Il fallut beaucoup de temps au jeune homme pour traverser les derniers royaumes. La montagne menant à Muspellheim étant trop haute et les passages trop dangereux, le groupe décida de passer en premier par Nibelheim. Nibelheim étant le royaume des nains et des forgerons, Frida en profita pour s’y acheter une nouvelle arme et faire changer les fers de sa monture. Amarok aurait bien fait de même, mais la monture en question préféra s’éloigner du secteur. Svad expliqua alors à l’inuit, que s’il utilisait correctement son cosmos, il pourrait lui servir de monture. C’est pendant ce temps d’attente dans le royaume, afin que le jeune homme maîtrise son cosmos d’avantage, qu’un ours les rejoint. Du moins, l’esprit d’un ours, l’esprit de Bjarki, qui apprit à Amarok que la force n’était rien sans des amis à protéger. L’animal lui enseigna donc ce qu’il avait à savoir, afin de protéger ceux qui l’entouraient.

Une fois le royaume des nains visité, le groupe se dirigea vers le territoire des géants de feux. Le trajet sur le dos de Svad était plus confortable que sur la première monture, ce qui fit énormément de bien au maître des esprits. La montagne qui séparait Nibelheim et Muspellheim était plus petite que la frontière de Svartalfheim. Le passage fut donc plus simple et beaucoup moins dangereux, même si maintenant seules les vies de deux personnes et un cheval pouvaient être mises en jeu. La chaleur du territoire y était étouffante, comme si la lave coulait directement sous les pieds des voyageurs. La région était volcanique, mais Amarok ne vit aucune trace de volcan ou de magma, seulement de la fumée sombre s’échappant par certaines fissures. En chemin, l’esprit d’un chien vint les trouver, se présentant comme étant Garm. Avec son aide, le groupe pu traverser le royaume sans encombre et le jeune homme pu obtenir un nouvel esprit. Si ses comptes étaient juste, il ne lui en restait plus qu’un à avoir et il se trouvait dans le dernier royaume, celui que Frida ne voulait pas voir. Ils se séparèrent donc avant l’entrée pour Niflheim, un royaume plus froid encore que Jotunheim.

Niflheim était dix fois plus froid que Jotunheim, il s’agissait du territoire le plus au nord de tous les royaumes. Il également plus sombre, comme si le jour ne se levait jamais. La vérité est que le jour se levait bien, mais il ne se levait que quelques jours dans l’année et était entièrement masqué par un épais brouillard persistant. La brume ne permettait pas vraiment de vivre dans ces terres, même si quelques personnes s’y trouvaient quand même. En écoutant ce que lui disaient les esprits, Amarok compris qu’il s’agissait là d’une bonne réplique du véritable royaume. Un monde sombre et froid où seul la mort règne. Un coassement se fit entendre tout proche, suivit de la silhouette sombre d’un corbeau. Mais pas n’importe quel corbeau, le dernier esprit que devait trouver le jeune homme.

- Bienvenu dans ton royaume jeune maître. Cela fait des jours que je t’attend pour te faire passer ton dernier test.

L’inuit le salua d’un mouvement de tête, avant de lui répondre.

- Merci mon ami. Quel est ton nom et quelle sera mon épreuve ?

Le corbeau regarda chacun des autres esprits, voyant à travers eux comme dans un livre. Amarok ne le savait pas encore, mais l’animal cherchait si les autres lui avaient bien enseigné ce qu’ils savaient.

- Mon nom est Hugin, celui qui te permettra d’utiliser pleinement la puissance des esprits. Quant à l’épreuve, elle est simple, tu devras juste te rendre dans le temple qui se trouve au milieu du territoire et y prendre l’armure qui te revient. Une fois fait, je serai à ton service et tu seras un guerrier d’Odin… ou de Loki peut-être, tout dépend de qui tu suivras.

La forêt où se rendit le jeune homme portait le nom Jarnvid, la forêt au bois d’argent. Les arbres avaient des reflets métalliques, comme s’ils étaient faits d’acier. Les chemins la traversant devaient être un casse-tête pour les classiques, mais pas pour Svad. Le pas de l’esprit cheval n’étant pas physique, il pouvait se déplacer plus facilement sur les terrains. Le jeune homme regarda régulièrement le corbeau qui l’accompagnait. Il se demandait ce qu’il pensait, ne laissant transparaître aucune émotion, contrairement aux autres esprits. Peut-être ses émotions ne seraient visible qu’une fois le monde des esprits en communion avec Amarok. De plus, l’inuit avait beau s’avoir que les esprits avaient choisi de nouveau non, il était persuadé qu’Hugin était lié à quelqu’un d’autre. Le groupe s’enfonça de plus en plus dans la forêt, cherchant le temple qui renfermait l’armure du jeune homme. Bientôt, il pourrait savoir s’il avait été jugé digne de servir les dieux du nord.

- Ne te pose pas trop de question et suis ton instinct.

Garm trottait à côté du cheval, comme s’il jouait les chiens de gardes. L’instinct de l’inuit l’avait conduit jusqu’ici, même s’il avait profité de l’aide de Skoll. Au final, sans les esprits, il n’était rien. Comme si lui aussi lisait dans ses pensées, Bjarki intervint.

- Oui, nous sommes bien avec toi, mais nous ne faisons pas le boulot pour toi. Nous ne sommes que des outils, comme le viking utilise sa hache ou son épée. Nous sommes à la fois ton arme et ton armure. Au fond, nous ne sommes qu’une partie de toi.

Dain prit soin d’ajouter.

- Saches également que sans toi, nous ne serions rien. Alors que toi, même sans nous, tu peux devenir un être puissant.

Les paroles ne remontèrent pas vraiment le moral du jeune homme, mais il se sentit moins seul. Il avait appris beaucoup de choses en leur présence et s’attendait à en apprendre davantage. Il regarda de nouveau le corbeau et son intuition lui fit comprendre que personne ne voyait à travers les yeux de l’animal. Ce qui en était relié était l’armure et seul son porteur pourrait bénéficier de la vision de l’esprit.

- Merci d’être avec moi. Vous êtes des amis précieux.

Le groupe pu enfin voir le temple. Le bâtiment était tout à fait normal, on pourrait même dire banal. Une ville avait beau être proche de la forêt, il était évident que personne ne viendrait jusqu’ici, puisque le temple ne donnait pas envie d’être visité. Pour être sûr, l’inuit chercha un signe du côté d’Hugin, qui lui répondit seulement d’un battement d’aile, qui le propulsa vers le temple. L’oiseau se percha sur la seule colonne encore debout et attendit que le reste du groupe le rejoigne. Une fois devant les marches du temple, le corbeau dit à Amarok qu’il devait rentrer seul, aucun des esprits présents n’avaient le droit d’entrer ici. Le jeune homme s’avança donc seul, dans une légère obscurité.

Le temple était simple, juste une ligne droite. Les ténèbres emplissaient de plus en plus le couloir, jusqu’à ne laisser aucune lumière. Puis, sur la brume qui courait le long du couloir, une lumière verdâtre se fit voir. Le jeune homme continua son chemin, éclairé de plus en plus part cette lumière verte. Quand il en trouva enfin la source, Amarok pu voir l’armure qu’il devait porter. Il s’avança davantage, fit glisser ses doigts sur le métal glacé et pu sentir la puissance qui en émanait. La puissance n’était pas aussi élevée que celle du guerrier qu’il avait croisé, mais suffisante pour l’élever au-dessus des simples mortels. D’une simple pensée, qui était d’abord une petite envie plus qu’un ordre, l’armure vint le recouvrir, son aura verte recouvrant entièrement le corps du jeune homme. Son cœur battait fort, heureux comme il était d’avoir été accepté.

- Je suis un guerrier du nord maintenant, protecteur de Niflheim.

Le nouveau guerrier rejoint la sortie, heureux de montrer son armure aux esprits. Le corbeau s’inclina devant son maître, avant de faire comme les autres et de rejoindre le jeune homme.