Le poids de l’armure, c’était la première chose qu’avait remarqué Razal. Elle ne pesait absolument rien, comme s’il portait de simples vêtements. Pourtant, il était sûr qu’un autre que lui la trouverait extrêmement lourde, surement parce qu’elle l’avait choisi, là où un autre aurait surement essayé de l’avoir par la force. Le jeune homme se souvenait avoir lu ça quelque part, quand il était à la Palestre, les armures d’ors, reconnaissables à leur couleur, étaient les plus puissantes des quatre-vingt-huit armures. Leurs porteurs étaient des êtres à part, dans la chevalerie, leur puissance dépassant largement celle des autres. Mais ce n’était pas tout, les armures, imprégnaient de l’énergie de leurs anciens porteurs, renforçaient encore cette puissance. Certains même, avaient une puissance quasi divine. Ce fut sur cette douce pensée, un rêve qu’il ne croyait pas réalisable, que le Cancer quitta la Palestre.

Il ne fallut pas longtemps au jeune homme, pour atteindre l’entrée du Sanctuaire, où il salua rapidement les gardes, non sans fanfaronner un peu, en montrant bien sa belle armure. Tout en commençant à grimper les marches, le nouveau chevalier regardait ses avant-bras. La découpe de l’armure était assez étrange, loin de ressembler à ce qu’il s’imaginait pour décrire un crabe. Pourtant, en regardant de plus près, il avait compris que la forme se rapprochait de celle des pattes de l’animal. Il en voyait même déjà une certaine utilité en combat, même si pour cela, il devrait frapper au corps-à-corps. Malheureusement, et son père en serait furieux, il n’aimait guère le contact physique, préférant largement neutraliser son adversaire à distance. Une petite vague de mort, il n’y avait rien de mieux pour calmer les esprits.

Enfin, après un certain temps à grimper les marches du Sanctuaire, Razal arriva enfin dans le quatrième temple, celui qui serait son nouveau domicile. Il jeta un rapide coup d’œil derrière lui, se disant déjà qu’il allait devoir apprendre les sentiers par cœur, pour ne pas passer des heures à grimper toutes les marches du Sanctuaire. Et encore, il se plaignait, mais il n’était que dans le quatrième temple, ça devait être un calvaire pour le premier jour des Poissons, qui se trouvait tout en haut. Surement beaucoup moins pour le Grand Pope, qui connaissait surement déjà les lieux, mais tout aussi pénible pour la réincarnation d’Athéna. Sauf si on la portait jusqu’en haut, dans un joli carrosse en or massif, tirait par cinq chevaliers de bronze.

- Bon, maintenant que je suis là, si je commençais par refaire la déco. Les murs de marbres sont chouettes, mais ça manque d’ambiance tout ça.

Le chevalier entra ensuite dans ses appartements, retirant son armure, qu’il laissa sous sa forme totémique dans un coin, avant de chercher de quoi faire un peu de ménage et pourquoi pas, un peu de décoration.

Les balais n’étaient pas le plus compliqué, même s’il ne comprenait pas pourquoi personne n’était là pour faire le ménage à sa place. Nan, mais franchement, il était chevalier d’or, pas Mary Poppins, ce n’était pas à lui de faire le ménage. Il avait bien plus important à faire… comme… parler aux autres chevaliers d’ors, c’était bien mieux non ? Ou encore, sauver le monde. Enfin, sauver le monde, il fallait le dire super vite sept fois de suite et alors peut-être qu’il en serait capable. Nan franchement, il était loin d’une fée du logis, mais très loin aussi d’être Héraclès. Je vous accorde que ce dernier point est un avantage, parce qu’être monsieur muscle sans cervelle, ce n’était pas vraiment pour Razal.

Après un bon moment à faire le ménage, le chevalier s’attaqua enfin à la décoration. Il voulait quelque chose de simple et pas trop lugubre. Il ne voulait pas montrer à tout le monde, qu’entrer dans ce temple, c’était comme entrer dans le royaume des morts. Il mit un peu de couleur à ce temple terne, notant qu’il devrait peut-être engager quelqu’un, peut-être venant de Rodorio, ça serait plus simple pour venir jusqu’ici. Quoi que… si quelqu’un venait de Rodorio, juste pour faire le ménage et qu’il devait parcourir toutes les marches, ça devait être un sacré bordel pour celui qui devait se rendre chez les Poissons.

- Excusez-moi du retard monsieur, je viens juste d’être mis au courant qu’il y avait un nouveau chevalier du Cancer.

La voix fit se retourner le chevalier, qui regarda le nouvel arrivant de la tête aux pieds. Le jeune homme était plus vieux que lui, surement de cinq ans, et portait les vêtements classiques des habitants du monde. Pourquoi du monde ? Simplement parce qu’ils portaient des vêtements normaux, pas comme certaines personnes se promenant au Sanctuaire, comme les gardes et leurs armures de cuirs grecques, ou simplement comme Razal, qui sortait toujours du lot.

- Oh, tu es celui qui a été assigné au quatrième temple, venait de comprendre le Cancer. Pas de souci pour le retard, je ne faisais que commencer de toute façon. Si ça ne te dérange pas, tu peux me donner un coup de main ? J’ai quelques rideaux assez volumineux à installer.

Tout en continuant ses travaux, afin que les visiteurs puissent s’y sentir bien accueillit, le demi grecque discuta d’un peu tout et n’importe quoi. Avoir quelqu’un avec qui parler était agréable et lui permettait d’en connaître un peu plus sur la situation actuelle. Il apprit ainsi que le jeune homme s’appeler Procyon. Il avait été un élève de la Palestre, mais n’avait pas eu la chance d’être choisi par une armure et avait échoué aux tests pour devenir garde du Sanctuaire. Il s’était donc inscrit avec les autres jeunes de Rodorio, pour venir travailler au Sanctuaire et avait attendu qu’une place se libère.

Il put lui apprendre aussi les noms des différents chevaliers d’ors se trouvant en activité. Cette information était importante pour le Cancer, qui pourrait ainsi rendre visite à ses camarades, surtout qu’il avait deux voisins, rendant la visite plus facile. Il apprit également qu’un groupe de Saints était parti en mission secrète et que le chevalier du Taureau, ainsi qu’Athéna, n’étaient pas revenu avec les autres.

Razal nota mentalement que la durée de vie, des chevaliers et de leur déesse, était plutôt courte. Ce qui l’arrangeait un peu, non pas qu’il voulait mourir rapidement, mais il avait ainsi une excuse pour en profiter un maximum dans la vie. L’alcool allait pouvoir couler à flot et les corps se détendre plus souvent. D’ailleurs, quand il pensait à détendre son corps, homme ou femme, il ne faisait pas de différence. Par contre, il ne faisait pas dans les enfants, ni les personnes âgées. Recadrant ses pensées, le chevalier reprit son travail, espérant en finir rapidement, pour enfin pouvoir faire son vrai boulot de chevalier.