Montant les marches, il vit apparaître devant lui le parvis du temple des Poissons. La façade était ornée d'un fût de six colonnes ioniques du plus bel effet. Au dessus, la frise était ornée de la mention "Pisces". Un fronton rectangulaire couronnait l'ensemble avec deux Poissons de parts et d'autres qui se faisaient face. La vieille maison ne semblait pas avoir beaucoup changé avec le temps, certainement protégée par le fait qu'elle était bien loin des premiers champs de bataille. Akritès marchait maintenant sur le parvis du temple et se rendait bien compte que l'odeur ancienne qu'il avait aimé n'était plus présente. Ses successeurs avaient oublié d'entretenir la plus belle chose du Sanctuaire et il fronçait légèrement les sourcils à cette simple évocation.

Il entra. Tout était sombre, éteint. Avançant dans le grand hall, il arrivait dans l'atrium du temple. Un vaste bassin circulaire était ornementé d'une statue en gré représentant la déesse de la beauté. Mais les angelots autour d'elle ne nourrissaient plus le bassin d'une eau salvatrice. Par endroits, on pouvait voir des pierres qui étaient tombés du toit, des lézardes dans deux murs latéraux et bien des petits détails peu amènes. Continuant sa visite, il montait à l'étage par un petit escalier de service que lui seul pouvait connaitre. Entrant dans les appartements des Chevaliers des Poissons, il se rendait compte que tout était vide, aucun meuble n'était présent. Visiblement, personne n'avait fait l'effort d'aménager les lieux depuis des années.

Soudain, deux gardes déboulèrent dans les appartements, la lance au clair pour faire face à l'étranger qui venait d'entrer ici.

- Halte là par Athéna, nul ne peut venir ici sans autorisation...

La vue de la cloth box sur le dos d'Akritès les fit pâlir. Ils se regardèrent et baissèrent de facto leurs armes.

- Désolé Chevalier, on ne savait pas qu'un nouveau gardien avait été élu ! C'est un plaisir de vous avoir chez nous avec les temps qui courent...

- Je vous remercie, je suis Akritès des Poissons, je souhaiterais savoir si vous connaissiez quelques ébénistes et carreleurs afin de faire quelques travaux ?

- Oui oui, nous les manderons Chevalier. Il y a aussi l'intendant du Sanctuaire pour les achats en dehors du Sanctuaire.

- Je suis assez spartiate. Faites en sorte de remettre ce temple en état.

- Bien Chevalier !

Ils partirent sans demander leurs restes. Le chevalier des Poissons redescendit au rez-de-chaussée et se dirigea vers la sortie du temple en direction du temple du Grand Pope. A sa grande surprise, il n'y avait rien. N'importe qui pouvait pénétrer les lieux et continuer son chemin tranquillement. Agacé, Akritès se dirigeait vers un petit chemin de terre connu de quelques hommes. Et la représentation qui se dessinait devant lui lui rendit un peu de baume au coeur. Des roses rouges à perte de vue. Leurs corolles dansaient légèrement avec le vent et des milliers de sarments serpentaient autour des colonnades déchirées par le temps. Il s'avança et vit des séries de pierres dressées en l'honneur des chevaliers d'or qui s'étaient succédés... Dans un coin, une vieille masure était présente et servait autrefois de laboratoire alchimique. Poussant lentement la porte, elle grinçait et laissait apparaître des toiles d'araignée à ne plus savoir finir.

D'un geste, il fit voler tout cela en quelques instants. On voyait maintenant deux grandes tables avec des fioles pour certaines brisées et des tuyaux de verre dans tous les sens. Près du mur en bois, il y avait quelques étagères avec des bouquins d'herboristerie et de poisons. Combien de temps ? Cela faisait combien de temps qu'il n'avait pas mis les pieds ici ? Quittant ses rêveries, il prit deux bonnes heures pour tout remettre en ordre. Une vieille paillasse s'était faite aussi jour. Puis, il quittait la cabane pour aller dans le jardin. Il humait l'air empoisonné qui s'en échappait et repartit vers le bas des marches qui étaient entre les temples des Béliers et du Grand Pope. Un petit entrainement allait permettre de voir jusqu'où son corps avait accumulé des lacunes. Etrangement, il sentait qu'il allait avoir aux muscles pendant des heures...