Le séjour d'entraînement dans la région de Santa Cruz se poursuivit sans encombres ni interruptions, les mercenaires enchaînant les combats et les exercices de développement du cosmos. Ils eurent notamment droit à une épreuve où ils devaient esquiver des balles de peinture décochées à haute pression pendant plus d'une heure sans se faire toucher une seule fois, la cadence des tirs s'accélérant avec le temps. Ceux-ci étaient trop faibles pour provoquer des blessures sérieuses, mais ils restaient passablement douloureux à l'impact. Les soldats s'investirent donc au maximum dans leur entraînement et bien au-delà, soucieux de ne pas finir bombardés de tous les côtés dans la souffrance. Tout le monde y passa et tout le monde dégusta avant que les bidasses ne s'adaptent au rythme infernal qui leur était imposé. L'intelligence artificielle qui dirigeait les canons ne leur faisait aucun cadeau et faisait en sorte de viser vicieusement leurs multiples angles morts. Afin de surmonter cet exercice, les mercenaires durent enflammer leur énergie spirituelle sans faiblir pour ainsi aiguiser leurs six sens.
Ils furent ensuite obligés d'affronter durant des simulations, que ce soit en groupe ou en duel, des adversaires virtuels possédant la puissance d’Éveillés de rangs 3 et 4. Bien que l'escouade Kazanski soit expérimentée en matière de confrontation contre des équivalents Bronze, aucun de ses membres ne fit long feu lors de ces combats, les roustes qu'ils essuyaient étant encore pire face à des niveaux Argent. Néanmoins, chaque membre du commando parvenait à progresser de jour en jour, même s'il ne s'agissait que de petites avancées. Quant à Vitold, il continuait d'affiner la maîtrise de sa force cosmique et d'en sublimer le flux, ceci dans l'objectif de discipliner ses pouvoirs de Spectre.
En effet, la libération de puissance ténébreuse qu'il effectuait à chaque bataille depuis qu'il avait complètement embrassé sa nature d’Étoile Maléfique était encore trop anarchique à son goût. Son cosmos avait certes besoin d'être plus destructeur, mais aussi d'être plus contenu et plus précis. Ce n'était pas parce que le Bourreau avait atteint des hauteurs de compétences martiales encore jamais explorées par une Étoile Terrestre, sans compter le moment où Thanatos lui avait accordé sa bénédiction divine, qu'il pouvait se reposer sur ses lauriers. Il s'était engagé très loin sur la voie du démon et il n'avait guère l'intention de considérer qu'il était arrivé au bout du chemin. L'ombre de guerriers redoutables tel que Gareth des Gémeaux l'obsédait toujours et il n'aura de repos que lorsque son poing sera en mesure d'écraser toute forme d'opposition.
D'opposition, Vitold en rencontra une à laquelle il ne s'était pas attendu : un hologramme de lui reproduisant ses capacités, son esprit tactique et ses manies. Par dessus le marché, il était paramétré afin d'être théoriquement plus coriace que l'original. Les scientifiques et les officiers communiquèrent au Russe quand il découvrit le pot aux roses via interphone que c'était la meilleure méthode qu'ils avaient trouvée dans l'objectif de rectifier ses défauts liés à son blocage psychologique. Le raisonnement était simple : quoi de mieux que de le mettre face à soi-même pour surmonter ses appréhensions relatives à son âge et à ses aptitudes ? Une séance d'humiliation en règle contre son propre clone allait forcément sortir l'Exécuteur de ses gonds.
Et effectivement, l'intéressé se fit copieusement défoncer lors de la première phase de l'affrontement. Essayer de combattre cet hologramme avec seulement un déploiement de force brute était inutile, car il le surclassait de toute évidence en termes de puissance, d'endurance et de vélocité. La seule façon de le surpasser pour Vitold était d’affûter ses six sens pour ainsi ressentir son ennemi au maximum et anticiper ses actions. Maintenant qu'il avait son plan d'action en tête, il se rétablit péniblement sur ses jambes, ayant été envoyé maintes fois au tapis par sa copie virtuelle. La Japonaise de l'autre jour, qui observait ses performances en compagnie du reste des cerveaux de la base militaire, s'enquit auprès du Russe de sa capacité à réussir l'entraînement :
"Vous êtes sûr que vous allez y arriver, monsieur Kazanski ? Si vous continuez à ce rythme, nous allons être obligés d'arrêter l'exercice bien plus tôt que prévu.""Je vais y arriver pourvu que vous me laissiez me concentrer une seconde." répliqua sèchement le Bourreau, agacé par la condescendance qu'il percevait dans la voix de la scientifique.
Il inspira puis expira donc profondément, pour ensuite embraser et canaliser son énergie cosmique à travers l'intégralité de son corps. Il focalisa son cosmos sur chacun de ses sens et entra en méditation dans un but d'introspection. Quand il fut fin prêt, Vitold se remit en garde et s'avança lentement vers son clone. Une fois à portée d'attaque, il asséna à l'hologramme un direct ravageur du droit qui fut facilement bloqué. Cependant, ce coup n'était qu'une feinte et le Russe exécuta une rotation avant de balancer un mawashigeri que son adversaire ne parvint pas à prévoir. Il enchaîna avec un maegeri bien planté dans l'estomac puis para un nukite en l'écrasant entre son coude et son genou. Le Bourreau poursuivit l'offensive en frappant la jambe gauche de son ennemi et en lui infligeant un coup de boule dévastateur. Toutefois, il reçut en riposte un crochet qui le flanqua violemment par terre, mais il se ressaisit aussitôt et repartit à la castagne.
Au fil de la confrontation, Vitold arrivait graduellement à mieux anticiper les attaques de sa copie virtuelle à travers une compréhension de plus en plus profonde de son propre style de combat. Cela ne l'empêchait pas d'être parfois débordé par la force supérieure que lui opposaient l'intelligence artificielle et les ingénieurs, aussi se retrouva-t-il à encaisser des dommages supplémentaires malgré tous ses efforts. Néanmoins, l'affrontement tournait à sa faveur et il plaça, bloqua et esquiva plus de coups que son clone ne pouvait le faire. Cette machine ne faisait que le singer après tout, et le Russe était le seul à posséder l'entière connaissance de sa personne !
Finalement, le duel se conclut sur un match nul, un résultat plus que frustrant pour le Bourreau. Il devait cependant s'en contenter, car il lui fallait éviter les progrès trop remarquables qui le rendraient suspect. Au moins, le bilan dressé par l'équipe scientifique lui épargna un remontage de bretelles par la Japonaise et les officiers militaires. Cette fois-ci, il avait réussi à montrer une nette amélioration de ses facultés cosmiques et physiques, un impératif s'il voulait ne serait-ce qu'arracher une égalité dans ces conditions. Maintenant qu'il avait prouvé qu'il était bien un membre sur lequel Firmament pouvait compter en dépit de son âge, il pouvait en profiter pour se reposer un peu. Il en aura besoin, d'autant qu'on l'avait prévenu que Mélissa Traoré et David Johnson allaient bientôt confier à l'escadron Kazanski une nouvelle mission de la plus haute importance.
_________________
by Oblivion