Eris lisait un rapport de surveillance des plus ennuyeux provenant des frontières de sa cité-Etat. Parvenue au terme de l’écrit, la déesse le repoussa sur son bureau avec lassitude… Voici plusieurs jours qu’elle n’avait pas de nouvelles des ombres fraichement arrivées et la quiétude d’Ubar commençait sérieusement à l’ennuyer.

A la mi-journée elle quitta son bureau et rejoignit les jardins dans lesquels Elle remarqua assez rapidement Daphnae et sa fidèle panthère. L’amitié qui, parfois, liait un être humain et le monde animal la fascinait. L’antinomie de ces deux mondes était pour la déesse une vérité absolue. L’humanité puisait plus que de raison le potentiel terrestre et les dieux, hormis Poséidon, avaient abandonné la gestion des affaires terrestres aux humains. Une décision lourde de conséquence qu’il faudra pourtant inverser un jour prochain.

La déesse demeura à distance un court instant avant d’aller rejoindre sa jeune guerrière.

-« C’est un endroit magnifique n’est-ce pas ? Je crois avoir réussi à lui rendre l’écrin qu’il mérite… Plus j’observe ce que cette nature a à nous offrir, plus je me dis que Poséidon était dans le vrai lorsqu’il menaçait la survie de l’espèce humaine. » prononça la déesse.

Ses réflexions n’étaient pas anodines, compte-tenu de l’histoire de la guerrière (dont elle connaissait quelques bribes) elle devinait son attachement profond aux merveilles naturelles. Et puis, pourquoi pas ? Après tout, elle s’ennuyait tellement, alors qu’il suffisait d’organiser l’extinction d’une partie de l’espèce humaine pour redonner un peu de sel à l’existence… Répandons la discorde aux endroits idoines et l’immédiateté de cette époque lui offrirait une puissance égale à celle de sa mère. Eris souriait à cette idée.

-« Alors comment se déroule l’arrivée parmi les ombres ? J’espère que cette charmante créature ne manque de rien ? » demanda-t-elle en regardant la panthère.

-« Un rejet aussi absolu de tes semblables n’a pas du t’apporter que des amis… Un jour, notre Ordre exigera de toi une intégration, même sommaire, au cœur de l’humanité. » La Discorde ne peut naître en dehors des Hommes, l’espèce humaine est essentielle aux projets d’Ubar.

La déesse s’agenouilla devant Maïa et lui caressa doucement la tête un long moment avant de se relever. « Elle est magnifique. »

Cette fois-ci, Eris concentra son attention sur la jeune guerrière qui lui faisait face. La déesse se demandait quelle mission pourrait-elle bien lui confier ? L’heure n’était pas encore aux grandes manœuvres. Sans mauvais jeu de mots, pour l’instant les troupes d’Eris devaient demeurer dans l’ombre.

« Si l’oisiveté ne te convient pas il te suffit de retourner parcourir le monde. Ubar est notre capitale, elle n’est pas forcément l’endroit où nous devons vivre. » répondit simplement la déesse, toujours attachée à ses idéaux libertaires.

Malgré tout, il y avait un petit quelque chose que la jeune femme pouvait accomplir. « J’ai peut-être une tâche à te confier. Il y a peu, j’ai reçu un message de l’un des nôtres, Galahad, en mission au Sanctuaire. Ce dernier a rencontré une jeune femme dénommée Myra, une mercenaire appartenant à l’Ile de la Reine Morte et, d’après Galahad, cette dernière souhaiterait me rencontrer. Peux-tu te charger de la retrouver et de la conduire ici ? » Eris marqua une courte pause et reprit : « pour des raisons de sécurité je pense que Galahad ne lui a pas communiqué notre situation exacte. »