La main trancha la chair du Sarasin, l’entaillant jusqu’à l’os. La protection que portait Marsile était efficace, sans quoi il aurait été tout bonnement coupé en deux. Hruodland se défit rapidement de l’étreinte qu’il avait provoquée par un bond de quelques mètres en arrière. Il lui fallait en finir rapidement car il sentait que son corps ne tiendrait pas le rythme très longtemps.

A peine eut-il posé le pied sur le sol, qu’il concentra de nouveau son cosmos. Son adversaire n’était pas non plus resté sans rien faire et une épaisse couche de sable commençait à se rassembler autour de lui. Quel que soit la technique qu’il était en train de générer, elle semblait dévastatrice. Mais elle était trop longue à invoquer. Hruodland n’avait pas besoin de tant de temps pour être prêt à attaquer de nouveau.

Se concentrant encore jusqu’à atteindre l’énergie ultime, le Preux chargea. Le bras droit tendu vers l’arrière, nimbée de toute l’énergie qu’il était capable d’y transmettre, il frappa le Sarrasin en espérant enfin clôturer le combat. Le choc fut violent, le sable était aussi solide que de l’acier mais le cosmos du Preux lui permis de passer au travers et de frapper son ennemi aussi rudement qu’il l’espérait. Incapable de contrôler sa trajectoire, Hruodland s’écroula sur le sol une fois que son attaque eut fait mouche.

Il lui fallut quelques instants avant de pouvoir se retourner et de regarder s’il en avait terminé. A sa grande satisfaction, il put voir que Marsile avait été purement et simplement coupé en deux par son attaque.

- J’ai réussi…

Le Drac s’écroula de nouveau sur le sol, écrasant ses deux genoux sous son poids…

Épuisé et grièvement blessé, Hruodland ne pouvait que rester à genoux dans la poussière et le sang. Il porta un œil hagard autour de lui, sans s'attarder sur la dépouille de son ennemi. Où que son regard se pose, il ne voyait que des morts. Toute son armés semblait avoir péri, bien que les combats n’étaient pas encore terminé.

Il ne put retenir ses larmes, lorsqu’il vit le corps sans vie d'Olivier. Son frère d'arme gisait dans une mare de sang provenant d'une blessure au niveau du cœur. À son coté, gisait le corps d'un Sarrasin en armure, le crâne fendu en deux. Les deux combattants s’étaient livrés un combat à mort.

Forçant sur son corps, le Preux fit un effort surhumain pour se relever. Son armure n’était plus que ruines et son corps ne tenait que par sa volonté. Il avança dans le chaos des combats, sans but. Au bout de quelques pas, il découvrit le cadavre de sa monture, Veillantif. Encore une fois, il ne put retenir ses larmes et sentit son cœur se déchirer.

Il avança jusqu’à la dépouille de son compagnon et se laissa tomber au sol, s'adossant à la bête. Il avait définitivement tout perdu et il en était l'unique responsable. Sa hardiesse l’avait une fois de plus poussé à agir de manière irréfléchie et il en payait le prix fort.

Hruodland sentait la mort venir le cueillir. Il était à bout de force, la respiration sifflante et la vue brouillée. Il entendit malgré cela un bruissement d’ailes se rapprocher. Il regarda le ciel et vit une forme descendre vers lui. Sa vision perturbé ne lui permit pas d’identifier la chose mais il s'en moquait. Dans son esprit, il se dit que la mort avait une forme d'ange…

Non loin de là, le dernier Preux vivant regardait son frère d'arme agoniser. Turpin avait mit Hruodland en garde avant la bataille mais le furieux ne l'avait pas écouté. Las de cet enfer, il se dirigeait vers celui qui était malgré tout son ami afin de lui apporter les derniers sacrements mais il ne put l’atteindre. Un bruit d’ailes lui fit lever les yeux ver le ciel et il comprit que la mort ne serait pas la délivrance du Drac.

- Paix à ton âme dans tes souffrances à venir, Hruodland.

La souffrance fut sa seule sensation.

Les prêtres avaient toujours expliqué que la mort apportait la paix et que les souffrances y disparaissaient mais, Hruodland constatait que c’était faux.

Il ne voyait rien, n’entendait rien, ne goûtait rien, ne sentait rien… Hormis la souffrance. Il voulu parler mais il ne le put, au mieux un gargarisme fut audible autour de lui.

- Je ne veux rien entendre !

La voix s’était imposée à son esprit sans passer par son ouïe. Puissante et impérieuse, même s'il l’avait pu, Hruodland n’aurait pas répondu.

- Quelques soient tes paroles, elles ne pourront excuser ton crime. Tant d’innocents sont morts par ta faute, à cause de ta vantardise et de ta folie du combat.
T’es tu non seulement aperçu avoir tué autant de tes alliés que tes ennemis ?
Quel général massacre ses propres hommes sans s'en apercevoir ?

Hruodland ne compris pas les paroles qu'on lui adressait, il ne se souvenait pas avoir commit de tels actes.

- Ta fureur est ta plus grand faiblesse et tu l'as considère comme une force, tu dois payer !

D'un coup, les sens revinrent à Hruodland. Il se rendit compte qu’il était dans une grotte remplie de cristaux, prisonnier d'un siège de la même matière. Il ne vit aucunes traces de la personnes qui lui avait parlé mais, il constata que des images défilaient au cœur des cristaux.

Son attention fut absorbé par l'un d'eux et les images qu’ils contenaient se généralisèrent à l’ensemble des cristaux. Il pouvait y voir son roi, Charlemagne, en compagnie de sa fiancée, Aude. Celle-ci pleurait et tenait dans ses mains le casque de l’armure de son frère, le Preux Olivier. Charles parlait mais Hruodland n’entendait pas les paroles émises. Il comprenait néanmoins que le roi lui annonçait le décès des Preux et la conclusion de la bataille de Roncevaux.

Lorsque le roi sortit le cor appartenant à Hruodland, le cri que poussa Aude transperça l’esprit du prisonnier. Il sentit le sel de ses larmes sur ses lèvres et hurla a son tour lorsque la jeune fille s’écroula au sol, inerte.

L’Image disparue alors et les cristaux s’assombrir un instant avant que d'autres images s'y reflétèrent. Il comprit alors sa punition : voir le monde dans pouvoir y vivre. Être spectateur pour l’éternité…