BGM- https://www.youtube.com/watch?v=x6t2l07M50U -BGM
 
La Maison du Cancer était en vue, ce qui impliquait qu'il ne restait plus que celle-ci et celle du Lion avant d'atteindre la Vierge. La quête de Wolgorn et de son escadron mortel touchait à sa fin, mais il ne s'imaginait pas qu'elle viendrait de sitôt. Effectivement, le Bourreau fut surpris d'apercevoir à l'intérieur du temple un individu avec le Rosaire enroulé autour de son bras. Que signifiait ceci et qui était cette personne ? Se pourrait-il que les Saints aient enfin décidé de livrer l'artéfact aux Spectres afin d'épargner leurs misérables vies ? Cela en avait tout l'air, d'autant que l'inconnu qui apportait le Rosaire en question ne semblait pas taillé pour affronter l'armée infernale. Quel Chevalier serait assez fou pour tenter d'emprisonner les guerriers d'Hadès alors que l'Exécuteur est aux commandes ? Le Sanctuaire était en miettes et ne pouvait plus résister aux Spectres : la reddition ou la mort étaient les seules options.
 
Wolgorn afficha un rictus goguenard puis marcha vers l'individu qui lui apportait le Rosaire de la Vierge, avant de s'arrêter devant lui et de le jauger d'un œil condescendant. A voir sa dégaine, on aurait dit un homme efféminé, mais à y regarder de plus près, il s'agissait plutôt d'un garçon manqué. Quoique, il était plus correct de qualifier cette fille d'athlétique, plus concentrée sur son entraînement que sur son code vestimentaire. Mais qu'importe, il ne s'agissait au final que d'une larve de plus, cependant assez servile pour livrer au Russe l'objet de sa quête. Il ne restait désormais plus qu'à cueillir l'artéfact et à ajouter une dernière couche d'humiliation avant de rentrer au bercail. L'Exécuteur n'était pas disposé à se contenter du Rosaire : il voulait que les Saints souffrent, soient marqués au fer rouge de la honte et n'aient plus la volonté de se relever.
 
"Oooooh... Je constate que vous acceptez finalement de vous incliner devant la puissance de l'Empereur Hadès." déclara-t-il fièrement. "Vous ne pouvez continuer de lutter, alors donnez-nous ce Rosaire."
 
Wolgorn conjura l'un de ses Gantelets de Répression, tendit sa main armée et l'ouvrit, attendant que la jeune femme y dépose le collier de perles. Rien qu'à la façon dont vibrait son aura démoniaque, ses intentions étaient claires : si la fille refusait d'obéir, elle périrait séance tenante. De plus, une récente apparition confortait le Bourreau dans sa conviction que la victoire leur appartenait déjà : Thanatos s'était manifesté à l'entrée du Sanctuaire, coupant ainsi toute retraite aux Chevaliers. Son divin et funeste cosmos était reconnaissable entre tous, à la recherche d'âmes à moissonner. Malgré les soupçons que nourrissait l'Exécuteur à l'égard de Thanatos, il savait que ce dernier contribuerait à l'expédition. En l'état actuel, rien ne pouvait s'opposer à lui, pas même Athéna !
 
"Vous ne laisseriez pas vos camarades continuer de se faire charcuter, n'est-ce pas ?" ajouta le Russe d'un ton railleur. "Il serait dommage que vous nous contrariez et que nous rasions aussi le paisible village de Rodorio..."
 
L’Étoile Terrestre prenait un malin plaisir à proférer ces ignobles menaces. Rien n'était trop horrible pour terroriser la vermine qui peuplait le Sanctuaire. Les Saints devaient savoir que les Spectres étaient dorénavant capables de provoquer l'Enfer sur Terre ! L'époque où les répurgateurs se cachaient dans les tréfonds de l'Inframonde était révolue : ils pouvaient librement brandir l'étendard de la Justice au monde entier !

Un large sourire aux lèvres, Wolgorn regarda la jeune femme lui tendre le Rosaire, ignorant sa réponse écœurée aux menaces. Qu'elle s'insurge de sa vilénie autant qu'elle le voulait, son indignation ne l'affectait pas le moins du monde. Mais l'expression victorieuse du Bourreau se mua en stupeur quand la Sainte brisa d'elle-même le collier de perles. Il ne s'était pas attendu à un tel acte, surtout qu'il n'avait pas reçu confirmation de Perséphone si les Spectres devaient détruire le Rosaire ou non. Après avoir abattu le Sapindus, ils avaient été sermonnés pour leur arrogance par la Reine des Morts, sous prétexte qu'ils avaient supprimé la barrière protégeant l'humanité de leur tyrannie. Si jamais elle venait à apprendre ce qui était advenu du Rosaire, elle risquait de lourdement châtier les Spectres pour leur faute. Certes, l'Exécuteur était en désaccord avec la pensée de sa suzeraine, mais cela ne l'empêchait pas de craindre sa colère. Angoissé et sonné, il s'agenouilla pour récolter les morceaux de l'artéfact éparpillés au sol. C'était inutile : les perles avaient manifestement perdu le pouvoir de sceller les Spectres.
 
Tandis que Wolgorn se triturait les méninges à savoir s'il devait être soulagé ou effrayé, l'inconnue poursuivit ses invectives. Elle était évidemment furieuse de la défaite que les Spectres avaient infligée aux Chevaliers d'Athéna, mais son insolence déplut au Russe. Pour qui se prenait cette pimbêche, à refuser de s'incliner alors qu'elle et ses camarades avaient été vaincus à plate couture ? Non seulement elle s'exprimait comme si elle était en position de lutter, mais elle avait osé ôter aux Spectres le plaisir de disposer du Rosaire à leur convenance ! En faisant cela, elle s'était donné l'illusion qu'elle possédait encore du libre-arbitre. Une telle arrogance ne pouvait demeurer impunie !

Non contente de débiter pareilles balivernes, la jeune femme accusa ensuite les Spectres d'avoir versé le premier sang en voulant épater la galerie. Quelle insulte infâme à l'égard de la noblesse de leur Croisade ! Comment pouvait-elle avoir le culot de leur retourner la faute alors que les Chevaliers étaient ceux qui avaient péché d'orgueil et d'hypocrisie ? Excédé par ces propos intolérables, Wolgorn se leva et foudroya la Sainte du regard. Celle-ci était en train de tourner les talons aux Étoiles Terrestres, leur exprimant ainsi son souverain mépris. Déterminé à ne pas la laisser partir après cet outrage, le Bourreau déploya brusquement son aura démoniaque avec une animosité appuyée.

"QUI T'AS PERMIS DE PARTIR, SALOPE ?!" aboya-t-il. "Tu ne sais rien de nous et de pourquoi nous sommes ici ! Tu penses peut-être que je suis un monstre venu de nulle part pour martyriser les pauvres humains innocents ?! FAUX ! Si je suis l'abomination que je suis aujourd'hui, c'est de votre faute ! Mais vous êtes trop lâches pour assumer vos erreurs, comme toujours !"

L'Exécuteur avança d'un pas lourd vers la fille, son Surplis émettant un grondement caverneux à mesure que son cosmos s'embrasait. La visière de son casque abritait des flammes brûlant avec toute l'intensité de la haine qu'il portait à l'encontre du Sanctuaire. Une fois suffisamment proche de la jeune femme pour éventuellement lui carrer son poing dans la tronche, le Russe continua sa diatribe :

"Ce n'est pas non plus parce que nous voulions jouer au plus malin que nous avons attaqué le Sanctuaire, mais bien parce que vous avez prouvé votre incapacité totale à défendre la Terre et à respecter vos principes ! Quand nous, les Spectres, avions voulu apporter un peu de lumière aux humains en leur prouvant que la Justice existait, qu'avez-vous fait ?! Vous êtes devenus jaloux et vous êtes alliés à Poséidon pour éliminer ceux que vous considériez comme des concurrents ! Alors qu'il était question du bien de la planète ! Et vous savez ce qui est arrivé durant notre confrontation aux Enfers ?!"

La rage montait jusqu'à sa gorge et sa cuirasse s'assombrissait tant les souvenirs qu'il remuait étaient atrocement douloureux. Des flammes commencèrent à surgir de son Surplis, sa silhouette se métamorphosant en ombre méphistophélique. Son corps était agité de spasmes, comme si la fureur qu'il se forçait à contenir était sur le point d'exploser. Finalement, Wolgorn donna la réponse à sa question accusatrice :

"Votre déesse Athéna a osé nous ordonner de reprendre une vie normale auprès des humains ! Tu te rends compte à quel point ce fut humiliant ?! Tout ce pour quoi nous avions durement travaillé, foulé du pied par une pouffiasse planquée ! Comment a-t-elle pu nous dire ça, alors que nous purifions avec abnégation toute la malfaisance de l'humanité dans les ténèbres du Monde Souterrain ?! Vous savez, l'humanité dont vous êtes garants !"

Une pointe de tristesse était perceptible dans sa voix et le faux visage de son masque, normalement figé dans une expression sévère, se tordit dans un mélange de colère, d'amertume et d'affliction. Autour du Bourreau, la roche s'effritait et lévitait avant de se désagréger sous la pression de son énergie maléfique. Le mélange d'émotions qui avait forgé sa haine viscérale de l'humanité et du Sanctuaire transparaissait à travers son aura torturée.

"Après nous avoir lâchement battus, vous vous êtes laissés trahir par les Marinas sans broncher !" tempêta-t-il. "Poséidon a commencé son entreprise de conquête mondiale et lorsque nous vous avons alerté de ce péril, qu'avez-vous fait ? Rien ! Hélios, ce petit vaurien qui vous sert de Balance, nous a répondu que vous n'en aviez rien à cirer des ravages de Poséidon et que nous étions les seules menaces pour vous ! HYPOCRISIE ! Nous n'avions pourtant rien fait de mal, contrairement aux Marinas ! Nous ne sommes que des esclaves à martyriser pour vous, c'est ça ?! Bons qu'à nettoyer les ordures que vous laissez derrière, sans espoir de se rebeller ?!"

La musculature du Russe s'hypertrophia et son Surplis s'adapta aux ondes négatives qu'il émettait en devenant plus hideux encore. Depuis le début de la bataille, son cosmos s'était élevé à une telle ampleur que l'impact sur son apparence physique avait empiré. Le masque de Wolgorn fusionna complètement avec son visage, marqué par une démence satanique. Une gueule garnie de crocs s'ouvrit alors brutalement et laissa échapper un râle d'outre-tombe :

"Ce fut à ce moment que vous avez signé votre arrêt de mort ! C'est pour rétablir la Justice et nous libérer de nos chaînes que nous sommes venus ici, à la recherche du Rosaire de la Vierge ! Pour montrer à la planète entière la disgrâce de votre Chevalerie corrompue et lui donner les protecteurs qu'elle mérite ! Pas pour satisfaire notre ego, comme vous l'avez fait en rejoignant Poséidon !"

Le Bourreau émit un grognement vorace et pointa la Sainte de son index crochu avant de proclamer :

"Tu comprends maintenant ?! Vous avez été punis pour votre égoïsme, votre couardise, votre hypocrisie et votre parjure ! Par conséquent, vous avez perdu tout droit de vous plaindre ! C'est vous qui avez provoqué votre propre chute, pas nous ! Pourquoi ?! Parce que nous sommes fidèles à notre serment envers le Magnanime Hadès et à notre idéal ! Et sais-tu ce qui m'insupporte le plus à cet instant ?! Ton arrogance à refuser de t'admettre vaincue et à penser qu'il te reste de la liberté ! Une pathétique pécheresse comme toi devrait plutôt implorer ma pitié et me lécher les bottes !"

L'Exécuteur ponctua ces paroles en piétinant violemment les pavés du temple, qui se fracassèrent sous ce terrible coup de talon. Il ne pouvait décemment plus se contenter d'un Rosaire hors d'état de nuire : si personne ne venait apaiser son courroux, il allait s'empresser de dresser un peloton d'exécution pour les survivants.

HRP- Wolgorn reçoit Bénédiction de Thanatos ! -HRP

Le Cyclope essaya de calmer la rage de Wolgorn en lui assurant qu'il valait mieux laisser les Saints pleurer sur les conséquences de leurs actes. Le Bourreau y réfléchit avec grande peine tant il peinait à réprimer sa colère. Cependant, la jeune femme jeta de l'huile sur le feu en continuant d'insulter les Spectres et à cracher sur leur souffrance et leur cause. N'avait-elle donc aucune honte et aucun remord ? Sa complaisance dans le crime et la corruption était révoltante au plus haut point ! C'est alors que la fille leur amena une urne, ce qui interloqua l'Exécuteur. De quoi pouvait-il donc s'agir ? Une stupéfiante révélation éclaira soudainement son esprit, tel un éclair dans le ciel : il s'agissait de la jarre contenant l'âme d'Hadès.

Wolgorn était abasourdi par la vision de cet objet qu'il reconnaissait à l'aura divine si particulière qu'elle dégageait. Il fut aussi choqué par la familiarité avec laquelle la femme Chevalier se référait au Monarque Obscur, comme si elle était un proche membre de sa famille... Vint alors une seconde illumination : se pourrait-il que l'insolente qui était devant lui soit Athéna en personne ? Non, il devait forcément avoir mal entendu, ce n'étaient que des affabulations de sa part... Mais et s'il s'agissait de la vérité et non d'une fausse intuition ? Pourtant, le Bourreau se rappelait d'Athéna sous une apparence et une personnalité bien différente de celle-ci. La Reine du Sanctuaire avait-elle déjà changée d'enveloppe charnelle ? C'était l'hypothèse la plus probable, mais un nouvel événement perturba la réflexion du Russe.

La présumée Athéna rompit le sceau apposé à l'urne puis la fracassa aux pieds des Étoiles Terrestres, libérant ainsi l'âme d'Hadès. Dire que les guerriers infernaux ignoraient durant tout ce temps où avait été entreposée la jarre sacrée ! Ils n'avaient jamais imaginé que les Chevaliers l'auraient gardée chez eux, au risque de s'exposer encore plus au courroux de leurs ennemis jurés. Mais qu'importe la localisation, si leur souverain était libre, c'était tout ce qui comptait aux yeux des Spectres. Traversé par la grâce et la puissance de l'âme d'Hadès, Wolgorn atteignit l'extase et oublia son angoisse. Son cosmos tourmenté se stabilisa, bien qu'il ne retourna pas à une apparence physique normale. Il n'avait plus qu'un souci en tête : comment disposer d'Athéna ?

BGM- https://www.youtube.com/watch?v=FNbRx1DrsPM -BGM

Tout à coup, le Bourreau entendit une voix funèbre s'adresser à son esprit, lui ordonnant de supprimer la déesse et de se déchaîner. Sa conscience s'effaça pendant un bref instant puis ressurgit dans une transe satanique. Les yeux de l'Exécuteur s'illuminèrent et un pentacle apparut sur son torse, emblème de Thanatos. Le cercle occulte l'infusa alors d'un flux d'énergie astronomique, supérieur à celui d'une galaxie. Sans qu'il s'interroge plus sur ce qui lui arrivait, le cosmos de Wolgorn s'amplifia dans des proportions dantesques et lui octroya une force égale à celle d'un Olympien. Néanmoins, il était habité dans sa frénésie par une certitude : il avait l'occasion unique d'éliminer la Némésis de son suzerain !

"MUUURYAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !!!"

L'aura du Russe augmenta avec une telle intensité que son corps ne pouvait plus la contenir, ce qui provoqua une déflagration stellaire. La fureur de l'explosion ravagea tout sur une vingtaine de mètres et prit la forme d'un immense globe destructeur dont l'Exécuteur était le noyau. A l'intérieur, il opéra une nouvelle transformation, son enveloppe corporelle s'adaptant à la force divine qu'il assimilait. Son Surplis n'eut de cesse d'évoluer et de se perfectionner pour être à la hauteur et retranscrire la puissance nouvelle de son hôte. La cuirasse recouvrit l'intégralité de son corps, de telle sorte que même plus un millimètre de chair ne soit exposé. Les articulations gagnèrent en complexité, les motifs en sophistication, le métal en solidité et la silhouette en monstruosité.

"GROOOOOOAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !!!"

Les muscles, les os, les nerfs, les organes et l'épiderme de Wolgorn furent aussi remodelés, le dotant d'un physique au zénith de la surhumanité. Il était devenu plus grand, plus robuste et plus fort que n'importe quel Éveillé... Non ! Il les avait tous transcendés, jusqu'aux Juges des Enfers ! Des épines surgirent alors de sa moelle épinière et ses épaulières s'élargirent brutalement. A partir d'elles poussèrent une seconde paire de bras difformes et désarticulés, garnis de griffes cauchemardesques. Un visage hideux à l'expression irascible émergea ensuite du plastron, émettant un râle ignoble une fois à la surface.

La métamorphose divine approcha à son terme avec l'ouverture d'un troisième œil au niveau du front de l'Exécuteur, dont la figure avait fusionné avec le casque pour ressembler à celle d'un démon. Enfin, une large auréole noire se matérialisa à son dos et régula le maelstrom cosmique généré par la transformation. L'orage avait cessé pour laisser place à un silence religieux et funèbre. Le ciel, auparavant bleu, s'était teinté des couleurs du crépuscule sous la pression ténébreuse.

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Wolgorn n'était pas seulement devenu l'égal d'un dieu : sa malfaisance l'avait rendu semblable aux abominations ancestrales enfermées dans le Tartare. Haut de plus de trois mètres et supporté par un Surplis exceptionnel, il était complètement méconnaissable et dégageait une aura mariant terreur et majesté. Le Bourreau ne se sentait plus simplement invincible : il était incontestablement invincible ! Il était l'incarnation même de la Justice Infernale et de la Sentence Divine qui s'abattrait sur Terre ! Il était Wolgorn le Purificateur, guerrier ultime de l'Empereur Hadès !

Ses iris rubis plongés dans ceux de la jeune femme, il sut qu'elle était Athéna et qu'elle était son ennemi juré. Avec sa force, il n'avait plus à reculer devant elle, car il était le détenteur inébranlable du Jugement et du Salut. L'Exécuteur quitta donc le cratère dans lequel il était pour s'approcher elle d'un pas impérial. Une fois face à elle, il s'adressa dignement à la Déesse de la Guerre, d'une voix au timbre aussi profond et vibrant qu'un orgue :

"Cesse-donc cette insolence, Athéna. Les vaincus et les pécheurs doivent se soumettre à ceux qui détiennent la Force et la Justice. Repens-toi de tes fautes au plus profond de ton cœur, et le Sérénissime Hadès saura te pardonner..."

Le Russe tendit ainsi ses mains vers la jeune femme, en signe de réconciliation et de générosité paternelle. Son visage avait même retrouvé une expression sereine malgré sa monstruosité. Toutefois, il referma aussitôt ses poings et arbora de nouveau une figure impitoyable et cruelle, sa véritable nature.

"Sauf qu'il n'y aura pas de pardon pour tes fidèles et l'humanité !" professa Wolgorn d'un ton caverneux. "Tous seront purgés de leur souillure terrestre pour rejoindre la perfection et l'unité du Cosmos ! Ainsi, l'individualité profane de leurs âmes ne perturbera plus l'Harmonie Universelle ! Si tu refuses d'obéir, alors tu périras et sombreras dans les tréfonds des Enfers, où tu subiras d'éternels supplices ! C'est le prix à payer pour avoir osé avilir ton essence divine, Athéna !"

Intérieurement, Wolgorn espérait que la Protectrice des humains s'oppose à son autorité. Il avait trop envie de la trucider pour se contenter d'une issue relativement pacifique. Libérer Hadès n'était pas assez pour la racheter : elle devait ramper plus bas que terre et boire ses propres larmes !

Comme Wolgorn l'avait anticipé, Athéna n'en démordit pas de son impudence. Rien de ce qu'il disait ne pouvait raisonner son âme scélérate, à sa grande déception. Le Cyclope, blessé par le déploiement de puissance divine du Bourreau, s'approcha de la déesse pour l'injurier et lui rappeler les fautes qui pesaient sur ses épaules. Hélas, elle n'en avait cure et se contenta de cracher son mépris ignare aux Spectres avant de leur tourner le dos une seconde fois. La jeune femme sépara alors sa personne des séides d'Hadès en éventrant le sol de ses mains tranchantes. Les sillons étaient larges et profonds, suffisamment pour témoigner de la force de la Reine du Sanctuaire. Cependant, cette pitoyable démonstration n'impressionna guère l'Exécuteur, qui avait acquis une puissance bien supérieure. Puisque essayer de discuter avec elle était inutile, autant engager les hostilités sans tarder. Wolgorn se tourna d'abord vers son confrère et lui fit signe de se calmer d'un geste de la main.
 
"Inutile de te fatiguer, Xing Huo." déclara-t-il avec noblesse. "Athéna a complètement perdu la raison, seule la violence peut régler notre différend à ce stade."
 
Ceci étant dit, il focalisa de nouveau son regard enflammé vers Athéna et embrasa son cosmos. Les iris rubis du Bourreau scintillèrent et, la milliseconde suivante, une lame écarlate luminescente déferla furieusement vers sa cible. Cette offensive la manqua volontairement d'un cheveu, mais dépassa facilement les minables entailles avec lesquelles elle croyait se prémunir des Étoiles Terrestres. Une fois l'attention de la déesse captée, le Russe s'élança vigoureusement vers elle, sa silhouette enveloppée dans une sphère incandescente.

"MURYAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !"
 
A portée d'attaque, il asséna contre Athéna à l'aide de ses deux paires de bras quatre Demon Punishers augmentés. Soudain, au moment où il allait pulvériser son ennemie, le Bourreau stoppa net son assaut. En observant attentivement la jeune femme, il avait compris que même s'il brisait son corps maintenant, son cœur ne cèderait pas. Même l'envoyer immédiatement en Enfer pour subir d'infinies tortures ne suffirait pas pour l'humilier. Wolgorn en avait la conviction : en l'état actuel, Athéna se fichait de tout ce qui pourrait lui arriver. Il était encore trop tôt pour la tuer, son âme n'était pas assez mûre pour qu'elle puisse implorer la pitié d'Hadès. Les Spectres devaient procéder autrement et accepter de se retirer pour l'instant.

"Humpf..."

Dépité mais patient, l'Exécuteur baissa les bras, ravala son aura maléfique et fit demi-tour en direction de la sortie des Douze Maisons. Quand il arriva à proximité du Cyclope, il lui expliqua son abandon :
 
"Il est vain de s'acharner sur une raclure qui n'a plus que son orgueil comme défense et qui refuse de s'incliner. Nous reviendrons la cueillir plus tard, une fois que la Terre sera entre nos mains."
 
Il se déporta ensuite une ultime fois vers la Protectrice de l'humanité et la désigna d'un doigt accusateur. La voix lourde de menaces, il lui adressa son funeste message :

"Il ne s'agit pas seulement du Rosaire et de sa Majesté Hadès, Athéna, il s'agit avant tout d'un idéal ! Quoiqu'il en soit, je daigne t'épargner aujourd'hui, car il n'y a absolument aucun intérêt à t'exécuter si tu refuses de te plier à notre autorité et de reconnaître tes fautes. Nous, les Spectres de l'Auguste Hadès, avons gagné cette bataille, mais je ne considèrerai la guerre gagnée que quand nous t'aurons dépouillée de ton arrogance... Mais sache que ton supplice et celui des humains ne fait que commencer ! Feras-tu autant la fière face à la douleur d'autrui ?"

Wolgorn laissa la question en suspension pendant une dizaine de secondes, le temps qu'Athéna puisse deviner dans quelle terrible situation elle s'était mise. L'interrogation étant de tout façon rhétorique, il continua son sermon :

"J'en doute sévèrement... C'est pour ça que nous n'aurons de cesse de détruire tout ce qui t'est cher et de te prouver à quel point ta cause est illusoire ! Nous mettrons la Terre à feu et à sang sous tes yeux pour la purger de ces humains qui la souillent ! Pendant ce temps, tu ne pourras que contempler ce spectacle et maudire ton impuissance ! Une fois que nous aurons exterminé ces misérables humains auxquels tu tiens tant, tu pleureras toutes les larmes de ton corps et tu regretteras de ne pas être morte aujourd'hui ! Tu nous supplieras d'abréger ta triste agonie et, quand tu seras au comble du désespoir, je viendrai te briser !"

Le Bourreau illustra cette dernière réplique en entrechoquant violemment ses poings, comme s'il broyait une colonne vertébrale sous leur impact. Un sourire sadique aux lèvres, il conclut son discours avec délectation :

"Huhuhuhu... Ce jour-là, tu seras enfin prête à endurer une éternité de souffrances et à te prosterner devant l'Empereur Hadès ! Et crois-moi, ce ne sont pas tes Chevaliers chétifs qui t'aideront à protéger l'humanité ! En revanche, ils auront une place de choix dans l'humiliation que nous t'infligerons..."

Ce furent sur ces ignobles paroles que l’Étoile de l'Exécution quitta le Temple du Cancer d'un pas impérieux. Sa descente fut accompagnée d'un rire diabolique tonitruant, l'écho de la montagne le faisant longuement résonner et le portant au loin. Tous ceux qui habitaient au Sanctuaire et ses environs pouvaient entendre le rire du démon, redouté comme le présage d'une ère de ténèbres. L'heure de l'Apocalypse et du Jugement Dernier avait sonné, et nul n'en réchapperait !