Le prénom du Guerrier Divin ne lui disait rien dans l’immédiat. Peut-être qu’elle l’avait rencontré lorsqu’elle servait Odin mais dans l’état, l’ancienne Prêtresse n’en était pas entièrement certaine ; toutefois elle ne rajouta aucune parole à part informer le Berserker qu’elle suivrait les Einherjars au combat.

Elle suivit les troupes du Père de Tout au combat jusqu’en Muspellheim sans faire d’histoire, restant positionnée à l’arrière de la formation. Sighild n’avait jamais vu un tel déploiement de forces de ses propres yeux. Les alentours du palais étaient ponctués de multiples troupes de guerriers, machines de guerre. Plus encore les forces ennemies ne cessaient de croître alors que des EldrJotnnars de plus en plus grand commençaient à envahir le Royaume. La suivante de Loki intensifia son propre Hamr à son tour, conjuguant sa propre vie à son énergie afin d’en augmenter la puissance, puis elle fit apparaître une lance de glace entre ses mains. La glace prenait peu à peu une teinte sanguine, reflétant ce sacrifice que faisait la Fléau. Cette dernière était convaincue que cette bataille ne serait pas facile et qu’elle devait tout donner d’entrée de jeu, comme l’autre porteur de Jàrnskinn qui débordait désormais de rage et de puissance et qui s’attaquait de suite aux puissants géants de feu.

Quant à elle, Sighild apporta du soutien aux autres Einherjars durant leurs assauts sur les Géants afin de réduire les rangs ennemis le plus rapidement possible en s’attaquant aux ennemis les moins imposants et les moins puissants. Plus vite cette tâche sera accomplie et plus rapidement les armées protectrices d’Asgard pourraient tomber les plus grosses menaces après tout.

La servante de Loki s’était séparée du régiment des guerriers d’Odin pour aller confronter des géants plus imposants et qui posaient beaucoup plus de problèmes à cette armée des Neufs Royaumes qui luttaient pour leur survie. La porteuse d’Omicron engagea un combat contre un géant de taille moyenne en prenant une extrême précaution à éviter les coups de hache enflammés de ce dernier. Elle l’affronta pendant de longues minutes, elle était incapable de lui infliger de réels dégâts, en revanche Sighild pouvait esquiver l’entièreté des coups – facilement prévisibles – du Jotunn. La Guerrière Divine décida d’intensifier son Hamr le plus possible et de concentrer sa force dans la lance de glace qu’elle utilisait. Nimbée d’une intense lumière blanche, l’ex-Prêtresse se jeta sur sa cible afin de planter son arme renforcée en plein cœur du géant qui s’effondra dans un cri d’agonie.

Mais un autre rebondissement se produisit lorsque un rayon enflammé vint frapper le portail afin de l’ouvrir d’un coup brusque et ce d’une manière considérable. Les EldrJotnnars les plus imposants – et plus puissants – pouvaient désormais passer à travers et envahir le champ de bataille. Les créatures de flammes semblaient en surgir comme une pluie de feu et de destruction. Pourtant, Odin ne semblait toujours pas visible. Sighild s’acharnait à croire qu’il viendrait tôt ou tard, elle l’avait invoqué pour sauver les Neufs Royaumes de la folie d’Hèl, elle l’avait vu – de loin - mener le dernier combat contre cette dernière, elle persistait à voir Odin comme l’ultime rempart, la prêtresse espérait seulement qu’il n’arriverait pas trop tard.

La Fléau n’eut pas le temps d’extirper son arme du cadavre de l’abomination de flammes alors qu’un autre des géants lui infligea un coup qui l'envoya voler quelques mètres plus loin, fort heureusement la servante du Fourbe avait eu le temps d’invoquer une défense de glace qui encaissa une bonne partie des dégâts. La guerrière masquée intensifiait une nouvelle fois son énergie et ce d’une manière plus importante encore, une nouvelle lance de glace s’érigea entre ses mains tandis qu’elle fonça sur son nouvel adversaire avec la ferme intention de le mettre à terre comme le précédent.

La porteuse d’Omicron affrontait seule un géant du feu qui faisait au moins trois fois sa taille, Sighild puisait au plus profond d’elle-même et intensifiait son Hamr autant que possible pour lutter contre cette abomination qu’elle n’arrivait qu’à effleurer. Le géant de feu la balaya d’un coup de massue enflammée qui envoya l’ancienne prêtresse s’écraser quelques mètres plus loin. La jeune femme se releva péniblement, elle se drapait d’un manteau de flammes blanches. Une tempête de glace et de neige se formait rapidement autour de la Guerrière Divine. Cette dernière prit sa lance tel un javelot qui se gorgeait de la lumière du Hamr de sa créatrice ; la Fléau lançait son arme – de la même manière qu’Odin utilisait Gungnir – dans la direction du sbire de Surt qui lui faisait face. L’objet se ficha directement dans le crâne brûlant de la créature avant d’exploser. Ainsi le géant s’effondra dans le neige recouverte de cendres devant l’ancienne Voix des Einherjars.

À bout de forces, elle s’effondra sur ses genoux alors que le chaos faisait rage tout autour d’elle. Elle avait honte d’être aussi faible désormais, de céder aussi rapidement durant une des batailles les plus importantes de l’histoire des Neufs Royaumes ; elle avait doublement honte, honte de perdre la foi qu’elle avait placé en Odin durant toutes ces années. De perdre la foi qui avait fait d’elle la Prêtresse qui avait invoqué le Seigneur des Batailles.

Mais ces doutes furent rapidement dispersées par un son caractéristique. Le conflit sembla prendre pause un instant le temps que tous comprennent le sens de ce son. Un puissant Hamr s’imposa sur Muspellheim, une énergie que l’ancienne prêtresse avait déjà ressenti lorsqu’elle occupait ses fonctions religieuses. La force du Père de Tout était encore plus intense et impressionnante qu’à cette époque. Sighild – bien que son allégeance appartenait à Loki, pour l’instant – ne pouvait qu’être admirative par la venue du dieu. La Fléau entendit le cri de bataille du Seigneur des Ases, une véritable bénédiction, un honneur pour les fidèles défenseurs du Nord. Le Rubis situé sur la Jarnnskin d'Omicron se mit à étinceler comme il ne l'avait jamais fait avant, témoignant du second souffle de la jeune femme, exaltée par l'influence d'Odin.

Malgré le chaos ambiant qui était encore plus intense à cause de l'apparition de la Chasse Sauvage d'Odin. Sighild put entendre l'appel du guerrier qu'elle avait rencontré plus tôt au village incendié de Nibel, elle comprit très rapidement pourquoi il lui demandait de l'assistance. L'EldrJotnnar qu'il désignait était énorme et dégageait une puissance monstrueuse qui dépassait de très loin celles des géants précédents.

La Fléau pivota pour faire face au séide de Surt, elle commença à intensifier son Hamr. Ce dernier qui était tantôt aussi blanc que la neige, devenait progressivement plus sombre, il dégageait quelque chose de beaucoup plus funeste. Instinctivement, elle convoquait à elle les infimes résidus de la puissance divine d'Izanami qui subsistaient dans son corps, des reliquats de son acte en tant qu'hôte de la Kami. Une carapace de glace noire vint s'imbriquer et recouvrir l'armure de la Guerrière Divine, une carapace aux allures inhumaines. Pareillement la lance de Sighild changea un peu de forme, se rapprochant beaucoup plus d'un modèle nippon. Maintenir une telle forme était particulièrement pesant et elle devait cet « exploit » uniquement grâce au second souffle permis par Odin. Mais pour l'occasion, Sighild était certaine de pouvoir triompher du géant avec l'aide du Berserker.

L'ancienne prêtresse ne jeta qu'un regard en direction de la forteresse où les forces à l'œuvre étaient terrifiantes tant elles étaient puissantes; puis elle se rua dans la direction de son compagnon d'armes, prête à mettre fin à la vie de cet être de flammes. Elle tendit la main et elle envoya une première volée de piques de glace sombre vers le géant dans le simple but de le distraire et commencer à se rapprocher.

Les efforts de Sighild pour infliger des dégâts au géant furent nullement récompensées. Sa diversion sous forme de projectiles gelés furent neutralisés sans le moindre soucis par la créature de flammes. Quant à ses attaques avec sa lance nippone, elle n’avait que l’horrible et désagréable impression de devoir briser un mur de pierres avec un cure-dent, ce qui était particulièrement ardu à réaliser. Fort heureusement, ses déficiences en terme d’impact et de dégâts étaient compensées par son avantage drastique de vitesse et de taille lui permettant d’éviter de se faire réduire en vulgaire crêpe par l’une des effrayantes attaques du gigantesque chef des armées de Surt. L’ancienne prêtresse fit en sorte de remettre de la distance entre elle et ce dernier tout en veillant à éviter tout autre géant.

Toujours animée d’une rage primitive, de ce sombre et funeste désir qu’était celui d’arracher une vie, Sighild examinait la situation du combat qui semblait très largement défavorisés dans la mesure où les attaques des forces d’Odin semblaient être de maigres piqûres d’insectes pour l’EldrJotnnar, et ce malgré le nombre grandissant d’assaillants du côté des défenseurs des Neufs Royaumes. Néanmoins, un coup fit chanceler le géant qui jusque-là avait encaissé les assauts sans broncher, cet événement galvanisât les troupes plus encore que plus tôt qui se ruèrent à l’attaque. Là Fléau pervertie par son funeste manteau de glace fut particulièrement étonnée dans la mesure où elle se trouvait trop loin pour comprendre quelle était la source de l’assaut, elle supposait toutefois qu’un Guerrier Divin particulièrement puissant était à l’œuvre pour l’aider elle et l’Ulfark

Suite à cela, elle put voir l’étonnante – mais assez agréable – de voir les traits du Guerrier Divin de Beta se posant à ses côtés ; la dernière prêtresse avait un souvenir – troublé certes – de sa première rencontre avec cet homme, simple aspirant à l’époque. Il était désormais un puissant guerrier. Sighild le fixa avec ses yeux rougeoyants, cachés derrière ce masque gelé qu’elle appréciait tant depuis son retour au Nord.

« - Notre cible. » Fit-elle sereinement en désignant le fameux Lughothrin. Elle reprit la parole avec une voix qui ressemblait plus à un écho funéraire qu’à une véritable voix. « - Il prétend être le Seigneur des armées ennemies. Nous devons l’envoyer six pieds sous terre et ce à n’importe quel prix. »

Des murmures comme venus d’outre-tombe envahirent les pensées de la porteuse d’Omicron qui reportait sa pleine attention à sa cible de prédilection. Elle savait parfaitement comment augmenter sa puissance, comment dépasser ses limites et exalter son Hamr encore plus.

« - J’ai dévisagé la Mort, l’ai défié plus d’une fois et j’ai même dansé avec... Je recommencerai autant de fois que je le pourrais tant que je défendrai ses terres. » Murmurait-t-elle pour se convaincre elle-même plutôt qu’autre chose.

Sighild fit pivoter son naginata et l’approcha d’elle-même, venant perforer son torse avec l’arme de glace qui se fissurât instantanément et qui fut réduits en de multiples cristaux de givre. Elle réprimait toute sensation de douleur pour le moment, soumise aux puissants effets de l’adrénaline du moment, la guerrière suicidaire intensifiait son Hamr mortifère une nouvelle fois. Son sang s’écoulait lentement mais s’évaporait en de fines volutes rouges qui se dissolvaient dans son Hamr, Sighild usait de son propre sang, de sa propre vie comme combustible pour son désir de puissance. Plus que ça, son aura s’étendait lentement sur une zone autour d’elle, drainant la vie des êtres vivants rencontrés, la forçant à s’éloigner et à inciter ses partenaires de guerre à ne pas s’approcher d’elle. Ainsi, Sighild dressait ses paumes dans la direction du géant de feu qu’elle voulait ardemment tuer, elle concentra sa puissance sous la forme d’une sphère d’énergie noircie qu’elle envoyait sur l’abomination, elle reproduisait la formation d’un tel obus d’énergie outes les trentaines de secondes, faisant ainsi office d’artillerie lourde à distance pour soutenir les efforts de ses pairs guerriers.

Hrp:

_________________

Merci à Hruo 

signature:

Les sphères surchargées d’énergie de la guerrière divine s’écrasaient les unes après les autres sur le bouclier en pierre noir du chef d’armée ennemi en libérant de petites explosions noirâtres. Sighild n’allait jamais tenir la route suffisamment longtemps pour rendre ce bouclier inopérant et commencer à entamer l’abomination venue du portail ouvert par le Brasier Noir. Fort heureusement elle était assistée par des Héros du Grand Nord, que ce soit des légendes d’antan ou bien des héros d’aujourd’hui à l’image du Guerrier Divin de Beta ainsi que l’Ulfark.

En parlant de ce dernier, il était reparti à l’attaque en déployant encore plus de puissance, forçant ainsi la porteuse d’Omicron à cesser son tir d’artillerie momentanément afin de ne pas en faire une victime collatérale. La jeune femme en profitait pour concentrer ses forces, augmenter sa puissance, transcender encore un peu plus les limites de son Hamr, préparant à donner le coup de grâce, à donner la mort. D’ailleurs voir le monstre enflammé s’effondrer sous l’assaut du guerrier-fauve qui brisa le bouclier particulièrement gênant fut un signal fort. La suivante de Loki n’avait pas attendu une seule seconde pour servir sa deuxième ration de bombardement d’énergie, visant la tête de Lughorthin, en jetant des coups d’œil ici et là sur le guerrier qui maniait aisément feu et glace pour se coordonner visuellement à ses offensives.

Peu de temps après, l’EldrJotnar avait un trou béant dans sa gorge et était proche d’être enfin éliminé. Sighild changea de tactique et rematérialisa une lance nippone de pure Hamr noir, des marques semblable à des traces de sang étaient néanmoins visibles sur l’objet, symbole du choix de la Fléau de sacrifier sa vie en l’échange de plus de pouvoir pour mener le combat. La guerrière divine surgit à proximité du cou mutilé du géant et administra la peine capitale – comme l’aurait fait son « amie » la Kami de la Mort, ou presque – en tranchant ce qu’il restait du cou du géant en quelques coups de son arme. Finalement la tête du Seigneur des armées de Surtr roula sur le sol de Muspellheim, de plus la Guerrière Divine se permit le luxe d’empaler la tête fumante sur sa lance en retombant au sol.

Un coup d’œil sur le champ de bataille suffisait à faire comprendre à la demoiselle que la bataille était terminée et que les défenseurs avaient repoussé les flammes destructrices. Les derniers ennemis fuyaient alors que la chaîne de commandement adverse était en miettes et que la porte dimensionnelle se refermait ; ces fuyards étaient chassés sans relâche par les braves soldats toujours plus ou moins en forme. Mais le royaume ressemblait désormais à un Enfer sur Terre, des cadavres fumants, d’autres mutilés ; des guerriers exténués et meurtris, des montures sacrifiées, des machines de guerre brisées. Le revers de la médaille qu’était ce triomphe épique était très très sombre selon Sighild, ceci dit elle pensait également que c’était un résultat logique. Le Nord avait sauvé le monde.

La Guerrière Divine abaissa progressivement l’intensité de son Hamr et relâcha sa concentration martiale, elle tenta ensuite de s’appliquer des premiers soins afin d’éviter de mourir des suites d’une hémorragie. Une fois cette tâche plus ou moins réalisée, elle vint à la hauteur du Guerrier Divin de Beta et lui tendit sa main avec respect.

« - Je suis honorée d’avoir combattu à vos côtés ; je suis la Fléau d’Omicron. » Lançait-t-elle avec une certaine courtoisie malgré sa voix fatiguée par le conflit. De plus sa voix semblait bien plus humaine et bien plus douce - aussi douce que comparé à plus tôt. Elle avait sciemment oublié d'indiquer son nom; ce n'était peut-être pas l'endroit, ni le moment le plus propice à ce genre de révélations.

Sans perdre trop de temps, elle chercha après Wulf, se demandant si le Berserker avait trépassé dans la mesure où elle ne ressentait plus du tout son aura ; l’ancienne prêtresse s’approcha ensuite du cratère où se trouvait ce dernier en faisant signe au guerrier d’Odin de le suivre. Sighild usa de ses maigres talents de guérisseuse pour donner au guerrier-fauve un coup de pouce – peut-être non nécessaire d’ailleurs – destiné à le tenir en vie en attendant de meilleurs soins, elle jeta un autre regard vers Reiner – alors qu’elle portait toujours son masque bien qu’abimé voir légèrement brûlé par endroit –.

« - Je me dois de vous laisser pour le moment, j’ai besoin de soins urgents. » Indiquait-t-elle avant de s’incliner difficilement et de désigner la section perforée du haut de son armure.

Ainsi, la guerrière divine évacua la zone sans rien ajouter, elle avait fait sa part du travail lors de la défense des Neufs Royaumes ; désormais elle comptait bien rentrer en Nibelheim pour panser ses plaies et éventuellement débriefer de la situation avec le Fourbe en personne – peut-être même autour d’un repas amplement plus mérité que le dernier qu’ils avaient tout deux partagés –.