Saint Seiya
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[Frontline] Mad Science : the Beginning
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Il s'était acquitté de sa tâche avec le plus grand zèle lors des semaines ayant suivi l'incident avec Oblivion ; d'aucuns auraient même pu dire qu'il se plongeait à corps perdu dans son travail vu l'effet sur sa santé. Pas assez de sommeil ni de nourriture, trop de caféine et de temps passé enfermé dans un laboratoire sans jamais voir la lumière du soleil. Certains collègues s'en étaient inquiétés ; il avait simplement rétorqué que ce n'était rien comparé à ce que subissaient les cobayes de leurs expériences. Feuerbach par contre avait approuvé, disant que son assistant commençait enfin à prendre les choses au sérieux puis avait de suite nuancé sa position en le forçant à prendre davantage soin de lui-même, arguant qu'il était normal pour les chercheurs des Agences d'être surmenés mais qu'il était inacceptable qu'ils se mettent à faire des erreurs à cause de quelque chose d'aussi trivial que la fatigue.

Il avait donc légèrement relâché la pédale et s'était remis à trimer à un rythme un chouïa plus raisonnable. Il analysait des prélèvements de sang et de liquide céphalo-rachidien à longueur de journée, s'occupait du calibrage et de la maintenance des Timur, cartographiait l'activité cérébrale des sujets de test, était présent parmi les équipes médicales quand il fallait rapiécer ces mêmes sujets, faisait passer les tests physiques et parapsychiques, conduisait des entretiens, suggérait et mettait en œuvre des protocoles expérimentaux... Il collectait, organisait et recoupait des quantités croissantes de données, les synthétisait et les mettait en relation avec chacune de leurs hypothèses, partageait ses résultats et observations avec ses homologues des autres sites, recevant les leurs en retour et les ajoutant au corpus...

Dix-sept éveillés à l'issue des trois mois de l'expérience sur une centaine de cobayes : trois niveaux 2, quatorze niveaux 1. La précédente itération en avait produit quinze ; un net progrès donc. Seize pour le site himalayen, quatorze pour Gobi, de nouveau seize en Amazonie, seulement onze en Islande, un surprenant dix-huit pour ceux du Danakil... aucun niveau 3 dans le lot mais l'alliance devrait pouvoir remplacer ses agents éveillés perdus au cours de la tourmente qu'avait été l'année passée, voire même mettre sur pieds de nouvelles équipes. Bonne nouvelle pour elle, moins bonne pour les mercenaires dont l'utilité comparative décroissait en conséquence. Raison de plus pour se bouger afin d'obtenir cette promotion au plus vite.

L'expérience avait fourni des éveillés en nombre suffisant pour approcher un semblant de signification statistique ; l'allemand se plaignait toujours mais ils arrivèrent néanmoins à isoler quelques éléments récurrents. Des corrélations furent prudemment établies entre certains facteurs environnementaux et les types de pouvoirs reçus par les sujets, corrigées par la prise en compte de déterminants psychologiques un peu mieux compris. Des liens furent postulés entre les différents stimuli sensoriels en résultant et le processus de formation de types précis de circuits neuronaux. Des hypothèses furent formulées quant aux mécanismes physiologiques à l'origine du phénomène, les schémas d'activité cérébrale et les stimulations électrochimiques furent scrupuleusement disséqués et l'on proposa plusieurs façons de les reproduire via les instruments à leur disposition – des pistes furent également lancées pour la conception de nouveaux outils – afin de produire encore plus d'éveillés lors des prochaines itérations, de mieux guider le développement de leurs facultés... Les contributions du Dullahan concernant l'influence de certains neurotransmetteurs et hormones ainsi que le degré de stimulation des nocicepteurs maximisant les retours du système nerveux périphérique sans pour autant compromettre le fonctionnement de l'encéphale, quoique plus modestes que celles de son supérieur – il fallait lui reconnaître ça, Feuerbach était une sommité dans son domaine doublé d'un bourreau de travail –, furent notées.

Ils n'auraient pas de réponse définitive à leur question cette fois-ci mais ils avaient bien avancé : le teuton pensait qu'ils arriveraient à consolider leurs hypothèses en une réelle théorie scientifique d'ici trois à cinq ans à raison d'un minimum de quatre itérations annuelles de l'expérience avec un effectif équivalent ou supérieur. Et le travail du français ayant été jugé « acceptable », il avait finalement reçu cette fameuse promotion ainsi qu'une nouvelle affectation !

Il ne tarda pas à déchanter. Le vol retour depuis la Chine se fit dans un nouvel avion sans hublot dont il ne fut autorisé à descendre que pour prendre aussitôt place dans une voiture également dépourvue de fenêtres qui le mena dans une énième base souterraine. S'ensuivirent plusieurs jours d'interrogatoires de sécurité poussés ainsi que d'entretiens visant à évaluer ses connaissances et de tests pratiques où il lui fallut démontrer derechef ses compétences en chirurgie, maniement de drogues, d'outils informatiques, d'équipements médicaux sophistiqués... Apparemment la recommandation de Feuerbach n'était pas suffisante et FIRMAMENT voulait une deuxième opinion.

Le docteur Cantor avait cependant dû être jugé à la hauteur puisqu'il se réveilla un jour dans une chambre différente de celle dans laquelle il s'était endormi le soir précédent – ou plutôt « celle dans laquelle il s'était endormi la dernière fois », on perdait la notion du temps sous terre et il ne savait pas pendant quelle durée il avait anesthésié pour le transport – et que les gardes lui assurèrent qu'il n'avait pas été fait prisonnier dans l'attente d'être torturé ou exécuté. Deux heures pour se rendre présentable, vérifier que les symptômes de son sommeil forcé s'étaient entièrement dissipés et manger un morceau puis ils le guidèrent à travers un dédale de couloirs identiques, de portes blindées et d'ascenseurs descendant toujours plus bas. Une silhouette connue l'attendait à la sortie du dernier.

« Merci messieurs, je prend le relais. » déclara le professeur Rosenberg.
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Les blouses blanches du personnel qu'ils croisaient de temps à autre au fil de leur progression étaient la seule indication qu'ils devaient se trouver dans un laboratoire ; il faudrait un sacré sens de l'orientation pour parvenir à se repérer dans ce labyrinthe de passages sinueux. Des cloisons opaques dissimulaient ce qui se trouvait dans les salles devant lesquelles ils passaient, elles-mêmes uniquement marquées d'un numéro et d'un texte que le français était incapable de déchiffrer, n'ayant pas encore reçu la clé de décryptage nécessaire – même si son guide lui avait remis une nouvelle carte d'identification à conserver en permanence sur sa personne.

« J'espère que vous ne vous formaliserez pas de nos manières quelque peu cavalières. » dit le professeur, comme si c'était une option. « Vous n'êtes avec nous que depuis quelques mois après tout, normalement nous attendons davantage avant d'intégrer un nouvel arrivant au projet seulement l'urgence de notre situation nous force la main. »

Le prétendu docteur traduisit mentalement : il n'était pas censé être là mais les pontes pensaient qu'il pouvait se rendre utile et ils le garderaient à l’œil avec une vigilance toute particulière pour s'assurer qu'ils n'avaient pas fait une erreur.

« Il y en a beaucoup, des collègues dans la même situation ? »

« Il y a eu un certain nombre de transferts, notamment dans le cadre de la politique de rapprochement et d'échange entre les Agences mais vous faites partie des tout premiers employés de nos partenaires du privé à rejoindre le projet. Il n'y en a qu'un seul autre pour le moment. »

Un seul autre scientifique en provenance des rangs des marchands de mort ? Voilà qui était surprenant, ils ne regardaient pas à la dépense pour recruter les talents, il se serait attendu à plus... L'avantage d'avoir travaillé avec des niveaux 5 sans doute – une fois, juste une fois il aimerait pouvoir se dire qu'il avait accompli quelque chose sans tricher –, même si cela risquait d'attirer encore plus l'attention sur lui. Au moins il n'était pas tout seul, là ça aurait vraiment eu l'air suspect... Non, il ne fallait pas penser comme ça : si FIRMAMENT se montrait aussi sélective c'est qu'il s'agissait d'un projet majeur, exactement ce qu'il était là pour observer. Il avait touché le gros lot, la pression allait avec et il était de son devoir de la supporter.

« Ça a dû faire grincer des dents en haut lieu. »

« Vous n'imaginez même pas ; c'est bien pour cela que toute communication entre vous et votre précédent employeur est entièrement proscrite à partir de maintenant. »

Le Spectre acquiesça. C'était l'évidence-même, ce n'était pas la première fois qu'il était tenu à la plus grande confidentialité sous peine de sanctions immédiates et potentiellement létales. Le flicage auquel ils étaient soumis en permanence était efficace : il avait déjà vu un technicien de chez Carlson se faire appréhender par la sécurité en plein milieu de la journée pour une bête histoire d'e-mail. Plus personne n'avait revu l'homme pendant une semaine et lorsqu'il était finalement réapparu, il avait été relégué aux tâches les plus subalternes et semblait avoir peur de tout, y compris de son ombre. Le voisin de Rogos l'avait alors averti que celui-là avait eu de la chance, qu'il n'avait commis qu'une faute relativement mineure.

Ils arrivèrent devant une porte différente des autres, au bout d'un large couloir : premièrement, elle était protégée par une unité complète de huit soldats qui devaient avoir bien du mérite à monter la garde pendant des heures avec ces exosquelettes. Deuxièmement, ces soldats étaient accompagnés d'une paire d'énormes robots vaguement arachnoïdes, leurs pattes munies de larges boucliers fournissant des positions de tir mobiles à leurs équipiers humains tandis qu'elles se chargeraient elles-mêmes de transformer d'éventuels intrus en charpie avec la paire de mitrailleuses lourdes qu'elles exhibaient chacune. Troisièmement, le battant métallique était marqué d'un symbole complexe, un enchevêtrement de formes géométriques et d'inscriptions ésotériques irradiant un éclat bleuté. Soldats surarmés, machines de guerre et barrière thaumaturgique, sans compter toutes les autres mesures de sécurité que ses yeux ne pouvaient voir ? Qu'est-ce qu'il y avait de si important derrière cette porte ?

Le Spectre s'efforça de ne pas avoir l'air nerveux alors que les gardes se déployaient de façon à pouvoir le trucider sans risquer de se tirer dessus les uns les autres tandis que le scientifique grisonnant se pliait à toute une ribambelle de vérifications d'identité. La porte s'ouvrit et... encore un couloir ? Décidément... mais il se rendit compte en se hâtant à la suite de son supérieur qu'il s'agissait encore d'une énième mesure de sécurité, le passage tournant rapidement à peine quelques mètres derrière pour ne pas offrir une ligne de tir facile à des envahisseurs qui parviendraient à triompher des défenseurs. Une fois le coude franchi, ils tombèrent sur un espace de travail plus normal, plusieurs rangées de pupitres où étaient assis une vingtaine d'hommes et de femmes concentrés sur leurs écrans d'ordinateurs. Quelques plantes vertes et œuvres d'art accrochées au mur décoraient les lieux, des portes de dimensions plus raisonnables donnaient apparemment sur des bureaux, il vit même une salle de pause tout à fait ordinaire avec distributeurs et tables de billard...

« Il y a même des dortoirs, une cuisine, des salles de bain... » intervint Rosenberg alors que son nouveau subordonné regardait partout autour de lui. « Une fois affectés à ce niveau, beaucoup de gens préfèrent vivre sur place pour ne pas avoir à faire l'aller-retour jusqu'à la surface en passant les checkpoints à chaque fois. »

Il n'était pas près de respirer un peu d'air frais alors ; pas grave, il avait l'habitude de jouer les troglodytes. Quelqu'un apostropha son guide : « C'est la nouvelle recrue ? »

« En effet. Je vous présente le docteur Cantor ; vous aurez le temps de faire connaissance avec tout le monde plus tard mais je dois d'abord vous expliquer en quoi consiste notre travail. »

Rogos serra tout de même la main de l'homme, qui se présenta comme étant le docteur Michaels et eut l'amabilité de lui offrir un avertissement un peu trop imprécis à son goût : « Je vous préviens, ça fait un choc mais on s'y fait. Bon courage et bienvenue parmi nous. »

« Merci. » eut-il tout juste le temps de répondre avant que son aîné ne lui fasse signe d'avancer avec sa main mécanique. Une minute plus tard et ils étaient de retour dans un couloir sans couleurs ni fioritures menant à un nouvel huis renforcé, marqué d'un sceau plus élaboré encore que celui de la première porte. Cependant, au cœur de ce symbole-ci se trouvait une ligne de texte qui ne luisait pas, une simple indication sans fonction mystique.

02 – חכמה

Cette porte-ci s'ouvrit automatiquement à leur approche et Rosenberg invita poliment Rogos à entrer en premier, ce qu'il fit. Il fut immédiatement pris de vertiges et une sensation glacée inexplicable s'insinua jusqu'au plus profond de son être ; seule certitude, elle n'avait rien à voir avec la température.

« Vous faites désormais partie du projet Tetragrammaton. Félicitations. »
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C'était comme entrer dans un autre monde, à la fois semblable à et différent de ce qu'il ressentait quand son Surplis lui faisait traverser les plans d'existence. Ils se trouvaient dans une spacieuse salle circulaire dont le centre était occupé par une énorme machine où étaient reproduits le numéro et les caractères inscrit sur la porte, un pilier massif dont il ne pouvait deviner la fonction, tout en panneaux garnis de multiples diodes lumineuses et câbles s'enfonçant dans le sol et le plafond. Autour de cet amas, un cercle de ce qui rassemblait à des autels métalliques surélevés. Le sol était transparent et laissait voir la profusion de câbles rayonnant du centre, couvrant chaque centimètre carré sans laisser le moindre vide.

À y regarder de plus près, chacun de ces câbles semblait couvert de symboles et inscriptions occultes. Non, pas que les câbles : c'était également le cas du pilier central, du plafond et des murs. Les sceaux qu'il avait pu voir auparavant avaient l'air de gribouillis d'enfants face à la complexité de ces entrelacs ésotériques. Une douzaine d'alphabets s'y mêlaient, au bas mot : il lui sembla reconnaître des équations mathématiques côtoyant hiéroglyphes et runes nordiques, écriture cunéiforme et pictogrammes précolombiens, sans oublier du latin, du grec, de l'arabe, de l'hébreu, du chinois, de l'allemand, du sanskrit et d'autres encore qu'il n'aurait su nommer. Les figures géométriques pouvaient être gigantesques, englobant toute la salle ou si minuscules et détaillées qu'elles avaient dû être gravées au laser. Elles rappelaient mille et un motifs familiers selon l'observateur : un mathématicien se serait perdu dans la contemplation de ratios particuliers, de structures fractales ou d'ombres de solides existant en plus de trois dimensions, un astrophysicien aurait remarqué celles basées sur le mouvement ou la composition des corps célestes, un chimiste celles rappelant l'organisation d'un atome ou d'un cristal, un ingénieur aurait vu un circuit et ses composants transportant une forme d'énergie inconnue... Rogos était un spécialiste du vivant et ses yeux discernaient tout ce qui formait une cellule, de la molécule d'ADN dans son noyau à la membrane en passant par les organites et protéines. Il voyait le tracé d'un système nerveux, sanguin, lymphatique. Ganglions, os, organes...

Il avait mal au crâne. Les caractères émettaient une luminescence argentée, faible mais omniprésente, bannissant toute ombre de cette pièce. Et bien sûr il y avait ce cosmos tout aussi omniprésent, un cosmos qui n'en était pas un car identique à celui des Timur. Vidé de toute trace d'humanité ou même de bestialité, contre-nature. Il était arrivé à une comparaison pour décrire le cosmos, en Chine : les auras étaient semblables à l'eau provenant de différentes sources, distinguées les unes des autres par leurs impuretés. L'aura d'un Timur, comme celle à laquelle il était soumis en ce moment, était pareille à de l'eau chimiquement pure : 100% H2O, pas de micro-organismes en suspension, de minéraux, de gaz atmosphériques ou d'autres molécules ou atomes dissous, pas même d'ions H3O+ ou HO- nés de la réaction du liquide avec lui-même... une pureté parfaite qui n'existait pas à l'état naturel et devait être produite en laboratoire.

Une main lui tapota l'épaule, le ramenant à la réalité. Il s'était figé sur place sans s'en rendre compte et sa respiration s'était dangereusement accélérée.

« Ne vous en faites pas, ça fait toujours cet effet la première fois, ça s'arrange ensuite. Ce lieu n'est... pas tout à fait en phase avec l'extérieur, d'où cet inconfort. Essayez de ne pas faire attention aux motifs – et non ce n'est pas de la paréidolie, ces structures sont intentionnelles –, ça aide. »

Il hocha la tête, s'efforçant de maîtriser une sueur froide alors que son guide paraissait parfaitement à l'aise et pria pour que sa réaction n'ait pas été trop extrême du fait de son sixième sens. Depuis le temps, il s'était accoutumé aux Timur et à leur énergie vide, artificielle. Ce cosmos-ci n'était même pas particulièrement puissant, il devait y avoir un autre phénomène à l’œuvre.

« Quel est cet endroit, professeur ? »

« Vous vous trouvez au cœur de la deuxième cellule de Tetragrammaton, un instrument créé conjointement par les Départements R&D et Recherches Occultes. Nous nous en servons pour mener de nombreuses expériences sur les facultés parapsychiques et leurs applications ; certaines technologies que vous avez déjà utilisées sont dérivées de travaux menés à l'aide de cet outil. »

Rosenberg se remit en marche en direction du pilier central et le plus jeune scientifique lui emboîta le pas jusqu'à ce qu'il s'arrête à côté de l'un des autels... Ou plutôt sarcophages, des compartiments médicalisés abritant chacun un être humain inconscient. L’Étoile Terrestre vit que leur système nerveux était directement raccordé à la machine, une intégration certainement assistée par les marquages occultes à l'intérieur du cercueil ou tatoués à même la peau des sujets. Une fusion supérieure à celle du Timur qui effaçait pourtant déjà toute trace de leur identité, transformant ce qui était autrefois une personne en un simple composant biologique tout juste bon à servir de processeur et de générateur de cosmos. Les Agences russe et américaine avaient donc eu la même idée ; les grands esprits se rencontrent...

« Ils sont treize ici et il y a dix autres cellules comme celle-ci. » l'informa son supérieur, devançant la prochaine question. « Le système est basé sur la synchronisation et la résonance assistées entre les auras de ces éveillés afin d'aboutir à un supercerveau biocybernétique en réseau. »

Rogos digéra le jargon et sa signification. 143 éveillés placés dans un coma éternel, reliés par la technologie, par la magie et par leur propre cosmos comme des pièces d'une unique machine. Des cerveaux connectés les uns aux autres tels des ordinateurs au sein d'un supercalculateur. Il devait se convaincre que c'était le même principe de base que ce que faisaient déjà les Timur, juste... plus poussé. Il avait appris à vivre avec, les pontes avaient dû le choisir au moins partiellement parce qu'il avait l'estomac bien accroché et il fallait qu'il se montre à la hauteur...

Une interrogation pour oublier au moins temporairement cette sensation de froid et ces nausées qui refluaient bien trop lentement. « Pourquoi ne pas les regrouper tous au même endroit ? »

« Par sécurité tout d'abord. Et ensuite parce que chaque cellule a une fonction bien particulière au sein du système, une spécialité. La structure thaumaturgique, les types d'éveillés et de machines diffèrent. »

La porte d'entrée s'ouvrit, laissant passer un duo de chercheurs qui saluèrent silencieusement Rosenberg sans pour autant l'aborder. Ils se dirigèrent vers un sarcophage à droite du leur, examinèrent les informations affichées sur l'écran intégré à l'appareil puis ouvrirent une trappe sur le dessus et s'attelèrent à remplacer ce qui devait être l'équivalent d'une perfusion pour son pensionnaire. Le cavalier sans tête les regarda faire.

« Quelle est la spécialité de cette cellule-ci ? »

« Numéro 2 nous sert à étudier le cerveau humain lui-même : nos travaux ont des applications dans les domaines de la médecine, de la psychologie, de l'informatique... Elle centralise et traite également les données en provenance des autres cellules, c'est un peu le cerveau principal. Non qu'elle soit plus importante que les autres : dans cette analogie, Numéro 1 serait le cœur, l'estomac ou les poumons, Numéro 3 les yeux et les oreilles, Numéros 4 et 5 les bras et les jambes... »

Complémentaires à la manière des organes d'un être vivant. Il commençait à comprendre ce qu'on attendait de lui.

« Donc je suis là pour continuer ce que je faisais avant, participer aux recherches sur l'origine cérébrale des facultés parapsychiques et à l'amélioration de l'intégration des composants biologiques au système... C'est bien ça ? »

« Entre autres ; nous avions également besoin d'un biochimiste supplémentaire mais Rivera a tendance à les monopoliser et le reste s'en va généralement travailler sur d'autres cellules. Cela dit, vu ce que vous êtes parvenu à faire pour monsieur Al-Aswad avec les moyens limités à votre disposition, nous fondons de grands espoirs sur votre contribution. »
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Rosenberg continua de lui faire faire le tour du propriétaire pendant quelques minutes, décrivant à son jeune collègue les grandes lignes du fonctionnement de la cellule et de Tetragrammaton en général. Les quantités de ressources, savoirs et savoirs-faire investies dans le projet étaient monumentales. Chaque unité spécialisée était construite autour de treize éveillés ayant subi un conditionnement spécifique, un niveau 3 et douze niveaux 2. Chacune d'elles comprenait également un superordinateur et diverses machines – réacteurs chimiques pour Numéro 6, panoplie d'instruments de mesure ultrasensibles pour Numéro 3 et même un accélérateur de particules pour Numéro 1... – mais Numéro 2 disposait d'une puissance de calcul supérieure à celle de toutes les autres cellules réunies : le pilier qu'il avait devant les yeux ne représentait que la partie émergée de l'iceberg, l'ordinateur dans son ensemble occupait la plus grande partie du complexe. Ces ressources informatiques colossales étaient mises à profit pour mener des simulations de grande envergure et traiter les données d'expériences scientifiques en provenance de tous les laboratoires de FIRMAMENT – et des autres Agences maintenant qu'elles avaient rejoint le projet. Le système avait d'ailleurs été – et continuait d'être – amélioré par l'addition de savoirs et technologies étrangers quand ces derniers étaient plus performants que la variante américaine. Les britanniques avaient ainsi modifié la matrice thaumaturgique alors que les japonais jouaient de leur expertise en matière d'électronique et de programmation. Les russes contribuaient principalement dans le domaine médical, complétés par les chinois et leur plus grande compréhension du fonctionnement du cerveau des éveillés. Les français apportaient tout un assortiment de machines à la pointe de la technologie conventionnelle, notamment dans le champ des hautes énergies tandis que les iraniens offraient leurs conseils relatifs aux matériaux cosmiques.

Quel bel exemple de collaboration internationale... et quel dommage qu'il ait fallu la menace de l'annihilation de l'espèce humaine pour les persuader de mettre leurs différends de côté. Quoi qu'il en soit de la pureté de leurs motivations, les organisations secrètes utilisaient ces outils pour repousser les frontières de la science. Grâce au cosmos, il était possible de mener des expériences dont le coût se chiffrerait en centaines de millions, voire milliards de dollars en temps normal pour un prix dérisoire et à plus grande échelle ou de produire des phénomènes tout bonnement impossibles à obtenir avec les outils actuels...

Tout cela était décidément fascinant. Le français serait bien resté encore un peu pour examiner les sarcophages et leurs occupants maintenant que son malaise commençait à s'apaiser mais hélas, le devoir appelait son aîné ailleurs.

« Vous êtes en retard. » fit une jeune fille qui rentra dans la salle les bras chargés de dossiers ; elle s'approcha du professeur qui la surplombait de toute sa hauteur et lui refourgua la pile de paperasse. L’Étoile Terrestre l'observa avec curiosité : elle devait avoir quelques années de moins qu'Oblivion et à en juger par l'extrême pâleur de son teint, elle faisait partie des résidents du complexe pour qui la lumière du soleil n'était qu'un lointain souvenir. Qu'est-ce qu'une gosse faisait dans un laboratoire gouvernemental top-secret ? Ses vêtements apportaient la réponse la plus probable : elle portait l'uniforme gris rappelant une tenue médicale des sujets de test des Agences et son badge d'identification ne comprenait qu'une désignation alphanumérique. 02–ב, différent de ce à quoi il était habitué mais chaque Agence – voire Département ou Bureau dans certains cas – avait son propre système de classement ; un de plus ou de moins à retenir...

« Ah oui, la réunion. Au moins je n'aurai pas à repasser par le bureau, merci. » répondit Rosenberg en regardant sa montre, l'air ennuyé. Rogos se résigna à être refilé à un guide de substitution puisqu'il venait tout juste d'arriver et ne savait pas où il devait se rendre ensuite ; son aîné pensait apparemment à la même chose mais après vérification, les deux chercheurs croisés plus tôt étaient déjà repartis. Il se dirigea vers la sortie avec un soupir, les deux plus jeunes individus suivant derrière lui. « Quelqu'un d'autre est disponible pour s'occuper du docteur ? »

« Non. »

« Évidemment. Tu peux t'en charger ? »

« Oui. »

« Excellent, je vous laisse. Beth, essaye d'être polie avec le nouveau. »

Sur ces mots soudains et sans laisser au français le temps de protester, le professeur l'abandonna en compagnie de la gamine qui... avait certes ralenti le pas mais ne s'était même pas arrêtée de marcher, ça commençait bien. Il accéléra pour la rattraper puis cala son allure sur la sienne.

Beth:

« Vous êtes avec les Kihara. » l'informa-t-elle finalement après un long et embarrassant silence émaillé de tentatives avortées d'engager la conversation de la part du Dullahan – il avait essayé de se présenter mais Rosenberg avait déjà dévoilé son nom à elle et elle ne jugeait apparemment pas utile de le répéter ; de mieux en mieux... Amusante coïncidence, il avait travaillé avec un docteur Kihara en Chine, sous les ordres de Feuerbach. Ils avaient dû être mutés au même endroit ; tant mieux, ça ferait au moins un visage connu... quoique, avait-elle employé le pluriel ?

« Les Kihara ? Je connais déjà Hakei mais il y en a d'autres ? »

« Genshō, Kaku, Hensa. Un professeur, deux docteurs. Kihara Hakei ne travaille pas ici. »

Quatre personnes avec le même patronyme travaillant pour le compte des Agences ? Soit le hasard faisait très bien les choses, soit c'était de famille. Les repas à la maison devaient être une expérience inoubliable... plus important, il risquait d'avoir du mal à s'intégrer s'il venait s'immiscer dans une équipe unie par les liens du sang.
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Ils débouchèrent dans un vestiaire après avoir emprunté plusieurs corridors et un escalier ; l'un des casiers était à son nom et quelqu'un avait pris la peine d'y déposer ses affaires. Beth se posta à l'entrée de la salle, le dos tourné pendant qu'il revêtait ses habits de travail, s'emparait de son ordinateur et de ses papiers...

« C'est quoi le nom de leur laboratoire ? »

« Neuro-programmation parapsychique expérimentale. »

D'accord, il allait pouvoir continuer de disséquer des cerveaux d'éveillés morts, puis d'alterner en plantant des électrodes et injectant des substances chimiques aux noms imprononçables dans ceux de sujets vivants à longueur de journée. Mais avec un accès aux bases de données les plus fournies et à l'outil informatique le plus puissant de FIRMAMENT cette fois. Rogos se rappela la montagne de contraintes techniques venant entraver la progression de ses recherches ou celles de ses confrères à l'université, du temps de son humanité perdue... cela ne devrait plus être un problème maintenant.

Ces considérations matérielles mises à part, son guide se montrait fort utile – même si ses réponses étaient souvent laconiques – tant qu'il posait des questions pertinentes : il apprit que ses nouveaux collègues étaient spécialisés dans les neurosciences computationnelles, comportementales et cognitives, la neuropsychologie, la neurohistologie et la neuro-ingénierie. Elle lui expliqua également quelques règles de sécurité et décrivit l'organisation hiérarchique du complexe, qu'il mémorisa scrupuleusement au fil de son avancée. En fait, il en venait à se demander pourquoi elle était aussi bien informée.

« Et vous quel est votre rôle dans tout ça ? Vous savez beaucoup de choses pour un sujet de test – sans vouloir vous offenser. » interrogea-t-il finalement. Il avait opté pour la courtoisie professionnelle avec le vouvoiement mais il ne pouvait garantir que cela suffirait ; la remarque pouvait facilement passer pour condescendante ou accusatrice. Heureusement, elle ne parut pas s'en formaliser.

« Je suis l'interface de Chokmah, je travaille avec tout le monde. »

De... quoi ? Quelques éclaircissements étaient de mise ; il avait un mauvais pressentiment mais il fallait tout d'abord parer au plus pressé. « Chokmah ? »

« Le nom de la cellule. »

« Ah, je me disais aussi qu'un numéro tout seul c'était un peu léger. Et que voulez-vous dire par interface ? »

Il dut s'interrompre le temps de se plaquer contre un mur pour laisser passer un chariot plein d'équipement et le trio de chercheurs derrière ; les rares personnes croisées dans les couloirs étaient toujours pressées et souvent trop absorbées par la lecture d'un dossier, la manipulation d'un terminal ou une conversation avec un collègue pour regarder où elles allaient.

« Les interactions entre le système et le monde physique sont parfois complexes. Certaines manipulations requièrent un conduit pour canaliser l'énergie de la cellule ; certaines instructions ne peuvent être délivrées à la machine par le biais de commandes informatiques. Un périphérique externe est nécessaire. »

Un périphérique ?! Rogos aurait dû être rassuré d'apprendre que l'implication directe d'un opérateur humain était toujours indispensable. Le peu qu'on lui avait expliqué à ce sujet avait suffi pour qu'il comprenne que Tetragrammaton était un instrument dont la puissance et la polyvalence surpassaient de loin celles des Timur ; composants organiques ou non, si une machine était capable d'exercer des pouvoirs cosmiques toute seule alors rien n'empêcherait les Agences d'en fabriquer d'autres du moment qu'elles avaient le temps et les ressources : elles pouvaient littéralement convertir leurs ennemis défaits en matières premières. Les éveillés à la fois capables et surtout désireux d'assurer ce rôle d'interface par contre ne devaient pas pousser sur des arbres, qu'importe les sommes d'argent qu'on y mettait, ce qui limitait la dangerosité du système. Mais au lieu de se réjouir, le Spectre se débattait avec son sens moral, avec une vague d'indignation confinant au dégoût.

« Depuis combien de temps remplissez-vous cette fonction ? »

« Confidentiel. »

Comme à son habitude, le cavalier sans tête assuma le pire à partir de cette réponse. Il ne savait pas quand les cellules et avec elles leurs interfaces avaient été créées mais FIRMAMENT n'avait pas pu atteindre un tel niveau technologique en un jour. Le projet Tetragrammaton devait exister depuis des années, peut-être même des décennies. Si Beth servait d'interface à Chokmah depuis plusieurs années... quel âge avait-elle ? Douze ans, treize au grand maximum ? Et il ne s'agissait pas que de se synchroniser avec un ordinateur, oh non, sa fonction n'était pas celle d'un simple technopathe : elle avait dit elle-même qu'elle servait de réceptacle au cosmos de la cellule, remplaçant les corps immobilisés des éveillés qui généraient cette force. Pour un chevalier, transférer son énergie à un camarade relevait soit des capacités d'une classe d'éveillés bien particulière, soit demandait la création de liens émotionnels forts et beaucoup d'entraînement, un processus qui devait être accompli dans les deux sens. Mais les éveillés alimentant Chokmah étaient inconscients, leur humanité perdue à jamais et il y en avait treize ; la seule possibilité pour que leurs cosmos puissent être partagés avec la jeune fille c'était le PSI-link, la technique que les Agences utilisaient pour reproduire artificiellement le fruit des liens entre chevaliers. Et il savait en quoi consistait la procédure.

C'était une chose de faire subir les derniers outrages à des ennemis vaincus qu'on ne pouvait relâcher ou à des criminels condamnés à mort, de soumettre des soldats endurcis et volontaires à des entraînements infernaux ou de recruter des éveillés mineurs sans leur parler de l'alliance pour leur faire prendre part à des expériences inoffensives. Il serait incapable de servir les Enfers si cela lui posait problème. C'en était une autre de prendre une enfant innocente au système nerveux en plein développement – donc encore plus fragile – et de lui ouvrir le crâne pour brancher à son cerveau toute une batterie d'implants cybernétiques plus invasifs encore que les kill-switches avant de finir le travail à grands renforts de drogues, d'hypnose, de séances de privation sensorielle et autres « stimulations » électriques. Même avec les meilleurs médecins cela pouvait aisément tourner au désastre. Et il n'avait même pas considéré l'impact des sortilèges, il en fallait sans doute aussi puisque ce système fonctionnait en partie grâce à la thaumaturgie.

« Les hypocrites. » énonça-t-il dans un rire jaune et sans se préoccuper de savoir si ses propos seraient rapportés à ses supérieurs. Rosenberg et Khalil s'étaient tout deux opposés à Feuerbach quand celui-ci s'était mis à leur décrire ses fantasmes d'expériences toutes plus horribles les unes que les autres, ils avaient fait de grands discours sur les pratiques des factions divines et les limites à imposer à la doctrine du mal nécessaire... Voilà maintenant qu'il apprenait qu'ils faisaient de même en secret ; ça méritait bien l'une des expressions favorites du teuton. « Pourquoi faut-il toujours que ça finisse avec des enfants-soldats... Et après on nous regarde de travers parce que nous bossons pour Al-Aswad, Kaganovitch ou Carlson, qui vendent des armes et des soudards au plus offrant. »

Il ne s'attendait pas à ce qu'elle soit d'accord avec lui : à la place des créateurs du projet, il aurait fait de l'endoctrinement juvénile le minimum syndical en termes de mesures de sécurité. Mais au lieu de défendre FIRMAMENT avec véhémence, la jeune fille accueillit la remarque avec un désintérêt total. Pas même de retour d'insulte ou de leçon de morale concernant son ancien employeur.

« Sacrifices nécessaires. Personne ne me force. »

Il avait de sérieux doutes quant à la véracité de cette affirmation. Le consentement d'une enfant n'ayant même pas l'âge d'entrer au collège – il fallait toute une période de récupération et d'adaptation pour apprendre à maîtriser l'usage du PSI-link, ce qui lui faisait dire que le conditionnement et l'opération ne dataient pas d'hier – n'était pas recevable pour tout un tas de choses, alors pour une transformation en pièce de machine militaire...

Le Spectre savait qu'il ferait mieux de ne pas insister, il n'allait quand même pas causer une scène dès son premier jour... trop occupé à retenir la virulente diatribe qui menaçait de lui échapper, il ne remarqua qu'au dernier moment l'arrêt soudain de son guide et faillit lui rentrer dedans.

« Nous sommes arrivés. » expliqua-t-elle en pointant une plaque à côté d'une porte lorsqu'il lui adressa un regard interrogateur. Il ne pouvait pas la lire. « Je n'ai pas encore reçu la clé de décryptage. »

Elle débita une série de caractères alphanumériques ; pris au dépourvu, il dut lui demander de répéter plus lentement et cette fois parvint à retenir le code. 36 caractères, ils n'en utilisaient que 25 en Chine... Seigneur Thanatos, ce que ces gens pouvaient être paranoïaques. À raison mais tout de même. Et l'ayant mené à bon port, Beth décidait apparemment de le laisser là sans rien dire, pas la moindre salutation. Si c'était ça que Rosenberg appelait être polie avec les nouveaux arrivants... ou peut-être qu'il l'avait bel et bien vexée en traitant le professeur et tout le personnel du complexe d'hypocrites. Pas la chose la plus intelligente à faire, ça.

« Je m'excuse d'avoir dit ça. Je suis mal placé pour critiquer qui que ce soit. »

La jeune fille hocha presque imperceptiblement la tête et ce fut tout. Sa solitude ne durerait pas longtemps, il avait de nouveaux collègues à rencontrer et s'il en croyait ses expériences précédentes, beaucoup de lecture l'attendrait sur son bureau. Manuels et cours de rattrapage pour terminer sa journée après l'intensification de la pression habituelle et avoir appris que son patron charcutait des cerveaux d'enfants, quel bonheur.
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