Skärn concentra son esprit sur l’âme qu’il avait conservé dans le but de lui arracher les informations qu’il avait besoin : Tout d’abord il voulait le nom de celui qui était responsable du carnage, mais surtout il voulait découvrir les véritables raisons de pourquoi les morts de ce village avaient refusé le repos. La colère, la frustration, le sentiment d’injustice, tout cela pouvait être de puissantes motivations, mais il avait un doute que cela seul aie suffit, ils n’avaient pas été le seul village détruit durant le conflit, mais la plupart d’entre eux ne possédaient pas ce genre de soucis, alors que leurs situations étaient similaires.
Skärn se lia à l’âme, il put directement recueillir certaines informations sur l’ancienne vie de ce dernier ; il était père de deux enfants… chasseur de profession… et il n’était pas mort durant l’attaque, il avait dû agoniser après pendant quelques instants encore avant de mourir. Mais si tout cela était intéressant ce n’était pas ce que Skärn recherchait, il devait passer outre la résistance de sa cible. Utilisant son pouvoir, il commença à briser méthodiquement les barrières dressées pour pouvoir accéder aux informations que possédait le mort. Ce genre d’action était réellement intrusive, l’âme serait grandement maltraitée, un peu comme s’il la tordait dans tous les sens physiquement, il pouvait en résulter que l’âme se trouverait brisée à jamais, mais Skärn était prêt à en prendre le risque.
Selon les croyances d’Asgard, les êtres humains étaient composés de neufs « corps », l’un étant le corps physique, les huit autres constituant diverses parties de ce qu’on appellerait communément une âme. De son expérience personnelle, Skärn avait plutôt identifier cinq « corps » principaux, les quatre autres possédant des fonctions trop spécifiques. Il y avait donc le « Lìk », le corps physique (qui ne l’intéressait pas vraiment dans ce cas-là), le « Vàrdr », le souffle de vie habitant tous les êtres vivants (son absence signifiant la mort), le Hamr, le corps astral que possèdes les êtres animés (siège de la conscience et de la capacité d’apprentissage), le Hugr, le corps mental uniquement possédé par les êtres dit « conscient » tel les êtres humains (il s’agit du corps mental, siège de la connaissance et de la mémoire) et le önd, ce dernier était aussi appelé le corps spirituel mais était le plus dure à définir, selon les croyances d’Asgard, c’était ce corps qui assurait l’immortalité de l’âme et qui abriterait la « part divine » résidant en chaque homme , mais Skärn préférait ne pas trop s’aventurer sur ce terrain-là.
Seuls les trois derniers « corps » étaient importants dans le cadre d’une âme morte. Pour commencer, Skärn utilisa ses pouvoirs pour temporairement isoler le Hamr de sa proie, c’était cette partie qui possédait la capacité à s’éveiller, à s’élever et qui donc pourrait permettre à sa victime de le repousser, voire de lui infliger des dégâts. En effectuant cette action, il pouvait sentir la détresse dans laquelle l’esprit était plongé, il était comme aveugle face à ce qu’il pourrait accomplir.
Une fois cela fait, Skärn se fraya progressivement un chemin en direction du Hügr, son objectif pour recueillir toutes les informations qu’il souhaitait, du moins si le défunt connaissait les réponses. Il évita à grand soins de pénétrer dans l’önd, il s’agissait du piège idéal pour qu’il se retrouve coincer et soit forcé à détruire l’âme pour pouvoir sortir, ce qu’il voulait éviter. Plus il avançait plus il pouvait sentir une chose semblable à de la douleur éprouvé par le mort. Cela pourrait presque lui faire pitié… mais il n’en était pas à sa première tentative et cela faisait longtemps qu’il ne s’émouvait plus de cela, il faisait juste gaffe à ne pas détruire l’âme.
Lorsqu’il atteignit enfin le Hügr, il sentit que ce dernier était déjà en lambeaux, seuls des morceaux de sa mémoire et de ses connaissances étaient encore perceptibles, en même temps, cela ne surprenait que peu Skärn, il espérait juste trouver ce qu’il cherchait. Il se concentra alors pour commencer à faire ses recherches, cherchant le moindre indice dans les débris de l’esprit de cet homme.
Skärn finis par trouver quelque chose d’intéressant... Quelque chose qui s’était déroulé bien après le départ de la meute… un groupe… un être à l’aura sombre… la peur… un nom… Alfgrim… l’effroi… le chaos… Skärn sortit soudainement de son état de concentration, le vent s’était levé et avec lui le blizzard. Il n’y avait pas prêté attention en arrivant ici, mais maintenant qu’il savait c’était tellement évident. Il pouvait sentir des traces résiduelles de l’énergie utilisé pour une sorte de rituel… et c’était cette même énergie qui avait maintenu les âmes présentes dans cet état. Il était trop tard pour pouvoir apaiser les esprits juste en dissipant cette énergie, mais avec le temps tout finirait par se calmer. Skärn repéra alors l’élément focalisateur du rituel, un objet qui canalisait le sort pour le maintenir dans le temps.
Il déterra du sol l’objet en question, un couteau en ivoire de morse, avec une tête de loup gravé en pommeau et de nombreuses runes sur la lame. Ces dernières étaient perverties, accentuant les effets de ces dernières mais en faisant également d’elles des reflets sombres de leurs significations premières. Skärn connaissait ce genre de manipulation via le Sejdr, lui-même l’utilisant de temps à autre, mais faire cela était l’assurance de devoir payer un jour un prix terrible pour ce sacrilège. Skärn nota également que l’individu qui l’avait torturé il y a plusieurs années portait un objet similaire sur lui. Sans chercher à en apprendre plus, Skärn utilisa une méthode simple et brutal pour rompre le sortilège… en surchargeant le coutela avec son cosmos et le faisant éclater ainsi. Une fois cela fait, il senti l’énergie du rituel se dissiper. Skärn allait maintenant se consacrer à retrouver l’homme responsable de cela. Avant de partir, il remit aux locaux le crâne de corbeau gelé, leur signalant qu’un jour, le crâne se fendrait de lui-même et qu’à ce moment les âmes contenues s’en iront rejoindre les morts (où alors l’énergie de la rune ce serait simplement dissipé, ça marchait aussi).