Saint Seiya
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[FB] Télé Spectres Jours 2
Andréa
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Un silence pesant – oppressant même – planait sur la table. Face aux infernaux, les représentants des studios engagés – ou plutôt réquisitionnés – pour leur délivrer une œuvre de propagande furtive se renfonçaient un peu plus dans leurs sièges à chaque minute. Ils devaient bien se douter que ce qu'ils apportaient à cette réunion ne plairait pas à la Liche, autrement ils n'auraient pas demandé à ce que leur rencontre se déroule dans un lieu public où elle ne pourrait pas les punir sans griller sa couverture. À en juger par leur expression, ils réalisaient maintenant la naïveté de cette idée : ils étaient peut-être à l'abri d'un châtiment sommaire mais rien n'empêcherait l’Étoile Terrestre d'attendre qu'ils quittent le restaurant et se retrouvent hors de portée des regards avant de leur livrer le fond de sa pensée à grands renforts de violence.

Les individus composant cette distinguée brochette de producteurs, scénaristes, réalisateurs et autres spécialistes ès effets spéciaux suaient à grosses gouttes, rajustaient fébrilement et répétitivement leurs tenues hors de prix, échangeaient des regards anxieux... tout pour ne pas tourner les yeux vers les Spectres. Andréa examinait des dossiers remplis de storyboards, d'esquisses et de documents divers avec une irritation à peine jugulée par la quantité impressionnante de vodka qu'elle engloutissait depuis le début du rendez-vous ; elle avait déjà fini une bouteille entière et le niveau de la seconde descendait dangereusement bas. La serveuse avait essayé de la dissuader de repasser commande mais la polonaise n'avait rien voulu entendre. À côté d'elle se trouvait un Squelette à l'humeur tout aussi massacrante : il maniait son surligneur rouge avec la même finalité qu'un psychopathe tranchant une gorge avec son couteau, couvrant les scénarios qu'il décortiquait de marques semblables à des plaies sanglantes.

Après un temps interminable où personne n'osa parler de peur de s'attirer les foudres de leurs commanditaires, les deux morts-vivants achevèrent leurs lectures respectives, se concertèrent rapidement – et toujours en silence – puis se retournèrent vers le groupe de cinéastes.

« Ça ne va pas du tout. » annonça la jeune fille en détachant clairement les syllabes tandis que son subordonné se contentait d'acquiescer par le geste. Comme un seul homme, ses interlocuteurs tentèrent de se faire le plus petit possible pour échapper au poids de sa désapprobation. Sans succès, bien entendu. « C'est à se demander pourquoi nous vous payons autant ou pourquoi nous nous montrons aussi accommodants sur les délais. Mon employeur est-Il en train de gaspiller Sa générosité ? Mes propos lors de nos précédentes rencontres étaient-ils si incompréhensibles ? »

« Non non, absolument pas ! » protesta faiblement un jeune homme – difficile de savoir s'il était plus ou moins trouillard que les autres dans ces circonstances. « Vos exigences étaient limpides et nous avons tous à cœur de satisfaire votre employeur ! »

Concert de hochements de tête frénétiques de la part des moins timides du lot. La Liche prit son temps pour ouvrir l'un des dossiers, trouva la feuille qu'elle cherchait et la prit entre deux doigts pour la montrer à l'assistance : « Dans ce cas expliquez-moi ce que c'est que ça, je vous prie. »
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« Un... character design pour les Spectres ? » fit un jeune homme à la mine piteuse. Le ton mal assuré de la réponse – qui prenait la forme d'une question, pour commencer – parut déplaire à la polonaise tout autant que son contenu.

« C'est ce qui est marqué sur le papier, oui. Heureusement d'ailleurs parce que sinon j'aurais jamais pu deviner. » rétorqua sarcastiquement la jeune fille. « Maintenant, vous ne voyez pas le problème avec ces dessins ? Au hasard, quelque chose à voir avec les exigences détaillées dans votre cahier des charges ? »

La pauvre serveuse, qui ne savait pas où se mettre face à une telle ambiance mais n'avait d'autre choix que de faire son travail, revint à ce moment-là avec les plats de la tablée et les déposa devant leurs convives respectifs. Andréa la remercia avec un sourire angélique et, une fois leur hôtesse repartie en quatrième vitesse, recommença aussi sec à dévisager celui qui avait pris la parole. S'il espérait qu'elle se laisserait distraire par la nourriture, c'était raté.

« Hum... non ? »

La Liche tiqua ; son voisin Squelette, lui, s'attela joyeusement à dévorer son repas en attendant que son tour vienne de malmener leurs interlocuteurs. Aucun des malheureux cinéastes n'osait toucher à sa nourriture.

« Laissez-moi vous rafraîchir la mémoire dans ce cas : nous vous avions demandé des antagonistes humains, visuellement marquants et surtout charismatiques si possible. Vous avez toute une banque d'images à disposition, toutes les apparitions publiques de chevaliers en armure depuis les Galaxian Wars, tous les modèles laissés par les équipes ayant travaillé sur les multiples itérations avortées de ce projet, tous les fonds nécessaires pour embaucher les artistes les plus talentueux et créatifs d'Hollywood. Avec toutes ces ressources pour nourrir votre inspiration et notre bénédiction quant à l'emploi d'un certain degré de licence artistique, vous comprendrez que je sois quelque peu déçue du résultat. »

Vu leurs airs coupables, ils comprenaient tout à fait où elle voulait en venir, ce qui ne faisait que rendre la chose encore plus énervante. Ils n'avaient rien trouvé de mieux à proposer à leurs commanditaires qu'un design des plus décevants de monstre humanoïde générique comme on en trouvait partout, sorte d'imitation au rabais des orcs du Seigneur des Anneaux. Aucune personnalité, aucune individualité, rien que du pré-mâché hautement oubliable qui n'arrivait même pas à se distinguer par une laideur extraordinaire. Et encore, ce n'était rien comparé aux outrages subis par les Dieux Jumeaux, dont l'interprétation hollywoodienne ressemblait à ce qui pourrait arriver si Voldemort avait fauté avec un troll des cavernes sataniste. Rien ne saurait être plus éloigné de la commande passée par les Spectres, sauf peut-être si ces ahuris avaient décidé de les affubler d'armures roses à tutu.

« Oui, on a merdé... » avoua une femme dont la coiffure soignée se délitait sous l'effet du stress.

« Je ne vous le fais pas dire. Vous pensiez vraiment qu'on laisserait passer ça ? Pour qui nous prenez-vous ? »

Tous les individus impliqués se répandirent en excuses, confessions et dénégations, la contradiction ne faisant qu'ajouter à la confusion. Les autres n'en menaient pas plus large, sachant pertinemment qu'ils auraient eux aussi droit à leur engueulade.

« Vous avez intérêt à rattraper ça. Et que je ne vous y reprenne plus. » avertit la jeune fille en les menaçant de son couteau à viande. « Je me contrefiche que ce soit plus dur à faire, que ça coûte plus cher ou que ça prenne plus de temps, je vous interdis de prendre la solution de facilité : on y a mis les moyens, ce n'est pas pour rien. Et si j'apprends que l'un de vous a rogné sur le budget pour pouvoir se remplir les poches... »

Elle laissa la menace planer quelques instants. Pas de démonstration de pouvoir ce coup-ci – trop de témoins – mais s'ils savaient ce qui était bon pour eux, ils se rappelleraient du miasme que la jeune fille avait conjuré la dernière fois. Quoique, ils ne seraient pas en train d'avoir cette conversation si cette bande d'abrutis avait suffisamment de cervelle pour faire primer l'instinct de survie sur l'appât du gain. Il faudrait sans doute en remettre une couche pour s'assurer que le message passe bien... Pas tout de suite cependant : elle comptait bien profiter de son repas, aussi fit-elle signe au Squelette de prendre le relais avant de s'attaquer à son entrecôte.
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« J'aimerais pouvoir dire que je ne vais pas y aller par quatre chemins mais ce serait mentir, parce que je ne sais même pas par où commencer. » fit le Squelette en regardant sa pile de dossiers comme s'il s'agissait d'un tas d'ordures particulièrement répugnantes qui risquaient de ruiner son beau costume. Il lui fallut quelques secondes après cette encourageante entrée en matière pour prendre sa décision, secondes dont leurs interlocuteurs tentèrent de profiter pour minimiser la gravité de leur situation : « Allons, ça ne peut pas être aussi mauvais quand même ! »

« Oh que si. Nous vous avions demandé un scénario en béton et à la place vous nous fourguez du gruyère. Je ne vais pas m'amuser à reprendre toute l'intrigue point par point parce que sinon on y sera encore demain mais... merde quoi, ça vous tuerait de vous relire ? »

« Il ne suffit pas de dire « ta gueule c'est cosmique » pour faire disparaître les problèmes, vous savez. » rajouta la Liche avec un plaisir pervers. La remarque déclencha un concert de bougonnements de la part de ceux qui étaient en charge dudit scénario. Il y était notamment question d'ingérence des cadres, de caprices de divas de la part des producteurs, des réalisateurs et des stars qui trouvaient toujours une raison stupide ou une autre – que ce soit une soi-disant « vision artistique » ou simplement l'appel des biftons – pour restreindre le génie créatif d'honnêtes écrivains et transformer leur travail en abomination frankensteinienne. Ces justifications oiseuses déclenchèrent de vives protestations de la part des représentants des catégories incriminées qui prétendaient bien sûr n'y être pour rien et l'échange dégénéra en chamailleries qu'aucun des deux infernaux ne tenta d'interrompre. Si la prétendue crème d'Hollywood tenait tant à se rendre ridicule et à prolonger d'autant la réunion avec ses bêtises, tant pis pour elle ; les Spectres, eux, n'allaient pas laisser leur nourriture refroidir.

« C'est bon, vous avez fini d'essayer de rejeter la faute sur les autres ? Je vous préviens, c'est pas le genre de comportement qui vous fera gagner des points avec nous. » demanda la polonaise après presque cinq minutes de ce manège. Intéressant ça, ces types étaient à ce point incapables de se saquer les uns les autres qu'ils en oubliaient même les deux acolytes du Dieu de la Mort juste de l'autre côté de la table. Un tel nombrilisme, ça forcerait presque le respect.

« Cahier des charges toujours : une œuvre inspirée de faits réels avec deux niveaux de lecture. » récita son sous-fifre, histoire de remettre la discussion sur les rails. « De l'action et de l'aventure mais qui font aussi réfléchir ; souvenez-vous, nous voulons faire passer un message. Personne ne s'intéressera au message si le film est une sombre daube et que tous les tâcherons d'internet ne parlent que de l'histoire qui ne tient pas debout ou des costumes à chier. Il faut être irréprochables côté qualité. »

Il se passa une main sur le visage en étouffant un profond soupir. Il y avait de quoi.

« Commencez déjà par vous calmer sur les scènes de sexe, c'est glauque. Je sais pas si vous vous rappelez mais nos vaillants héros qui ont sauvé le monde ils avaient à peine 15 ans pour les plus vieux. »

« On voulait rehausser leur âge en fait... » se défendit l'un des producteurs, mais le Squelette balaya l'objection d'un revers de la main méprisant.

« Pour pouvoir caser une paire de triangles amoureux à la con ? Hors de question, on est pas dans un soap opera. On garde l'âge véritable pour le réalisme et pour le facteur choc. On ne va pas laisser le monde oublier que ses braves protecteurs sont des enfants-soldats quand même ! »
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Défait, le producteur ferma son clapet pendant que ses collègues murmuraient à propos du casting, puisque les infernaux refusaient catégoriquement d'accepter un compromis sur ce point. Ces derniers n'en avaient d'ailleurs pas terminé avec ce sujet, il restait un détail d'importance à régler quant au choix des acteurs.

« Au fait, je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer que les personnages principaux avaient miraculeusement changé de couleur de peau. » poursuivit la polonaise d'un ton mielleux. « Je suis curieuse de connaître le raisonnement derrière ce whitewashing. Si encore vous nous aviez proposé un joli petit panachage de personnages secondaires en justifiant ça par un désir de montrer la diversité de l'humanité unie pour sa survie j'aurais pu comprendre et pardonner une ou deux entorses à la réalité historique mais ce n'est pas le cas. Qu'avez-vous à dire pour votre défense ? »

Elle ne savait pas si elle serait capable de garder son calme si ces imbéciles heureux lui expliquaient qu'ils ne pouvaient pas garder ne serait-ce qu'un asiatique dans le rôle principal parce que ce n'était pas dans les habitudes d'Hollywood. Les sauveurs de l'humanité étaient japonais – à l'exception d'Athéna qui était grecque et de Hyôga qui tenait plutôt de son côté russe –, c'était comme ça et pas autrement, il fallait faire avec.

« C'est à dire que nous avions peur que le film soit accueilli comme une sorte de long-métrage Power Rangers directement importé du Japon si le public n'était pas capable de s'identifier aux héros... »

L’Étoile Terrestre haussa un sourcil sceptique, puis se couvrit le visage d'une main. Seigneur Thanatos, ils étaient vraiment lents à la comprenette. Qu'avait-elle fait pour mériter ça... « De quel public me parlez-vous, les pignoufs de la MPAA ? Je vois que ça a décidément du mal à rentrer alors je vais répéter. Mettez-vous bien ça dans le crâne : nous sommes vos patrons. Nous, pas les réalisateurs, pas les producteurs, pas les présidents des studios, pas les critiques et surtout pas ces ignares en charge de la classification. Ceux-là on les tient par les couilles... » – ce qui se révélait d'ailleurs fort utile pour influer subtilement sur tous les films produits ou diffusés aux États-Unis en donnant un coup de boost discret à ceux qui véhiculaient un message conforme à l'idéologie des Spectres et en entravant ceux qui au contraire s'y opposaient – « …donc vous pouvez arrêter d'essayer de leur plaire à tout prix. »

« Je suppose que c'est à ce fayotage obsolète que nous devons quelques-uns de vos autres choix les plus inspirés, comme ces dialogues insipides dans le meilleur des cas ? » demanda son coreligionnaire consterné. Andréa décida de se prendre au jeu et d'apporter de l'eau au moulin de son subordonné.

« Ces tas de clichés ambulants et sans personnalité que vous osez appeler des personnages ? »

« Cet humour pourri qui tombe toujours au plus mauvais moment, qui gâche complètement l'intensité dramatique ou épique de presque toutes les scènes ? »

« Ces arguments éculés qui tiennent lieu de justifications aux actions des méchants ? »

« Cette mièvrerie dégoulinante jurant atrocement avec le passé sombre des héros ? »

« Ce révisionnisme vis-à-vis de la première bataille du Sanctuaire qui semble absoudre le camp des héros de toute faute ? »

Ils auraient pu continuer comme ça encore longtemps mais ce coup-ci le message semblait être passé : tout ce beau monde allait devoir revoir sérieusement sa copie. C'était à se demander s'ils ne l'avaient pas fait exprès ; s'ils s'étaient effectivement mis en tête de jouer les rebelles de pacotille, il leur en cuirait. L'Au-delà pouvait tolérer un certain degré d'incompétence temporaire lors d'un changement de pratiques de cette envergure mais cette relative magnanimité fondrait comme neige au soleil si elle pouvait prouver qu'ils y mettaient de la mauvaise volonté. Les mortels présents à cette table feraient de se rappeler qu'ils n'étaient que de simples outils aux yeux du Faucheur, aisément jetables et remplaçables.

« D'accord, d'accord, n'en jetez plus. » supplia un homme qui avait les larmes aux yeux. Avaient-ils fini par blesser ses délicats sentiments ? « Dites-moi qu'on a au moins réussi une chose ? »

Silence. Long et inconfortable silence. La Liche réfléchit, réfléchit et finit par trouver un point positif : « Même si ça aurait pu être mieux fait, vous avez essayé de faire une Athéna qui ne soit pas qu'une demoiselle en détresse. Je dirais que c'est un arrangement acceptable avec la réalité. »

« Euh... vous voulez dire que la vraie Déesse de la Guerre... n'était pas comme celle décrite dans le scénario ? »

« Non. »
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Après avoir formulé moult critiques constructives, les infernaux prirent finalement leurs interlocuteurs en pitié et décidèrent d'arrêter de tirer sur l'ambulance pour les laisser profiter du repas ; n'employer que le bâton pouvait se révéler contre-productif à la longue, il fallait également se servir de la carotte de temps en temps si l'on voulait préserver son efficacité. Et puis ils n'allaient pas leur couper définitivement l'appétit et gâcher le travail des cuisiniers tout de même, ce serait dommage... et surtout très impoli de leur part. Le personnel du restaurant n'avait rien fait pour mériter qu'on les snobe.

Il aurait été prématuré de qualifier la nouvelle atmosphère de « relaxée » ou « plaisante » mais la plus grande partie de la tension disparut alors que les cinéastes savouraient leur répit avec l'appréciation de ceux qui savent qu'il ne tient qu'à un fil. Andréa et son subalterne, de leur côté, s'amusaient aux dépens de leurs « invités » en débattant de ce qui constituait selon eux le pire élément de ce carnaval des horreurs qu'on leur avait livré au lieu du film commandé.

La Liche pensait que cet honneur douteux revenait au blanchiment des personnages : les mêmes types qui trouvaient des justifications spécieuses à une telle pantalonnade seraient les premiers à s'insurger si par exemple un film sur Pearl Harbor plaçait un acteur noir dans le rôle de Roosevelt. De plus, leur raisonnement ignorait une donnée cruciale du projet : l’œuvre était destinée à une diffusion mondiale, or le public asiatique – dont le poids démographique était autrement plus important que celui du public blanc américain – s'identifierait plus facilement à des personnages proches de la réalité historique, retournant complètement l'argument de ces cadres frileux.

Le Squelette n'était pas d'accord, pour lui le choix le plus aberrant était celui de la disparition des Pandora Box. C'était symbolique expliquait-il, une puissante représentation visuelle du fardeau écrasant pesant sur les épaules des chevaliers ! S'en débarrasser pour ne garder que des armures apparaissant de nulle part pour recouvrir leurs porteurs rapprochait de plus – ironiquement – l'action de ces transformations typiquement japonaises tant décriées par cette brochette d'hypocrites. Ou d'idiots, difficile de dire quelle possibilité était la pire.

La polonaise dut également esquiver quelques questions posées par les plus hardis du groupe, qui voulaient son avis d'experte sur les visuels à donner aux pouvoirs cosmiques des personnages. Notant intérieurement la géométrie variable de leur souci de réalisme – ils auraient vraiment pu en faire preuve plus tôt –, elle commença cette fois par les brosser dans le sens du poil avant de les éconduire.

« Je suis flattée et heureuse de voir que vous prenez ça au sérieux mais je dois décliner la requête. »

« Raaaaaaah, pour une fois qu'on a des consultants qui savent de quoi ils parlent, c'est pas de bol. » se lamenta leur responsable des effets spéciaux. « Le problème avec le cosmos c'est que la pellicule fixe qu'une partie du phénomène, soit parce que ça va trop vite soit parce que certaines parties ne sont perceptibles que par d'autres éveillés... ou c'est ce que dit la rumeur en tout cas. »

« La rumeur a raison pour le coup, vous êtes bien informé. »

« Merci. Enfin bref, ça veut dire qu'on a pas des masses d'images en stock sur lesquelles baser notre travail, j'espérais vraiment que vous pourriez nous aider sur ça... »

« Hélas non, justement pour les raisons que vous venez de me donner. Très peu de gens peuvent se targuer de savoir à quoi ressemble le cosmos en action alors si votre travail est trop proche de la réalité, certaines personnes vont se poser des questions. Désolée, c'est le domaine où nos exigences s'inversent. Lâchez-vous, faites quelque-chose qui claque et ça devrait aller. »

« Ah bon ? Et les armures alors ? » fit remarquer un second larron. Question pertinente, une fois n'est pas coutume.

« Les armures c'est différent, comme je l'ai déjà dit vous avez les images d'archives qui vont bien pour ça, vous pouvez en dégager une esthétique globale et vous en servir pour extrapoler des designs originaux qui risquent beaucoup moins de nous attirer le mauvais genre d'attention. »

« Du moment que vous remettez les Pandora Box dans le script bien sûr. » rappela le Squelette en s'immisçant dans la conversation ; c'est qu'il était persistant le bougre. Le responsable effets spéciaux par contre n'insista pas et se rendit aux arguments de la jeune fille. C'était un progrès, peut-être réussiraient-ils à établir une vraie relation de travail d'ici la fin de cette rencontre après tout.
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La réunion touchait enfin à son terme. Il avait fallu faire preuve d'énormément de persévérance et d'une patience quasi-bouddhique car les anciennes habitudes avaient la vie dure mais il était permis d'espérer que cet outrage au septième art serait remis sur les bons rails après cette discussion. Quelques points de contention demeuraient toutefois, sur des sujets heureusement plus raisonnables que les premiers exemples de stupidité crasse auxquels la Liche et son sous-fifre avaient dû réagir.

La composition du casting était une fausse difficulté, les jeunes acteurs asiatiques sur lesquels insistaient les infernaux étaient certes peu communs à Hollywood mais avec les moyens mis à la disposition des recruteurs, ils devraient bien parvenir à dénicher un assortiment de profils appropriés pour un film d'action.

La question de l'image à donner aux antagonistes était déjà plus épineuse : il fallait être honnête, les Spectres avaient beau jeu d'imposer unilatéralement des instructions aussi strictes et de laisser ensuite leurs partenaires se débrouiller tout seuls pour les exécuter. Présenter les méchants de l'histoire comme des figures tridimensionnelles et dignes d'empathie avec des motivations compréhensibles tout en évitant de faire ouvertement de la propagande anti-Saints, pro-Marinas et pro-Spectres était plus facile à dire qu'à faire.

« Si on se rate, le fait que les Marinas soient également présentés sous un jour favorable devrait brouiller les pistes quant à votre implication mais ça nous fera une belle jambe si ça nous retombe dessus. » résuma le producteur. Il n'avait pas tort, Hollywood perdrait la plus grande partie de son utilité en tant que bras médiatique des Enfers si la populace se mettait à penser que l'endroit regorgeait de collabos – même si aucune trace d'intervention spectrale directe ne voyait jamais le jour. Et puis ils avaient une responsabilité vis-à-vis de ces gens mine de rien : une relation de suzeraineté devait obligatoirement marcher dans les deux sens, obéissance contre protection ; si l'une des parties manquait à ses engagements, les deux côtés en subiraient les conséquences négatives.

« Effectivement, il faudra qu'on vous présente un argumentaire qui équilibre le bon sens dans le fond et la folie fanatique dans la forme. » concéda la polonaise. Une tâche délicate dont ils n'allaient pas laisser les dialoguistes et scénaristes se charger de A à Z ; elle avait une petite idée de la façon dont elle pourrait se dépêtrer de ce dilemme particulier. Leur prêcheur attitré allait pouvoir se rendre utile une fois rentré de sa mission actuelle – quelle qu'elle soit, les autres guerriers de l'Au-delà n'avaient toujours aucune information sur ce qui prenait autant de temps à leurs collègues –, même si elle éviterait de lui préciser qu'elle faisait appel à lui parce qu'elle savait pertinemment que personne n'avait jamais été convaincu par son discours. « Je connais quelqu'un, je lui demanderai un coup de main lorsqu'il sera disponible. Vous verrez, il a un don avec les mots, je suis sure que vos éditeurs n'auront pas besoin d'y changer grand-chose. »

« Si vous le dites. »

Une fois cette question réglée, le reste n'était plus que des points de détail. Détails qu'elle laissa sans vergogne à son accompagnateur Squelette : à quoi bon avoir l'autorité de faire ce genre de choses si l'on n'en usait pas de temps en temps ? Son temps était précieux, elle avait à faire ailleurs et il ne lui semblait pas que les cinéastes lui reprocheraient de les abandonner maintenant (si c'était le cas ils feraient mieux de ne pas l'exprimer à voix haute, elle n'était pas là pour leur permettre de se sentir importants). Au contraire, ils respireraient sans doute mieux en son absence et se montreraient plus coopératifs de peur qu'elle ne revienne.

« Une bonne chose de faite. » se dit-elle en sortant du restaurant.

« Ça y est, c'est fini ? Pas trop tôt... » grinça Kochtcheï, qui avait passé toute la durée de la rencontre replié dans un coin de leur espace mental partagé à ruminer Thanatos savait quoi, le sale fainéant.

« Ça y est, tu te réveilles ? Pas trop tôt. » rétorqua son hôte. « Merci beaucoup de m'avoir laissée toute seule avec ces types, vraiment, c'était sympa. »

« Primo tu n'étais pas seule, péronnelle. Secundo je ne t'aurais guère été d'une grande aide, ces choses-là m'ennuient au plus haut point. Tertio il faudrait savoir ce que tu veux, tu n'arrêtes pas te plaindre de ma présence. »


Mais c'est qu'il avait raison en plus le vieux croûton, et que sa suffisance croissait alors qu'elle était obligée de se rendre à l'évidence. Saleté.

« N'empêche, j'aurais apprécié un peu de soutien ou au moins une distraction, j'ai cru que mon cerveau allait fondre par moments. »

« Parce que ça aurait fait une différence ? »


À la réflexion, peut-être qu'elle aurait dû rester au restaurant. Là-bas au moins elle était crainte, respectée et elle pouvait avoir la paix par voie de conséquence, alors que dans sa propre tête... Trop tard pour faire marche arrière, hélas. Mais il n'y avait pas de raison pour qu'elle soit la seule à se sentir misérable : puisque son prédécesseur insistait pour se montrer insupportable, autant rendre la pareille et s'en servir comme exutoire pour toutes les frustrations endurées au cours de la journée, puisqu'elle ne pouvait pas – encore – passer ses nerfs sur la source des dites frustrations. Sa vengeance serait terrible.
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