La petite ville dans laquelle avait pénétré la déesse des morts n’était que l’ombre de ce qu’elle fut aux temps jadis. Creuser dans la roche même des montagnes, moins de la moitié des bâtiments étaient encore occuper par des vivants, souvenir inaltérable de l’importance de cette ville. Hrafnshellir, était une cité qui avait été construite dans les décennies suivant l’unification de Nordheims, elle avait même un temps été le lieu d’où gouvernait les Könungr de Svartalfheim. Mais au cours des siècles, son rôle et sa population décrurent en importance. Certes, la vie dans les royaumes du Nord était rude, le climat était sans merci, les ressources rares et les nombreux conflits omniprésent dans l’histoire du nord pouvait l’expliquer en partie, mais ce qui était étrange dans le cas de la ville, c’est que jamais la population ne semblât croitre, toujours stagnait ou descendait.

Cela avait donné vie à nombre de rumeurs : elle aurait été construite sur les lieux d’où aurait été extrait le minerai qui aurait servis à forger Sult, le couteau de la déesse des enfers, que les habitants auraient pratiqué des rituels qui leurs aurait valut le courroux d’Odin, ou encore que les habitants vendaient les leurs aux Svartalfars… mais sur une terres si pleines de légendes que les Royaumes du Nord, des légendes existaient à propos de chaque endroits.

Les rues de les cités étaient étroites, éclairée même en plein jours par des torches pour lutter contre la pénombre permanent de ce royaume. Malgré la forte dépopulation, la ville était toujours active et sa population appliquée à la tâche. On pouvait croiser la route de mineurs couverts de poussières revenant de leur labeur, d’artisans Duergars de passages, de gardes en armures sombres surveillants d’un œil avertis les allées et venues depuis leurs postes d’observations, des femmes observants leur progénitures s’amuser dans une fontaine de la ville…

Hel put constater une particularité de certaines cités de Svartalfheim, une taverne à « ciel ouvert ». La cité tout entière ayant été creusée dans la roche, il n’était pas forcément nécessaire d’avoir un toit au-dessus de la tête pour se protéger des intempéries. Place située devant la demeure du tavernier qui n’avait qu’à ouvrir son échoppe. Au centre de la place, se trouvait un foyer centrale qui illuminait dans la pénombre les environs tout en réchauffant tout le monde, les lieux ayant été pensé pour évité une trop grande perte de chaleur, tout autour, de nombreuses tables étaient installé pour autour desquels les habitants de la cité se retrouvaient pour boire et manger, les serveuses passant entres ces tables (ainsi que quelques portes-torches ajoutés en complément du foyer principale, plus pour la lumière que la chaleur) avec les commandes des uns et des autres. S’il le fallait, toutes ces installations pouvaient être enlever pour laisser le champ libre à des représentations d’artistes comme des Scaldes, ou aux cérémonies marquant la vie de la cité.

L’enceinte de la taverne n’était pas constituée de mur, mais de marches creuser à même la roche comme un amphithéâtre surplombant la place, tous pouvaient s’y installer sur ces marches s’il le désirait pour y boire, assister aux spectacles ou simplement flâner en observant les autres. Ce lieu était autant un lieu de réjouissance qu’un lieu de rencontre où tous pouvaient se rencontrer. Enfin, certaines alcôves étaient creusées dans cette enceinte, la plupart, en hauteur étaient légèrement isolé, servant à ceux qui désiraient un peu s’isoler, celles-ci pouvaient être fermée facilement pour éviter les importuns.

À ce moment, une quarantaine d’individus étaient présent, ce qui ne paraissait pas grand-chose à l’échelle des lieux. Quelques-uns étaient assis à table ou discutaient avec le tavernier. Le gros des personnes présentes étaient rassemblés devant une large alcôve creusée à la base de l’amphithéâtre et d’où s’élevait grand fracas et de nombreuses lumières jaillissaient. Cet attroupement comptait nombres d’enfants, observant avec émerveillement le spectacle donné par un vieil homme nommé Volfard. Longues barbes blanches, visage ridée, une jambe boiteuse, mais encore vigoureux. Il était un scalde forgeron, il amusait les autres en chantant les légendes de Svartalfheim et illustrant son propos en utilisant sa science de la forge pour produire de nombreux effets pour reproduire l’ambiances des légendes : foudre de Thor, lumière des Alfars, brumes de Niflheim, fracas des armes… il pouvait les rendres réels aux yeux de son public. Plus loin, à l’écart de tous, assis sur les marches, trois nordiques bourrus étaient assis sur les marches, visiblement peu disposer à se mêler à la population. Équipé de pied en cap, la mine sombre, le regard de ceux qui en avaient vu plus d’affrontement que ce qu’un mortel le devrait, ils étaient des chasseurs de Ullr, des guerriers servant le dieu de la chasse et parcourant les étendues du nord pour traquer les créatures pouvant mettre en danger les villages isolés. Ils secondaient les guerriers divins dans cette tâche, mais ces rangers n’en récoltaient souvent pas la gloire. Ils avaient aussi pour tâches de localiser et surveiller les lieux de passages entre les mondes. Enfin, dans une alcôve à l’écart, se tenait un individu d’une grande prestance, beau et sombre. Il y avait quelque chose en lui qui n’était visiblement pas humain, mais la plupart serait bien en peine de dire quoi si ce n’était le malaise qu’ils ressentaient en le regardant. La vérité était qu’il avait le sang des elfes noirs qui couraient dans ses veines, il était un demi-alfars, un être ne faisant pas tout à fait parties d’aucun des deux mondes mais ayant un pied dans les deux. Il jouait seul au Hnefatafl, « la table des roi ». il s’agissait d’un jeu de plateau simulant des raids vikings, un jeu de stratégie assez prisé par les nobles.

Les trois hommes s’étaient arrêtés dans cette ville pour se reposer suite à une patrouille des plus éreintante, où ils avaient perdu plusieurs compagnons pour sauver les habitants du royaume d’une menace dont personne n’avait même soupçonner la présence et dont personne n’en saurait rien. Tel était le lot et le fardeau de leur ordre, ils se sacrifiaient mais ne recherchaient pas la gloire. C’était ce dernier point qui posait le plus de problème à le faire comprendre aux jeunes recrues. Autour de leur tablée, en surplomb du reste de la place, les mines des trois compagnons étaient sombres, alors qu’ils rechassaient les derniers évènements.

Leurs paquetages étaient posés à côté d’eux, un œil avertit constaterait qu’ils avaient encore de quoi voyager plusieurs jours avant d’avoir à se ravitailler, et pour cause, ils avaient récupéré une partie du matériel de leurs frères tomber. Malgré les lourdes capes aux teintes ternes leurs permettant de se cacher et surtout les protégeant du climat et du froid, il était parfaitement visible qu’ils étaient armés jusqu’aux dents, et il ne faisait aucun doute qu’ils savaient s’en servir.

Jorik, un solide gaillard dont la pilosité faciale noir comme l’ébène se voyait parsemé de traces grises montrant que Elli, la vieillesse à qui nulle ne peut résister, commençait à prendre son tribut sur lui, avait une pleine corne d’hydromel devant lui mais il se contentait d’observer le liquide sans y toucher, il n’avait guère le cœur à cela. Il était le chef de ce groupe, il était habitué à perdre des hommes faces aux horreurs des terres du nord, mais cette fois c’était différend.

À ses côtés se trouvaient Reidalv et Finn. Le premier vidait son verre et en commandait un nouveau dès qu’une serveuse avait le malheur de passer trop près de leur tablée, ces dernières étant réellement intimidées par ces chasseurs de Ullr à la mine sombre et qui ne fréquentait visiblement pas assez la civilisation. Pour le coup, Jorik pensa qu’ils auraient tout aussi bien put être des guerriers-fauves, ces êtres parias touché par le Père de Tout, indésirable mais trop puissants et dangereux pour qu’on puisse leur refuser l’entrée. Mais surtout, son ordre trainait une mauvaise réputation à cause du fait que, par les temps qui courraient, ils s’étaient vus obligé d’accepter en son sein des éléments criminelle pour renflouer ses effectifs. Une minorité certes, mais une minorité assez visible pour que les gens ne voient qu’eux. Tel n’était pas le cas de Raidalv, ce grand rouquin à la voix puissante venant d’une famille respectable et ayant renoncer à son héritage pour éviter des conflits avec son jumeau. Il lui manquait plusieurs doigts, tous perdus au combat, son courage était indéniable mais sa fierté parfois mal placée, de tous il était celui qui vivait le plus mal l’apparente ingratitude de la population.

Par contre, Finn lui avait un passé de criminel. Jorik ne savait pas vraiment ce qu’il avait fait au juste si ce n’est qu’il aurait put être exécuté pour cela. Néanmoins, ses talents l’avaient rendu intéressant pour les Chasseur de Ullr et il fut intégré de force. Il était une forte tête, allergique à toute forme d’autorité ce qui lui avait valut de nombreuses punitions et corvées. Mais avec le temps, il avait acquis un vrai esprit de corps avec le reste de la « bande » comme il l’appelait. Il était devenu un chasseur prêt à mourir pour les siens et pour accomplir leur mission mais gardant un esprit indépendant. Jorik n’appréciait pas toujours les initiatives de Finn, mais il devait reconnaitre que sa vivacité d’esprit leur avait été utile plus qu’à son tour. Il aurait surtout aimé que Finn obéisse à son ordre d’aller se raser, car il souffrait d’une pilosité facial déficiente, ce qui faisait que ses poils de barbes ne poussaient que par touffes éparse au lieu d’offrir une belle barbe poussant de manière harmonieuse, ce qui lui donnait un air des plus négligé.

Ce fut à ce moment qu’une jeune fille au teint relativement pâle s’apprôchat du groupe. Directement, Jorik sut que cette personne était particulière, et l’aurait su sans même être un éveillé. Jorik avait eut une formation pour maitriser son Hamr, bien qu’il fût bien trop faible pour espérer devenir un guerrier divin ou même un membre de la garde du représentant (en réalité, il avait échouer aux tests), il avait néanmoins gardé quelques capacités. Il observa silencieux cette intruse à leur cercle qui, devinait-il avant même qu’elle ne le dise, avait un service à leur demander. Son instinct dans ce genre de cas lui hurlait de refuser tout net, mais son devoir lui imposait d’écouter. Finn arrêta même sa danse du couteau quand elle leur adressa la parole.

Si un silence aussi froid que la caresse de Skadi accueillit la première remarque de la jeune femme, les langues se délièrent, pas forcément de manière agréable. Ce fut Finn qui initia en premier la répartie, un rictus moqueur éclairant son visage.

- À votre service, Lady. Pour le si joli minois d’une dame aussi mystérieuse, moi et mes joyeux compagnons sommes prêt à tout sacrifier. Le simple sourire d’une « guerrière divine » ne vaut-il pas tous les désagréments d’un voyage… surtout si la destination en est le Walhalla.

Malgré la relative (et sarcastique) « courtoisie » de Finn, Jorik comprit parfaitement que son trouble-fête de service émettait de sérieux doute sur l’identité réel de leur interlocutrice. Finn était par nature, malgré son apparente insouciance, quelqu’un de méfiant (prérequis à la survie selon ses propres mots) et surtout une personne qui préférait éviter les situations dangereuses si elles n’étaient pas nécessaires. Reidalv, prit alors la parole bien que passablement éméché, marmonnant plus qu’il ne parlait en fait.

- C’est vrai ça… Depuis quand une guerrière divine a besoin de nous autres ? Vous et vos Järnkinns étincelantes pouvez briller au firna… firmament de la gloire pendant que… que nous autres nous chargeons d’éliminer les restes dans l’indiff…différence générale. Vous avez une tâche que vous jugez indigne de vos talents sans doute ?

Reidalv s’étaient montrer presque insultant… ce qui ne lui ressemblait pas. En temps normale, Reidalv savait tenir son rang et Jorik soupçonnait que son compagnon ne s’était même pas rendu compte qu’il parlait à voix haute. Finn s’apprêtait à rebondir sur les paroles de Reidalv, ravis de pouvoir défouler sa frustration de ses derniers jours en moquerie. Jorik décida d’interrompre ce petit jeu immédiatement en prenant la parole d’un ton autoritaire.

- Il suffit vous deux.

Jorik observa leur interlocutrice d’un regard circonspect, tentant de deviner si elle était en train de leur mentir ou non.

- Notre devoir nous impose d’au moins écouter ce que vous avez à dire et de vous porter assistance s’il en va de l’intérêt des peuples du Nord. Je serai aussi curieux de connaitre votre identité « guerrière divine », en partant du principe que vous en êtes une, car il ne suffit pas de se prétendre servante d’Odin pour que nous obéissions aveuglément à vos ordres.

Le vétéran avait choisi ses mots avec soins, il avait précisé le nom d’Odin car un guerrier divin pouvait servir d’autres maitres que le Père de Tout, des êtres hostiles aux hommes voir même, n’êtres loyal qu’à eux-mêmes. Pour les hommes du Nord, seuls les actes comptaient, posséder l’attirail d’un héros n’en faisait pas un. La croyance voulait que les Järnskinn des ases ne choisissaient pas forcément leurs porteurs pour leur loyauté ou leur dévotion, mais parce que les Nornes les avaient désigné, la suite était entre leur mains.

- Néanmoins, en l’absence de preuves de votre identité, je me réserve le choix de vous croire ou non.

hrp:

Jorik et ses compagnons virent la Järnskinn de Delta apparaitre et revêtir leur interlocutrice, incontestable signe de son statut de guerrier divin. Jorik restait méfiant bien qu’à ce stade il s’agissait plus d’un réflexe issu d’une déformation professionnel qu’autres choses. Le Nord n’était pas seulement une terre de légende et d’héroïsme mais aussi de trahison et de danger. Tous les monstres n’étaient pas des Trolls à la force démesuré facilement identifiable, certains ennemis des mortels étaient beaucoup plus subtils… et indéniablement plus dangereux.

Mais les choses dérapèrent à ce moment, Finn payant chèrement ses sarcasmes de tout à l’heure. Visiblement décidé à faire montre de ses pouvoirs pour prouver ses dires, et peut-être aussi pour leurs faire ravaler leurs paroles, la guerrière divine se tourna vers l’ancien criminel. Finn avait déjà initié un mouvement pour se lever, vif d’esprit comme il était il savait qu’il devait agir au plus tôt… quoique soient ses intentions… mais cela était vain face à un éveillé. Le temps d’un simple battement de paupière de la guerrière de Delta, Finn n’était plus dans la taverne mais au milieu d’un blizzard mordant, au milieu d’un vent hurlant à vous crever les tympans. Il était retour là-bas, à CE combat maudit… celui qui continuait de le tourmenter. Une fausse piste à la poursuite de serviteurs des Fléaux, un village au milieu de la tempête, un piège où il avait vu frères et sœurs d’armes tombé, le rire des responsables… la peur, la terreur qu’il avait ressentie… son impuissance… le sang d’Oddveig, la femme qui l’avait convaincu qu’il pouvait être un vrai chasseur malgré ses actions passé…

Si dans l’esprit de Finn, cela sembla durer des jours, dans la taverne cela ne dura que quelques secondes. Finn avait d’abord poursuivi son action de se lever. Il s’était tendu, sa main s’étant instinctivement jeter vers son coutela de chasse, plus rapide à dégainer qu’une épée ou une hache, comme s’il était en danger. À la lueur de défi qui luisait auparavant dans son regard, avait succédé la terreur et le désespoir. À l’instant même où sa main s’était refermée sur la poignée de son arme, il n’était plus, le traumatisme qu’il venait de revivre avait eut raison de sa volonté de se battre. Son visage ne traduisait qu’une infinie détresse alors qu’un hurlement silencieux se réprimait dans sa gorge. Des larmes commençaient à se former aux coins de ses yeux. Lentement, Finn se laissa choir, tombant à genoux sur le sol. Il n’était pas tombé dans les pommes de peur, il était prostré, le regard vide d’une personne qui s’était résigné à attendre la mort.

Jorik n’avait pas réagi, comme choqué de ce à quoi il venait d’assister. Il ignorait ce que Finn venait de subir, il avait craint en voyant la réaction de celui-ci qu’il ne fasse une bêtise en s’attaquant à la guerrière divine, mais quoi qu’aie été ses intentions Finn ne pourrait pas les mener à bien. Reidalv pour sa part semblait avoir dégrisé d’un coup et avait déjà saisit le manche de la hache qu’il portait à la ceinture. Reidalv et Finn étaient loin d’être les meilleurs amis du monde, mais l’esprit de corps chez les chasseurs de Ullr était tel, forgé faces aux dangers, que venir au secours d’un frère en difficulté tenait du réflexe conditionné. Néanmoins, Reidalv eut le bon sens de rentrer dans le rang lorsque leur interlocutrice s’adressa à lui, remettant son arme à sa place.

La jeune femme se présenta finalement, Uskyld, guerrière divine de Delta, et exposa les raisons de sa présence et la nature de la mission pour laquelle elle s’adressait à eux. Jorik se creusa la cervelle pour se souvenir si le nom de la guerrière lui était familier ou non, le dernier porteur de la Järnskinn de Delta dont il se souvenait était un certain Niesquit, mort durant la guerre des fléaux, mais cela ne signifiait pas grand-chose. Quant à la nature de sa mission, rien de moins que se rendre dans le royaume mythique de Svartalfheim. Jorik ne pouvait plus douter du statut de son interlocutrice, ni de ses pouvoirs, mais il y avait définitivement quelque chose chez elle qui ne lui plaisait pas, ses sens le mettait en garde.

- Soit, je veux bien croire tes affirmations. Je me nomme Jorik Bogison, chef de patrouille de l’ordre des Chasseurs de Ullr, celui qui t’à servit d’exemple s’appelle Finn et le grand roux c’est Reidalv. Ce que tu nous demandes, Uskyld de Delta, nous coûtera probablement la vie, mais ni moi ni mes hommes ne nous déroberont à notre devoir.

Reidalv s’était, pendant ce temps, approché de Finn pour voir comment ce dernier allait. Lui parlant calmement pour tenter de le calmer. Bien que les termes qu’utilisait Reidalv n’étaient pas les plus adapté à réconforté quelqu’un, il tentait plutôt de stimuler sa fierté pour le forcer à se reprendre, il faisait preuve d’une certaine forme de prévenance insoupçonné pour un être possédant son aspect de brute de décoffrage. Du sac de Finn, était sortit une sorte de petit renard blanc, il s’agissait de Refur, un renardeau que Finn avait adopté et dresser. Jorik avait souvent soupçonné que ce petit animal était plus que ce qu’il paraissait, semblant un peu trop bien comprendre ce qu’on lui disait.

- Reid, amène Finn au tenancier et demande à ce qu’on lui serve un remontant, quelque chose de fort. C’est moi qui paie. Pendant ce temps, je règle les détails de la mission avec … notre nouvelle compagne de route.

Il était visible dans les yeux de Reidalv que ce dernier bouillait d’émettre une objection dans des termes les plus « fleuri », mais il n’en fit rien. Maintenant dégrisé par ce qu’il venait de voir, il avait repris son rôle de soldat discipliné et obéit à son chef sans émettre d’objections. De plus, Jorik avait gratté du pousse la cicatrice qu’il avait à la pommette droite, signe qu’il lui demandait de s’acquitter de quelque chose de bien spécifique. Jorik attendit qu’ils se soient éloignés avant de reprendre la conversation avec Uskyld.

- J’ignore quelles sont les affaires que tu as à mener chez les Alfes noirs, et je ne veux pas les connaitre, si c’est la volonté du Borgne, il ne m’appartient pas de juger. Par contre, si mon ordre garde effectivement les points de passages entres les mondes, ceux-ci sont très loin d’être aussi évident qu’on ne l’imagine. La plupart du temps, nous savons au mieux la zone dans laquelle l’un de ces passages se trouve plus que son emplacement exact, et encore certains évènements peuvent complètement rebattre les cartes, fermant certains passages et en ouvrant d’autres. Nous pouvons atteindre le plus proche avant la nuit si nous partons dans l’heure.

Tout le long de leurs échanges, Jorik avait tutoyer Uslyld, ce n’était à proprement parler une familiarité, plutôt le signe qu’il estimait que la guerrière divine aurait besoin de gagner le respect des chasseurs… et aussi une manière pour Jorik de montrer qu’il ne comptait pas se laisser intimider par la démonstration de son interlocutrice. En réalité cependant, Jorik marchait sur des œufs. Cette Uskyld ne semblait pas être le genre de guerrière divine encline à la miséricorde, ni celle qui hésiterait à utiliser ses pouvoirs pour le remettre lui et ses hommes à leurs places. Mais Jorik restait un guerrier de Nordheims, fier et refusant de montrer des signes de faiblesses. Il la mènerait au passage, s’il le fallait il le traverserait pour qu’elle accomplisse sa mission, mais il escomptait bien, une fois cela fait, ne plus jamais avoir à recroiser la route de son interlocutrice.

- Par contre, je ne sais à qu’elle point tu as l’oreille du Père de Tout, mais je doute qu’il approuve que tu malmènes les hommes le servant. Donc mettons les choses aux claires, si tu t’en prends à l’un de mes hommes à nouveau, tu te démerderas toute seule pour trouver ton passage, compris ?

La menace pouvait sonner creuse, après tout, une guerrière divine de ce niveau n’aurait pas grand-chose à craindre de la part de simples mortels, fussent-ils des guerriers de Ullr. La carte de la défection était la seul que Jorik avait dans son jeu, mais il tenait à mettre les points sur les I. Jorik se leva ensuite pour rejoindre ses deux camarades qui revenaient.

- Reidalv, tu pars toute suite pour la crevasse du loup en raquette, tu t’assures que la route est libre. Je partirai avec la guerrière divine dans une vingtaine de minutes et toi Finn tu pars une heure plus tard en ski pour nous rejoindre et t’assurer que rien ne nous suit, compris ?
- Jorik, je suis ton meilleur éclaireur, pourquoi est-ce que je n’ouvre pas la route ?
- Premièrement, je veux être sûr que rien ne nous attaquera dans le dos, les guerriers divins ont une certaine tendance à attirer l’attention des ennemis les plus vile du Père de Tout. Deuxièmement, même si j’ignore ce que tu as vécus, tu viens d’encaisser une attaque directement dans ton esprit, et de mon expérience personnelle on met du temps à s’en remettre, je préfère donc que tu récupère encore un peu avant de retourner en service. Si notre équipe était encore complète, je t’aurai même fait rester ici.

Finn allait répliquer, mais il ne s’en sentait visiblement pas la force. Reidalv alla directement chercher son paquetage, donnant au passage une paire de raquette à la guerrière divine sans dire un mot puis se dirigeant vers la sortie. Pendant que Jorik réglait les consommation, il ne put s’empêcher de remarquer que l’ambiance générale de la taverne s’était fortement refroidit depuis que cette Uskyld avait révélé qui elle était. Jorik fit une prière silencieuse à Ullr, le dieu chasseur, pour qu'il accorde sa protection à lui et ses hommes.

Jorik et ses deux comparses regardèrent les pendentifs que leurs avaient remis Uskyld, le chef du groupe de chasseurs de Ullr ne savaient visiblement pas trop quoi penser de tout cela. Le savoir runique était quelque chose de très respecté en Nordheims et seul une fraction réduite de la population pouvait prétendre les comprendre… et encore souvent qu’une simple facette de celles-ci. Il était dit que seul Odin, le Père de Tout, était parvenus à percer le secret des runes dans sa quête de savoir. Le pouvoir des runes était puissant, la compréhension de celui-ci par les mortels n’en était qu’imparfaite, le fait que cet Uskyld soit capable de créer des objets runiques dont il était capable de sentir le pouvoir indiquait qu’elle était sûrement une personne dotée de grande connaissance dans ce domaine, de connaissances que beaucoup devait consacrer leur vie pour les acquérir.

Reidalv et Finn observaient également le présent qu’ils avaient chacun reçut de la part de la guerrière divine de Delta. L’éclat d’améthyste orné de la rune protectrice, de la rune symbolisant Thor le pourfendeur de Jotunn et l’amis des hommes… Finn se serait montré tellement sceptique à ce genre de superstition en temps normal, mais son expérience récente le poussait à plus de retenue en présence de la guerrière. Pieu mais guère superstitieux non plus, c’était le genre de colifichet qui « ne pouvait pas faire de mal », mais sa nouvelle méfiance à l’égard d’Uskyld le poussait à avoir des pensées conflictuelles quant à cette protection. Néanmoins, ils passèrent tous le collier autour du cou.

- Je suppose que merci est la chose à dire dans ce genre de situation.

Reidalv parti ensuite en éclaireur, dégager le terrain. Les gens s’écartaient naturellement de sa route, autant à cause de son apparence intimidante que à cause de son appartenance aux chasseurs de Ullr. La plupart préféraient ne pas avoir affaires aux chasseurs car de folles rumeurs couraient sur eux. Malgré que tous connaissaient et respectait l’ordre lui-même, ils réduisaient ses membres aux minorité visible le constituant, les misanthropes, les fils de hautes familles qu’on voulait écarter de la ligne de succession, les ratés qui avaient échoué à devenir des guerriers divins et surtout les criminels qui parfois remplissaient leurs rangs. Ces derniers particulièrement ne constituait qu’une petite minorité des effectifs, mais c’était leur image qu’on généralisait à tout l’ordre. Sans compter que leur espérance de vie était limitée à causes du fait qu’ils affrontaient ce que le nord avait de pire, mais là où les guerriers divins disparaissaient souvent dans des affrontements glorieux dignes des sagas, les chasseurs n’étaient qu’une masse anonyme mourant dans l’indifférence général. Il fallait néanmoins reconnaitre que plus d’une fois, des déserteurs où des hommes sans honneurs se faisant passer pour des chasseurs avaient ternis l’image de l’ordre dans des scandales… mais surtout que l’attitude taciturnes des chasseurs, peu enclin à faire étalage de ce qu’ils vivaient au quotidien n’aidait pas la population à les comprendre. Ce dernier point ne venait pas d’un quelconque culte du secret pratiqué par les chasseurs, mais était plutôt symptomatique de personnes qui se sentaient étranger à la société qu’ils protégeaient, et qui estimaient que seuls ceux qui avaient vécu des expériences semblables aux leurs pouvaient les comprendre.

Après avoir régler les consommations et donné quelques instructions supplémentaires à Finn, Jorik retourna à son paquetage. Il s’y attarda pour vérifier qu’il avait tout ce dont il pourrait avoir besoin, mais en réalité il était surtout perdu dans ses pensées. Il avait demandé à Reidalv, par signal secret, d’envoyer un message à Ydalir pour demander des infos sur cette Uskyld, il espérait que la réponse arriverait avant que Finn ne parte les rejoindre, mais cela était peu probable. Après avoir fini son inspection, il mit son sac sur son dos et rejoignit la guerrière divine.

- Va être temps qu’on y aille. Finn, je compte sur toi pour assurer nos arrières.
- Mourrez-pas sans moi.

Jorik se dirigea à grand pas vers la sortie de la ville. Une fois qu’ils eurent quitter ses murs, il s’arrêta pour mettre les raquettes à ses pieds, montrant éventuellement à la guerrière divine comment on faisait si cette dernière l’ignorait. Il lui donna aussi un bâton de marche, lui-même en possédant un pour facilité sa marche dans l’environnement enneigé de Nordheims, surtout dans une zone montagneuse comme Svartalfheim. Les Chasseurs de Ullr étaient des gens trop pragmatiques pour se laisser guider par des éléments comme la fierté, ils n’avaient que faire que des jeunes ignorants ne voient ce genre d’outils juste bon pour les « croulants », ils apprendraient bien le jours où un de ces « croulant » viendraient les secourir dans la neige là où ils se seront écroulés de fatigue et de froids. Le climat du Nord était rude et l’énergie des guerriers ne devait pas être gaspiller inutilement.

Pendant plus d’une heure, Jorik guida Uskyld dans la neige et dans la pénombre permanente existant à Svartalfheim, il semblait connaitre la zone comme le dos de sa main et n’hésitait pas sur la route à suivre. Au début, il garda le silence se contentant de communiquer par signe à l’affut du moindre signe suspect. Au bout d’une heure de marche, il fit signe à Uskyld de s’arrêter.

- On va attendre un peu ici, Reidalv avance plus lentement que nous car il doit s’assurer que rien ne nous attaque devant, on va le laisser prendre un peu d’avance, si jamais on entend un cor par contre, cela voudra dire qu’il appel à l’aide.

Et en absence de cor, soit cela voulait dire qu’il n’y avait pas de problème que Reidalv ne pensait pouvoir gérer, soit c’était qu’il était déjà mort.

- Quant à Finn, même s’il avance plus vite que nous, il faut qu’il nous rattrape avant qu’on arrive sur place pour savoir si des ennemis nous traque. On repartira d’ici cinq-dix minutes. Et pour l’offre de tout à l’heure… qu’en échange de notre aide vous aiderez mon ordre… je serai curieux de savoir quel genre d’aide tu as à l’esprit Uskyld de Delta.

Jorik était en effet curieux de se rendre compte de si oui ou non, Uskyld se rendait bien compte de la nature des tensions existant entre les chasseurs et les guerriers divins.

Jorik écouta les réponses de cette intrigante guerrière divine, quelque chose en elle la distinguait des autres membres de son ordres que le chasseur de Ullr avait pu côtoyer ou observer. Il était cependant incapable de mettre le doigt sur ce qui lui donnait cette impression, mais son instinct le lui disait. Par contre ce qu’il entendait lui prouvait que son interlocutrice n’avait pas du tout compris quel était l’origine de l’inimité des chasseurs de Ullr envers les guerriers divins… et qu’elle ne connaissait en fait pas grand-chose de son ordre. Silencieusement, Jorik fit signe à Uskyld qu’ils allaient reprendre la route, il sortit son arc et commença à avancer prudemment à l’affut du moindre signe de la présence d’un ennemi.

- Nous avons en effet subi de lourdes pertes récemment, mais rien à voir avec ce que vous put percevoir dans l’esprit de Finn, qui ne concerne que ce qui est arrivé à mon groupe durant la dernière patrouille. Mon ordre est bien basé à Svartalfheim, mais notre mission est de protéger chacun des royaumes du Nords et de leurs habitants.

Jorvik poursuivit son avance, toujours attentif à ce qui l’entourait. Quelque chose ne lui plaisait pas dans ce qu’il voyait, le silence des lieux n’était pas normal. Pourtant, les signes laissé par Reidalv n’auguraient pas de danger dans l’immédiat. Concernant la guerrière de Delta, Jorvik se demanda si elle allait s’offusquer de ce cours d’histoire qu’il lui donnait.

- En temps normales, les Järnskinn ne sont éveillé qu’en période de grand trouble par le représentant du Père de Tout, tant que Nordheims ne connait pas de crise grave, sa garde est laissée aux simples mortels. Si parfois des champions comme Forkel le brave émerge, si une partie de nos guerriers sont éveillés au Hamr sans pour autant vêtir l’habit des élus des dieux, l’essentiels de nos défenses reposes sur de simples mortels, sur leur courage et leur dévouement à la protection des leurs. Nous, les Chasseurs de Ullr, patrouillons inlassablement nos terres pour protéger ses habitants en l’absence de ses protecteurs les plus puissants, et suppléons ces derniers pour qu’ils puissent se concentrer sur les véritables menaces.

Jorik noircissait un peu le tableau, la proportion d’éveillés en Nordheims avait toujours été sensiblement plus élevé qu’en tout autre endroit du globe, lui-même en étant un. Mais sa description demeurait exacte, en tant normal, la plupart du temps c’était de simples mortels qui prenaient les armes pour défendre les Nordiens des créatures mythiques, des intrusions extérieurs, ou même des parias de leur société.

- Nous ne sommes effectivement pas aussi puissants que les guerriers divins, c’est pour cela que nous patrouillons en groupes pour maximiser nos chances de survie… où à minima de d’augmenter les chances que l’un d’entre nous survive pour sonner l’alerte dans les environs. Il arrive que certains parmi les plus éminents des chasseurs mènent leurs traques seuls, leur talent le permettant et aussi qu’ils ont souvent vu trop des leurs périr pour encore vouloir faire partie d’une équipe. Au total, nous sommes plusieurs centaines, déjà bien trop peu pour mener notre mission à bien sur la totalité des royaumes. Quand je suis arrivé à Ydalir, nous étions un peu plus de 500 parmi les chasseurs de Ullr. J’ignore combien nous sommes aujourd’hui, probablement encore plus qu’une centaine, mais nos effectifs ont drastiquement diminué dans les conflits récents, nous avons-nous aussi payer le prix du sang pour préserver Nordheims de ses ennemis, et nous le payons encore bien après pendant que nous traquons ceux-ci une fois défait. À chaque fois que Nordheims à été menacé, nous avons répondu à l’appel aux armes. Mais nous perdons plus d’hommes que nous ne pouvons en recruter pour combler les vides.

Jorik ignorait complètement qu’en s’adressant à Uskyld, il parlait en fait à Hel, l’une des responsables des massacres récents qu’il venait d’évoquer. Lors de la guerre des fléaux, Jorik avait failli mourir lors d’un affrontement avec les magnagarm, ces redoutable loups descendant du terrible Fenrir.

- Notre problème n’est pas que les guerriers divins ne nous aident pas, je ne connais aucun des vôtres qui refuserait de venir se battre à nos côtés contres les ennemis du Seigneur des Batailles et des Ases, mais il consiste au fait que vous attirez tous les regards vers vous. Même si vous ne le désirez pas, vos Järnskinn étincelante sont comme des étoiles dont l’éclat éclipsera ces qui les entourent. Tous les scaldes chanteront les exploits des vaillants guerriers divins qui se sont sacrifiés, quant à nous nous disparaissons dans la masse des mortels ayant prit les armes à leurs côtés, nous ne sommes plus que des individus vivant à l’écart de la société sans que personne ne se soucie de notre sort. Si vous veniez nous aider régulièrement, vous feriez pis que bien car vos exploits renverraient nos sacrifices dans l’ombre. Néanmoins, j’apprécie votre offre.

Ils avancèrent encore un peu, quelques minutes plus tard, un glissement se fit entendre sur leurs arrières, Finn les avaient rattrapés en skis. Il leur confirma que personne ne les avait suivis, mais qu’il n’avait pas non plus trouvé âme qui vive dans les environs. Même si le climat était rude, les terres de Nordheims grouillaient d’une vie insoupçonnée aux premiers abords. Ils continuèrent à avancer pendant plus d’une dizaine de minute dans le silence, Jorik ne semblant ne plus désirer s’étendre sur le sujet. Finalement ils arrivèrent à rejoindre Reidalv.

Le solide guerrier était debout mais voûté. Il respirait pesamment, comme si le simple fait de rester debout l’épuisait. Quand il aperçut le reste du groupe arrivé, il ne sembla pas se réjouir, mais il se tourna vers eux la hache à la main.

- Vous venez vous nourrir de mon esprit et de ma chair, aberrations ! Venez donc découvrir comment un fils du nord peut mourir.

Jorik et Finn s’arrêtèrent net, stupéfait de l’attitude de leur frère d’arme. Celui-ci semblait épuisé, l’instant d’après, Finn signala que la neige était rouge par endroit. Reidalv arborait une expression féroce, celle d’un guerrier qui avait déjà accepté l’éventualité de la mort, mais sa position n’était pas aussi solide qu’il ne l’aurait voulu. Une blessure à son flanc était visible, le guerrier s’était battu mais contre quoi ?

- Pose ton arme Reidalv, c’est moi Jorik. Nous avons combattu ensemble, nous sommes frères par notre serment au dieu à l’arc. Je ne lèverais pas mon arme contre toi.
- Tes paroles ne me tromperont pas Sceadugegan!! Approche encore d’un ou deux pas si tu l’ose et ton crâne goûtera à mon acier!!
- Mais qu’est-ce qui t’arrive Reid…

La phrase de Finn s’arrêta net, il venait de voir quelque chose qui lui avait cloué le bec. Jorik l’aperçut à son tour, derrière leur ami qui le menaçait se trouvait l’entrée d’une grotte. Mais à côté de celle-ci se trouvait un cadavre…
… Celui de Reidalv.

Reidalv, ne paraissait pas comprendre ce que lui disait Uskyld… ou ne pas vouloir le comprendre. Dans son regard, on pouvait y lire la peur, non pas celle qui habite celle qui fait vaciller le courage, mais celle plus insidieuse qui s’insinue dans le cœur des hommes quand rien dans ce qui les entourent ne semble faire de sens, cette terreur panique qui fait perdre ses repères. Quoique Reidalv aie vue, ou vécu, il en serait marqué à jamais. Ou tout du moins, il en serait marqué pour le temps qu’il lui restait à vivre.

Uskyld s’en rendrait rapidement compte, elle avait analysé la situation un peu vite. Les deux corps, le cadavre et celui qui la menaçait, étaient bel et bien tout deux réels. Reidalv était blessé au flanc, alors que ce qui devait être son corps saignait abondamment au niveau de la gorge. La déesse des morts s’était cependant probablement laissée abusé par le fait que le Reidalv qui lui faisait face n’était bel et bien rien d’autre qu’un mort en sursis, sa vie lui échappant déjà et seul sa volonté le maintenant debout.

- Non… ce… je … je l’ai tué. Lui, enfin moi… lui.

Il désignait fébrilement son double sur le sol. Il semblait aussi confus quant à la situation que ses interlocuteurs, mais cela était aussi dût à ses blessures. Son esprit ne voyait plus claire, sa respiration était rauque, son bras commençait à trembler légèrement.

Jorik s’avança alors et se plaça prêt d’Uskyld, s’abaissant pour déposer son arme à terre en signe d’apaisement. Il ne remettait pas en doute l’action de la guerrière divine, mais estimait que, peut-être, la présence d’un individu qu’il connaissait pourrait contribuer à aider Reidalv à reprendre ses esprits.

- Je ne sais si ce que dit Uskyld est vrais, mais je peux reconnaitre un frère dans le besoin. Tu as toujours été à nos côtés pour accomplir ton devoir et je sais que tu désir le faire encore maintenant.

Finn pour sa part observait derrière eux, il avait cette sensation d’être observé, mais il ne pouvait voir par quoi. Un mauvais pressentiment le tenaillait depuis qu’ils avaient commencé cette mission. De plus, il reconnaissait la blessure de Reidalv, de petites veines noires commençaient à apparaitre sur son visage. Ce qui avait infligé ces blessures avait aussi empoisonné son frère d’armes… et maintenant il était bien trop tard pour le sauver.

- Je… je… un Dökalfars… m’a trouvé… les Scea… Sceadugegans. Invoqué…

D’un seul coups le puissant guerrier s’écroula à genoux, lâchant son arme. Il eut quelque spasme avant de vomir une étrange substance. De grands d’un liquide sombre sortit de ses entrailles et se répandit sur le sol, le sang s’y mélait à autre chose et quoi que ce soit cela empestait la plus répugnantes des magies. Reidalv souffrait, il avait l’impression qu’à chaque respiration une créature lui dévorait les entrailles de l’intérieur. Il ne voulait pas mourir, pas ainsi… pas aussi inutilement. Dans un effort qui semblait surhumain, il releva la tête, fixant Uskyld et ses compagnons. Ses orbites commençaient elles-même à s’assombrir, comme si le néant s’emparait à présents de ses yeux.

- Savent que… vous venez… un jeu pour…

Reidalv s’écroula d’un seul coup. Ses forces l’avaient abandonné dans cet ultime effort. La vie l’avait quitté, mais sa souffrance était toujours présente. Jorik adressa une prière silencieuse aux dieux pour qu’ils accueillent son compagnon à leurs côtés ou tout du moins qu’ils apaisent ses souffrances. Il s’approcha de son frère d’arme, dégainant son coutela au cas où Reidalv se reléverait sous la forme d’un Auptangr. Une foi aux côtés de son compagnon décédé, Jorik le retourna sur le dos, constatant l’expression de souffrance figé sur son visage, il lâcha un soupir.

- Ouvre la route mon frère. Nous te rattraperons.

Directement après, il entreprit de délester Reidalv de son équipement, signalant à Finn de le rejoindre pour se répartir ce qui pouvait encore être utile. Alors même qu’il était en pleine répartition du barda, le chef du groupe s’adressa à Uskyld.

- Les Sceadugegans, c’est des sortes d’esprits invoqué depuis les profondeurs. Ils n’ont ni forme, ni esprit propre, ils volent les identités des autres et se repaissent à la fois de la chair et des esprits de leurs victimes. C’est excessivement rare qu’ils se manifestent sur Manheim de leurs propres volontés, le plus souvent ils sont invoqués. Notre ordre en sait peu sur eux, en fait pou ma part, j’ignorais même jusqu’à leur existence avant que le porteur de l’éclat divin de Garm ne signale aux miens qu’il avait découvert qu’au moins un de ces êtres se trouvait en ce royaume. Et si ce que Reidalv a dit est vrais, les Dökalfars sont au courant de votre venue. Notre périple est passé de dangereux à suicidaire.

Finn se releva à son tour, s’assurant que ses sangles étaient bien serrées. Il prit la parole à son tour pendant que son supérieur finissait son propre paquetage.

- L’entrée vers Svartalfheim se trouve dans cette grotte. Initialement, j’aurai proposé qu’on vous laisse vous débrouiller à partir d’ici, mais je refuse que Reid soit mort en vain. Quelque soit votre mission Uskyld de Delta, vous pouvez compter sur nous pour vous faire arriver à bon port.
Jorik se releva à son tour, tenant dans sa main le collier avec la rune qu’avait fabriquer Uskyld. Il la lui tendit et la guerrière divine put constater que la lumière de la rune de protection avait disparu. Quoi qui aie attaqué Reidalv, c’était probablement le pouvoir de la rune qui lui avait permit de survivre à la rencontre suffisamment longtemps pour que le reste du groupe le rejoigne.

Laissant la guerrière divine tirer les conclusions qui s’imposait, Finn et Jorik s’employèrent faire une tombe de fortune pour leur compagnon sous la neige. Entourant le corps de cailloux en forme de navire et lui laissant la hache à la main pour qu’il puisse paraitre devant les dieux comme un guerrier si tel était son destin.