Saint Seiya
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[RP récupération] Very Bad Trip
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Depuis une période de temps qu'il ne parvenait même plus à déterminer, Reagan était plongé dans le noir total, une profonde obscurité dont il ne s'était sans doute jamais extirpé. Ce n'était pas comme s'il en avait quelque chose à secouer au final, car de toute façon il ne pouvait voir plus personne et rien ne venait le déranger non plus. Bien que désespérément silencieuse, l'Américain se sentait à l'aise dans la tranquillité de cette atmosphère insondable. A vrai dire, c'était presque confortable, comme s'il était en train de dormir paisiblement à l'intérieur du ventre de sa mère. Une pensée incongrue de sa part, mais cela n'avait aucune importance étant donné qu'il était submergé par son inconscient. Pourquoi était-il là déjà ? Mieux ne valait pas s'en rappeler et continuer de sommeiller...

Soudain, l'Oiseau de Paradis sentit une piqûre glaciale pénétrer dans sa colonne vertébrale et se propager à travers l'intégralité de son corps. Une lumière aveuglante lui agressa ensuite ce qui devait lui servir de globes oculaires dans ce rêve étrange, puis il eut l'affreuse sensation de se faire arracher violemment de son repos par une force irrésistible. Quel ignoble individu osait lui infliger un tel supplice ? Qu'on le laisse en paix à la fin ! Reagan ne voulait ni se réveiller ni se rappeler de ce qu'il s'était passé ! Hélas, il n'eut guère le choix en la matière et il se remémora brutalement ce qu'il lui était arrivé : il avait subi une honteuse et retentissante défaite de la main d'un porc odorant.

Le Chevalier Noir reprit donc ses esprits en poussant un cri d'horreur, sa grande carcasse allongée sur un lit d'hôpital. Ses quatre membres emplâtrés et son corps meurtri entièrement recouvert de bandages, il était aussi relié à de nombreux tubes via des cathéters, dont un lui injectant des nutriments par intraveineuse. Le renégat évalua le reste de la situation et s'aperçut qu'on lui avait aussi fait une transfusion de sang majeure, s'il ne se trompait pas à la vue de l'énorme poche presque vidée de son liquide rouge. A l'exception de son visage endolori et de ses yeux, il était complètement paralysé et devait ainsi se contenter d'observer ce qui se déroulait autour de lui. L'avait-on à ce point réduit à un état aussi misérable ?

Visiblement, quelqu'un l'avait mis en sécurité suite à sa branlée, mais il ne se souvenait pas d'un quelconque sauveur. Qu'importe, Reagan était trop fatigué et angoissé pour s'en préoccuper, sans oublier qu'il était dans le coma durant un long moment. Il désirait juste guérir au plus vite de ses blessures et se tirer de cette chambre d'hôpital froide et aseptisée ! Résigné face à son impuissance temporaire, il s'enfonça dans son matelas et soupira avec une lassitude prononcée.

"Grmbl..."

Tout à coup, deux personnes entrèrent en trombe dans la pièce, sans même prendre la peine de toquer à la porte au préalable. Pour le premier, il s'agissait d'un médecin à en juger la blouse blanche, et pour le second d'un... zigoto déguisé en punk ? Pouvait-on avoir l'extrême amabilité de lui expliquer ce que c'était que cette connerie ? Plus que circonspect, l'Oiseau de Paradis toisa ses deux invités, le médecin affichant un grand sourire.

"Ah ! Monsieur Bradley Reagan, je ne me trompe pas ?" lui lança ce dernier. "Je constate que vous vous êtes enfin réveillé, moi et mes collègues nous nous disions justement que vous n'alliez pas tarder à retrouver connaissance."

"Grumpf..." répondit son interlocuteur, incapable d'articuler un mot et encore légèrement dans les vapes.

"Allons bon, où sont donc mes manières ? Je suis le Docteur Butcher et je me suis occupé de votre cas depuis votre arrivée dans notre prestigieux hôpital !"

"Hrm ?"

"Vous êtes dans le New York-Presbyterian Hospital pour être plus précis, monsieur Reagan. Quant à la personne qui est à côté de moi, elle est venue pour vous rendre visite. Vous vous rappelez de monsieur Blueman j'imagine ?"

Le docteur désigna poliment le voyou qui se tenait à côté de lui, en train de mâcher un chewing-gum d'une mine patibulaire. Ne l'ayant pas en mémoire, le renégat plissa les yeux et réfléchit au problème qui se posait à lui. Fidèle à son nom, l'énergumène était affublé d'une crête bleue et de tatouages faciaux de la même couleur. L'arête de son nez était décorée de trois paires de piercings en forme de pointe et ses tatouages prenaient la forme de croissants tournés vers l'extérieur. Il était aussi vêtu d'une combinaison en cuir cloutée, ouverte sur son torse musculeux et parfaitement rasé. Le gars était d'ailleurs fort costaud et mesurait approximativement la même taille que Reagan. Ses mains gantées étaient posées sur sa ceinture dans une posture désinvolte, ses rangers fermement plantées au sol.

En attendant, cela ne le renseignait pas sur qui était ce guignol, certainement pas un ami en tout cas... Quoique, sa dégaine n'était pas inhabituelle chez certains soudards de Death Queen Island, aussi pouvait-il s'agir d'un confrère. De toute façon, le Chevalier Noir ne pouvait guère protester contre la filiation qu'il avait avec ce mec dans son état lamentable. La morphine qui subsistait dans son organisme l'empêchait aussi d'exprimer toute forme de mécontentement. De son côté, le punk cessa de tirer la tronche et un rictus énigmatique se dessina sur ses lèvres. Il salua le convalescent d'un geste sobre, qui ne savait honnêtement que penser de lui en dehors des considérations esthétiques.

"Yo." lâcha finalement Blueman.
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Gorislava
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Le docteur raconta à Reagan que Blueman était l'homme qui l'avait acheminé jusqu'à leur hôpital, après avoir pris le relais d'une équipe de secours en hélicoptère. Selon ses propos, il avait été sauvé par une milice privée, sans doute les employés d'un riche particulier qui tenait à lui. Le punk faisait vraisemblablement partie de cette milice et il allait dorénavant se charger de veiller sur l'Oiseau de Paradis durant sa convalescence. L'intéressé, ses capacités intellectuelles passablement amoindries par la fatigue et la morphine, n'avait presque rien entravé de ce que le médecin racontait et dû se faire résumer la situation de manière concise : Blueman était un ami et il n'avait rien à craindre tant qu'il serait là. Néanmoins, le Chevalier Noir continua à dévisager ce prétendu "ami" avec méfiance, même si son œil torve ne parvenait à exprimer que son hébétude.

"Hé ben, il n'a pas l'air en forme le Reagan doc'." souligna discrètement le voyou à l'oreille de Butcher.

"C'est normal, nous lui avons administré une dose de morphine et il souffre encore de ses concussions cérébrales." répliqua son interlocuteur. "Autant dire qu'il aura du mal à mobiliser toutes ses facultés cognitives avant un bon moment."

"J'crois qu'il est un peu tôt pour lui faire la liste des dommages qu'il s'est ramassé..."

"En effet. Mais je me demande comment ce malheureux a-t-il réussi à se mettre dans un état pareil ?"

"Le boulot doc', notre métier est plutôt risqué et il n'a pas eu d'pot."

Le médecin fronça les sourcils d'une mine perplexe et nota sur son carnet l'évolution de la condition de son patient. Ce dernier poursuivit d'un air distrait l'observation de sa chambre et des loustics qui discutaient devant lui. Au moins il avait une chambre individuelle, ce qui allait lui éviter de souffrir la présence d'un intrus supplémentaire. Ceci étant, le dénommé Blueman n'avait pas une tronche très commode, on pouvait faire mieux pour le rassurer après la panique et la détresse qu'il avait éprouvées. En parlant de tronche, Reagan s'était aperçu en entendant des sifflements émis par sa bouche et son nez qu'il avait un soutien respiratoire. Son incapacité à tourner sa tête de droite à gauche lui laissait aussi penser qu'on l'avait flanqué d'un collier cervical. De mieux en mieux !

Leur conversation terminée, Blueman demanda à Butcher qu'on le laisse seul un instant avec le renégat avant que les infirmiers ne poursuivent les soins. Le docteur accepta sa requête et quitta la pièce, non sans saluer son patient au passage. Le punk s'installa ainsi sur une chaise au chevet de l'Oiseau de Paradis puis s'assura que personne ne les écoutait. Ayant confirmé que nul ne les espionnait, il se présenta en bonne et due forme :

"Comme le doc' vous l'a dit, m'sieur Reagan, j'me nomme Blueman. J'suis un troufion de l'Ordre Noir chargé d'encadrer vos missions et d'vous soutenir en cas de coup dur. Vous pouvez voir ça comme un éboueur ou un inspecteur des travaux finis."

Le Chevalier Noir écarquilla alors les yeux, signifiant qu'il avait réussi à capter son attention. Que ce barbare peinturluré soit un larbin de Death Queen Island ne le surprenait guère, mais une confirmation était toujours la bienvenue. Il demeurait qu'il ne pouvait pas communiquer dans son état et se demandait comment Blueman comptait-il poursuivre une conversation qui ne tourne pas au monologue. Celui-ci sembla s'apercevoir de ce risque et apporta de lui-même une conclusion à la discussion :

"Mouais... On n'va pas aller bien loin à ce rythme... De toute façon, vous devriez retrouver l'usage de la parole d'ici quelques jours. D'ici là, je m'occuperai de vous et viendrai vous voir tous les jours. J'ai aussi pas mal de choses à vous dire à titre perso, j'suis sûr que ça vous intéressera. Allez, j'me casse !"

Intrigué par ces mots, l'Oiseau de Paradis leva un sourcil et poussa un grognement interrogateur. Toutefois, le punk ne remarqua pas son expression faciale songeuse et s'en alla à son tour, des infirmiers entrant dans la chambre une fois qu'il fut parti. Le personnel médical s'empressa ainsi de changer ses perfusions et de vérifier si sa santé s'améliorait. On lui conseilla ensuite de s'endormir, ce qui était une excellente suggestion vu qu'il était encore somnolent et que de toute manière il n'avait rien d'autre à branler à part s'ennuyer ferme. Aidé par une piqûre salvatrice de morphine, Reagan piqua un roupillon et oublia ses soucis.

Une semaine plus tard, il ne pouvait toujours pas se débarrasser de l'impression d'avoir été tabassé par des ours, écrasé par un troupeau de bisons puis mâché par un requin blanc. Si le Chevalier Noir pouvait de nouveau faire usage de la parole, du moins quand il n'avait pas la mâchoire anesthésiée, le reste de son corps était loin d'être opérationnel. La journée précédente, le docteur Butcher lui avait déroulé la liste des blessures, fractures, déchirures, commotions, traumatismes, torsions et autres lésions qu'il avait subies, et celle-ci était indécemment kilométrique. Certains de ses muscles, organes, os, vertèbres et tendons avaient subi des dégâts que même les spécialistes les plus chevronnés n'arrivaient pas à concevoir. Les médecins se demandaient d'ailleurs comment cela se faisait-il qu'il soit encore vivant après un tel supplice, mais même l'Oiseau de Paradis ne pouvait se l'expliquer.

Fidèle à sa parole, Blueman vint le visiter quotidiennement histoire de vérifier qu'il aille bien et pour lui parler. Il ne disait pour le moment rien de passionnant, car il s'agissait surtout que Reagan s'habitue de nouveau à suivre une conversation et évite de se morfondre. Cependant, il était temps que ce punk révèle enfin quelles étaient ses véritables intentions à son égard. Sévèrement déprimé et amer, le Chevalier Noir n'était pas dupe : personne de sensé au sein de la Confrérie ne s'embêterait avec lui une fois réduit à l'état d'épave sans exiger une faveur de sa part. Au fond, il savait à quel point il était haï et méprisé à Death Queen Island, mais il était habituellement trop orgueilleux pour s'en formaliser.

"Qu'est-ce que tu veux de moi au juste, Blueman ?" demanda finalement le renégat éclopé d'une voix erraillée. "Tu es conscient que tu m'as à ta merci ?"

"Ouaip, mais vous buter ne m'emballe pas des masses..." avoua le voyou après un reniflement, le visage fermé.

"Et la mission, que s'est-il passé ? Est-ce que les filles ont réussi à ramener le trésor ?"

"J'sais pas, tout ce que je peux dire c'est que la p'tite asiat' est celle qui vous a chargé dans l'hélico. Je n'ai aucune info précise sur ce qu'est devenue la seconde, mais j'parie qu'elle est encore en vie, quelque part dans le monde. M'est avis qu'il vous faudra aller les interroger vous-même."

Reagan étouffa une série de jurons entre ses lèvres gonflées, ne laissant filtrer qu'un grommellement inintelligible. Dire qu'il devait sa peau à cette foutue dinde à face de citron ! Il espérait pour ce duo d'emmerdeuses qu'elles ne l'avaient pas laissé se faire démonter la figure pendant qu'elles fuyaient comme des lâches... La prénommée Yasu l'avait certes secouru alors qu'elle aurait pu l'abandonner à son agonie, mais rien ne garantissait qu'Olivia avait joué franc jeu pendant la quête. Si elles étaient parvenues à récupérer la boîte convoitée par Éris, il pouvait toutefois leur pardonner son humiliation sur ce coup-là. Mais si d'aventure ce n'était guère le cas, l'Oiseau de Paradis risquait de finir submergé par sa rancune.

"Quant à pourquoi je ne vous ai pas tué, c'est très simple : j'adore votre style !" déclara Blueman avec enthousiasme.

"HEEEEEEEEEEEEEIN ?!" mugit agressivement son vis-à-vis, persuadé qu'il se moquait de lui.

"Non, j'vous jure m'sieur Reagan ! J'adore la manière dont vous faites souffrir les gens et les massacrez, je trouve que c'est l'éclate totale ! Vous savez, à part vous, on ne sait plus s'amuser à Death Queen Island ! J'essaye de faire profil bas de mon côté, mais ça fait plaisir de rencontrer un homme qui sait jouir de ce que la vie offre de plus drôle !"

"Ah, d'accord." opina laconiquement l'estropié, assez étonné par ces paroles.

Allons bon, voilà qu'il se coltinait un taré en guise de gardien pour son séjour à l'hôpital ! Néanmoins, il n'avait pas de leçons à lui donner, car il avait conscience de son goût prononcé pour le sang et la méchanceté gratuite. N'étant pas encore satisfait par cette révélation, Reagan continua de questionner son auxiliaire de convalescence :

"Approuver ma philosophie de vie, c'est très bien, mais tu me caches encore quelque chose... Arrête de tergiverser et dis-moi franchement ce que tu veux."

"Devenir votre acolyte !" proclama avidement l'intéressé. "Je suis sûr que si on s'associe vous et moi, on peut faire des étincelles !"

"Héhéhé... BAHAHAHAHAHAHA ! Tu plaisantes j'espère ? HARHARHARHAR-"

L'hilarité du Chevalier Noir fut interrompue net par une douloureuse quinte de toux qui dégénéra ensuite en une crise d'asphyxie. Trop paniqué pour se vexer du refus apparent de son interlocuteur, Blueman appela les infirmiers afin qu'ils le stabilisent et lui évitent de s'étrangler. Le personnel médical congédia le punk, ne voulant pas qu'un invité ne les gêne durant leur travail, tout particulièrement dans des circonstances aussi fâcheuses. Visiblement, il leur fallait reporter cette discussion à un autre jour...
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Gorislava
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Deux jours après la crise d'asphyxie de Reagan, ce dernier et Blueman purent reprendre leur conversation là où ils l'avaient laissée. L'Oiseau de Paradis avait remué dans son cerveau les propos de son confrère dans l'intervalle et il n'arrivait toujours pas à comprendre pourquoi une telle idée avait germé dans son esprit malade. S'associer avec lui, et puis quoi encore ? Avant sa déculotté, le Chevalier Noir aurait pensé que nul n'était assez bien pour devenir son laquais, mais désormais son estime de soi avait drastiquement diminué. Même si le punk s'avérait être un minable, il en était au point où il doutait de valoir à peine mieux. Que pouvait-on tirer d'intéressant de la part d'une épave comme lui hormis de la déception ? Il était aussi impuissant qu'un vieillard et sa beauté était ruinée, peut-être perdue pour jamais... Toutefois, cela ne semblait pas empêcher Blueman d'insister :

"Allons m'sieur Reagan, j'vous assure que je peux vous être d'une grande utilité !"

"Ça, j'en doute." grinça vertement Reagan. "De toute manière, tu ne risques pas d’être utile vu que je ne suis plus capable de rien. A quoi bon travailler pour un oiseau aux ailes brisées ?"

"Ne dites pas ça voyons ! Vous êtes l'Oiseau de Paradis après tout, le plus beau de tous les oiseaux ! Et tel le Phénix, vous renaîtrez de vos cendres !"

"Le Phénix il est surtout emplâtré et couvert de bandages là, j'ai plutôt l'impression d'être un papillon que l'on a emboîté de force dans une chrysalide qu'autre chose..."

"Attendez, z'allez quand même pas accepter cette humiliation la tête baissée ?" s'enquit le voyou avec une pointe d'énervement dans la voix. "Si vous abandonnez maintenant, nous pouvons dire adieu à notre liberté et à notre plaisir personnel !"

Peu motivé à s'agiter, l'Oiseau de Paradis détourna le regard d'un air absent, comme s'il ne s'intéressait plus à la discussion. Néanmoins, il ne pouvait réprimer la colère qui grouillait dans ses entrailles malgré l'affliction dans laquelle son impotence actuelle le plongeait. Irrité par cette lâcheté, le punk perdait progressivement de sa cordialité et il apostropha son interlocuteur :

"Ouvrez un peu les yeux, 'tain ! Les gens disent que Death Queen Island est un repaire de parias, de renégats et de marginaux chassés par le reste du monde, mais si on n'fait rien, il n'y aura plus de place pour les mecs de not' trempe ! Il faut que la Confrérie Noire réapprenne ce que sont la liberté, les plaisirs de la vie et la beauté ! Nous devons agir avant que les bouffons à Death Queen Island qui veulent nous empêcher de trucider, piller et torturer ne nous excluent à leur tour ! Vous n'trouvez pas ça intolérable qu'ils s'payent aussi vot' tronche alors qu'vous voulez juste montrer à ces bouseux c'qu'est l'excellence ?!"

Le courroux de l'éclopé s'accroissait à mesure que son confrère vociférait, ses yeux fatigués adoptant graduellement une lueur haineuse. Il ne pouvait nier l'évidence du mépris dont il avait souffert précédemment de la part de ses deux partenaires de mission. Partout où il allait, Reagan ne voyait que le dégoût se refléter dans les regards de la populace et de ses propres collègues. Personne parmi ces médiocres ne parvenait ne serait-ce qu'à effleurer une fraction de son génie et de son élégance ! Mais pouvait-il honnêtement reprocher à ces mécréants de ne lui accorder que du dédain après sa honteuse défaite ? Tandis que le convalescent essayait de se dépêtrer du conflit entre ses émotions contradictoires, Blueman s'obstinait à le secouer :

"Il faut qu'on se serre les coudes si on veut résister à ces emmerdeurs, m'sieur Reagan ! Je serai votre héraut et nous casserons la gueule de tous ceux qui nous empêcheront de danser en rond !"

Un héraut ? L'Oiseau de Paradis préférait plutôt un faire-valoir en ce qui le concerne, un rôle qui paraissait convenir mieux au punk. Effectivement, la ferveur que mettait ce dernier dans ses paroles était certes impressionnante, mais rien ne garantissait qu'il vaille quelque chose en tant que porte-étendard et surtout en qualité de guerrier. Cette petite frappe se vantait beaucoup d'aimer le meurtre et le sang, probablement trop à son goût pour être crédible. Afin de s'assurer de ses compétences, le Chevalier Noir décida de l'interroger frontalement :

"Mon héraut, carrément ? As-tu ne serait-ce que le dixième des capacités requises pour faire honneur à ma puissance ? J'ai beau avoir essuyé une branlée magistrale, je ne suis pas non plus le dernier des abrutis, tu ferais mieux de t'enfoncer ça dans le crâne."

En réponse à cette question désobligeante, l'intéressé se contenta d'afficher un sourire carnassier et de joindre ses mains. Il baissa ensuite la tête et prit une mine renfrognée, comme s'il était à la fois extrêmement furieux et concentré. Subitement, ses globes oculaires se révulsèrent, ajoutant ainsi plus d'horreur à son expression faciale. Un cosmos sinistre commença alors à irradier de son corps et à s'élever lentement, jusqu'à atteindre l'intensité d'un brasier. Ce niveau d'énergie n'était guère exceptionnel en soi, mais il était clair que Blueman n'était pas non plus n'importe quel sbire. Reagan pouvait éventuellement considérer sa candidature en tant qu'acolyte, mais il avait d'autres questions à lui poser dans le domaine martial.

"Pas trop mal." concéda-t-il. "Sais-tu faire du catch sinon ?"

"J'pratique le pancrace et la lutte gréco-romaine perso, mais j'ai aussi des notions en catch, ouais. J'ai entamé 'y a pas longtemps un entraînement pour apprendre les bases d'ailleurs !"

"Hum... On verra ce que tu vaux réellement une fois que je serai sorti de l'hôpital. Si tu veux vraiment bosser avec moi, il me faudra te tailler pour être mon tag-partner, autant dire que tu devras apprendre à coordonner tes mouvements avec les miens."

"No problemo patron ! J'peux vous appeler patron au fait ?"

"Pour l'instant, tu fais comme tu veux..." soupira le renégat après un silence interloqué.

Satisfait par le succès de sa requête, le punk se mit à se frotter les mains et à ricaner telle une hyène. De son côté, l'Oiseau de Paradis s'assoupit et tomba finalement dans un profond sommeil. Ce long échange verbal qu'il avait entretenu avec Blueman l'avait complètement lessivé, son organisme demandant encore des efforts conséquents ne serait-ce que pour réfléchir et parler à un rythme aussi soutenu. Conscient qu'il ne pouvait pas aller plus loin dans l'immédiat, le voyou se leva de son siège afin de quitter la chambre, mais il fixa durant une minute son nouveau maître au préalable. Un rictus mystérieux se dessina sur sa figure rugueuse et tatouée, puis il partit dans un cliquetis métallique.
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Pendant plusieurs jours, Reagan et Blueman discutèrent de Death Queen Island ainsi que de leurs affaires respectives. Apparemment, la WWE avait été prévenue par les services de la Confrérie Noire que Bloody Hawk ne serait pas disponible avant un bon moment. De toute façon, la fédération n'avait pas le cran de le licencier pour absence prolongée, car ses cadres avaient la trouille à l'idée de la crise de nerfs que leur employé risquerait de piquer face à pareil affront. Quant au directeur de l'hôpital, celui-ci répondait aux ordres des Black Knights et veillait à ce que son personnel médical ne se mêle pas trop de leurs histoires. Autant que les médecins et infirmiers sachent, l'Oiseau de Paradis n'était qu'un patient comme un autre, bien que très fortuné, et non un Éveillé retournant d'une mission ratée pour le compte d’Éris. Au moins, ses arrières étaient couverts et la Confrérie Noire assurait efficacement son emprise sur New York.

Quand les deux hommes n'étaient pas engagés dans une conversation, ils regardaient durant des heures des retransmissions des combats organisés par la WWE sur le téléviseur de la chambre. Reagan tenait absolument à développer la culture du punk en matière de catch avant de se décider à l'accepter en qualité d'assistant. S'il voulait réellement lutter à ses côtés, Blueman devait impérativement maîtriser le sujet et nourrir une passion brûlante pour ce noble art. Jamais le Chevalier Noir n'acceptera qu'un individu puisse utiliser le même style martial que lui sans détenir la motivation et le respect adéquats. Ce n’était pas parce qu’il admettait des racailles auprès de lui qu’il les autorisait à se torcher avec ses exigences esthétiques ! Au cours de ces séances de visionnage, Reagan enseigna notamment à son futur laquais à quel point il était important de prendre la pose, ainsi que de continuellement chercher à améliorer une prise afin de la rendre toujours plus mortelle et toujours plus classe.

Toutefois, son séjour à l'hôpital le rendait aussi de plus en plus irascible au fur et à mesure qu'il regagnait des forces et que ses doses de morphine diminuaient. La situation de dépendance extrême dans lequel son état l'avait contraint le révoltait, surtout quand il était obligé de compter sur des inconnus pour l'aider à se soulager. Une fois qu'il serait sorti de cet endroit, quelqu'un devait forcément payer pour cet outrage à sa fierté. L'Oiseau de Paradis n'avait plus envie de déprimer, ce qu'il désirait le plus était la vengeance contre ceux qui l'avaient réduit à l'infirmité, même s'il devait faire souffrir des innocents pour calmer sa frustration. En attendant, il préférait largement insulter avec virulence le personnel médical au moindre écart, même si parfois il se permettait d'injurier les infirmiers sans aucune raison. Blueman ne tentait guère de le tranquilliser lorsqu'il explosait de rage, préférant patienter jusqu'à ce que son patron se fatigue.

Le directeur de l'hôpital et le voyou faisaient aussi en sorte que le Chevalier Noir soit constamment approvisionné en nutriments et ceci en grande quantité, son organisme surhumain dépensant énormément d'énergie afin de guérir. Néanmoins, les dommages étaient tels qu'ils requéraient plus que des fluides par intraveineuse pour les résorber : il fallait notamment vérifier de manière régulière que ses os soient en place et lui faire endurer un programme de réhabilitation physique. Hélas, ce n'était pas prêt d'arriver tant les fractures, les déchirures et autres lésions qu'on lui avait infligées étaient sévères. Même si son métabolisme augmenté au cosmos récupérait plus vite que la moyenne, il y avait des limites que son corps ne pouvait pas encore franchir.

Finalement, après une énième plainte de Reagan sur sa piètre condition, Blueman comprit que les choses allaient devenir intolérables pour le personnel si rien n'était fait. Il profita ainsi d'un moment où le renégat estropié était moins agité et exécrable que d'habitude pour lui proposer une solution particulière. Le punk n'était pas certain que cela allait fonctionner, mais il n'avait guère d'autre choix à part attendre.

"Si ça vous intéresse patron, j'ai une méthode qui pourrait vous aider à vous rétablir." annonça-t-il donc au convalescent. "Vous connaissez les points vitaux de restauration ?"

"De quoi tu me parles ?" maugréa son vis-à-vis.

"C'est un truc qu'j'ai appris auprès d'un mec qui a raté la sélection pour devenir Bronze Saint... En gros, 'faut frapper les points vitaux qui correspondent à vot' constellation protectrice, c'qui devrait vous soigner de c'que j'ai pigé."

"Ça marche au moins cette arnaque ?"

"J'sais pas, vu qu'mon délire c'est plutôt d'buter les gens et pas d'les soigner, j'ai jamais essayé."

"Grumpf... De mon côté, je crois déjà avoir entendu causer de cette fable, mais rien de plus. Ecoute, je suppose que l'on peut toujours tenter le coup..."

"Pas d'problème patron !"

Sur ces paroles, Blueman craqua les jointures de ses doigts et scanna le physique de Reagan de la tête aux pieds. De ce qu'il avait compris, il devait frapper rapidement au niveau du torse et du ventre tout en évitant de se tromper de points de pression. Ce serait fort dommage de faire exploser son chef alors que ce dernier venait de l'embaucher il n'y a pas si longtemps. Les échauffements effectués, le punk prit une profonde inspiration et se concentra sur sa cible. Un silence pesant s'installa entre les deux individus, comme s'il présageait d'une tempête à venir.

Subitement, Blueman asséna quatre coups au pectoral et à l'abdomen de Reagan à une vitesse fulgurante grâce à son index. L'instant suivant, le Chevalier Noir sentit une décharge électrique parcourir son système nerveux et se raidit instinctivement, incapable d'exprimer la douleur foudroyante qui l'avait saisi. Ses veines et ses nerfs apparurent à fleur de peau pendant quelques secondes avant de s'effacer, puis il parut s'apaiser. Il eut ensuite l'impression qu'une bulle de chaleur gonflait à l'intérieur de sa poitrine, pour éclater juste après et se répandre dans son organisme telle une vague. C'était comme si une force prodigieuse avait jailli en lui et enveloppait son être tout entier.

Cependant, l'Oiseau de Paradis remarqua qu'il ne pouvait toujours pas bouger et que ses blessures étaient toujours présentes. L'air perplexe, il se demandait intérieurement si cette opération avait vraiment eu un effet sur lui. Si cela n'avait servi à rien, ce serait quand même très décevant, en plus d'ajouter une preuve supplémentaire de la bêtise de son larbin. Comme il était toutefois préférable de s'en assurer, Reagan questionna directement son auxiliaire tatoué :

"Et maintenant, il se passe quoi ? Je suis toujours cloué à ce maudit lit !"

"C'est censé booster votre métabolisme patron, pas vous soigner d'un coup." professa le punk, bien que lui-même incertain face à sa propre affirmation.

"Ben voyons... Au moins je n'ai pas eu à me faire injecter de la morphine pour calmer ma douleur, c'est déjà ça."

"Dans ce cas, j'pourrais vous piquer un peu d'morphine ?" s'enquit Blueman, l'œil gourmand. "Si vous n'en n'avez plus besoin, moi j'prends..."

"Quoi ? Mais non ! Elle n'est pas faite pour te droguer, espèce de crétin !"

Le punk ricana tandis que le Chevalier Noir le fusillait du regard, peu réceptif à ce genre de plaisanteries. Quoiqu'il en soit, ils ne pouvaient rien faire de plus pour accélérer le rythme de récupération du renégat. Selon le docteur Butcher, il fallait au minimum six mois au patient pour être libéré de l'hôpital dans des circonstances normales, mais les capacités cosmiques d'un Éveillé permettaient un rétablissement plus rapide. Si la technique de pression des points vitaux avait correctement fonctionné, une bête de foire telle que Reagan devrait pouvoir sortir d'ici environ un mois. Seul le futur pouvait dire s'il allait s'extirper de ce pétrin et mettre un jour en œuvre sa terrible vengeance.
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