Déciment, on ne laissait pas le temps aux chevaliers de se reposer ici. Ephraem n’était qu’un jeune chevalier, à peine un an de service, quand on lui demanda de se rendre à la Palestre. L’italien aurait adoré ne pas y remettre les pieds, il n’avait que de mauvais souvenirs de cette endroit, surtout en pensant à ses entraînements infernaux que lui avait fait subir son maître. Pourtant, il le respectait tout autant qu’il haïssait, ses entraînements l’ayant forgé, tout en lui permettant de maîtriser son pouvoir. Le Taureau entra dans le bureau du directeur de la Palestre, sans prendre le temps de frapper à la porte.

- Qui y a-t-il de si important, pour que vous me demandiez de venir Hippolyte ?

Le vieil homme souriait au Saint, ne s’occupant même pas du manque de politesse de son ancien élève. Assis devant lui, se trouvait une jeune fille d’à peine seize ans, un âge assez vieux pour passer les examens pour devenir chevalier. L’italien se demanda le rapport qu’il y avait entre elle et lui, étant sûr de ne pas avoir de membre de sa famille en vie. Du moins pas du côté mafieuse.

- Bonjour monsieur Divinatus, je vous laisse vous installer et faire comme chez vous, vous connaissez bien ce bureau.

A contre cœur, l’italien s’installa sur la chaise se trouvant à côté de la jeune fille. Maintenant qu’il pouvait la voir de plus près, il savait qu’il avait affaire à une forte de tête, le genre d’élève aussi turbulent qu’il l’avait été. Mais qu’elle soit encore ici, sans maître, était plutôt étrange.

- Je vous présente miss Holm, elle vient d’arriver il y a peu de temps. Elle a suivi son entraînement avec sa mère, une éveillée se cachant en Suède et ne voulant pas rejoindre les Saints, ni aucun autre camp, pour des raisons personnelles. Elle sait cependant rendu compte qu’il était compliqué pour elle de se déplacer avec sa fille, qui développe un cosmos différent du sien. Elle me l’a donc envoyé, afin que je m’occupe de sa fille. Mais comme vous avez dû le deviner, miss Holm est assez turbulente, me rappelant un ancien élève, maintenant porteur de l’armure du Taureau.

L’italien se leva alors d’un bond, fixant tour à tour le directeur et l’élève.

- Laissez-moi deviner, vous voulez que je devienne son mentor ? Et qui vous dit que j’ai envie d’avoir une élève ?

Le regard du chevalier était furieux, plongeant dans celui du vieil homme.

- Préférez-vous que je la laisse entre les mains du chevalier des Gémeaux ou du chevalier d’Andromède ?

Le poing du chevalier frappa le bureau, le pliant légèrement. Heureusement pour le directeur, son bureau avait été forgé pour résister à n’importe quel élève.

- Merci pour le choix, vraiment merci…

Ephraem se tourna alors pour se rendre jusqu’à la porte.

- Miss Holm c’est ça ? Je veux te voir demain matin, à 8h dans la salle d’entraînement. Si tu n’es pas à l’heure, tu retournes chez ta mère.

A 8h le lendemain matin, Ephraem était en train d’attendre la jeune femme, qui arriva pile à l’heure. Apparemment, elle faisait vraisemblablement partie de ces personnes qui arrivaient toujours pile à l’heure, ni avant, ni après. L’italien détailla la suédoise de la tête aux pieds. Elle portait des vêtements comme le Taureau le fait, vêtements sombres, veste de cuir et lunettes de soleil. Avec la lumière de la pièce, ses cheveux roux, tirant presque sur le rouge, paraissaient flamboyant. Ses cheveux étaient coupés assez courts, comme l’italien ne les avait jamais eu et ne les aurait jamais. Elle avait également un drôle de piercing sur l’arête de son nez, un élément qui pourrait être dangereux lors d’un combat. Mais Ephraem pouvait-il lui reprocher, alors qu’il portait lui-même une boucle d’oreille en argent ?

- Tu es à l’heure, c’est déjà un début. Avant de commencer, j’aimerai savoir comment tu t’appeles, pas envie de me faire chier avec des miss à chaque parole.

- Ma mère m’a donné le prénom d’Eirika.

La réponse était simple, sans long discours inutiles, le Saint ne pouvait en attendre mieux. Il demanda ensuite à la jeune femme quel était son pouvoir. Elle lui expliqua brièvement qu’elle avait un contrôle sur le feu et la chaleur. Le pouvoir était bien différent de celui du Taureau, mais il pouvait en faire quelque chose sans trop réfléchir. Il lui demanda donc de commencer par les bases. Si sa mère lui en avait déjà appris une partie, elle n’aurait pas de soucis pour lui faire une démonstration.

Eirika commença alors à créer de petites flammes, vacillant doucement aux bouts de ses doigts. L’italien lui demanda d’en faire une plus grande, mais rien ne se passait, énervant rapidement le Taureau.

- Tu peux me dire pourquoi je perds mon temps avec toi ? Tu n’es pas capable de faire mieux que ça ? Vraiment ridicule… tu vas pouvoir retourner chez toi…

Avec ces paroles, le suédoise fut aussi en colère que son mentor. La puissance des flammes augmenta rapidement, ainsi que la chaleur qui s’en dégageait. Ephraem eut alors un large sourire carnassier, son regard changeant complètement.

- C’est mieux, beaucoup mieux.

Maintenant qu’il pouvait voir et sentir la puissance qui se cachait dans sa disciple, l’italien pu prévoir la suite de la séance. La première étape serait de faire en sorte qu’Eirika garde sa colère, du moins pour le moment.

- Pour commencer, tu vas venir me frapper, de toute tes forces. Je veux voir ce que tu sais faire au corps à corps. Ensuite on s’occupera de ta puissance cosmique. Mais avant, frappe moi.

La jeune femme ne se fit pas prier pour attaquer son maître, ses coups se faisant parer sans problème. Elle devait faire avec les esquives de son maître, ses parades et ses blocages, qui l’énervaient davantage. Après une heure à frapper ainsi sans succès, le Taureau lui avait dit qu’elle pouvait se reposer un peu. Il lui lança une bouteille d’eau, qu’il venait de sortir d’une glacière. La fureur était pourtant toujours là, malgré que l’italien se montrait plus sympathique. La suite de l’entraînement devait permettre de voir sa maîtrise du cosmos. Eirika devait donc attaquer une nouvelle fois son maître, mais cette fois-ci en lui lança des boules de feu et autres techniques cosmiques qu’elle avait en réserve. Une nouvelle heure plus tard, sans qu’Ephraem n’ait été touché, il stoppa l’entraînement. Il donna une nouvelle bouteille fraîche et demanda à sa disciple de s’assoir.

- Quand tu m’attaques, à quoi penses tu ?

La question surpris la jeune femme, qui lui répondit simplement qu’elle pensait à le toucher.

- C’est donc ça le problème… tu dois utiliser un peu plus ta tête, ne pas attaquer pour me toucher directement, mais préparer tes coups à l’avance, pour qu’il y en ait un qui m’atteigne. Pour demain, je voudrais que tu prépares une stratégie pour réussir à me toucher, aussi bien en attaquant physiquement, qu’en attaquent cosmiquement. Même si tu n’y arrives pas, ce n’est pas grave, je jugerai tes progrès avec le temps. Il faudrait aussi que tu te trouves une activité, quelque chose qui te permet de canaliser ta colère. Par exemple, moi je fais un peu d’archéologie, je lis pas mal aussi… enfin voilà, trouve toi un truc que tu aimes et qui te détende. J’ai besoin de t’avoir au maximum de ta puissance, sans que tu sois en rogne en permanence.

Le Saint lui donna plusieurs autres conseils, pour mettre à la jeune femme de mieux se placer pendant les combats, afin qu’elle ne soit pas une cible facile pour son adversaire. Une fois les conseils terminés, l’italien laissa sa disciple reprendre sa journée normale. La Palestre n’était pas qu’un lieu d’entraînement et de combat, mais bien une école où on apprenait à vivre avec les autres, tout en suivant des cours classiques, comme dans n’importe quelle école.

Le second jour d’entraînement commençait à la même heure que le premier. Et encore une fois, la jeune femme arriva pile à 8h. Sa tenue avait changée, étant maintenant moins propre. Des pansements étaient placés sur son visage et des traces de brûlures étaient visibles sur ses bras.

- Tu t’es battu contre un autre élève ? Tu as testé ton pouvoir sur toi-même ?

La jeune femme bredouilla quelque chose que l’italien ne put entendre. Il lui demanda alors de répéter, ce qui la fit répondre furieuse :

- J’ai fait comme vous m’avez dit, j’ai cherché quelque chose pour le détendre. La lecture c’est pas pour moi, l’archéologie faut pas rêver et le yoga c’est pour les petites vieilles de trente ans.

Le Taureau attendit un peu, sachant qu’il devrait y avoir plus à raconter, surtout vu l’état d’Eirika.

- Du coup, j’ai pensé aux forgerons de la Palestre. Ce n’sont pas les meilleurs du monde, mais ils ont acceptés de m’apprendre. Avec mon pouvoir, je peux plonger l’acier dans la forge sans problème et maintenir la fusion du métal pendant plus de temps. Mais comme vous pouvez le voir, ce n’est pas sans risque…

L’italien se leva alors des marches où il était installé, pour rejoindre son apprenti.

- Parfait, si ça te plaît et que ça t’aide à te canalyser, c’est un bon point. Ca serait mieux si tu me tutoyais par contre, je ne suis pas beaucoup plus vieux que toi.

Le Saint demanda ensuite si la jeune femme s’était préparée comme il lui avait demandé. Elle acquiesça et se prépara directement à commencer l’entraînement. Son maître pouvait déjà voir que sa posture était différente de la veille. Elle n’était pas parfaite pour une attaque, mais convenait à une défense. L’échange physique commença alors, la rouquine ayant compris qu’elle devait déstabiliser son maître si elle voulait pouvoir le toucher. Comme le premier jour, l’échange se fini une heure après, sans qu’elle ne put le toucher.

Après avoir bu un peu d’eau fraîche, la partie cosmique de l’entraînement commença. Comme sur la première partie, la jeune femme avait bien compris ce qu’elle devait faire. Ephraem adorait ça, une élève qui comprenait et assimilait très vite, il avait déjà de grand projet pour elle. Mais encore une fois, la tactique de la rouquine ne put mettre en déroute son mentor. Tout comme la veille, Ephraem expliqua à la jeune femme les points qu’elle devait corriger, n’hésitant pas à la complimenter sur les progrès qu’elle avait faits. Il savait que les compliments étaient souvent plus efficaces que les reproches.

- On a fini pour aujourd’hui. Demain, on se retrouve à la même heure. Par contre, ça sera le dernier entraînement pour la semaine. Je vais devoir m’absenter un moment. Pendant mon absence, il faudra que tu continues à t’entraîner. Je dois retrouver une élève capable de me toucher, compris ?

Le sourire du chevalier était chaleureux, comme il l’avait rarement été jusqu’à maintenant. Peut-être le fait d’avoir une apprentie lui faisait plus de bien qu’il ne le croyait.

La jeune femme revint avec beaucoup moins brûlures et pansements que la veille. Ephraem en conclu qu’elle maîtrisait beaucoup mieux son occupation, car il était sûr qu’elle n’aurait pas abandonné aussi facilement. Il lui demanda donc comment se passait son passe-temps.

- Je progresse super vite, enfin c’est ce qu’ils m’ont dit à la forge. J’ai pu forger quelques petites parties d’équipement, mais rien d’extraordinaire.

Eirika sortie de son sac une épaulière, une genouillère et petit plastron.

- Les forgerons m’ont dit qu’ils seraient utiles pour les gardes, mais pas assez résistant pour les chevaliers. D’après eux, je devrais essayer d’y insuffler une partie de mon cosmos dans mes créations, pour les rendre plus résistante. Mais j’ai déjà dû mal à le canaliser, si je dois en plus en imprégner un objet, j’ai pas fini.

L’italien la rassura, lui disant que si elle prenait son temps pour maîtriser son cosmos, elle devrait pouvoir forger avec sans problème. Mais il la comprenait, lui aussi avait été aussi pressé qu’elle quand il était disciple. Ephraem était fière des progrès qu’elle faisait, mais il devait la tester une nouvelle fois.

Pendant une heure, les coups de la jeune femme foncèrent sur l’italien. Comme les deux fois précédente, rien ne se passa, jusqu’au moment où elle put enfin frapper le torse de son mentor. La frappe n’avait pas été assez puissante, mais le Taureau la félicita d’avoir réussi.

Après une pause, l’entraînement repris avec les attaques cosmiques. La jeune femme alliait parfaitement son attaque et sa défense, faisant pleuvoir des coups enflammés. Sans son cosmos, l’italien aurait surement pris plusieurs coups, mais un seul réussi à passer sa défense, à la grande joie de sa disciple.

- Parfais, tu progresses très vite. A mon retour, on devrait pouvoir faire quelques échanges, si tu continues à t’entraîner bien sûr. J’irai doucement, mais on accélèrera le rythme pour te mettre rapidement en situation de combat. J’irai aussi faire un tour aux forges, pour voir comment tu progresses de ce côté-là. Tu vas aussi pouvoir t’installer dans le second temple, les gardes te laisseront passer. Je t’expliquerai comment t’y rendre rapidement, sans passer par le temple du Bélier.

Le maître et la disciple discutèrent ainsi pendant un moment, Ephraem lui expliquant pourquoi il allait s’absenter. Elle lui fit la promesse de progresser pendant son absence, que bientôt, elle serait plus forte que lui. La jeune femme lui avoua également qu’elle n’avait que quinze ans, même si elle savait qu’elle paraissait plus vieille. L’italien eut alors un sourire étrange.

- Et moi qui pensai que tu étais en retard sur les autres. En réalité tu es en avance. Si tu te débrouilles bien, d’ici un an tu devrais pouvoir porter une armure. Peut-être pas d’or, mais une armure d’argent ou de bronze, ça devrait faire l’affaire.