Des mois déjà qu'il avait quitté le Sanctuaire et pourtant il avait l'impression de rentrer chez lui après une simple mission. Quitter le Sanctuaire d'Athéna, abandonner la première maison, une décision difficile à prendre mais qu'il n'avait su éviter. Les doutes devenaient plus nombreux chaque jour et le trouble l'envahissait. Pas une journée ne s'écoulait sans qu'il ne s'interroge sur les raisons de leur mission, sur la justesse des idéaux qu'il soutenait. Oui, cette décision avait été salvatrice pour le Chevalier d'Or du Bélier car aujourd'hui il retournait remplir sa mission le coeur empli d'espoir et l'esprit soulagé. Justice, Sagesse, Protection. Tels étaient leurs devoirs, telles étaient leurs vie. Et plus une seconde de sa vie il n'abandonnerait ceux qu'il avait juré de protéger.

Mais pourtant... alors qu'au loin le Sanctuaire avait commencé à se dessiner devant ses yeux, son cœur s'était resserré. Le doute l'assaillait-il à nouveau? Non, cette fois, une toute autre émotion venait embuer son regard. Le remord. Depuis quelques temps, alors qu'il se trouvait encore à Jamir, de lointaines rumeurs étaient parvenues à ses oreilles mais il avait refusé d'y accorder une quelconque attention. Celles de Chevaliers d'Athéna ayant péri face à une attaque des Spectres. Celle du sacrifice de la Déesse Athéna afin de sceller celui qui se faisait appeler Typhon. Des rumeurs, c'est ce qu'il avait voulu croire. De simples rumeurs. Et pourtant, il savait. Par le passé, d'aucuns avaient qualifié nombre de Chevaliers d'Or du Bélier de posséder une barrière impénétrable et pourtant, devant ce simple paysage, toutes ses défenses semblaient s'effondrer.

Pendant de longues minutes, le Bélier était demeuré immobile, observant les contours de ce lieu qui lui semblait à la fois si familier et si étranger. Se demandant s'il avait vraiment pris la bonne décision, s'interrogeant sur les réactions des autres Chevaliers quant à son retour. Incapable d'avancer. Mais seul son retour lui permettrait de connaître les réponses aux questions qu'il se posait. Et de reprendre sa tâche là où il l'avait laissée. Lentement, il avait alors calmé ses craintes et repris sa marche en direction du Sanctuaire. Bientôt il serait rentré. Définitivement cette fois.

Sans se faire remarquer, il était passé près de Rodorio. Jetant un coup d'oeil furtif à ce petit village qui avait le lourd destin de se situer si près du Sanctuaire. Combien de fois n'avaient-ils pas du subir les attaques de leurs adversaires. Combien n'avaient pas connu la perte de certains de leurs proches. Et pourtant, ils choisissaient de poursuivre leur vie en ce lieu. Dans un certain sens, on pouvait leur attribuer le même courage que les défenseurs d'Athéna. Ils n'étaient pas des guerriers mais en avaient l'étoffe, l'âme. Esquivant toute forme de vie, il avait franchi l'entrée du Sanctuaire pour gravir les marches menant au Premier Temple. Sans s'arrêter une seconde de peur que quelqu'un vienne lui demander des comptes. De peur qu'il ne sache quoi répondre. Non, sa première volonté était de fouler à nouveau le sol de son Temple. Le reste viendrait ensuite.

Prenant une profonde respiration, il avait finalement franchi les colonnes ornant l'entrée du Temple du Bélier. Non loin de là s'affairaient plusieurs personnes, reconstruisant encore les dégâts causés plusieurs mois auparavant. Lui jetant un regard, peut-être désireux d'échanger quelques mots avec lui. Pas encore. Sans s'arrêter, il les avait dépassés pour pénétrer en son Temple. Sans un regard, sans une parole. Il avait poursuivi son avancée jusqu'en son centre, prenant quelques secondes pour juger de ce lieu qu'il avait laissé sans maître, sans protecteur. Finalement, il avait posé son armure à ses côtés, posant genou à terre et fermant les yeux.

"Ma déesse, je suis finalement de retour. Les Ténèbres avaient embrumé mon esprit, le Doute avait envahi mon cœur. Je n'étais plus capable d'être votre Premier Gardien et pourtant jamais vous ne m'avez rejeté. Vous m'avez accordé le temps qu'il me fallait et m'avez fait confiance. Pendant ce temps, vous continuiez d'apporter votre Sagesse à ce monde. Vous poursuiviez sans relâche votre devoir. Et alors que j'ai failli à vous protéger, alors que je n'étais pas là pour éviter votre sacrifice, jamais votre bienveillance ne m'a abandonné. Aujourd'hui, moi Sorata, Chevalier d'Or du Bélier, suis de retour au sein de mon Temple. Je jure que plus jamais je ne vous abandonnerai. Plus jamais ma foi ne faiblira. Plus jamais mon Espoir ne tremblera. Ma vie vous appartient à nouveau, dès ce jour et pour toujours."

Les yeux demeurant clos, le Bélier venait de terminer sa déclaration solennelle à l'égard de la Déesse Athéna. Ses paroles n'étaient que de simples mots, sans véritable valeur tant qu'il ne pourrait les démontrer. Et il ignorait évidemment si la Protectrice du Sanctuaire pouvaient seulement les entendre. Mais les prononcer lui permettait de se libérer d'un poids qui pesait sur sa conscience depuis quelques temps. Peut-être les percevait-il, dans un sens, comme des excuses cachées pour les évènements du Mont Etna, pour son absence dans des moments importants pour le Sanctuaire.

Prenant une inspiration, comme profitant du silence et du calme qui emplissaient la maison du Bélier, Sorata ouvrit soudainement les yeux, surpris d'entendre la voix d'un homme qui avait visiblement écouté les paroles qu'il venait de prononcer. Un instant hébété devant cette situation totalement inattendue, il se releva pour se tourner dans la direction de son interlocuteur. Qui pouvait bien venir au coeur du Premier Temple et interrompre son repentir de façon aussi triviale? Ne sachant véritablement à quoi s'attendre en se tournant, Sorata ne sut comment réagir lorsqu'il aperçut un jeune homme de son âge lui faire face, portant diverses planches servant sans nul doute à la restauration de son Temple. Peau mât, cheveux d'or, yeux améthystes, le Premier Gardien tentait de se rappeler s'il avait déjà croisé cet homme à l'époque où il protégeait encore ce Temple. Finalement, ce ne fut pas au fond de ses souvenirs mais de la bouche du jeune travailleur que la réponse lui fut apportée, réponse qui fit naître un sourire sur le visage du Premier Gardien.

Azir du Lion... C'est un plaisir de rencontrer le Gardien de la Cinquième Maison. Même si j'avoue que je ne pensais pas croiser un Chevalier d'Or dès l'instant de mon retour au Sanctuaire.

Serrant la main qui venait de lui être tendue, il poursuivit:

Je suis Sorata. Comme tu l'as déjà remarqué, je suis le Gardien de ce Temple malgré... une absence de plusieurs mois. Et je vois que, comme à son habitude, mon Temple a encore souffert bien plus que les autres. Si nos adversaires pouvaient parfois changer de cible, cela me faciliterait la vie.

Acquiesçant avec un nouveau sourire aux interrogations du Chevalier du Lion, Sorata abandonna son armure au centre de son Temple pour se saisir de plusieurs planches et accompagner ce dernier. Bientôt, ce Temple retrouverait la magnificence qui était sienne. Ne restait à espérer que personne ne vienne le détruire à nouveau. Ecoutant les interrogations d'Azir qui semblait enjoué à l'idée de discuter avec un de ses homologues, Sorata répondit

Sans problème. Mais je ne sais pas trop quoi te dire... Je suis originaire de Jamir et c'est d'ailleurs là que je m'étais isolé ces derniers mois. Je suis revenu il y a quelques minutes seulement.

Stoppant son avancée, il fixa le lion pour lui demander

Avant de poursuivre cette discussion, j'aimerais savoir.... Combien de nos camarades ont-ils péri face au dernier assaut des Spectres? Et... est-ce vrai que notre Déesse s'est sacrifiée pour vaincre celui qu'on nomme Typhon?

Une certaine tristesse sur son visage, son sourire venait de disparaître dans l'attente des réponses aux questions qui le rongeaient.

[HRP : Je prends la suite, même si Azir s'est tiré, ça nous évitera d'ouvrir un nouveau sujet pour quelques posts ]

Cela faisait quelque temps qu'il marchait, tranquillement, le long de la route. Si, dans un premier temps, il avait pensé à rejoindre le sanctuaire à toute vitesse, il avait rapidement repoussé cette idée. Il vivait peut-être ses derniers instants d'homme libre, ne devant suivre les ordres d'aucuns, si ce n'était de sa propre personne. Cette liberté n'avait très clairement pas été la meilleure conseillère de l'espagnol, ces dernières années, cependant il n'était pas encore prêt à se donner à cent pour cent à sa tâche. Pas tout à fait.

Il marchait donc le long de la route, arrêtant de temps à autres une voiture pour se faire prendre en stop, ou du moins, en essayant. Il fallait dire que, s'il avait repris du poil de la bête ces dernières semaines notamment au niveau du teint et ce grâce au soleil qui avait doré sa peau, il n'en restait pas moins que son accoutrement était des plus ... biscornus. Les couleurs des différentes vêtements créaient un patchwork des plus singuliers, alternants les couleurs chaudes aux froides. Si on combinait ses nombreux piercings et tatouages à cette mosaïque de couleurs, on obtenait une apparence au mieux rigolote, au pire effrayante. Mais parfois, un conducteur bien intentionné s'arrêtait et le prenait, l'avançant dans son trajet vers la Grèce de quelques poignées de kilomètres.

Jusqu'à atteindre donc le fameux pays, berceau des déités, ou du moins, de leurs ordres de chevalerie. Ou bien c'était comme ça qu'on lui avait présenté le bordel. Des mecs en armure, qui cognaient sur d'autres gars en armure, le tout pour des raisons qui, souvent, les dépassaient - de sombres histoires de destruction mondiale ou sauvegarde de la planète. Son rôle était donc de sauveur de la planète, ou quelque chose comme ça. Il n'avait pas trop cherché à savoir de toutes façons. Lorsqu'il était petit il suivait les ordres, et par la suite ... Et bien les ordres, dirons nous, n'avaient plus vraiment de sens, la faute à une faim qui le dévorait, et qui dépassait toute autre chose.

Lorsque le dernier bon samaritain l'avait déposé à un jet de pierre de Rodorio, il avait commencé à sentir une certaine gêne. Jusqu'alors, s'il avait bien senti le cosmos d'autres êtres, il n'en avait que rarement perçu d'aussi ... intéressants. Lesath, avait l'habitude depuis tout petit de cacher son aura, principalement pour passer inaperçu. Depuis sa blessure, il savait que de surcroît elle gênait les gens autour de lui. La douleur qui la créait ne s'estompait jamais, héritage bien malheureux de son accident. Sa cicatrice avait beau être camouflée dans les boucles et autres arabesques d'encre incrustée dans sa peau, la souffrance, elle, ne partait jamais. Et par conséquent, lorsqu'il faisait appel à son aura, à son cosmos, il l'exacerbait de sorte à la projeter à ses alentours. Peu agréable pour le commun des mortels, en quelque sorte. Tout ça pour dire que les forces autour de lui avaient quelque chose d'inhabituel, et qu'il n'aimait pas tant que ça ce qui le sortait de sa monotonie. Mais à partir du moment où il avait décidé de reprendre les armes, il avait tiré un trait sur sa vie erratique.

La traversée de la ville - ou plutôt village, comparée aux grands centres urbains que le nouveau chevalier avait pu connaître - s'était faite sans encombres. Oh, certains l'avaient bien zieuté de façon prolongée, mais cela tenait plus de la curiosité que de la méchanceté, et puis après tout, le Scorpion avait l'habitude, et n'en prenait plus vraiment ombrage. Sans vraiment se hâter, il s'arrêta à une terrasse, et s'acheta une eau pétillante. Sans citron. Il en profita pour glaner quelques informations, sans doute diffusées par des garde du sanctuaire en permission. Ainsi, Athéna était décédée, dans des circonstances plutôt tragiques, et son représentant, le grand Pope, ou plutôt celui qui officiait en tant que tel dans les histoires que lui avait comptées son maître presque deux dizaines d'années plus tôt, n'était lui non plus pas de la fête. "Embêtant." marmonna le doré, qui ne savait donc pas trop à qui se présenter. Dans le doute, il opta pour la solution de facilité, et après avoir réglé son rafraîchissement, il décida de se diriger vers le sanctuaire, et son premier temple, tout bonnement.

Et il ne fut pas déçu. Déjà par la montée, un serpentin de marches se situait face à lui. L'architecte devait être un grand malade, ou peut-être s'agissait-il simplement d'une méthode de défense comme une autre ? Les ennemis se lassant de tant d'escaliers et abandonnant sur la route ? Dans tous les cas, Lesath les grimpa tranquillement, sans se soucier du temps qu'il mettrait. Une fois sur place, il hésita à se présenter simplement ou à faire ... comme d'habitude. Il sentait une présence, et se doutait ne pouvoir s'extraire des échanges protocolaires habituels, alors autant s'y atteler aussi vite que possible. Il aperçut une silhouette, et, se doutant qu'il s'agissait du maître de maison, leva le bras.

"Hé. Salut. Je suis Lesath, chevalier, et-cetera, et-cetera, et je suis à la recherche de ... heu ... bon. En fait, qui est-ce qui dirige la maison, maintenant ?" Demanda-t-il simplement.

Les paroles du Lion étaient une bouffée d'air pur au coeur de la nostalgie qui l'habitait depuis quelques jours. Ce ton enjoué, ces traits d'humour réguliers, aucun souci ne semblait pouvoir ternir la joie de vivre qui habitait le Chevalier d'Or. Lui qui avait passé ces derniers mois à douter et à ressasser ses problèmes. Ces quelques échanges lui permettaient de se replonger lentement dans la vie du Sanctuaire et dans son idéal d'espoir, de paix. Le Bélier prit une profonde inspiration, observant les piliers de pierre qui dominaient les lieux. Changer la déco régulièrement, une vision intéressante de la situation de son Temple, mais qui n'était pas totalement fausse. Il ne pouvait empêcher leurs ennemis de le détruire mais au moins, il pouvait y trouver de bons côtés.

Aux questions sur Jamir, Sorata se contenta de hausser les épaules avant de répondre:

On prête beaucoup de compétences diverses aux habitants de Jamir. Certains vantent leurs grands pouvoirs psychokinétiques, d'autres parlent de leur capacité à réparer les armures. J'ai même parfois entendu parler de leur sagesse exceptionnelle. Et aussi beaucoup d'autres blabla qu'on raconte aux enfants pour les aider à faire de jolis rêves. A toi de voir quelle histoire tu préfères! Moi j'aime les voir simplement comme un peuple profitant de la quiétude des hauteurs de l'Himalaya. Mais tu n'as rien dit de toi? Tu viens du coin? De l'autre bout du monde?

Pourtant, si ces discussions lui mettaient indubitablement du baume au coeur, il demeurait des questions dont il lui fallait connaitre les réponses pour pouvoir tourner la page. Débuter pleinement cette nouvelle vie qui lui était offerte au service d'Athéna. Il demeura silencieux face au Lion qui s'était arrêté, manquant de faire tomber ce qu'il portait. Attendant des réponses qu'il connaissait probablement déjà. Le lion, jusqu'à présent si jovial, avait saisi l'importance de cette demande et semblait avoir temporairement abandonné la légèreté de son ton pour une expression plus sérieuse. Calmement, le premier gardien écouta la tirade d'Azir. Visiblement, lui-aussi avait été confronté à des épreuves par le passé, à des doutes, à des remords. Et lui-aussi avait du les surmonter. Lorsque les mots fatidiques résonnèrent finalement aux oreilles de Sorata, celui-ci se contenta d'acquiescer lentement avant de répondre.

C'est en partie ma faute, je ne peux pas le nier, je ne dois pas le nier. J'ai choisi de quitter le Sanctuaire, j'avais le choix. Ce fardeau, je le porterai, je le supporterai. Mais je n'ai pas l'intention de me laisser écraser pour autant! J'ai choisi de revenir alors je vais assumer mes choix et crois-moi, la prochaine fois, je serai là. Pour nos frères, pour ce Sanctuaire. Merci.

Voyant le lion s'éloigner, sa musique allumée, il ajouta sur un ton plus amusé, comme si la tension qui l'habitait venait de s'estomper sur ces quelques paroles

J'espère juste que notre Déesse se réincarnera tant que je suis vivant... Sinon, là, tu ne me feras pas croire que je n'aurai pas de quoi broyer du noir!

S'apprêtant à repartir avec ses planches, à la suite d'Azir, il s'arrêta pour observer l'homme qui venait de pénétrer les lieux. Au look plutôt inhabituel en comparaison des gens qu'il avait côtoyés ces derniers mois, Sorata afficha une mine plutôt amusée quand l'homme l'interpela en se présentant succinctement comme un Chevalier à la recherche du responsable du Sanctuaire.

Bienvenue dans mon humble ruine, Lesath. Je suis Sorata, Chevalier d'Or du Bélier. Si tu es venu nous donner un coup de main pour réparer mon Temple, fais-toi plaisir, il y a de quoi faire. Planches, pierres, statues, tu n'as qu'à te servir! Mais il faut se dépêcher avant que quelqu'un d'autre ne vienne le détruire à nouveau. Sinon, je ne peux pas vraiment t'aider, je viens seulement de revenir. En l'absence de la Déesse Athéna... voyons voir...

Se tournant vers Azir, il haussa le ton pour se faire entendre

Azir, qui dirige le Sanctuaire en ce moment?

Attendant la réponse d'Azir - si celui-ci l'avait entendu au travers de ses chants - il se retourna vers le dernier arrivé

Tu es chevalier de quoi Lesath? Tu viens d'arriver?

"Hmm..."

Lesath réfléchissait à la manière dont il s'était présenté, et il était évident que ce n'était pas suffisant. Quelque part, il s'y attendait un peu - et heureusement d'ailleurs. Si le temple était en ruines, il n'en restait pas moins la première étape de la montée pour atteindre un hypothétique grand pope, et une hypothétique Athéna. Hypothétiques donc. Car le cas échéant la montée était plutôt ... inutile, de ce qu'il comprenait des paroles de ses interlocuteurs. A moins de vouloir tailler une bavette à l'un des dorés du coin, il n'y avait pas vraiment d'intérêt de gravir ce mont pavé. Quand bien même un homme aurait vingt-quatre heures à tuer, et bien, il devrait passer par cette première maisonnée. Qui était donc gardée par le fameux Sorata.

"Je suis désolé, je ne manie pas vraiment le marteau aussi bien que je le voudrais." Commença-t-il doucement à lui répondre mais il se coupa de lui même. Un autre chevalier doubla la question du bélier, et lui demanda carrément de faire apparaître son armure. Une sorte de double check des plus cohérents, il fallait le dire. Encore fallait-il faire apparaître la Cloth Box, et ça, c'était une autre paire de manches. Le Scorpion avait pour habitude de n'en faire qu'à sa tête, et disparaissait et réapparaissait sans crier gare.

"Je viens d'arriver oui, je suis venu en stop de ... loin, on va dire. Je pensais prendre mes quartiers dans un des temples. Le Huitième." Répondit-il dans un premier temps, se grattant le menton, machinalement. Sa barbe de quelques jours le grattait, ce qui impliquait qu'il devait se raser. Se rendre présentable était sans doute un classique parmi l'élite de l'ordre de chevalerie, et même s'il n'était pas de ceux qui se pliaient généralement aux règles... Il fallait faire, sinon bonne impression, au moins potable.

"Quand à mon armure... Disons qu'elle fait un peu à sa tête. Je vais l'appeler, mais ne me tenez pas rigueur si elle préfère vaquer à ses occupations." Ajouta-t-il avant de soupirer. Il savait qu'elle ne répondrait pas du premier coup. Elle ne le faisait jamais. Il ferma les yeux quelques secondes avant d'esquisser une moue, plutôt de circonstances. Puis le Scorpion leva un index, comme pour demander une seconde. Quelques instants plus tard, la boite dorée se trouvait à ses côtés. "Ne m'en voulez pas si je ne l'enfile pas. Je ne suis pas super fan, je préfère être en civil en général." Dit-il, avant de renvoyer l'armure dans la huitième maison - ou du moins il l'espérait, il n'était pas encore très au fait de comment lui dire où aller...

"Donc si je comprends bien, il n'y a pas d'Athéna, ... et pas de Grand Pope. C'est bien ça ?" Ajouta-t-il d'un ton des plus maussades. Sans dirigeant, il ne donnait pas bien cher de leurs têtes à tous. Il faudrait remédier à ça, ... mais ce n'était pas à lui de s'en occuper.

A la remarque d'Azir sur la froideur de l'Himalaya, Sorata répondit avec amusement

J'avais entendu une chanson qui parlait des gens qui ont dans leur coeur la chaleur qu'ils n'ont pas dehors, je pense que ça résume bien la situation de Jamir! En tout cas, effectivement, le climat doit être bien différent de celui de l'Egypte, bien que je n'y sois jamais allé. Mais les histoires en parlent beaucoup. Les pyramides, le Sphinx, ces monuments sont-ils aussi magnifiques qu'on le dit? Un jour peut-être aurai-je l'occasion de les observer de mes yeux...

L'Egypte, un pays à l'histoire tellement intéressante. Il avait pu lire de nombreux livres à ce sujet. Son passé et ses pharaons. Sa mythologie et les légendes s'y rapportant pouvant parfois faire pâlir celles du panthéon grec. Un pays fascinant. C'est perdu dans ces pensées et dans les souvenirs de ses lectures que Sorata s'était retrouvé lorsque le prénommé Lesath les avait rejoint. Il fallait l'admettre, c'est un élément qu'il avait toujours fortement apprécié dans la position de son Temple. Le Premier Temple, juste après l'entrée du Sanctuaire. Un lieu fortement visité puisque toute personne souhaitant accéder à un Chevalier d'Or, au Grand Pope ou à la Déesse Athéna devait passer par ici. Qu'il soit allié ou ennemi. Du coup, il y avait bien souvent de l'animation, de la discussion. Et puis, honnêtement, ne pas devoir monter sans cesse tous ces escaliers lui facilitait grandement la vie. Comment pouvait bien faire les Gardiens des dernières Maisons? Cela dit, cela devait expliquer pourquoi il ne les croisait pratiquement jamais. Il faudrait qu'il monte leur rendre visite un de ces jours. Si les armures étaient actuellement portées d'ailleurs. Encore une question à poser à Azir.

Sans un mot, Sorata écouta la demande de ce dernier à Lesath et les réponses que ce dernier apportait. Lorsque l'armure du Lion vint se poser aux côtés d'Azir, au coeur de sa maison, le regard de Sorata s'illumina. Une telle beauté, une telle perfection. Il aurait donné beaucoup pour pouvoir s'insinuer quelques secondes dans les souvenirs de cette armure mais l'instant ne s'y prêtait pas. Plus tard, lorsqu'il connaitrait mieux son porteur. Puis ce fut au tour de Lesath d'accepter de faire venir la sienne. Signalant que son armure n'en faisait qu'à sa tête, Sorata ne put cacher un intérêt certain doublé d'un sourire, se demandant de quelle armure il pouvait bien s'agir. Finalement, après quelques instants, l'Armure d'Or du Scorpion vint se poser aux côtés de son Maître. Un instant déçu de ne pouvoir observer l'armure en dehors de sa boîte, le Bélier reporta son regard sur son porteur, se disant que, probablement, armure et porteur devaient avoir des caractères bien proches. A nouveau, une pensée que le temps lui permettrait de confirmer.

Devant la réponse assez dépitée du nouvel arrivant, Sorata répondit avec amusement

Effectivement, notre Déesse s'est sacrifiée et il n'y a aucun Grand Pope pour la représenter actuellement. Mais il y a plein de Chevaliers pour défendre le Sanctuaire et l'Humanité! Regard entendu vers Azir Et aussi pour le réparer. Sorata désigna alors quelques planches et pierres posées non loin à l'attention de Je ne te force à rien mais moi aussi je suis nul pour réparer. Sauf que c'est mon Temple donc j'ai pas trop le choix... Mais si tu veux nous filer un coup de main, ça ne permettra de discuter un peu et de se connaitre! Ca peut être pas mal si on cohabite tous au Sanctuaire, même si nos maisons sont pas voisines. Genre toi, tu viens d'où? Puis vers Azir D'ailleurs, tu sais combien de Chevaliers d'Or sont actuellement au Sanctuaire, Azir?

Le Scorpion écoutait ses interlocuteurs, cherchant l'ombre portée par une colonne de pierre. Le soleil tapait fort à cette heure-ci, et il n'avait pas particulièrement envie de se retrouver la couenne grillée. S'il avait marché à l'ombre tous ces kilomètres c'était pour une bonne raison, après tout il n'appréciait que moyennement le soleil. Depuis le début de son exode le long de la Méditerranée, son teint s'était halé, mais il avait principalement marché entre crépuscule et aube, se reposant le reste du temps, parfois visitant certains lieux qu'il n'avait, jusqu'alors, que vu en histoire.

"Je ne met pas en doute la bienveillance, ou le courage de vos ... des chevaliers. Je dis juste qu'une armée sans tête est aussi performante qu'un serpent sans le même appendice. Ou du moins c'est ce qui me semble logique..." répondit-il, mesurant bien la portée de ses propos. Il ne voulait pas sous entendre que ces derniers n'étaient pas capables de gérer la situation, quand bien même cette dernière semblerait plutôt désespérée vue de l'extérieur. Ne pas avoir de dirigeant était un problème, possible à résoudre, mais pas si facilement. Il était clair que la réincarnation - ou non - d'Athéna ne devait pas les séparer de leur vraie mission : protéger les hommes et leur libre-arbitre. C'était dire si la tâche s'en voyait compliquée lorsqu'ils étaient privés de leurs têtes pensantes...

"Un maître ? Oui, il y a longtemps, je m'en souviens à peine. Les enseignements restent, les personnes non. Je viens d'Espagne." Continua-t-il, se présentant à demi-mot. Il n'aborda pas grand nombre de sujets, ceux-là viendraient d'eux mêmes si l'occasion se présentait. Pas un mot de la ville, ni de son nom, ni même de sa famille. Ce n'était, pour le coup, pas le moment. Cela viendrait un jour ou l'autre, ou peut-être pas, qui savait...

"Quand à votre invitation, vous ne m'en voudrez pas si je passe mon tour, je suis absolument bon à rien en ce moment. Du moins rien qui ne demande précision." reprit-il après une ou deux répliques de ses acolytes dorés. Ce n'était pas qu'il n'avait pas la force physique de se charger de la tâche, ni qu'il n'en avait pas l'envie - encore que - mais il risquait vraiment, s'il ne se concentrait pas, de tout gâcher. Et utiliser son cosmos... Disons qu'il évitait de faire appel à son aura lorsqu'il pouvait l'éviter, et donc en dehors des combats. Une question de malaise qui s'instaurait chez la plupart des personnes qui le côtoyaient à ce moment là tant son énergie était déstabilisante. Mais ce n'était pas en ce jour qu'ils auraient à se confronter à ceci.

Lesath avança son bras, et mis en avant sa main, paume vers le sol. Il ne fallut pas bien longtemps aux deux chevaliers pour percevoir le léger tremblement de cette dernière. Il ne voulait pas que cela soit un secret, ni le cacher. Les longues périodes de jeune le mettaient dans cet état, une sorte d'état de manque totalement contrôlé, si ce n'était ce léger tremblement, qui ne lui permettait malheureusement pas d'être utile pour ce genre d'entreprises.

"Mais je peux vous tenir compagnie temporairement. A un moment donné, il faudra que je grimpe ce dédale et que j'aille voir ce qu'il reste du temple que je dois défendre. Probablement pas grand chose." Ajouta-t-il.

Il ne s'était jusqu'alors jamais demandé ce qu'il restait de la maison à sa charge, à vrai dire. Il n'avait pas cherché à en savoir plus sur ses prédécesseurs, de la même manière, ne voulant ni s'inspirer, ni s'empêcher de le faire. Il devait être une nouvelle feuille, pas forcément blanche mais au moins inédite, pour le huitième temple.

Oubliant ses soucis, le Bélier profitait de ce retour en fanfare pour faire connaissance avec ces deux Chevaliers d'Or dont il ne connaissait rien. Azir, dont la bonne humeur n'avait d'égal que sa motivation et son enthousiasme. Et le dernier arrivé, Lesath, beaucoup plus calme et mesuré, en apparence au moins. Des profils totalement différents mais dont il souhaitait apprendre davantage quand l'occasion se présenterait. Au moins, ces premières minutes au sein de son Temple ne faisaient que le conforter dans la décision qu'il avait prise à Jamir.

Calmement, une pointe d'amusement et de sérénité dans le regard, il observait ses compagnons d'armes, écoutant leurs réponses aux différentes questions posées. Il était vrai que le Scorpion connaissait déjà beaucoup de choses sur le Sanctuaire alors qu'il venait seulement d'y parvenir. D'un autre côté, s'il avait été formé par quelqu'un, il n'était pas surprenant que cette personne lui ait effectivement enseigné quelques connaissances avant qu'il ne se rende au Sanctuaire. Au moins pour qu'il ne passe pas pour un imbécile en l'atteignant. Un instant, Sorata se perdit à imaginer dans quel lieu les autres Chevaliers d'Or avaient bien pu grandir et apprendre. Y avait-il, aux quatre coins du monde, d'autres lieux comme Jamir où les éveillés pouvaient apprendre et progresser sous des regards avisés? Jamais il ne s'était vraiment posé cette question.

Le regard dans le vide, Sorata retourna subitement son attention en direction d'Azir qui répondait à sa question. Sept Chevaliers d'Or au Sanctuaire, ce n'était finalement pas si mal compte tenu de la situation du Sanctuaire. Un instant pourtant, le regard du Bélier se fit nostalgique, constatant que la seconde maison du Sanctuaire était malheureusement vide.

Pas de porteur pour l'Armure d'Or du Taureau? Les gars, va falloir descendre de temps en temps dans mon Temple en dehors des périodes de guerre. Je ne suis pas revenu pour déprimer tout seul à l'entrée du Sanctuaire. Sachez que vous êtes les bienvenus dans cette Maison quand vous le souhaitez.

Pourtant, si la joie de vivre du Lion semblait s'avérer contagieuse, celle-ci n'avait apparemment pas atteint le Scorpion dont les réponses épurées laissaient planer un certain malaise. De sa vie, il n'avait donné que le strict nécessaire, ne souhaitant visiblement pas s'attarder. Bien que sa réponse puisse laisser penser que celui qui lui avait servi de maître n'était plus de ce monde aujourd'hui. De même, il refusa la proposition de leur apporter de l'aide, laissant penser à Sorata que ce dernier ne souhaitait pas leur tenir compagnie plus longtemps que nécessaire. S'attendant à voir Lesath se retirer en direction de son Temple, le Bélier fut quelque peu surpris lorsque ce dernier tendit une main légèrement tremblante au dessus du sol. Se reprenant rapidement rapidement, le Bélier fit signe à Lesath et Azir de l'attendre un instant.

Ne bougez, je manque à tous mes devoirs en ce Temple.

Rapidement, Sorata tourna des talons pour se rendre dans une alcôve à l'arrière de son Temple. Il fallait espérer que ses consignes avaient perduré malgré son absence. Après tout, il n'était pas rare que le Premier Temple accueille des invités ou des dignitaires, il fallait donc avoir de quoi les accueillir, surtout lorsqu'une longue route avait précédé leur arrivée. Bienheureux de la découverte toute simple qu'il venait de faire, Sorata réapparut rapidement avec, dans ses mains, un plateau sur lequel étaient disposés une carafe d'eau, trois verres et quelques fruits frais. Rejoignant les deux autres au centre de son Temple, il déposa le plateau sur une pierre à quelques mètres de là.

Ce n'est pas grand chose mais on m'a appris à rester simple à Jamir. Azir, j'imagine que tu dois avoir soif à force de réparer comme ça le Sanctuaire. Et toi, Lesath, tu dois avoir besoin de reprendre quelques forces avec la route que tu viens de faire. J'espère que cela vous rafraichira un peu. Qu'on ne dise pas que le Bélier laisse mourir de soif ses hôtes dans sa maison!

Appréciant la proposition de Lesath de rester avec eux, le Bélier se dirigea vers quelques planches afin de les déplacer où cela pouvait servir.

Bon, je peux au moins apporter des matériaux à ceux qui savent construire. On verra ensuite si je peux faire plus. Azir, dis moi qui a besoin de ses planches et je lui dépose! Sinon Lesath, moi je viens de Jamir, dans l'Himalaya. Et j'imagine que tu as raison quant à l'armée sans tête. Peut-être les Chevaliers d'Or vont-ils se réunir pour en discuter?

Le Scorpion hocha la tête pour remercier son hôte, le gratifiant d’un ersatz de sourire par la même occasion. Il ne toucha pas aux fruits, mais s’approcha lentement du plateau, puis, tout aussi mollement, remplit le contenu de son verre, ainsi que celui de Sorata, Azir l’ayant devancé pour le sien. Il but quelques gorgées de liquide avant de le reposer doucement sur sa base métallique. Il n’avait pas particulièrement soif, mais ne se refusa pas un peu d’hydratation. Après tout, cela faisait quelques heures qu’il était au soleil, et il n’avait pas particulièrement envie de tourner de l’œil.

« L’Himalaya, donc. » souffla-t-il lorsque le gardien de la première maison lui annonça ses origines. Cela semblait si lointain, ce qui était étonnant pour un chevalier. Il aurait pu s’y rendre en quelques instants, se déplaçant à la vitesse du vent, mais cela ne changeait rien. Ces montagnes avaient toujours été dépeintes dans son esprit comme le bout du monde. Un jour, il l’espérait, il verrait ce pic, surplombant le reste de l’humanité, habillé de son blanc immaculé. Il l’espérait sincèrement. Il n’avait presque jamais vu la neige, de plus. Elle avait cette aura de mystère de ceux qui ne la croisaient jamais. Si les hauts plateaux espagnols, la Sierra de Madrid, en étaient recouverte, le léger réchauffement climatique des dernières années avait raréfié sa présence. Comme le lynx ibérique, la neige se cachait.

« Ça doit être un lieu … grisant. » Répondit-il donc, d’un ton neutre, laissant de côté dans son inconscient cette image de montagnes escarpées. Puis, il garda silence, écoutant l’échange entre les deux autres chevaliers. Ils échangèrent quelques trivialités sur les hommes qui devaient rebâtir les environs, ou du moins c’est ce qu’il crut en comprendre. Il n’écouta que d’une seule oreille, son esprit étant happé par quelque chose d’autre. Une aura qu’il croyait percevoir au loin. Cette dernière était si faible, si reculée, qu’il se demanda s’il ne l’imaginait pas. Ce n’était sans doute pas le cas. Cette fréquence, cette énergie, il la connaissait, et pourtant … c’était impossible. Il ferma les yeux et laissa ce point pour plus tard. Quelques heures plus tard sans doute, après quoi il s’éclipserait du sanctuaire pour retrouver son origine. Il devait avoir le cœur net.

« Cette réunion… Pourquoi pas. » Répondit-il « Ceci dit, encore faut-il pouvoir en informer la moitié qui … baille aux corneilles, n’est-ce pas ? » Dans tous les cas il ne s’en chargerait pas. Il n’avait aucune âme de leader, et encore moins auprès de personne qu’il venait à peine de croiser, lorsqu’encore il les connaissait. Certains seraient sans doute plus intéressés par ce genre de tâches. Sans aucun doute, même. L’espagnol se tourna vers le Bélier.

« Encore merci pour l’eau, Sorata. Comme tu l’a dit je suis légèrement fourbu du trajet. Je vais grimper ce déluge de pierre pour voir ce fameux huitième temple. Salutations à tous les deux. »

Prenant congé de ses nouveaux collègues, il fourgua ses mains dans ses poches et, alors que son armure l’appelait depuis sa demeure, il amorça la montée. Sa première ascension des marches du Sanctuaire.

Toute une entreprise.

L'utilisation de pouvoir se fait dans le cadre de l'achat d'un don RP.

Ses deux invités semblaient satisfaits de l'attention qu'il leur avait portée. S'il n'avait douté un instant qu'Akir apprécierait ce plateau, Lesath s'était presque montrant souriant devant le verre d'eau qui s'offrait à lui. Pas aussi vivifiant que la bonne humeur du Lion mais déjà un pas dans la bonne direction. Il n'avait pourtant touché à aucun des fruits proposés, rompant avec l'idée que s'était faite Sorata que ses tremblements pouvaient venir de la faim. Peut-être la fatigue alors. Mais il ne le connaissait suffisamment pour se montrer indiscret à ce sujet. Plus tard.

Aux commentaires succincts de Lesath au sujet de l'Himalaya, Sorata avait souri chaleureusement, se demandant quel était le meilleur qualificatif qu'il puisse donner à ce lieu perdu dans les hauteurs.

Grisant, je ne sais pas trop. J'ai toujours trouvé qu'il s'agissait d'un lieu tellement reposant, apaisant. Au milieu des montagnes, dans les plus hauts sommets du monde, tu te rends compte que tu n'es pas qu'une toute petite chose au milieu de toute cette majesté. Et puis, beaucoup de grands sages viennent de là bas alors tu te sens évidemment un peu forcé de voir les choses avec philosophie! Un jour, je pourrai vous guider pour que vous puissiez vous faire votre propre avis si ça vous tente?

Si Azir s'efforçait d'apporter le plus possible son aide pour les réparations, il n'en oubliait pas tous les autres qui se tuaient à la tâche pour remettre le Sanctuaire en bon état. Chevaliers ou simples ouvriers, il n'y avait plus de différence dans de tels instants. Avec beaucoup de bienveillance, le Bélier écouta les paroles de son homologue du lion, se disant que si tous les Chevaliers alliaient son humilité, son positivisme et son bonne volonté, la protection du Sanctuaire ne pouvait qu'être assurée. D'ailleurs, cette pensée pourrait se vérifier bien assez tôt puisque l'idée de réunir les Chevaliers d'Or semblait germer dans les différents esprits. Ne restait plus qu'à trouver un moyen d'y parvenir, surtout si certains se trouvaient actuellement en mission quelque part dans le monde.

Finalement, Lesath signala qu'il souhaitait se retirer pour se reposer au sein de son Temple. Un instant, Sorata l'observa, se demandant s'il s'agissait vraiment de la raison de son départ mais il se contenta de lui répondre amicalement

Repose toi bien Lesath, et repasse dans mon Temple quand tu le souhaites.

Ils se retrouveraient donc à nouveau à deux, Azir et lui, comme quelques instants auparavant. Le passage du Scorpion avait été bref mais lui avait au moins permis de rencontrer un autre de ses compagnons dorés. A la remarque du Lion sur la manière de motiver Lesath, Sorata laissa entendre un rire amusé avant d'acquiescer quant au commentaire lié à la position de son Temple.

Effectivement, je suis très bien à l'entrée du Sanctuaire, je ne m'en plains pas! D'autant que pour le moment, il n'y a pas de réelle raison de monter tout en haut. Enfin, espérons que cela ne dure pas trop longtemps... Pour Jamir, non je ne suis pas un moine, mais simplement un homme qui a eu la chance - ou la malchance diront certains - de naitre et de grandit là bas. Mais je n'ai pas eu la chance de rencontrer le Dalai Lama! Mais tu sais, c'est vrai que Jamir est isolé et que beaucoup apprécient l'Himalaya pour son calme et ses retraites méditatives possibles. Mais le temps passant, on trouve des tas de moyens de s'informer sur le monde. Surtout quand on possède des... capacités spéciales un peu comme toi ou moi.

Regardant autour de lui, le Bélier ferma les yeux pour se concentrer un instant

D'ailleurs, je disais que je n'étais pas bon pour les réparations mais je peux aider autrement. Peux-tu me dire où il faut placer ces grosses pierres et ces planches? Et en même temps, tu as dit un truc qui m'intrigue tout à l'heure. C'est quoi cette histoire de papoter à un Sphinx?

Terminant sa phrase, une énergie commença à se dégager du Bélier dont les yeux étaient maintenant clos. En quelques secondes, une aura entoura plusieurs lourds blocs de pierre et regroupements de planches qui les entouraient. Quelques instants encore et il s'élevaient à quelques mètres du sol, mus par le Psychokinésie déployée par le Bélier, attendant les instructions d'Azir sur l'emplacement où ils devaient être envoyés.

Devant la réaction d'Azir quant à l'utilisation de son don, Sorata avait simplement souri et incliné la tête pour acquiescer. Enseigner ce don, en était-il seulement capable? Bonne question. Jusqu'à présent, il avait souvent étudié les livres qui étaient à sa disposition et suivi les enseignements de ceux qui acceptaient de s'occuper de lui. Mais jamais l'occasion ne s'était encore présentée pour lui de retransmettre une partie de ce savoir. Et à dire vrai, l'idée ne lui avait même jamais traversé l'esprit. Etait-ce là une forme d'égoïsme? Pas vraiment. Simplement le sentiment d'être trop jeune et inexpérimenté pour pouvoir prétendre à la transmission d'un quelconque savoir. Mais les temps évoluaient, les vies s'écoulaient. Et peut-être l'époque où il n'était qu'un simple élève en apprentissage approchait de sa fin. Enfin, au moins en partie, car il était clair pour lui qu'il avait encore des tas et des tas de choses à apprendre.

Suivant précautionneusement Azir tandis que ce dernier semblait observer jusqu'où pouvait bien aller le don dont il faisait preuve, Sorata accéléra le pas lorsque son compagnon de travaux commença à répondre à ses questions au sujet de Sphinx. Il s'empressa d'ailleurs de répondre aux premiers commentaires du Lion:

Hé bien, les autres Chevaliers d'Or ont de la chance alors! Moi, je n'ai jamais eu l'occasion d'approcher ou de croiser de créature mythologique... Maintenant que tu en parles, il me semble en effet logique que certaines d'entre elles soient présentes sur le Monde mais avant cela je crois que je ne l'avais même jamais envisagé... Je crois que ça restait pour moi plus un conte pour faire rêver les gens.

Le Bélier retourna alors au silence pour écouter la suite du récit d'Azir, et se concentrer sur ce qu'il portait. Sa curiosité le poussait à en apprendre davantage sur cet être fantastique mais il devait aussi se contenir pour éviter de voir sa livraison s'envoler à l'autre bout du Sanctuaire. Un instant pourtant, la curiosité laissa place à la confusion tandis que Sorata cherchait à remettre tous les éléments apportés par le Lion en ordre dans sa tête. Le Sphinx, l'esprit du Roi Oedipe, la rivalité. Le regard un peu perdu - un peu comme ces personnages de dessin animé qui se retrouvent soudainement entourés de points d'interrogations à la télévision - Sorata demeura quelques secondes immobile à observer bêtement Azir alors que ce dernier lui avait indiqué l'endroit où poser les marchandises. Reprenant finalement ses esprits, le Bélier fit un geste de la main et blocs de pierres et planches vinrent se déposer lentement à l'emplacement qui leur était du.

Désolé! J'essayais d'assimiler les informations que tu me donnais sur l'Egypte et je crois que je me suis un peu emmêlé les pinceaux! Je ne voudrais pas te retenir trop longtemps parce que j'imagine que tu dois avoir plein de choses à faire mais j'aimerais bien que tu me racontes cette histoire en détails quand tu en auras le temps! C'est quoi cette histoire d'âme, pourquoi tu devais aller voir le Sphinx, quelles sont ses énigmes etc. J'avoue que tu as totalement capté ma curiosité là! Et crois-moi, ce n'est pas demain que je commencerai à trouver banales les histoires de ce genre!