aurait aimé faire un bouquet plus élaboré, mais il était trop rustre pour connaître toutes les subtilités du langage des fleurs. Si seulement les hommes utilisaient les fleurs plutôt que les armes pour régler leurs différends, la Terre serait un monde meilleur. Son bouquet en main, il quitta prestement la boutique sous l’œil méfiant et inquiet du fleuriste.

L’Étoile Terrestre sillonna un pont qui traversait la Volga, sa mémoire faisant ressurgir sa première prestation dans son Surplis. Désolé par le carnage abominable qu'il avait causé chez les mafieux, il s'était jeté dans le fleuve. Cet événement avait précipité son entrée en Enfer et dans l'armée spectrale par pur regret. Dorénavant il n'aurait plus un seul remord en faisant payer des pécheurs pour leurs crimes, plus une once de sympathie ! Sa mission sacrée ne permettait pas que son esprit divague, il devait se dévouer au maximum à son suzerain. Wolgorn détourna son regard de l'eau souillée du fleuve et poursuivit silencieusement son chemin.

Au bout de plusieurs minutes, il arriva au seuil de l'immeuble dans lequel vivait sa famille. Depuis le décès terrestre du Bourreau, il ne savait pas ce qu'il était advenu de leur appartement. Probablement avait-il été vendu ou était-il désert en dépit du temps passé. Quand il y repensait, c'était vraiment un endroit déprimant, que seule la chaleur du foyer illuminait. Certes, son père était souvent déprimé et buvait, mais il avait la décence de se saouler dans son coin et d'importuner personne. Sa mère travaillait aussi beaucoup et souriait peu, mais s'efforçait de rendre la vie plus douce à son fils. Les parents de l'Exécuteur essayaient de faire fi de leur infortune et pour cela, il leur en était infiniment reconnaissant. Cependant, il se persuadait que sa famille et le reste de l'humanité étaient deux choses distinctes. Tant que Wolgorn y était, il s'interrogea sur ce que serait devenu son frère ou sa sœur s'il avait eu une fratrie. A l'heure qu'il était, ils seraient décédés comme le reste à cause de la misère de la Russie. S'ils avaient survécu jusqu'à aujourd'hui, il jugeait bon de ne pas s'attarder sur l'idée. Par ces tergiversations, il ne faisait que pitoyablement s'accrocher au peu d'humanité qui persistait en son âme.

Accablé par tous ses souvenirs d'enfance et la vision de son appartement en décrépitude, il n'y traîna pas plus longtemps. Toujours en boitant, il chemina vers le cimetière dans lequel ses parents étaient enterrés. Le moment des adieux approchait à grand pas...

La journée touchait à sa fin et le ciel nuageux assombrissait plus que de coutume Volgograd. Peu de lumières s'allumèrent à la tombée de la nuit, trahissant le dépeuplement mortuaire de la ville. Cette cité pourtant si grande et jadis si industrieuse sous le communisme n'était plus qu'une coquille vide. Plus personne ne fréquentait les rues à cette heure tardive, ce qui arrangeait Wolgorn, qui ne pouvait ignorer les yeux hostiles et craintifs posés sur lui. Dès qu'une voiture de police roula dans sa direction, il se faufila dans une ruelle obscure, soucieux de ne pas s'attirer d'ennuis. Maintenant que les Atlantes gouvernaient la Russie, il préférait prendre ses distances avec les autorités. Le Bourreau ne savait pas non plus s'il était en état de se battre, surtout sans son Surplis. Il fallait aussi prendre en considération le bouquet de roses qu'il tenait absolument à épargner.
 
Le danger écarté, il poursuivit sa route jusqu'au cimetière situé en banlieue. Arrivé à destination, il vit qu'une bande d'adolescent traînait à l'entrée, des bouteilles de vodka et des clopes à la main. Il suffit à l'Exécuteur de s'amener avec sa silhouette de fantôme gigantesque pour que les gamins prennent peur. Sans demander leur reste, ils détalèrent comme des lapins et libérèrent le passage face à l'angoissant individu. Wolgorn pénétra ainsi à l'intérieur du cimetière, plus désert encore que le reste de la cité. Au sein de cette nécropole, il se sentit plus à l'aise et put embrasser la concrétisation de l'ultime vérité du monde terrestre : la Mort. Bientôt cette planète allait devenir un mausolée, celui de l'humanité et de sa bêtise. Les tombes hérisseraient le sol tandis que la Nature bafouée reprendrait ses droits sur tout ce que l'homme avait conquis. Ou peut-être la vie allait-elle prendre fin dans son intégralité, rejoignant le Cosmos avec les âmes pour recréer l'existence divine, parfaite et unie. C'était probablement la meilleure façon de rétablir une fois pour toute l'Harmonie.

Pour l'instant, c'était en son âme que Wolgorn devait rétablir l'ordre. Mutique, il était planté devant la tombe de ses parents, deux sobres pavés de marbre soigneusement alignés. Au chagrin du Bourreau, les sépultures avaient été laissées à l'abandon depuis son départ. En tant que fils, il était de sa responsabilité d'en prendre soin, mais il ne savait plus s'il pouvait encore se rattacher à eux. Le corps auquel sa mère avait donné naissance par sa chair avait été détruit maintes fois et remplacé. L'enveloppe physique du Russe était désormais une création d'Hadès et c'était en premier lieu à lui qu'il devait répondre. Les sentiments qui le liaient d'affection à ses géniteurs persistaient toujours néanmoins, mais il devait les couper. Avant cela, il se ménagea un moment de silence et de solitude avec eux à travers les stèles de pierre.

L'officier Botcharov trouverait sûrement de quoi réprimander son imbécile de fils, vu qu'il n'approuverait pas sa façon de rendre la justice. Sa mère non plus, elle se serait opposée de toutes ses forces à son enfant pour l'empêcher de commettre un génocide planétaire. Ils penseraient aux vies brisées des victimes de Wolgorn et à ce dernier, devenu un monstre s'enfonçant dans les ténèbres et la folie. Nul parent ne souhaitait un destin de guerrier sanguinaire à sa progéniture, il en était convaincu. Pour cela, il les remerciait en tant que fils, mais en tant que Spectre, il ne pouvait se permettre de les laisser l'influencer. Toutefois, en l'état actuel, il ne pouvait prétendre être impénétrable en se remémorant la perte de sa famille. Dans le monde des hommes, l'Exécuteur était terriblement seul et ce vide le faisait profondément souffrir.

Un vent gelé souffla dans le cimetière tandis que des larmes chaudes s'écoulèrent sur le visage du Russe. C'était la dernière fois qu'il pleurait ainsi, il s'en faisait le serment. L'ultime occasion où il exprimait son entière humanité, avant de se métamorphoser en démon vengeur. L'instant où il pouvait exprimer toute son affliction et son désarroi face à tout ce que l'humanité avait commis, autant contre lui que contre ceux qu'il avait connus, aimés et détestés. Toute son enfance et ses souvenirs défilèrent sous ses yeux, avec ce qu'il aurait espéré de son avenir s'il avait pu vivre dans un monde normal. Si seulement la Terre n'avait pas été à ce point pourrie par la méchanceté des humains, si seulement ils ne se faisaient pas subir mutuellement tant de peine... Si seulement il avait été assez fort pour protéger Volgograd et ses proches du crime ! Hélas, il était trop tard pour espérer que les choses changent en positif. Wolgorn jugeait qu'un point de non-retour avait été atteint et que des mesures devaient être prises.

Une quinzaine de minutes passèrent tandis que le Bourreau demeurait immobile, perdu et larmoyant. Finalement, il déposa le bouquet de roses blanches entre les deux tombes et les caressa religieusement. L’Étoile Terrestre réprima alors un frisson et croisa ses bras, frigorifié. Il sécha ensuite ses larmes, s'efforçant de résister malgré le froid ambiant et son épiderme gravement brûlé. Se recomposant une figure plus digne et stoïque, le Russe poussa cependant un soupir. Le temps des adieux était arrivé. Plus d'étapes intermédiaires pour retarder l'échéance et se préparer psychologiquement... L'heure de tirer une croix sur l'amour et de la conversion en démon avait sonné...

La nuit était tombée et aucune étoile ne brillait dans le ciel, seules les lumières urbaines éclairaient faiblement le paysage. Wolgorn, le visage inexpressif, se détourna de la tombe de ses parents et quitta le cimetière. Il ferma de lui-même la grille de fer qui en permettait l'accès et s'éloigna sans un mot. Un pincement au cœur lui fit regretter de partir ainsi, mais il l'étouffa aussitôt. Peu à peu, son cosmos était en train de se raviver et de le dévorer d'une flamme diabolique. L'astre protecteur du Bourreau commença alors à scintiller et sa lueur à percer les nuages qui obscurcissaient Volgograd. Tel un mauvais augure, l’Étoile de l'Exécution planait au-dessus de son porteur et avait bien l'intention d'exercer son souhait.

L'Exécuteur s'enfonça plus profondément dans la banlieue de Volgograd, jusqu'à une aire industrielle déshéritée. Confirmant qu'il n'y avait personne dans la zone, il s'installa dans un hangar miteux. Un silence de mort pesait dans les environs, l'endroit parfait pour effectuer le rituel. Par la toiture en tôle trouée brillait l'astre maléfique, inondant Wolgorn de sa lueur lugubre. Celui-ci pensa une dernière fois à tout ce qu'il allait laisser derrière lui : la mémoire de son amour filial, sa camaraderie contrariée avec Rogos, ses regrets pour Prayer et Oblivion... tout ce dont il n'hésitait plus à se dépouiller dans sa quête de puissance au service de l'idéal de son suzerain. Il n'avait plus le temps de gémir sur ce qu'il ferait et de toute manière, il n'aurait plus la conscience nécessaire pour cela. Il allait mettre toutes ses forces dans ce but, pour que plus jamais rien ne se mette en travers de son devoir !

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Le Bourreau augmenta l'intensité de son cosmos et celui-ci s'embrasa tellement que son manteau se consuma. Ces sentiments inutiles, il allait les supprimer par une douleur surpassant celle qu'il s'était infligée après son affrontement contre Éléonore ! Le corps estropié du Russe ne pouvait pas supporter l'afflux d'énergie qu'il faisait surgir, mais il s'en contrefichait. Il leva alors ses bras vers le ciel, concentra son aura et planta brutalement ses doigts dans son pectoral. Il insuffla ensuite dans son organisme une décharge cosmique d'une ampleur qui dépassait de loin celle de son éveil au contrôle de la souffrance.

"Allez ! Que mon supplice expurge mon âme de toute trace d'amour et de faiblesse !"

La puissance du signal nerveux fut telle qu'il entra directement en transe, son cerveau ayant rapidement grillé par excès de douleur. Toutefois, cela ne l'empêcha pas de ressentir les dégâts infligés à son esprit, qui fut déchiré et distordu de toute part. Une immense boule de feu interstellaire l'engloutit mentalement au milieu de ce chaos, l'incinérant intégralement jusqu'à le fondre à sa guise. Emprisonné dans ce délire extracorporel, Wolgorn ne put que s'y abandonner et ne se soucia même plus de ce qui advenait de son enveloppe charnelle. Tout ce que contenait son crâne était comprimé, mâché, avalé, digéré et maltraité d'une façon inimaginable. Ses souvenirs, ses émotions et son caractère étaient reforgés à une cadence folle, tout comme son physique.

"UWOOOOOOAAAAAAAAAAAAAARRRRGH !!"

Les muscles du Spectre s'hypertrophièrent au maximum, craquèrent dans un flot de sang, sa chair s'autodétruisant. Il ne fallut que quelques secondes pour qu'il se retrouve complètement écorché, disloqué et maculé d'hémoglobine. Soudain, un pilier de lumière parme tomba sur l'Exécuteur, l'irradiant intégralement et transportant son Surplis éclaté jusqu'à lui. La protection infernale brisée se greffa sur la musculature gluante et se reconstitua simultanément, s'abreuvant du sang de Wolgorn. Dans un bruit écœurant de métal, de fluide et d'os, le Surplis se régénéra avec l'enveloppe physique de son porteur. Les muscles, les nerfs, les veines et les os se soudèrent et se raccordèrent tandis que la peau repoussait intégralement. Le corps du Russe se recomposa donc aussi vite qu'il avait cédé sous la pression de son cosmos.

Il en fut de même pour son âme, qui cessa de se tourmenter et d'être expurgée de la générosité qu'elle détenait encore. La tempête psychique se calma et laissa graduellement place à une inquiétante sérénité. L'esprit du Bourreau fut imprégné d'une quiétude nouvelle, qui dissimulait une fureur prête à surgir à n'importe quel moment. Un véritable volcan en éruption qui s'en était retourné à son sommeil. Le calme étant revenu, sa conscience se réveilla doucement, s'habituant à ces changements.

"Fwaaaaaaaaaaaah..."

Néanmoins, la mutation ne s'arrêta pas là. Effectivement, le Surplis de l'Exécuteur, après s'être restauré, s'adapta aux progrès de son détenteur. Durant la quête de la hache du Humbaba, son énergie spirituelle s'était considérablement accrue, élevant son cosmos au-delà de celui d'un Chevalier d'Or. La protection ténébreuse devait être à la hauteur de son possesseur et évolua à sa suite. Le Surplis puisa dans la force et le sang absorbés pour se remodeler, faisant jaillir de nouvelles pièces cuirassées de celles déjà existantes. Les articulations se firent plus nombreuses et sophistiquées, les courbes plus aiguisées et racées, la surface couverte plus étendue, le volume plus imposant et le métal plus solide. Une lueur rubis circulait à travers les fibres du Surplis et le faisait vibrer de vigueur.

Avant, l'apparence générale de l'armure était celle d'un hoplite plutôt sobre pour les canons infernaux. Mais désormais, elle évoquait un mastodonte aussi massif que belliqueux. Des piques et cornes acérées ornaient l'ensemble, renforçant son allure agressive et méphistophélique. Le casque, savamment inséré dans le reste de la protection infernale, figurait sommairement une expression d'une implacable sévérité. Le Surplis transpirait de colère mais conservait une impression cohérente, inflexible comme la Justice. Wolgorn contempla sa résurrection avec émerveillement, ébahi par cette puissance nouvelle. Doté d'un instrument de guerre aussi redoutable, il se sentait invincible et pouvait enfin imposer le respect qui lui était dû.

"Je me sens si léger... et si fort. C'est la force que j'attendais, moi, le Grand Punisseur !" s'exclama le Russe.

Il serra alors le poing avec conviction avant d'éclater d'un rire tonitruant. Il n'avait plus besoin d'amour, d'amitié, de remords, de tristesse ni de réconfort ! Tout ce qui lui importait dorénavant était la Justice, sa loyauté envers Hadès et sa noble cause ! Que les damnés et ses ennemis viennent, nul ne pouvait le faire fléchir, pas même ceux qu'il considérait comme des frères d'arme ! Fin prêt à partir pour la prochaine aventure, le Bourreau se propulsa d'un bond titanesque dans le ciel nocturne, un rictus aux lèvres. Le Roi des Abysses le convoquait sous son commandement suprême.